- pseudo-intelloSage
Ça arrive chez nous aussi, et ça hérisse ceux qui, comme moi, sont remplacés (même si le collègue nous prévient).roxanne a écrit:Une collègue de lettres a découvert par es élèves qu'ils avaient une heure de français avec un autre collègue (pacté) qui d'ailleurs n'a pas daigné l'en prévenir. C'est assez facile comme ça, tu fais un cours bateau type lecture expressive, méthodologie et tu peux faire toutes les classes. Pourtant, quand j'avais évoqué ce type de situation, la direction m'avait rétorqué, assez agacée qu'"évidemment, ça n'arriverait jamais".
Le pire, c'est quand des PE spécialisés nous remplacent avec nos classe ordinaires de collège, ou pire encore, quand une collègue avec un bac + 2 dans une filière qui ne correspond à aucune discipline enseignée fait de l'éducation-à à tout va plusieurs heures chaque semaine.
Ça m’est arrivé, de temps en temps, avec des classes que j'avais et qui étaient agréables, mais idem, on n'a plus de HSE.Jenny a écrit:J'ai toujours fait du RCD, avec mes classes avec lesquelles je faisais cours normalement ou en surveillant des devoirs, je n'ai pas l'impression ni de voler l'argent de l'Etat ni d'avoir fait de la garderie.
Cette année, je vous rassure, je ne le ferais pas vu qu'on n'a pas de HSE pour ça.
Il y a quelques années, les élèves de certaines classes avaient fréquemment 3 heures d'arts plastiques dans la semaine, parfois 4, et se demandaient s'il était bien normal d'avoir plus d'heures d'arts plastique que d'anglais (et plus d'arts pal que de maths les semaines fastes).roxanne a écrit:D'accord. Mais, ça ne résout pas le problème des matières non remplacées. On peut mettre un cours de physique ou d'anglais à la place des cours de français d'une collègue absente. Mais au final, les élèves auront fait de la physique ou de l'anglais en plus, ce qui dans l'absolu ne leur fera pas de mal, mais il leur manquera bien des heures de français. Et à l'inverse avec ce système merveilleux, ils peuvent avoir des heures de français en plus avec deux (et pourquoi pas trois ou quatre? ) professeurs. Alors, oui, il n'y aura pas trous dans la journée, c'est le but. Mais, pédagogiquement, ça n'avance pas beaucoup. Mon fils (5e) s'est retrouvé avec 3 heures d'histoire-géo dans la même journée mais ça n'empêche pas qu'il est resté sans anglais pendant trois semaines. Et ça, c'est un vrai problème.
Selon les disciplines, il est plus ou moins facile de trouver 18h dans l'année de remplacement avec une classe que tu as sur un horaire pas trop pourri. Le professeur de musique y parviendra sans doute assez aisément, le prof de lettres beaucoup moins.LadyOlenna a écrit:Un pacte RCD c'est 18h, soit une heure sup tous les quinze jours. On est loin de 30h par semaine hein.JJ a écrit:Quel rapport avec le pacte?
Les HSE et IMP ont toujours été rémunérés.
Il faudra toutefois m'expliquer comment on fit convenablement son travail avec 30h face à élèves: d'où les dérives des pactes "films, devoirs fait, cours bateau et hors sol".
RCDiser avec une classe que tu n'as pas, ça revient à faire un cours bateau que tu peux resservir à tout le monde, soit pas vraiment ma définition du métier.
Du reste, chez nous (comma apparemment chez bien d 'autres), les pactés sont ceux qui acceptent déjà un bon paquet d'heures sup.
Tu parles d'or.henriette a écrit:Cet argent du Pacte aurait dû a minima servir à revaloriser vraiment les HSA, en particulier les 2 qu'on ne peut pas refuser.
Ensuite dire que des collègues ont besoin d'argent, OK, mais les Pactes sont terriblement inégalitaires : la collègue mère isolée a besoin d'argent mais ne peut matériellement pas faire des heures en plus. La revalorisation Pacte la laisse dans ses difficultés financières. Je suis désolée, mais dans ces conditions accepter de profiter d'un système aussi inégalitaire, je trouve ça honteux.
Le "oui mais tu comprends moi je", c'est entériner le "chacun pour soi", et ça me consterne.
- GanbatteHabitué du forum
Petite tirade mécontente du soir, en constatant que le fil consacré à la nouvelle ministre et à son action (ou son absence de) a dérivé pour plus de quatre pages sur encore et toujours le Pacte, matin midi et soir le Pacte, qu'est-ce que je te sers avec tes patates, oh ben du Pacte, et les mêmes arguments circulaires réchauffés, et la même amertume recuite. Et c'est symptomatique.
Des raisons d'être énervé, il y en a, plein. Mais on parle de questions nationales, d'une politique globale qui s'inscrit dans l'attaque systématique des services publics, pour s'étendre sur quoi ? Le collègue de telle matière dans la salle à côté, qui est un gros fumiste, d'ailleurs tout le monde le sait, et c'est à cause des sales mercenaires de son espèce (les "pactés", comme on dirait les "lépreux" ou les "social-traîtres", une sorte de caste à part à honnir) que les mouvements enseignants n'arrivent à rien.
Eh bien non, ce n'est pas du tout pour ça. Les raisons pour laquelle les mouvements enseignants n'arrivent à rien, elles sont nombreuses, il y a notamment leur modalité d'action à base d'une journée de grève par trimestre, tactique en place depuis plus de vingt ans, tactique qui depuis plus de vingt ans a fait la preuve de sa totale inefficacité, il y a aussi la focalisation sur des luttes locales, à l'échelle d'un établissement, toute l'énergie passe là et pour le national il n'y a plus rien (il n'y a qu'à voir les HIS, et le taux de participation selon qu'il s'agisse d'action nationale ou de souci local) mais il y en a une qui est beaucoup plus importante : l'embourgeoisement culturel, et la dépolitisation qui vient avec. Autrement dit, l'affirmation que la politique, c'est quelque part un peu vulgaire, et voter pour une gauche de changement, c'est pas bien, c'est les extrêmes.
Alors que les enseignants à eux seuls (et plus encore en incluant tous les autres métiers de l'Education) devraient représenter un poids électoral considérable, être un lobby puissant et structuré non seulement dans son action syndicale, ou ce qu'il en reste, mais aussi et surtout en tant que faiseurs d'élus, ils continuent encore à voter pour ceux qui les maltraitent, c'est à dire la gauche molle, le centre radicalisé, et de plus en plus pour l'extrême-droite, comme si cette dernière n'avait pas fait la preuve mille fois qu'elle n'était pas, mais alors vraiment pas, l'ennemie des fonctionnaires.
