- Une passanteEsprit éclairé
Une passante a écrit:Concernant l'augmentation du mal-être des élèves, il me semblait que le Covid et les confinements jouaient aussi un rôle (désolée, je n'ai pas de source, je l'avais lu quelque part). L'idée était que l'inquiétude causée par la pandémie chez de jeunes enfants pouvait avoir perturbé leur structuration psychique.
Je m'autocite, pour insister sur le fait que si le confinement a joué un rôle (sur le mal-être, pas le niveau scolaire des élèves), ce n'est certainement pas le seul ! Et l'un n'exclut pas l'autre.
Quant à l'excuse de "tel élève n'a pas le niveau parce qu'il y a eu le confinement", dans mon coin, je ne l'ai jamais entendue, j'ai davantage d'élèves dont les excuses aux mauvais résultats sont l'absence d'enseignants pendant presque toute une année scolaire, ou un défilé de remplaçants (pas tous compétents).
Ce qui n'empêche pas, en effet, une baisse des exigences scolaires du système de manière plus globale (et une augmentation des demandes d'adaptation qui font qu'il y a au moins trois élèves par classe auxquels il faut laisser plus de temps et à qui il faut reformuler les consignes pour vérifier leur bonne compréhension).
En revanche, des élèves fragiles psychologiquement, des phobies scolaires, des dépressions ou des crises d'angoisse, j'en vois nettement plus ces dernières années, ce qui me fait maintenir l'idée d'une fragilité psychologique plus présente chez les adolescents. Il y a peut-être une raison antérieure à la pandémie, mais cela l'a très certainement amplifiée (ce qui paraît logique, dans un environnement plus sécurisant, les fragilités peuvent se résorber avec l'âge).
Bref, quelqu'un disait que c'était multifactoriel, je suis totalement d'accord !
- IridianeFidèle du forum
Prezbo a écrit:Iridiane a écrit:dandelion a écrit:Euh, déjà pour plein d’enfants ayant de la famille à l’étranger, ça a été trois ans sans voir sa famille (ça a été le cas pour nous, pour moi c’est un vrai traumatisme personnellement). Ensuite, il y a la relation à l’autorité: on ne peut plus croire personne, puisque des messages absurdes et contradictoires ont été transmis (lex experts qui parlent en continu sur les chaînes infos et se contredisent, ça n’aide pas vraiment à asseoir l’idée qu’il faut respecter la connaissance, et encore moins quand les dits experts ne font pas ce qu’ils préconisent, cf scandale récent à New York).DesolationRow a écrit:Ce n'est pas rien, mais je suis d'accord avec Elaïna et Prezbo. Que cela ait des conséquences, soit - mais cela sert de commode excuse pour un certain nombre d'étudiants qui ont simplement un poil dans la main qui leur sert de canne.
Entre ça et le changement climatique, plus parcoursup et la réforme du bac (mise en place pendant la pandémie contre toute logique!), on ne peut pas dire que les adultes donnent à ces jeunes beaucoup de chances de croire en l’avenir. Je crois au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle mais dire que les enfants d’aujourd’hui auraient le choix de ne pas utiliser leur portable me semble excessif: la société les y oblige quasiment et ce sont des ENFANTS même au lycée.
Non mais là tu cites plein de choses différentes. Je suis d'accord pour dire que, franchement, les jeunes générations d'aujourd'hui (oui, moi, je me considère déjà comme une vieille génération, je préfère largement vivre tous ces événements en ayant la trentaine qu'en ayant la vingtaine ou la quinzaine) ont de quoi déprimer et être mal dans la peau et dans leur tête.
En revanche, il est vrai que, en 2024, dire blabla le confinement, bon, ça sert d'excuse commode à pas mal de choses (et de voile à pas mal d'autres problèmes qui n'ont rien à voir).
Mais aussi est-ce mieux ou pire que les générations précédentes ? Ce n'est pas un concours mais quand j'étais lycéen/étudiant, les peurs de jeunes, c'était au choix l'angoisse du chômage et de l'apocalypse nucléaire, et la situation internationale c'était un génocide ou deux en Bosnie ou au Rwanda, le tout avec de possibilités d'accès à la culture et d'ouverture à l'international bien plus limitées. Que l'entrée dans l'âge adulte soit un moment d'angoisse ou que chaque génération ait connu ses épreuves ce n'est pas nouveau, le message qu'envoie la société à la jeunesse a changé et je ne suis pas sûr que la sur-compassion un peu hypocrite actuelle matinée de discours sur la férocité de la compétition à venir soit le meilleur service à rendre.
Alors, à l'époque où j'avais entre 15 et 25 ans (dans les années 2000 grosso modo), je suis désolée mais la situation n'était pas DU TOUT aussi désespérante qu'aujourd'hui. Déjà il n'était absolument pas question d'apocalypse nucléaire, et les effets du changement climatique restaient assez marginaux et surtout on avait beaucoup moins conscience, collectivement, de la gravité des choses. Oui, l'entrée dans l'âge adulte est toujours compliquée au niveau individuel, elle l'a été pour ma génération comme pour les autres, mais au niveau de la situation extérieure et collective ça n'était juste RIEN à voir avec aujourd'hui. Et la pandémie (je ne parle pas spécifiquement du confinement mais de la pandémie et des angoisses qu'elle a pu générer, en lien notamment avec le changement climatique dont on sait qu'il va favoriser ce genre de situation) est évident un facteur très angoissant. Ceci étant posé, cela n'empêche pas les élèves de bosser, ça non, il faut arrêter.
- IridianeFidèle du forum
Prezbo a écrit:Iridiane a écrit:dandelion a écrit:Euh, déjà pour plein d’enfants ayant de la famille à l’étranger, ça a été trois ans sans voir sa famille (ça a été le cas pour nous, pour moi c’est un vrai traumatisme personnellement). Ensuite, il y a la relation à l’autorité: on ne peut plus croire personne, puisque des messages absurdes et contradictoires ont été transmis (lex experts qui parlent en continu sur les chaînes infos et se contredisent, ça n’aide pas vraiment à asseoir l’idée qu’il faut respecter la connaissance, et encore moins quand les dits experts ne font pas ce qu’ils préconisent, cf scandale récent à New York).DesolationRow a écrit:Ce n'est pas rien, mais je suis d'accord avec Elaïna et Prezbo. Que cela ait des conséquences, soit - mais cela sert de commode excuse pour un certain nombre d'étudiants qui ont simplement un poil dans la main qui leur sert de canne.
Entre ça et le changement climatique, plus parcoursup et la réforme du bac (mise en place pendant la pandémie contre toute logique!), on ne peut pas dire que les adultes donnent à ces jeunes beaucoup de chances de croire en l’avenir. Je crois au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle mais dire que les enfants d’aujourd’hui auraient le choix de ne pas utiliser leur portable me semble excessif: la société les y oblige quasiment et ce sont des ENFANTS même au lycée.
Non mais là tu cites plein de choses différentes. Je suis d'accord pour dire que, franchement, les jeunes générations d'aujourd'hui (oui, moi, je me considère déjà comme une vieille génération, je préfère largement vivre tous ces événements en ayant la trentaine qu'en ayant la vingtaine ou la quinzaine) ont de quoi déprimer et être mal dans la peau et dans leur tête.
En revanche, il est vrai que, en 2024, dire blabla le confinement, bon, ça sert d'excuse commode à pas mal de choses (et de voile à pas mal d'autres problèmes qui n'ont rien à voir).
Mais aussi est-ce mieux ou pire que les générations précédentes ? Ce n'est pas un concours mais quand j'étais lycéen/étudiant, les peurs de jeunes, c'était au choix l'angoisse du chômage et de l'apocalypse nucléaire, et la situation internationale c'était un génocide ou deux en Bosnie ou au Rwanda, le tout avec de possibilités d'accès à la culture et d'ouverture à l'international bien plus limitées. Que l'entrée dans l'âge adulte soit un moment d'angoisse ou que chaque génération ait connu ses épreuves ce n'est pas nouveau, le message qu'envoie la société à la jeunesse a changé et je ne suis pas sûr que la sur-compassion un peu hypocrite actuelle matinée de discours sur la férocité de la compétition à venir soit le meilleur service à rendre.
Sur ce point que j'ai graissé, en revanche, je suis TOTALEMENT d'accord.
- DesolationRowEmpereur
J'ai aussi l'impression que c'était plus cool, quand même, dans les années 2000. Déjà, il n'y avait pas les deux catastrophes majeures que sont le changement climatique et les smartphones (je suis un peu monomaniaque, je sais).
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Je trouve aussi que les réseaux amplifient aussi des choses. Je m’explique. On a des enjeux graves (je pense au climat), et des réseaux sur lesquels certains excitent les jeunes ou les matraquent. Et donc, ce qui aurait pu être de la conscience politique tout simplement, avec un raisonnement qui se développe, devient en réalité quelque chose de vécu comme un traumatisme avec des jeunes qui vont jusqu’à dire que le changement climatique les empêche de dormir la nuit.
