Annulation d'une sortie scolaire sous la pression de l'extrême-droite

Reine Margot a écrit:Par contre peu de gens saississent vraiment les enjeux de ces évènements, et certains, oui, peuvent être tentés de dire "oui mais..." et c'est là qu'expliquer est utile.

Autrement dit : tu imagines des gens qui ne comprennent pas, qui ne sont pas présents mais qui doivent bien exister quelque part, et qui pourraient éventuellement te lire mais n'ont évidemment rien posté ici, puis tu utilises ce fil qui est ouvert pour soutenir une collègue pour avoir une conversation avec eux parce qu'après tout la question pourrait se poser avec eux. "et là" il faut expliquer, mais comme ils ne sont pas "là", autant faire comme si sans penser au reste ni au sujet réel de ce fil...
Au minimum, c'est du hors sujet et en réalité, si l'on revient à la collègue victime c'est de la désinvolture.

Mais enfin, à part faire des supputations, que faites vous ? Vous n'expliquez pas ce projet et qui plus est, vous vous interrogez sur sa légitimité. La chronique d'Arte, que j'ai postée plus haut, explique, elle, ce projet. Et prouve assez clairement, comme l'article de philo mag ci-dessus, qu'il y est question de faire de la philosophie. Avec une question qui touche à la politique, certes, mais qu'il s'agit de traiter sous l'angle philosophique et avec un éclairage littéraire et artistique (puisque ce projet est présenté dans plusieurs articles comme un projet interdisciplinaire).
Si vous n'avez pas d'infos sur le projet ou que vous n'en cherchez pas, comment prétendez-vous expliquer quoi que ce soit? Il me semble que la collègue, avec courage compte-tenu des menaces qu'elle reçoit, a entrepris très rapidement de tenter de rétablir la vérité sur son travail. Et que rien ici dans les posts de ceux qui prétendent défendre la collègue en interrogeant sa démarche ne va dans le sens de ces explications. Bref, désolée si c'est violent, mais il me semble que beaucoup ici s'expriment sans vraiment s'être informé tout en prétendant produire un avis informé qui se base essentiellement sur des conjectures, des parallèles douteux et des anecdotes personnelles peu pertinentes dans le débat.

Ce qui est réel, en revanche, c'est que les agressions violentes de l'extrême droite ne sont pas un fantasme de gauchistes mais une réalité (rien qu'aujourd'hui, une conférence à été perturbée à Bordeaux et des étudiants agressés par des militants d'extrême droite).
Ce qui l'est tout autant, c'est que Reconquête a lancé une grande offensive contre l'école.
Ce qui est également en jeu ici, c'est une censure pédagogique qui n'a pas lieu d'être. L'action de l'extrême droite a conduit à l'annulation d'un projet pédagogique parce que la sécurité des personnels et des étudiants n'était pas assurée.
Et ça, ce ne sont pas des conjectures.

Merci Poupoutch.

+ 1

Un article dans la Voix du nord sur une pétition de soutien signée notamment par Annie Ernaux
https://www.lavoixdunord.fr/1263017/article/2022-12-05/une-tribune-signee-par-plus-de-1000-personnes-en-soutien-l-enseignante-de

Merci Poupoutch !

Oui, merci Poupoutch de remettre les pendules à l'heure.
Et merci Clecle pour l'article sur la pétition.

Personnellement je n’ai pas suivi ton lien, Poupoutch, merci quand même, parce que j’ai entendu cette chronique en direct sur Arte. (Vu à la télé )
Je signale d’ailleurs à ce propos qu’Ovide n’est pas « revenu de la mer noire enrichi culturellement » parce qu’il n’est pas revenu du tout . Mais c’est un détail .
L’article de Philomag cité par Ergo est beaucoup plus intéressant, à mon avis.

henriette a écrit:Oui, merci Poupoutch de remettre les pendules à l'heure.
Et merci Clecle pour l'article sur la pétition.

Merci à toutes les deux.
Tout mon soutien à notre collègue qui en arrive à craindre pour sa vie pour avoir voulu faire son travail.

epekeina.tes.ousias a écrit:

Reine Margot a écrit:Par contre peu de gens saississent vraiment les enjeux de ces évènements, et certains, oui, peuvent être tentés de dire "oui mais..." et c'est là qu'expliquer est utile.

