Je ne contrôle plus ma classe et je ne sais pas quoi faire

Bonsoir,
Certains se souviennent peut-être de moi, mais au cas où : première vraie année en lycée après un bref faux départ en collège suivi de trois ans de congé de longue maladie ; phobique sociale, dépressive chronique et en déficit pathologique de confiance en soi, bref, l'incarnation même de "qu'est-ce qu'elle fait dans ce métier ?"

Au début, ça se passait à peu près bien, mais la situation avec mon unique classe de seconde (je suis à mi-temps thérapeutique) n'a fait qu'empirer. Des jours ça va, et des jours, comme hier, je passe deux heures à gueuler par-dessus le bavardage, je perds toute ma dignité au point de parfois verser quelques larmes en cours (bon, j'étais fatiguée, mais...) parce que ces jeunes gens NE SE TAISENT JAMAIS. J A M A I S. J'en ai collé quelques-uns, j'ai fait appeler les parents par la vie scolaire, j'ai donné du travail en plus... aucun effet.

Hier, la PP de ma classe m'a trouvée en larmes dans un coin de la salle des profs et est venue me dire qu'en gros, mon problème est que je n'ai pas une attitude de prof, ni d'adulte. Les ados ont besoin d'être cadrés et ils ne trouvent pas ça en moi. Mais franchement, j'ai du mal à percevoir ce qu'elle entend par là. Certes, je suis du genre coulant, mais je me tiens debout sur mon estrade, je donne des consignes, ils les suivent (plus ou moins)... Il faut croire que mon attitude de timidité est tellement ancrée en moi que je la trimbale partout avec moi sans même m'en rendre compte... et du coup je ne sais plus quoi faire

Oh et pour ajouter à ma joie, l'inspectrice vient demain Je sais que les élèves se tiendront bien ce jour-là - ils sont remuants et flemmards, mais pas méchants, je n'arrive juste pas à faire cours à cause du bruit ambiant - mais ce qu'ils perçoivent, elle le percevra sans doute aussi...

Donc voilà, je suis paumée, d'autant que j'arrive à la fin de mon année de temps partiel thérapeutique et ç'a été assez difficile. Je ne vis plus, je suis crevée en permanence, j'ai pris au moins 10 kilos - à plein temps, je ne sais pas ce que ça va donner -_-

Est-ce qu'il est trop tard pour faire quelque chose pour cette seconde-là, à un mois de la fin effective de l'année ? Parce que ce mois, faut quand même le faire, et je suis déjà superenretardsurleprogramme alors il faut que je fasse quelque chose si je veux leur faire étudier au moins un ou deux poèmes...

Désolée de ne pas pouvoir te donner de conseils, mais je suis triste de lire ça. 

Sans pouvoir t'aider en ce qui concerne le programme, je puis quand-même t'assurer que oui, tu peux encore redresser la barre (mais pour cela il te faudra de l'aide, si tu ne sais pas quoi changer, je ne vois pas comment pourrais-tu le faire, la visite de l'IPR peut être une très bonne chose) et non, en aucun cas il faut se jeter dans le fleuve.
Au pire, tu changes de métier.

Déjà, il faut que tu te reposes et que tu te concentres sur l'inspection de demain. Prépare bien tes affaires, relis ton cours vite fait et dodo.

Arrive fraiche et souriante demain. Dis toi que c'est TA classe et pense avec confiance au travail déjà fait avec tes élèves.

Tu réfléchiras à la meilleure façon de finir l'année avec ces secondes à partir de samedi.
Je suis en lycée et j'ai une seconde aussi. On en reparlera.
A plus.

Vous allez changer d'établissement l'an prochain ? Je pense que pour cette année, vous ne redresserez pas la barre. Et si vous êtes "coulante", il va falloir vous faire au bruit ambiant et travailler sur vous pour développer une résistance/tolérance à ce bruit, surtout s'il n'est pas agressif. Je pense aussi qu'il faut réfléchir à votre façon de faire cours : adapter les contenus et leur présentation à votre façon de fonctionner. Le plus important est de trouver un équilibre viable.

