- Mélusine2Niveau 10
Lédissé a écrit:
Par masochisme, j'ai remonté le fil et fait un petit compte. En mettant de côté les posts de pure information ("tel journal a publié tel article"), j'ai compté :
- 10 messages de soutien inconditionnel, franc, sans nuance
- 10 messages de nuance / questionnement / pour certains, insinuation dégueulasse
- une petite trentaine de messages en réponse à ces derniers, pour défendre la collègue
Donc environ, pour 10 messages de soutien direct, 40 relevant d'une discussion qui n'aurait pas dû avoir lieu, qui fait la place à une remise en question de ce que fait une collègue à qui, pour rappel, ont été adressées des menaces atroces, qui a vu son travail sali et annulé, se retrouve en danger, et alors que, sa souffrance et sa mise en danger personnelle mise à part, le sujet ne pourrait être que l'infiltration violente et scandaleuse d'un parti politique (et non d'un ou deux parents isolés) dans l'action pédagogique. Soit 20% du fil consacré à une expression de soutien, 80% à une discussion qui n'a pas sa place ici et ne peut que blesser la collègue concernée et entamer notre position collective en tant qu'enseignant face à ce genre d'attaque.
Bref, c'est désolant.
Je n'ai pas eu le courage de tout remonter, mais je suis le fil avec intérêt et inquiétude depuis le début, et au doigt mouillé ton estimation doit être bonne... ben ça fait peur, froid dans le dos, une nouvelle fois.
Ce n'est pas qu'un questionnement généraliste à propos du positionnement d'un enseignant dans le cadre de son cours soit forcément sans intérêt en soi, en effet : mais pas ici, pas après Samuel Paty. Sur un autre fil, pourquoi pas ?
Je me demande -mais c'est vilain- si les réactions diffèrent parce que l'origine de la menace diffère et avec elle l'identification de certains avec les parents intrusifs. Si c'est le cas, c'est un leurre : ce sont les mêmes. Exactement les mêmes, puisqu'en ce qui concerne les "valeurs de la république", pour reprendre un échange auquel j'ai déjà participé, les menaces sont identiques. Et ce sont des menaces directes sur le corps de la collègue, sur sa vie, idem. Je n'arrive pas à comprendre qu'on ne fasse pas corps à l'instant.
- Reine MargotDemi-dieu
Je suis assez d'accord avec E-Wanderer: on peut à la fois soutenir sans réserve une collègue menacée de mort ET s'interroger sur les possibles angles militants de certains cours (ce qui n'est pas forcément le cas de cette collègue).
Bref s'interroger sur les dérives militantes dans l'enseignement (vers la gauche ou la droite) n'atténue en rien le soutien inconditionnel qu'on doit à une prof menacée.
Bref s'interroger sur les dérives militantes dans l'enseignement (vers la gauche ou la droite) n'atténue en rien le soutien inconditionnel qu'on doit à une prof menacée.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- epekeina.tes.ousiasModérateur
e-Wanderer a écrit:Je ne partage pas l'avis de ETO plus haut, qui se retranche derrière l'aval donné par le rectorat à ce projet : nous sommes pourtant les premiers sur ce forum à répéter page après page que cette parole est complètement démonétisée !
Je pense que tu te méprends sur ce que j'ai écrit, c'est probablement parce que je n'ai pas été assez clair: je vais essayer de l'être.
Il ne s'agissait pas de se retrancher "derrière" je ne sais quoi, mais de signaler (argument a fortiori) que même cette hiérarchie, si prompte à incriminer ses profs (ce fut le cas du "soutien" pour le moins ambivalent apporté à Samuel Paty, quelques jours avant sa mort, qui lui demandait de reconnaître son "erreur"...), ne le fait pas. Je me demande seulement s'il est réellement nécessaire, et surtout légitime, de le faire pour "répondre"... à qui d'ailleurs ? Je note qu'apparemment, si un argument tendant à "innocenter la victime" provient d'une autorité qui assez souvent l'incrimine et ne l'écoute pas, il semblerait bien qu'il ne faille pas en tenir compte tant serait grande l'urgence de savoir si la victime ne serait pas, par hasard, coupable : c'est qu'il ne faudrait surtout pas se compromettre, sans doute.
Mais pour convaincre qui ? La collègue ? Nous-mêmes ?
Ou les sectaires de Vigilance Parents alliés à l'extrême droite zémouristes ?
