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Puck
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Maîtresse j'peux commencer ? ou le stakhanovisme scolaire - Page 2 Empty Re: Maîtresse j'peux commencer ? ou le stakhanovisme scolaire

par Puck Mer 08 Déc 2021, 11:10
Donner des photocopies est un exercice périlleux. Quand j’en distribuais à mes élèves, quel que soit le niveau de classe, le premier réflexe consistait à les… colorier ! Et les explications passaient à la trappe ! Ma collègue d’anglais avait craqué et apporté un jour de vrais coloriages à ses 3e europe pour les vexer. Ils ont été ravis !
Quant aux consignes, c’est un autre problème ! On prépare la copie d’orthographe en direct. Je dessine au tableau ce que j’attends : on agrandit la marge, on saute une ligne, on attaque par un alinéa… Eh bien, j’en ai toujours qui se loupent et pas forcément les plus mauvais. Quand je demande de souligner, il y en a qui surlignent et me répondent que c’est pareil et ils sont tout étonnés de perdre des points. S’il faut souligner en vert, il y en a toujours pour dire qu’ils ont choisi le bleu ou le rose, etc., parce qu’ils préfèrent.
On en parle souvent entre collègues. Cette indifférence aux consignes est déconcertante et ils ne réalisent pas que ce n’est pas de la maniaquerie mais de l’aide méthodologique. Et surtout ils s’en fichent. Ce qui importe, c’est leur plaisir.
Ergo
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par Ergo Mer 08 Déc 2021, 11:30
Puck a écrit:
On en parle souvent entre collègues. Cette indifférence aux consignes est déconcertante et ils ne réalisent pas que ce n’est pas de la maniaquerie mais de l’aide méthodologique. Et surtout ils s’en fichent. Ce qui importe, c’est leur plaisir.
Et paradoxalement, on en a certains qui sont obsédés par "la méthode" (ou "méthodologie"): « Mais madame, comment on trouve la problématique ?» Eh bien d'abord, on arrête avec ce mot, et ensuite on commence par lire et triturer le texte. Après, on verra.

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par roxanne Mer 08 Déc 2021, 12:22
Mais finalement était-ce si différent avant? Si on interroge des gens de 40, 50, 60 ans sur leur scolarité il en ressort souvent un grand sentiment d'ennui avec certes de temps à temps quelques révélations. Et je ne suis pas sure que ça avait toujours du sens. Ma mère se rappelle de leçons apprises par cœur sans rien y comprendre. Alors ça se voyait peut-être moins parce qu'ils (on, je m'inclus dans les quinquas) étaient plus "dressés" et que finalement on laissait moins de place à l'initiative ou à la plainte, ça passait ou ça cassait. Et quand ça cassait, on n'allait pas plus loin, donc pas au lycée par exemple.
Bon, au lycée, le contrôle continu et Parcours Supp favorisent ça. Ils ont du mal avec la moindre mauvaise note, le moindre incident de parcours qui prend des proportions hallucinantes parfois . Après, c'est sûr que la société va plus vite aussi, les portables ont accéléré le mouvement.
zigmag17
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par zigmag17 Mer 08 Déc 2021, 12:35
Je dirais aussi que ce qui importe, c'est leur personne. Tout tourne autour de "moi je moi je moi je". Aucune écoute suivie des consignes, aucun profit tiré d'une explication donnée à l'encan pour que l'ensemble de la classe en profite alors qu'un élève vient de poser une question pertinente.
En bac pro j'en suis à redonner les consignes pour présenter correctement une copie, enlever des points s'ils recopient avec des fautes des noms d'auteurs ou des thèmes écrits au tableau...
Leur attention dure une demi-seconde: il leur suffit d'avoir l'impression d'avoir été entendus, parfois ça suffit.
Je remets à l'ordre du jour la récitation de poèmes pour entraîner la mémoire, sur la base du volontariat.
Hier, tollé dans une classe qui avait un devoir, quand après la distribution du sujet puis la lecture ET la réexplicitation des consignes, j'ai dit que je ne voulais plus aucune question pendant deux heures, et qu'ils devaient se coltiner tout seuls avec les textes, comme à l'examen, sans appui supplémentaire. Affolement général.
Dans une classe de cet acabit (term bac pro, futurs BTS pour certains: décidément je pense souvent aux collègues qui vont s'en coltiner certains l'an prochain), deux ont le niveau, et l'attitude adaptés. C'est tout.
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par Reine Margot Mer 08 Déc 2021, 12:53
roxanne a écrit:Mais finalement était-ce si différent avant? Si on interroge des gens de 40, 50, 60 ans sur leur scolarité il en ressort souvent un grand sentiment d'ennui avec certes de temps à temps quelques révélations. Et je ne suis pas sure que ça avait toujours du sens. Ma mère se rappelle de leçons apprises par cœur sans rien y comprendre. Alors ça se voyait peut-être moins parce qu'ils (on, je m'inclus dans les quinquas) étaient plus "dressés" et que finalement on laissait moins de place à l'initiative ou à la plainte, ça passait ou ça cassait. Et quand ça cassait, on n'allait pas plus loin, donc pas au lycée par exemple.
Bon, au lycée, le contrôle continu et Parcours Supp favorisent ça. Ils ont du mal avec la moindre mauvaise note, le moindre incident de parcours qui prend des proportions hallucinantes parfois . Après, c'est sûr que la société va plus vite aussi, les portables ont accéléré le mouvement.


