- LadyOlennaModérateur
+1000Jenny a écrit:Ce n'est pas une sortie dans un camp de migrants, mais plutôt une rencontre avec une association.
L'égalité, la fraternité entrent dans ce cadre.
Soutien à la collègue menacée. Ca me sidère qu'on ne soutienne pas des collègues qui subissent ce genre de menaces.
- JennyMédiateur
L'engagement figure aussi dans les programmes du secondaire (EMC, collège et Tle).
- Reine MargotDemi-dieu
Il n'y a pas forcément de militantisme dans l'étude des migrations, lorsque la démarche est la plus objective et donc pédagogique (et non politisée) possible, elle est légitime.
Il est nécessaire de soutenir cette collègue, comme il l'était de soutenir Samuel Paty ou tout artiste "offensant" certaines convictions.
Il est nécessaire de soutenir cette collègue, comme il l'était de soutenir Samuel Paty ou tout artiste "offensant" certaines convictions.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- epekeina.tes.ousiasModérateur
LadyOlenna a écrit:+1000Jenny a écrit:Ce n'est pas une sortie dans un camp de migrants, mais plutôt une rencontre avec une association.
L'égalité, la fraternité entrent dans ce cadre.
Soutien à la collègue menacée. Ca me sidère qu'on ne soutienne pas des collègues qui subissent ce genre de menaces.
Cela fait même plus que me sidérer, car enfin :
https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/12/05/de-la-sortie-pedagogique-a-la-campagne-de-haine-comment-une-enseignante-a-ete-harcelee-par-des-soutiens-d-eric-zemmour_6152947_3224.html
Sur Twitter, les partisans d’Eric Zemmour continuent leur campagne. Un hashtag #sophiedjigo est lancé, des photos d’elle et de ses actions circulent. Injures et menaces fusent par centaines. Le 29 novembre, un billet publié sur le blog de l’organisation d’extrême droite Riposte laïque estime qu’il faut « virer cette *** ». « Je souhaite que cette ignoble *** se fasse dépecer vivante par ses petits protégés », « cette foldingue mérite de se faire assassiner »… Les commentaires sous le texte sont au-delà de l’injure. Après avoir annulé la sortie scolaire, le rectorat porte plainte, le 30 novembre, pour diffamation.
De quoi se rend-on alors complice ? [N.B. les termes en astérisques sont en toutes lettres dans l'article]
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Si tu vales valeo.
- LédisséEsprit sacré
Je ne vois pas comment on peut envisager une autre position que celle du soutien. Cela me fait de la peine que dès la première page, sur ce forum, s'expriment des réticences voire des condamnations à demi-mot. Bon courage à la collègue concernée, qui j'espère aura la protection et le soutien actif du rectorat.
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- menerveOracle
Jenny a écrit:Ce n'est pas une sortie dans un camp de migrants, mais plutôt une rencontre avec une association.
L'égalité, la fraternité entrent dans ce cadre.
Soutien à la collègue menacée. Ca me sidère qu'on ne soutienne pas des collègues qui subissent ce genre de menaces.
Et le professeur en question est un professeur de philosophie. Le but de cette sortie est de faire réfléchir les élèves, de lutter contre les préjugés. Il ne s'agit pas de promouvoir ou non l'immigration mais de faire réfléchir aux raisons qui font que le phénomène de l'immigration existe.
Et ces raisons sont multiples et complexes.
- RuthvenGuide spirituel
La collègue fait de la philosophie de terrain. La sortie était prévue avec de hyppkhâgneux apparemment pour travailler la question de la frontière.
Voir par exemple ici : https://les-livres-de-philosophie.blogspot.com/2022/11/christiane-vollaire-olivier-razac.html
Voir par exemple ici : https://les-livres-de-philosophie.blogspot.com/2022/11/christiane-vollaire-olivier-razac.html
- JennyMédiateur
La question de la frontière est intéressante en sciences sociales, c’est un bel objet d’étude.