Mais il ne s'agit pas du tout, de leur part, d'une demande d'explications, de dialogue et de concertation. Il s'agit d'agression, de menaces de viol et d'assassinat. C'est-à-dire d'acte délictueux au minimum. On ne "discute" pas avec ce type de délinquance: elle relève du pénal. Ces agresseurs (cf. les articles de presse qui l'attestent) ne cherchent pas du tout la vérité dans la discussion ouverte avec leurs prochains... Ils attisent les passions, enflamment l'opinion, profèrent des accusations et encouragent la délation, les menaces haineuses et appellent à la violence collective.
J'ajoute que je ne crois pas un instant qu'une "discussion" avec ceux qui se comportent ainsi pourrait rétablir la concorde, qui n'aurait été troublée que par un regrettable malentendu. Et même, je pense qu'il est en fait impossible de "discuter" avec ceux qui veulent en découdre. Par conséquent, je réprouve le procédé consistant, après avoir dit que "c'est bien sûr inacceptable", à entamer une discussion sur... la collègue, ce qu'elle aurait fait (- Rien ! - Est-ce bien certain ? - Mais qu'allez-vous chercher ? - C'est curieux ce tabou, cette réticence à vouloir discuter, alors que c'est toujours raisonnable de discuter : êtes-vous sûr qu'en cherchant bien ?...). Histoire de quoi ? d'être sûr de ne pas se compromettre ?
Mais est-il réellement possible de mettre en question la collègue sans la fragiliser ? Évidemment non, surtout lorsque l'on a affaire aux procédés du "pas fumée sans feu" qui une fois lancée une calomnie exigent des comptes en exerçant un chantage à la violence : si on ne répond pas, c'est que l'on a forcément quelque chose à cacher, et ils vengeront l'offense, éventuellement par l'assassinat. Il n'y a pas à répondre à des gens qui ne sont pas des interlocuteurs, puisqu'ils refusent de l'être, ni par le dialogue ni par la violence. Il y a à soutenir la collègue et à réclamer l'action du droit et de la justice (pénale).
- Reine MargotDemi-dieu
e-Wanderer a écrit:dès lors que l'affaire est sur la place publique, les médias ont précisément ce rôle à jouer pour expliquer la nature du projet pédagogique et donner aux gens qui s'y intéressent des éléments d'information. Si au contraire, on dit : "Elle est menacée, donc on arrête là toute discussion", ça laisse la voie libre à toutes les spéculations sur l'orientation du cours – précisément parce que le refus d'expliquer alimente les polémiques.
+1
Il y a une grande différence entre expliquer le cours de la collègue, son angle choisi, en quoi elle est totalement dans les clous, et être dans une démarche de suspicion ("elle a forcément fait quelque chose"). Expliquer coupe court au soupçon et détruit le discours de l'ED (sauf évidemment les indécrottables mais là on ne peut rien faire pour eux)
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La famille Bélier
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Sauf que les "spéculations" ne viennent pas après, mais avant, et sous la forme d'une accusation diffamatoire accompagnée de menaces (de mort).
Croire pouvoir la dissiper par l'ouverture et le dialogue, c'est commettre une erreur.
Les accusations et menaces lancées contre la collègue ont pour but de capter l'attention et de contrôler le discours.
Y répondre autrement que par le pénal n'est pas possible, cela ne peut pas produire l'effet attendu: ou bien cela aura pour effet de donner la parole à ceux qui commettent les délits déjà mentionnés et qui se diront qu'ils avaient bien raison de mettre en cause la collègue puisque l'on peut en discuter, ou bien cela les incitera à rétorquer qu'on ne chercherait pas autant à se justifier si l'on n'avait pas quelque chose à cacher.
Dans ce type de situation, expliquer ne coupe pas court aux souoçons. Au mieux ça les laisse intacts, tout en laissant subsister le fait d'avoir questionné... la collègue.
Croire pouvoir la dissiper par l'ouverture et le dialogue, c'est commettre une erreur.
Les accusations et menaces lancées contre la collègue ont pour but de capter l'attention et de contrôler le discours.
Y répondre autrement que par le pénal n'est pas possible, cela ne peut pas produire l'effet attendu: ou bien cela aura pour effet de donner la parole à ceux qui commettent les délits déjà mentionnés et qui se diront qu'ils avaient bien raison de mettre en cause la collègue puisque l'on peut en discuter, ou bien cela les incitera à rétorquer qu'on ne chercherait pas autant à se justifier si l'on n'avait pas quelque chose à cacher.