Si on veut que ça change, cela commence par prendre conscience de sa force (800000 et quelque), de la nature de cette dernière (autant de bulletins de vote), et de son intérêt propre pour lequel l'employer (militer, voter, se préoccuper de politique). Le reste, c'est de la diversion, et voir que ça fonctionne si bien me désole.
Des raisons d'être énervé, il y en a, plein. Mais on parle de questions nationales, d'une politique globale qui s'inscrit dans l'attaque systématique des services publics, pour s'étendre sur quoi ? Le collègue de telle matière dans la salle à côté, qui est un gros fumiste, d'ailleurs tout le monde le sait, et c'est à cause des sales mercenaires de son espèce (les "pactés", comme on dirait les "lépreux" ou les "social-traîtres", une sorte de caste à part à honnir) que les mouvements enseignants n'arrivent à rien.
Eh bien non, ce n'est pas du tout pour ça. Les raisons pour laquelle les mouvements enseignants n'arrivent à rien, elles sont nombreuses, il y a notamment leur modalité d'action à base d'une journée de grève par trimestre, tactique en place depuis plus de vingt ans, tactique qui depuis plus de vingt ans a fait la preuve de sa totale inefficacité, il y a aussi la focalisation sur des luttes locales, à l'échelle d'un établissement, toute l'énergie passe là et pour le national il n'y a plus rien (il n'y a qu'à voir les HIS, et le taux de participation selon qu'il s'agisse d'action nationale ou de souci local) mais il y en a une qui est beaucoup plus importante : l'embourgeoisement culturel, et la dépolitisation qui vient avec. Autrement dit, l'affirmation que la politique, c'est quelque part un peu vulgaire, et voter pour une gauche de changement, c'est pas bien, c'est les extrêmes.
Alors que les enseignants à eux seuls (et plus encore en incluant tous les autres métiers de l'Education) devraient représenter un poids électoral considérable, être un lobby puissant et structuré non seulement dans son action syndicale, ou ce qu'il en reste, mais aussi et surtout en tant que faiseurs d'élus, ils continuent encore à voter pour ceux qui les maltraitent, c'est à dire la gauche molle, le centre radicalisé, et de plus en plus pour l'extrême-droite, comme si cette dernière n'avait pas fait la preuve mille fois qu'elle n'était pas, mais alors vraiment pas, l'ennemie des fonctionnaires.
Si on veut que ça change, cela commence par prendre conscience de sa force (800000 et quelque), de la nature de cette dernière (autant de bulletins de vote), et de son intérêt propre pour lequel l'employer (militer, voter, se préoccuper de politique). Le reste, c'est de la diversion, et voir que ça fonctionne si bien me désole.
- henrietteMédiateur
Je suis d'accord avec la seconde moitié de ton message, Ganbatte. Et j'ajoute juste que le Pacte est le symbole même de la perte du sentiment de corps, la porte ouverte à la rémunération au mérite et un révélateur redoutable du clivage entre revendication collective et chacun pour soi. Et que c'est parce que j'ai bien conscience de cela, alors que j'ai désormais deux appartements étudiants à payer dans 2 villes pas bon marché, et le prêt de la maison pas encore fini, que j'ai pris pour la première fois une heure de devoir fait, mais pas en pacte, même si ce serait bien mieux payé, car je vomis ce machin et je veux rester cohérente avec mes convictions.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Moi aussi, je suis d'accord avec l'idée de la nécessité d'une action plus forte et collective exprimée dans la deuxième partie du message de @Ganbatte. Même si on peut se demander si, ainsi formulé, l'appel à l'action ne culpabilise pas à peu de frais les contempteurs du pacte qui se sont exprimés ici, en supposant qu'il n'appartiendrait qu'aux enseignants de s'opposer comme un seul homme, et que c'est pratiquement à portée de main. Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale, et qu'ils seraient dès lors plus à même de comprendre qu'il faut se tourner vers une vraie "gauche de changement"? Enfin bon... les personnels de direction, rassemblés derrière le refus d'une "gauche molle" et du "centre radicalisé"? Cela se pourrait-il? Je n'ai rien a priori contre ce corps administratif, mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
Et je ne comprends pas trop la logique qu'il y a à considérer la critique des dérives du pacte comme hors sujet, parce que ces dérives sont justement, comme le dit @henriette, l'un des symptômes de la division du corps enseignant. Qu'il fait peu de doute que le pacte a été sciemment conçu dans le but de renforcer cette division par une institution (dont notre ministre n'est que l'inutile mascotte du moment) devenue experte en démontage du moteur de l'EN. Refuser unanimement le pacte aurait été ni plus ni moins qu'un de ces mouvements collectifs dont tu parles @Ganbatte. Pas suffisant peut-être pour contraindre le gouvernement à nous attribuer la véritable revalorisation qui avait été promise façon macronnage de campagne ou pour faire amender réellement les conditions d'exercice du métier, mais ç'aurait été un signal fort. Alors oui, cela n'a pas eu lieu. Encore une bataille de perdue. Mais ne pas voir le lien entre les dérives du pacte et cette question de l'action collective me semble curieux, tout comme le fait de s'étonner que certains expriment ici leurs critiques et leur amertume à ce sujet.
Et je ne comprends pas trop la logique qu'il y a à considérer la critique des dérives du pacte comme hors sujet, parce que ces dérives sont justement, comme le dit @henriette, l'un des symptômes de la division du corps enseignant. Qu'il fait peu de doute que le pacte a été sciemment conçu dans le but de renforcer cette division par une institution (dont notre ministre n'est que l'inutile mascotte du moment) devenue experte en démontage du moteur de l'EN. Refuser unanimement le pacte aurait été ni plus ni moins qu'un de ces mouvements collectifs dont tu parles @Ganbatte. Pas suffisant peut-être pour contraindre le gouvernement à nous attribuer la véritable revalorisation qui avait été promise façon macronnage de campagne ou pour faire amender réellement les conditions d'exercice du métier, mais ç'aurait été un signal fort. Alors oui, cela n'a pas eu lieu. Encore une bataille de perdue. Mais ne pas voir le lien entre les dérives du pacte et cette question de l'action collective me semble curieux, tout comme le fait de s'étonner que certains expriment ici leurs critiques et leur amertume à ce sujet.