Pareil. Pour beaucoup des générations précédentes, l'ennui et le manque de sens aux apprentissages étaient le lot de beaucoup. Ce qui a changé selon moi:

- les enfants d'aujourd'hui sont moins dociles face à l'adulte et n'acceptent pas les apprentissages dont ils ne voient pas l'intérêt immédiat.
- le rapport aux écrans qui rend l'attention moins facile à concentrer longtemps et demande au cerveau un "divertissement" permanent
- l'allongement des études, même pour ceux que ça n'intéresse pas
- la pandémie et autres perspectives pessimistes qui minent les jeunes
- l'épisode récent du Covid et de la classe à la maison ont pas mal augmenté les difficultés de beaucoup d'élèves

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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
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par AsarteLilith Mer 08 Déc 2021, 13:00
Je pense qu'on peu aussi ajouter par moments l'éducation de la famille, qui parfois se révèle désastreuse.

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par maikreeeesse Mer 08 Déc 2021, 13:28
L'égocentrisme, à l'adolescence, cela a dû exister depuis longtemps, mais avant il y avait sûrement plus de filtres. L'ennui aussi (coucou à tout ceux qui ont vécu au fin fond de la campagne avec pour seul rêve la pétrolette), mais l'angoisse, le pessimisme, le découragement ou l’abattement ? J'ai l'impression que ce sont des sentiments ou des émotions très prégnantes, non ? Je n'ai que mon expérience de parent, vous qui les côtoyez tous les jours, vous le constatez ?
lene75
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par lene75 Mer 08 Déc 2021, 13:40
Je trouve pour ma part, mais c'est sûrement propre au lycée, que la situation s'est considérablement dégradée ces dernières années. Je ne parle pas d'il y a 40 ou 50 ans, mais je compare avec des élèves que j'ai pu connaître, dans le même lycée, ces 10 dernières années. Je peine à ne pas faire le lien avec la réforme et la crise sanitaire. Je suis extrêmement inquiète pour la santé psychologique de mes élèves. Et je crois que, paradoxalement, ce qui m'inquiète le plus, ce sont ces classes extrêmement disciplinées, comme je n'en avais jamais eu jusque-là, dans lesquelles les élèves obéissent à tout le monde et ne contestent rien d'autre que leurs notes, qui occupent totalement leur esprit, et dans lesquelles toute trace d'enthousiasme au présent et d'espoir pour l'avenir a disparu. S'ils avaient des motifs d'enthousiasme en dehors du lycée, ils m'inquiéteraient moins, mais ils n'en ont apparemment pas. Et je leur retrouve la même difficulté que celle que pointe Verdurette : des petits automates qui ne peuvent accomplir que des tâches mécaniques et sont complètement perdus si on leur demande autre chose, et surtout, qui s'interdisent de réfléchir alors qu'ils en sont capables.

Maikresse, nos messages se sont croisés, oui, je constate la même chose que toi, chez mes élèves et chez mes neveux d'âge de lycée.

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par nicole 86 Mer 08 Déc 2021, 13:43
maikreeeesse a écrit:L'égocentrisme, à l'adolescence, cela a dû exister depuis longtemps, mais avant il y avait sûrement plus de filtres. L'ennui aussi (coucou à tout ceux qui ont vécu au fin fond de la campagne avec pour seul rêve la pétrolette), mais l'angoisse, le pessimisme, le découragement ou l’abattement ? J'ai l'impression que ce sont des sentiments ou des émotions très prégnantes, non ? Je n'ai que mon expérience de parent, vous qui les côtoyez tous les jours, vous le constatez ?