Dans ce type de situation, expliquer ne coupe pas court aux souoçons. Au mieux ça les laisse intacts, tout en laissant subsister le fait d'avoir questionné... la collègue.
- Reine MargotDemi-dieu
Je crois qu'il faut distinguer deux choses:
1) la nécessité de ne pas discuter avec ceux avec lesquels c'est non seulement inutile mais dangereux, et donc d'apporter une réponse pénale comme tu dis (protection fonctionnelle de la collègue, soutien inconditionnel)
2) la nécessité de ne pas laisser s'installer une rhétorique passionnelle du type "eux" contre "nous", parce que si on renonce à l'explication rationnelle, les extrémistes de tous bords ont gagné en polarisant la société et en faisant abandonner la vérité et la rationnalité. C'est ce que cherchent à la fois les fanatiques religieux (rejet de l'Occident dépravé), l'extrême-droite (rejet de l'étranger au sens large), l'extrême-gauche (refus de tout discours potentiellement critique envers tout ce qui pourrait être identifié comme cause à défendre).
Et on se retrouve dans une société encore plus clivée car seul le discours rationnel peut dépasser ces différences.
1) la nécessité de ne pas discuter avec ceux avec lesquels c'est non seulement inutile mais dangereux, et donc d'apporter une réponse pénale comme tu dis (protection fonctionnelle de la collègue, soutien inconditionnel)
2) la nécessité de ne pas laisser s'installer une rhétorique passionnelle du type "eux" contre "nous", parce que si on renonce à l'explication rationnelle, les extrémistes de tous bords ont gagné en polarisant la société et en faisant abandonner la vérité et la rationnalité. C'est ce que cherchent à la fois les fanatiques religieux (rejet de l'Occident dépravé), l'extrême-droite (rejet de l'étranger au sens large), l'extrême-gauche (refus de tout discours potentiellement critique envers tout ce qui pourrait être identifié comme cause à défendre).
Et on se retrouve dans une société encore plus clivée car seul le discours rationnel peut dépasser ces différences.
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- ElyasEsprit sacré
J'avais exprimé mon soutien à la collègue sur un autre réseau social et je croyais l'avoir fait ici. Je l'exprime donc : soutien total à la collègue.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Reine Margot a écrit:seul le discours rationnel peut dépasser ces différences.
Des gens qui te menacent de viol et d'assassinat, ce n'est pas une différence, et ça ne se surmonte pas avec des syllogismes, de la lucidité et des discours rationnels. Ça ne s'est du reste jamais vu à ma connaissance.
- IphigénieProphète
Voilà.Reine Margot a écrit:Je crois qu'il faut distinguer deux choses:
1) la nécessité de ne pas discuter avec ceux avec lesquels c'est non seulement inutile mais dangereux, et donc d'apporter une réponse pénale comme tu dis (protection fonctionnelle de la collègue, soutien inconditionnel)
2) la nécessité de ne pas laisser s'installer une rhétorique passionnelle du type "eux" contre "nous", parce que si on renonce à l'explication rationnelle, les extrémistes de tous bords ont gagné en polarisant la société et en faisant abandonner la vérité et la rationnalité. C'est ce que cherchent à la fois les fanatiques religieux (rejet de l'Occident dépravé), l'extrême-droite (rejet de l'étranger au sens large), l'extrême-gauche (refus de tout discours potentiellement critique envers tout ce qui pourrait être identifié comme cause à défendre).
Et on se retrouve dans une société encore plus clivée car seul le discours rationnel peut dépasser ces différences.
- IphigénieProphète
ceux-là à l'évidence relèvent du seul pénal.epekeina.tes.ousias a écrit:Reine Margot a écrit:seul le discoux-urs rationnel peut dépasser ces différences.
Des gens qui te menacent de viol et d'assassinat, ce n'est pas une différence, et ça ne se surmonte pas avec des syllogismes, de la lucidité et des discours rationnels. Ça ne s'est du reste jamais vu à ma connaissance.
Le discours rationnel s'adresse à tous les autres.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
ceux-là à l'évidence relèvent du seul pénal.
Le discours rationnel s'adresse à tous les autres.
Mais sur ce fil il s'agit bien de cela : une prof, agent de la fonction publique, victime de diffamation, de menaces de viol et d'assassinat.