- nonoHabitué du forum
En tous points d'accord avec toi !Aperçu par hasard a écrit:Moi aussi, je suis d'accord avec l'idée de la nécessité d'une action plus forte et collective exprimée dans la deuxième partie du message de @Ganbatte. Même si on peut se demander si, ainsi formulé, l'appel à l'action ne culpabilise pas à peu de frais les contempteurs du pacte qui se sont exprimés ici, en supposant qu'il n'appartiendrait qu'aux enseignants de s'opposer comme un seul homme, et que c'est pratiquement à portée de main. Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale, et qu'ils seraient dès lors plus à même de comprendre qu'il faut se tourner vers une vraie "gauche de changement"? Enfin bon... les personnels de direction, rassemblés derrière le refus d'une "gauche molle" et du "centre radicalisé"? Cela se pourrait-il? Je n'ai rien a priori contre ce corps administratif, mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
Et je ne comprends pas trop la logique qu'il y a à considérer la critique des dérives du pacte comme hors sujet, parce que ces dérives sont justement, comme le dit @henriette, l'un des symptômes de la division du corps enseignant. Qu'il fait peu de doute que le pacte a été sciemment conçu dans le but de renforcer cette division par une institution (dont notre ministre n'est que l'inutile mascotte du moment) devenue experte en démontage du moteur de l'EN. Refuser unanimement le pacte aurait été ni plus ni moins qu'un de ces mouvements collectifs dont tu parles @Ganbatte. Pas suffisant peut-être pour contraindre le gouvernement à nous attribuer la véritable revalorisation qui avait été promise façon macronnage de campagne ou pour faire amender réellement les conditions d'exercice du métier, mais ç'aurait été un signal fort. Alors oui, cela n'a pas eu lieu. Encore une bataille de perdue. Mais ne pas voir le lien entre les dérives du pacte et cette question de l'action collective me semble curieux, tout comme le fait de s'étonner que certains expriment ici leurs critiques et leur amertume à ce sujet.
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Prof en LP
- Ajonc35Sage
Merci Henriette. Très inégalitaire ce système ne favorise pas la solidarité. En fait, sur le long terme tout le monde est perdant. Pourquoi augmenter les salaires, puisqu'il y a les pactes? Et après il y aura les primes au mérite qui est un marronnier? Et puisqu'il y aura les primes, les salaires n'augmenteront pas non plus.henriette a écrit:Cet argent du Pacte aurait dû a minima servir à revaloriser vraiment les HSA, en particulier les 2 qu'on ne peut pas refuser.
Ensuite dire que des collègues ont besoin d'argent, OK, mais les Pactes sont terriblement inégalitaires : la collègue mère isolée a besoin d'argent mais ne peut matériellement pas faire des heures en plus. La revalorisation Pacte la laisse dans ses difficultés financières. Je suis désolée, mais dans ces conditions accepter de profiter d'un système aussi inégalitaire, je trouve ça honteux.
Le "oui mais tu comprends moi je", c'est entériner le "chacun pour soi", et ça me consterne.
M Ajonc s'est battu contre ces primes ( modestes) quand il était délégué du personnel, son.leitmotiv: on travaille pour un salaire pas pour des primes. ( on.voit les dérivés chez les grands patrons qui profitent de stock- options dont les cours augmentent quand ils licencient)
Dérive très libérale.
- Ajonc35Sage
800 000 enseignants ont bien peu de poids , à comparer avec 800 000 agriculteurs ( je lis actuellement " silence dans les champs" de Nicolas Legendre). 800 000 agriculteurs qui ont un syndicat puissant qui est présent un.peu partout dans les instances. Il y a certes de la solidarité mais elle n'explique pas tout. Commençons par ça !Ganbatte a écrit:Petite tirade mécontente du soir, en constatant que le fil consacré à la nouvelle ministre et à son action (ou son absence de) a dérivé pour plus de quatre pages sur encore et toujours le Pacte, matin midi et soir le Pacte, qu'est-ce que je te sers avec tes patates, oh ben du Pacte, et les mêmes arguments circulaires réchauffés, et la même amertume recuite. Et c'est symptomatique.
Des raisons d'être énervé, il y en a, plein. Mais on parle de questions nationales, d'une politique globale qui s'inscrit dans l'attaque systématique des services publics, pour s'étendre sur quoi ? Le collègue de telle matière dans la salle à côté, qui est un gros fumiste, d'ailleurs tout le monde le sait, et c'est à cause des sales mercenaires de son espèce (les "pactés", comme on dirait les "lépreux" ou les "social-traîtres", une sorte de caste à part à honnir) que les mouvements enseignants n'arrivent à rien.
Eh bien non, ce n'est pas du tout pour ça. Les raisons pour laquelle les mouvements enseignants n'arrivent à rien, elles sont nombreuses, il y a notamment leur modalité d'action à base d'une journée de grève par trimestre, tactique en place depuis plus de vingt ans, tactique qui depuis plus de vingt ans a fait la preuve de sa totale inefficacité, il y a aussi la focalisation sur des luttes locales, à l'échelle d'un établissement, toute l'énergie passe là et pour le national il n'y a plus rien (il n'y a qu'à voir les HIS, et le taux de participation selon qu'il s'agisse d'action nationale ou de souci local) mais il y en a une qui est beaucoup plus importante : l'embourgeoisement culturel, et la dépolitisation qui vient avec. Autrement dit, l'affirmation que la politique, c'est quelque part un peu vulgaire, et voter pour une gauche de changement, c'est pas bien, c'est les extrêmes.
Alors que les enseignants à eux seuls (et plus encore en incluant tous les autres métiers de l'Education) devraient représenter un poids électoral considérable, être un lobby puissant et structuré non seulement dans son action syndicale, ou ce qu'il en reste, mais aussi et surtout en tant que faiseurs d'élus, ils continuent encore à voter pour ceux qui les maltraitent, c'est à dire la gauche molle, le centre radicalisé, et de plus en plus pour l'extrême-droite, comme si cette dernière n'avait pas fait la preuve mille fois qu'elle n'était pas, mais alors vraiment pas, l'ennemie des fonctionnaires.
Si on veut que ça change, cela commence par prendre conscience de sa force (800000 et quelque), de la nature de cette dernière (autant de bulletins de vote), et de son intérêt propre pour lequel l'employer (militer, voter, se préoccuper de politique). Le reste, c'est de la diversion, et voir que ça fonctionne si bien me désole.