C'est un métier quand même très particulier. On peut avoir des tas de qualités humaines et être une belle personne et ne pas y arriver. Si votre souffrance est à ce point il faut peut-être réfléchir à une autre voie si vous en avez la possibilité. La priorité c'est de sauver sa peau.

La PP de ta classe de 2de aurait mieux fait de se taire mais vu ce que j'en perçois, il y a des jours où ça va, et des jours, comme hier, où ça ne va pas. Donc ça pourrait être pire car ça pourrait ne jamais aller. Là, tu es comme tout le monde, avec des hauts et des bas, et en plus, ça m'étonnerait que la PP de ta classe de 2de t'aide à redresser la barre au vu de son discours.
S'il y a des jours où ça va, dis-toi bien que tu as une attitude de prof. Ne te laisse pas destabiliser par les propos d'une personne qui ne m'a pas l'air bienveillante (tu étais en pleurs donc tu avais besoin de soutien, pas d'une réplique assassine). Ne te mets pas la rate au court-bouillon. Tu l'écris toi-même :

Je sais que les élèves se tiendront bien ce jour-là - ils sont remuants et flemmards, mais pas méchants.

Et bien ça se passera bien ! Ta pire ennemie, c'est toi-même. Fais-toi confiance et courage ! ça va aller !

+1000 Dans les mauvais jours, je me console en repensant à mon excellente professeur de français de 5e-4e-3e qui était 'gentille', et qui parfois vivait une heure difficile, même si nous étions une très bonne classe. Je me souviens encore de ce que j'ai fait avec elle, même si, parfois, je bavardais. Comme le dit Cripure, il faut que tu trouves le juste équilibre: on peut aussi fonctionner avec quelques bavardages.

Tamerlan a écrit:C'est un métier quand même très particulier. On peut avoir des tas de qualités humaines et être une belle personne et ne pas y arriver. Si votre souffrance est à ce point il faut peut-être réfléchir à une autre voie si vous en avez la possibilité. La priorité c'est de sauver sa peau.

+1

Lornet a écrit:La PP de ta classe de 2de aurait mieux fait de se taire mais vu ce que j'en perçois, il y a des jours où ça va, et des jours, comme hier, où ça ne va pas. Donc ça pourrait être pire car ça pourrait ne jamais aller. Là, tu es comme tout le monde, avec des hauts et des bas, et en plus, ça m'étonnerait que la PP de ta classe de 2de t'aide à redresser la barre au vu de son discours.

En gros, tout va bien Madame la Marquise, quoi.

Face à un collègue qui a du mal, il me semble plus à propos - pour peu que le sujet vienne dans la conversation, et là c'était clairement le cas - de lui faire des suggestions sur ce qu'il peut faire, plutôt que s'en laver les mains et prétendre que "Bon, c'est pas grave, on a tous parfois du mal. Fais avec."

Mes élèves sont bavards, des vraies pipelettes!! Je suis comme toi, du genre gentille donc c'est vrai que ça n'aide pas à avoir un silence de cathédrale. Donc, ils veulent parler, ils parlent... en participant au cours. Je les fais participer un maximum : lire un énoncé d'activité, passer au tableau, formuler une hypothèse à l'oral etc... Ceux qui bavardent ou critiquent pendant le passage de leur camarade sont les prochains à devoir participer.
On peut faire cours avec quelques bavardages. Et si je ne peux pas bosser car élèves trop dispersés, ils le font à ma place : ils sortent une feuille et me font une activité notée. Généralement, ça calme.

Je suis de l'avis de Lornet pour demain, de Dandelion et de Cripure pour la suite : tu as déjà fait un grand chemin (je me souviens de ta présentation et de tes premières interventions) mais, finalement, tu n'es encore qu'une débutante, et ce que tu vis, nous sommes nombreux à l'avoir vécu.

D'abord, sursum corda pour demain !

