- ernyaFidèle du forum
Je ne sais plus quelle date on s'était donné mais du coup j'ouvre le fil !
Le sujet était "la négation" dans cet extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée de Beauvoir (sujet donné à l'agrégation externe de lettres modernes 2019)
"Protégée, choyée, amusée par l’incessante nouveauté des choses, j’étais une petite fille très gaie. Pourtant, quelque chose clochait puisque des crises furieuses me jetaient sur le sol, violette et convulsée. J’ai trois ans et demi, nous déjeunons sur la terrasse ensoleillée d’un grand hôtel – c’était à Divonne-les-Bains ; on me donne une prune rouge et je commence à la peler. « Non », dit maman ; et je tombe en hurlant sur le ciment. Je hurle tout au long du boulevard Raspail parce que Louise m’a arrachée du square Boucicaut où je faisais des pâtés. Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. Je hurlais si fort, pendant si longtemps, qu’au Luxembourg on me prit quelquefois pour une enfant martyre. « Pauvre petite ! » dit une dame en me tendant un bonbon. Je la remerciai d’un coup de pied. Cet épisode fit grand bruit ; une tante obèse et moustachue, qui maniait la plume, le raconta dans La Poupée modèle. Je partageais la révérence qu’inspirait à mes parents le papier imprimé : à travers le récit que me lisait Louise, je me sentis un personnage ; peu à peu cependant, la gêne me gagna. « La pauvre Louise pleurait souvent amèrement en regrettant ses brebis », avait écrit ma tante. Louise ne pleurait jamais ; elle ne possédait pas de brebis, elle m’aimait : et comment peut-on comparer une petite fille à des moutons ? Je soupçonnai ce jour-là que la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports.
Je me suis souvent interrogée sur la raison et le sens de mes rages. Je crois qu’elles s’expliquent en partie par une vitalité fougueuse et par un extrémisme auquel je n’ai jamais tout à fait renoncé. Poussant mes répugnances jusqu’au vomissement, mes convoitises jusqu’à l’obsession, un abîme séparait les choses que j’aimais et celles que je n’aimais pas."
Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Ie partie (erreur corrigée : page du ministère copie du sujet d'examen = IIe partie ; ici ?), Gallimard, [1958], coll. Folio, 2018, p. 19-20.
Je mets mon humble proposition en spoiler. Je ne suis pas du tout sûre du plan.
Le sujet était "la négation" dans cet extrait des Mémoires d'une jeune fille rangée de Beauvoir (sujet donné à l'agrégation externe de lettres modernes 2019)
"Protégée, choyée, amusée par l’incessante nouveauté des choses, j’étais une petite fille très gaie. Pourtant, quelque chose clochait puisque des crises furieuses me jetaient sur le sol, violette et convulsée. J’ai trois ans et demi, nous déjeunons sur la terrasse ensoleillée d’un grand hôtel – c’était à Divonne-les-Bains ; on me donne une prune rouge et je commence à la peler. « Non », dit maman ; et je tombe en hurlant sur le ciment. Je hurle tout au long du boulevard Raspail parce que Louise m’a arrachée du square Boucicaut où je faisais des pâtés. Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. Je hurlais si fort, pendant si longtemps, qu’au Luxembourg on me prit quelquefois pour une enfant martyre. « Pauvre petite ! » dit une dame en me tendant un bonbon. Je la remerciai d’un coup de pied. Cet épisode fit grand bruit ; une tante obèse et moustachue, qui maniait la plume, le raconta dans La Poupée modèle. Je partageais la révérence qu’inspirait à mes parents le papier imprimé : à travers le récit que me lisait Louise, je me sentis un personnage ; peu à peu cependant, la gêne me gagna. « La pauvre Louise pleurait souvent amèrement en regrettant ses brebis », avait écrit ma tante. Louise ne pleurait jamais ; elle ne possédait pas de brebis, elle m’aimait : et comment peut-on comparer une petite fille à des moutons ? Je soupçonnai ce jour-là que la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports.
Je me suis souvent interrogée sur la raison et le sens de mes rages. Je crois qu’elles s’expliquent en partie par une vitalité fougueuse et par un extrémisme auquel je n’ai jamais tout à fait renoncé. Poussant mes répugnances jusqu’au vomissement, mes convoitises jusqu’à l’obsession, un abîme séparait les choses que j’aimais et celles que je n’aimais pas."
Simone de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Ie partie (erreur corrigée : page du ministère copie du sujet d'examen = IIe partie ; ici ?), Gallimard, [1958], coll. Folio, 2018, p. 19-20.
Je mets mon humble proposition en spoiler. Je ne suis pas du tout sûre du plan.
- Spoiler:
INTRO
Le terme de négation recouvre deux réalités distinctes : il désigne d’une part le phénomène sémantique et logique marquant l’inversion de la valeur de vérité d’un énoncé (soit le passage du vrai au faux) ; et d’autre part les formes lexicales et grammaticales qui permettent de marquer ce phénomène.
Sur le plan logique, la négation peut porter sur une proposition toute entière ou sur un des constituants de l’énoncé.
Sur le plan formel, la négation peut être véhiculée par différentes catégories grammaticales telles que les adverbes, les pronoms ou encore les déterminants. Dans notre corpus, seuls les adverbes sont représentés.
Sur le plan syntaxique, la négation grammaticale peut s’exprimer par l’emploi de deux morphèmes corrélés ou par l’emploi d’un seul morphème.
C’est ce critère que nous retiendrons pour présenter notre étude. Nous étudierons ainsi dans un premier temps la négation bi-tensive (6 occurrences) avant d’étudier dans un second temps la négation à un seul morphème (une seule occurrence).
I) Négation à plusieurs morphèmes
Dans la négation à plusieurs morphèmes, Damourette et Pichon nomme le premier élément de la négation, l’adverbe ne, discordantiel parce que lançant l’impulsion négative, il crée une « discordance » par rapport à ce qui était attendu et le constat fait sur la réalité. Le deuxième élément a été appelé forclusif parce qu’il vient refermer et rendre définitive et irréversible la négation des faits, qui ne font plus désormais partie de la réalité.
1) La négation à portée totale
Cette négation à portée totale porte sur la proposition entière et s’exprime dans notre extrait au moyen de l’adverbe pas en relation discontinue avec ne. Pas est un forclusif habituellement utilisé dans la négation totale.
Dans notre extrait, nous rencontrons deux occurrences de ce type :
−> « elle ne possédait pas de brebis »
−> « celles que je n’aimais pas »
2) La négation à portée partielle
La négation à portée partielle porte sur un des constituants de la proposition : sujet, objet ou circonstant.
Dans notre extrait, le discordantiel ne est ici corrélé à l’adverbe temporel jamais. L'élément visé ici par la négation est le complément circonstanciel de temps.