Je ne nie pas la gravité des évènements, je dis juste que dans la façon dont les jeunes affrontent ces événements, et par le biais des médias qu’ils utilisent, rien n’est fait pour favoriser une sereine réflexion, mais plutôt pour créer une panique intérieure. Et c’est pareil pour tous les sujets. On sait que la jeunesse est tournée vers l’excès des émotions, déjà ne serait-ce qu’avec les changements hormonaux et tout, mais je pense vraiment que la façon dont on leur balance des « informations » leur fait beaucoup de mal.
Et donc oui, ça fatigue, ça occupe l’esprit, ça tracasse, et surtout ça n’aide pas l’esprit à avoir le repos nécessaire pour travailler efficacement.
Qu’on leur fasse arrêter les cours à 12h chaque jour, on aura le même problème, leur fatigue est moins physique que mentale. Saletés de smartphones.
Je ne nie pas la gravité des évènements, je dis juste que dans la façon dont les jeunes affrontent ces événements, et par le biais des médias qu’ils utilisent, rien n’est fait pour favoriser une sereine réflexion, mais plutôt pour créer une panique intérieure. Et c’est pareil pour tous les sujets. On sait que la jeunesse est tournée vers l’excès des émotions, déjà ne serait-ce qu’avec les changements hormonaux et tout, mais je pense vraiment que la façon dont on leur balance des « informations » leur fait beaucoup de mal.
Et donc oui, ça fatigue, ça occupe l’esprit, ça tracasse, et surtout ça n’aide pas l’esprit à avoir le repos nécessaire pour travailler efficacement.
Qu’on leur fasse arrêter les cours à 12h chaque jour, on aura le même problème, leur fatigue est moins physique que mentale. Saletés de smartphones.
- IridianeFidèle du forum
DesolationRow a écrit:J'ai aussi l'impression que c'était plus cool, quand même, dans les années 2000. Déjà, il n'y avait pas les deux catastrophes majeures que sont le changement climatique et les smartphones (je suis un peu monomaniaque, je sais).
Oui, tout à fait, j'ai mentionné le changement climatique mais je n'ai pas mentionné les smartphones et je suis tout à fait d'accord, ça a été totalement destructeur. Le fait d'être connecté toute la journée (au-delà de la question des écrans et des conneries qu'on peut faire dessus), c'est évidemment très anxiogène. Moi-même, qui comme beaucoup de gens passe beaucoup trop de temps sur mon téléphone, je vois bien que ça n'arrange pas mon état psychologique. Je pense qu'à l'adolescence, ça m'aurait rendu quasiment folle.
- IridianeFidèle du forum
Fires of Pompeii a écrit:Je trouve aussi que les réseaux amplifient aussi des choses. Je m’explique. On a des enjeux graves (je pense au climat), et des réseaux sur lesquels certains excitent les jeunes ou les matraquent. Et donc, ce qui aurait pu être de la conscience politique tout simplement, avec un raisonnement qui se développe, devient en réalité quelque chose de vécu comme un traumatisme avec des jeunes qui vont jusqu’à dire que le changement climatique les empêche de dormir la nuit.
Je ne nie pas la gravité des évènements, je dis juste que dans la façon dont les jeunes affrontent ces événements, et par le biais des médias qu’ils utilisent, rien n’est fait pour favoriser une sereine réflexion, mais plutôt pour créer une panique intérieure. Et c’est pareil pour tous les sujets. On sait que la jeunesse est tournée vers l’excès des émotions, déjà ne serait-ce qu’avec les changements hormonaux et tout, mais je pense vraiment que la façon dont on leur balance des « informations » leur fait beaucoup de mal.
Et donc oui, ça fatigue, ça occupe l’esprit, ça tracasse, et surtout ça n’aide pas l’esprit à avoir le repos nécessaire pour travailler efficacement.
Qu’on leur fasse arrêter les cours à 12h chaque jour, on aura le même problème, leur fatigue est moins physique que mentale. Saletés de smartphones.
Tout à fait d'accord.
- Dame JouanneÉrudit
J'ai du mal à me rendre compte avec le recul, mais je me dit que les années sida et montée du chômage, et genocide en Bosnie, c'était pas non plus très cool. Mais il n'y avait pas la caisse d'amplification des réseaux sociaux.Iridiane a écrit:Prezbo a écrit:Iridiane a écrit:dandelion a écrit:
Euh, déjà pour plein d’enfants ayant de la famille à l’étranger, ça a été trois ans sans voir sa famille (ça a été le cas pour nous, pour moi c’est un vrai traumatisme personnellement). Ensuite, il y a la relation à l’autorité: on ne peut plus croire personne, puisque des messages absurdes et contradictoires ont été transmis (lex experts qui parlent en continu sur les chaînes infos et se contredisent, ça n’aide pas vraiment à asseoir l’idée qu’il faut respecter la connaissance, et encore moins quand les dits experts ne font pas ce qu’ils préconisent, cf scandale récent à New York).
Entre ça et le changement climatique, plus parcoursup et la réforme du bac (mise en place pendant la pandémie contre toute logique!), on ne peut pas dire que les adultes donnent à ces jeunes beaucoup de chances de croire en l’avenir. Je crois au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle mais dire que les enfants d’aujourd’hui auraient le choix de ne pas utiliser leur portable me semble excessif: la société les y oblige quasiment et ce sont des ENFANTS même au lycée.
Non mais là tu cites plein de choses différentes. Je suis d'accord pour dire que, franchement, les jeunes générations d'aujourd'hui (oui, moi, je me considère déjà comme une vieille génération, je préfère largement vivre tous ces événements en ayant la trentaine qu'en ayant la vingtaine ou la quinzaine) ont de quoi déprimer et être mal dans la peau et dans leur tête.
En revanche, il est vrai que, en 2024, dire blabla le confinement, bon, ça sert d'excuse commode à pas mal de choses (et de voile à pas mal d'autres problèmes qui n'ont rien à voir).
Mais aussi est-ce mieux ou pire que les générations précédentes ? Ce n'est pas un concours mais quand j'étais lycéen/étudiant, les peurs de jeunes, c'était au choix l'angoisse du chômage et de l'apocalypse nucléaire, et la situation internationale c'était un génocide ou deux en Bosnie ou au Rwanda, le tout avec de possibilités d'accès à la culture et d'ouverture à l'international bien plus limitées. Que l'entrée dans l'âge adulte soit un moment d'angoisse ou que chaque génération ait connu ses épreuves ce n'est pas nouveau, le message qu'envoie la société à la jeunesse a changé et je ne suis pas sûr que la sur-compassion un peu hypocrite actuelle matinée de discours sur la férocité de la compétition à venir soit le meilleur service à rendre.
Alors, à l'époque où j'avais entre 15 et 25 ans (dans les années 2000 grosso modo), je suis désolée mais la situation n'était pas DU TOUT aussi désespérante qu'aujourd'hui. Déjà il n'était absolument pas question d'apocalypse nucléaire, et les effets du changement climatique restaient assez marginaux et surtout on avait beaucoup moins conscience, collectivement, de la gravité des choses. Oui, l'entrée dans l'âge adulte est toujours compliquée au niveau individuel, elle l'a été pour ma génération comme pour les autres, mais au niveau de la situation extérieure et collective ça n'était juste RIEN à voir avec aujourd'hui. Et la pandémie (je ne parle pas spécifiquement du confinement mais de la pandémie et des angoisses qu'elle a pu générer, en lien notamment avec le changement climatique dont on sait qu'il va favoriser ce genre de situation) est évident un facteur très angoissant. Ceci étant posé, cela n'empêche pas les élèves de bosser, ça non, il faut arrêter.
- IridianeFidèle du forum
Dame Jouanne a écrit:J'ai du mal à me rendre compte avec le recul, mais je me dit que les années sida et montée du chômage, et genocide en Bosnie, c'était pas non plus très cool. Mais il n'y avait pas la caisse d'amplification des réseaux sociaux.Iridiane a écrit:Prezbo a écrit:Iridiane a écrit:
Non mais là tu cites plein de choses différentes. Je suis d'accord pour dire que, franchement, les jeunes générations d'aujourd'hui (oui, moi, je me considère déjà comme une vieille génération, je préfère largement vivre tous ces événements en ayant la trentaine qu'en ayant la vingtaine ou la quinzaine) ont de quoi déprimer et être mal dans la peau et dans leur tête.
En revanche, il est vrai que, en 2024, dire blabla le confinement, bon, ça sert d'excuse commode à pas mal de choses (et de voile à pas mal d'autres problèmes qui n'ont rien à voir).
Mais aussi est-ce mieux ou pire que les générations précédentes ? Ce n'est pas un concours mais quand j'étais lycéen/étudiant, les peurs de jeunes, c'était au choix l'angoisse du chômage et de l'apocalypse nucléaire, et la situation internationale c'était un génocide ou deux en Bosnie ou au Rwanda, le tout avec de possibilités d'accès à la culture et d'ouverture à l'international bien plus limitées. Que l'entrée dans l'âge adulte soit un moment d'angoisse ou que chaque génération ait connu ses épreuves ce n'est pas nouveau, le message qu'envoie la société à la jeunesse a changé et je ne suis pas sûr que la sur-compassion un peu hypocrite actuelle matinée de discours sur la férocité de la compétition à venir soit le meilleur service à rendre.