Mais à la limite, peu importe… Aller juger le travail de la collègue pour justifier des appels au meurtre me révolte. Son travail avec les élèves n’est pas le sujet.
Mais à la limite, peu importe… Aller juger le travail de la collègue pour justifier des appels au meurtre me révolte. Son travail avec les élèves n’est pas le sujet.
- piescoModérateur
+1 On dirait qu'on n'a rien appris.
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Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- PoupoutchModérateur
Son travail n'est pas le sujet, mais elle a manifestement de par ses publications une connaissance certaine du sujet.
La collègue est par ailleurs soutenue par de très nombreuses associations et personnalités du monde universitaire.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/12/05/stop-a-l-impunite-du-dechainement-et-des-intimidations-fascistes-contre-sophie-djigo_6153040_3232.html
Ainsi que par ses collègues
https://www.lavoixdunord.fr/1263396/article/2022-12-06/lycee-watteau-la-communaute-educative-soutient-l-enseignante-ciblee-par
La collègue est par ailleurs soutenue par de très nombreuses associations et personnalités du monde universitaire.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/12/05/stop-a-l-impunite-du-dechainement-et-des-intimidations-fascistes-contre-sophie-djigo_6153040_3232.html
Ainsi que par ses collègues
https://www.lavoixdunord.fr/1263396/article/2022-12-06/lycee-watteau-la-communaute-educative-soutient-l-enseignante-ciblee-par
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- InvitéInvité
J'ai trouvé un "Figaro" dans les WC : cette annulation ne les choque pas du tout...
- piescoModérateur
Un article a été publié le 29/11 https://www.lefigaro.fr/actualite-france/lille-le-rectorat-va-deposer-plainte-apres-des-menaces-contre-une-enseignante-20221129
Une professeure a reçu des menaces après avoir voulu organiser une sortie avec sa classe préparatoire Hypokhâgne le 2 décembre aux abords d'un camp de migrants de Calais.
Le rectorat de Lille a annoncé mardi 29 novembre avoir annulé «par sécurité» une sortie pédagogique auprès de migrants de Calais après des «menaces» sur les réseaux sociaux contre l'enseignante organisatrice, pour lesquelles il va porter plainte.
Cette enseignante «mène un projet pédagogique interdisciplinaire, intitulé exil et frontières» avec sa classe préparatoire Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes, a expliqué à l'AFP le rectorat de l'académie de Lille. Dans ce cadre, elle devait emmener le 2 décembre ses étudiants aux abords d'un camp de migrants de Calais, notamment auprès de l'association de soutien aux exilés, «l'Auberge des migrants».
Mais cette sortie, dont les détails ont été communiqués lundi sur les réseaux sociaux par le «réseau parents vigilants», proche du parti «Reconquête!», a déclenché une levée de boucliers de militants d'extrême droite.
- Mélusine2Niveau 10
kai002 a écrit:LadyOlenna a écrit:Pour ta gouverne, @Cervo2paille, le référentiel des compétences des métiers du professorat et de l'éducation précise, dès les premières lignes, que En tant qu'agents du service public d'éducation, ils transmettent et font respecter les valeurs de la République. Ils agissent dans un cadre institutionnel et se réfèrent à des principes éthiques et de responsabilité qui fondent leur exemplarité et leur autorité.Cervo2paille a écrit:La propagande n'a rien à faire à l'école, que chacun garde ses convictions politiques pour soi.
1. Faire partager les valeurs de la République
- Savoir transmettre et faire partager les principes de la vie démocratique ainsi que les valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité ; la laïcité ; le refus de toutes les discriminations.
Si pour toi faire partager les valeurs de la République c'est faire de la propagande, je ne sais pas ce que tu viens faire dans cette institution en fait.
Quelles valeurs de la République sont en jeu dans cette sortie dans les camps de migrants?