On trouve deux occurrences de ce type de construction :
−> « Louise ne pleurait jamais »
−> « je n’ai jamais tout à fait renoncé »
3) La négation exceptive
Ce type de négation diffère de la négation à portée partielle ou totale. Elle reste bi-tensive car elle est bien constitué de deux éléments en relation discontinue : l’adverbe ne et l’adverbe que. Toutefois le deuxième élément de cette négation n’est pas un forclusif puisqu’il réoriente vers le positif l’impulsion donnée à la phrase par le discordantiel ne.
On ne trouve qu’une seule occurrence de ce type de négation dans notre texte :
−> « La littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports »
Dans ce segment syntaxique, la négation exceptive porte sur le complément essentiel du verbe « d’incertains rapports ».
4) La négation coordonnée par ni
La conjonction de coordination ni s’emploie, comme les autres forclusifs, en corrélation avec ne. Elle peut coordonner des mots ou des propositions, quelle que soit leur fonction dans la phrase. Elle se répète devant chacun des termes coordonnées.
Nous trouvons une occurrence de ce type de négation dans notre texte :
−> « Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louis, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. »
Dans cette phrase, nous pouvons constater que le forclusif ni précède ici le discordantiel ne. Ni précède à chaque fois un groupe nominal défini suivi d’un complément du nom qui mentionne le nom des personnages. Les trois références d’autorité pour la petite fille sont ici récusées.
II) Négation à un seul morphème
La négation « Non » fonctionne ici comme un mot-phrase. L’adverbe non est ici utilisé seul.
CONCLU : C’est la négation grammaticale à deux termes qui est ici le plus représenté, ce qui est attendu dans un texte narratif.
- Telenn-YsNiveau 5
Je poste ce que j'ai fait sans regarder ta proposition avant Ernya car je risque de ne plus vouloir poster la mienne par la suite.
- Spoiler:
- Intro :
-Inverse la valeur d’un propos.
-Dimension lexicale, ou grammaticale.
- Peut fonctionner avec un seul morphème ou être bi-tensive.
- Peut avoir une portée totale ou partielle.
I- Négation à un seul morphème.
a- Mot-phrase
- « Non » l.5
- Négation totale.
- Il faut se référer au contexte pour savoir sur quoi porte la négation. Ici sur le fait de peler une prune.
b- Conjonction de coordination « ni ».
- Associé à l’adverbe « ne » antéposé au verbe « atteignaient » (l.8).
- Permet de distribuer la négation sur des éléments coordonnés. Coordonne des constituants de classes grammaticales identiques, ici des GN : « le regard orageux de maman » (l.7), « la voix sévère de Louise » (l.7), les interventions extraordinaires de papa » (l.8).
- La place des éléments coordonnés par rapport au verbe dépend de leur classe grammaticale. Ici comme ce sont des GN ils sont antéposés au verbe « atteignaient » (l.8)
II- Négation bi-tensive.
- Négation en deux temps : adverbe discordantiel « ne » + un forclusif.
a- Négation totale.
- Porte sur la proposition entière.
- Forclusif de la négation totale = « pas » ou « point ».
- 2 occurrences : « elle ne possédait pas de brebis » (l.15) et « que je n’aimais pas » (l.21)
b- Négation partielle.
- Porte sur une partie de la proposition seulement.
- l’adverbe discordantiel « ne » peut être associé à un adverbe, un déterminant ou un pronom.
- 2 occurrences : adverbe « jamais » qui porte sur la fréquence. « Louise ne pleurait jamais » (l.15), « je n’ai jamais tout à fait renoncé » (l.19).
III- Négation exceptive.
- Pas vraiment une négation.
- Adverbe « ne » + « que ».
- Exclut de son champ tout autre terme que celui qui suit. Ici tout ce qui n’est pas « d’incertains rapports » (l.17) est donc exclu.
Conclusion :
- Récap’
- Ouverture, négation morpho lexicale préfixe « in » pour inverser la valeur du mot : « incessante » (l.1) et « incertains » (l.17).
_________________
- Telenn-YsNiveau 5
ernya a écrit:Je mets mon humble proposition en spoiler. Je ne suis pas du tout sûre du plan.
- Spoiler:
INTRO
Le terme de négation recouvre deux réalités distinctes : il désigne d’une part le phénomène sémantique et logique marquant l’inversion de la valeur de vérité d’un énoncé (soit le passage du vrai au faux) ; et d’autre part les formes lexicales et grammaticales qui permettent de marquer ce phénomène.
Sur le plan logique, la négation peut porter sur une proposition toute entière ou sur un des constituants de l’énoncé.
Sur le plan formel, la négation peut être véhiculée par différentes catégories grammaticales telles que les adverbes, les pronoms ou encore les déterminants. Dans notre corpus, seuls les adverbes sont représentés.
Sur le plan syntaxique, la négation grammaticale peut s’exprimer par l’emploi de deux morphèmes corrélés ou par l’emploi d’un seul morphème.
C’est ce critère que nous retiendrons pour présenter notre étude. Nous étudierons ainsi dans un premier temps la négation bi-tensive (6 occurrences) avant d’étudier dans un second temps la négation à un seul morphème (une seule occurrence).
I) Négation à plusieurs morphèmes
Dans la négation à plusieurs morphèmes, Damourette et Pichon nomme le premier élément de la négation, l’adverbe ne, discordantiel parce que lançant l’impulsion négative, il crée une « discordance » par rapport à ce qui était attendu et le constat fait sur la réalité. Le deuxième élément a été appelé forclusif parce qu’il vient refermer et rendre définitive et irréversible la négation des faits, qui ne font plus désormais partie de la réalité.
1) La négation à portée totale
Cette négation à portée totale porte sur la proposition entière et s’exprime dans notre extrait au moyen de l’adverbe pas en relation discontinue avec ne. Pas est un forclusif habituellement utilisé dans la négation totale.
Dans notre extrait, nous rencontrons deux occurrences de ce type :
−> « elle ne possédait pas de brebis »
−> « celles que je n’aimais pas »
2) La négation à portée partielle
La négation à portée partielle porte sur un des constituants de la proposition : sujet, objet ou circonstant.
Dans notre extrait, le discordantiel ne est ici corrélé à l’adverbe temporel jamais. L'élément visé ici par la négation est le complément circonstanciel de temps.
On trouve deux occurrences de ce type de construction :
−> « Louise ne pleurait jamais »
−> « je n’ai jamais tout à fait renoncé »
3) La négation exceptive
Ce type de négation diffère de la négation à portée partielle ou totale. Elle reste bi-tensive car elle est bien constitué de deux éléments en relation discontinue : l’adverbe ne et l’adverbe que. Toutefois le deuxième élément de cette négation n’est pas un forclusif puisqu’il réoriente vers le positif l’impulsion donnée à la phrase par le discordantiel ne.
