Collège : groupes de niveaux maths et français, 2 scénarios

*Ombre* a écrit:Voilà, c'est exactement mon analyse.

Et puis réfléchissons bien : à l'heure où l'on peine à recruter, on pourra prendre presque n'importe qui. Il suffira d'exécuter, tout clef en mains.

Tout benef !

Personnellement, c'est décidé, je ferai ce que je veux avec les élèves en face. Je ne suis plus concernée par le PPCR, et, une fois la porte fermée, tout le monde se fiche de ce qu'on peut faire concrètement, alors...

Même chose ici.
Vieillerie power !

Concernée encore par le PPCR mais j'ai bien l'intention de faire aussi à ma sauce. Je finirai peut-être en camp de rééducation, au train où vont les choses, mais zut, je ne vais pas dire que 2+2=5 pour leur faire plaisir

Je ferai comme je peux aussi. Et les collègues et moi avons déjà annoncé qu'on ne ferait pas de progression commune : si par miracle un élève échappait au déterminisme dans lequel les groupes de niveaux sans moyens alloués l'ont plongé, alors il devra s'adapter à l'enseignant qu'il a en face, et tant pis s'il se trouve qu'il refait des trucs.

lilith888 a écrit:

*Ombre* a écrit:Voilà, c'est exactement mon analyse.

Et puis réfléchissons bien : à l'heure où l'on peine à recruter, on pourra prendre presque n'importe qui. Il suffira d'exécuter, tout clef en mains.

Tout benef !

Personnellement, c'est décidé, je ferai ce que je veux avec les élèves en face. Je ne suis plus concernée par le PPCR, et, une fois la porte fermée, tout le monde se fiche de ce qu'on peut faire concrètement, alors...

Même chose !

J'aimerais pouvoir dire la même chose.
Mais d'une part, il y a des éléments auxquels nous ne pourrons échapper, que nous subirons de toute façon : les groupes mouvants (si peu que ce soit), les emplois du temps affreux, les demi-journées banalisées (même si c'est pour y faire acte de présence en croisant les bras), la constitution des groupes (si on veut éviter le pire)...
D'autre part, une fois la porte de la classe fermée, vous sentez-vous vraiment capable de faire fi de la progression commune élaborée (par vos collègues, qui seront dans l'esprit "il faut bien"), en sachant que s'il y a brassage, vos élèves auront une progression bancale ? Ou êtes-vous sûres que les groupes seront intangibles ? Et s'il y a épreuve commune organisée par le CDE, comment s'y opposer, seul dans son établissement ? Refuser d'élaborer le sujet, c'est facile encore, mais refuser de corriger, même pour ses élèves ?
(Je ne veux pas être excessivement pessimiste, et tout ce que je pourrai mettre comme énergie - et comme inertie - contre ce bouzin innommable, je le mettrai ; mais il me semble difficile de s'abstraire complètement des contraintes qui vont être mises en place, à la fois par l'administration et par les collègues résignés.)

Si je comprends bien, le groupe des élèves en difficulté aura fait, dans le même nombre d'heures, la même chose que le groupe des meilleurs. C'est bien ça ? C'est merveilleux, il suffisait d'y penser !

lene75 a écrit:Si je comprends bien, le groupe des élèves en difficulté aura fait, dans le même nombre d'heures, la même chose que le groupe des meilleurs. C'est bien ça ? C'est merveilleux, il suffisait d'y penser !

C'est la même arnaque que la "différenciation" : on prétend continuer à dire que tous les élèves doivent arriver au même endroit en en donnant bien moins à une partie des élèves et alors que ces groupes ne feront, nécessairement, que creuser encore les écarts.

Par honnêteté, précisons : il est prévu "jusqu'à deux heures hebdomadaires de soutien" pour les élèves en difficulté.
Sur la base du volontariat on suppose.
Avec quels moyens, euh, attendez, je passe dans un tunnel.

Lédissé a écrit:J'aimerais pouvoir dire la même chose.
Mais d'une part, il y a des éléments auxquels nous ne pourrons échapper, que nous subirons de toute façon : les groupes mouvants (si peu que ce soit), les emplois du temps affreux, les demi-journées banalisées (même si c'est pour y faire acte de présence en croisant les bras), la constitution des groupes (si on veut éviter le pire)...
D'autre part, une fois la porte de la classe fermée, vous sentez-vous vraiment capable de faire fi de la progression commune élaborée (par vos collègues, qui seront dans l'esprit "il faut bien"), en sachant que s'il y a brassage, vos élèves auront une progression bancale ? Ou êtes-vous sûres que les groupes seront intangibles ? Et s'il y a épreuve commune organisée par le CDE, comment s'y opposer, seul dans son établissement ? Refuser d'élaborer le sujet, c'est facile encore, mais refuser de corriger, même pour ses élèves ?
(Je ne veux pas être excessivement pessimiste, et tout ce que je pourrai mettre comme énergie - et comme inertie - contre ce bouzin innommable, je le mettrai ; mais il me semble difficile de s'abstraire complètement des contraintes qui vont être mises en place, à la fois par l'administration et par les collègues résignés.)