Alors, à l'époque où j'avais entre 15 et 25 ans (dans les années 2000 grosso modo), je suis désolée mais la situation n'était pas DU TOUT aussi désespérante qu'aujourd'hui. Déjà il n'était absolument pas question d'apocalypse nucléaire, et les effets du changement climatique restaient assez marginaux et surtout on avait beaucoup moins conscience, collectivement, de la gravité des choses. Oui, l'entrée dans l'âge adulte est toujours compliquée au niveau individuel, elle l'a été pour ma génération comme pour les autres, mais au niveau de la situation extérieure et collective ça n'était juste RIEN à voir avec aujourd'hui. Et la pandémie (je ne parle pas spécifiquement du confinement mais de la pandémie et des angoisses qu'elle a pu générer, en lien notamment avec le changement climatique dont on sait qu'il va favoriser ce genre de situation) est évident un facteur très angoissant. Ceci étant posé, cela n'empêche pas les élèves de bosser, ça non, il faut arrêter.
Ah non c’est clair, mais je parle là d’une période postérieure. Et oui, je pense que les réseaux sociaux ça change énormément de chose.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Prezbo a écrit:Mais aussi est-ce mieux ou pire que les générations précédentes ? Ce n'est pas un concours mais quand j'étais lycéen/étudiant, les peurs de jeunes, c'était au choix l'angoisse du chômage et de l'apocalypse nucléaire, et la situation internationale c'était un génocide ou deux en Bosnie ou au Rwanda, le tout avec de possibilités d'accès à la culture et d'ouverture à l'international bien plus limitées. Que l'entrée dans l'âge adulte soit un moment d'angoisse ou que chaque génération ait connu ses épreuves ce n'est pas nouveau, le message qu'envoie la société à la jeunesse a changé et je ne suis pas sûr que la sur-compassion un peu hypocrite actuelle matinée de discours sur la férocité de la compétition à venir soit le meilleur service à rendre.
Ce n'est pas un concours effectivement, et personnellement je n'aime pas ces comparaisons façon "de mon temps voyez-vous". Mais puisque tu vas dans ce sens j'ai été lycéen fin des années 1980 et franchement ça n'avait rien à voir. Quand on faisait des études, l'angoisse du chômage ne nous étreignait tout de même pas outre mesure (je mets de côté le cas des familles durement touchées par le problème, ce qui n'était pas la situation majoritaire) et l'apocalypse nucléaire, on n'y pensait qu'occasionnellement (d'autant plus qu'il n'y avait ni réseaux sociaux ni chaînes d'informations en continu), et comme à une chose qui paraissait peu probable. Tout le contraire du changement climatique - dont nous ne nous préoccupions pas plus que cela, en quoi nous avions tort. Quant aux génocides que tu évoques (là c'est plutôt les années 90), ils sont abominables et nous le savions, mais ils ne faisaient pas peser sur l'Europe une menace comparable à celle du conflit russo-ukrainien.
Donc la réponse est de mon point de vue évidente. C'est pire d'être jeune aujourd'hui.
Pour la sur-compassion, je cois comprendre ce que tu veux dire. Mais si je prends mon point de vue d'enseignant, je perçois une toxicité croissante du système dans la multiplication des messages paradoxaux: l'institution déborde de bienveillance envers les profs dans les discours, dans la mise en place de divers dispositifs censés garantir l'accompagnement, la valorisation du travail. Mais elle impose dans le même temps une approche instrumentale du métier (la préparation à des épreuves conçues par des technocrates sous amphétamines qui supplante, voire qui empêche le développement harmonieux de l'intelligence et l'acquisition raisonnée d'une culture) tout en forçant la concurrence entre établissement, entre spécialités, entre collègues. Et dans ce système toute défaillance tend - plus encore qu'auparavant - à être ramenée à une cause individuelle, à un profil psychologique inadapté.
Les élèves aussi sont pris là-dedans. On prétend les sur-protéger, l'institution semble elle-même agir dans ce sens quand elle multiplie là aussi les dispositifs, quand elle fait en sorte d'atténuer la perception de l'échec. Et cependant elle les force à se définir comme des agents autonomes dans un système concurrentiel où la possibilité de développer des liens d'amitié s'est grandement réduite. Elle leur interdit une forme d'insouciance en les obligeant à faire très tôt des choix dont on leur dit qu'ils seront déterminants pour leur avenir. C'est en cela que je parlais d'une logique de petits auto-entrepreneurs. Alors oui, il y a sans doute bien d'autres causes que le système scolaire au mal-être de certains jeunes aujourd'hui (les écrans, les effets possibles de la période covid, etc.), et le lycée post Blanquer n'est pas l'enfer. Mais c'est pour l'essentiel un lycée triste, et un lycée qui rend triste.
- *Ombre*Grand sage
lene75 a écrit:
Je pense au contraire que si on veut que les élèves fassent du sport, des activités artistiques, etc., on a tout intérêt à les proposer là où ils sont, c'est-à-dire dans les établissements scolaires, plutôt que de vouloir supprimer les options pour alléger les edt. Si ma fille fait autant de choses, c'est justement parce que c'est proposé dans son établissement. Elle ne pourrait pas faire tout ça en extérieur, ne serait-ce que pour des raisons de transports.
Ah ! mais je suis d'accord, c'est exactement de cela que je parle - c'est resté implicite et donc sans doute pas clair. Il faut proposer ces activités dans le cadre du collège, mais en répartissant intelligemment les temps : je serais bien marrie de me retrouver avec Français de 15h30 à 17h30 parce que de 13h30 à 15h30, les élèves auraient des activités diverses.
J'ajoute, même si c'est hors sujet, qu'au point où en sont les choses, je trouverais utile d'avoir un orthophoniste à plein temps dans les écoles et collèges. Quand je vois le nombre effarant d'élèves suivis - sur le temps scolaire, parce que les orthos ne peuvent plus faire autrement - et le ballet incessant des taxis qui les emmènent et les ramènent, tout ça aux frais de la sécu, je me dis que, finalement, cela coûterait sans doute moins cher et économiserait bien de la peine à bien du monde.
- Stel6584Niveau 7
*Ombre* a écrit:lene75 a écrit:
Je pense au contraire que si on veut que les élèves fassent du sport, des activités artistiques, etc., on a tout intérêt à les proposer là où ils sont, c'est-à-dire dans les établissements scolaires, plutôt que de vouloir supprimer les options pour alléger les edt. Si ma fille fait autant de choses, c'est justement parce que c'est proposé dans son établissement. Elle ne pourrait pas faire tout ça en extérieur, ne serait-ce que pour des raisons de transports.
Ah ! mais je suis d'accord, c'est exactement de cela que je parle - c'est resté implicite et donc sans doute pas clair. Il faut proposer ces activités dans le cadre du collège, mais en répartissant intelligemment les temps : je serais bien marrie de me retrouver avec Français de 15h30 à 17h30 parce que de 13h30 à 15h30, les élèves auraient des activités diverses.
J'ajoute, même si c'est hors sujet, qu'au point où en sont les choses, je trouverais utile d'avoir un orthophoniste à plein temps dans les écoles et collèges. Quand je vois le nombre effarant d'élèves suivis - sur le temps scolaire, parce que les orthos ne peuvent plus faire autrement - et le ballet incessant des taxis qui les emmènent et les ramènent, tout ça aux frais de la sécu, je me dis que, finalement, cela coûterait sans doute moins cher et économiserait bien de la peine à bien du monde.
Je crois que c'est le cas en Belgique.
- AmauryNiveau 5
Je suis pour ma part perplexe face au discours consistant à présenter l'école comme un lieu extrêmement pénible, par opposition à la maison qui serait un lieu serein de ressourcement. J'aurais été très malheureuse, pendant mon adolescence, qu'on m'oblige à passer plus de temps chez moi, entre mes parents malsains et névrosés, plutôt qu'au collège et au lycée avec mes amis. Je n'étais pas une enfant populaire ni une star de cour de récré, j'ai même, comme de nombreux jeunes, connu le harcèlement pendant mon année de quatrième. Mais l'école a quand même été pour moi un lieu de vie sociale intéressante, qui se développait dans toutes les interstices : entre les cours, durant la pause méridienne, pendant le (long) trajet en car matin et soir. J'avais cours le samedi matin, ça a été le cas durant toute ma scolarité, et je garde de ces matinées un souvenir très positif. En revanche, je détestais terminer à 18h, là c'était trop et quand c'était le cas, une ou deux fois par semaine, il n'était pas rare que je rentre chez moi avec un mal de tête carabiné. Du coup mon point de vue est simple : les cours le samedi matin sont chouettes et permettent d'alléger les journées. Mais c'est désormais impossible à mettre en place à cause de la sacro-sainte vie de famille. Sauf que la vie de famille, je serais prête à parier que ce n'est pas si épanouissant que cela pour bon nombre d'enfants. Je ne suis pas certaine que ce soit à privilégier.
- *Ombre*Grand sage
Je crois que personne ne tient ce discours.
Pour ma part, je le répète, je parle d'activités variées au collège, en fin de journée, plutôt que de démultiplier les cours jusqu'à une heure où les élèves ne sont de toute façon plus du tout réceptifs.