On ne trouve qu’une seule occurrence de ce type de négation dans notre texte :
−> « La littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports »
Dans ce segment syntaxique, la négation exceptive porte sur le complément essentiel du verbe « d’incertains rapports ».
4) La négation coordonnée par ni
La conjonction de coordination ni s’emploie, comme les autres forclusifs, en corrélation avec ne. Elle peut coordonner des mots ou des propositions, quelle que soit leur fonction dans la phrase. Elle se répète devant chacun des termes coordonnées.
Nous trouvons une occurrence de ce type de négation dans notre texte :
−> « Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louis, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. »
Dans cette phrase, nous pouvons constater que le forclusif ni précède ici le discordantiel ne. Ni précède à chaque fois un groupe nominal défini suivi d’un complément du nom qui mentionne le nom des personnages. Les trois références d’autorité pour la petite fille sont ici récusées.
II) Négation à un seul morphème
La négation « Non » fonctionne ici comme un mot-phrase. L’adverbe non est ici utilisé seul.
CONCLU : C’est la négation grammaticale à deux termes qui est ici le plus représenté, ce qui est attendu dans un texte narratif.
- Spoiler:
- Eh eh, je ne savais pas quoi faire de "ni" et bien je vois que je me suis plantée mais je le savais : je l'ai mis dans "négation à un seul morphème" alors qu'il fonctionne avec "ne". :lol:
_________________
- ernyaFidèle du forum
Pour répondre à Telenn-Ys :
- Spoiler:
- Je l'ai mis là puisqu'il fonctionne avec ne. Mais dans une grammaire, il était placé à part tout comme la négation exceptive. C'est pour ça que je ne suis pas sûre de mon plan.
- Marguerite_LiliNiveau 1
Bonjour,
Je suis désolée je n'ai pas eu le temps de poster le travail hier soir. Voici ce que j'avais fait, mais comme vous je me suis interrogée sur la place de la négation exceptive dans le plan... C'est pourquoi je l'ai mise à part mais bon...
Je suis désolée je n'ai pas eu le temps de poster le travail hier soir. Voici ce que j'avais fait, mais comme vous je me suis interrogée sur la place de la négation exceptive dans le plan... C'est pourquoi je l'ai mise à part mais bon...
- Spoiler:
INTRO :
- La négation : opposition de mots de sens contraire
- Type de phrase combinable avec un type déclaratif, interrogatif ou injonctif
- On distingue plusieurs portées de la négation : négation totale et négation partielle
I). Négation à 2 morphèmes :
A). Négation totale :
Porte sur proposition entière.
Forclusif « pas » ou « point »
« elle ne possédait pas de brebis » (l.15)
« que je n’aimais pas » (l.21)
« ne possédait pas » (l.15)
B). Négation partielle
Porte sur une partie seulement de la proposition. S’exprime au moyen de mots négatifs associés à « ne » : un déterminant, un pronom, un adverbe ou un CC.
« ne pleurait jamais » (l.15)
« n’ai jamais tout à fait renoncé » (l.19) + parler de la place de la négation quand le verbe est conjugué au PC
C). Négation coordonnée par « ni » :
« ni » suivi de « ne »
« Dans ces moments-là, ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louis, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. » (l. 7 ). Enumération de groupes nominaux ici coordonnés par «ni » : les "ni" nient « le regard orageux » + « la voix sévère » + « les interventions extraordinaires »
II). Négation à 1 morphème :
« Non » (l.5).
III). Négation exceptive / de restriction :
Pour mettre à l’écart ou mettre en évidence quelque chose ou quelqu’un.
Est employée à l’aide de « que »
« la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports » (l.17) : dans le sens « rien d’autre que »
- THEONLYONE97224Niveau 1
Bonjour,
J'ai lu vos réponses à la question sur la négation. J'ai remarqué qu'il y avait une négation lexicale avec "incessante" êtes-vous d'accord?
J'ai lu vos réponses à la question sur la négation. J'ai remarqué qu'il y avait une négation lexicale avec "incessante" êtes-vous d'accord?
- Telenn-YsNiveau 5
Oui j'ai mis «incessante» et «incertains» en ouverture dans la conclusion du coup, je ne sais pas si on peut faire ça.
Marguerite_lili, ton plan est très bien. Par contre, je ne sais pas si on peut parler de négation à 2 morphèmes pour «ni» peut-être parler de «plusieurs morphèmes à la place.
Marguerite_lili, ton plan est très bien. Par contre, je ne sais pas si on peut parler de négation à 2 morphèmes pour «ni» peut-être parler de «plusieurs morphèmes à la place.
_________________
- AnnaElissaNiveau 5
Bonjour,
Je poste également ma proposition. Je ne sais pas encore comment on procède exactement, mais au moins, cela m'a fait lire la Denis-Sancier-Chateau sur la négation et pour moi c'est un début. En lettres classiques, le sujet est différent à l'interne, pas à l'externe.
J'irai regarder ensuite ce que vous avez proposé.
Je poste également ma proposition. Je ne sais pas encore comment on procède exactement, mais au moins, cela m'a fait lire la Denis-Sancier-Chateau sur la négation et pour moi c'est un début. En lettres classiques, le sujet est différent à l'interne, pas à l'externe.
J'irai regarder ensuite ce que vous avez proposé.
- Spoiler:
- I/ La négation fonctionne ici essentiellement dans un système corrélatif. Le premier terme qui impulse la négation est « ne ».
a) Forclusifs : ils ferment le mouvement impulsé par « ne » :
- ne… pas :
« elle ne possédait pas »
« celles que je n’aimais pas » : on voit ici que la négation s’inscrit contre une proposition positive qui n’est pas implicite puisqu’elle est formulée juste avant : « celles que j’aimais ».
- ne … jamais :
« Louise ne pleurait jamais ».
« je n’ai jamais tout à fait renoncé »
Ici le sens de « jamais », bien que cet adverbe ait à l’origine un sens positif et qu’il appartienne aux mots semi-négatifs, est clairement négatif.
b) Négation exceptive :
ne… que
« la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains propos »
on sort un élément du mouvement négatif impulsé par « ne ».
c) Le cas de « ni » est problématique : il peut n’être employé que seul et porter à lui seul la négation ; ici, ce n’est pas le cas : il fonctionne en corrélation avec « ne » :
« ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. »
« ni » est une conjonction de coordination qui sert à relier des structures négatives, ici trois différentes.
II/ Négation à un seul élément
l’adverbe « non » : forme tonique qui peut être employé seule, sans support verbal. C’est le cas ici :
« non », dit maman.
L’adverbe s’emploie ici en réponse non pas à une proposition positive implicite, mais à un geste effectué (commencer à peler une prune) qu’il s’agit d’interdire. On pourrait formuler la défense : « ne pèle pas la prune ». Vu la réaction de Simone, on voit que la négation ici n’est pas seulement la constatation d’une réalité mais exprime un point de vue auquel s’oppose l’enfant.
