Le nouveau DNB ou le brevet version Attal

Plusieurs éléments :

- le développement des CPS est un des besoins criants de notre système éducatif, tous les rapports de toutes les instances, françaises ou internationales, et toutes les recherches scientifiques sont unanimes sur ce point.

Problème : la formation sur CPS a attiré tout un tas de gens (collègues et associations/entreprises) qui surfent sur ce phénomène pour apporter leurs idées "new age" "new management" "transhumanisme" "développement personnel". L'exemple de Jenny est criant de cela.

A côté, on a quelques groupes de formateurs appuyés par des chercheurs qui font des choses très bien à partir d'enquêtes et de travaux de recherche. Je prends un exemple : les élèves disent que la salle de classe est l'un des lieux les moins éprouvants au collège, alors que le chemin vers l'école et les toilettes sont des lieux de très grande anxiété. Dans les formations sur les CPS que je connais, on traite de cela et on cherche des solutions adaptées.

A côté, on nous vend des pratiques de méditation de pleine conscience... comment dire ? Evidemment, soit par des associations soit par des collègues auto-convaincus. Notre hiérarchie est aussi perméable à ces dérives que le reste de la société et si ça permet de cocher une case sur un tableur, c'est parfait (il faudra un jour parler de la politique par le tableur).

Après, pour la météo des émotions, je pense sincèrement pour l'avoir vu pratiquée en lycée que c'est efficace. Après, c'est le processus de la météo des émotions qui est importante. Au collège, je peux dire qu'on fait la météo des émotions en positionnant les élèves soit par soleil, nuages, pluie ou tempête et ensuite les laisser libre de dire pourquoi ou non, ce n'est pas la réponse qui importe, c'est le processus et la reconnaissance qu'ils ont des émotions et qu'elles varient et que le professeur leur reconnaît cette facette d'eux. Au lycée, j'utiliserai facilement la météo des émotions mais en la transformant en un élément plus dynamique, notamment avec le stress généré par le bac et parcoursup (on peut en discuter) afin d'ouvrir la discussion et proposer des pistes de résolution des besoins de mes élèves de lycée. Je crains que tu n'aies eu des gens qui n'ont pas un recul méta sur les outils Bon, j'arrête de défendre la météo des émotions, je peux comprendre que ça clive.

Dans tous les cas, on va se prendre des choses qui seront parfois sectaires avec les CPS. A Versailles, on a un super formateur issu d'une équipe accompagnée par des chercheurs et j'ai beaucoup appris avec lui (alors que je suis assez réfractaire, maintenant, je suis devenu un ardent défenseur du droit aux toilettes dignes pour les élèves).

Quelques remarques:
*Que beaucoup de toilettes soient dans un état indigne, c'est certain. Mais on pourrait peut-être embaucher pour les maintenir dans un étét correct.
*J'ai un gros doute sur l'amélioration des conditions de travail des élèves et des adultes grace à ce concept.
*L'idée soleil = beau temps m'agace profondémént. Pour un paysan,(au hasard mon père)soleil n'était pas forcément synonyme de bonnes conditions d'élevage. Quand la météo est trop longtemps au soleil, ne risque-t-on pas la sécheresse?

Et bien je pense que l'ensemble du corps enseignant devrait catégoriquement refuser d'évaluer ces CPS. D'ailleurs est-ce notre métier ? Si on fait ça nous serons définitivement des "éducateurs"....

M le Maudit a écrit:Et bien je pense que l'ensemble du corps enseignant devrait catégoriquement refuser d'évaluer ces CPS. D'ailleurs est-ce notre métier ? Si on fait ça nous serons définitivement des "éducateurs"....

Ou des coach en développement personnel, c'est à la mode .

Vous m'effrayez.... J'ai été formée pour apprendre la littérature et la grammaire aux élèves ( je raccourcis exprès). Je ne me sens pas capable d'évaluer ces CPS, et je crois que je n'en ai pas envie.
N'est ce pas aux parents d'apprendre tout cela aux enfants ?
Même si je trouve que faire la météo en 6 ème ne serait pas mal pour travailler sur l'expression des émotions

pub314 a écrit:

M le Maudit a écrit:Et bien je pense que l'ensemble du corps enseignant devrait catégoriquement refuser d'évaluer ces CPS. D'ailleurs est-ce notre métier ? Si on fait ça nous serons définitivement des "éducateurs"....

Ou des coach en développement personnel, c'est à la mode .

Ah ben avec un petit groupe de 4/5 élèves pourquoi pas !!!!!!!