Ce que tu dis est juste: cette réforme sera pesante et dégradera un peu plus nos conditions de travail, même si on l'applique à la marge.Par ailleurs, j'ai la chance d'être tombée sur une équipe de lettres où nous avons bien décidé, tous ensemble, de faire de la résistance passive et de ne pas rentrer là dedans. Pas de pression de ce côté là donc. Restera tout le reste que tu indiques(CDE,IPR). Bon courage par contre, si tu dois subir en plus la pression de ton équipe. Je pense d'ailleurs que ça fait partie de la manoeuvre de la paye au mérite telle qu'annoncée: il évoque des primes d'équipe, c'est une bonne technique pour que les employés se surveillent les uns les autres...

prime d'équipe ? c'est écrit où ce truc ?

C'est ce qu'annonçait Guerini sur France inter dans cette émission.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/questions-politiques/questions-politiques-du-dimanche-11-fevrier-2024-8315398

Merci !

Il manquerait plus que des collègues me cassent les pieds pour avoir une prime de ce type ....

Lédissé a écrit:Par honnêteté, précisons : il est prévu "jusqu'à deux heures hebdomadaires de soutien" pour les élèves en difficulté.
Sur la base du volontariat on suppose.
Avec quels moyens, euh, attendez, je passe dans un tunnel.

Les moyens ? Le Pacte signé par les PE. Qui s'en occuperont donc, bien entendu.

chmarmottine a écrit:Merci !

Il manquerait plus que des collègues me cassent les pieds pour avoir une prime de ce type ....

Apparemment, ça a dejà commencé dans la fonction hospitalière https://www.weka.fr/actualite/interviews/prime-d-engagement-collectif-valoriser-les-projets-et-les-agents-qui-les-portent-172491/

Donc, il y a :
- la grève de demain mercredi jeudi, sur les salaires dans la fonction publique, auquel on agrège l'opposition au choc des savoirs ;
- la résistance passive ;
- prendre part activement à la mise en place de la réforme pour éviter le moins pire ;
- la reconversion (j'ajoute la tentative de mutation en lycée).
Voyez-vous autre chose ?

yranoh a écrit:Donc, il y a :
- la grève de demain mercredi jeudi,  sur les salaires dans la fonction publique,  auquel on agrège l'opposition au choc des savoirs ;
- la résistance passive ;
- prendre part activement à la mise en place de la réforme pour éviter le moins pire ;
- la reconversion (j'ajoute la tentative de mutation en lycée).
Voyez-vous autre chose ?

Oui, mais ce serait trop tragique( une collègue m'a demandé si l'objectif du gouvernement était de tous nous pousser au burn out et en dépression grave, façon France Télécom et elle ne riait pas du tout). Chacun fait comme il peut pour faire face à ce qui lui tombe dessus. Sinon, plus positif, il y a peut-être aussi l'engagement politique.

Je ne sais pas si c'est l'objectif, mais ce choc des savoirs est très angoissant, et j'imagine en effet le risque de bore out.

On pourrait peut-être tenter de toucher, non pas les médias mainstream, c'est peine perdue dans un premier temps, ce qui est en jeu est bien trop complexe, mais les intellectuels ? Je précise que je partage tout à fait les analyses de Dominique Bucheton et d'Ombre.

En tout cas, j'ai trouvé que son analyse était très juste mais peu de chance que cela soit vraiment relayé médiatiquement . Côté action médiatique un peu plus "coup de poing" , la vidéo du 93 a finalement été une réussite. Les collègues se sont fait finalement sermonner et n'ont pas été sanctionnés, car la réaction du rectorat a permis de mettre sous les feux des projecteurs et la vidéo en question et la malveillance d'un rectorat qui fait tout pour étouffer l'affaire. Les collègues ont donc bénéficié d'un certain soutien, qui les a fait reculer. Comme quoi, quand on se serre les coudes.

Mood : je ferai ce qu'on me dira de faire, mais je ne réfléchirai à aucune progression commune ou truc de ce genre. Dans mon collège de toute façon c'est impossible à mettre en œuvre, on fonctionne tous différemment, on ne va pas à la même vitesse sur les mêmes choses. En maths et en français.

Je prendrai les élèves que l'on me donnera et je ferai le programme, et juste le programme. Que les IPR fassent les progressions et les groupes, pour une fois ils pourraient servir à quelque chose.

ylm a écrit:Mood : je ferai ce qu'on me dira de faire, mais je ne réfléchirai à aucune progression commune ou truc de ce genre. Dans mon collège de toute façon c'est impossible à mettre en œuvre, on fonctionne tous différemment, on ne va pas à la même vitesse sur les mêmes choses. En maths et en français.

Je prendrai les élèves que l'on me donnera et je ferai le programme, et juste le programme. Que les IPR fassent les progressions et les groupes, pour une fois ils pourraient servir à quelque chose.