III/ La négation peut aussi se trouver dans la formation des mots avec un préfixe négatif :
« incessant » ; « incertain »
- 21CélineNiveau 1
Bonjour voici également ma proposition!
- La négation est un procédé à la fois logique, sémantique et grammatical qui consiste en une inversion de la valeur de vérité. Autrement dit, toute phrase négative est subséquente à une proposition marquée positivement, que celle-ci soit explicite ou implicite. Modalité qui peut se combiner aux différents types de phrases, la portée de la négation peut varier : totale elle porte sur l’ensemble de la phrase, partielle elle ne porte que sur l’un de ses constituants. Du point de vue syntaxique, le système de la négation repose sur la combinaison du clitique « ne » et d’un forclusif : « pas », « rien », dont la place est souvent stricte. L’expression de la négation varie de l’écrit à l’oral, où le « ne » est souvent élidé. La langue exprime la négation selon deux dimensions, une dimension lexicale (relation d’antonymie contradictoire) et une dimension grammaticale (énoncé négatif).
[b:3549: - I -Négation exprimée par un adverbe
a) Négation partielle
1-Domaine temporel - Louise ne pleurait jamais l 14 - je n’ai jamais tout à fait renoncé l 18. L’adverbe jamais relève de la fréquence zéro.
2- La restriction - Ne soutient avec la vérité que l 15 Adverbe de négation restrictive, peut être remplacé par « seulement ». La restriction porte sur d’incertains rapports, placés immédiatement après l’adverbe.
b) Négation totale - elle ne possédait pas de brebis l14 - je n’aimais pas l 20 La négation porte sur la totalité de la phrase, l’alternance avec « ne…point » est possible.
II- Négation exprimée par un mot phrase
- Non l 4 Adverbe qui fonctionne ici comme une phrase, il est actualisé par ce qui le précède.
III -Négation exprimée par un préfixe
- d’incertains rapports l16 Dérivé endocentrique et antonymique de l’adjectif « certain »
IV- Négation et coordination
- ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m’atteignaient. L6-7 Syntagmes nominaux coordonnés avec verbe précédé de ne. Ils marquent l’accumulation."
- 21CélineNiveau 1
Bon après lecture de vos travaux, je me rends compte que l'on propose toutes des plans parfois assez différents... Vous ne vous appuyez que sur une grammaire ou plusieurs?
- 21CélineNiveau 1
Pour ceux et celles que ça intéresse de bosser sur Scarron : la lettre de Destin p 105.
Le morphème "Que"
L'infinitif
« Aussitôt que je vous vis, je ne pus m'empêcher de vous aimer. Ma raison ne s'y opposa point ; elle me dit, aussi bien que mes yeux, que vous étiez la plus aimable personne du monde, au lieu de me représenter que je n'étais pas digne de vous aimer. Mais elle n'eût fait qu'irriter mon mal par des remèdes inutiles et, après m'avoir fait faire quelque résistance, il aurait toujours fallu céder à la nécessité de vous aimer que vous imposez à tous ceux qui vous voient. Je vous ai donc aimée, belle Léonore, et d'un amour si respectueux que vous ne m'en devez pas haïr, bien que j'aie la hardiesse de vous le découvrir. Mais le moyen de mourir pour vous et de ne s'en glorifier pas! et quelle peine pouvez-vous avoir à me pardonner un crime que vous aurez si peu de temps à me reprocher? Il est vrai que vous avoir pour la cause de sa mort est une récompense qui ne se peut mériter que par un grand nombre de services et vous avez peut-être regret de m'avoir fait ce bien là sans y penser. Ne me le plaignez point, aimable Léonore, puisque vous ne me le pouvez plus faire perdre et que c'est la seule faveur que j'aie jamais reçue de la Fortune, laquelle ne pourra jamais s'acquitter de ce qu'elle doit à votre mérite qu'en vous donnant des adorateurs autant au-dessus de moi que toutes les beautés du monde sont au-dessus de la vôtre. Je ne suis donc pas assez vain pour espérer que le moindre sentiment de pitié... »
Le morphème "Que"
L'infinitif
« Aussitôt que je vous vis, je ne pus m'empêcher de vous aimer. Ma raison ne s'y opposa point ; elle me dit, aussi bien que mes yeux, que vous étiez la plus aimable personne du monde, au lieu de me représenter que je n'étais pas digne de vous aimer. Mais elle n'eût fait qu'irriter mon mal par des remèdes inutiles et, après m'avoir fait faire quelque résistance, il aurait toujours fallu céder à la nécessité de vous aimer que vous imposez à tous ceux qui vous voient. Je vous ai donc aimée, belle Léonore, et d'un amour si respectueux que vous ne m'en devez pas haïr, bien que j'aie la hardiesse de vous le découvrir. Mais le moyen de mourir pour vous et de ne s'en glorifier pas! et quelle peine pouvez-vous avoir à me pardonner un crime que vous aurez si peu de temps à me reprocher? Il est vrai que vous avoir pour la cause de sa mort est une récompense qui ne se peut mériter que par un grand nombre de services et vous avez peut-être regret de m'avoir fait ce bien là sans y penser. Ne me le plaignez point, aimable Léonore, puisque vous ne me le pouvez plus faire perdre et que c'est la seule faveur que j'aie jamais reçue de la Fortune, laquelle ne pourra jamais s'acquitter de ce qu'elle doit à votre mérite qu'en vous donnant des adorateurs autant au-dessus de moi que toutes les beautés du monde sont au-dessus de la vôtre. Je ne suis donc pas assez vain pour espérer que le moindre sentiment de pitié... »
- SanNiveau 3
Ah oui ça m'intéresse, j'essaie de plancher dessus ce week end. Par contre, je ne sais pas comment insérer un "spoiler??". Quelqu'un peut-il m'expliquer ? Merci.
- PierreMNiveau 1
J'en ai bien bavé sur ce sujet (la négation) et j'ai essayé de limiter le temps de préparation pour me mettre dans des conditions réalistes. Voici donc mon travail
Je regarde vos travaux aussitôt que j'aurai posté pour savoir s'il y a des désaccords d'analyse.
EDIT : Je suis très intéressé par les sujets sur Scarron, merci !
Par ailleurs, je suis très surpris que tout le monde n'intègre pas la négation lexicale dans les études. Etant donné qu'il y a assez peu d'occurrences dans le texte, il me semble attendu d'insérer les deux occurrences de ce type. Je travaille avec la GMF et il est bien question de ce type de négation par les préfixes dans le chapitre qui nous concerne.
Les "ni" m'ont bien énervé mais je pense que la proposition qui est faite sur la coordination est bonne. Merci !
- La négation :
- Relevé
l'incessante
Non
ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m'atteignaient
Louise ne pleurait jamais
elle ne possédait pas de brebis
Je soupçonnai ce jour-là que la littérature ne soutient avec la vérité que d'incertains rapports.
incertains
un extrémisme auquel je n'ai jamais tout à fait renoncé
celles que je n'aimais pas
La négation est un phénomène à la croisée de la sémantique et de la grammaire.