Pour ma part, je le répète, je parle d'activités variées au collège, en fin de journée, plutôt que de démultiplier les cours jusqu'à une heure où les élèves ne sont de toute façon plus du tout réceptifs.
- lene75Prophète
DesolationRow a écrit:J'ai aussi l'impression que c'était plus cool, quand même, dans les années 2000. Déjà, il n'y avait pas les deux catastrophes majeures que sont le changement climatique et les smartphones (je suis un peu monomaniaque, je sais).
+1
Moi c'était les années 90, mais j'ai aussi ce sentiment que nous vivions de façon beaucoup plus sereine, et aussi beaucoup moins compétitive. D'ailleurs je ne trouve pas du tout qu'on surprotège les jeunes, bien au contraire. Dès le plus jeune âge ils semblent au courant de tous les problèmes d’adultes et ont beaucoup de choses à porter.
Et les établissements scolaires étaient à la fois des lieux plus ouverts, sans toutes ces grilles, caméras et contrôles à l'entrée, et pourtant, dans nos têtes, plus sécurisés (je ne sais pas s'ils l'étaient vraiment, mais c'était la représentation qu'on en avait, et les adultes aussi, je pense). Pas une seule fois dans ma scolarité il ne m'est venu à l'esprit que quelqu'un pouvait pénétrer dans mon école pour tuer au hasard. Nos élèves, eux, y pensent tous les jours dès la maternelle et paniquent au moindre bruit ou mouvement suspect.
Soit dit en passant, d'ailleurs, c'est la même génération qui a connu le Covid, la mise en place de la réforme du lycée et les mises en scène plus que douteuses des premiers PPMS avec, à certains endroits (ce fut le cas pour ma nièce qui en avait été traumatisée au collège), fumée dans les couloirs et tambourinages hystériques dans les portes.
Je suis assez persuadée qu’assurer une sécurité affective dans l'enfance, notamment en faisant vivre les enfants dans un cocon protecteur, loin de les rendre fragiles à l'âge adulte, leur permet au contraire d'être solides. Et que c'est justement ça qui manque cruellement aux jeunes, avec qui on met la charrue avant les boeufs. J'en avais déjà parlé, mais j'ai été très marquée par la remarque d'une copine juive qui m'avait dit que ses parents (et beaucoup de parents juifs, je crois) étaient très protecteurs, parce que les survivants des camps de concentration témoignaient que ce qui leur avait permis de tenir, c'était d'avoir une réserve de bonheur. J'ai moi-même fait cette expérience que pour tenir dans les moments difficiles, je me suis ressourcée dans ma réserve de bonheur, notamment venue d'une enfance insouciante et protégée. On a vite fait de sombrer quand on n'a aucune planche à laquelle s’accrocher dans la tempête.
Le lycée tel qu'il est aujourd'hui, notamment depuis la réforme Blanquer, n'est plus du tout protecteur. Il n'y a aucune assise fixe, les horaires rikiki font que de plus en plus de profs ne voient plus leurs élèves qu'une heure ou deux par semaine, de sorte qu'il faut la moitié de l'année pour les connaître et qu'à chaque heure les élèves se retrouvent avec des camarades différents, à un âge où les copains et les liens affectifs sont si importants.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
lene75 a écrit:DesolationRow a écrit:J'ai aussi l'impression que c'était plus cool, quand même, dans les années 2000. Déjà, il n'y avait pas les deux catastrophes majeures que sont le changement climatique et les smartphones (je suis un peu monomaniaque, je sais).
+1
Moi c'était les années 90, mais j'ai aussi ce sentiment que nous vivions de façon beaucoup plus sereine, et aussi beaucoup moins compétitive. D'ailleurs je ne trouve pas du tout qu'on surprotège les jeunes, bien au contraire. Dès le plus jeune âge ils semblent au courant de tous les problèmes d’adultes et ont beaucoup de choses à porter.
Et les établissements scolaires étaient à la fois des lieux plus ouverts, sans toutes ces grilles, caméras et contrôles à l'entrée, et pourtant, dans nos têtes, plus sécurisés (je ne sais pas s'ils l'étaient vraiment, mais c'était la représentation qu'on en avait, et les adultes aussi, je pense). Pas une seule fois dans ma scolarité il ne m'est venu à l'esprit que quelqu'un pouvait pénétrer dans mon école pour tuer au hasard. Nos élèves, eux, y pensent tous les jours dès la maternelle et paniquent au moindre bruit ou mouvement suspect.
Soit dit en passant, d'ailleurs, c'est la même génération qui a connu le Covid, la mise en place de la réforme du lycée et les mises en scène plus que douteuses des premiers PPMS avec, à certains endroits (ce fut le cas pour ma nièce qui en avait été traumatisée au collège), fumée dans les couloirs et tambourinages hystériques dans les portes.
Je suis assez persuadée qu’assurer une sécurité affective dans l'enfance, notamment en faisant vivre les enfants dans un cocon protecteur, loin de les rendre fragiles à l'âge adulte, leur permet au contraire d'être solides. Et que c'est justement ça qui manque cruellement aux jeunes, avec qui on met la charrue avant les bœufs. J'en avais déjà parlé, mais j'ai été très marquée par la remarque d'une copine juive qui m'avait dit que ses parents (et beaucoup de parents juifs, je crois) étaient très protecteurs, parce que les survivants des camps de concentration témoignaient que ce qui leur avait permis de tenir, c'était d'avoir une réserve de bonheur. J'ai moi-même fait cette expérience que pour tenir dans les moments difficiles, je me suis ressourcée dans ma réserve de bonheur, notamment venue d'une enfance insouciante et protégée. On a vite fait de sombrer quand on n'a aucune planche à laquelle s’accrocher dans la tempête.
Le lycée tel qu'il est aujourd'hui, notamment depuis la réforme Blanquer, n'est plus du tout protecteur. Il n'y a aucune assise fixe, les horaires rikiki font que de plus en plus de profs ne voient plus leurs élèves qu'une heure ou deux par semaine, de sorte qu'il faut la moitié de l'année pour les connaître et qu'à chaque heure les élèves se retrouvent avec des camarades différents, à un âge où les copains et les liens affectifs sont si importants.
Je suis absolument d'accord avec toi.
- MalavitaÉrudit
Je partage le point de vue de @Lene75. Je dis, parfois à mes élèves, que je n'aimerais pas être ado aujourd'hui. Je pense que j'étais beaucoup plus protégée et insouciante que mes élèves actuels. On était plus libre aussi : on allait faire du vélo, les soirs d'été avec les voisins (on avait des âges différents), sans aucun adulte et c'était super. Aujourd'hui, les parents sont, sans cesse, à appeler leurs enfants (même en cours) pour savoir où ils sont, ce qu'ils font, sans compter ceux qui installent des traceurs sur le téléphone de leurs enfants. On leur inculque la peur. Je suis aussi nostalgique de mes établissements (école primaire, collège et lycée) ouverts aux quatre vents et dont on pouvait facilement partir (mais personne ne le faisait) et je me souviens encore de mes impressions en arrivant sur Créteil lorsque j'ai vu le portique et les caméras de mon ancien établissement. J'en suis à me demander si l'enfance et l'adolescence que j'ai eu existe encore et s'il y a des élèves qui vont bien (en plus, en LP, on a des élèves vraiment cabossés...) et si mes parents n'étaient pas une exception.
Pour en revenir au sujet, j'ai eu cours les samedis matins au collège (avant passage le mercredi) et au lycée. Je trouve que finir au-delà de 17 h est une aberration surtout avec les temps de transport qui peuvent être importants mais beaucoup d'établissement n'ont pas le choix faute de salles et en raison de la complexité des emplois du temps. Mes secondes se sont d'ailleurs plaints qu'ils ne pouvaient plus réaliser leurs activités le mercredi après-midi (on a cours, c'est pour cela qu'on ne termine pas à 18 h, mais cela reste très tendu avec les salles).
Pour en revenir au sujet, j'ai eu cours les samedis matins au collège (avant passage le mercredi) et au lycée. Je trouve que finir au-delà de 17 h est une aberration surtout avec les temps de transport qui peuvent être importants mais beaucoup d'établissement n'ont pas le choix faute de salles et en raison de la complexité des emplois du temps. Mes secondes se sont d'ailleurs plaints qu'ils ne pouvaient plus réaliser leurs activités le mercredi après-midi (on a cours, c'est pour cela qu'on ne termine pas à 18 h, mais cela reste très tendu avec les salles).