Et tu proposes de s'adresser aux autres ?
J'aurais pensé que soutenir la collègue et exiger l'application entière des sanctions pénales seraient des procédés plus efficaces pour les autres aussi et seraient des actes plus urgents.
- lisa81Habitué du forum
Iphigénie a écrit:Il me semble que dans cette affaire tout le monde ( pas Ledissé ni d'ailleurs e-Wanderer!) mélange deux choses extrêmement différentes:
La nécessité de protéger cette professeur contre des menaces intolérables qui à coup sûr menacent la république et ses valeurs bien plus fortement que la présence ou pas d’immigrés sur notre sol. Et sa nécessaire défense par l’administration non pas parce qu’elle approuve son projet mais parce qu’elle est menacée ce qui constitue un délit voire un crime je ne sais pas la définition juridique qui convient mais très grave dans tous les cas.
Et quand bien même l’administration n’aurait pas approuvé la sortie il serait absolument nécessaire que l’administration la défende sans aucune réserve ( je trouve l’argument de certains sur le fait que la sortie ait été approuvée extrêmement dangereux)
La réflexion sur le bien-fondé d’une sortie, ce qui est infiniment moins grave : je ne connais pas d’élève un jour gravement lésé par par une sortie scolaire quelle qu’elle soit et dont à l’évidence ici il y aura un enseignement à retirer, quel qu’il soit lui aussi. Je trouve d’ailleurs que le seul point de vue intéressant serait celui de ses élèves qu’à ma connaissance on n’a pas entendus .( mais pédagogiquement parlant bien sûr rien à voir avec un quelconque débat politico-humanitaire)
J'avoue m'étonner de ne pas avoir eu connaissance d'une réaction forte des élèves qui on le rappelle sont des étudiants en hypokhâgne. Une sortie scolaire annulée sous la pression de l'extrême droite aurait du déclencher à minima une manifestation devant l'établissement.
- LédisséEsprit sacré
@Iphigénie : Mais les autres, ce sont justement ceux qui se seraient adressés à l'enseignante en amont, qui auraient posé leurs questions clairement et sans agressivité, quitte même à rester sur leur désapprobation. Donc ce serait un non-sujet.
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- IphigénieProphète
Je pensais qu’ici on parlait en tant qu’enseignants, entre enseignants. Je doute que les bas du front soient sur ce forum, non? On exige de qui, au juste, en discutant sur ce forum? Pardon mais c’est un peu curieux, cette pensée qu’en discutant sur neoprofs on agit pour changer le monde : pour moi la discussion ne sert qu’à avancer dans notre propre réflexion en la confrontant? si c’est pour dire: moi je suis d’accord, moi je suis contre, je ne vois pas trop le concept…epekeina.tes.ousias a écrit:
ceux-là à l'évidence relèvent du seul pénal.
Le discours rationnel s'adresse à tous les autres.
Mais sur ce fil il s'agit bien de cela : une prof, agent de la fonction publique, victime de diffamation, de menaces de viol et d'assassinat.
Et tu proposes de s'adresser aux autres ?
J'aurais pensé que soutenir la collègue et exiger l'application entière des sanctions pénales seraient des procédés plus efficaces pour les autres aussi et seraient des actes plus urgents.
Bon enfin tout a sans doute été dit sur le sujet .
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Lédissé a écrit:@Iphigénie : Mais les autres, ce sont justement ceux qui se seraient adressés à l'enseignante en amont, qui auraient posé leurs questions clairement et sans agressivité, quitte même à rester sur leur désapprobation. Donc ce serait un non-sujet.
Exactement.
Sans compter qu'ils peuvent aussi lire la presse (citée ici).
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Iphigénie a écrit:Je pensais qu’ici on parlait en tant qu’enseignants, entre enseignants. Je doute que les bas du front soient sur ce forum, non? On exige de qui, au juste, en discutant sur ce forum? Pardon mais c’est un peu curieux, cette pensée qu’en discutant sur neoprofs on agit pour changer le monde : pour moi la discussion ne sert qu’à avancer dans notre propre réflexion en la confrontant? si c’est pour dire: moi je suis d’accord, moi je suis contre, je ne vois pas trop le concept…epekeina.tes.ousias a écrit:
ceux-là à l'évidence relèvent du seul pénal.
Le discours rationnel s'adresse à tous les autres.