- M le MauditNiveau 9
Ajonc35 a écrit:800 000 enseignants ont bien peu de poids , à comparer avec 800 000 agriculteurs ( je lis actuellement " silence dans les champs" de Nicolas Legendre). 800 000 agriculteurs qui ont un syndicat puissant qui est présent un.peu partout dans les instances. Il y a certes de la solidarité mais elle n'explique pas tout. Commençons par ça !Ganbatte a écrit:Petite tirade mécontente du soir, en constatant que le fil consacré à la nouvelle ministre et à son action (ou son absence de) a dérivé pour plus de quatre pages sur encore et toujours le Pacte, matin midi et soir le Pacte, qu'est-ce que je te sers avec tes patates, oh ben du Pacte, et les mêmes arguments circulaires réchauffés, et la même amertume recuite. Et c'est symptomatique.
Des raisons d'être énervé, il y en a, plein. Mais on parle de questions nationales, d'une politique globale qui s'inscrit dans l'attaque systématique des services publics, pour s'étendre sur quoi ? Le collègue de telle matière dans la salle à côté, qui est un gros fumiste, d'ailleurs tout le monde le sait, et c'est à cause des sales mercenaires de son espèce (les "pactés", comme on dirait les "lépreux" ou les "social-traîtres", une sorte de caste à part à honnir) que les mouvements enseignants n'arrivent à rien.
Eh bien non, ce n'est pas du tout pour ça. Les raisons pour laquelle les mouvements enseignants n'arrivent à rien, elles sont nombreuses, il y a notamment leur modalité d'action à base d'une journée de grève par trimestre, tactique en place depuis plus de vingt ans, tactique qui depuis plus de vingt ans a fait la preuve de sa totale inefficacité, il y a aussi la focalisation sur des luttes locales, à l'échelle d'un établissement, toute l'énergie passe là et pour le national il n'y a plus rien (il n'y a qu'à voir les HIS, et le taux de participation selon qu'il s'agisse d'action nationale ou de souci local) mais il y en a une qui est beaucoup plus importante : l'embourgeoisement culturel, et la dépolitisation qui vient avec. Autrement dit, l'affirmation que la politique, c'est quelque part un peu vulgaire, et voter pour une gauche de changement, c'est pas bien, c'est les extrêmes.
Alors que les enseignants à eux seuls (et plus encore en incluant tous les autres métiers de l'Education) devraient représenter un poids électoral considérable, être un lobby puissant et structuré non seulement dans son action syndicale, ou ce qu'il en reste, mais aussi et surtout en tant que faiseurs d'élus, ils continuent encore à voter pour ceux qui les maltraitent, c'est à dire la gauche molle, le centre radicalisé, et de plus en plus pour l'extrême-droite, comme si cette dernière n'avait pas fait la preuve mille fois qu'elle n'était pas, mais alors vraiment pas, l'ennemie des fonctionnaires.
Si on veut que ça change, cela commence par prendre conscience de sa force (800000 et quelque), de la nature de cette dernière (autant de bulletins de vote), et de son intérêt propre pour lequel l'employer (militer, voter, se préoccuper de politique). Le reste, c'est de la diversion, et voir que ça fonctionne si bien me désole.
800000 enseignants ont bien peu de poids ??? En mars et avril 2020 on a pu voir que s'il n'y avait pas un enseignant nulle part en France dans les classes pendant un mois c'est la catastrophe totale. En fait on bloque tout car les parents ne peuvent pas aller travailler (en tout cas une partie), les enfants ne peuvent pas étudier convenablement... 4 ans après on entend toujours parler de l'effet covid. C'est dire le poids que l'on pourrait avoir. Mais bon 800000 enseignants en grève n'est pas possible...
- LadyOlennaModérateur
Je suis totalement d'accord avec ça, et m'étonne d'autant plus de l'absence de mobilisation des collègues quand je pense à la souffrance et à la colère qui se sont exprimées via le tchat lors de la visio avec la Ministre. Je ne comprends pas pourquoi on ne parvient pas à refuser collectivement quelque chose. On se mobiliserait tous, même si on en n'a "pas le droit", en deux jours c'est plié. Mais non, on fait, on est gentil, on a le sens du service public et de la loyauté. Il y a trois ans le SNPDEN a proposé d'envoyer un courrier type au Dasen indiquant qu'on démissionnait de nos fonctions de pilote de PIAL. Enthousiasme à la réunion, oui oui on va le faire. Le CDE avec qui je bossais l'a fait : ils étaient deux dans toute l'académie Idem pour les remontées RCD via Pronote : "on va bloquer la remontée, on ne cochera pas la case" "oui oui bonne idée" à l'unanimité. Personne ne l'a fait... Le ministère a bien raison de continuer à charger la mule jusqu'à épuisement.Aperçu par hasard a écrit:Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale
- JJNiveau 2
De mon côté, les pactés se disent "suffisamment payés" et ne voient généralement pas pourquoi ils feraient grêve.
Alors oui, ça ne résoudrait pas tout, mais ce serait déjà un début: de montrer un début de conscience collective. Or ce pacte est symptomatique de cet esprit individualiste.
Après, je suis le premier à être critique des stratégies syndicales, mais en l'attente les syndicats te répondront que si ils appellent à la grève longue, personne ne suivra, outre ceux qui ont une conscience collective forte, ce qu'ils constatent de moins en moins. D'ailleurs, les mêmes justifications reviendront : les fins de mois et la médiocrité de notre salaire, qui ne permet pas de faire une grève longue. D'autres modes d'actions sont réclamés depuis des années, mais nos syndicats sont assez peu innovants malheureusement.
Enfin, ceux qui votent pour une gauche de rupture de mon côté, refusent le pacte. Quand ceux qui votent parfois à l'autre bord (pour ceux favorable aux 3 jours de carences, aux RCD obligatoires etc) sont ceux qui acceptent justement le dit pacte. Mon établissement n'est peut être pas représentatif, mais cela rejoins ce que disait quelqu'un plus haut, entre la logique collective de certains encré à gauche, face à l'individualisme d'autres encrés à droite.
Alors oui, je suis amer face à ces collègues, mes excuses, mais ils ne me laissent pas le choix d'en penser autre chose.
Alors oui, ça ne résoudrait pas tout, mais ce serait déjà un début: de montrer un début de conscience collective. Or ce pacte est symptomatique de cet esprit individualiste.
Après, je suis le premier à être critique des stratégies syndicales, mais en l'attente les syndicats te répondront que si ils appellent à la grève longue, personne ne suivra, outre ceux qui ont une conscience collective forte, ce qu'ils constatent de moins en moins. D'ailleurs, les mêmes justifications reviendront : les fins de mois et la médiocrité de notre salaire, qui ne permet pas de faire une grève longue. D'autres modes d'actions sont réclamés depuis des années, mais nos syndicats sont assez peu innovants malheureusement.