Autrement dit : tu imagines des gens qui ne comprennent pas, qui ne sont pas présents mais qui doivent bien exister quelque part, et qui pourraient éventuellement te lire mais n'ont évidemment rien posté ici, puis tu utilises ce fil qui est ouvert pour soutenir une collègue pour avoir une conversation avec eux parce qu'après tout la question pourrait se poser avec eux. "et là" il faut expliquer, mais comme ils ne sont pas "là", autant faire comme si sans penser au reste ni au sujet réel de ce fil...
Au minimum, c'est du hors sujet et en réalité, si l'on revient à la collègue victime c'est de la désinvolture.

Non, il y a des gens qui ne postent pas mais nous lisent (je n'imagine pas, j'en connais) et qui peuvent comprendre si on explique le projet de la collègue.

Mais ce n'est pas le point. Quand il y a le feu, ce n'est pas le moment de discuter de la qualité de l'eau ni du civisme des pompiers.

J'ai déjà répondu là-dessus, je pense, sur les deux temps, court terme et long terme.
Il est toujours intéressant d'étudier les tenants et les aboutissants d'une polémique et de prendre du recul.
L'ennui c'est quand ce recul passe pour un refus de soutien à la collègue, ce qu'il n'est pas (au contraire même)

Sur CE fil, il n'est pas étonnant que cela soit tenu pour tel.

Au contraire, puisque l'analyse précise du projet de la collègue va à l'encontre des arguments de l'ED, et détruit leur raisonnement ("une sortie à but militant pro-migrants").

Il n'y a donc pas à s'obstiner à demander des comptes à la collègue et il était déplacé de le faire !

Ce n'est pas le sens des interventions que j'ai lues sur ce fil.

Je suis plutôt de l'avis de @Lédissé et c'est plutôt ce qui s'est produit ici :

Lédissé a écrit:Donc environ, pour 10 messages de soutien direct, 40 relevant d'une discussion qui n'aurait pas dû avoir lieu, qui fait la place à une remise en question de ce que fait une collègue à qui, pour rappel, ont été adressées des menaces atroces, qui a vu son travail sali et annulé, se retrouve en danger, et alors que, sa souffrance et sa mise en danger personnelle mise à part, le sujet ne pourrait être que l'infiltration violente et scandaleuse d'un parti politique (et non d'un ou deux parents isolés) dans l'action pédagogique. Soit 20% du fil consacré à une expression de soutien, 80% à une discussion qui n'a pas sa place ici et ne peut que blesser la collègue concernée et entamer notre position collective en tant qu'enseignant face à ce genre d'attaque.

À quoi j'ajouterais que, puisque tu dis que “les autres” nous lisent, il y a aussi peut-être d'“autres autres” qui le font : ceux qui se rangent dans le camps des extrémistes de droite doivent être ravis de voir que des profs “interrogent” et questionnent le travail d'une collègue. “Si même les profs posent des questions, c'est bien que… Il ne faut pas demander… Même eux sont mal à l'aise…” Et c'est très exactement ce qu'ils cherchent et ce qu'ils veulent : déstabiliser des profs qui font leur travail, les intimider ou plus et introduire leur idéologie en lieu et place de l'enseignement. Je reconnais volontiers que, face à tant d'irénisme et d'angélisme, les bras m'en tombent !

Les "autres autres" sont irrécupérables et si on s'interdit une réflexion rationnelle en raison de ce qu'ils pourraient dire, on n'est pas sortis et précisément ils ont gagné: la rhétorique passionnelle prend le dessus. Ceux là, si on ne dit rien d'autre que "il faut soutenir la collègue", ils diront qu'on cache des choses. Et si on s'interroge (pour montrer précisément qu'elle est dans les clous, comme Samuel Paty), c'est que "même les profs se posent des questions". Autant donc comme je disais s'occuper de ceux qui sont accessibles à la raison et laisser les autres dans leur marigot.