Mais sur ce fil il s'agit bien de cela : une prof, agent de la fonction publique, victime de diffamation, de menaces de viol et d'assassinat.
Et tu proposes de s'adresser aux autres ?
J'aurais pensé que soutenir la collègue et exiger l'application entière des sanctions pénales seraient des procédés plus efficaces pour les autres aussi et seraient des actes plus urgents.
Bon enfin tout a sans doute été dit sur le sujet .
Mais où as-tu vu que je refusais de discuter avec toi ? À moins que tu veuilles dire que je devrais nécessairement être d'accord avec toi sans quoi tu ne pourrais pas discuter ?
Nous sommes sur un forum de profs. Une collègue est diffamée, menacée de viol et d'assassinat. J'estime que la question n'est pas de réunir un séminaire de pédagogie pour interroger ses pratiques et adopter une position de praticien réflexif. Tu dis que ça serait utile pour les autres, puis tu ajoutes qu'ils ne sont pas là. Utile à qui alors ? Aux profs ? Ce serait un fil de formation continue par atelier d'échanges de pratiques ?
Hé bien non. L'attaque porte contre une prof et ça pourrait être n'importe quel prof. Outre que poser des questions ayant pour objet le travail de la collègue, c'est faire d'elle l'objet de la question, c'est-à-dire la mettre en question, il est urgent de la soutenir et de demander l'application du droit.
Je suis en désaccord complet avec ton propos, non parce que c'est toi, mais en raison de ces arguments.
- LédisséEsprit sacré
Nous parlons en tant qu'enseignants, mais pas entre enseignants. Ce n'est pas une petite salle des profs, et ce ne sont pas des propos tenus à l'oral (qui s'envolent, qui se tiennent entre personnes qui se connaissent et où une mésinterprétation, par exemple, peut être immédiatement désamorcée). Ce fil est public, et nous sommes lus - pas comme le site d'un journal, mais potentiellement par n'importe qui à la suite d'une petite recherche par mots-clés (sans chercher à tomber sur un forum d'enseignants).Iphigénie a écrit:Je pensais qu’ici on parlait en tant qu’enseignants, entre enseignants. Je doute que les bas du front soient sur ce forum, non? On exige de qui, au juste, en discutant sur ce forum? Pardon mais c’est un peu curieux, cette pensée qu’en discutant sur neoprofs on agit pour changer le monde : pour moi la discussion ne sert qu’à avancer dans notre propre réflexion en la confrontant? si c’est pour dire: moi je suis d’accord, moi je suis contre, je ne vois pas trop le concept…epekeina.tes.ousias a écrit:
ceux-là à l'évidence relèvent du seul pénal.
Le discours rationnel s'adresse à tous les autres.
Mais sur ce fil il s'agit bien de cela : une prof, agent de la fonction publique, victime de diffamation, de menaces de viol et d'assassinat.
Et tu proposes de s'adresser aux autres ?
J'aurais pensé que soutenir la collègue et exiger l'application entière des sanctions pénales seraient des procédés plus efficaces pour les autres aussi et seraient des actes plus urgents.
Bon enfin tout a sans doute été dit sur le sujet .
Il ne s'agit pas d'agir pour changer le monde en écrivant sur néoprofs, il s'agit d'écrire sur néoprofs en ayant conscience que nos propos sont en accès public, et perçus (à juste titre) comme émanant d'enseignants en tant qu'enseignants, donc a priori les plus à même de partir du principe que la collègue mérite la confiance. Si même nous partons dans le "bien sûr les menaces c'est très mal même si elle était en tort, mais maintenant regardons ce qui a été fait pour en juger parce que parfois en effet les enseignants sont en tort et quelle discussion intéressante", nous tendons le bâton pour faire battre la profession. La discussion pour l'amour de la discussion (et j'adore discuter), ce n'est tout simplement pas envisageable ici, dans la circonstance.
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- IphigénieProphète
Est-ce bien ce qui a été dit ?"bien sûr les menaces c'est très mal même si elle était en tort, mais maintenant regardons ce qui a été fait pour en juger parce que parfois en effet les enseignants sont en tort et quelle discussion intéressante", nous tendons le bâton pour faire battre la profession.
Il me semble juste que l’art de la nuance n’est pas un accessoire inutile de la pensée et qu’il est même l’exact opposé et la meilleure des réfutations des pensées fascistes-: et je ne parle pas de nuance dans le jugement des attaques contre la collègue par un groupuscule haineux.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Réfuter les pensées fascistes en discutant les cours et la pédagogie de la collègue ? Mais là, il ne s'agit pas de "pensées" : il s'agit d'exactions et de délits. Donc ça ne se réfute pas.