Enfin, ceux qui votent pour une gauche de rupture de mon côté, refusent le pacte. Quand ceux qui votent parfois à l'autre bord (pour ceux favorable aux 3 jours de carences, aux RCD obligatoires etc) sont ceux qui acceptent justement le dit pacte. Mon établissement n'est peut être pas représentatif, mais cela rejoins ce que disait quelqu'un plus haut, entre la logique collective de certains encré à gauche, face à l'individualisme d'autres encrés à droite.
Alors oui, je suis amer face à ces collègues, mes excuses, mais ils ne me laissent pas le choix d'en penser autre chose.
- frimoussette77Guide spirituel
Mais en quoi prendre un pacte rendrait plus méritant ?henriette a écrit:Je suis d'accord avec la seconde moitié de ton message, Ganbatte. Et j'ajoute juste que le Pacte est le symbole même de la perte du sentiment de corps, la porte ouverte à la rémunération au mérite et un révélateur redoutable du clivage entre revendication collective et chacun pour soi. Et que c'est parce que j'ai bien conscience de cela, alors que j'ai désormais deux appartements étudiants à payer dans 2 villes pas bon marché, et le prêt de la maison pas encore fini, que j'ai pris pour la première fois une heure de devoir fait, mais pas en pacte, même si ce serait bien mieux payé, car je vomis ce machin et je veux rester cohérente avec mes convictions.
- Pontorson50Fidèle du forum
JJ a écrit:De mon côté, les pactés se disent "suffisamment payés" et ne voient généralement pas pourquoi ils feraient grêve.
Alors oui, ça ne résoudrait pas tout, mais ce serait déjà un début: de montrer un début de conscience collective. Or ce pacte est symptomatique de cet esprit individualiste.
Après, je suis le premier à être critique des stratégies syndicales, mais en l'attente les syndicats te répondront que si ils appellent à la grève longue, personne ne suivra, outre ceux qui ont une conscience collective forte, ce qu'ils constatent de moins en moins. D'ailleurs, les mêmes justifications reviendront : les fins de mois et la médiocrité de notre salaire, qui ne permet pas de faire une grève longue. D'autres modes d'actions sont réclamés depuis des années, mais nos syndicats sont assez peu innovants malheureusement.
Enfin, ceux qui votent pour une gauche de rupture de mon côté, refusent le pacte. Quand ceux qui votent parfois à l'autre bord (pour ceux favorable aux 3 jours de carences, aux RCD obligatoires etc) sont ceux qui acceptent justement le dit pacte. Mon établissement n'est peut être pas représentatif, mais cela rejoins ce que disait quelqu'un plus haut, entre la logique collective de certains encré à gauche, face à l'individualisme d'autres encrés à droite.
Alors oui, je suis amer face à ces collègues, mes excuses, mais ils ne me laissent pas le choix d'en penser autre chose.
Ce que j'ai graissé, ça je reconnais que c'est le principal obstacle à n'importe quelle satisfaction de revendications. Nous sommes certes 800 000, mais bien plus divers forcément qu'à 80 000. Or pour bloquer une institution, il faut une large majorité de convaincus de la même chose, des mêmes demandes.
Pareil sans doute chez les Cde : s'ils sont sans doute tous d'accord pour déplorer les errements d'un navire changeant sans cesse de commandant et subissant injonctions contradictoires et cumulatives dans leur champ, rien ne dit qu'ils soient d'accord largement sur ce qu'il conviendrait de prendre comme capitaine et comme cap.
En fait nous ne savons pas combien d'entre nous sommes réellement favorables à une amélioration massive de nos traitements et de nos conditions de travail: car il y a un contribuable et un épargnant derrière beaucoup d'enseignants aussi. Le discours sur l'impossibilité de nous payer correctement est sans doute beaucoup plus performatif que nous ne l'imaginons par ici.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
LadyOlenna a écrit:Je suis totalement d'accord avec ça, et m'étonne d'autant plus de l'absence de mobilisation des collègues quand je pense à la souffrance et à la colère qui se sont exprimées via le tchat lors de la visio avec la Ministre. Je ne comprends pas pourquoi on ne parvient pas à refuser collectivement quelque chose. On se mobiliserait tous, même si on en n'a "pas le droit", en deux jours c'est plié. Mais non, on fait, on est gentil, on a le sens du service public et de la loyauté. Il y a trois ans le SNPDEN a proposé d'envoyer un courrier type au Dasen indiquant qu'on démissionnait de nos fonctions de pilote de PIAL. Enthousiasme à la réunion, oui oui on va le faire. Le CDE avec qui je bossais l'a fait : ils étaient deux dans toute l'académie Idem pour les remontées RCD via Pronote : "on va bloquer la remontée, on ne cochera pas la case" "oui oui bonne idée" à l'unanimité. Personne ne l'a fait... Le ministère a bien raison de continuer à charger la mule jusqu'à épuisement.Aperçu par hasard a écrit:Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale
Pour ma part, je me demande si ce qui “manque” actuellement, derrière l'individualisme et l'effacement de l'attachement à un corps, ce n'est pas quelque chose de plus. Après tout, bien des syndicats ont agi, au XXè siècle et jusqu'à une date relativement récente (quelque chose comme 45/50 ans), dans un étayage avec un projet général d'amélioration de la société : projet qui appelait et justifiait des sacrifices (financiers, la plupart du temps, parfois même un peu plus) au présent pour obtenir un meilleur avenir. C'est peut-être à ce genre de projet que beaucoup ne croient plus, et le déclin de cette croyance (qui suppose un certain degré de confiance dans la possibilité d'un avenir) a peut-être pour effet de rabattre chacun à la simple maximisation de son propre intérêt. Ce serait, pour le dire en deux mots, l'un des effets de la sécularisation générale de la société.
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Si tu vales valeo.