Ah. Je te remontre, tu as mal lu la citation faite par LadyOlenna :
LadyOlenna a écrit:
- Savoir transmettre et faire partager les principes de la vie démocratique ainsi que les valeurs de la République : la liberté, l'égalité, la fraternité ; la laïcité ; le refus de toutes les discriminations.
4 sur 5, pas mal, non ?
Certains propos font vraiment froid dans le dos.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Le sujet, effectivement, n'est absolument pas de savoir si la pédagogie, si le projet, si le, la, les etc. peuvent faire l'objet d'une dissertation moralisatrice, où l'on se drape dans la vertu, les principes et toute cette sorte de choses : le tout pour incriminer la collègue victime.
Le sujet est qu'une collègue est menacée, par des groupes idéologiques et un parti d'extrême droite. Et pas menacée de "rien" mais de violences et de meurtre.
Il est affligeant de constater que tout se passe comme si certains se permettaient d'"oublier" des événements pourtant pas si anciens.
Pour ma part, mon soutien va entièrement et sans une once d'hésitation à la collègue, surtout et en premier lieu, et à ses collègues et à leurs étudiants aussi.
Le sujet est qu'une collègue est menacée, par des groupes idéologiques et un parti d'extrême droite. Et pas menacée de "rien" mais de violences et de meurtre.
Il est affligeant de constater que tout se passe comme si certains se permettaient d'"oublier" des événements pourtant pas si anciens.
Pour ma part, mon soutien va entièrement et sans une once d'hésitation à la collègue, surtout et en premier lieu, et à ses collègues et à leurs étudiants aussi.
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Si tu vales valeo.
- LadyOlennaModérateur
Et puis qui se croit à l'abri se trompe. Demain ce sera peut-être tel choix de film dans le cadre de Collège et cinéma qui fera l'objet d'un tel lynchage médiatique, ou la visite de tel ou tel monument. Ça fait froid dans le dos.
- PoupoutchModérateur
Il faut aller lire le site de "Parents vigilants". C'est totalement effarant. Tout peut être prétexte à dénoncer un enseignant, et si on tombe au mauvais moment médiatique et qu'il y a un vide à combler, ils sauteront sur l'occasion. N'importe qui pourrait se retrouver à la place de cette collègue.
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- TailleventFidèle du forum
Effectivement qu'en lisant leur site et leur fil Twitter, on ne met pas plus de trente secondes à comprendre quelle est leur orientation politique.
- e-WandererGrand sage
J'avoue que je suis partagé sur cette question :
D'un côté, il y a la défense de la personne du professeur, sur laquelle il n'y a aucune discussion qui tienne : il faut la protéger et le rôle de l'institution est de traîner en justice les individus ou l'association qui a/ont proféré des menaces explicites.
Il y a aussi la liberté pédagogique, que je défends comme un principe fort : c'est bien pour cela que je me sens bien à l'université, sans aucun contrôle extérieur de ce que je peux raconter en cours, sans avoir à subir la tutelle de l'inspection etc. C'est une condition qui me semble nécessaire pour penser librement, tester des hypothèses parfois un peu risquées etc.
De l'autre, je suis gêné par ce qui peut tout de même s'apparenter à du militantisme. J'ai horreur du FN, mais ça ne m'empêchait pas d'être choqué en classe de terminale quand notre prof d'Histoire dézinguait Le Pen et faisait ouvertement la promo du PS EN COURS – il était président de la section départementale, et cette interférence entre le militantisme et l'enseignement me semblait inappropriée. Idem en prépa, ma prof de philo tenait clairement des discours politiquement très engagés pro-PS : j'estime que ce n'est pas le lieu. Cela ne veut pas dire que je trouve anormal qu'un professeur s'engage en politique ou dans des activités associatives bénévoles, même idéologiquement marquées. Mais dans ce cas-là, la suspicion de militantisme en cours est forcément très forte : la prudence, quand on a un engagement public connu, commanderait de bien marquer les frontières avec la classe. C'est ce que faisait ma prof de latin d'hypokhâgne, responsable de la section PS des Hauts-de-Seine, régulièrement candidate (malheureuse) aux municipales à Antony face à Devedjian, mais qui ne parlait JAMAIS de cet engagement, même dans les discussions libres à la pause ou en voyage scolaire. C'est à mes yeux la conduite la plus exemplaire.