Bon, si tu aimes tout de même ce métier, il faut t'accrocher, on approche la fin de l'année. C'est souvent un métier très difficile au début. Tu verras au fil des années que les choses s'améliorent.

Mon conseil, en début d'année place les 2nd par ordre alphabétique, ça les calme. Fais un plan de classe, et dès que les bavards s'y mettent, tu les change de place.

Tu peux également profiter de ta grille pour mettre des points de participation, c'est plus sympa.

Les "activités" qui calment ne sont pas inutiles - soit les contrôles ou mieux encore les compréhensions orales, plus rapides à corriger. Tu peux également leur faire faire des présentations orales (présenter un objet, par exemple) ou même, si tu le sens, leur faire faire des sketches. Mais dis-toi qu'en fin d'année, il y a toujours une période où les 2nd sont pénibles.

Si tu veux des idées, contacte-moi par MP.

Et bon courage pour demain.

kero a écrit:

Lornet a écrit:La PP de ta classe de 2de aurait mieux fait de se taire mais vu ce que j'en perçois, il y a des jours où ça va, et des jours, comme hier, où ça ne va pas. Donc ça pourrait être pire car ça pourrait ne jamais aller. Là, tu es comme tout le monde, avec des hauts et des bas, et en plus, ça m'étonnerait que la PP de ta classe de 2de t'aide à redresser la barre au vu de son discours.

En gros, tout va bien Madame la Marquise, quoi.

Face à un collègue qui a du mal, il me semble plus à propos - pour peu que le sujet vienne dans la conversation, et là c'était clairement le cas - de lui faire des suggestions sur ce qu'il peut faire, plutôt que s'en laver les mains et prétendre que "Bon, c'est pas grave, on a tous parfois du mal. Fais avec."

On peut lui faire des suggestions sur ce qu'il peut faire mais pas émettre des jugements qui le mettent encore plus mal à l'aise.
Une année, j'ai vu un PP de 2de revenir en salle des professeurs avec des papiers écrits par les élèves en vie de classe et il en a rigolé avec un autre collègue car les élèves, à sa demande, avaient écrit tout ce qu'ils pensaient d'une collègue stagiaire qui avait du mal face à eux. Grand déballage. Et donc le PP rigolait bien en lisant ça.
Elle a redoublé son stage mais l'a refait dans un autre établissement où ça s'est très bien passé.
Croire que l'on vit dans un monde de bisounours avec uniquement de gentils collègues prêts à nous aider est faux.

Ah, j'ai oublié que tu n'est pas prof d'anglais, mais bon, tu peux tout de même t'inspirer de ce que je t'ai dit!

Tu es une fille gentille? Parfait, c'est ta gentillesse qui sera ton atout pour obtenir la crédibilité, donc l'autorité et le respect.

Certains te diront: il faut gueuler, se faire entendre, s'imposer, faire peur... non, si ce n'est pas dans ta nature, les gamins sentent bien que ce n'est pas naturel, et ce n'est donc pas efficace...

Par contre, je suis vraiment triste de savoir que tu as craqué en classe... ça n'a pas calmé les gamins de voir qu'ils allaient trop loin???

Bon courage pour demain, soit naturelle et détendue!

Je t'envoie plein d'ondes positives!

Les premières années, je ne contrôlais pas du tout mes classes, moi non plus. Ca ne s'improvise pas de savoir gérer des groupes de 30 ados, et certains ont besoin de plus de temps que d'autres pour apprendre le métier. Ce n'est pas pour ça que tu n'y arriveras jamais.

scot69 a écrit:Tu es une fille gentille? Parfait, c'est ta gentillesse qui sera ton atout pour obtenir la crédibilité, donc l'autorité et le respect.

Certains te diront: il faut gueuler, se faire entendre, s'imposer, faire peur...  non, si ce n'est pas dans ta nature, les gamins sentent bien que ce n'est pas naturel, et ce n'est donc pas efficace...

