- Lisak40Expert spécialisé
Pour tempérer un peu mes propos qui penvent sembler être durs (mais je crois qu'il faut "reprendre" Parménide sur son déni total de réalité), je pense comme l'ont suggéré déjà certains collègues, que lire / écrire, et peut-être écrire pour des blogs de la philosophie en "loisir" peut être un bon moyen de se faire plaisir, mais comme il faut faire bouillir la marmite (et franchement je ne crois pas qu'au RSA, on puisse le faire trop souvent), il faut aussi un travail à côté. Et l'enseignement, ça peut encore laisser un peu de temps (enfin pas les 1ères années ni si on a beaucoup d'ambitions d'un point de vue "pécunier", parce que du coup ça veut dire beaucoup d'HSA/HSE, et de missions chronophages), notamment si on est agrégé. Je connais pas mal de profs agrégés justement qui font de la recherche à côté, et la grande majorité n'a aucune ambition d'aller enseigner en Fac (ambition qu'ils savent de toutes les façons irréalisable), beaucoup le font justement pour le challenge intellectuel, pour le plaisir et cela semble les rendre heureux.
Je peux aussi parler de mon exemple : je ne suis absolument pas angliciste à la base, mais le suis devenue car grand amour du cinéma et de la littérature anglophones. Acculée socialement, économiquement et professionnellement il y a 10 ans lorsque je vivais dans un pays anglophone, je suis rentrée en France où j'ai pris un poste de contractuelle en anglais. Puis j'ai passé et obtenu le PLP (j'ai raté les oraux du CAPES, j'aurais pu aussi m'en émouvoir, mais j'avais besoin d'un travail donc c'est la vie), alors que je ne m'étais jamais destinée à enseigner. Et donc maintenant, ce métier ne me convient plus (ceux qui me lisent ici le savent), notamment parce que les conditions sont trop dures. J'ai un moment envisagé de passer l'agrégation, pour me dire que je n'étais pas une idiote, et pour gagner plus en travaillant moins. Sauf que finalement, je sais que je ne me vois pas enseigner, et surtout pas jusqu'à 67 ans (en pro et même dans le général, vu les élèves, on sera en HP ou au fond du trou avant je pense...) donc j'ai décidé de me tourner vers totalement autre chose... Donc pourquoi m'épuiser à essayer de passer un concours très difficile alors qu'au final je sais que je ne veux plus sur le long terme être enseignante ? Est-ce que cela veut dire que je ne vais pas pouvoir entretenir ce goût pour la littérature, les séries TV et le cinéma anglophones ? Non c'est tout le contraire : j'aurai un travail qui me permettra toujours de manger, de payer mon crédit et tout le reste mais qui ne me bouffera pas le corps et l'esprit et m'empêchera de tomber raide d'épuismement mental tous les soirs devant mon ordi à 21h30 alors qu'il me reste une bonne heure de boulot (voire deux) et donc m'empêche de "vivre" cette passion à fond (puisque je ne lis pas du tout en semaine, tout au plus 10 15 mins dans les transports quand ce n'est pas trop blindé, càd jamais)...
Du coup Parménide, plutôt que de t'épuiser à passer l'agrégation pour ne surtout pas enseigner en lycée et continuer à te perdre dans un projet totalement utopique, si tu aimes les lettres, les livres, la littérature, la culture et ce genre de choses, pourquoi ne pas simplement essayer de devenir bibliothécaire (le concours A est ardu mais le B doit être accessible) ou même libraire ? Tu aurais toujours le temps de "philosopher", mais serais un peu plus dans le monde et il y aurait moins ce besoin de réparer cette blessure narcissique qui semble être la tienne ?
Je peux aussi parler de mon exemple : je ne suis absolument pas angliciste à la base, mais le suis devenue car grand amour du cinéma et de la littérature anglophones. Acculée socialement, économiquement et professionnellement il y a 10 ans lorsque je vivais dans un pays anglophone, je suis rentrée en France où j'ai pris un poste de contractuelle en anglais. Puis j'ai passé et obtenu le PLP (j'ai raté les oraux du CAPES, j'aurais pu aussi m'en émouvoir, mais j'avais besoin d'un travail donc c'est la vie), alors que je ne m'étais jamais destinée à enseigner. Et donc maintenant, ce métier ne me convient plus (ceux qui me lisent ici le savent), notamment parce que les conditions sont trop dures. J'ai un moment envisagé de passer l'agrégation, pour me dire que je n'étais pas une idiote, et pour gagner plus en travaillant moins. Sauf que finalement, je sais que je ne me vois pas enseigner, et surtout pas jusqu'à 67 ans (en pro et même dans le général, vu les élèves, on sera en HP ou au fond du trou avant je pense...) donc j'ai décidé de me tourner vers totalement autre chose... Donc pourquoi m'épuiser à essayer de passer un concours très difficile alors qu'au final je sais que je ne veux plus sur le long terme être enseignante ? Est-ce que cela veut dire que je ne vais pas pouvoir entretenir ce goût pour la littérature, les séries TV et le cinéma anglophones ? Non c'est tout le contraire : j'aurai un travail qui me permettra toujours de manger, de payer mon crédit et tout le reste mais qui ne me bouffera pas le corps et l'esprit et m'empêchera de tomber raide d'épuismement mental tous les soirs devant mon ordi à 21h30 alors qu'il me reste une bonne heure de boulot (voire deux) et donc m'empêche de "vivre" cette passion à fond (puisque je ne lis pas du tout en semaine, tout au plus 10 15 mins dans les transports quand ce n'est pas trop blindé, càd jamais)...
Du coup Parménide, plutôt que de t'épuiser à passer l'agrégation pour ne surtout pas enseigner en lycée et continuer à te perdre dans un projet totalement utopique, si tu aimes les lettres, les livres, la littérature, la culture et ce genre de choses, pourquoi ne pas simplement essayer de devenir bibliothécaire (le concours A est ardu mais le B doit être accessible) ou même libraire ? Tu aurais toujours le temps de "philosopher", mais serais un peu plus dans le monde et il y aurait moins ce besoin de réparer cette blessure narcissique qui semble être la tienne ?