- ElaïnaDevin
Je trouve que les comparaisons n'ont pas forcément lieu d'être. Pour moi un collège dans les années 90 c'est un endroit où il ne fait pas bon être fille de prof, il ne fait pas bon être bonne élève un peu bébé, et si en plus vous avez le malheur d'être une petite boulotte naïve et mal fagotée, c'est le début de l'horreur. On se fait harceler au nez et à la barbe des adultes qui au mieux ignorent, ou bien savent et s'en fichent, ou pire encouragent les harceleurs parce que "hein tu cherches un peu quand même aussi". L'école des années 90 c'est aussi l'école où, si, on commence à parler des tueries dans les établissements (notamment après des affaires tragiques au Canada et aux USA), où on commence à médiatiser les disparitions d'enfants et les affaires de pédophilie (moi j'ai fait longtemps des cauchemars où je me revois regarder la tête de la petite disparue sur les cartons de lait, la disparition d'Estelle, l'affaire Dutroux qui m'a littéralement traumatisée). Bref on n'a pas tous la même sensibilité : personnellement par exemple je ne vois pas ce que le masque chirurgical a pu avoir de si traumatisant, pas agréable oui mais effrayant ? traumatisant ? je ne vois pas. Et pourtant j'admets bien volontiers qu'on me dise avoir été traumatisé par ça. ça n'a pas de sens de dire "ha mais les années 90 c'était pas si angoissant", ben ça dépend pour qui, pour quoi.
Maintenant une fois qu'on a dit ça je maintiens qu'il y a un paradoxe avec
- d'un côté la bienveillance à tout crins. Je ne compte plus le nombre de collègues qui refusent de mettre une note en-dessous de 8, voire dans certaines matières en-dessous de 10, par principe (et "parce que de toute façon ça ne sert à rien de mettre moins". Ah bon.) Il ne faut jamais dire que tel élève a accumulé les retards et est incapable de suivre au lycée général, "mais il a été bilanté hein". Il ne faut pas se fâcher, pas exclure, pas reprendre vertement un élève qui fait/dit une ânerie plus grosse que lui. Cette injonction à la bienveillance n'est pas propre à l'enseignement, bien sûr. Sur les groupes Facebook, ça dégouline de "bienveillance", tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.
- d'un autre côté, cette bienveillance qui dégouline ne masque pas la réalité bien dégueu qu'on se prend en pleine face. Et l'organisation du monde scolaire en France est problématique, oui. Non, ce n'est pas normal que des gamins se lèvent à 5h30 parce que les lycées sont trop peu nombreux sur le territoire et qu'il faut faire 1h de transports, voire 1h30, pour rejoindre l'établissement. Non, ce n'est pas normal que mes élèves attendent 47 minutes dans le froid qui meule en février pour avoir le droit d'engloutir un repas en cinq bouchées (bonjour la digestion pourrie) parce qu'ils n'ont plus qu'une poignée de minutes pour manger. Non, ce n'est pas normal d'avoir des EDT qui obligent à être sur les lieux de 8h à 18h. Non, ce n'est pas normal que les élèves se retiennent parfois sur ces 10h d'aller aux toilettes parce que les portes ne ferment pas, qu'il n'y a jamais de papier toilette, et que l'état en est immonde. Non, ce n'est pas normal qu'un élève de sixième de 35 kilos porte un sac de 10 kilos sur le dos toute la journée parce que des casiers qui ferment pour tout le monde c'est visiblement impossible dans la sixième puissance mondiale. Non, ce n'est pas normal que les gamins des écoles maternelles d'île de France ne puissent pas avoir de chaussons dans les salles de classe, mais apportent la flotte et la bouillasse dans la classe et ont les pieds qui marinent dans les pompes mouillées toute la journée. Non, ce n'est pas normal que la terminale basique soit à 36 élèves sans demi groupes. Non, ce n'est pas normal que mes premières aient leurs 2h d'histoire géo le jeudi de 15h50 à 17h45 après 2h d'EPS (et le matin 2h de français et 2h de spécialité en barrettes). Non, ce n'est pas normal que tous les établissements où je mets les pieds soient littéralement immondes (et ce n'est pas la faute des élèves qui jetteraient leurs saletés : les moutons de cheveux, poussières, etc, on les voit s'accumuler, les élèves n'y peuvent rien, ce n'est jamais nettoyé, même dans les établissements les plus sélect, le pire que j'aie pu voir dans ma carrière en termes de saleté étant, de loin, le si prestigieux bâtiment des sciences du lycée Henri IV).
Bien évidemment qu'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'un coup de baguette magique. Mais alléger les classes, construire des établissements qui tiennent, embaucher du personnel pour l'entretenir, des ATSEM dans les petites classes, avoir des lignes de self suffisantes, du chauffage, des fenêtres qui ouvrent et ferment correctement, ça ne semble pas délirant. Et pourtant.
Maintenant une fois qu'on a dit ça je maintiens qu'il y a un paradoxe avec
- d'un côté la bienveillance à tout crins. Je ne compte plus le nombre de collègues qui refusent de mettre une note en-dessous de 8, voire dans certaines matières en-dessous de 10, par principe (et "parce que de toute façon ça ne sert à rien de mettre moins". Ah bon.) Il ne faut jamais dire que tel élève a accumulé les retards et est incapable de suivre au lycée général, "mais il a été bilanté hein". Il ne faut pas se fâcher, pas exclure, pas reprendre vertement un élève qui fait/dit une ânerie plus grosse que lui. Cette injonction à la bienveillance n'est pas propre à l'enseignement, bien sûr. Sur les groupes Facebook, ça dégouline de "bienveillance", tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.
- d'un autre côté, cette bienveillance qui dégouline ne masque pas la réalité bien dégueu qu'on se prend en pleine face. Et l'organisation du monde scolaire en France est problématique, oui. Non, ce n'est pas normal que des gamins se lèvent à 5h30 parce que les lycées sont trop peu nombreux sur le territoire et qu'il faut faire 1h de transports, voire 1h30, pour rejoindre l'établissement. Non, ce n'est pas normal que mes élèves attendent 47 minutes dans le froid qui meule en février pour avoir le droit d'engloutir un repas en cinq bouchées (bonjour la digestion pourrie) parce qu'ils n'ont plus qu'une poignée de minutes pour manger. Non, ce n'est pas normal d'avoir des EDT qui obligent à être sur les lieux de 8h à 18h. Non, ce n'est pas normal que les élèves se retiennent parfois sur ces 10h d'aller aux toilettes parce que les portes ne ferment pas, qu'il n'y a jamais de papier toilette, et que l'état en est immonde. Non, ce n'est pas normal qu'un élève de sixième de 35 kilos porte un sac de 10 kilos sur le dos toute la journée parce que des casiers qui ferment pour tout le monde c'est visiblement impossible dans la sixième puissance mondiale. Non, ce n'est pas normal que les gamins des écoles maternelles d'île de France ne puissent pas avoir de chaussons dans les salles de classe, mais apportent la flotte et la bouillasse dans la classe et ont les pieds qui marinent dans les pompes mouillées toute la journée. Non, ce n'est pas normal que la terminale basique soit à 36 élèves sans demi groupes. Non, ce n'est pas normal que mes premières aient leurs 2h d'histoire géo le jeudi de 15h50 à 17h45 après 2h d'EPS (et le matin 2h de français et 2h de spécialité en barrettes). Non, ce n'est pas normal que tous les établissements où je mets les pieds soient littéralement immondes (et ce n'est pas la faute des élèves qui jetteraient leurs saletés : les moutons de cheveux, poussières, etc, on les voit s'accumuler, les élèves n'y peuvent rien, ce n'est jamais nettoyé, même dans les établissements les plus sélect, le pire que j'aie pu voir dans ma carrière en termes de saleté étant, de loin, le si prestigieux bâtiment des sciences du lycée Henri IV).
Bien évidemment qu'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'un coup de baguette magique. Mais alléger les classes, construire des établissements qui tiennent, embaucher du personnel pour l'entretenir, des ATSEM dans les petites classes, avoir des lignes de self suffisantes, du chauffage, des fenêtres qui ouvrent et ferment correctement, ça ne semble pas délirant. Et pourtant.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- ElaïnaDevin
Malavita a écrit:Je partage le point de vue de @Lene75. Je dis, parfois à mes élèves, que je n'aimerais pas être ado aujourd'hui. Je pense que j'étais beaucoup plus protégée et insouciante que mes élèves actuels. On était plus libre aussi : on allait faire du vélo, les soirs d'été avec les voisins (on avait des âges différents), sans aucun adulte et c'était super. Aujourd'hui, les parents sont, sans cesse, à appeler leurs enfants (même en cours) pour savoir où ils sont, ce qu'ils font, sans compter ceux qui installent des traceurs sur le téléphone de leurs enfants. On leur inculque la peur. Je suis aussi nostalgique de mes établissements (école primaire, collège et lycée) ouverts aux quatre vents et dont on pouvait facilement partir (mais personne ne le faisait) et je me souviens encore de mes impressions en arrivant sur Créteil lorsque j'ai vu le portique et les caméras de mon ancien établissement. J'en suis à me demander si l'enfance et l'adolescence que j'ai eu existe encore et s'il y a des élèves qui vont bien (en plus, en LP, on a des élèves vraiment cabossés...) et si mes parents n'étaient pas une exception.
Je me méfie énormément de ce discours sur la liberté "c'était mieux avant", personnellement. J'ai encore lu il y a peu un truc dans un groupe facebook de ma ville, "ah, les années 80, quand j'allais avec mes petits frères au bord de la Seine tout seul"... oui bah on peut aussi parler des noyades qu'il y a eu dans le coin, aussi.