J'ai aussi réfléchi à l'opportunité de ce genre de sorties scolaires par rapport au concours (puisqu'il s'agit d'une classe prépa). Mon premier réflexe a été de me dire qu'en classe de prépa concours, elle avait une façon assez peu académique de préparer ses élèves (me souvenant que j'avais eu le choix, à l'oral d'Ulm, entre "l'érudition" et "le concept", et comme sujet d'écrit "Qu'est-ce qu'une révolution?", sujets assez peu en rapport avec un terrain auprès des migrants). Mais j'ai regardé, par curiosité, ce qui était tombé à l'écrit ces 20 dernières années.
D'un côté, il y a la défense de la personne du professeur, sur laquelle il n'y a aucune discussion qui tienne : il faut la protéger et le rôle de l'institution est de traîner en justice les individus ou l'association qui a/ont proféré des menaces explicites.
Il y a aussi la liberté pédagogique, que je défends comme un principe fort : c'est bien pour cela que je me sens bien à l'université, sans aucun contrôle extérieur de ce que je peux raconter en cours, sans avoir à subir la tutelle de l'inspection etc. C'est une condition qui me semble nécessaire pour penser librement, tester des hypothèses parfois un peu risquées etc.
De l'autre, je suis gêné par ce qui peut tout de même s'apparenter à du militantisme. J'ai horreur du FN, mais ça ne m'empêchait pas d'être choqué en classe de terminale quand notre prof d'Histoire dézinguait Le Pen et faisait ouvertement la promo du PS EN COURS – il était président de la section départementale, et cette interférence entre le militantisme et l'enseignement me semblait inappropriée. Idem en prépa, ma prof de philo tenait clairement des discours politiquement très engagés pro-PS : j'estime que ce n'est pas le lieu. Cela ne veut pas dire que je trouve anormal qu'un professeur s'engage en politique ou dans des activités associatives bénévoles, même idéologiquement marquées. Mais dans ce cas-là, la suspicion de militantisme en cours est forcément très forte : la prudence, quand on a un engagement public connu, commanderait de bien marquer les frontières avec la classe. C'est ce que faisait ma prof de latin d'hypokhâgne, responsable de la section PS des Hauts-de-Seine, régulièrement candidate (malheureuse) aux municipales à Antony face à Devedjian, mais qui ne parlait JAMAIS de cet engagement, même dans les discussions libres à la pause ou en voyage scolaire. C'est à mes yeux la conduite la plus exemplaire.
J'ai aussi réfléchi à l'opportunité de ce genre de sorties scolaires par rapport au concours (puisqu'il s'agit d'une classe prépa). Mon premier réflexe a été de me dire qu'en classe de prépa concours, elle avait une façon assez peu académique de préparer ses élèves (me souvenant que j'avais eu le choix, à l'oral d'Ulm, entre "l'érudition" et "le concept", et comme sujet d'écrit "Qu'est-ce qu'une révolution?", sujets assez peu en rapport avec un terrain auprès des migrants). Mais j'ai regardé, par curiosité, ce qui était tombé à l'écrit ces 20 dernières années.