- CasparProphète
Je suis persuadé que ça peut être une très bonne chose de séparer sa passion pour la philo ou autre chose et sa vie professionnelle (contrairement aux clichés sur le "métier-passion").
- lene75Prophète
Oui le nombre de postes a beaucoup augmenté et le rapport s'est inversé entre Capes et agrégation. Quand j'ai passé les concours il y avait 26 postes au Capes et une petite quarantaine à l'agrégation, nombre maintenu grâce à la pression des ENS, parce qu'il avait été question que ce soit encore moins. Cela dit ça reste toujours peu et visiblement insuffisant puisque nous sommes en grande difficulté dans mon académie pour avoir des contractuels, ne parlons pas de TZR qui sont tous en poste en septembre. Ça me fait enrager de voir que des élèves sont sans prof quand je pense aux copains qui tenaient la route qui ont échoué aux concours.
Je conçois très bien qu'on ne veuille pas enseigner dans le secondaire. Ce n'est pas une question de métier honteux, c'est une question de conditions de travail. Si j’avais 20 ans aujourd'hui je ne suis pas sûre que je le referais. Encore moins à 40 ans en n'ayant pas déjà 15 ans de métier derrière moi. J'ai connu de belles années, mais c'est du passé. Les conditions d'enseignement de la philosophie se sont fortement dégradées dans beaucoup d'endroits à tous points de vue. Notre brillante TZR agrégée néotitulaire qui faisait pourtant des cours tout à fait adaptés aux élèves et pédagogiquement très bien foutus (mieux que les miens, je dois dire...) a craqué dès octobre. Le contractuel qui la remplace multiplie les absences perlées parce qu'il est au bout du rouleau. Il ne faut pas se lancer là-dedans si on ne le sent déjà pas avant de commencer.
J'ai en revanche du mal à concevoir qu'on s’acharne à passer les concours si on ne veut pas enseigner dans le secondaire.
Je conçois très bien qu'on ne veuille pas enseigner dans le secondaire. Ce n'est pas une question de métier honteux, c'est une question de conditions de travail. Si j’avais 20 ans aujourd'hui je ne suis pas sûre que je le referais. Encore moins à 40 ans en n'ayant pas déjà 15 ans de métier derrière moi. J'ai connu de belles années, mais c'est du passé. Les conditions d'enseignement de la philosophie se sont fortement dégradées dans beaucoup d'endroits à tous points de vue. Notre brillante TZR agrégée néotitulaire qui faisait pourtant des cours tout à fait adaptés aux élèves et pédagogiquement très bien foutus (mieux que les miens, je dois dire...) a craqué dès octobre. Le contractuel qui la remplace multiplie les absences perlées parce qu'il est au bout du rouleau. Il ne faut pas se lancer là-dedans si on ne le sent déjà pas avant de commencer.
J'ai en revanche du mal à concevoir qu'on s’acharne à passer les concours si on ne veut pas enseigner dans le secondaire.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Lowpow29Neoprof expérimenté
C'est là qu'une thérapie avec un psychologue du travail pourrait être utile, pour démêler le pourquoi du comment on veut passer un concours pour un métier en y recherchant juste la reconnaissance par les pairs et l'accession à un statut social.
Je peux en parler puisque même si j'ai passé l'agreg avant tout pour les conditions de travail et passer de 20 classes à 15, car sinon je sentais que je ne ferai pas long feu, je savais aussi que mes anciennes et anciens camarades de prépa devenu.e.s profs étaient agrégé.e.s (sauf celles et ceux qui le deviennent maintenant après reconversion mais ce n'était pas encore le cas!) donc par effet de groupe ou plutôt envie d'être dans un groupe, sentiment d'appartenance etc, faible estime de soi donc comparaison incessante avec les autres, besoin de reconnaissance accru... On a "besoin" de l'agrégation pour s'accorder une valeur. En tout cas c'est flatteur et on se dit ouf ma vie est nulle mais au moins j'ai ça.
C'est de la psychologie de comptoir mais ça m'a fait du bien de démêler tout ça avec une professionnelle.
Je peux en parler puisque même si j'ai passé l'agreg avant tout pour les conditions de travail et passer de 20 classes à 15, car sinon je sentais que je ne ferai pas long feu, je savais aussi que mes anciennes et anciens camarades de prépa devenu.e.s profs étaient agrégé.e.s (sauf celles et ceux qui le deviennent maintenant après reconversion mais ce n'était pas encore le cas!) donc par effet de groupe ou plutôt envie d'être dans un groupe, sentiment d'appartenance etc, faible estime de soi donc comparaison incessante avec les autres, besoin de reconnaissance accru... On a "besoin" de l'agrégation pour s'accorder une valeur. En tout cas c'est flatteur et on se dit ouf ma vie est nulle mais au moins j'ai ça.
C'est de la psychologie de comptoir mais ça m'a fait du bien de démêler tout ça avec une professionnelle.
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La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- ParménideNeoprof expérimenté
Shajar a écrit:En fait, Parménide, je crois que ce n'est pas tant ton rapport à la philosophie que ton rapport au travail qui crée des incompréhensions. Tu te projettes dans l'idée de passer l'agrégation, mais sans vouloir travailler derrière ; d'avoir des TD en fac, mais sans job à côté : toutes choses qui nous semblent assez ahurissantes.
Pour nous, qui travaillons tous, souvent depuis longtemps, aller au boulot le matin c'est un incontournable ; même pour ceux qui veulent se reconvertir, la première question est de savoir dans quel avenir professionnel. On se rend à l'école/au collège/au lycée/ailleurs chaque jour, parfois avec plaisir, souvent sans, parce qu'on considère que travailler est indispensable à notre vie, pour plein de raisons : financière bien sûr (on veut un salaire, puis une retraite), sociale aussi (on est intégré dans la société, à une place donnée, on la fait tourner à notre manière), intellectuelle parfois (on enseigne des choses qu'on a apprises, on s'enrichit au contact des élèves). Bref, on se voit difficilement vivre sans travailler, même si ce n'est pas forcément hyper épanouissant, et parfois même frustrant et douloureux.
