- Monsieur_TeslaNiveau 10
ar_angar a écrit:J'enseigne en SPC
Désolé !
- sifiÉrudit
J'ai assisté il y a quelques années à une conférence de Serge Boimare, et j'avais lu son bouquin dans le cadre d'un GRF sur la difficulté scolaire. Je travaillais à l'époque dans un collège REP++, et dans le cadre du GRF nous avions expérimenté la "méthode Boimare" qui a donné des résultats impressionnants.
Pendant la conférence, j'ai beaucoup apprécié ce monsieur: rien de péremptoire chez lui, beaucoup d'écoute et d'humilité, assortis à une grande connaissance de son sujet liée à des recherches sérieuses, sur le terrain. Un livre à recommander, donc.
En classe, j'ai expérimenté sa méthode: lire un texte fondateur avec les élèves, conduire le débat de façon extrêmement libre, les laisser parler de ce que ça leur évoque, puis passage à l'écrit individuel. Les résultats au bout de quelques séances ont été impressionnants: des élèves issus de milieux difficiles, quelquefois allophones, se sont mis à argumenter entre eux sans mon intervention, de façon très civilisée. Plus on avançait dans les séances, plus les analyses s'affinaient.
Le bémol, c'est qu'à l'époque j'ai fait ça avec des demi-classes de REP, soit une douzaine d'élèves à la fois maximum: il me semble très difficile de reproduire cela dans une classe de 30...
Pendant la conférence, j'ai beaucoup apprécié ce monsieur: rien de péremptoire chez lui, beaucoup d'écoute et d'humilité, assortis à une grande connaissance de son sujet liée à des recherches sérieuses, sur le terrain. Un livre à recommander, donc.
En classe, j'ai expérimenté sa méthode: lire un texte fondateur avec les élèves, conduire le débat de façon extrêmement libre, les laisser parler de ce que ça leur évoque, puis passage à l'écrit individuel. Les résultats au bout de quelques séances ont été impressionnants: des élèves issus de milieux difficiles, quelquefois allophones, se sont mis à argumenter entre eux sans mon intervention, de façon très civilisée. Plus on avançait dans les séances, plus les analyses s'affinaient.
Le bémol, c'est qu'à l'époque j'ai fait ça avec des demi-classes de REP, soit une douzaine d'élèves à la fois maximum: il me semble très difficile de reproduire cela dans une classe de 30...
- VerduretteModérateur
J'ai de la chance : j'ai 23 élèves et de la place à ne savoir qu'en faire (deux classes occupées dans une école qui en a compté 16 dans les temps de la prospérité de la ville...) Donc j'ai aménagé la salle vide à côté de la mienne avec un cercle de chaises et un bâton de parole, et ça fonctionne très bien.
Pour l'instant, j'ai 5 ou 6 élèves qui ont beaucoup de choses à dire, et d'autres qui n'ont, au contraire, rien à dire pour l'instant... mais Rome ne s'est pas bâtie en un jour. C'est la première semaine. Je me dis que nous avons six mois devant nous, ce qui donne un peu de recul.
Pour l'instant, j'ai 5 ou 6 élèves qui ont beaucoup de choses à dire, et d'autres qui n'ont, au contraire, rien à dire pour l'instant... mais Rome ne s'est pas bâtie en un jour. C'est la première semaine. Je me dis que nous avons six mois devant nous, ce qui donne un peu de recul.
- sifiÉrudit
Oui Verdurette, tu verras, au début c'est toujours comme ça, ce sont ceux qui ont la parole facile qui monopolisent un peu. Logiquement, petit à petit, tu devrais commencer à entendre les autres.
- NLM76Grand Maître
J'ai acheté le livre, suite à vos différentes remarques. Beaucoup de choses me semblent rejoindre ce que je crois discerner depuis pas mal de temps chez mes élèves, même si je pense qu'elles mériteraient d'être dites de façon encore plus nuancées... mais la simplification a l'avantage de la clarté.
En tout cas, dans mon lycée, la proportion d'élèves touchés par cette "empêchement de penser" me paraît beaucoup plus élevé que 15%. Mais à des degrés divers.