Nier, c'est inverser la valeur de vérité d'un énoncé. Cette opération sémantique ne peut se réaliser qu'à travers l'usage d'outils grammaticaux et lexicaux.
Ces outils sont plus ou moins constitués en système, en fonction de la portée de la négation (totale ou partielle), ou de la nature de l'élément sur lequel elle porte (proposition, mot, phrase…)
Il faut s'interroger sur la portée de la négation : l'incidence syntaxique de la négation ne recouvre pas toujours sa portée sémantique. La place des termes négatifs n'indique pas automatiquement quels éléments seront affectés par la négation.
I. La négation exprimée par un seul morphème
A. Morphème lié (ou interne)
" l'incessante "
" incertains "
Le préfixe " in-" permet de nier l'adjectif qualificatif formé sur le participe présent du verbe " cesser ". On peut remarquer que le verbe " incesser " n'existe pas, la dérivation s'est formée sur le participe présent " cessant ". Il s'agit d'une négation partielle, qui ne porte que sur un constituant de la phrase.
La deuxième occurrence relève du même phénomène.
B. Morphème non lié (ou externe)
1. Emploi de " non " seul, comme mot-phrase
" Non "
Dans ce contexte, l'adverbe ne sert ni à infirmer ni à confirmer un énoncé. Il s'agit d'une injonction faite à l'enfant, et ne peut se comprendre que dans la situation d'énonciation.
II. La négation bi-tensive (exprimée par plusieurs morphèmes)
Le discordantiel (" ne ") crée la discordance, c'est-à-dire qu'il opère le décrochage du positif, tandis que le forclusif (par exemple, les adverbes " pas " ou " jamais ") clôt la négation.
A. La négation totale
Elle porte sur le contenu propositionnel en entier et non sur un seul constituant.
C'est le cas le plus canonique de la négation. On ne trouve pas d'occurrence dans le texte.
B. La négation partielle
1. Négation partielle avec des forclusifs de la négation totale
" elle ne possédait pas de brebis "
La négation ne porte que sur le syntagme " de brebis ", il s'agit donc d'une négation partielle, qui peut se remarquer grâce à l'emploi du déterminant à valeur partitive " de ".
" celles que je n'aimais pas "
La négation porte uniquement sur le pronom démonstratif " celles " qui reprend le syntagme nominal " les choses ". La phrase repose sur une opposition entre les deux propositions subordonnées relatives.
2. Négation partielle avec des forclusifs spécifiques
a. La négation partielle actancielle
" ni le regard orageux de maman, ni la voix sévère de Louise, ni les interventions extraordinaires de papa ne m'atteignaient "
Cette négation vise plusieurs constituants de type syntagme nominal dans ce cas. Trois syntagmes nominaux placés en fonction sujet sont niés.
b. La négation partielle circonstancielle
" Louise ne pleurait jamais "
" un extrémisme auquel je n'ai jamais tout à fait renoncé "
Cette négation vise des constituants circonstanciels, avec l'adverbe " jamais " qui clôt la négation.
Dans la deuxième occurrence, l'adverbe " jamais " est précisé par la locution adverbiale " tout à fait " qui porte une valeur d'affirmation et donc une nuance dans la négation.
C. La négation restrictive
" Je soupçonnai ce jour-là que la littérature ne soutient avec la vérité que d'incertains rapports. "
Cette construction excepte de la négation l'élément sur lequel elle porte " d'incertains rapports " ; " que " arrête la discordance introduite par l'adverbe " ne ", il est donc exceptif et non pas forclusif.
Je regarde vos travaux aussitôt que j'aurai posté pour savoir s'il y a des désaccords d'analyse.
EDIT : Je suis très intéressé par les sujets sur Scarron, merci !
Par ailleurs, je suis très surpris que tout le monde n'intègre pas la négation lexicale dans les études. Etant donné qu'il y a assez peu d'occurrences dans le texte, il me semble attendu d'insérer les deux occurrences de ce type. Je travaille avec la GMF et il est bien question de ce type de négation par les préfixes dans le chapitre qui nous concerne.
Les "ni" m'ont bien énervé mais je pense que la proposition qui est faite sur la coordination est bonne. Merci !
- AnnaElissaNiveau 5
@PierreM:
Peux-tu développer la négation totale par rapport à la négation partielle circonstancielle ou actancielle?
En fait, si je te suis bien, il y aurait peu de négations totales de manière générale?
As-tu des références pour que je creuse cette question?
Peux-tu développer la négation totale par rapport à la négation partielle circonstancielle ou actancielle?
En fait, si je te suis bien, il y aurait peu de négations totales de manière générale?
As-tu des références pour que je creuse cette question?
- ernyaFidèle du forum
A la réflexion, je pense comme toi. Pour faire mon plan, je me suis aidé d'un vieux cours de fac qui s'appuyait sur un corpus uniquement grammatical. Mais vu le petit nombre d'occurrences, je pense qu'effectivement il faut intégrer cette négation lexicale.PierreM a écrit:
Par ailleurs, je suis très surpris que tout le monde n'intègre pas la négation lexicale dans les études. Etant donné qu'il y a assez peu d'occurrences dans le texte, il me semble attendu d'insérer les deux occurrences de ce type. Je travaille avec la GMF et il est bien question de ce type de négation par les préfixes dans le chapitre qui nous concerne.
Par contre, il me semble me souvenir qu'on ne doit pas faire apparaître dans notre plan des absences d'occurrences (je pense à ton II A).
J'essaye de me pencher sur Scarron ce WE, merci pour la proposition de sujet
- tannatHabitué du forum
Première tentative...
Si l'un d'entre vous est capable de m'expliquer ce qu'on attend, je lui en serais reconnaissante.
- Spoiler:
Introduction :
La négation, dans le rapport qu'elle implique avec le vrai et le faux, permet d'aborder à la fois la question sémantique et les formes lexicales et grammaticales sous lesquelles elle se réalise. Ainsi, elle peut permettre d'inverser la valeur de vérité d'une proposition et est alors dite descriptive ; lorsque le locuteur assigne une valeur négative à un contenu propositionnel, il asserte la non-correspondance de celui-ci à la réalité. Mais elle peut aussi permettre de rejeter (nier, refuser), de s'opposer à un fait, une idée et donc contester l'affirmation d'un interlocuteur réel ou supposé ayant affirmer (ou qui aurait pu affirmer) l'énoncé positif correspondant. En outre, dans son fonctionnement la négation peut varier en fonction du niveau de langue (oral ou écrit). Par ailleurs, la place des termes négatifs n'indique pas automatiquement le segment affecté par la négation.