Je ne vois pas beaucoup d'adolescents mais plutôt de jeunes adultes, il y a ceux qui ont décidés que les plaisirs et les fêtes étaient centraux pour ne pas dire vitaux et donc coûte que coûte ils poursuivent ce chemin hédoniste, pour d'autres les mots que j'ai graissés les décrivent parfaitement comme ils me décrivaient (déjà) à la fin des années soixante et au début des années soixante-dix.
Verdurette
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par Verdurette Mer 08 Déc 2021, 13:46
Pour ma part je ne me rappelle aucun sentiment d'ennui profond durant ma scolarité. Mais c'est loin, me direz-vous ...
Avec mon compagnon, nous sommes très conscients d'avoir eu une jeunesse beaucoup plus insouciante, sans conflits géographiquement proches, et avec le plein emploi. Les jeunes et les enfants vont mal en ce moment, c'est incontestable. J'en ai discuté avec une psychologue : entre la crise et les perspectives d'avenir, entre crise économique, chômage et risques climatiques, je ne vois pas bien comment ils pourraient aller bien.  
Mais le constat que je fais est antérieur même si j'en parle aujourd'hui.
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par uneodyssée Mer 08 Déc 2021, 15:08
Un psychiatre m'a dit qu'on n'avait pas fini de mesurer les conséquences de cette pandémie, en termes psychiatriques.
Et cela, sans même parler de la solastalgie et autre éco-anxiété, qui étaient déjà bien documentées avant 2020.

Je parle du lycée, et puis un peu après puisque j'ai autour de moi des jeunes qui ont la vingtaine et que j'ai vu grandir.

La difficulté à dire ce qui leur plaît, ce qu'ils aiment, ne date pas d'hier, je m'en inquiétais déjà il y a une quinzaine d'années.

Pour l'un d'eux il y avait aussi une terrible peur du vide, peur de perdre son temps, qu'un spectacle ou un livre ou une activité ne lui plaise pas… ça avait l'air assez insurmontable !
Et puis finalement, il y a un déclic, lors de la deuxième année d'études : un domaine non pas nouveau mais soudain plus approfondi et prenant plus de sens, et la motivation est apparue – elle n'avait jamais existé auparavant ! Étudiant en réussite aujourd'hui…

En revanche ce qui a vraiment changé, c'est la prise de conscience d'un avenir sombre. Beaucoup de mes élèves, ceux qui s'intéressent au monde dans lequel ils vivent au-delà des sorties avec les copains, se disent anxieux et désabusés. Une grande partie de mes efforts, dans les discussions informelles qui s'engagent quelquefois, consiste à donner des pistes : comment agir pour ne pas céder au désespoir ?

Apprendre à être seul avec soi-même, comme le souligne quelqu'un dans le fil (je ne le retrouve pas), en fait partie. Les petits exercices de relaxation, conscience de soi et conscience du sol, solide, de la chaise, qui nous soutient, apprivoisement progressif de sa respiration… j'ai l'espoir que cela puisse les aider à trouver de la ressource en soi. Vivre ce silence et ce calme peut être vraiment apaisant. Mais c'est un entraînement.

S'engager dans des projets, seul ou à plusieurs, se prendre en main, agir, pouvoir contempler le résultat de ses efforts, compte aussi.

Mais nous ne pouvons pas tout faire pour eux…
Fesseur Pro
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par Fesseur Pro Mer 08 Déc 2021, 15:13
Puck a écrit:Donner des photocopies est un exercice périlleux.
+ 1
J'en arrive à les pré découper mais ils sortent tout de même les ciseaux et trouvent un bout à couper plutôt que de les coller et d'écouter ce qu'on doit en faire. (  dans tous les niveaux en collège )

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par Randoschtroumf Mer 08 Déc 2021, 15:26
Verdurette a écrit:Tout exercice comporte un volet "matériel" surtout dans les petites classes où l'on débute en écriture et en lecture : il faut par exemple couper des étiquettes et les coller (je donne des phrases à lire qu'il faut associer à une image précise, cela demande une lecture fine), colorier, surligner, relier, montrer sa compréhension d'un texte par un dessin etc...
Or depuis quelques années, malgré mes efforts pour que tout travail ait un sens, pour éviter à tout prix le recours exagéré aux "fiches", je constate que le cerveau de mes élèves reste bloqué sur ce geste matériel. A peine ont-ils le travail en leur possession qu'ils trépignent "Maîtresse on peut commencer" et se jettent sur les ciseaux, la colle, le crayon ... Souvent j'explique d'abord et ne donne le matériel qu'après, mais ça ne suffit pas, d'autant que la "consigne collective" devient de plus en plus difficile à manier. Trop d'élèves n'écoutent rien et viennent me voir ensuite (bien que la consigne ait été systématiquement explicitée, répétée et reformulée par un autre élève.)