Par contre, je suis vraiment triste de savoir que tu as craqué en classe... ça n'a pas calmé les gamins de voir qu'ils allaient trop loin???

Bon courage pour demain, soit naturelle et détendue!

Je t'envoie plein d'ondes positives!

Inutile de se forcer à jouer les méchantes si on ne l'est pas. Parfois les miens me disent "madame, vous n'êtes crédible en méchante" et je veux bien les croire.

Voilà!

Certains collègues dégagent une autorité naturelle, ça ne s'explique pas, c'est à la fois dans le regard, la façon de se tenir... et c'est très bien, ils ont cette chance!

Moi ce n'est pas mon cas, j'essaye donc de trouver un truc plus en rapport avec ma personnalité.

J'ai essayé pendant des années de jouer ce rôle (ne pas sourire, parler sèchement, avoir un regard méchant...) mais ça ne marchait pas du tout, j'étais même ridicule. Depuis que j'ai changé de posture, ça va beaucoup mieux! Je ne dis pas que c'est la perfection absolue mais c'est beaucoup mieux, et puis je pense que personne ne peut atteindre vraiment la perfection!

N'écoute pas ta collègue, certains profs ont besoin de se rassurer sur leur propre autorité en cassant les autres, ignore la (je sais, ce n'est pas facile).

re-courage à toi!

Par contre, ils savent que s'ils me cherchent, ils me trouvent.

Comme tu es phobique sociale et dépressive (ce qui change beaucoup la donne par rapport à des professeurs qui ont parfois du mal à obtenir le calme), es-tu suivie régulièrement ? As-tu parlé avec ton éventuel psy (thérapie comportementale ?) de ta posture en cours ? Analyser ses réactions, ses peurs, sa simple posture avec un professionnel ça peut beaucoup aider à se sentir plus légitime.
Ce travail ne dédouane évidemment pas les bavards impénitents...

Merci à tous pour les conseils et les encouragements, désolée, j'étais en train de mettre au propre ma progression annuelle ^^ Sur le papier, je leur ai quand même appris pas mal de choses, mais dans la réalité, c'est déjà dur de les faire souvenir d'un truc qu'on a vu la veille...

Dès le début, je me suis dit aussi que je ne serais jamais crédible en méchante, alors je n'ai pas essayé... mais du coup j'ai trop suivi mon penchant naturel. Par exemple, je "pardonne" toujours immédiatement, je peux pousser une gueulante et faire une (mauvaise) blague deux minutes après, forcément ça désamorce, je devrais sans doute essayer d'être un peu plus "de glace".

Je ne sais pas si j'ai les mêmes difficultés que tout le monde et que je surréagis parce que je suis hypersensible, ou si c'est vraiment aussi catastrophique que j'en ai l'impression :/ Une de mes bonnes élèves, que j'ai reprise à bavarder, m'a expliqué qu'elle n'arrivait pas à suivre à cause du bavardage ambiant. J'ai pris ça comme une brique dans la figure, j'ai l'impression de trahir mes élèves sérieux, je m'en veux...
(A côté de ça, les pas-sérieux sont en pleine fronde parce qu'ils disent que je tape toujours sur les mêmes. Oui, c'est vrai que tout le monde parle, mais certains plus que d'autres...)

@Cripure -> Je serai toujours dans le même établissement, et à vrai dire c'est tant mieux car c'est sans doute un des meilleurs. (J'ai appris d'ailleurs que je n'y avais pas atterri par pur hasard des mesures de carte scolaire, mais par égard à mon dossier médical)

Justement, l'humour peut être une bonne façon de désamorcer un conflit! Je suis le premier à en abuser!

Tu as essayé de les faire travailler en groupe?

Idem.

Sincèrement, je pense que tu as tous les outils en toi, et qu'avec un peu de temps et d'expérience, tu seras capable de les utiliser au bon moment, avec la bonne classe et de façon appropriée!

On a tous eu des moments de découragements, c'est humain (et pas uniquement chez les profs!)