I. Dimension lexicale et valeur sémantique :
a) Adjectifs :
Première occurrence du passage, le terme "incessante" (l. 1), dérivé du participe présent de cesser, précédé du préfixe in- de sens privatif, pose un problème. Dans sa construction d'abord, dans la mesure où l'antonyme "cessant" ne semble plus employé que dans la locution adverbiale "toute(s) affaire(s) cessante(s)". Dans son aspect sémantique ensuite, il peut être gloser en "qui exerce une activité propre et de façon continue"(-> "une pluie incessante") ou exprimer l'idée d'une continuité ou bien encore décrire un "phénomène qui se manifeste à intervalles réguliers, rapprochés"; c'est ce dernier sens qui semble convenir pour l'occurrence présente dans le texte. Ici il y une forme d'incongruité à considérer la nouveauté des choses comme incessante, dans la mesure où le terme nouveauté implique l'idée d'une découverte or la découverte cesse d'en être une fois qu'elle est faite... Dans le syntagme "l’incessante nouveauté des choses", l'adjectif "incessant" constitue donc un élément particulier, pour lequel la portée "négative" semble difficile à déterminer.
Deuxième occurrent de l'extrait, le mot "incertain" dont le contenu peut aussi être polysémique mais qui contrairement au précédent possède un antonyme "certain". Cet adjectif qualifiant change de sens en fonction de la place qu'il occupe près du nom qu'il précise. Ici l'antéposition assigne au terme "incertains" le sens de "qui n'est pas prévisible, dont le résultat n'est pas acquis" (et à cet égard il fonctionne comme son antonyme). Il fonctionne comme un modalisateur du discours.
b) Adverbe :
"Non" mot-phrase qui permet à lui seul d'exprimer la négation constitue, dans le texte, une réponse non pas à une proposition mais à un comportement. La portée de la négation semble difficile à envisager. En revanche, la contextualisation fait porter sur ce "non" un sens qui s'apparente à un interdit (-> valeur injonctive) et se rapprocherait d'une "négation polémique".
II. Dimension grammaticale
a) Conjonction de coordination :
La conjonction de coordination "ni", dans cet extrait, permet de coordonner trois groupes nominaux étendus construits exactement sur le même modèle (parallélisme) permettant de distribuer la négation sur tous les termes coordonnés. Elle semble fonctionner comme un constituant discontinu dans sa relation avec le discordantiel "ne", mais peut (ce qui n'est pas le cas ici) parfois se présenter sans ce dernier. Employée, ici, dans une forme qui s'apparente à une forme polysyndétique qui accentue l'accumulation, les syntagmes qu'elle relie constituent le sujet multiple du verbe "atteindre" et semble s'apparenter à une négation actancielle.
b) Constituants discontinus et portée de la négation :
b.1) Le discordantiel "ne/n'" et les forclusifs "jamais et pas"
* Ne... jamais/ n'... jamais : leur fonctionnement ne présente pas, dans ce texte, d'irrégularité.
L'occurrence "ne ... jamais" qui encadre le verbe "pleurait" (forme simple) permet à la négation d'exprimer un aspect circonstanciel du procès, tout comme celle qui encadre l’auxiliaire "avoir" (forme composé du verbe renoncé, passé composé de l'indicatif) dans la proposition "je n'ai jamais tout à fait renoncé". Cependant la négation circonstancielle portée par l'adverbe "jamais" semble tempérée par la locution adverbiale "tout à fait" dans la seconde occurrence, toutes deux paraissent liées et affectent le procès exprimé par le verbe renoncer sous la forme " ai...renoncé".
* Ne... pas : traditionnellement nommé locution adverbiale négative ou marqueurs de négation (GMF) : leur fonctionnement ne présente pas ici d'irrégularité.
Mais les deux occurrences se distinguent par la modalité qu'elles expriment ; dans la proposition "elle ne possédait pas de brebis" comme dans la proposition "celle que je n'aimais pas", les marqueurs de négation sont de deux types. Alors que dans la première occurrence il s'agit d'une négation polémique, dans la seconde c'est une négation plutôt descriptive.
b.2) La négation exceptive (ou restrictive)
"la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports"dans laquelle "ne" initie l'impulsion négative, et "que" inverse cette impulsion et la réoriente, normalement, vers un sens positif ce qui ne semble pas être exactement le cas, ici.
On le voit la négation joue un rôle important dans la valeur de vérité et la dimension polémique éventuelle du propos.
Si l'un d'entre vous est capable de m'expliquer ce qu'on attend, je lui en serais reconnaissante.
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« Nous naissons tous fous. Quelques-uns le demeurent. » Samuel Beckett
« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- tannatHabitué du forum
Question idiote : qui corrige ces questions de grammaire ? Qui nous dit ce qu'il convient de corriger ? Ce qu'il faut ajouter ? Ce qui est hors sujet ?
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- PierreMNiveau 1
AnnaElissa a écrit:@PierreM:
Peux-tu développer la négation totale par rapport à la négation partielle circonstancielle ou actancielle?
En fait, si je te suis bien, il y aurait peu de négations totales de manière générale?
As-tu des références pour que je creuse cette question?
Je travaille seulement avec la GMF et avec ceci : https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&ved=2ahUKEwjfpKywzpjhAhVRKBoKHb-mAfoQFjABegQIBRAC&url=http%3A%2F%2Ffabyanaa.chez.com%2FCours_de_linguistique.doc&usg=AOvVaw1ETkg4uSRiKpeqReveelXM (ces fiches reprennent largement les plans et exemples de la GMF mais ont le mérite de synthétiser les choses)
C'est dans ce document que je trouve cette distinction entre négation partielle circonstancielle et actancielle. Je ne pense pas que ça soit un élément hyper central pour bien comprendre et expliquer les occurrences, mais ça permet de faire un tri.
Par ailleurs, pour répondre à ta deuxième question, je pense effectivement que dans notre texte il n'y a pas de négation totale, mais je n'en suis pas du tout certain... Ce que je comprends, c'est que la négation partielle est très courante et c'est l'une des difficultés de la question de la négation. Une négation peut avoir l'air d'être totale (avec les deux adverbes, ne pas, ne point...) mais elle peut être partielle et ne porter que sur un segment de la proposition. Il faudrait qu'un expert nous confirme ça :|
- InvitéInvité
D'où viennent ces fiches? Ça m'intéresse. J'ai commandé lle Grevisse de l'étudiant qui m'a l'air intéressant. Je commencerai les entraînements dans quinze jours.