- GanbatteHabitué du forum
Aperçu par hasard a écrit:Moi aussi, je suis d'accord avec l'idée de la nécessité d'une action plus forte et collective exprimée dans la deuxième partie du message de @Ganbatte. Même si on peut se demander si, ainsi formulé, l'appel à l'action ne culpabilise pas à peu de frais les contempteurs du pacte qui se sont exprimés ici, en supposant qu'il n'appartiendrait qu'aux enseignants de s'opposer comme un seul homme, et que c'est pratiquement à portée de main. Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale, et qu'ils seraient dès lors plus à même de comprendre qu'il faut se tourner vers une vraie "gauche de changement"? Enfin bon... les personnels de direction, rassemblés derrière le refus d'une "gauche molle" et du "centre radicalisé"? Cela se pourrait-il? Je n'ai rien a priori contre ce corps administratif, mais il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
Et je ne comprends pas trop la logique qu'il y a à considérer la critique des dérives du pacte comme hors sujet, parce que ces dérives sont justement, comme le dit @henriette, l'un des symptômes de la division du corps enseignant. Qu'il fait peu de doute que le pacte a été sciemment conçu dans le but de renforcer cette division par une institution (dont notre ministre n'est que l'inutile mascotte du moment) devenue experte en démontage du moteur de l'EN. Refuser unanimement le pacte aurait été ni plus ni moins qu'un de ces mouvements collectifs dont tu parles @Ganbatte. Pas suffisant peut-être pour contraindre le gouvernement à nous attribuer la véritable revalorisation qui avait été promise façon macronnage de campagne ou pour faire amender réellement les conditions d'exercice du métier, mais ç'aurait été un signal fort. Alors oui, cela n'a pas eu lieu. Encore une bataille de perdue. Mais ne pas voir le lien entre les dérives du pacte et cette question de l'action collective me semble curieux, tout comme le fait de s'étonner que certains expriment ici leurs critiques et leur amertume à ce sujet.
J'ai bien peur qu'il n'y ait pas grand chose à attendre de mon métier, à part suivre, et encore. Nous sommes d'anciens enseignants en majorité, donc passés par le même embourgeoisement culturel, doublé d'un relatif embourgeoisement financier. Nos syndicats ont des relais et s'expriment avec agilité, mais sont surtout dans des gains et compensations à court terme (des primes pour faire passer la pilule). Et puis pour les individus, beaucoup ont une sympathie plus qu'écornée pour les mobilisations des syndicats enseignants, puisqu'ils ont la sensation qu'elles consistent surtout à nous casser les pieds localement au lieu de se préoccuper de problèmes plus profonds. Enfin, on est dans une culture professionnelle du "il faut que ça fonctionne," qui laisse peu de placer à une réflexion politique un peu musclée.
Il y a certes la conviction partagée de la nécessité d'une revalorisation, mais ça ne fait pas tout.
Je répète ma conviction sur l'énergie déployée à se préoccuper du Pacte : c'est une diversion, un chiffon rouge, quand on se casse la tête à son sujet on ne travaille pas sur les sujets importants.
Le refuser unanimement aurait été un signal de rien du tout, la seule conclusion qui aurait été énoncée devant le grand public (si quelqu'un s'en était soucié) aurait été "ben la preuve est faite qu'ils ont bien assez d'argent, et sont trop feignants pour aller en chercher quand on leur propose" ; et le refus individuel seul dans son coin est encore moins opérant.
Pour le dire autrement, le refuser n'est pas une action, c'est une inaction. Je regrette que, depuis de nombreuses années, le mouvement social consiste en tenter d'empêcher des réformes - ce qui revient à agir pour maintenir le statut quo, comme s'il était satisfaisant - au lieu d'en réclamer qui nous conviennent, mais là c'est un cran en dessous.
- profdoctoujoursNiveau 6
JJ a écrit:De mon côté, les pactés se disent "suffisamment payés" et ne voient généralement pas pourquoi ils feraient grêve.
Alors oui, ça ne résoudrait pas tout, mais ce serait déjà un début: de montrer un début de conscience collective. Or ce pacte est symptomatique de cet esprit individualiste.
Après, je suis le premier à être critique des stratégies syndicales, mais en l'attente les syndicats te répondront que si ils appellent à la grève longue, personne ne suivra, outre ceux qui ont une conscience collective forte, ce qu'ils constatent de moins en moins. D'ailleurs, les mêmes justifications reviendront : les fins de mois et la médiocrité de notre salaire, qui ne permet pas de faire une grève longue. D'autres modes d'actions sont réclamés depuis des années, mais nos syndicats sont assez peu innovants malheureusement.
Enfin, ceux qui votent pour une gauche de rupture de mon côté, refusent le pacte. Quand ceux qui votent parfois à l'autre bord (pour ceux favorable aux 3 jours de carences, aux RCD obligatoires etc) sont ceux qui acceptent justement le dit pacte. Mon établissement n'est peut être pas représentatif, mais cela rejoins ce que disait quelqu'un plus haut, entre la logique collective de certains encré à gauche, face à l'individualisme d'autres encrés à droite.
Alors oui, je suis amer face à ces collègues, mes excuses, mais ils ne me laissent pas le choix d'en penser autre chose.
Perso je serai beaucoup plus motivée pour faire une grève longue que pour une grève de temps en temps dont j'ai la conviction qu'elle ne sert à rien. Il m'arrive de la faire par principe, mais avec l'impression de perdre argent et temps pour rien. Une grève longue serait certes plus compliquée financièrement, mais au moins j'aurais l'impression qu'on pourrait réussir à obtenir quelque chose. (et encore, à peine : quand je vois la mobilisation pour les retraites ou pour les agriculteurs qui n'ont mené soit à rien soit à de beaux discours qui n'ont rien changé, et de même pour d'autres types de mobilisation comme durant les mobilisations contre le nouveau bac, j'ai dû mal à penser que même ça serait suffisant, et à me débarrasser du sentiment qu'on peut se mobiliser tant qu'on veut et que ça ne change rien).
- Isis39Enchanteur
Ajonc35 a écrit:Merci Henriette. Très inégalitaire ce système ne favorise pas la solidarité. En fait, sur le long terme tout le monde est perdant. Pourquoi augmenter les salaires, puisqu'il y a les pactes? Et après il y aura les primes au mérite qui est un marronnier? Et puisqu'il y aura les primes, les salaires n'augmenteront pas non plus.henriette a écrit:Cet argent du Pacte aurait dû a minima servir à revaloriser vraiment les HSA, en particulier les 2 qu'on ne peut pas refuser.
Ensuite dire que des collègues ont besoin d'argent, OK, mais les Pactes sont terriblement inégalitaires : la collègue mère isolée a besoin d'argent mais ne peut matériellement pas faire des heures en plus. La revalorisation Pacte la laisse dans ses difficultés financières. Je suis désolée, mais dans ces conditions accepter de profiter d'un système aussi inégalitaire, je trouve ça honteux.
Le "oui mais tu comprends moi je", c'est entériner le "chacun pour soi", et ça me consterne.
M Ajonc s'est battu contre ces primes ( modestes) quand il était délégué du personnel, son.leitmotiv: on travaille pour un salaire pas pour des primes. ( on.voit les dérivés chez les grands patrons qui profitent de stock- options dont les cours augmentent quand ils licencient)
Dérive très libérale.