Toi, tu as 36 ans, ça fait des années que tu vis sans bosser, au RSA visiblement ; alors quel est ton rapport au travail et à la société ?
- Considères-tu que le travail est indispensable à ta vie ?
- Qu'attends-tu d'un travail ? Pourquoi veux-tu travailler ?
- Quels sont les sacrifices que tu pourrais consentir à faire pour avoir un travail ? Quels sont les points sur lesquels tu ne dérogerais pour rien au monde ?
- Te projettes-tu dans une vie autre que celle d'étudiant, avec une famille, un logement à toi, des cercles d'amis, des loisirs... ? Bref, comment te vois-tu dans la société ? Comment te vois-tu dans 30 ans, lorsque tu auras l'âge de prendre ta retraite ?
Toutes questions qui sont à mon avis beaucoup plus importantes en ce moment que de savoir quelle est la bonne méthode pour passer l'agreg dans un futur imprécis et pour la refuser à la fin. Et qui sont toujours du ressort d'un psy plus que d'un forum professionnel.
Disons que je fais partie de ce profil (assez courant d'après ce que je sais) qui a commis l'imprudence de s'enfermer dans cette discipline dès le bac, et qui n'arrive plus vraiment à en sortir, donc c'est pas simple... En plus avec famille posant beaucoup de problèmes, un cercle social qui me tire pas vraiment vers le haut (j'ai par exemple une amie très proche qui depuis 5 ans enchaine les vacations de philo en terminale - qui entres parenthèses se plante non stop au capes depuis - et qui me dit tous les trois jours que les concours ne servent à rien, que c'est pour les élites bornées et rigides - après oui, je reconnais que elle, contrairement à moi, elle est sur le terrain...)
Mais si jamais l'enseignement en philosophie ne doit pas être ma priorité, je ne me fais aucune illusion : j'aurais fait fac de lettres ou d'espagnol (qu'on m'a souvent conseillé d'enseigner d'ailleurs en raison de mon niveau) j'aurais été confronté aux mêmes problèmes d'évitement face à l'enseignement et au monde du travail!
Et puis j'ai eu ce clash monumental en 2016 en pleine rue (à la suite duquel je suis resté dans un état de sidération par rapport à tout ce qui m'entoure...), ça commence plus ou moins à être derrière moi, mais quand même...
Je crois que je ne pourrais vraiment tester ma compatibilité avec le monde du travail (qui n'a rien d'évidente...) que si j'obtiens l’agrégation (comme une sorte de confirmation), ce qui est aussi un moyen de comme on dit "terminer le parcours" (oui je sais vous allez tous hurler mais je préfère être franc.)
Concernant tout l'aspect psychologisation et psychiatrisation, je serai assez bref:
J'ai consulté plus de professionnels que vous ne pouvez tous l’imaginer ici (y compris des psychanalystes, où j'ai pu constater au passage que leur réputation est souvent fondée, à savoir que... leur éthique est... ce qu'elle est...) ça fait quatre ans que j'ai arrêté et sauf question précise je n'ai aucune raison d'y revenir. Ils ne m'ont rien dit... Si ce n'est d'essayer d'avoir une feuille de route et de m'y tenir. D'ailleurs l'un des conseils qui m'a été donné est plutôt de revenir vers le milieu enseignant afin de clarifier le plus possible les choses, m'informer, etc...
En outre je ne pense pas que pathologiser à tout prix mon problème soit une bonne idée (je pourrais justement d'ailleurs m'appuyer sur les dires de certains psy en question), après tout mon état d'esprit n'a pas à être tenu pour pathologique, névrotique ou autre si à la BASE je fonctionne comme ça... J'ai un profil qui est ce qu'il est, et si j'estime que l'obtention de l’agrégation est ce qui risque le plus d’augmenter ma propre estime (car pas grand chose d'autre le fera), eh bien libre à moi...
Après bien sûr on peut discuter le caractère plus ou moins douteux de la motivation: egoique, moteur de ressentiment, etc... voire l’enjeu éthique vu que je suis susceptible de prendre la place de quelqu'un voulant enseigner de façon certaine .
Mais c'est moi le décideur en dernier lieu dans le projet...
L'ego fait que c'est pas simple d’accepter de se lancer dans autre chose qu'une procédure de reconnaissance institutionnelle dans ma discipline.
Et c'est toujours (très) facile de critiquer ça quand on a soi même réussi au moins un concours de la fonction publique...
Lisak40 a écrit:avoir l'agrégation (en ayant auparavant étudié pour ca avec des extraits de manuels de Tle, rien que ça c'est hallucinant, c'est pas comme si le CAPES et l'agrégation de philo étaient parmi les concours les plus difficiles à réussir, si ce n'est les plus difficiles),
Ah mais ça la responsabilité en revient en grande partie à la fac à l'époque où j'y étais, où j'ai eu quelques conseils épouvantablement mauvais, dont celui ci. J'ai mis des années à comprendre que c'était pas viable. Des années à comprendre aussi que la fac est avant tout établissement de recherche et non une prépa concours.
Maintenant je vois avec beaucoup plus de recul (et presque une certaine indulgence je dirais, car j'étais très remonté contre la fac à une certaine époque) le fait que, là où j'étais, la formation concours (je parle surtout pour le capes vu que je m'intéressais pas du tout à l'agrégation lors du master) était indigente avec quasiment rien niveau méthodologie et entrainement d'épreuves. Je comprends, d'une certaine façon, car enseignants-chercheurs ont raison de trouver bien plus valorisant de faire des séminaires, plutôt que d'aider des agrégatifs et des aspirants au capes à faire leurs "gammes" méthodologiques et formalistes dans le but de passer des épreuves.
Le problème est que pendant que certains ont tout réussi et validé, d'autres attendent sur le bord de la route et font du stop... (modèle de la reproduction sociale de Bourdieu?)