En tout cas, dans mon lycée, la proportion d'élèves touchés par cette "empêchement de penser" me paraît beaucoup plus élevé que 15%. Mais à des degrés divers.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- AnaxagoreGuide spirituel
Le fait que le flux perceptif doive être pleinement intégré par la conscience et le fait que cela se travaille me semble être clair. Les exercices variés qui le permettent sont importants mais rien ne me semble nouveau dans tout ça, à la limite certains gestes pédagogiques plus ou moins perdus méritent d'être remis en lumière.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- VerduretteModérateur
15% est une moyenne. Il doit y avoir des établissements où c'est moins, et d'autres où c'est beaucoup plus. Je corrige en ce moment des évaluations de ma classe de CM1-CM2 sur des questions simples que nous avons vues et revues pendant les quatre premiers mois de ll'année scolaire, je les ai données à "surveiller" à la collègue qui m'a remplacée durant une après-midi d'ESS, c'est proprement catastrophique. J'ai plus de 2/3 des élèves qui ne maîtrisent pas les connaissances de base en numération (différencier le chiffre des centaines du nombre de centaines, encadrer à la dizaine ou à la centaine près, et même savoir que 78 centaines, c'est 7800...) Pourtant j'ai repris les bases, manipulé comme en CP... j'ai fait tout ce que Boimare dit inutile, à savoir rabâcher ce qui ne fonctionne pas. Idem pour conjuguer, trouver l'infinitif , différencier un nom d'un verbe...
Donc je me dis que je n'ai rien à leur faire perdre si j'essaye d'y remédier par cette voie.
Donc je me dis que je n'ai rien à leur faire perdre si j'essaye d'y remédier par cette voie.
- DhaiphiGrand sage
Mon IEN serait très certainement ravi de constater que j'ai remis en lumière des gestes perdus qui permettent au flux perceptif d'être pleinement intégré par la conscience.
Vous avez des exemples ?
Vous avez des exemples ?
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- AnaxagoreGuide spirituel
Nous avons tous en mémoire des situations dans lesquelles l'élève lit à haute voix et n'est pas en train de penser à ce qu'il lit. Il ne pense pas à ce qu'il articule. Il y a alors mille stratégies et petits gestes que des PE peuvent faire pour pousser à ce que la conscience se porte sur ce qui se dit. Elyas a parlé de reformulations je crois. Nous en avons déjà parlé par le passé, cela me semble en effet essentiel et pas que dans les petites classes. Il y a un tas d'autres idées qui doivent pouvoir être utiles. La question n'est pas nouvelle.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
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- Flo44Érudit
Anaxagore, moi aussi j'aimerais en savoir plus... J'ose espérer qu'en 6ème et 5ème, nous avons encore une possibilité de remédier à ces problèmes au moins partiellement.
Est-ce que tu penses que les écrits de M. Boimare peuvent apporter quelque chose aux enseignants de collège autre que les enseignants de lettres? Est-ce que j'ai une chance d'y trouver quelques pistes pour faire progresser mes élèves? Sinon, où???
Merci.
Est-ce que tu penses que les écrits de M. Boimare peuvent apporter quelque chose aux enseignants de collège autre que les enseignants de lettres? Est-ce que j'ai une chance d'y trouver quelques pistes pour faire progresser mes élèves? Sinon, où???
Merci.
- ElyasEsprit sacré
Flo44 a écrit:Anaxagore, moi aussi j'aimerais en savoir plus... J'ose espérer qu'en 6ème et 5ème, nous avons encore une possibilité de remédier à ces problèmes au moins partiellement.
Est-ce que tu penses que les écrits de M. Boimare peuvent apporter quelque chose aux enseignants de collège autre que les enseignants de lettres? Est-ce que j'ai une chance d'y trouver quelques pistes pour faire progresser mes élèves? Sinon, où???
Merci.
Je ne suis pas Anaxagore mais pour l'HG, la lecture de Boimare a été très instructive pour moi, me confortant dans des choix initiaux et m'ayant permis de les renforcer et d'affiner certaines postures et certains gestes.
Cependant, attention ! Le texte de Boimare parle d'élèves qui ont surtout une image négative d'eux dans le monde scolaire et s'empêchent donc de penser pour ne pas avoir à gérer les émotions de tout échec. Ils entrent souvent dans l'idée "Comme on dit que je suis nul, autant l'être en ne faisant rien ! Je saurai pourquoi je suis nul !" Cela fait moins souffrir l'ego. C'est sur ça et d'autres causes d'empêchement de penser qu'il travaille. Pas sur les difficultés scolaires liées à des inaptitudes ou des lacunes.
