De plus en plus d'enseignants démissionnent

De plus en plus d'enseignants démissionnent: "L'Éducation nationale a réussi à me dégoûter du métier"

Le nombre d'enseignants titulaires qui démissionnent de l'Éducation nationale a doublé en quatre ans, selon un rapport publié en novembre. RMC a rencontré Nora, une professeure des écoles de 27 ans, qui raconte ce qui l'a poussé à quitter l'enseignement.

http://rmc.bfmtv.com/emission/de-plus-en-plus-d-enseignants-demissionnent-l-education-nationale-a-reussi-a-me-degouter-du-metier-1076708.html

Est-ce étonnant ?

C'est une bonne chose que ce sujet se répande dans les médias. Il y a les discours d'autosatisfaction des autorités et la réalité (postes non-pourvus des concours, les démissions qui augmentent.. en période de fort chômage).

Eh les gars: "KEEP COOL BE UNSA!"

Venez dans le monde "oui oui"...

On récolte le fruit des "formdiables progrès accomplis depuis 50 ans". Les gens peinent à goûter le progrès, n'est-ce pas malheureux?

Voltigeur a écrit:

De plus en plus d'enseignants démissionnent: "L'Éducation nationale a réussi à me dégoûter du métier"

Le nombre d'enseignants titulaires qui démissionnent de l'Éducation nationale a doublé en quatre ans, selon un rapport publié en novembre. RMC a rencontré Nora, une professeure des écoles de 27 ans, qui raconte ce qui l'a poussé à quitter l'enseignement.

http://rmc.bfmtv.com/emission/de-plus-en-plus-d-enseignants-demissionnent-l-education-nationale-a-reussi-a-me-degouter-du-metier-1076708.html

Il y a quatre ans, ce n'était pas le moment où la France était à nouveau passé de l'ombre à la lumière (copyright Jack Lang)?

Plus sérieusement, soyons honnêtes, le Ministère de l'EN n'est qu'un des responsables de cette tendance:
- l'emploi à vie dans une même structure n'est plus vu par le corps social comme désirable. L'éloge de la mobilité, proclamé par toutes nos chères élites, ronge tranquillement l'attachement des agents à la FP.
- le déclassement salarial continu, alors que le niveau de recrutement est au master, a fini par faire de la France, avec la Grèce, une exception dans l'OCDE en matière de rémunération des enseignants.
- les usagers du service public ont des comportements, pour certains, de plus en plus détestables: violences verbales ou physiques, irrespect, mépris, arrogance, impatience. Les élèves et leurs parents n'y échappent pas, mais cela n'est pas propre à l'école, tant on retrouve cela au commissariat, à l'hôpital, au guichet des collectivités locales ou à la préfecture.

Quand on y a joute une multiplication des réformes éducatives (une par an et par niveau depuis les années 1970...), il est clair que l'employeur EN ne figurera pas de sitôt dans le haut du classement des entreprises qui font rêver.

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Peut-être parce que le métier de professeur est une vocation et que, comme on dit chez à propos des prêtres, il y a une "crise des vocations".
Je vois le professeur comme un roc dans la société, qui transmet un savoir et des valeurs contre vents et marées, même si ce savoir et ces valeurs sont jugés périmés, archaïques, etc.
Le professeur n'est pas du côté du temporel, de la mode. Il vit avec son temps, certes, mais aussi est héritier d'un temps lent (celui de La recherche du temps perdu, par exemple), qui existait avant l'invention du numérique, et que le numérique ne peut éliminer sans éliminer complètement ce qu'on appelle maintenant "l'humain" (méfiance, quand on donne un nom à une réalité qui était évidente avant, c'est que cette réalité est en voie de disparition).
Professeur : combattant d'arrière-garde ... pour un combat déjà perdu ? Cela dépend du nombre de personnes qui "résistent" au changement (le changement étant présenté comme une chose bonne et inévitable, cette "résistance"-là comme une marque de rigidité).

Peinard a écrit:

Le nombre d'enseignants titulaires qui démissionnent de l'Éducation nationale a doublé en quatre ans, selon un rapport publié en novembre.

Est-ce quelqu'un aurait le lien de ce rapport?

Oui, le lien est dans le premier message de ce topic : https://www.neoprofs.org/t107372-rapport-du-senat-hausse-inquietante-des-demissions-de-professeurs-notamment-de-stagiaires?highlight=d%E9missions

C'est dans le compte rendu du dernier CTM de décembre me semble t-il...

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Pas évident tout ça.

Excusez-moi mais quels sont les chiffres ??? Cb d'enseignants démissionnent chaque année ?? On parle d'une augmentation de 50 % mais sur quelles bases chiffrées ?

Oui, le double effet de la masterisation est la diminution du nombre de candidats intéressés mais aussi une désaffection globale pour le métier.
Une fois un bac +5 en poche, on peut espérer mieux qu'un poste dans un obscur établissement de l'académie de Créteil. ( aucun jugement de valeur pour ceux qui sont dans cette situation)

Mais, moi étant dans le circuit de la FPT, la FPT a au moins le mérite de laisser aux candidats le choix de postuler ou non à des offres, de se positionner ou non sur des offres. Et de se déplacer, déménager dans des structures qui proposent quelque chose qu'il n'y a pas ailleurs. L'exemple des musées, pour ma part est dans ce cas. On accepte mieux de "bouger" parce qu'il y a pas deux musées comme le Louvre, deux musées basques ou de musées consacrés à la mer, etc. Ou bien parce qu'il y a des projets éducatifs intéressants, des événements qui changent etc.

La mobilité dans l'EN ne rapporte pas à tous les coups un mieux. C'est une contrainte et une loterie ( faire 500 km pour avoir un lycée moins intéressant que celui qui se trouve à côté de chez soi...)