Et si un CDE décide de devoirs communs, qu'il fasse les sujets et corrige les copies lui même aussi...

Stel6584 a écrit:
C'est encore pire que cela, Ruthven. On transforme notre métier en fonction d'exécutant : vous avez la progression obligatoire millimétrée, vous avez les manuels labellisés : yapluka. N'importe qui de pas trop couillon peut le faire

Un arcticle du café pédagogique, paru aujourd'hui, dans lequel Dominique Bucheton donne son avis sur la réforme des "Chocs de savoirs" et des groupes de niveau :

https://www.cafepedagogique.net/2024/03/18/dominique-bucheton-une-ecole-caporalisee/?fbclid=IwAR3Hw_909xzHrcIWJqVNjIiPJWZSDHG8yjk1DurvZvjyej126z2azvrRJtQ

Un nouveau modèle professionnel du métier enseignant se met lentement, insidieusement en place depuis JM Blanquer. C’est celui d’un enseignant qui exécute fidèlement la feuille de route envoyée par le ministre en place : un programme archi détaillé de connaissances et ou compétences accompagnées d’exemples de situations devant les mettre en œuvre. S’y ajoute un véritable harcèlement de préconisations diverses :livrets rouges ou verts, manuels officiels, évaluations incessantes ,des suppressions (les maîtres plus, la technologie en 6°), des ajouts ( sport, théâtre, diverses « éducations à », etc ). De quoi attraper le tournis !

Il peut être alors parfois tentant, notamment chez les enseignants les plus novices et peu formés, mal payés, chez des enseignants dont le nombre de classes, d’élèves de tâches ne cesse d’augmenter, ou chez les vacataires qui courent d’un établissement à l’autre, oui il peut être tentant d’accepter de chausser les nouveaux habits de « l’enseignant simple exécutant ». Ce sont les uniformes de l’obéissance aveugle du fonctionnaire. Un fonctionnaire auquel on demande d’abdiquer des pans entiers de sa liberté d’agir, de sa liberté de penser son enseignement en s’ajustant à un contexte, à des élèves divers, de manière créative, raisonnée, professionnelle, éthique et responsable. Le nouveau modèle de l’enseignant exécutant est tout le contraire. Pas besoin de penser. Adieu le praticien réflexif. Il suffit simplement de savoir bien appliquer, au bon moment, à des élèves auparavant bien triés, des leçons, des séquences, des évaluations, pré-pensées, voire aujourd’hui des modélisations cognitives.

Ce projet de caporalisation des enseignants entre en cohérence avec une réforme de la formation et les réductions drastiques budgétaires qui s’annoncent. Plus besoin d’enseignants longuement formés, bien payés, auteurs de leur activité et de leurs choix didactiques et pédagogiques! Des formations expresses, très cadrées et verticales, pendant les congés de préférence, suffiront. Des vacataires remplaçables dotés d’ un kit de leçons : quelles économies !

C'est déjà à l'œuvre dans le primaire depuis plusieurs années (et amplifié selon les régions par des IEN qui imposent LEUR méthode, ou UN manuel).

J'ai pu voir en quelques années une évolution majeure des conditions d'enseignement.

Quand l'équipe a de la bouteille, les dents qui ne raient pas le plancher, et ne cherche pas à plaire à tout prix, on peut faire un peu semblant et continuer à faire sa classe.

Inversement, quand on tombe dans une école (voire une circonscription) de bons élèves (le genre à dire : "monsieur l'inspecteur" en parlant de lui, à prendre soigneusement en note toutes les préconisations lors de la grand-messe avec l'IEN en soulignant en rouge, rose, turquoise les différents titres, à répéter en réunion "monsieur l'inspecteur a dit que", avec au choix le syndrome du bon élève qui veut plaire, le syndrome de Stockholm ou une absence totale de réflexion), c'est un calvaire.

lilith888 a écrit:

*Ombre* a écrit:Voilà, c'est exactement mon analyse.

Et puis réfléchissons bien : à l'heure où l'on peine à recruter, on pourra prendre presque n'importe qui. Il suffira d'exécuter, tout clef en mains.

Tout benef !

Personnellement, c'est décidé, je ferai ce que je veux avec les élèves en face. Je ne suis plus concernée par le PPCR, et, une fois la porte fermée, tout le monde se fiche de ce qu'on peut faire concrètement, alors...

Entièrement d'accord sur tous les points avec toutes les deux. Coucou Ombre, coucou Lilith ! Oh j'adore les vieilleries, ça tombe bien !

Coucou, Thalie.
On va avoir besoin de se remonter le moral et de faire jouer la solidarité, dans les années qui viennent.
Et de sortir les crocs, aussi !

Je vous suis au club de vieilleries , je ferai ce que je veux dans mes cours !

Je prends ma carte de membre dans le club des vieilleries alors
!Je suis très remontée mais je ne sais comment agir sans y laisser non plus ma santé mentale.