- Liste des sujets de philo à Ulm depuis 2002:
- * Comment dire la vérité (2002)
* Peut-on s'en tenir au présent ? (2003)
* Qu'est-ce que mourir ? (2004)
* Pourquoi y a-t-il des lois ? (2005)
* Faut-il avoir pur de la nature (2006)
* Peut-on tout dire ? (2007)
* L'égalité (2008)
* Pourquoi punir? (2009)
* L'imitation (2010)
* Les sciences sont-elles une description du monde ? (2011)
* Qu'est-ce qui est hors la loi ? (2012)
* La cause (2013)
* Le corps peut-il être objet d'art ? (2014)
* Expliquer (1015)
* Que peut-on interdire ? (2016)
* Peut-on délimiter l'humain ? (2017)
* La responsabilité (2018)
* Peut-il y avoir des expériences métaphysiques ? (2019)
* Science et objectivité (2020)
* "L'État, c'est moi" (2021)
* Quand y a-t-il art ? (2022)
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- ZybulkaHabitué du forum
Je ne vois pas bien ce qui pourrait justifier la nuance logique qui se cache derrière ce "donc" : indépendamment de ta prof d'histoire, de ton intuition ou des derniers sujets tombés à Ulm, il est effectivement difficile de juger les cours d'un·e collègue. J'ajouterais même que c'est particulièrement nuisible, et que savoir comment cette collègue a abordé telle ou telle question ne présente aucun intérêt ici (ni ailleurs). Je pense que l'on peut faire confiance aux collègues pour aborder les questions au programme avec intelligence, et savoir comment organiser leur cours pour conduire leurs élèves vers l'émancipation intellectuelle. Accepter que tout le monde et surtout n'importe qui ait son mot à dire sur les cours des professeurs me paraît être une pente particulièrement glissante.e-Wanderer a écrit:Difficile donc, de juger a priori, sans savoir comment elle a abordé cette question.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
e-Wanderer a écrit:Difficile donc, de juger a priori, sans savoir comment elle a abordé cette question.
Mais outre qu'il est toujours difficile (en réalité impossible) de juger a priori en pareil cas, est-ce bien indispensable ? Est-ce que la première chose à faire est de juger de la pertinence ou de la non pertinence du travail de la collègue ?
À mon avis, non seulement cela n'est pas nécessaire, mais l'on devrait s'en abstenir strictement. Tout d'abord parce que (pour ma part) n'étant pas inspecteur, je ne suis strictement pas qualifié pour porter un jugement de cet ordre. Ensuite parce qu'il est strictement impossible de le faire, que ce soit négativement ou positivement, sans accepter la logique même de cette question: qui est justement celle directement invoquée pour être immédiatement transformée en accusation par les personnes, les groupes “associatifs” ou “politiques” qui condamnent et menacent la collègue. Enfin parce qu'en plus donc de confirmer la logique des persécuteurs et de ceux qui profèrent des menaces (y compris d'assassinat!), c'est totalement inutile: que je sache, le Rectorat a accordé la protection fonctionnelle à la collègue et déposé une plainte, ce qui tend à indiquer un soutien complet. Pour le dire autrement : les projets et actions menées par les collègues, à quelque niveau que ce soit, le sont toujours dans des écoles ou des établissements, au su et au vu d'une institution — en d'autres termes, ils sont déjà institutionnalisés et seule l'institution elle-même est habilitée à aller y voir et à émettre un jugement de fond là-dessus. Je préfèrerais donc infiniment qu'on postulât en règle générale que les enseignants font leur travail dans le cadre parfaitement habituel et normal, et seulement en cas particulier et éventuellement que les abus peuvent exister. Mais pas l'inverse. Et encore moins que cela sert de “prétexte” à certains idéologues sectaires pour proférer des menaces de viol et de meurtre.
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Si tu vales valeo.
- JennyMédiateur
epekeina.tes.ousias a écrit:Je préfèrerais donc infiniment qu'on postulât en règle générale que les enseignants font leur travail dans le cadre parfaitement habituel et normal, et seulement en cas particulier et éventuellement que les abus peuvent exister. Mais pas l'inverse. Et encore moins que cela sert de “prétexte” à certains idéologues sectaires pour proférer des menaces de viol et de meurtre.
C'est effectivement un terrain glissant. Rien ne justifie ce que la collègue subit.
Le projet a forcément été validé par sa direction. S'il y a un souci, c'est le boulot de l'inspection, pas celui des partisans de Zemmour.