Là, dans la situation la balance penche du côté de la FPT, clairement et des expériences difficiles, mitigées m'ont fait fuir. L'attractivité se rapproche du zéro et à part avoir le plaisir d'avoir un emploi à vie. Mais quelle vie? Si je tombe dans un établissement dont je peux pas partir. Dans la FPT, passé le stage, dès que je vois une offre d'emploi, je postule, je suis recruté, je mets un préavis et basta. Si des gens sont heureux ainsi, tant mieux pour eux. Mais on me fera pas dire et penser que c'est un eldorado désirable en soi.

Ce qui joue aussi énormément c'est le passage au mouvement en deux temps. Avant tu pouvais demander un poste n'importe où, maintenant tu dois avoir l'académie, sans garantie d'atterrir où tu veux.

Hérodoute a écrit:Pas évident tout ça.

Excusez-moi mais quels sont les chiffres ??? Cb d'enseignants démissionnent chaque année ??  On parle d'une augmentation de 50 % mais sur quelles bases chiffrées ?

Eh bien vas-y voir. Tous les docs sont référencés dans le fil. C'est comme une capsule inversée : tu la vois l'efficacité pédagogique, tu la sens ?

Oui, déposséder en somme des personnes d'une partie de leur choix, ce n'est pas bon non plus. La mobilité que tout le monde prône ok. Mais cela devrait être donnant/donnant et ouvrir la possibilité d'un choix même à la marge dans cette mobilité.

A tel point que certains préfèrent rester contractuels et encore avoir le choix. Les difficultés à se reconvertir ne sont pas étrangères aussi à cela. Il faut totalement sortir du système via une démission pour espérer faire autre chose via une formation.
De mon côté, le statut de contractuels dans des matières peu demandées restent trop inconfortables pour y revenir sans problème. Et le statut de titulaire via l'année de stage qui semble exténuante et l'absence de perspectives de mobilité ne me convient pas non plus. La territoriale correspond bien plus à ce que j'attends d'une carrière. Pour moi, c'est évident.

RogerMartin a écrit:

Hérodoute a écrit:Pas évident tout ça.

Excusez-moi mais quels sont les chiffres ??? Cb d'enseignants démissionnent chaque année ??  On parle d'une augmentation de 50 % mais sur quelles bases chiffrées ?

Eh bien vas-y voir. Tous les docs sont référencés dans le fil. C'est comme une capsule inversée : tu la vois l'efficacité pédagogique, tu la sens ?

Je te trouve peu bienveillante.

Hérodoute a écrit:Pas évident tout ça.

Excusez-moi mais quels sont les chiffres ??? Cb d'enseignants démissionnent chaque année ??  On parle d'une augmentation de 50 % mais sur quelles bases chiffrées ?

Les chiffres sont sortis au mois de novembre/décembre. Je l'ai vu passer. Le chiffre, de mémoire, est dans les 700 démissions de titulaires. Je ne sais plus si les stagiaires y étaient comptés (je ne crois pas mais n'ayant plus le tableau sous les yeux, je préfère être prudent). On est passé de 300-400 démissions il y a encore 4 ans à 700-800 actuellement (ce qui serait intéressant serait d'avoir la répartition géographique de ces démissions et si ce sont des PE ou des PLC/PLP, mais de mémoire le tableau synthétique montrait que c'était surtout des PE. Serait-ce dû aux blocages de mutation inter-départementale ?).

EDIT : Laotzi a mis le tableau plus bas et les chiffres sont plus hauts que ceux que j'ai mis J'ai mauvaise mémoire sur le coup

bernardo a écrit:Je vois le professeur comme un roc dans la société,

Difficile maintenant de faire carrière tout en restant de marbre à l'heure actuelle.
Et je ne jette la pierre à personne.

Le tableau (page 37 du rapport) :



On est donc au delà des 1 000 démissions de titulaires par an, et quasiment à 2 000 en comptant les stagiaires.

"Il faut aller un peu plus loin, avec plus de pedagogie."

Toute ressemblance avec d'autres situations pour lesquelles nous allons dans le mur n'est pas purement fortuite.

Reine Margot a écrit:Ce qui joue aussi énormément c'est le passage au mouvement en deux temps. Avant tu pouvais demander un poste n'importe où, maintenant tu dois avoir l'académie, sans garantie d'atterrir où tu veux.

Ça c'est la plus belle s....ie qu'on nous ait fait! Merci Jospin, merci Allègre, merci les socialistes, merci le sgen! Les deux premiers ont payé, les troisièmes paieront dans quelques mois, je ne désespère pas pour les derniers.

OK, le nombre de démissions augmente mais malgré tout, 1000 sur un total de 850 000, n'est-ce pas complètement dérisoire?

Balthazaard a écrit:

Reine Margot a écrit:Ce qui joue aussi énormément c'est le passage au mouvement en deux temps. Avant tu pouvais demander un poste n'importe où, maintenant tu dois avoir l'académie, sans garantie d'atterrir où tu veux.

Ça c'est la plus belle s....ie qu'on nous ait fait!  Merci Jospin, merci Allègre, merci les socialistes, merci le sgen! Les deux premiers ont payé, les troisièmes paieront dans quelques mois, je ne désespère pas pour les derniers.

Que la veste soit.

stench a écrit:OK, le nombre de démissions augmente mais malgré tout, 1000 sur un total de 850 000, n'est-ce pas complètement dérisoire?

Oui, c'est surtout significatif pour les stagiaires (et il serait intéressant de savoir si les démissions de titulaires ne concernent d'ailleurs pas d'abord des néotitulaires quasi néo), le rapport s'attarde (enfin pas tellement) d'ailleurs sur le cas des stagiaires et non des titulaires.