Si aujourd'hui on a arrêté de laisser les gamins se balader en freestyle dans la rue c'est peut-être parce que la société a fini par comprendre que les bagnoles écrasent les enfants, et que les adultes sont potentiellement des prédateurs, et ça c'est tout sauf une légende ou une fausse peur. On rappelle qu'il suffit d'une annonce sur internet pour qu'un mec dans un patelin paumé trouve des dizaines de violeurs dans la proximité directe de son lieu de vie, alors oui, bien sûr qu'il faut craindre l'entourage et arrêter l'angélisme, on n'inculque pas la peur, on fait comprendre aux enfants, et surtout à nos filles, qu'elles ne sont pas en sécurité, et qu'elles ne l'ont jamais été.
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Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- IridianeFidèle du forum
Elaïna a écrit:Je trouve que les comparaisons n'ont pas forcément lieu d'être. Pour moi un collège dans les années 90 c'est un endroit où il ne fait pas bon être fille de prof, il ne fait pas bon être bonne élève un peu bébé, et si en plus vous avez le malheur d'être une petite boulotte naïve et mal fagotée, c'est le début de l'horreur. On se fait harceler au nez et à la barbe des adultes qui au mieux ignorent, ou bien savent et s'en fichent, ou pire encouragent les harceleurs parce que "hein tu cherches un peu quand même aussi". L'école des années 90 c'est aussi l'école où, si, on commence à parler des tueries dans les établissements (notamment après des affaires tragiques au Canada et aux USA), où on commence à médiatiser les disparitions d'enfants et les affaires de pédophilie (moi j'ai fait longtemps des cauchemars où je me revois regarder la tête de la petite disparue sur les cartons de lait, la disparition d'Estelle, l'affaire Dutroux qui m'a littéralement traumatisée). Bref on n'a pas tous la même sensibilité : personnellement par exemple je ne vois pas ce que le masque chirurgical a pu avoir de si traumatisant, pas agréable oui mais effrayant ? traumatisant ? je ne vois pas. Et pourtant j'admets bien volontiers qu'on me dise avoir été traumatisé par ça. ça n'a pas de sens de dire "ha mais les années 90 c'était pas si angoissant", ben ça dépend pour qui, pour quoi.
Maintenant une fois qu'on a dit ça je maintiens qu'il y a un paradoxe avec
- d'un côté la bienveillance à tout crins. Je ne compte plus le nombre de collègues qui refusent de mettre une note en-dessous de 8, voire dans certaines matières en-dessous de 10, par principe (et "parce que de toute façon ça ne sert à rien de mettre moins". Ah bon.) Il ne faut jamais dire que tel élève a accumulé les retards et est incapable de suivre au lycée général, "mais il a été bilanté hein". Il ne faut pas se fâcher, pas exclure, pas reprendre vertement un élève qui fait/dit une ânerie plus grosse que lui. Cette injonction à la bienveillance n'est pas propre à l'enseignement, bien sûr. Sur les groupes Facebook, ça dégouline de "bienveillance", tout le monde il est beau tout le monde il est gentil.
- d'un autre côté, cette bienveillance qui dégouline ne masque pas la réalité bien dégueu qu'on se prend en pleine face. Et l'organisation du monde scolaire en France est problématique, oui. Non, ce n'est pas normal que des gamins se lèvent à 5h30 parce que les lycées sont trop peu nombreux sur le territoire et qu'il faut faire 1h de transports, voire 1h30, pour rejoindre l'établissement. Non, ce n'est pas normal que mes élèves attendent 47 minutes dans le froid qui meule en février pour avoir le droit d'engloutir un repas en cinq bouchées (bonjour la digestion pourrie) parce qu'ils n'ont plus qu'une poignée de minutes pour manger. Non, ce n'est pas normal d'avoir des EDT qui obligent à être sur les lieux de 8h à 18h. Non, ce n'est pas normal que les élèves se retiennent parfois sur ces 10h d'aller aux toilettes parce que les portes ne ferment pas, qu'il n'y a jamais de papier toilette, et que l'état en est immonde. Non, ce n'est pas normal qu'un élève de sixième de 35 kilos porte un sac de 10 kilos sur le dos toute la journée parce que des casiers qui ferment pour tout le monde c'est visiblement impossible dans la sixième puissance mondiale. Non, ce n'est pas normal que les gamins des écoles maternelles d'île de France ne puissent pas avoir de chaussons dans les salles de classe, mais apportent la flotte et la bouillasse dans la classe et ont les pieds qui marinent dans les pompes mouillées toute la journée. Non, ce n'est pas normal que la terminale basique soit à 36 élèves sans demi groupes. Non, ce n'est pas normal que mes premières aient leurs 2h d'histoire géo le jeudi de 15h50 à 17h45 après 2h d'EPS (et le matin 2h de français et 2h de spécialité en barrettes). Non, ce n'est pas normal que tous les établissements où je mets les pieds soient littéralement immondes (et ce n'est pas la faute des élèves qui jetteraient leurs saletés : les moutons de cheveux, poussières, etc, on les voit s'accumuler, les élèves n'y peuvent rien, ce n'est jamais nettoyé, même dans les établissements les plus sélect, le pire que j'aie pu voir dans ma carrière en termes de saleté étant, de loin, le si prestigieux bâtiment des sciences du lycée Henri IV).
Bien évidemment qu'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'un coup de baguette magique. Mais alléger les classes, construire des établissements qui tiennent, embaucher du personnel pour l'entretenir, des ATSEM dans les petites classes, avoir des lignes de self suffisantes, du chauffage, des fenêtres qui ouvrent et ferment correctement, ça ne semble pas délirant. Et pourtant.
Oui mais là (et dans ton message suivant) tu parles de choses qui ont tjs existé hélas : le harcèlement scolaire (tu parles de ton cas à toi, que tu décris souvent et je comprends bien que ce n’était pas agréable, moi on se foutait de ma gueule parce que je n’avais « pas de style »…) ; les agressions et faits divers horribles de tous acabits. Mais aussi grave que ce soit (ça l’est) ce ne sont pas des grandes catastrophes mondiales qui menacent l’humanité. Et je suis désolée mais dans les années 2000, je ne dis pas que c’était « mieux » mais il y avait beaucoup moins de motifs d’angoisse de cette sorte. Quand j’étais plus jeune, j’étais angoissée par les agressions qui m’arrivaient ou pouvaient m’arriver, je ne me disais pas, comme aujourd’hui, en substance « heureusement que j’ai déjà presque 40 ans,
une situation stable et pas de gamins, je vais essayer de m’en sortir comme je peux dans la catastrophe qui vient et puis ciao, bon courage pour ceux qui restent ».
Après, sur le reste de ton message et les constats que tu fais sur l’école, on est entièrement d’accord.
- dandelionVénérable
Il s’agit d’un scandale à New York : https://www.nytimes.com/2024/09/19/nyregion/dr-jay-varma-nyc-covid.htmlCaspar a écrit:dandelion a écrit:Euh, déjà pour plein d’enfants ayant de la famille à l’étranger, ça a été trois ans sans voir sa famille (ça a été le cas pour nous, pour moi c’est un vrai traumatisme personnellement). Ensuite, il y a la relation à l’autorité: on ne peut plus croire personne, puisque des messages absurdes et contradictoires ont été transmis (lex experts qui parlent en continu sur les chaînes infos et se contredisent, ça n’aide pas vraiment à asseoir l’idée qu’il faut respecter la connaissance, et encore moins quand les dits experts ne font pas ce qu’ils préconisent, cf scandale récent à New York).DesolationRow a écrit:Ce n'est pas rien, mais je suis d'accord avec Elaïna et Prezbo. Que cela ait des conséquences, soit - mais cela sert de commode excuse pour un certain nombre d'étudiants qui ont simplement un poil dans la main qui leur sert de canne.
Entre ça et le changement climatique, plus parcoursup et la réforme du bac (mise en place pendant la pandémie contre toute logique!), on ne peut pas dire que les adultes donnent à ces jeunes beaucoup de chances de croire en l’avenir. Je crois au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle mais dire que les enfants d’aujourd’hui auraient le choix de ne pas utiliser leur portable me semble excessif: la société les y oblige quasiment et ce sont des ENFANTS même au lycée.
J'ai dû demander cette semaine aux élèves de répondre à un sondage organisé par les Psy-ÉN en classe à l'aide d'un QR code et donc du portable (deux élèves n'ont pas pu y participer: portables qui ne scannent pas les QR code).
On s'éloigne un peu du sujet des horaires non ?
PS: De quel scandale parles-tu ? Ça ne me dit rien.
Pour en revenir au sujet, comme le souligne Elaïna, l’amplitude horaire est rendue encore plus difficile à supporter par le fait que les élèves doivent travailler dans des locaux souvent peu accueillants. Personnellement je trouve cela pénible de ne pas avoir accès à des toilettes propres ou de pouvoir manger dans un niveau de bruit acceptable (franchement, il y a un travail urgent à faire sur le bruit, parce que c’est un vrai problème de santé publique dans nos établissements).