- AnaxagoreGuide spirituel
@Flo44
Pourquoi pas. Il faut faire feu de tout bois. Après, je pense qu'une fois que l'on a identifié le phénomène et qu'on a mis des mots dessus, on peut réfléchir à sa propre pratique, suivant sa matière, le niveau auquel on enseigne, les circonstances. Il est bon d'avoir des idées à disposition, d'en créer de nouvelles, mais surtout de rester juge de ce qu'il a lieu de faire à un instant donné.
De manière générale, j'ai davantage confiance en un jugement éclairé qu'en des recettes qui seraient applicables indépendamment des circonstances.
Pourquoi pas. Il faut faire feu de tout bois. Après, je pense qu'une fois que l'on a identifié le phénomène et qu'on a mis des mots dessus, on peut réfléchir à sa propre pratique, suivant sa matière, le niveau auquel on enseigne, les circonstances. Il est bon d'avoir des idées à disposition, d'en créer de nouvelles, mais surtout de rester juge de ce qu'il a lieu de faire à un instant donné.
De manière générale, j'ai davantage confiance en un jugement éclairé qu'en des recettes qui seraient applicables indépendamment des circonstances.
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"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
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- AnaxagoreGuide spirituel
Elyas a écrit:Cependant, attention ! Le texte de Boimare parle d'élèves qui ont surtout une image négative d'eux dans le monde scolaire et s'empêchent donc de penser pour ne pas avoir à gérer les émotions de tout échec. Ils entrent souvent dans l'idée "Comme on dit que je suis nul, autant l'être en ne faisant rien ! Je saurai pourquoi je suis nul !" Cela fait moins souffrir l'ego. C'est sur ça et d'autres causes d'empêchement de penser qu'il travaille. Pas sur les difficultés scolaires liées à des inaptitudes ou des lacunes.
Ok.
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
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- VerduretteModérateur
Je ne vais pas chanter victoire au bout d'une semaine, mais je remarque deux choses :
1. Presque tous les élèves participent au débat, maintenant, même si certains le font beaucoup plus que d'autres. Il n'y en a plus que trois qu'il faut vraiment aller chercher. J'ai reçu "Le feuilleton d'Hermès", nous avons lu ce matin "la naissance d'Hermès" et la simple phrase de Maïa "Ton père est nulle part et partout" a suscité de nombreuses réflexions, intéressantes et pertinentes, et même "du lourd" pour certains de ces élèves dont la majorité ont des parents séparés, des pères plus ou moins présents, parfois totalement absents de leur vie, décédé pour une d'entre eux.
2. J'ai pleuré ici même sur toutes les expressions écrites de la classe depuis le début de l'année. Or, ce matin, j'ai demandé de reformuler le texte, sous forme de "storyboard" pour les CM1, ce pour les aider à "se faire des images", et sous forme de résumé aux CM2. A une exception près, ils ont produit des textes nettement meilleurs que ceux qu'ils avaient faits jusqu'ici, même ceux qui avaient aussi pour base des images séquentielles.
A suivre (ça, c'est le Feuilleton de Verdurette).
1. Presque tous les élèves participent au débat, maintenant, même si certains le font beaucoup plus que d'autres. Il n'y en a plus que trois qu'il faut vraiment aller chercher. J'ai reçu "Le feuilleton d'Hermès", nous avons lu ce matin "la naissance d'Hermès" et la simple phrase de Maïa "Ton père est nulle part et partout" a suscité de nombreuses réflexions, intéressantes et pertinentes, et même "du lourd" pour certains de ces élèves dont la majorité ont des parents séparés, des pères plus ou moins présents, parfois totalement absents de leur vie, décédé pour une d'entre eux.
2. J'ai pleuré ici même sur toutes les expressions écrites de la classe depuis le début de l'année. Or, ce matin, j'ai demandé de reformuler le texte, sous forme de "storyboard" pour les CM1, ce pour les aider à "se faire des images", et sous forme de résumé aux CM2. A une exception près, ils ont produit des textes nettement meilleurs que ceux qu'ils avaient faits jusqu'ici, même ceux qui avaient aussi pour base des images séquentielles.
A suivre (ça, c'est le Feuilleton de Verdurette).
- pseudo-intelloSage
Je m'abonne illico au feuilleton de Verdurette.
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Mots croisés d'apprentissage - lecture et orthographe
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- henrietteMédiateur
Moi aussi !!!