À nouveau, les bras m'en tombent tant tu négliges cette “autre” qu'est notre collègue en persistant à vouloir tout questionner, en croyant bien faire et en t'imaginant qu'il n'y a là rien de déplacé, aucun manque de tact… As-tu lu le message de Poupoutch et crois-tu réellement que la collègue menacée de viol et d'assassinat trouverait ton propos tout à fait naturel et fort bienvenue ?

Moi les bras m'en tombent quand je vois le nombre de fois où j'ai dit qu'il fallait la soutenir.
Je m'arrête là pour ce fil, assez révélateur de l'époque, en somme.

C'est qu'il serait bon de cesser de légitimer le fait de mettre la collègue en question sous quelque prétexte que ce soit.
Le problème n'est pas que tu lui accordes ton soutien : le problème est que tu t'autorises à mettre en question son travail sous prétexte de grands principes, d'explications qu'il faudrait donner, des autres qui pourraient lire. C'est un “oui mais” dans toute sa splendeur.

Reine Margot a écrit:Moi les bras m'en tombent quand je vois le nombre de fois où j'ai dit qu'il fallait la soutenir.
Je m'arrête là pour ce fil, assez révélateur de l'époque, en somme.

Je suis pleinement de ton avis, merci d'être intervenue.

mp!

@epekeina.tes.ousias Je ne lis pas ce que dit Reine Margot comme toi. Il se trouve que les attaques contre cette enseignante seraient abominables même si elle avait commis une faute ou même une maladresse, mais qu’il est utile de rappeler que, circonstance aggravante pour ses agresseurs, elle n’a rien à se reprocher professionnellement.
On peut être victime d’agressions atroces après s’être rendu coupable d’exactions, mais quand en plus on est livré à la vindicte publique alors qu’on est innocent de ce dont on est accusé, il n’est pas inutile de le souligner.
Ici, comme c’était le cas avec Samuel Paty, ce n’est pas forcément évident pour tous. Les enseignants sont souvent amenés à parler de sujets que certains peuvent juger sensibles, et il est toujours utile de rappeler que montrer, décrire, voire expliquer n’équivaut nullement à faire du prosélytisme.

Mince à la fin. J'ai re-repris le fil, et j'y lis :
page 1 : message de Cervo2paille impliquant clairement que le projet de la collègue relève de "propagande" (= message d'accusation)
page 1 : article du Monde relayé par Poupoutch, expliquant le projet en question [donc c'est bon, l'explication est là]
page 1 : message de kai002 demandant quelles sont les valeurs de la République en jeu dans la sortie (= message de "questionnement" - question rhétorique valant accusation)
page 2 : message d'e-Wanderer qui réfléchit en direct et pour le principe sur la question du militantisme en classe (en apportant trois exemples personnels de professeurs militants dont deux sur trois se sont comportés de manière non professionnelle), pour conclure que bon, finalement il semble que la collègue ait raison dans le choix du sujet à étudier, mais que quand même, sur la manière de l'étudier, il est "difficile de juger" (= message de questionnement : la collègue avait-elle raison, n'a-t-elle pas glissé vers le militantisme ? invitation à juger, donc remise en cause, sans d'ailleurs utiliser les explications sur le projet déjà données dans l'article du Monde)
Donc les messages qui ont initié la discussion sur le bien-fondé du projet n'avaient absolument pas un but d'explication à destination d'un éventuel public qui nourrirait des doutes sans pour autant appartenir à la foule haineuse à l'origine des menaces ; c'étaient bel et bien des messages de questionnement, donc de remise en question, alors même que (1) la situation de la collègue devrait interdire une telle remise en question (2) les explications nécessaires figuraient dans l'article du Monde dès la première page, et ont été ignorées pour l'amour de la réflexion en l'air, et enfin (3) comme le rappelle Sphinx,

- il est établi que la collègue n'est pas hors-programme
- il est établi qu'elle avait l'aval de l'institution
- il est établi qu'elle ne prive pas les élèves d'heures d'orthographe, elle fait son boulot de prof de philo en HK
- je ne sais pas où serait la propagande (ni de la propagande pour quoi)

Donc se réclamer d'un désir d'explication, pardon, ça ne tient pas.

Lédissé a écrit:page 1 : article du Monde relayé par Poupoutch, expliquant le projet en question [donc c'est bon, l'explication est là]

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