Et je ne suis pas sûr que ça ait beaucoup changé... je reste méfiant:
J'ai fait quelques recherches sur le site de mon ancienne fac, déjà j'apprends que c'est 200 euros de droits d'inscription pour prépa agrégation... Si c'est pour 2 entrainements et demi en 8 mois, ils pourront se la garder leur prépa agreg! (surtout que c'est par essence un travail personnel, les cours ne sont pas déterminants, cf. la vidéo que j'ai postée hier soir)
Le cas échéant j'aurai recours à une prépa privée probablement ,ça restera envisageable pour moi financièrement, tout comme je le faisais jusqu'en 2016 quand j'ai brutalement arrêté ma prépa capes suite à mon agression.
Lowpow29 a écrit: En tout cas c'est flatteur et on se dit ouf ma vie est nulle mais au moins j'ai ça.
C'est en gros mon état d'esprit à l'heure actuelle... Et je ne pense pas que ce soit un raisonnement forcément plus condamnable qu'un autre au demeurant .
Le plan idéal c'est:
1) Réussir l'agrégation
2) Tester enseignement en tle via stage et/ou TD en fac
3) Si c'est échec absolu sur le plan de l'enseignement j'essaierai de capitaliser sur cette agrégation pour approcher le milieu de la recherche et/ou pour écrire philosophie/littérature (je le redis: si je vais dans une direction d'écriture trop conceptuelle je serai inaudible - déjà que pour devenir écrivain aujourd'hui, euh... bon voilà... -. Tandis qu'agrégé, ce sera plus compliqué de m’écarter d'un revers de main, même si je ne fais aucune recherche)
En gros: réussir l’agrégation et on voit
Mais... faut l'avoir hein...
J'ai effectivement 36 ans ce serait mieux si j'en avais que 25-26, j'aurais moins le couteau sous la gorge , incontestablement; si je ne deviens jamais agrégé de philosophie ce sera dur à avaler, pas impossible certes, mais difficile. Plus difficile que de ne pas faire de recherche d'ailleurs (ça à la limite...)
Il est clair que si d'ici une petite dizaine d'années , je ne suis toujours pas agrégé, il faudra prononcer l'oraison funèbre du projet.
Je risque de laisser des plumes si je me lance? C'est pas comme si j'étais pas habitué de tout façon...
Voilà voilà...
Après il y a quelques points comme par exemple celui ci: l'idée que l’agrégation n'est pas la validation d'un niveau mais uniquement un concours de recrutement.
ça pourrait franchement se discuter, surtout à notre époque, et surtout en philo, compte tenu de tout ce qui a été dit: élitisme, reproduction sociale, etc... certes c'est un concours de recrutement à la base , mais ça n'est pas réductible à ça non plus pour ces raisons sociologiques. Et cette culture de la distinction pour la distinction.
Merci beaucoup à tous de votre attention et de vos conseils multiples. Qui sont toujours utiles pour prendre du recul. Année après année. C'est toujours bon à prendre même si je n'avance qu'à 2 à l'heure.
Je reviendrai éventuellement au printemps si jamais je décide de me lancer
Au revoir
EDIT:
Suite au malentendu avec Tonio Kroger:
"Tandis qu'agrégé, ce sera plus compliqué de m’écarter d'un revers de main, même si je ne fais aucune recherche"
Je parlais bien évidemment d'une validation d'un travail philosophique et conceptuel par le titre d'agrégé. En aucun cas de me servir du titre d'agrégé comme de passe-droit pour être romancier ou écrivain au sens purement littéraire !
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"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
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https://www.babelio.com/monprofil.php
- MatteoNiveau 10
Mon conseil, un peu tardif : prépare un concours pour entrer dans une vie plus stable et essaie de revenir à la philo par l'agrégation plus tard une fois la matérielle assurée. Dans ma "branche" (sinologie) il y a un très bon livre qui a été écrit par un pilote d'avion qui y consacrait ses loisirs.
- HélipsProphète
Toi et le jury, n'oublie pas le jury...Parménide a écrit:
Mais c'est moi le décideur en dernier lieu dans le projet...
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Préparer le Capes de philo ou ne pas le passer, préparer l'agrég de philo ou ne pas la passer: ça, c'est ton choix.
Mais tout le discours sur l'élitisme, la reproduction sociale ou la distinction, ou tout autre phénomène qui touche à telle ou telle forme de snobisme, n'a guère d'intérêt. C'est un concours, qui suppose d'avoir une certaine culture, des connaissances approfondies, et un certain nombre de capacités en dissertation, commentaire, oral, etc. Comme tout concours, les places sont chères et il n'est pas facile de le décrocher. Mais que tel ou tel agrégé, ou certifié, ou docteur, ou universitaire, ou etc. en philo (ou dans n'importe quelle autre discipline) puisse par la suite donner dans un orgueil mal placé, en dehors du fait que c'est très loin d'être un cas général, ça n'a aucune importance quand on passe ce concours. Car la question n'est pas là: elle est dans la possibilité où l'on se trouve, ou non, de réunir les conditions nécessaires (mais non suffisantes) pour avoir une chance de l'obtenir. Le reste n'est alors que littérature.
Mais tout le discours sur l'élitisme, la reproduction sociale ou la distinction, ou tout autre phénomène qui touche à telle ou telle forme de snobisme, n'a guère d'intérêt. C'est un concours, qui suppose d'avoir une certaine culture, des connaissances approfondies, et un certain nombre de capacités en dissertation, commentaire, oral, etc. Comme tout concours, les places sont chères et il n'est pas facile de le décrocher. Mais que tel ou tel agrégé, ou certifié, ou docteur, ou universitaire, ou etc. en philo (ou dans n'importe quelle autre discipline) puisse par la suite donner dans un orgueil mal placé, en dehors du fait que c'est très loin d'être un cas général, ça n'a aucune importance quand on passe ce concours. Car la question n'est pas là: elle est dans la possibilité où l'on se trouve, ou non, de réunir les conditions nécessaires (mais non suffisantes) pour avoir une chance de l'obtenir. Le reste n'est alors que littérature.
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Si tu vales valeo.
- JennyMédiateur
Parménide a écrit:
J'ai effectivement 36 ans ce serait mieux si j'en avais que 25-26, j'aurais moins le couteau sous la gorge , incontestablement; si je ne deviens jamais agrégé de philosophie ce sera dur à avaler, pas impossible certes, mais difficile. Plus difficile que de ne pas faire de recherche d'ailleurs (ça à la limite...)