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- coindeparadisGuide spirituel
J'ai moi aussi rencontré Serge Boimare à l'ICEM et lu plusieurs de ses ouvrages. A l'époque j'enseignais en ITEP. Et le conseil de sortir du quotidien des élèves pour les ouvrir à plus loin dans le temps ou l'espace a payé. La mythologie, les contes anciens, les romans d'aventures ont accroché les élèves (des classes de garçons à fortiori), libéré la parole, le dessin et l'écriture, canalisé l'agressivité.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- VerduretteModérateur
C petit message fait du bien, car aucune progression n'est linéaire, pour l'instant, pas beaucoup de changement chez les élèves encore en retrait, et le doute me taraude (si je vendais mes doutes, je serais milliardaire, faut dire).
- coindeparadisGuide spirituel
Disons que je ne faisais pas que du "Boimare". Et que je gardais aussi une bonne vieille progression en EDL à côté.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- coindeparadisGuide spirituel
Sans compter que des enfants vraiment "empêchés de penser", le sont pour des raisons qui dépassent la seule question de pédagogie.
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- VerduretteModérateur
Je te rassure je ne fais pas que du Boimare, j'essaie de bétonner au moins le français et les maths. Mais j'ai 5 élèves sur 11 CM1 et 1 sur 11 CM2 qui sont au niveau fin de CE1 : lisent à peine, n'ont pas les bases en numération, n'ont pas compris le principe de la conjugaison, sont à la rue en grammaire. Mais qui, avant toute chose, n'ont aucun intérêt pour aucun apprentissage ni aucune idée de la raison pour laquelle ils sont à l'école.
- coindeparadisGuide spirituel
Bon courage !
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Ne t'excuse jamais d'être ce que tu es. Gandhi
- VerduretteModérateur
Un petit mot en cette fin de période (pour nous les vacances commencent aujourd'hui).
Les élèves accrochent, sans nul doute. Ils sont impatients de lire chaque nouvel épisode, me supplient parfois d'en lire un deuxième... et cela est positif vu leur indifférence habituelle. Les dernières semaines ont été un peu irrégulières car je suis partie en classe de neige avec le groupe des 9 CM2 tandis que les 13 autres élèves étaient répartis dans les deux autres classes de l'école GS/CE1 et CP/CE2 avec du travail certes, mais sans remplaçant. Cette semaine, j'ai eu du mal à récupérer ces élèves, autant que ceux de CM2 qui étaient encore "sur les pistes" dans leur tête.
De plus, j'ai encore une élève de CM2 qui part, et un nouveau qui arrive. (rarement vu autant de turn-over de ma vie).
Pour autant, j'ai toujours le même groupe qui parle beaucoup, et le même qui reste mutique. Aucune évolution pour l'instant sur ce point. Et pas vraiment d'amélioration sur le plan du travail, même si j'essaye, comme le conseille Boimare, de rattacher le travail aux lectures, dans la mesure du possible toutefois. Il y a un côté un peu artificiel dans ce "travail en projet" qui me dérange.
Hier c'était Carnaval dans l'école, rien à voir me direz-vous, mais si, ça m'a donné à réfléchir. On avait choisi les contes de fées pour thème, et très peu l'avaient vraiment respecté, mais ce n'est pas le fond du problème. Il y avait un petit défilé et les enfants devaient dire en quoi ils étaient costumés, ce simple petit exercice était tellement inégal ... cet acte de déguisement des enfants était tellement symptomatique de l'attention qui leur est portée. Et je ne parle pas en termes de fric, il y avait un gamin que sa mère avait costumé en tapis volant, avec deux rectangles de tissu coloré et quatre gros glands de passementerie, un moment d'attention et d'inventivité pas plus cher que les multiples panoplies achetées à la va-vite sur internet ou au magasin truc-Fouille pas cher du coin. Chez les petits de maternelle, que je ne vois pas souvent, il y avait un enfant terriblement triste, dont le père est en prison Deux enfants absents, au procès sur leur garde, qu'on veut retirer à la mère qui les laisse battre et qui les nourrit de gâteaux et de coca, au point qu'ils n'ont plus de dents à 3 et 4 ans. Des enfants qui parlent à peine, qui sont de façon évidente mal dans leurs corps et mal dans leur tête.
J'ai acheté "l'enfant et la peur d'apprendre" pour mes vacances.
J'ai envie de prendre la GS/CP l'an prochain si possible, en me disant que ça marchera peut-être mieux si je commence tôt.
Je me dis que les médecins, les psys "ferment la porte de leur cabinet" à la fin de la journée et qu'il faut absolument se couper de tout ça une fois sortie de l'école, que je ne suis ni Zorro, ni Mère Térésa, ni la fée Mélusine, mais ça me pèse de plus en plus.