En tout cas, la liste des CPS établie par Santé publique France et rappelée plus haut ne laisse pas de doute: à peu de chose près, la vie est une sorte de très long entretien d'embauche.

Elyas a écrit:Au lycée, j'utiliserai facilement la météo des émotions mais en la transformant en un élément plus dynamique, notamment avec le stress généré par le bac et parcoursup (on peut en discuter) afin d'ouvrir la discussion et proposer des pistes de résolution des besoins de mes élèves de lycée. Je crains que tu n'aies eu des gens qui n'ont pas un recul méta sur les outils Bon, j'arrête de défendre la météo des émotions, je peux comprendre que ça clive.

Aucun recul pour le coup.
A part nous faire tester ces activités (et je t'avoue que je n'ai pas envie d'expliquer à un amphi pourquoi je me sens mal pluie, encore moins dans un cadre professionnel), il n y avait aucun contenu. Et effectivement, ça ne donne aucune envie de tester ce genre d'outils. Et je me dis que des élèves pourraient mal le vivre aussi... Il faudrait sans doute placer des limites avant de mettre en place ce genre de trucs, mais ça n'a pas été dit.

Pour les toilettes, j'en suis convaincue et je vois bien les élèves qui traînent dans ma salle à l'heure de la récré. Mais il y a une question de sécurisation des établissements scolaires et d'hygiène minimale qui ne se réglera pas par les CPS.
Ce que tu décris est effectivement a priori plus intéressant (et ressemble un peu à ce que j'ai eu en éducation à la sexualité).

Jenny a écrit:
Pour les toilettes, j'en suis convaincue et je vois bien les élèves qui traînent dans ma salle à l'heure de la récré. Mais il y a une question de sécurisation des établissements scolaires et d'hygiène minimale qui ne se réglera pas par les CPS.
Ce que tu décris est effectivement a priori plus intéressant (et ressemble un peu à ce que j'ai eu en éducation à la sexualité).

Il me semble assez évident que si les toilettes sont des lieux de grande anxiété, ce n'est pas prioritairement pour des raisons liées à l'hygiène.

Jenny a écrit:

Elyas a écrit:A noter que pour la formation, c'est le succès fou ces CPS. Les demandes des chefs ET des collègues sont énormes.

Celle que j’ai subie a été un fiasco, je n’ai jamais vu ça en formation : hostilité de la plupart des collègues et une salle qui se vide très vite.

Pareil pour moi l'an dernier, j'ai rarement vu une formation aussi ...à côté de la plaque. Mes collègues et moi n'avions rien demandé; ce fut long, très long.

Jenny a écrit:

Elyas a écrit:Au lycée, j'utiliserai facilement la météo des émotions mais en la transformant en un élément plus dynamique, notamment avec le stress généré par le bac et parcoursup (on peut en discuter) afin d'ouvrir la discussion et proposer des pistes de résolution des besoins de mes élèves de lycée. Je crains que tu n'aies eu des gens qui n'ont pas un recul méta sur les outils Bon, j'arrête de défendre la météo des émotions, je peux comprendre que ça clive.

Aucun recul pour le coup.
A part nous faire tester ces activités (et je t'avoue que je n'ai pas envie d'expliquer à un amphi pourquoi je me sens mal pluie, encore moins dans un cadre professionnel), il n y avait aucun contenu. Et effectivement, ça ne donne aucune envie de tester ce genre d'outils. Et je me dis que des élèves pourraient mal le vivre aussi... Il faudrait sans doute placer des limites avant de mettre en place ce genre de trucs, mais ça n'a pas été dit.

Pour les toilettes, j'en suis convaincue et je vois bien les élèves qui traînent dans ma salle à l'heure de la récré. Mais il y a une question de sécurisation des établissements scolaires et d'hygiène minimale qui ne se réglera pas par les CPS.
Ce que tu décris est effectivement a priori plus intéressant (et ressemble un peu à ce que j'ai eu en éducation à la sexualité).

En réalité, quand on travaille avec les CPS, la consultation des élèves sur ce qui atteint leur dignité ou leur donne de la sérénité est un élément central. La question des toilettes est un vrai problème de santé publique puisque le mal aux ventres (réel) de millions d'élèves est dû au fait que plus de 60% des élèves de primaire et de collège ne vont pas aux toilettes quand ils sont dans leur établissement scolaire parce que le lieu les fait fuir (pour de nombreuses raisons). Cela contribue au bien-être des élèves mais les adultes s'en fichent pour des raisons d'économie (comme le dit un néo plus haut, il faudrait embaucher) et en accusant les élèves de détériorer les toilettes (ce qui est dû à 1% des élèves mais on accuse 100% des élèves).