- e-WandererGrand sage
Zybulka a écrit:Je ne vois pas bien ce qui pourrait justifier la nuance logique qui se cache derrière ce "donc" : indépendamment de ta prof d'histoire, de ton intuition ou des derniers sujets tombés à Ulm, il est effectivement difficile de juger les cours d'un·e collègue. J'ajouterais même que c'est particulièrement nuisible, et que savoir comment cette collègue a abordé telle ou telle question ne présente aucun intérêt ici (ni ailleurs). Je pense que l'on peut faire confiance aux collègues pour aborder les questions au programme avec intelligence, et savoir comment organiser leur cours pour conduire leurs élèves vers l'émancipation intellectuelle. Accepter que tout le monde et surtout n'importe qui ait son mot à dire sur les cours des professeurs me paraît être une pente particulièrement glissante.e-Wanderer a écrit:Difficile donc, de juger a priori, sans savoir comment elle a abordé cette question.
Je précise, comme je l'ai fait dans mon précédent message, que je suis d'accord pour condamner sans ambiguïté les pressions et les menaces subies par notre collègue, et je trouve même que le ministère et le rectorat doivent attaquer directement en justice en pareil cas (j'ai entendu aujourd'hui à la radio que la collègue a déposé plainte, mais je trouverais plus normal que ce soit l'institution qui le fasse).
J'émettais juste une nuance (s'il est encore permis de le faire) en rappelant simplement que les cas de prosélytisme politique ne sont pas rares (certains de mes collègues directs, d'ailleurs, ne s'en privent pas : nous nous échangeons volontiers nos supports de cours, et il y a des choses que je ne me permettrais pas) ; je signale aussi que l'inspection ne peut pas être derrière chaque prof à chaque heure de cours (heureusement, du reste !), et qu'une collègue qui choisit pour son enseignement un sujet très sensible tout en ayant un engagement militant notoire s'expose assez logiquement à une forme de suspicion. Je me suis mis un instant dans la peau du parent d'élève qui s'attend peut-être davantage à ce que ses rejetons en HKh étudient de façon plus canonique, entre les quatre murs de la salle de classe, la philosophie politique chez Rousseau ou la démarche analytique chez Kant. CELA N'EMPÊCHE NULLEMENT QUE LA COLLÈGUE PUISSE TRAITER LA PHILOSOPHIE POLITIQUE OU MORALE DE FAÇON NEUTRE ET PERTINENTE À PARTIR D'UNE INITIATIVE MOINS ORTHODOXE, mais je ne trouve pas étonnant que les parents d'élèves surveillent de près ce qui se passe et qu'ils puissent nourrir quelques doutes. Mais sans éléments supplémentaires, RIEN ne justifie naturellement de prendre position publiquement contre ce professeur, de donner un avis a priori sur le cours et encore moins de la menacer dans son intégrité physique, on est bien d'accord.
Je ne suis pas d'accord, en revanche, lorsque tu dis que "savoir comment cette collègue a abordé telle ou telle question ne présente aucun intérêt ici (ni ailleurs)". Si c'est un point de vue militant plutôt qu'un point de vue de professeur de philosophie, personnellement je trouverais ça gênant.