Bref, partir de chez soi à sept heures, revenir à 19H, en ayant passé la journée dans des locaux chauds l’été et froids l’hiver, dans le bruit quasi constant, dans des classes surchargées, avec de nombreux élèves qui ne maîtrisent ni les pré-requis ni l’attitude à avoir au lycée, ça peut être vraiment très pesant. Mes élèves sont vraiment très fatigués et Parcoursup est un vrai problème (à mon époque, soit on allait en prépa, soit à la fac, où il suffisait plus ou moins de s’inscrire, je connais d’ailleurs pas mal de gens qui ont fait de très belles études universitaires en ayant eu leur bac à l’arrache).
En tout cas, je trouve que même en faisant latin-grec dans un bon lycée, j’avais beaucoup moins de travail que ma fille (et j’avais davantage de temps pour lire des livres).
- lene75Prophète
Elaïna a écrit:Non, ce n'est pas normal que des gamins se lèvent à 5h30 parce que les lycées sont trop peu nombreux sur le territoire et qu'il faut faire 1h de transports, voire 1h30, pour rejoindre l'établissement. Non, ce n'est pas normal que mes élèves attendent 47 minutes dans le froid qui meule en février pour avoir le droit d'engloutir un repas en cinq bouchées (bonjour la digestion pourrie) parce qu'ils n'ont plus qu'une poignée de minutes pour manger. Non, ce n'est pas normal d'avoir des EDT qui obligent à être sur les lieux de 8h à 18h. Non, ce n'est pas normal que les élèves se retiennent parfois sur ces 10h d'aller aux toilettes parce que les portes ne ferment pas, qu'il n'y a jamais de papier toilette, et que l'état en est immonde. Non, ce n'est pas normal qu'un élève de sixième de 35 kilos porte un sac de 10 kilos sur le dos toute la journée parce que des casiers qui ferment pour tout le monde c'est visiblement impossible dans la sixième puissance mondiale. Non, ce n'est pas normal que les gamins des écoles maternelles d'île de France ne puissent pas avoir de chaussons dans les salles de classe, mais apportent la flotte et la bouillasse dans la classe et ont les pieds qui marinent dans les pompes mouillées toute la journée. Non, ce n'est pas normal que la terminale basique soit à 36 élèves sans demi groupes. Non, ce n'est pas normal que mes premières aient leurs 2h d'histoire géo le jeudi de 15h50 à 17h45 après 2h d'EPS (et le matin 2h de français et 2h de spécialité en barrettes). Non, ce n'est pas normal que tous les établissements où je mets les pieds soient littéralement immondes (et ce n'est pas la faute des élèves qui jetteraient leurs saletés : les moutons de cheveux, poussières, etc, on les voit s'accumuler, les élèves n'y peuvent rien, ce n'est jamais nettoyé, même dans les établissements les plus sélect, le pire que j'aie pu voir dans ma carrière en termes de saleté étant, de loin, le si prestigieux bâtiment des sciences du lycée Henri IV).
Bien évidemment qu'on ne peut pas résoudre tous les problèmes d'un coup de baguette magique. Mais alléger les classes, construire des établissements qui tiennent, embaucher du personnel pour l'entretenir, des ATSEM dans les petites classes, avoir des lignes de self suffisantes, du chauffage, des fenêtres qui ouvrent et ferment correctement, ça ne semble pas délirant. Et pourtant.
Mais tout ça n'a strictement rien à voir avec le nombre d'heures de cours.
Et c'est bien la preuve par ailleurs qu'aucune activité potable ne sera financée, parce que ça coûte plus cher que les cours. C'est exactement ce qui s'est passé en primaire. Tout le monde a rêvé de supers activités, et ce qu'il y a eu à la place, ce sont des enfants livrés à eux-mêmes, avec parfois des animateurs douteux parce que personne ne veut faire ce travail et que donc on embauche le premier venu, et surtout pas dans ces conditions, avec un nombre d'enfants par animateur qui a augmenté pour faire face, et jamais rediminué depuis.
Il ne faut pas rêver, si la piste de la diminution du nombre d'heures de cours plaît tant à nos dirigeants, ce n'est pas pour réinvestir l'argent, c'est juste parce que ça permet de faire des économies, parce que ne rêvez pas, vos ORS ne vont pas diminuer par magie, donc moins de cours, c'est moins de profs, et mécaniquement moins d'adultes pour encadrer le même nombre d'élèves.
Sans même avoir la garantie de meilleurs edt pour les élèves, puisque, je le dis et je le répète, 8h-18h, c'est 50h par semaine, soit deux fois plus que le volume horaire de cours d'un collégien ou d'un lycéen. Donc en y mettant les moyens, on a déjà la latitude pour diviser par deux le temps de présence des élèves dans les établissements sans supprimer la moindre heure de cours. Ce qui bloque, ce sont uniquement des questions matérielles et des réformes à la con qui pulvérisent les emplois du temps. Il n'y a qu'à voir les edt de certains collègues à mi-temps qui sont plus présents que des collègues à plein temps pour comprendre ce qu'on est capable de faire à l'EN en la matière.
Parce que si on veut parler non pas du périscolaire rêvé mais du périscolaire tel qu'il est réellement, on peut reprendre ta liste, mais puissance 10. D'ailleurs nous sommes nombreux sur ce forum à avoir des enfants qui peuvent être scolarisés normalement, mais qui ne peuvent pas aller au périscolaire parce que ça leur cause trop de stress et de fatigue nerveuse, et qu'ils y sont en danger, non seulement psychique, mais physique, les accidents y étant nombreux faute d'une surveillance appropriée (je me souviens des PE qui parlaient de ce problème des accidents sur la pause méridienne rallongée). Accidents incluant d'ailleurs l'autre sens de "accident" : si on veut parler de vécu personnel, JAMAIS sur le temps scolaire je n'ai récupéré ma fille recouverte de merde lui dégoulinant jusqu'aux chaussettes avec autour d'elle des enfants en train de se moquer d'elle, les mêmes enfants, pourtant, que ceux qui jouaient gentiment avec elle dans la cour sur temps scolaire. Au bout de 3 fois au périscolaire, avec des animateurs m'expliquant qu'ils n'y pouvaient rien et ne pouvaient pas être partout, j'ai cessé de l'y mettre. Il faut dire aussi qu'avec la musique à fond, c'est pas facile d'entendre ce qui se passe à 10 mètres de soi. Bref.
Donc la vérité, c'est que finir les cours à 12h ou à 13h, ça veut dire soit des gamins entassés dans des garderies sans locaux adaptés ni personnel compétent, soit, pour les plus grands, des gamins, et des filles, qui traînent dans la rue, dans les squares ou dans les centres commerciaux, là où justement sont tous les violeurs et déséquilibrés dont tu parles, mais aussi les harceleurs que plus rien ne retient en l'absence d’adultes, soit des gamins seuls chez eux devant leurs écrans, soit renvoyer les femmes dans leurs foyers pour prendre en charge les gamins après l'école.
Par ailleurs je rejoins le témoignage qui a été fait plus haut. L'école est loin d'être l'enfer décrit pour tout le monde. Beaucoup de nos élèves sont mieux à l'école que chez eux. Je n'oublierai jamais la gamine qui a éclaté en sanglots quand j'ai annoncé qu'on repassait en hybride, me disant que chez elle c'était l'enfer, dans son petit appartement avec ses 5 frères et sœurs qui ne faisaient que crier à peine rentrés de l'école. Pour beaucoup d'élèves aussi, cette horrible cantine qu'il serait si facile de supprimer en diminuant les horaires de cours est leur seul vrai repas de la journée, à tel point que quand on était en hybride on avait une liste d'élèves autorisé à venir au lycée juste le temps de la pause méridienne pour pouvoir prendre leur repas avant de retourner chez eux.
Il n'en reste pas moins que de nombreux élèves sont en souffrance à l'école, mais je ne suis pas sûre que réduire les heures de cours pour mettre la poussière sous le tapis soit la solution : ce qu'on ne peut pas supporter 26h par semaine, doit-on le supporter 15h par semaine, à une époque où les messages et réseaux sociaux vous suivent partout, où le harcèlement ne s'arrête pas aux portes de l'école, et où les harceleurs n'hésitent plus à suivre les harcelés dans la rue ou jusque chez eux... où ils seraient alors seuls la moitié du temps, sans personne pour les protéger ?
Si ce n'était pas mieux avant quand les enfants étaient en roue libre dans la rue sans surveillance adulte, pourquoi vouloir que désormais les enfants passent le plus clair de leur temps ainsi ?
Ne vaudrait-il pas mieux au contraire se concentrer sur l'amélioration des conditions au sein des établissements pour permettre à chacun d'étudier sereinement et d'avoir le droit à cette bulle d’innocence protégée du monde extérieur, y compris de leur famille pour certains, à laquelle les enfants ont le droit ? Ce qui inclut de supprimer toutes les réformes à la noix qui ont pulvérisé d'un coup d'un seul les emplois du temps, les groupes de référence des élèves, le temps passé avec chaque adulte et les équipes pédagogiques, désormais constituées de 26 profs qui ne peuvent évidemment pas échanger sur les problèmes de groupes qu'ils n'ont pas en commun. Ça a tellement bien fonctionné au lycée que maintenant on l'étend au collège.