En CE1 j'estime qu'il faut écrire, écrire, écrire ... j'ai finalement piétiné tous mes beaux principes et acheté un fichier de français.  Une fois l'exercice proposé, dûment expliqué, je laisse le groupe CE1 avancer et retourne en CP. Je reviens dix minutes plus tard, il y a tout et n'importe quoi, et souvent rien, sur les cahiers. Sur le fichier, identifier les noms et les verbes consiste à donner en vrac des noms et des verbes isolés, et à les séparer dans deux colonnes. Ils le font activement, noircissant gaillardement leur page de fichier. Quand je leur donne le même travail à faire à partir d'une phrase, en écrivant sur le cahier,  (et pas un extrait de Proust, hein je vous rassure) c'est du grand n'importe quoi, même avec de petites étiquettes d'analyse grammaticale de Retz.

Le petit oiseau volait hardiment.

Certains m'ont affirmé que "hardiment" était un nom. Ou "oiseau" un verbe.  Cela fait pourtant  trois mois que quotidiennement, à partir des lectures, nous cherchons "les mots qui nomment" et les "mots qui disent l'action". Guidés ils y arrivent à peu près, seuls on dirait que leur cerveau se bloque.

Même topo en résolution de problèmes : énoncé lu, question posée,  réponses récurrentes : "y faut réfléchir" "y faut calculer" "y faut faire une opération" ... oui, bon, et après ?

Malgré la répétition (je choisis l'option : sélectionner les notions majeures et y revenir sans cesse) rien ne se fixe. Les réponses sont faites au pif, verbes au masculin, noms propres, noms communs ...

Je me bats pour qu'ils demandent lorsqu'ils butent sur un mot, mais rien à faire il faut que j'aille les chercher, ils préfèrent sauter le mot, quitte parfois à ne rien comprendre, ou partir sur un contresens issu d'une "devinette" erronée.  

Mon groupe de CE1 me fait vraiment craquer, avez-vous des difficultés similaires ?  En même temps, je me dis que lorsqu'on a sept élèves sur sept qui buggent, c'est forcément que le problème vient de moi. Or, je n'en suis pas à mon premier CE1, vous vous en doutez, et en plus c'est quasiment la première fois que je suis dans une école non orpheline, donc je comprends encore moins. Mais plus généralement comment sommes-nous arrivés à faire ces petits automates (Stella Baruk parle aussi des "automathes" dans sa matière) sans intérêt, sans curiosité, sans envie, qui exécutent parce qu'ils sont posés sur une chaise de classe pour ça, sans chercher à comprendre. Et d'ailleurs le concept qu'ils s'imposent doit être pesant puisqu'ils gigotent et bavardent sans cesse.

Tout cela me mine.




Je ne sais que te dire....
J'échangeais ce matin avec la collègue avec laquelle je partage ma classe, et nous sommes catastrophées.

Je constate depuis plusieurs années l'amplification d'une vague : des parents rois qui exigent tout pour leur enfant, des enfants élevés dans cette idée : moi je, moi d'abord. Une absence de sens collectif et d'investissement personnel, de persévérance.

Le 1er confinement a mis une accélération brutale, avec des enfants qui ont pris l'habitude d'avoir une attention individuelle.
J'ai une majorité d'élèves qui ne font rien si on n'est pas à côté d'eux. A la rigueur, qui font n'importe quoi et noircissent du papier sans écouter ni lire la consigne.
"Maîtresse, comment je peux savoir s'il faut mettre s ou ss si tu ne me.le dis pas" est une question vraiment posée... En évaluation d'orthographe (après leçon, exercices, révisions...).
Même les exercices d'application avec leçon à côté posent problème.
J'ai une classe de "moi je, moi d'abord".

Évaluation basique en questionner le monde, avec le contenu de l'évaluation donné. Moins de la moitié de la classe a vaguement appris quelque chose, le reste a systématiquement NA, il n'y a rien. Après échange avec ma collègue, il sera mentionné sur tous les bulletins des élèves concernés que les leçons ne sont pas sues. Les parents vont-ils réagir, s'en moquer, ou contester l'appréciation ?
Je ne sais plus comment rédiger mes appréciations (en dehors de "Ayant besoin de présence de l'adulte en continu pour progresser, il doit gagner en autonomie. Les leçons ne sont pas sues. Attention aux bavardages."