C'est exactement le discours politique de la majorité qui parle des pactes comme d'une revalorisation.
- dandelionVénérable
Si c’est bien le cas, la conséquence sera, paradoxalement, que l’esprit sacerdotal ou ‘missionnaire laïque’, ou plus simplement l’idée de ‘devoir’ qui motivait une partie des enseignants n’ayant plus cours, il faudra bien les payer pour qu’ils viennent travailler.epekeina.tes.ousias a écrit:LadyOlenna a écrit:Je suis totalement d'accord avec ça, et m'étonne d'autant plus de l'absence de mobilisation des collègues quand je pense à la souffrance et à la colère qui se sont exprimées via le tchat lors de la visio avec la Ministre. Je ne comprends pas pourquoi on ne parvient pas à refuser collectivement quelque chose. On se mobiliserait tous, même si on en n'a "pas le droit", en deux jours c'est plié. Mais non, on fait, on est gentil, on a le sens du service public et de la loyauté. Il y a trois ans le SNPDEN a proposé d'envoyer un courrier type au Dasen indiquant qu'on démissionnait de nos fonctions de pilote de PIAL. Enthousiasme à la réunion, oui oui on va le faire. Le CDE avec qui je bossais l'a fait : ils étaient deux dans toute l'académie Idem pour les remontées RCD via Pronote : "on va bloquer la remontée, on ne cochera pas la case" "oui oui bonne idée" à l'unanimité. Personne ne l'a fait... Le ministère a bien raison de continuer à charger la mule jusqu'à épuisement.Aperçu par hasard a écrit:Mais - pourrait-on observer - un tel élan n'est-il pas davantage réalisable chez les personnels de direction, qui, dotés d'un poids non négligeable, sont après tout moins nombreux (donc plus facile à fédérer, pourrait-on croire), d'autant plus qu'ils bénéficient d'une vue plus globale et donc plus avisée (pourrait-on croire) sur les maux de l'éducation nationale
Pour ma part, je me demande si ce qui “manque” actuellement, derrière l'individualisme et l'effacement de l'attachement à un corps, ce n'est pas quelque chose de plus. Après tout, bien des syndicats ont agi, au XXè siècle et jusqu'à une date relativement récente (quelque chose comme 45/50 ans), dans un étayage avec un projet général d'amélioration de la société : projet qui appelait et justifiait des sacrifices (financiers, la plupart du temps, parfois même un peu plus) au présent pour obtenir un meilleur avenir. C'est peut-être à ce genre de projet que beaucoup ne croient plus, et le déclin de cette croyance (qui suppose un certain degré de confiance dans la possibilité d'un avenir) a peut-être pour effet de rabattre chacun à la simple maximisation de son propre intérêt. Ce serait, pour le dire en deux mots, l'un des effets de la sécularisation générale de la société.
Je rappelle qu’il y a eu des grèves longues et suivies pour les retraites qui n’ont mené à rien. Aujourd’hui, il y a des différences aigues concernant certains principes qui rendent impossible toute cohésion autour d’une revendication commune. Finalement, la seule stratégie collective inconsciente reste la disparition : départs anticipés, démissions, reconversions, maladies diverses, refus de s’engager dans la carrière.
- JennyMédiateur
Ganbatte a écrit:Je répète ma conviction sur l'énergie déployée à se préoccuper du Pacte : c'est une diversion, un chiffon rouge, quand on se casse la tête à son sujet on ne travaille pas sur les sujets importants.
Le refuser unanimement aurait été un signal de rien du tout, la seule conclusion qui aurait été énoncée devant le grand public (si quelqu'un s'en était soucié) aurait été "ben la preuve est faite qu'ils ont bien assez d'argent, et sont trop feignants pour aller en chercher quand on leur propose" ; et le refus individuel seul dans son coin est encore moins opérant.
Pour le dire autrement, le refuser n'est pas une action, c'est une inaction. Je regrette que, depuis de nombreuses années, le mouvement social consiste en tenter d'empêcher des réformes - ce qui revient à agir pour maintenir le statut quo, comme s'il était satisfaisant - au lieu d'en réclamer qui nous conviennent, mais là c'est un cran en dessous.
L'institution sert d'ailleurs très bien cet argument aux équipes qui ont refusé à l'unanimité.
Au lieu de faire grève pour des mots d'ordre un peu rassembleurs, sur lesquels tout le monde pourrait se mettre d'accord, on préfère scruter la paye du voisin et lui faire la morale.
Pour la retraite, on a gardé dans la FP le principe qu'elle soit calculée sur les 6 derniers mois, ce n'est pas rien.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
dandelion a écrit:Si c’est bien le cas, la conséquence sera, paradoxalement, que l’esprit sacerdotal ou ‘missionnaire laïque’, ou plus simplement l’idée de ‘devoir’ qui motivait une partie des enseignants n’ayant plus cours, il faudra bien les payer pour qu’ils viennent travailler.
Je rappelle qu’il y a eu des grèves longues et suivies pour les retraites qui n’ont mené à rien. Aujourd’hui, il y a des différences aigues concernant certains principes qui rendent impossible toute cohésion autour d’une revendication commune. Finalement, la seule stratégie collective inconsciente reste la disparition : départs anticipés, démissions, reconversions, maladies diverses, refus de s’engager dans la carrière.
Mais cela n'est pas paradoxal et cela n'invalide pas l'hypothèse. Dans cette hypothèse, il ne reste que le calcul d'intérêt : difficile, avec cela, de parvenir à réfuter ceux qui estiment que leur intérêt est d'accepter des primes et autres services supplémentaires, puisque l'on ne peut guère employer soit que des arguments d'intérêt (mais qui n'ont pas plus de portée que ceux auxquels ils s'opposent), soit des arguments de dévouement (qui n'ont plus de portée face aux arguments d'intérêt).
D'autre part, s'il est vrai qu'il y a eu des grèves et des manifestations contre la réforme des retraites, on peut observer d'une part qu'il s'agit d'une mobilisation “contre” (et non pas “pour” quelque chose), de l'autre que la profession d'enseignant ne paraît pas s'être engagée dans un mouvement à la fois collectif et propre de grande envergure. Qui plus est, dans une société où prime le calcul d'intérêt par le fait de l'effacement des grands projets collectifs, il suffit à un pouvoir d'attendre que ceux qui font grève finissent par calculer que leur intérêt n'est pas de poursuivre la grève.