Là, on sort du truc.

Le projet actuel des CPS est une aberration.

Aperçu par hasard : Je mets les deux (sécurisation et hygiène). C'est cracra aussi... et ça ressort dans les enquêtes faites auprès des élèves, qui évitent parfois d'y aller.

Ellena : J'avoue ne pas être restée bien longtemps.

Pour les CPS, pour l'instant je ne vois même pas l'intérêt d'en parler. Je sens venir le scénario habituel: annonce, usine à gaz, contestation, promesse de formation, retour sur des premières formations ineptes, de nombreux collègues pas formés et pas convoqués, tout le monde en parle mais personne ne s'en occupe, fin d'année, tableau à remplir par le PP pour le conseil de classe du 3e trimestre, pendant le conseil de classe le tableau est projeté une seconde et demi et personne ne le regarde car tout le monde à l'oeil sur la montre.

Jenny a écrit:Aperçu par hasard : Je mets les deux (sécurisation et hygiène). C'est cracra aussi... et ça ressort dans les enquêtes faites auprès des élèves, qui évitent parfois d'y aller.

Ellena : J'avoue ne pas être restée bien longtemps.

Il faudrait préciser ce que tu entends par "sécurisation". Les toilettes sont des lieux où (hormis pour l'entretien) les adultes n'entrent pas. C'est normal évidemment, mais de ce fait des phénomènes de type agression ou harcèlement peuvent s'y dérouler en toute discrétion. Je ne vois pas d'ailleurs comment il serait possible de "sécuriser" des toilettes scolaires pour remédier à cela.

On pourrait commencer par des portes qui ferment (c'est une préconisation du défenseur des droits) et une surveillance aux abords.

Jenny a écrit:On pourrait commencer par des portes qui ferment et une surveillance aux abords.

Surveiller toutes les toilettes d'un établissement? Pas simple quand on voit le manque ordinaire de surveillants. Quant aux portes qui ferment, c'est évidemment nécessaire. Mais cela ne suffira pas à mon avis à supprimer le côté anxiogène des toilettes, parce qu'une porte qui ferme, on peut aussi s'en servir pour t'empêcher de sortir.

On en revient toujours au même... Il faut des moyens, les formations new âge ne vont pas résoudre grand chose.

KrilinXV3 a écrit:Pour les CPS, pour l'instant je ne vois même pas l'intérêt d'en parler. Je sens venir le scénario habituel: annonce, usine à gaz, contestation, promesse de formation, retour sur des premières formations ineptes, de nombreux collègues pas formés et pas convoqués, tout le monde en parle mais personne ne s'en occupe, fin d'année, tableau à remplir par le PP pour le conseil de classe du 3e trimestre, pendant le conseil de classe le tableau est projeté une seconde et demi et personne ne le regarde car tout le monde à l'oeil sur la montre.

C'est ce qui va exactement se passer. J'ajoute que l'on dira que c'est à cause du manque de formation et devolonté des professeurs.

LemmyK a écrit:

KrilinXV3 a écrit:Pour les CPS, pour l'instant je ne vois même pas l'intérêt d'en parler. Je sens venir le scénario habituel: annonce, usine à gaz, contestation, promesse de formation, retour sur des premières formations ineptes, de nombreux collègues pas formés et pas convoqués, tout le monde en parle mais personne ne s'en occupe, fin d'année, tableau à remplir par le PP pour le conseil de classe du 3e trimestre, pendant le conseil de classe le tableau est projeté une seconde et demi et personne ne le regarde car tout le monde à l'oeil sur la montre.

C'est ce qui va exactement se passer. J'ajoute que l'on dira que c'est à cause du manque de formation et devolonté des professeurs.

Ou alors, on considérera simplement que ça tourne comme une horloge et que ce dispositif atteint son mode de fonctionnement optimal, ce qui est le cas dans l'EN quand ça dysfonctionne sans trop de bruit et avec un maximum de fluidité.

Marrant de parler de bien être des élèves et de s'en soucier alors que le mal être des enseignants est au plus haut et que c'est à eux qu'on va demander de jauger le bien être de leurs chères têtes blondes. Bienvenue en Shadokie !!!

Je ne connaissais pas ce truc de météo des émotions, mais désormais je commence à saisir pourquoi, dans le nouvel ENT des collèges des Bouches-du-Rhône, les élèves peuvent renseigner leur "humeur du jour".