Je vois une dégradation, démarrée avant la crise sanitaire et en nette accélération depuis.
Effectivement, les enfants n'ont pas envie d'apprendre, de progresser. Le moindre effort est compliqué.
Dans ma classe, le souci majeur n'est pas, je pense, lié au Covid, à de la tristesse, des troubles psy : même si la situation a un impact, la difficulté majeure a une origine plus éducative, avec une absence de persévérance, également des parents à qui j'explique que l'autonomie se travaille aussi à la maison dans la vie quotidienne. J'ai même une phrase type d'exemples que j'insère dans les PPRE (sans grande conviction tellement mes références sont éloignées de celles des parents). Quand je vois un parent enfiler et fermer le manteau d'un CE2, je sais pourquoi l'enfant et le parent attendent que je lui fasse tout à l'école.
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Randoschtroumf
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par Randoschtroumf Mer 08 Déc 2021, 15:31
Fesseur Pro a écrit:
Puck a écrit:Donner des photocopies est un exercice périlleux.
+ 1
J'en arrive à les pré découper mais ils sortent tout de même les ciseaux et trouvent un bout à couper plutôt que de les coller et d'écouter ce qu'on doit en faire. (  dans tous les niveaux en collège )

Même en préparant des bandes avec juste 3 coups de ciseaux à mettre (images à replacer sur une frise) ou une leçon déjà coupée à la bonne taille, ils sortent leurs ciseaux, font de l'équarissage, taillent en se plaignant que cela ne rentre pas (et en tournant le cahier comme demandé et montré ?).

J'ai l'impression que mes élèves de maternelle il y a quelques années respectaient bien mieux ce type de consignes que mes élèves d'élémentaire actuellement.

Je travaillais spécifiquement le collage, le découpage, la gestion de la trousse, l'attention lors d'une consigne collective, des ateliers en grand groupe pour préparer le CP, et cela fonctionnait plutôt bien.
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par almuixe Mer 08 Déc 2021, 23:14
Je mets en spoiler car rien n'aide Verdurette dans mon message.

Spoiler:

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par A Tuin Mer 08 Déc 2021, 23:36
uneodyssée a écrit:
En revanche ce qui a vraiment changé, c'est la prise de conscience d'un avenir sombre. Beaucoup de mes élèves, ceux qui s'intéressent au monde dans lequel ils vivent au-delà des sorties avec les copains, se disent anxieux et désabusés. Une grande partie de mes efforts, dans les discussions informelles qui s'engagent quelquefois, consiste à donner des pistes : comment agir pour ne pas céder au désespoir ?

En même temps franchement ça ne fait pas envie, même pour nous. Quand on voit les dommages écologiques à venir, les pandémies, et juste là immédiatement les clampins qui se profilent aux élections, ça ne vend pas du rêve. Je peux entendre que Netflix ou s'amuser avec les camarades fasse plus envie. Sans parler que les générations actuelles vivent sur les acquis des anciens or il n'y a plus le même pouvoir d'achat qu'avant. Quand les enfants actuels deviendront adultes, ils n'auront guère mieux qu'eux-même sur qui compter, il n'y aura aucune laine à tondre sur les gens de notre génération. On ne vit pas pareil quand la becquée tombe tous les mois que quand il faut trimer pour gagner un salaire et essayer de mettre un peu de côté en épargnant pour la suite.
Verdurette
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par Verdurette Jeu 09 Déc 2021, 05:42
Almuixe ton spoiler n'est pas si HS que ça, car sur le plan de la "réussite personnelle", celle qui peut donner envie de travailler à un lycéen, ce côté binaire : je me révèle comme "influenceur/euse" et je gagne des millions parce que j'ai du bagou et un joli minois/ je suis une star du PSG, ou je n'ai rien et je suis un loser, la dernière solution étant forcément celle va échoir à la majorité des gamins, ça ne donne pas des ailes.
Dans le premier exemple, il y a un coefficient chance et hasard important, dans le deuxième du travail certainement, mais aussi un don.
Nos jeunes ont intégré par ailleurs que
- qu'ils travaillent ou pas, ils passent de classe en classe et ont le bac ou quasiment
- l'orientation se fait par défaut et relégation plus que par choix
- le système scolaire lui-même a établi des castes plus rigides que celles des Indiens.