Et quand je me demande si Boimare va aider, je ne pense pas juste en termes de "résultats scolaires", je pense à un minimal "confort d'exister". Je crois que je suis un peu fatiguée moralement, aussi.
Et je me demande quelle réforme, quels programmes scolaires, quelles méthodes peuvent compenser tout cela ? L'obligation de scolarité avec l'accent mis sur le langage, c'est bien, de mon point de vue, mais cette souffrance abyssale, que vous retrouvez au collège devenue violence et révolte, cela ne suffira pas à la traiter.
Les élèves accrochent, sans nul doute. Ils sont impatients de lire chaque nouvel épisode, me supplient parfois d'en lire un deuxième... et cela est positif vu leur indifférence habituelle. Les dernières semaines ont été un peu irrégulières car je suis partie en classe de neige avec le groupe des 9 CM2 tandis que les 13 autres élèves étaient répartis dans les deux autres classes de l'école GS/CE1 et CP/CE2 avec du travail certes, mais sans remplaçant. Cette semaine, j'ai eu du mal à récupérer ces élèves, autant que ceux de CM2 qui étaient encore "sur les pistes" dans leur tête.
De plus, j'ai encore une élève de CM2 qui part, et un nouveau qui arrive. (rarement vu autant de turn-over de ma vie).
Pour autant, j'ai toujours le même groupe qui parle beaucoup, et le même qui reste mutique. Aucune évolution pour l'instant sur ce point. Et pas vraiment d'amélioration sur le plan du travail, même si j'essaye, comme le conseille Boimare, de rattacher le travail aux lectures, dans la mesure du possible toutefois. Il y a un côté un peu artificiel dans ce "travail en projet" qui me dérange.
Hier c'était Carnaval dans l'école, rien à voir me direz-vous, mais si, ça m'a donné à réfléchir. On avait choisi les contes de fées pour thème, et très peu l'avaient vraiment respecté, mais ce n'est pas le fond du problème. Il y avait un petit défilé et les enfants devaient dire en quoi ils étaient costumés, ce simple petit exercice était tellement inégal ... cet acte de déguisement des enfants était tellement symptomatique de l'attention qui leur est portée. Et je ne parle pas en termes de fric, il y avait un gamin que sa mère avait costumé en tapis volant, avec deux rectangles de tissu coloré et quatre gros glands de passementerie, un moment d'attention et d'inventivité pas plus cher que les multiples panoplies achetées à la va-vite sur internet ou au magasin truc-Fouille pas cher du coin. Chez les petits de maternelle, que je ne vois pas souvent, il y avait un enfant terriblement triste, dont le père est en prison Deux enfants absents, au procès sur leur garde, qu'on veut retirer à la mère qui les laisse battre et qui les nourrit de gâteaux et de coca, au point qu'ils n'ont plus de dents à 3 et 4 ans. Des enfants qui parlent à peine, qui sont de façon évidente mal dans leurs corps et mal dans leur tête.
J'ai acheté "l'enfant et la peur d'apprendre" pour mes vacances.
J'ai envie de prendre la GS/CP l'an prochain si possible, en me disant que ça marchera peut-être mieux si je commence tôt.
Je me dis que les médecins, les psys "ferment la porte de leur cabinet" à la fin de la journée et qu'il faut absolument se couper de tout ça une fois sortie de l'école, que je ne suis ni Zorro, ni Mère Térésa, ni la fée Mélusine, mais ça me pèse de plus en plus.
Et quand je me demande si Boimare va aider, je ne pense pas juste en termes de "résultats scolaires", je pense à un minimal "confort d'exister". Je crois que je suis un peu fatiguée moralement, aussi.
Et je me demande quelle réforme, quels programmes scolaires, quelles méthodes peuvent compenser tout cela ? L'obligation de scolarité avec l'accent mis sur le langage, c'est bien, de mon point de vue, mais cette souffrance abyssale, que vous retrouvez au collège devenue violence et révolte, cela ne suffira pas à la traiter.
- PuckVénérable
Verdurette, quel terrible constat !
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"Ce que nous avons fait, aucune bête au monde ne l'aurait fait.
Mais nous nous en sommes sortis. Et nous voici confrontés à l'ingratitude de la nation. Pourtant, c'était pas ma guerre. C'était pas ma guerre, oh non !"Cripure
- Thalia de GMédiateur
C'est glaçant !
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
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