Il est clair que si d'ici une petite dizaine d'années , je ne suis toujours pas agrégé, il faudra prononcer l'oraison funèbre du projet.
Ca fait donc 46 ans...
Pourquoi ne pas rentrer dans le monde du travail avec un concours plus accessible ? ou tenter de faire des remplacements en tant que contractuel ? Tu verrais au moins si ce projet de passer l'agrégation est une bonne idée.
- HélipsProphète
Toi, tu n'as pas bien lu : si le projet, c'est de passer l'agrégation sans enseigner ensuite, on va avoir du mal à lui vendre le projet (pourtant pas absurde) d'enseigner sans passer l'agrégationJenny a écrit: ou tenter de faire des remplacements en tant que contractuel ? Tu verrais au moins si ce projet de passer l'agrégation est une bonne idée.
Et d'ailleurs, compte tenu du discours "passer l'agrégation pour ne pas enseigner", je n'ai pas compris le rapport entre "passer l'agrégation" et "tester [l]a compatibilité avec le monde du travail"
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- JennyMédiateur
Surtout si c’est pour avoir l’agrégation sans aller travailler ensuite.
Effectivement, je ne comprends pas. Déjà, il faut avoir les moyens de pouvoir tester sa compatibilité avec le monde du travail.
Effectivement, je ne comprends pas. Déjà, il faut avoir les moyens de pouvoir tester sa compatibilité avec le monde du travail.
- DesolationRowEmpereur
Comme prévu, c’est strictement n’importe quoi.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
DesolationRow a écrit:Comme prévu, c’est strictement n’importe quoi.
Ou alors, c'est une entreprise de sabotage révolutionnaire: si tous les lauréats de l'agrégation et du capes refusent par la suite d'enseigner, paf ! les concours tombent d'eux-mêmes. Et pif! la pensée tout à coup se libère…
_________________
Si tu vales valeo.
- Tonio KrögerNiveau 8
Parménide a écrit:
En outre je ne pense pas que pathologiser à tout prix mon problème soit une bonne idée (je pourrais justement d'ailleurs m'appuyer sur les dires de certains psy en question), après tout mon état d'esprit n'a pas à être tenu pour pathologique, névrotique ou autre si à la BASE je fonctionne comme ça... J'ai un profil qui est ce qu'il est, et si j'estime que l'obtention de l’agrégation est ce qui risque le plus d’augmenter ma propre estime (car pas grand chose d'autre le fera), eh bien libre à moi...
3) Si c'est échec absolu sur le plan de l'enseignement j'essaierai de capitaliser sur cette agrégation pour approcher le milieu de la recherche et/ou pour écrire philosophie/littérature (je le redis: si je vais dans une direction d'écriture trop conceptuelle je serai inaudible - déjà que pour devenir écrivain aujourd'hui, euh... bon voilà... -. Tandis qu'agrégé, ce sera plus compliqué de m’écarter d'un revers de main, même si je ne fais aucune recherche)
1/ Que la poursuite de ce but obsédant soit la seule manière de t'en débarrasser, pourquoi pas, mais vu le temps que tu te donnes, cela ressemble plutôt à une stratégie pour éviter d'y renoncer.
2/ La partie sur le capital symbolique dont l'agrégation te doterait dans le milieu littéraire et intellectuel me choque énormément. Que l'agrégation puisse effectivement jouer un tel rôle, c'est peut-être vrai dans certains milieux. Mais compter sur un titre pour valider et faire avaler une écriture qui serait impubliable (puisque c'est ça que tu sembles anticiper), c'est vraiment atteindre le dernier degré du cynisme et de l'arrivisme, en dépit du paravent égotique que tu dresses. Je tends plutôt à penser que tu pèches par excès de naïveté ; mais je ne sais pas si c'est moins grave.
- JennyMédiateur
epekeina.tes.ousias a écrit:DesolationRow a écrit:Comme prévu, c’est strictement n’importe quoi.
Ou alors, c'est une entreprise de sabotage révolutionnaire: si tous les lauréats de l'agrégation et du capes refusent par la suite d'enseigner, paf ! les concours tombent d'eux-mêmes. Et pif! la pensée tout à coup se libère…
J'imagine la panique au ministère. Déjà qu'on manque de candidats...
C'est peut être une idée géniale pour réclamer une augmentation.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
D'autant que je n'ai pas du tout l'impression que nous vivions une époque accordant, dans l'opinion publique, une grande admiration aux détenteurs de diplômes et de concours en philosophie, et que je ne pense pas qu'il existe un seul labo, une seule revue, une seule maison d'édition ou un média qui manque si cruellement de publications que le fait d'être agrégé (ou autre chose) puisse impressionner qui que ce soit. Si j'écris un article, je l'écris ou j'y renonce, puis je le soumets pour publication ou je laisse tomber, puis il est publié ou il ne l'est pas — et dans tous les cas de figure, ça ne change rien ni au sens de rotation de la galaxie, ni à la philosophie, ni au monde intellectuel.
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Si tu vales valeo.
- ShajarVénérable
Sortir d'une discipline dans laquelle on s'est "enfermé", c'est très simple : ça s'appelle sortir ses doigts d'un orifice dont je tairai le nom, regarder les sites d'offre d'emploi, envoyer des CV, des lettres de motivation, aller à des entretiens et tenter d'obtenir un job, même s'il n'est pas indiqué qu'on recherche un "philosophe généraliste aux capacités sous-estimées". Bref, agir en adulte, et non en éternel adolescent en comptant sur la (relative) générosité de la société pour vivre. Évidemment, quand on a un trou de presque 20 ans sur un CV, ça peut faire un peu tâche, mais il y a des boulot qui recrutent quand on se donne la peine de chercher un peu. Et un trou de 30 ans quand, dans "une dizaine d'années" (!!!!) tu n'auras toujours pas l'agreg et tu viseras directement une HDR, mais surtout sans faire de recherche, ce sera encore plus gênant.