- tannatHabitué du forum
La fiche vient de là :corailc a écrit:D'où viennent ces fiches? Ça m'intéresse. J'ai commandé lle Grevisse de l'étudiant qui m'a l'air intéressant. Je commencerai les entraînements dans quinze jours.
http://fabyanaa.chez.com/
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- 21CélineNiveau 1
Bonjour,
Tannat, pour répondre à ta question " qui corrige ?"... ce ne sera pas moi ! , mais nous pouvons néanmoins débattre et enrichir nos réflexions sur le sujet! Ton plan me plaît bien et tes analyses sont très précises mais pour moi tes remarques s'approchent parfois trop de ce qui est demandé en lexicologie. Pour la grammaire à l'oral je crois que c'est surtout une approche morpho-syntaxique...mais les autres te répondront mieux que moi! Pour chaque sujet de grammaire, je pense que plusieurs plans sont possibles après il faut voir ce qui sera le plus pertinent en fonction également de l'extrait.
Pierre M, ta proposition est également très intéressante, mais j'ai quand même un doute sur l'identification du " elle ne possédait pas de brebis " que je comprends plus comme une négation totale pour la seconde je suis d'accord avec toi. Je vois en tout cas que vous êtes presque déjà tous des pros en grammaire! mon approche n'est pas aussi scientifique, il va falloir que je mette les bouchées doubles
Tannat, pour répondre à ta question " qui corrige ?"... ce ne sera pas moi ! , mais nous pouvons néanmoins débattre et enrichir nos réflexions sur le sujet! Ton plan me plaît bien et tes analyses sont très précises mais pour moi tes remarques s'approchent parfois trop de ce qui est demandé en lexicologie. Pour la grammaire à l'oral je crois que c'est surtout une approche morpho-syntaxique...mais les autres te répondront mieux que moi! Pour chaque sujet de grammaire, je pense que plusieurs plans sont possibles après il faut voir ce qui sera le plus pertinent en fonction également de l'extrait.
Pierre M, ta proposition est également très intéressante, mais j'ai quand même un doute sur l'identification du " elle ne possédait pas de brebis " que je comprends plus comme une négation totale pour la seconde je suis d'accord avec toi. Je vois en tout cas que vous êtes presque déjà tous des pros en grammaire! mon approche n'est pas aussi scientifique, il va falloir que je mette les bouchées doubles
- tannatHabitué du forum
@21Céline : merci pour ta réponse !
La négation correspond à ce que je note en introduction et ici elle permet "de rejeter (nier, refuser), de s'opposer à un fait, une idée et donc contester l'affirmation d'un interlocuteur réel ou supposé ayant affirmer (ou qui aurait pu affirmer) l'énoncé positif correspondant. "
Mais au lieu de le nier en bloc, elle reformule l'affirmation de sa tante en la scindant. Le GN "ses brebis" contient une affirmation implicite "elle possédait des brebis" reformulé en "elle ne possédait pas de brebis" -> qui est susceptible de signifier : "elle pouvait posséder autre chose mais pas des brebis" ou "il est faux de dire qu'elle possédait des brebis"... La négation peut donc être soit comprise comme totale ou lue comme partielle ->ce qui semble confirmer la proposition "la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports" qui contient un présent qui s'apparente à un présent de vérité générale... applicable à ce qu'elle écrit elle aussi...
Enfin c'est ainsi que je l'analyse et le lis... mais ce que j'écris n'a rien de scientifique.
" « La pauvre Louise pleurait souvent amèrement en regrettant ses brebis », avait écrit ma tante"21Céline a écrit:
" elle ne possédait pas de brebis " que je comprends plus comme une négation totale
La négation correspond à ce que je note en introduction et ici elle permet "de rejeter (nier, refuser), de s'opposer à un fait, une idée et donc contester l'affirmation d'un interlocuteur réel ou supposé ayant affirmer (ou qui aurait pu affirmer) l'énoncé positif correspondant. "
Mais au lieu de le nier en bloc, elle reformule l'affirmation de sa tante en la scindant. Le GN "ses brebis" contient une affirmation implicite "elle possédait des brebis" reformulé en "elle ne possédait pas de brebis" -> qui est susceptible de signifier : "elle pouvait posséder autre chose mais pas des brebis" ou "il est faux de dire qu'elle possédait des brebis"... La négation peut donc être soit comprise comme totale ou lue comme partielle ->ce qui semble confirmer la proposition "la littérature ne soutient avec la vérité que d’incertains rapports" qui contient un présent qui s'apparente à un présent de vérité générale... applicable à ce qu'elle écrit elle aussi...
Enfin c'est ainsi que je l'analyse et le lis... mais ce que j'écris n'a rien de scientifique.
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« C'est un malheur que les hommes ne puissent d'ordinaire posséder aucun talent sans avoir quelque envie d'abaisser les autres.» Vauvenargues
- ernyaFidèle du forum
Voci ma proposition pour le sujet sur QUE chez Scarron.
J'ai galéré comme jamais. J'attends avec impatience vos plans pour voir où je me suis plantée
J'ai galéré comme jamais. J'attends avec impatience vos plans pour voir où je me suis plantée
- Spoiler:
INTRO
Le morphème que trouve son origine dans nombre de morphèmes latins qui étaient distincts tant par leur phonie que par leurs emplois syntaxiques : pronoms, adverbes et conjonctions. Par la suite, les survivances de ces formes se sont bien souvent confondues en un morphème que. Dès lors, on peut se demander s’il faut parler d’un morphème que ou de plusieurs morphèmes que puisque ce dernier peut relever de trois catégories grammaticales différentes : le pronom, l’adverbe et a conjonction de subordination.
Notre étude suivra donc un plan tripartite afin d’observer les différentes natures du morphèmes que.
I) QUE est un pronom relatif
1) Que introduit une proposition subordonnée relative adjective
En tant que pronom relatif, QUE sert à introduire une proposition subordonnée appelée relative. A la différence des conjonctions de subordination, il va en tant que pronom avoir une fonction au sein de la proposition subordonnée.
Nous avons dans notre extrait trois occurrences de ce Que pronom relatif :
a) « il aurait fallu céder à la nécessité de vous aimer que vous imposez à tous ceux qui vous voient »
Que a ici pour antécédent le GN« la nécessité » qui est déjà déterminée par le complément déterminatif « de vous aimer ». A cette première expansion s’ajoute la deuxième expansion que constitue la proposition relative. La relative est ici adjective épithète et on peu la classer dans la catégorie des relatives déterminatives car elle restreint l’extension du terme « nécessité ». Au sein de cette relative, que exerce la fonction de COD du verbe « imposez ».
b) « un crime que vous aurez si peu de temps à me reprocher ? »
Que a ici pour antécédent le GN« un crime ». Il permet l’enchâssement d’une relative adjective épithète essentielle. Au sein de cette relative, que exerce la fonction de COD du verbe «reprocher».
c) « la seule faveur que j’aie jamais reçue de la Fortune »
Que a ici pour antécédent le GN« la seule faveur». A la première expansion que constitue l’adjectif épithète « seule » s’ajoute la deuxième expansion que constitue la proposition relative. La relative est ici adjective épithète et on peu la classer dans la catégorie des relatives déterminatives car elle restreint l’extension du terme « faveur ». Au sein de cette relative, que exerce la fonction de COD du verbe « ai reçu ».