Je suis d’accord avec Elyas et Mistinguett.
Et notamment : ça se cultive, ça ne s’évalue pas (ou auto-évaluation pour mesurer comme on progresse).
Comme je l’ai dit, j’ai beaucoup avancé là-dessus à titre personnel, et je vois une vraie différence — avec mes beaux-enfants par exemple ! Eux-mêmes ont senti la différence et l’ont exprimé.
Et je vois bien à quel point des collègues se maltraitent et se rendent encore plus malheureu·ses que nécessaire (parce que ce n’est pas comme si tout était rose non plus…) faute d’accepter ce genre d’approche. La communication non-violente a littéralement changé ma vie.

La météo des émotions, avec des plus grands, peut se faire avec d’autres outils — choisir simplement des mots, par exemple. Et on n’est pas tenu d’expliquer. Juste exprimer comment on se sent. Entre adultes, des réunions qui commencent avec un tour de table «dans quel état, dans quelle énergie on est» sont souvent bien plus sereines.
En effet, cela demande de la confiance en la personne qui anime les échanges.

La difficulté, avec ces histoires de compétences psychosociales, est de veiller à ne pas dépolitiser les causes structurelles du mal-être. À mon sens, se contenter dans son coin de prendre soin de soi et de se préserver contre la violence du monde est une impasse. C’est nécessaire, mais non suffisant. Ça ne dispense pas de chercher à agir, d’avoir conscience des rapports de force, etc. Au contraire : cela aide à devenir plus solide et plus sûr de soi pour y faire face.

uneodyssée a écrit:Je suis d’accord avec Elyas et Mistinguett.
Et notamment : ça se cultive, ça ne s’évalue pas (ou auto-évaluation pour mesurer comme on progresse).
Comme je l’ai dit, j’ai beaucoup avancé là-dessus à titre personnel, et je vois une vraie différence — avec mes beaux-enfants par exemple ! Eux-mêmes ont senti la différence et l’ont exprimé.
Et je vois bien à quel point des collègues se maltraitent et se rendent encore plus malheureu·ses que nécessaire (parce que ce n’est pas comme si tout était rose non plus…) faute d’accepter ce genre d’approche. La communication non-violente a littéralement changé ma vie.

La météo des émotions, avec des plus grands, peut se faire avec d’autres outils — choisir simplement des mots, par exemple. Et on n’est pas tenu d’expliquer. Juste exprimer comment on se sent. Entre adultes, des réunions qui commencent avec un tour de table «dans quel état, dans quelle énergie on est» sont souvent bien plus sereines.
En effet, cela demande de la confiance en la personne qui anime les échanges.

La difficulté, avec ces histoires de compétences psychosociales, est de veiller à ne pas dépolitiser les causes structurelles du mal-être. À mon sens, se contenter dans son coin de prendre soin de soi et de se préserver contre la violence du monde est une impasse. C’est nécessaire, mais non suffisant. Ça ne dispense pas de chercher à agir, d’avoir conscience des rapports de force, etc. Au contraire : cela aide à devenir plus solide et plus sûr de soi pour y faire face.

Est-ce que tu as un livre à conseiller sur ce sujet ?

VanGogh59 a écrit:Marrant de parler de bien être des élèves et de s'en soucier alors que le mal être des enseignants est au plus haut et que c'est à eux qu'on va demander de jauger le bien être de leurs chères têtes blondes. Bienvenue en Shadokie !!!

C'est exactement ça.

uneodyssée a écrit:La météo des émotions, avec des plus grands, peut se faire avec d’autres outils — choisir simplement des mots, par exemple. Et on n’est pas tenu d’expliquer. Juste exprimer comment on se sent. Entre adultes, des réunions qui commencent avec un tour de table «dans quel état, dans quelle énergie on est» sont souvent bien plus sereines.
En effet, cela demande de la confiance en la personne qui anime les échanges.

Moi, ça me stresse terriblement... je n'ai pas envie de répondre, de répondre l'inverse, de me mettre à l'écart. J'ai horreur de ça, vraiment.
Comment tu cadres ? En leur demandant de ne pas expliquer, de ne pas poser de questions ?

uneodyssée a écrit:
La météo des émotions, avec des plus grands, peut se faire avec d’autres outils — choisir simplement des mots, par exemple. Et on n’est pas tenu d’expliquer. Juste exprimer comment on se sent. Entre adultes, des réunions qui commencent avec un tour de table «dans quel état, dans quelle énergie on est» sont souvent bien plus sereines.

Je n'ai jamais vu cela, et je n'imagine même pas comme cela pourrait être amené dans un cadre professionnel, et comment on pourrait imaginer que dans ce cas la réponse puisse être sincère et non biaisée.