J'ai pas mal d'artisans et d'agriculteurs autour de moi dans ma campagne profonde, et ils accueillent des jeunes qui ne sont pas fans de l'école et qui ont vraiment envie d'être plombier, plaquiste, électricien auto ... Cela existe et tant qu'on présentera cela comme un échec ou une infamie, ça n'aidera pas à dissuader de passer en fac des jeunes qui n'ont rien à y faire (et qui vont se prendre très violemment le mur qu'il aurait dû rencontrer plus tôt). On leur fait miroiter un avenir qui ne leur apportera rien et on s'étonne qu'ils soient peu motivés et amers ?

Et la crise par là-dessus, qui a renforcé le repli sur soi (on se protège, on s'enferme chez soi, par force).


Mais dans tout ça, on a du mal à trouver ce qui nous cause tant de soucis avec les plus petits, qui sont à l'origine de ce fil.

Des propos échangés je retiens ce qui fait le fond du projet Boimare : des élèves qui ont peur de penser, et donc d'apprendre.
Cléopatra2
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par Cléopatra2 Jeu 09 Déc 2021, 07:06
lene75 a écrit:
Verdurette a écrit:Mais plus généralement comment sommes-nous arrivés à faire ces petits automates (Stella Baruk parle aussi des "automathes" dans sa matière) sans intérêt, sans curiosité, sans envie, qui exécutent parce qu'ils sont posés sur une chaise de classe pour ça, sans chercher à comprendre.

Je ne vais pas t'aider sur le fond, mais il se trouve que ce constat me mine le moral chez mes terminales. Il se trouve que cette année, j'ai des classes qui ne bavardent pas, ou peu, ce qui laisse encore plus transparaître la pesanteur des choses. J'ai l'impression d'avoir une armée de dépressifs face à moi, et c'est renforcé par l'anxiété due à Parcoursup et tout ça. C'est assez déstabilisant. Hier j'en ai discuté avec une classe, de façon un peu moins directe, en passant par le biais de la question de l'utilité, puis de faire ce qu'on aime plutôt que ce qui est "utile", ou à l'inverse d'essayer d'aimer ce qu'on fait, en soulevant la question de l'utilité de la vie vs son sens, etc. Ils étaient scotchés, vraiment troublés pour certains. Ça fait un certain temps que j'ai remarqué que la notion de plaisir d'apprendre leur était totalement étrangère. J'en ai quand même un qui a levé la main et qui m'a dit, visiblement troublé : "Mais madame, comment on peut savoir ce qu'on aime ?" No J'ai essayé de sortir la question du domaine scolaire, mais non, force est de constater que c'est une question qu'il ne s'était jamais posée. C'est terrible.

Autre constat, ils ne s'aiment pas et ne jugent leur valeur qu'à l'aune de leurs performances et de l'image qu'ils peuvent donner aux autres. Et ils considèrent que tout ce que les autres font aussi bien qu'eux n'a aucune valeur : pour avoir de la valeur, il faut faire mieux que les autres, il faut sortir du lot, il faut se distinguer. Et comme, par la force des choses, la plupart ne sortent pas du lot, ils ont une vision très négative d'eux-mêmes. Quand je leur explique qu'ils sont merveilleux, admirables, qu'ils savent faire un nombre incroyable de choses et que leur valeur et le respect dû à leur humanité est inconditionnel, ils sont vraiment bouleversés. Ce qui est à la fois attendrissant et assez flippant de la part d'élèves de terminale, qui ont besoin qu'on leur dise qu'on les aime, à un âge où ils ne devraient plus vraiment vouloir "faire plaisir à la maîtresse".