2) Que introduit une proposition subordonnée périphrastique
Lorsque que a pour antécédent le pronom démonstratif « ce », l’ensemble constitué par ces deux pronoms est appelé pronom décumulatif et sert à introduire une proposition subordonnée périphrastique. Nous trouvons un exemple de ce type de construction dans notre extrait :
« laquelle ne pourra jamais s’acquitter de ce qu’elle doit à votre mérite »
Cette relative périphrastique a ici la fonction d’un compliment indirect du verbe « s‘acquitter de ». Le verbe de la proposition subordonnée (« doit ») donne au morphème que une fonction de COD qui vient s’ajouter à sa fonction subordonnante. C’est pourquoi nous analysons cette occurrence de que comme pronom relatif et non comme conjonction de subordination introduit une conjonctive pure.
II) QUE est un adverbe négatif exceptif
La négation exceptive est une négation bi-tensive qui met en corrélation le discordantiel ne et l’adverbe exceptif que. A la différence des autres adverbes de négation bi-tensive en corrélation avec ne, l’adverbe que ne peut être envisagé comme forclusif puisqu’il introduit le seul élément pour lequel le prédicat est vrai.
On trouve trois occurrences pour ce type d’emploi :
« Elle n’eût fait qu’irriter mon mal »
Dans cette occurrence, la négation exceptive porte sur la périphrase verbale « irriter mon mal ».
« Qui ne se peut mériter que par un grand nombre de services »
Dans cette occurrence, la négation exceptive porte sur le complément circonstanciel de moyen « par un grand nombre de services »
« Laquelle ne pourra s’acquitter de ce qu’elle doit à votre mérite qu’en vous donnant des adorateurs »
Dans cette occurrence, la négation exceptive porte sur le gérondif « en vous donnant des adorateurs»
III) QUE est une conjonction de subordination
La conjonction de subordination est un mot invariable dépourvu de fonction syntaxique dans la phrase. Elle sert à unir deux éléments de fonctions différentes, dont l’un est une proposition. Cette conjonction de subordination va marquer le début de la proposition subordonnée.
1) Que introduit une conjonctive pure
La conjonctive pure est introduire par la conjonction de subordination que. Cette conjonction a un rôle de pur subordonnant.
On trouve quatre occurrences de ce type d’emplois :
« Elle me dit (....) que vous étiez la plus aimable personne du monde »
La subordonnée a ici comme rôle d’être COD du verbe « dire ».
« Au lieu de me représenter que je n’étais pas digne de vous aimer »
La subordonnée a ici comme rôle d’être COD du verbe « représenter ».
« Il est vrai que vous avoir »
La subordonnée a ici comme rôle d’être COD de locution « être vrai que ».
« Pour espérer que le moindre sentiment de pitié »
La subordonnée a ici comme rôle d’être COD du verbe « espérer »
2) Que introduit une conjonctive circonstancielle
Les propositions circonstancielles sont des propositions qui sont introduites par des conjonctions de subordination diverses et rarement seulement par le seul morphème que. Elles jouent dans la phrase le rôle de compléments circonstanciels et précisent le cadre de la prédication première ou apportent un point de vue subjectif du locuteur sur celle-ci.
On distinguera ainsi les conjonctives temporelles, causales et concessives.
a) Que introduit une circonstancielle temporelle
« Aussitôt que je vous vis »
Que fait ici partie de la locution conjonctive « aussitôt que ». L’ensemble de la proposition a la valeur d’un CC de temps.
b) Que introduit une circonstancielle causale
« Puisque vous ne le pouvez plus faire et que c’est la seule faveur... »
Ici, la conjonction que est appelée conjonction vicariante car elle reprend la conjonction de subordination « puisque » afin d’éviter la répétition. Elle introduit une seconde subordonnée causale coordonnée grâce à la conjonction de coordination « et ». à la première qui était introduire par « puisque ».
c) Que introduit une circonstancielle concessive
« Bien que j’aie la hardiesse de vous le découvrir»
La proposition concessive indique qu’il n’y a pas eu la relation logique attendue entre le fait que cette proposition exprime et celui qu’exprime le verbe principal.
Le subjonctif s’emploie ici alors que le procès est bien réel, mais celui-ci est rejeté hors du champ de l’actualisation. Que construit ici avec bien une locution conjonctive.
3) Que fait partie d’un système corrélatif
On définit comme système corrélatif l’association de deux propositions en relation d’interdépendance : l’une est généralement introduite par que et est appelée par un mot de l’autre proposition. Aucune des deux propositions n’est supprimable ou déplaçable.
a) Que fait partie d’un système corrélatif comparatif
Dans les deux occurrences de notre extrait, le système corrélatif comparatif permet de marquer un lien d’égalité entre deux propositions
« Elle me dit aussi bien que mes yeux »
« Autant au-dessus de moi que toutes les beautés du monde »
On constate que dans ces deux occurrences les propositions restent elliptiques puisqu’elles sont averbales.
b) Que fait partie d’un système corrélatif consécutif
Le système consécutif présente deux prédications selon un enchaînement logique étroit.
« D’un amour si respectueux que vous ne m’en devez pas haïr »
CONCLU : On voit donc qu’il serait que le mot QUE est un mot polysémique qui peut recouvrir des natures grammaticales très différentes. On devrait ainsi parler plutôt de plusieurs morphèmes QUE.
- Euterpe03Niveau 5
Bonjour, nouvelle sur le forum, je veux bien me joindre à vous. J’essaie de m’organiser pour rendre quelque chose sur Que dans Scarron, je ne travaille pas le mardi. Je ne sais pas faire de spolier et je ne peux pas faire de MP pour l’instant.
- Telenn-YsNiveau 5
Bravo Ernya, je trouve ton plan super.
De mon côté je viens de laisser tomber, après m'être arraché les cheveux sur quatre occurrences:
Je me rends compte que je suis vraiment très loin du compte...
Il fallait également traiter l'infinitif sur ce texte ? Il y avait déjà tellement d’occurrences. Le jour de l'épreuve j'aurais vraiment passé un temps trop important sur cette question de grammaire...
De mon côté je viens de laisser tomber, après m'être arraché les cheveux sur quatre occurrences:
- Spoiler:
- - aussi bien que mes yeux (l.2)
- il est vrai que (l.9)
- qu'en vous donnant (l.14)
- que toutes les beautés (l.14)
Mon plan était identique au tiens I-Conjonction du subordination II- Pronom relatif III- Adverbe mais le système corrélatif, je ne l'avais pas vu... Je sentais bien en faisant ce sujet que quelque chose m'échappait.
Je me rends compte que je suis vraiment très loin du compte...
Il fallait également traiter l'infinitif sur ce texte ? Il y avait déjà tellement d’occurrences. Le jour de l'épreuve j'aurais vraiment passé un temps trop important sur cette question de grammaire...
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