Maintenant, tu expérimentes de manière intéressante l'idée de revenu universel. Si le RSA te suffit pour vivre, ce qui semble être le cas, et que seule la philosophie te passionne, eh bien philosophe, mon dieu ! Écris, produis, essaye de publier un article, un livre... Lance-toi dans quelque chose, au lieu de passer ton temps à ne rien faire en te demandant quelle est la meilleure voie.
Et ne t'en fais pas, agrégé ou pas, si ce que tu écris est génial, ce sera reconnu, et si c'est nul, personne n'aura de scrupule à "t'écarter d'un revers de la main". L'agrégation fait de toi un prof, pas un génie reconnu. Des gens qui méprisent les agrégés (parce qu'il "faut des qualités très différentes entre la recherche et l'agrégation", par exemple, ou parce que "finalement, c'est juste des gens qui savent très bien recracher ce qu'on leur a enseigné sans réfléchir"), il y en a plein les facs.
Spoiler : L'âne de Buridan, il meurt à la fin, et en plus, il a la dalle...
(PS. L'histoire de l'art iranien, c'est un poil "enfermant" aussi, hein... Donc le coup de "c'est la faute de ma discipline", ô, tragédie ! Rien n'existe en philosophie ! je rigole bien.).
Maintenant, tu expérimentes de manière intéressante l'idée de revenu universel. Si le RSA te suffit pour vivre, ce qui semble être le cas, et que seule la philosophie te passionne, eh bien philosophe, mon dieu ! Écris, produis, essaye de publier un article, un livre... Lance-toi dans quelque chose, au lieu de passer ton temps à ne rien faire en te demandant quelle est la meilleure voie.
Et ne t'en fais pas, agrégé ou pas, si ce que tu écris est génial, ce sera reconnu, et si c'est nul, personne n'aura de scrupule à "t'écarter d'un revers de la main". L'agrégation fait de toi un prof, pas un génie reconnu. Des gens qui méprisent les agrégés (parce qu'il "faut des qualités très différentes entre la recherche et l'agrégation", par exemple, ou parce que "finalement, c'est juste des gens qui savent très bien recracher ce qu'on leur a enseigné sans réfléchir"), il y en a plein les facs.
Spoiler : L'âne de Buridan, il meurt à la fin, et en plus, il a la dalle...
(PS. L'histoire de l'art iranien, c'est un poil "enfermant" aussi, hein... Donc le coup de "c'est la faute de ma discipline", ô, tragédie ! Rien n'existe en philosophie ! je rigole bien.).
- JennyMédiateur
Shajar :
Parménide : Il faut que tu comprennes un truc, plus tu attends pour te trouver un emploi, plus ça va être compliqué.
Parménide : Il faut que tu comprennes un truc, plus tu attends pour te trouver un emploi, plus ça va être compliqué.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Shajar a écrit:(PS. L'histoire de l'art iranien, c'est un poil "enfermant" aussi, hein... Donc le coup de "c'est la faute de ma discipline", ô, tragédie ! Rien n'existe en philosophie ! je rigole bien.).
PS juste une question en passant: ça existe la philosophie de l'histoire de l'art iranien ? Ou l'histoire de l'art de la philosophie iranienne ? Ça a l'air tentant…
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Si tu vales valeo.
- AscagneGrand sage
@Parménide, tu sembles être dans une situation qui n'a rien d'optimal pour vivre (désolé, je suis bien fatigué et j'ai lu en diagonale) ; peut-être ne te rends-tu pas complètement compte que c'est aussi ça qui pose problème, qui t'enferme peut-être ? En ayant cela en tête, tu devrais regarder sans doute du côté d'un concours accessible et ne te conduisant pas à trente mille circonvolutions et à du désenchantement, pour améliorer ta situation mais en occupant un poste. À partir de là, rien ne t'empêchera (au contraire) de passer le concours si c'est ce que tu souhaites, mais toujours en gardant à l'esprit qu'à la fin, eh bien, on finit par arriver dans le secondaire.
Sur ce point, un poste en enseignement de la philosophie a peut-être quelques "avantages" par rapport à d'autres sections (enseignement en première et en terminale, pas de seconde imposée), mais pour le reste c'est la même chose qu'ailleurs.
Je suis bien placé pour dire que quand on ne se retrouve guère dans le métier du secondaire tel qu'il est - et même à un niveau plus général quand en fait, la pédagogie/didactique à ce niveau, le côté social/gestion de classe/appels aux parents (etc.) ne plait pas -, ça n'a rien de facile et qu'on peut avoir le contrecoup de ce que tu écrivais à propos de ce besoin de reconnaissance par l'agrégation : "quoi, j'ai sué... pour ça finalement ?" Ce qui est bien sûr aussi valable pour le CAPES (à plus forte raison puisque les collègues certifiés sont défavorisés : plus d'heures, moins de sous, vive la logique française ). Si je me permets de glisser ces quelques éléments, c'est pour te montrer comment certains qui ont les "sésames" voient l'affaire : normalement, ça devrait pouvoir donner un point de comparaison possible, une autre perspective.
Je serais moins sévère à propos du fait de "voler la place de quelqu'un qui veut vraiment enseigner" : c'est l'État qui détermine le nombre de postes, c'est le jury qui place la barre et décide, c'est comme ça... On a souvent parlé de ce genre de sujet, on peut discuter des mois sur le concours lui-même, sur l'effet causé par le choix du nombre de postes, sur la violence représentée par l'échec de l'obtention chez les personnes qui ont le niveau mais ont rencontré telle anicroche ou n'ont pas eu de chance (je repense à mon agreg de LC, deuxième round : c'était généralement "plus simple" de tomber à l'oral sur Cicéron que sur Tertullien ; nous étions nombreux à redouter une explication sur Éluard, etc.)... Ou encore : je ne serais pas devenu agrégé de LC telle année de vaches maigres, par exemple. Cela remet les choses en perspective mais rappelle aussi que du point de vue de la valeur personnelle ou de l'ego, un diplôme est peut-être plus pertinent. Certes, nous avons un problème de ce côté-là en France.