Je suis convaincu que c'est une question très complexe, et j'ai d'ailleurs assisté en Allemagne à des débats universitaires très intéressants au moment de la première grande vague de migration, dans le cadre d'un grand programme interdisciplinaire intitulé "les ordres menacés" (Bedrohte Ordnungen). Je me souviens notamment de l'intervention d'une sociologue passionnante qui revenait d'une enquête dans les camps de migrants aux frontières de la Hongrie. Elle étudiait de façon approfondie les données culturelles, économiques, démographiques, le quotidien des migrants, les conditions matérielles de l'accueil, le suivi etc. J'avais aussi écouté un professeur de droit international avec le plus grand intérêt. Je suis donc parfaitement convaincu que la sortie de "terrain", les rencontres, peuvent vraiment avoir une grande pertinence. On peut aussi aborder la question du point de vue du droit français, notamment autour de l'affaire Cédric Herrou, finalement relaxé au terme d'un longue bataille juridique aux échos philosophiques certains (puisqu'il fallait trancher entre le "droit de solidarité" – notions encore inédite, mais qui s'est imposée – et le respect des frontières (c'est aussi pour ça que j'ai posté la liste des sujets d'Ulm, avec notamment la question des fondements de la loi). C'est donc un angle très porteur, original, intelligent, pertinent… si c'est bien fait. Si c'est en revanche, comme Cédric Herrou, pour parler de "racisme d'État", de "Justice d'extrême-droite" (au moment de sa première condamnation), là ce n'est plus une approche philosophique mais une approche politique et militante. C'est pourquoi je trouve important de savoir ce que cette collègue fera finalement de ce cours et de cette sortie. Je ne lui fais pas de procès d'intention a priori et je refuse de le faire, et je trouverais inadmissible de l'entraver dans sa démarche. Mais si j'étais élève ou parent, je serais attentif au résultat de ce programme de cours et à la ligne tenue car ce n'est pas un sujet neutre ni une démarche banale.
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- horriblaNiveau 7
Je ne comprends pas. Vraiment, je suis sidérée. Sur ce forum, nous étions presque toutes et tous unanimes pour dire que nous n'avions pas à questionner la pertinence des cours donnés par Samuel Paty, que cela aurait été indécent. Que notre liberté pédagogique devait être totale. Qu'un enseignant, en France, ne devait, jamais, sous aucun prétexte, être menacé de mort, ou tué. Nous avons pleuré face au manque de réaction de l'institution.
Et aujourd'hui, alors qu'une collègue est menacée de mort, on s'interroge sur la pertinence d'une sortie scolaire ? Sérieusement ?
Je suis allée voir le fil twitter. Le nombre de collègues, de collèges mis en cause est effarant. Pourquoi ce groupe existe encore, le twitter public, le site internet fonctionnel ? Il me semble que ce sont ces questions que l'on devrait se poser ce soir.
Vraiment, je ne comprends pas.
Et aujourd'hui, alors qu'une collègue est menacée de mort, on s'interroge sur la pertinence d'une sortie scolaire ? Sérieusement ?
Je suis allée voir le fil twitter. Le nombre de collègues, de collèges mis en cause est effarant. Pourquoi ce groupe existe encore, le twitter public, le site internet fonctionnel ? Il me semble que ce sont ces questions que l'on devrait se poser ce soir.
Vraiment, je ne comprends pas.
- IphigénieProphète
Merci e-wanderer pour exprimer avec toutes leurs nuances et aussi toutes leurs affirmations fortes les évidences et les problèmes soulevés par cette affaire, qui donne à réfléchir, même s'il est difficile de le faire .
- Spoiler:
- (d'autant que - et ce n'est là qu'une légère diversion dans ce sujet si sérieux- moi aussi j'ai eu "le concept" au concours, misère! et devant Jean Brun au jury: comme tu es nécessairement plus jeune, tu n'auras pas eu de mal y faire valoir ta supériorité )
- PoupoutchModérateur
Je conseille cette chronique, qui, me semble-t-il, remet quelques petites choses en perspective. Notamment qu'on peut avoir des engagements personnels sans être prosélyte et aborder des questions de façon scientifique sans verser dans le militantisme, même quand elles sont politiques. (il faudrait d'ailleurs se demander dans quelle mesure appartenir à un collectif d'aide fait de quelqu'un un militant... Et de quelle cause).