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Si tu vales valeo.
- PrezboGrand Maître
epekeina.tes.ousias a écrit:Reine Margot a écrit:seul le discours rationnel peut dépasser ces différences.
Des gens qui te menacent de viol et d'assassinat, ce n'est pas une différence, et ça ne se surmonte pas avec des syllogismes, de la lucidité et des discours rationnels. Ça ne s'est du reste jamais vu à ma connaissance.
Eto, je crois que tu ne comprends pas que le discours rationnel ne s'adresse pas ici à ceux qui ont menacé une collègue ou dénoncent la propagande immigrationniste à l'école, dont personne je pense ne croit à la bonne foi, mais à tout ceux qui pourraient être attirés par ce buzz sans être au courant des tenant et aboutissant du projet, et soupçonneux quant à un sujet qui est (je crois que e-wander a bien expliqué pourquoi) par essence politique et extrêmement polémique. (Je crois qu'il y a effectivement un peu de naïveté, réelle ou feinte, à s'abriter derrière l'idée d'un projet juste humanitaire et pas politique.)
Pour défendre un projet de ce type, il faut l'expliquer. On peut toujours dire qu'il est indécent de la faire maintenant, mais à refuser de le faire, je pense qu'on se condamne à voir le refoulé ressurgir ailleurs, sous des formes extrêmement toxiques.
De la même manière, si on file la comparaison avec l'affaire Samuel Paty (puisque je ne pense pas loin de penser que les groupes de parents concernés agissent en miroir les un des autres), qu'il faut expliquer que si un professeur d'hgemc montre Mahomet les fesses en l'air, ce n'est pas parce que l'école est gangrénée par une islamophobie déchaînée et que l'état français fait la chasse aux musulmans (thèses qui sont actuellement effectivement relayées, littéralement, dans certains réseaux) mais dans le cadre d'une séquence pédagogique sur le thème de la liberté d'expression, qui est également un sujet politique et actuellement fortement polémique.
La réponse institutionnelle -ce projet est validé par le rectorat- est incontestablement une première nécessité dans une logique de soutien professionnel et juridique à notre collègue, mais elle ne sera pas suffisante sauf à entretenir l'idée qu'il existe une parole officielle, et que certains sujets seraient tabous et ceux qui les abordent des "résistants".
(D'autant que nous sommes bien nous-même placés pour savoir que non, le rectorat ne va pas mettre le nez en détail dans chaque projet qu'on lui présente.)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Mais rien ne sera jamais suffisant. Si des menaces de mort de suffisent pas à quelqu'un, aucune discussion pédagogique au monde ne lui suffira.
Les idées dont tu parles - la parole officielle, le silence et ceux qui parlent tout haut - ont une structure de "style paranoïaque" (pour reprendre le concept du politiste Richard Hofstadter), on dit de nos jours "complotiste" (ce qui ne clarifie rien). On les trouve à l'oeuvre dans les idéologies extrémistes et aucune réfutatiin, aucune démonstration n'a de prise sur elles : pour la bonne raison que ceux qui voudraient les réfuter sont justement ceux qui en sont les victimes. Une enquête ? Il y a dépôt de plainte: "oui, mais ils se soutiennent entre eux"... Il faudrait faire l'enquête ici ? "Même eux admettent qu'il y aurait pu, qu'il pourrait y avoir quelquechise: c'est bien la preuve que..." Cela n'est pas de l'ordre du rationnel. C'est un soupçon sans enquête qui ne veut que trouver sa confirmation.
Raisonnablement, qu'a-t-on besoin de savoir de plus quand il y a menace d'assassinat ? Dacoir l'assurance que celles-ci ne seraient pas "justifiées" ? Même "un tout petit peu" ? Mais c'est très exactement le principe du "oui, mais".