Si je me permets de te dire ça, c'est parce que moi aussi, d'un certain côté, je tourne en rond : faut-il rester dans l'EN et risquer la déprime perpétuelle ou bifurquer ? Mais bifurquer tout en étant assez productif pour satisfaire mon goût pour la recherche et espérer un jour, fût-ce en fin de carrière, être titulaire à l'université ? Aïe. Mais bon, il faut finalement se décider et agir - ce qui n'est pas facile, certes, quand on est déprimé/dépressif/enserré dans un ouroboros (souvent subconscient, parfois presque admis ).
En revanche, comment dire, je trouve plus intéressant de me dire que je suis utile à la société, que je sers le public, tantôt au lycée (quand ça se passe bien, ou en tout cas, il y a un prof devant les élèves et j'essaie d'insérer quelques graines dans les esprits au-delà des programmes eux-mêmes), tantôt par d'autres choses - et de ce côté-là, franchement, je pense que tu devrais considérer davantage le fait de trouver une satisfaction dans la production elle-même, qu'elle soit savante ou vulgarisée, plutôt que dans l'agrég... Même avec un public/lectorat limité. (Pour la vulgarisation, malheureusement, j'aurais mieux fait d'être historien, ça aurait été plus facile de trouver un débouché évident pour des publications grand public liées à mes travaux. )
Sur ce point, un poste en enseignement de la philosophie a peut-être quelques "avantages" par rapport à d'autres sections (enseignement en première et en terminale, pas de seconde imposée), mais pour le reste c'est la même chose qu'ailleurs.
Je suis bien placé pour dire que quand on ne se retrouve guère dans le métier du secondaire tel qu'il est - et même à un niveau plus général quand en fait, la pédagogie/didactique à ce niveau, le côté social/gestion de classe/appels aux parents (etc.) ne plait pas -, ça n'a rien de facile et qu'on peut avoir le contrecoup de ce que tu écrivais à propos de ce besoin de reconnaissance par l'agrégation : "quoi, j'ai sué... pour ça finalement ?" Ce qui est bien sûr aussi valable pour le CAPES (à plus forte raison puisque les collègues certifiés sont défavorisés : plus d'heures, moins de sous, vive la logique française ). Si je me permets de glisser ces quelques éléments, c'est pour te montrer comment certains qui ont les "sésames" voient l'affaire : normalement, ça devrait pouvoir donner un point de comparaison possible, une autre perspective.
Je serais moins sévère à propos du fait de "voler la place de quelqu'un qui veut vraiment enseigner" : c'est l'État qui détermine le nombre de postes, c'est le jury qui place la barre et décide, c'est comme ça... On a souvent parlé de ce genre de sujet, on peut discuter des mois sur le concours lui-même, sur l'effet causé par le choix du nombre de postes, sur la violence représentée par l'échec de l'obtention chez les personnes qui ont le niveau mais ont rencontré telle anicroche ou n'ont pas eu de chance (je repense à mon agreg de LC, deuxième round : c'était généralement "plus simple" de tomber à l'oral sur Cicéron que sur Tertullien ; nous étions nombreux à redouter une explication sur Éluard, etc.)... Ou encore : je ne serais pas devenu agrégé de LC telle année de vaches maigres, par exemple. Cela remet les choses en perspective mais rappelle aussi que du point de vue de la valeur personnelle ou de l'ego, un diplôme est peut-être plus pertinent. Certes, nous avons un problème de ce côté-là en France.
Si je me permets de te dire ça, c'est parce que moi aussi, d'un certain côté, je tourne en rond : faut-il rester dans l'EN et risquer la déprime perpétuelle ou bifurquer ? Mais bifurquer tout en étant assez productif pour satisfaire mon goût pour la recherche et espérer un jour, fût-ce en fin de carrière, être titulaire à l'université ? Aïe. Mais bon, il faut finalement se décider et agir - ce qui n'est pas facile, certes, quand on est déprimé/dépressif/enserré dans un ouroboros (souvent subconscient, parfois presque admis ).
En revanche, comment dire, je trouve plus intéressant de me dire que je suis utile à la société, que je sers le public, tantôt au lycée (quand ça se passe bien, ou en tout cas, il y a un prof devant les élèves et j'essaie d'insérer quelques graines dans les esprits au-delà des programmes eux-mêmes), tantôt par d'autres choses - et de ce côté-là, franchement, je pense que tu devrais considérer davantage le fait de trouver une satisfaction dans la production elle-même, qu'elle soit savante ou vulgarisée, plutôt que dans l'agrég... Même avec un public/lectorat limité. (Pour la vulgarisation, malheureusement, j'aurais mieux fait d'être historien, ça aurait été plus facile de trouver un débouché évident pour des publications grand public liées à mes travaux. )
- ShajarVénérable
Voilà une voie à ouvrirepekeina.tes.ousias a écrit:Shajar a écrit:(PS. L'histoire de l'art iranien, c'est un poil "enfermant" aussi, hein... Donc le coup de "c'est la faute de ma discipline", ô, tragédie ! Rien n'existe en philosophie ! je rigole bien.).
PS juste une question en passant: ça existe la philosophie de l'histoire de l'art iranien ? Ou l'histoire de l'art de la philosophie iranienne ? Ça a l'air tentant…
- BabelleNiveau 10
DesolationRow a écrit:Comme prévu, c’est strictement n’importe quoi.
C'est justement pour ça qu'on lit les posts de Parménide.
C'est grâce à lui que j'ai découvert ce forum et que je m'y suis inscrite en 2014. J'étais stupéfaite de voir tous ces gens qui continuaient à répondre gentiment à Parménide. Je me suis dit qu'un forum avec des participants aussi patients ça devait être un super forum.
Ce qui est triste, c'est que presque 10 ans ont passé et Parménide lui est toujours le même.
- LeclochardEmpereur
Jenny a écrit:Parménide a écrit:
J'ai effectivement 36 ans ce serait mieux si j'en avais que 25-26, j'aurais moins le couteau sous la gorge , incontestablement; si je ne deviens jamais agrégé de philosophie ce sera dur à avaler, pas impossible certes, mais difficile. Plus difficile que de ne pas faire de recherche d'ailleurs (ça à la limite...)