Enfin, s'agissant de payer les enseignants pour qu'ils viennent travailler, parce que le sens du devoir et du dévouement auraient disparu, j'en doute aussi. Certes, il semble bien que la disparition des grands projets mobilisateur entraîne avec elle les idées de devoir, de dévouement, etc. Mais cela implique seulement que les gens travaillent tendanciellement uniquement par intérêt : par intérêt financier, mais également par intérêt personnel pour certaines activités. D'autre part, les intérêts des enseignants font face à d'autres intérêts — et ils y font face de manière atomisée (puisqu'il n'y a guère de grande cause commune qui les animent) : les intérêts économiques et les intérêts politiques, eux, sont bien mieux organisés et ils peuvent de plus faire appel à l'appui du grand nombre (dont l'intérêt est différent de celui des enseignants). La logique même de l'intérêt est celle de la concurrence et de la “lutte” — mais sinon de la lutte de chacun contre tous, du moins celle de certains contre beaucoup (ce n'est pas la guerre naturelle dont parle Hobbes, mais cela ressemble fort à ce que l'on appelle oligarchie depuis Platon).
Disons que je me demande si un philosophe (méconnu, mais ce n'est guère étonnant) comme Castoriadis n'a pas raison d'affirmer qu'il existe une “institution imaginaire de la société”, dans laquelle certains éléments (dont la figuration de l'avenir, l'espoir d'une société meilleures, mais aussi la lutte de certains contre beaucoup, la prétendue conquête rationnelle et technique du monde, etc.) commandent un certain nombre de comportements et d'orientations collectives (au moins autant que les “conditions matérielles”).
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Si tu vales valeo.
- BaldredSage
Des nouvelles du cap qui semble tenir le navire vers le fond : La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, est attendue ce mardi 12 novembre dans un collège de L’Haÿ-les-Roses pour présenter “l’acte II du choc des savoirs”.
Elle s’exprimera sur les arbitrages décidés pour la rentrée 2025, pour “donner la visibilité nécessaire” à l’ensemble de la communauté éducative. La ministre assistera également au travail de deux groupes de besoins, mis en place au sein de l’établissement depuis la rentrée de septembre 2024.
Elle s’exprimera sur les arbitrages décidés pour la rentrée 2025, pour “donner la visibilité nécessaire” à l’ensemble de la communauté éducative. La ministre assistera également au travail de deux groupes de besoins, mis en place au sein de l’établissement depuis la rentrée de septembre 2024.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Baldred a écrit:Des nouvelles du cap qui semble tenir le navire vers le fond : La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, est attendue ce mardi 12 novembre dans un collège de L’Haÿ-les-Roses pour présenter “l’acte II du choc des savoirs”.
Elle s’exprimera sur les arbitrages décidés pour la rentrée 2025, pour “donner la visibilité nécessaire” à l’ensemble de la communauté éducative. La ministre assistera également au travail de deux groupes de besoins, mis en place au sein de l’établissement depuis la rentrée de septembre 2024.
Il y a des actes maintenant? C'est une tragédie ou une comédie?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Aperçu par hasard a écrit:Baldred a écrit:Des nouvelles du cap qui semble tenir le navire vers le fond : La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, est attendue ce mardi 12 novembre dans un collège de L’Haÿ-les-Roses pour présenter “l’acte II du choc des savoirs”.
Elle s’exprimera sur les arbitrages décidés pour la rentrée 2025, pour “donner la visibilité nécessaire” à l’ensemble de la communauté éducative. La ministre assistera également au travail de deux groupes de besoins, mis en place au sein de l’établissement depuis la rentrée de septembre 2024.
Il y a des actes maintenant? C'est une tragédie ou une comédie?
Puisque l'on en est à donner de la visibilité, je dirais que c'est une tragédie linguistique — et une comédie (une pantalonnade) intellectuelle.
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- BaldredSage
epekeina.tes.ousias a écrit:Aperçu par hasard a écrit:Baldred a écrit:Des nouvelles du cap qui semble tenir le navire vers le fond : La ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet, est attendue ce mardi 12 novembre dans un collège de L’Haÿ-les-Roses pour présenter “l’acte II du choc des savoirs”.
Elle s’exprimera sur les arbitrages décidés pour la rentrée 2025, pour “donner la visibilité nécessaire” à l’ensemble de la communauté éducative. La ministre assistera également au travail de deux groupes de besoins, mis en place au sein de l’établissement depuis la rentrée de septembre 2024.
Il y a des actes maintenant? C'est une tragédie ou une comédie?
Puisque l'on en est à donner de la visibilité, je dirais que c'est une tragédie linguistique — et une comédie (une pantalonnade) intellectuelle.
Elle mélange les images maritimes et tragiques, mais la question est hardie : l'histoire du Titanic est-elle une tragédie ? L'iceberg aurait-il pu choisir d'éviter de heurter le navire ? La question reste très débattue.
- MuM1Niveau 1
Bonjour,
Je ne comprends pas pourquoi notre ministere se félicite de "progrès notables" des élèves de 6eme aux évaluations nationales depuis 2017, alors qu'ils sont stables par rapport à l'année dernière , en mathématiques (à 1% près). Pourquoi, si la référence est 2017, ne s'est on pas réjoui dès l'an passé ?
Je ne comprends pas pourquoi notre ministere se félicite de "progrès notables" des élèves de 6eme aux évaluations nationales depuis 2017, alors qu'ils sont stables par rapport à l'année dernière , en mathématiques (à 1% près). Pourquoi, si la référence est 2017, ne s'est on pas réjoui dès l'an passé ?
- epekeina.tes.ousiasModérateur
La ministre se félicite parce que l'on a agi et que cela a donc immanquablement produit les effets attendus : tout va mieux. On ne s'est pas réjoui avant, parce que l'on n'avait pas agi et que donc, il n'était pas pensable que tout aille mieux.
Ou plus brièvement : l'important c'est d'y croire…
Il se pourrait bien que, lorsque l'on aura encore agi, tout aille donc immanquablement encore mieux. Et d'ici quelques années, l'éducation nationale mourra en pleine forme et parfaitement guérie.
Ou plus brièvement : l'important c'est d'y croire…
Il se pourrait bien que, lorsque l'on aura encore agi, tout aille donc immanquablement encore mieux. Et d'ici quelques années, l'éducation nationale mourra en pleine forme et parfaitement guérie.
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- BaldredSage
MuM1 a écrit:Bonjour,
Je ne comprends pas pourquoi notre ministere se félicite de "progrès notables" des élèves de 6eme aux évaluations nationales depuis 2017, alors qu'ils sont stables par rapport à l'année dernière , en mathématiques (à 1% près). Pourquoi, si la référence est 2017, ne s'est on pas réjoui dès l'an passé ?
" comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?"
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