- CasparProphète
dandelion a écrit:Il s’agit d’un scandale à New York : https://www.nytimes.com/2024/09/19/nyregion/dr-jay-varma-nyc-covid.htmlCaspar a écrit:dandelion a écrit:Euh, déjà pour plein d’enfants ayant de la famille à l’étranger, ça a été trois ans sans voir sa famille (ça a été le cas pour nous, pour moi c’est un vrai traumatisme personnellement). Ensuite, il y a la relation à l’autorité: on ne peut plus croire personne, puisque des messages absurdes et contradictoires ont été transmis (lex experts qui parlent en continu sur les chaînes infos et se contredisent, ça n’aide pas vraiment à asseoir l’idée qu’il faut respecter la connaissance, et encore moins quand les dits experts ne font pas ce qu’ils préconisent, cf scandale récent à New York).DesolationRow a écrit:Ce n'est pas rien, mais je suis d'accord avec Elaïna et Prezbo. Que cela ait des conséquences, soit - mais cela sert de commode excuse pour un certain nombre d'étudiants qui ont simplement un poil dans la main qui leur sert de canne.
Entre ça et le changement climatique, plus parcoursup et la réforme du bac (mise en place pendant la pandémie contre toute logique!), on ne peut pas dire que les adultes donnent à ces jeunes beaucoup de chances de croire en l’avenir. Je crois au libre-arbitre et à la responsabilité individuelle mais dire que les enfants d’aujourd’hui auraient le choix de ne pas utiliser leur portable me semble excessif: la société les y oblige quasiment et ce sont des ENFANTS même au lycée.
J'ai dû demander cette semaine aux élèves de répondre à un sondage organisé par les Psy-ÉN en classe à l'aide d'un QR code et donc du portable (deux élèves n'ont pas pu y participer: portables qui ne scannent pas les QR code).
On s'éloigne un peu du sujet des horaires non ?
PS: De quel scandale parles-tu ? Ça ne me dit rien.
Pour en revenir au sujet, comme le souligne Elaïna, l’amplitude horaire est rendue encore plus difficile à supporter par le fait que les élèves doivent travailler dans des locaux souvent peu accueillants. Personnellement je trouve cela pénible de ne pas avoir accès à des toilettes propres ou de pouvoir manger dans un niveau de bruit acceptable (franchement, il y a un travail urgent à faire sur le bruit, parce que c’est un vrai problème de santé publique dans nos établissements).
Bref, partir de chez soi à sept heures, revenir à 19H, en ayant passé la journée dans des locaux chauds l’été et froids l’hiver, dans le bruit quasi constant, dans des classes surchargées, avec de nombreux élèves qui ne maîtrisent ni les pré-requis ni l’attitude à avoir au lycée, ça peut être vraiment très pesant. Mes élèves sont vraiment très fatigués et Parcoursup est un vrai problème (à mon époque, soit on allait en prépa, soit à la fac, où il suffisait plus ou moins de s’inscrire, je connais d’ailleurs pas mal de gens qui ont fait de très belles études universitaires en ayant eu leur bac à l’arrache).
En tout cas, je trouve que même en faisant latin-grec dans un bon lycée, j’avais beaucoup moins de travail que ma fille (et j’avais davantage de temps pour lire des livres).
Merci pour le lien.
Pour ce qui est des locaux, j'ai la chance d'enseigner dans un établissement très agréable, entièrement refait et qui n'a pas encore eu le temps de se dégrader. Les locaux sont propres, il y a un grand parc, les toilettes des élèves me semblent propres (mais évidemment je ne vais pas les inspecter non plus)...) mais je suis conscient de la chance que j'ai.
EDIT: 26 profs tu es optimiste @lene75, on monte facilement jusqu'à 40. Cette semaine j'ai dû envoyer un message à neuf collègues pour leur demander de libérer les élèves pour la photo de classe qui était placée sur un créneau d'EDS. Dans mon établissement certains élèves ont une option le mercredi matin de 10 à 11, seul cours de la matinée, tandis que le reste de la classe est à la maison. Un de mes collègues a un cours le vendredi de 17 à 18 et la plupart des élèves ont quatre heures de trou avant et poireautent mais impossible de déplacer le cours car deux d'entre eux ont une option avant. La réforme a vraiment compliqué les choses en effet, les journées sont très déséquilibrées: parfois neuf heures, parfois quatre pas forcément bien réparties. On ne peut plus déplacer un cours faute de trouver un créneau libre....enfin bref, j'enfonce des portes ouvertes mais quand je vois que M. Blanquer publie un livre consacré à sa propre gloire je suis un peu amer.
- maikreeeesseGrand sage
Il me semble que vous vous rejoignez: il faut d'abord réfléchir aux conditions matérielles (vetusté des bâtiments, nombre insuffisant) puis aux choix et à l'application de certaines réformes (lycée) avant de parler "par principe" de diminuer les cours.
Je n'ai pas eu, par chance, l'expérience d'une scolarité compliquée, harcelée, j'étais assez protégée et l'école était pour moi et beaucoup de camarade un refuge et l'échappatoire d'un bled perdu dans lequel les seules perspectives d'emploi était la ferme reprendre la boîte d'artisan de papa. Je tique par exemple lorsque dans ma dernière formation on désigne les bons élèves par "résilients". Résilient de quoi ? Du système éducatif ? Drôle de conception même c'est loin d'être parfait.
Enfin juste comme cela, j'étais dans ma jeunesse Très angoissée: le sida avec les bêtises au début sur tu l'attrapes aux toilettes, les pluies acides qui rongeraient dans ma tête les bâtiments anciens et mes chères forets, et surtout le chômage ! J'ai vu mes parents (et d'autres), cadres, pleurer, perdre leur assurance, devoir se vendre pour trouver un emploi et à l'époque et pour leur génération c'était terrible. (plus Tchernobyl, j'habitais la frontière, on avait le discours allemand... Et la Yougoslavie, les attentats dans le métro, le gaz sarrin). Donc la comparaison avant maintenant, je ne sais pas trop, c'est très personnel il est difficile d'en tirer une généralité.
Je n'ai pas eu, par chance, l'expérience d'une scolarité compliquée, harcelée, j'étais assez protégée et l'école était pour moi et beaucoup de camarade un refuge et l'échappatoire d'un bled perdu dans lequel les seules perspectives d'emploi était la ferme reprendre la boîte d'artisan de papa. Je tique par exemple lorsque dans ma dernière formation on désigne les bons élèves par "résilients". Résilient de quoi ? Du système éducatif ? Drôle de conception même c'est loin d'être parfait.
Enfin juste comme cela, j'étais dans ma jeunesse Très angoissée: le sida avec les bêtises au début sur tu l'attrapes aux toilettes, les pluies acides qui rongeraient dans ma tête les bâtiments anciens et mes chères forets, et surtout le chômage ! J'ai vu mes parents (et d'autres), cadres, pleurer, perdre leur assurance, devoir se vendre pour trouver un emploi et à l'époque et pour leur génération c'était terrible. (plus Tchernobyl, j'habitais la frontière, on avait le discours allemand... Et la Yougoslavie, les attentats dans le métro, le gaz sarrin). Donc la comparaison avant maintenant, je ne sais pas trop, c'est très personnel il est difficile d'en tirer une généralité.
- CasparProphète
maikreeeesse a écrit:Il me semble que vous vous rejoignez: il faut d'abord réfléchir aux conditions matérielles (vetusté des bâtiments, nombre insuffisant) puis aux choix et à l'application de certaines réformes (lycée) avant de parler "par principe" de diminuer les cours.
Je n'ai pas eu, par chance, l'expérience d'une scolarité compliquée, harcelée, j'étais assez protégée et l'école était pour moi et beaucoup de camarade un refuge et la porte
de sortie d'un bled perdue où les seules perspectives d'emploi était la ferme, ou de reprendre la boîte d'artisan de papa. Je tique par exemple lorsque dans ma dernière formation on désigne les bons élèves par "résilient". Résilient de quoi ? Du système éducatif ? Drôle de conception même c'est loin d'être parfait.
Enfin juste comme cela, j'étais dans ma jeunesse Très angoissée: le sida avec les bêtises au début sur tu l'attrapes aux toilettes, les pluies acides qui rongeraient dans ma tête les bâtiments anciens et mes chères forets, et surtout le chômage ! J'ai vu mes parents (et d'autres), cadres, pleurer, perdre leur assurance, devoir se vendre pour trouver un emploi et à l'époque et pour leur génération c'était terrible. (plus Tchernobyl, j'habitais la frontière, on avait le discours allemand... Et la
Yougoslavie, les attentats dans le métro, le gaz sarrin). Donc la comparaison avant maintenant, je ne sais pas trop...
Tu as raison mais la différence aujourd'hui, comme il a été dit plus haut, ce sont internet et les réseaux sociaux: le doomscrolling et le harcèlement rendu possible 24h/24.
- maikreeeesseGrand sage
Oui sûrement. Mais je crois que même sans internet c'était compliqué lorsque tu étais harcelé dans un village car tu revoyais ton harceleur dans l'unique rue principale, au catéchisme, à la petite MJC du coin avec ces 2 activites et à l'unique collège du coin. Mais il n'y avait pas de traffics d'image par exemple que permettent internet et l'IA.
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