Il est clair que si d'ici une petite dizaine d'années , je ne suis toujours pas agrégé, il faudra prononcer l'oraison funèbre du projet.
Ca fait donc 46 ans...
Pourquoi ne pas rentrer dans le monde du travail avec un concours plus accessible ? ou tenter de faire des remplacements en tant que contractuel ? Tu verrais au moins si ce projet de passer l'agrégation est une bonne idée.
Oui. Ayant cet âge, je mesure comme mes 36 ans sont loin.
On a envie de lui dire : Fais quelque chose de vie. Arrête de t’accorder du temps. Prends des risques.
Je le verrais bien écrire un livre où il raconterait sa vie, ses pensées. Oblomov à la première personne en somme. Car il a un vrai talent dans son genre.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- AscagneGrand sage
@Babelle : Il y a plusieurs aspects.
1) Cela arrive de se laisser enfermer dans un cercle vicieux. Peut-être est-ce ce qui arrive à Parménide. Alors, nous sommes sur le net, tout est possible, hein, que Parménide ne m'en veuille pas de l'écrire, mais quand on connaît soi-même les affres de la dépression ou de cycles compliqués, ça peut pousser peut-être à être trop conciliant sur certains points. Il y a aussi des cas où on peut se leurrer, viser trop haut.
J'ai vu cela chez une étudiante, qui a mis très longtemps à persister dans la voie des lettres alors que ça ne suivait pas, que l'objectif final n'était pas atteignable, manifestement : elle avait une situation de santé qui pouvait expliquer une partie du problème, mais bon, il y avait aussi un problème de lucidité, clairement. Le pire, c'est qu'on peut faire preuve de lucidité, mais de façon incomplète ; ou malgré la lucidité, continuer le cercle. Et puis une certaine forme d'auto-analyse peut aussi mener, dirais-je, à tel ou tel défaut et franchement, je connais ça moi-même.
2) Nous sommes sur la section publique, en effet ; normalement, on peut tomber sur ce type de sujet facilement, ne serait-ce qu'en tant que Néo soi-même, ou bien directement via la simple consultation et tel moteur de recherche. Je me dis que ça peut valoir le coup de faire quelques rappels, de proposer quelques pistes : bref, puisque c'est consultable, après tout, et que certains picorent sans tout lire, il ne me semble pas inadéquat de répondre aussi sérieusement à quelques points qui peuvent le mériter. Ce qui ne veut pas dire que je ne rigole pas des autres messages, hein ou que je les considèrerais illégitimes.
3) Il y a en effet un temps pour tout. Tel blocage ou problème qui ne dépareille pas en milieu de vingtaine ne présente pas les mêmes atours et les mêmes conséquences dix ans plus tard (et que dire de la situation dans dix ans ?) ; quand même, il y a le principe de réalité qui doit surgir, avec la considération effective de ce que la situation représente pour l'avenir y compris lointain.
1) Cela arrive de se laisser enfermer dans un cercle vicieux. Peut-être est-ce ce qui arrive à Parménide. Alors, nous sommes sur le net, tout est possible, hein, que Parménide ne m'en veuille pas de l'écrire, mais quand on connaît soi-même les affres de la dépression ou de cycles compliqués, ça peut pousser peut-être à être trop conciliant sur certains points. Il y a aussi des cas où on peut se leurrer, viser trop haut.
J'ai vu cela chez une étudiante, qui a mis très longtemps à persister dans la voie des lettres alors que ça ne suivait pas, que l'objectif final n'était pas atteignable, manifestement : elle avait une situation de santé qui pouvait expliquer une partie du problème, mais bon, il y avait aussi un problème de lucidité, clairement. Le pire, c'est qu'on peut faire preuve de lucidité, mais de façon incomplète ; ou malgré la lucidité, continuer le cercle. Et puis une certaine forme d'auto-analyse peut aussi mener, dirais-je, à tel ou tel défaut et franchement, je connais ça moi-même.
2) Nous sommes sur la section publique, en effet ; normalement, on peut tomber sur ce type de sujet facilement, ne serait-ce qu'en tant que Néo soi-même, ou bien directement via la simple consultation et tel moteur de recherche. Je me dis que ça peut valoir le coup de faire quelques rappels, de proposer quelques pistes : bref, puisque c'est consultable, après tout, et que certains picorent sans tout lire, il ne me semble pas inadéquat de répondre aussi sérieusement à quelques points qui peuvent le mériter. Ce qui ne veut pas dire que je ne rigole pas des autres messages, hein ou que je les considèrerais illégitimes.
3) Il y a en effet un temps pour tout. Tel blocage ou problème qui ne dépareille pas en milieu de vingtaine ne présente pas les mêmes atours et les mêmes conséquences dix ans plus tard (et que dire de la situation dans dix ans ?) ; quand même, il y a le principe de réalité qui doit surgir, avec la considération effective de ce que la situation représente pour l'avenir y compris lointain.
- Rogger FlanaganNiveau 5
Il te faut un vrai coach Parménide, un Héraclite.
- dandelionVénérable
Il y a tout de même une voie qui permettrait d’allier un certain éloignement du monde à la philosophie: la voie du seigneur. As-tu envisagé de te faire moine, Parménide? Tu pourrais étudier et écrire tout en vivant une vie en partie à l’écart du monde, ce qui semble bien te convenir. Je ne plaisante qu’à moitié car après tout si tu refuses le réel, peut-être trouveras tu ta place dans un environnement axé sur le spirituel.
Si tu conserves un traumatisme de l’incident que tu as vécu, je te recommande d’éviter l’enseignement, surtout dans le secondaire, car les conflits y sont fréquents, et parfois violents. Cela peut être encore plus difficile à vivre quand on souffre de stress post-traumatique (et si c’est ton cas, encore une fois, un suivi psy n’est pas du luxe).
Si tu conserves un traumatisme de l’incident que tu as vécu, je te recommande d’éviter l’enseignement, surtout dans le secondaire, car les conflits y sont fréquents, et parfois violents. Cela peut être encore plus difficile à vivre quand on souffre de stress post-traumatique (et si c’est ton cas, encore une fois, un suivi psy n’est pas du luxe).
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