Je leur dis un truc similaire quand ils passent à l'oral : "vous êtes à votre place, c'est votre moment, on est là pour VOUS, pour écouter ce que vous avez à dire." C'est un peu bête, mais plusieurs élèves m'ont dit qu'ils ne l'avaient jamais envisagé de cette façon. De même, que le professeur soit là pour eux, ça ne les avais pas effleurés du tout. On a bien rigolé cette fois-là, lorsque je leur ai demandé du coup pourquoi ils pensaient que j'étais là. Enfin moi j'ai ri jaune car pas un n'a répondu "pour nous apprendre des choses". C'est comme si on était par hasard dans la même pièce.
Mais oui, au lycée aussi, il faut répéter la consigne individuellement, ils découpent la photocopie avant de coller (et donc ne font pas le travail et s'étonnent quand je leur fais remarquer). Je vais finir par faire comme au collège et interdire les ciseaux (oui j'en étais là). Dans mon lycée, nous n'avons pas de CSP+, ou alors pas culturellement favorisées (les enfants de profs sont ceux, rares, des collègues). Il y a très peu de "curiosité" de la part des élèves, même des très bons. Ils sont au mieux très passifs, au pire perturbateurs (spécial STMG). La majorité ne retient pas grand-chose à long terme, du coup ils stressent à fond pour le bac en mars, là.
Ca n'aide pas Verdurette, mais je vois bien le problème transposé dans les grandes classes, et qui donneront des étudiants très médiocres et probablement des professionnels peu compétents (on peut toujours tabler sur un déclic dans le supérieur cela dit). Il n'y a aucune envie. Pour les petits ça doit être pareil. Ils ne savent pas pourquoi ils sont là, la notion de curiosité intellectuelle ne les effleure pas car elle n'effleure pas leurs parents, et nous n'arrivons pas assez à créer cette étincelle chez eux.
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Sissi d'Autriche
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par Sissi d'Autriche Jeu 09 Déc 2021, 08:36
Pour reprendre la discussion du début, je suis entièrement d'accord avec vous tous : c'est fou comme l'aspect "matériel" prend le pas sur tout le reste et mobilise toute l'attention des élèves. Au collège, ils sont prêts à se battre pour être celui qui distribuera les photocopies. C'en est à tel point que l'écoute des consignes passe complètement à la trappe. Pareil que vous aussi, l'étape de découpage et de collage de la photocopie prend un temps fou et m'empêche d'embrayer directement sur la lecture du document. Pour eux, découper et coller le document est le truc le plus important et tant pis pour le reste...

Sinon, je ne cesse de m'étonner qu'il faille constamment les surveiller et les fliquer pour tout. Celui qui n'a pas ses affaires d'arts plastiques se planque pour ne pas faire son boulot au lieu de demander du matériel à ses camarades ou à moi-même.
Faire la liste de tout ce qui dysfonctionne chez les élèves serait trop long. Il y a eu un tel laxisme à l'école et dans l'éducation donnée par les parents (sans compter l'air du temps qui incite aussi à un certain laisser-aller) qu'arrivé à l'adolescence, c'est très dur de devoir tout reprendre du début.
lene75
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par lene75 Jeu 09 Déc 2021, 08:57
Peut-être, Verdurette, que nos lycéens appartiennent à la même génération que les parents de tes petits élèves. Si tes élèves ont des parents désabusés, comment peuvent-ils être motivés ?

Je n'interprète pas l'attachement au matériel comme vous. Mes terminales s'acharnent à me faire deux traits ROUGES pour mon appréciation, ils appellent ça « le cartouche ». Quand je leur dis que c'est inutile, ça fait buguer leur logiciel. La plupart me font leur cartouche rouge jusqu'à la fin de l'année. Idem pour la prise notes, je peux leur dire sur tous les tons que non, on ne change pas de couleur, qu'on ne prend pas de règle pour souligner et que je me fous bien que leur cours soit beau s'il leur en manque la moitié, ils sont indécrottables. Pour moi ce n'est pas le signe qu'ils sont mal élevés, mais au contraire qu'ils sont trop disciplinés. Pour beaucoup d'entre eux il ne leur est jamais venu à l'idée qu'ils pourraient dire merde à leurs parents. Ils se rebellent sur des détails insignifiants, mais dans le fond ils sont soumis et blasés, et c'est pareil en politique. Ils peuvent décrire ce que les choses sont, mais imaginer un monde meilleur est hors de leur portée. Pour eux, seul ce qui est est possible. Au mieux on peut copier d'autres pays, mais rien inventer de nouveaux. Alors appliquer leurs petites procédures automatiques, souligner leurs petits titres en rouge, recopier ce que la maîtresse dit et l'apprendre par coeur, ça leur va, paraphraser un texte aussi. Mais s'engager, s'exposer, prendre le risque de se tromper, ça, c'est INTERDIT.
Reine Margot
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par Reine Margot Jeu 09 Déc 2021, 09:18
Ca m'a rappelé l'époque où, étant élève (il y a 25-30 ans disons) les profs se plaignaient à quel point on n'était pas curieux, on ne cherchait pas à apprendre, je me rappelle aussi à quel point, il y a 15 ans, mes collégiens et mes lycéens aimaient déjà gratter, écrire le cours magistral, bien plus que les activités qui justement devaient les "mettre en activité". En fac, il y a 20 ans, devant des étudiants qui ne voulaient pas voter pour les élections, un prof nous avait dit "mais vous voulez être des insectes?". Certaines choses perdurent (les "vieux" se plaignant que les "jeunes" ne s'intéressent à rien, sont amorphes) mais on voit que des éléments comme la pandémie ont aggravé les choses.