https://www.arte.tv/fr/videos/112531-003-A/parler-aux-migrants-c-est-la-philosophie-de-sophie/
Il faudrait aussi voir que, derrière cette histoire, il y a l'enjeu plus global du soupçon généralisé à l'encontre des profs. Tout choix (d'œuvre, de thème, de mots, de sortie) peut jeter sur vous le soupçon, fondé ou non. C'est du moins exactement ce que sous entend le site fondé par Reconquête et dont le but est clairement la délation de professeurs supposés "endoctriner" les élèves. C'est bien ainsi que toute l'extrême droite s'est emparée de l'affaire. Ici, tout a été déformé, du projet initial à l'engagement de l'enseignante, et même l'âge des élèves (chez Hanouna, il y en avait pour penser que c'étaient des CP... Certains sites imaginaient des élèves de maternelles. Boulevard Voltaire évoque nos "chères têtes blondes"...). Bref, tout a été fait pour jeter le discrédit sur un projet qui, manifestement, avait été validé par un conseil d'administration et est soutenu par le rectorat et le ministère, le premier ayant porté plainte également, le second ayant fait un communiqué indiquant que cette sortie s'inscrivait dans les programmes. Un projet dont finalement, on ne sait pas grand chose, mais qui, à lire le mail qui a été diffusé un peu partout, ne ressemble en rien à ce pour quoi on a voulu le faire passer. Il me semble que nous, les premiers, qui avons conscience de la manière dont les mots peuvent influencer l'opinion, ne pouvons pas nous permettre de faire peser le soupçon sur cette collègue (qui par ailleurs fait ce que ferait tout enseignant du supérieur, à savoir enseigner sur son champ de spécialité dans le respect des programmes, et manifestement en préparant ses étudiants aux concours, d'après ce que dit e-wanderer).
https://www.arte.tv/fr/videos/112531-003-A/parler-aux-migrants-c-est-la-philosophie-de-sophie/
Il faudrait aussi voir que, derrière cette histoire, il y a l'enjeu plus global du soupçon généralisé à l'encontre des profs. Tout choix (d'œuvre, de thème, de mots, de sortie) peut jeter sur vous le soupçon, fondé ou non. C'est du moins exactement ce que sous entend le site fondé par Reconquête et dont le but est clairement la délation de professeurs supposés "endoctriner" les élèves. C'est bien ainsi que toute l'extrême droite s'est emparée de l'affaire. Ici, tout a été déformé, du projet initial à l'engagement de l'enseignante, et même l'âge des élèves (chez Hanouna, il y en avait pour penser que c'étaient des CP... Certains sites imaginaient des élèves de maternelles. Boulevard Voltaire évoque nos "chères têtes blondes"...). Bref, tout a été fait pour jeter le discrédit sur un projet qui, manifestement, avait été validé par un conseil d'administration et est soutenu par le rectorat et le ministère, le premier ayant porté plainte également, le second ayant fait un communiqué indiquant que cette sortie s'inscrivait dans les programmes. Un projet dont finalement, on ne sait pas grand chose, mais qui, à lire le mail qui a été diffusé un peu partout, ne ressemble en rien à ce pour quoi on a voulu le faire passer. Il me semble que nous, les premiers, qui avons conscience de la manière dont les mots peuvent influencer l'opinion, ne pouvons pas nous permettre de faire peser le soupçon sur cette collègue (qui par ailleurs fait ce que ferait tout enseignant du supérieur, à savoir enseigner sur son champ de spécialité dans le respect des programmes, et manifestement en préparant ses étudiants aux concours, d'après ce que dit e-wanderer).
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Lapin Émérite, celle qui Nage en Lisant ou Inversement, Dompteuse du fauve affamé et matutinal.
"L'intelligence est une maladie qui peut se transmettre très facilement mais dont on peut guérir très rapidement et sans aucune séquelle"
- piescoModérateur
Je ne vois pas très bien le lien entre une sortie pédagogique approuvée par un Conseil d'Administration et faire du prosélytisme.
Je partage la sidération dont fait part horribla. Est-ce vraiment le moment de s'interroger sur la façon d'enseigner d'une collègue menacée de mort ?
Je partage la sidération dont fait part horribla. Est-ce vraiment le moment de s'interroger sur la façon d'enseigner d'une collègue menacée de mort ?
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