Les idées dont tu parles - la parole officielle, le silence et ceux qui parlent tout haut - ont une structure de "style paranoïaque" (pour reprendre le concept du politiste Richard Hofstadter), on dit de nos jours "complotiste" (ce qui ne clarifie rien). On les trouve à l'oeuvre dans les idéologies extrémistes et aucune réfutatiin, aucune démonstration n'a de prise sur elles : pour la bonne raison que ceux qui voudraient les réfuter sont justement ceux qui en sont les victimes. Une enquête ? Il y a dépôt de plainte: "oui, mais ils se soutiennent entre eux"... Il faudrait faire l'enquête ici ? "Même eux admettent qu'il y aurait pu, qu'il pourrait y avoir quelquechise: c'est bien la preuve que..." Cela n'est pas de l'ordre du rationnel. C'est un soupçon sans enquête qui ne veut que trouver sa confirmation.
Raisonnablement, qu'a-t-on besoin de savoir de plus quand il y a menace d'assassinat ? Dacoir l'assurance que celles-ci ne seraient pas "justifiées" ? Même "un tout petit peu" ? Mais c'est très exactement le principe du "oui, mais".
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Si tu vales valeo.
- Reine MargotDemi-dieu
ETO, précisément le discours rationnel ne s'adresse pas à ceux qui envoient des menaces de mort, ils y sont inacessibles, mais à la majorité silencieuse et (on l'espère) raisonnable.
Ce sont les assassins qu'il faut arrêter à court terme et c'est cette majorité silencieuse qu'il faut convaincre, à long terme.
Ce sont les assassins qu'il faut arrêter à court terme et c'est cette majorité silencieuse qu'il faut convaincre, à long terme.
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La famille Bélier
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Mais CE fil, lui, parle d'une collègue à qui nous devons apporter notre soutien vu ce dont elle est victime. S'il faut "parler aux autres", qui ne sont pas là et ne ne sont pas l'extrême droite, je pense plus urgent de leur demander : trouvez-vous normal qu'on menace une prof de viol et d'assassinat ? un prof a déjà été assassiné, vous ne trouvez pas que ça suffise ? vous trouvez normale cette manie de tomber à bras raccourcis sur les profs ? vraiment ?
Qu'ils répondent oui ou non, aucune considération pédagogique ou didactique qui soit, ou pire et différent aucune esquisse de méacoulpisme au monde n'y changera rien !
Qu'ils répondent oui ou non, aucune considération pédagogique ou didactique qui soit, ou pire et différent aucune esquisse de méacoulpisme au monde n'y changera rien !
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Si tu vales valeo.
- Reine MargotDemi-dieu
Nous sommes lus, et par un public assez large je pense (je travaille dans l'administration et sans donner mon poste je peux assurer qu'on nous lit).
Je pense que personne dans le grand public ne trouve "normal" qu'on assassine un(e) prof ou qu'un(e) prof soit menacé(e) de mort. Par contre peu de gens saississent vraiment les enjeux de ces évènements, et certains, oui, peuvent être tentés de dire "oui mais..." et c'est là qu'expliquer est utile.
Je pense que personne dans le grand public ne trouve "normal" qu'on assassine un(e) prof ou qu'un(e) prof soit menacé(e) de mort. Par contre peu de gens saississent vraiment les enjeux de ces évènements, et certains, oui, peuvent être tentés de dire "oui mais..." et c'est là qu'expliquer est utile.
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- ErgoDevin
https://www.philomag.com/articles/sophie-djigo-lenseignante-de-philosophie-menacee-par-lextreme-droite-sexprimeMenacée par des militants d’extrême droite, Sophie Djigo, professeure de philosophie, a dû annuler une sortie à Calais avec ses étudiants. Pour cette spécialiste des phénomènes migratoires et co-autrice de l'essai Des philosophes sur le terrain (Créaphis, 2022), l’étude de terrain est pourtant indispensable pour comprendre la frontière et la citoyenneté. Entretien exclusif.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Reine Margot a écrit:Par contre peu de gens saississent vraiment les enjeux de ces évènements, et certains, oui, peuvent être tentés de dire "oui mais..." et c'est là qu'expliquer est utile.
Autrement dit : tu imagines des gens qui ne comprennent pas, qui ne sont pas présents mais qui doivent bien exister quelque part, et qui pourraient éventuellement te lire mais n'ont évidemment rien posté ici, puis tu utilises ce fil qui est ouvert pour soutenir une collègue pour avoir une conversation avec eux parce qu'après tout la question pourrait se poser avec eux. "et là" il faut expliquer, mais comme ils ne sont pas "là", autant faire comme si sans penser au reste ni au sujet réel de ce fil...
Au minimum, c'est du hors sujet et en réalité, si l'on revient à la collègue victime c'est de la désinvolture.
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