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par Verdurette Jeu 09 Déc 2021, 12:14
Ce que dit Lene est très important. Il y a une part de formatage, une part de routine rassurante, une part de peur viscérale  de l'erreur et je regarde souvent cette vidéo : 

http://sydologie.com/2014/06/les-conferences-ted-education-leducation-positive-par-claire-blondel/

Et je vous livre deux exemples à mon petit niveau de CE1 :

un jour j'écris au tableau :   24 = 20 + 4

et j'entends : Maîtresse, tu t'es trompée !
Je vérifie, je leur dis souvent que je me trompe ou que je fais des fautes de frappe, mais là  je ne comprends pas où ils voient une erreur.

Je les invite donc à me corriger .
L'un vient au tableau et rectifie : 20 + 4 = 24

J'ai compris que dans leur esprit, une opération ne pouvait s'écrire que dans le sens 20 + 4 = 24

Du coup je leur ai écrit 20 + 4 = 26 - 2 = 10 + 14 = ......
Un moment ils ont été  Maîtresse j'peux commencer ? ou le stakhanovisme scolaire - Page 2 2164541516   puis ils ont intégré l'idée.

Pareil pour un problème où il fallait additionner 37 bouleaux, 12 sapins et 8 chênes. Habituellement ils ont un support d'opération avec deux carrés pour les nombres et un cercle  pour écrire le signe ( je distingue bien l'opération et le calcul). Et bien ils n'ont pas osé tracer un carré et un cercle de plus. Ils avaient trouvé la bonne réponse et ils m'ont écrit des trucs du genre 37 + 12 = 57 juste pour une question matérielle.

Je vais passer l'année à essayer de leur apprendre à monter sur la table et l'année prochaine on les reformatera ... Sad
roxanne
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par roxanne Jeu 09 Déc 2021, 12:48
Oui, mais cet exemple du 24=20+4 équivalent à 20+4=24 , je ne suis pas persuadée qu'"avant" (quand d'ailleurs? ) la première fois qu'un élève le voyait écrit, ça l'interrogeait pas non plus sauf qu'il n'interrompait pas son institutrice pour le lui dire, et c'est peut-être mieux qu'ils le fassent.
pseudo-intello
pseudo-intello
Sage

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par pseudo-intello Jeu 09 Déc 2021, 13:11
De mes années d'élève; je n'ai ni des souvenirs d'un ennui immense, ni d'une passion immense. J’aime certains cours, d'autres moins, j'en trouvais passionnant, d'autres m'ennuyaient. La vie, quoi. Si je m'ennuyais trop, j'étais dans la lune au lieu d'enquiquiner mon monde.

Si je ne comprenais pas ce que disais l'enseignant, je savais qu'il était possible de demander, mais avant de le faire comme un bourrin en interrompant tout le monde, j'essayais déjà de réfléchir une minute par moi-même (ou de relire la consigne, et là, souvent, miracle...). Et si je demandais, je levais la main en attendant qu'on m'interroge. Si j'avais zappé la consigne parce que j'étais dans la lune, je réfléchissais, je regardais ce qui se passe chez le voisin, et si ça ne suffisait pas, je demandais au lieu de partir du principe que "je sais pas ce qu'il faut faire même si c'est ma faite donc je fais rien".

Contrairement à certains témoignages, quand je fils une feuille à mes élèves, certaines années, obtenir qu'elle soit collée est mission impossible pour certains élèves. Beaucoup ne sont pas soucieux de bien faire, pas appliqués. En gros, j'ai un gouffre entre les cours "sapin de Noël" d'un côté (pratiqué même par des élèves qui ne font rien par ailleurs) au torchon je m'en foutiste, mais pas de milieu.


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Verdurette
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par Verdurette Jeu 09 Déc 2021, 13:18
roxanne a écrit:Oui, mais cet exemple du 24=20+4 équivalent à 20+4=24 , je ne suis pas persuadée qu'"avant" (quand d'ailleurs? ) la première fois qu'un élève le voyait écrit, ça l'interrogeait pas non plus sauf qu'il n'interrompait pas son institutrice pour le lui dire, et c'est peut-être mieux qu'ils le fassent.
Mais je n'ai jamais dit le contraire, ce n'est pas l'interruption en elle-même que je remets en cause, et oui, c'est bien qu'ils le disent,  c'est le fait qu'ils soient ainsi formatés  à leur âge.
mathmax
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par mathmax Jeu 09 Déc 2021, 13:37
Je rencontre, en lycée, les mêmes phénomènes que vous, et suis de plus en plus désolée pour les quelques élèves qui eux, font le travail, et passent le plus clair de leur temps scolaire à attendre les autres.

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