La "Loi pour la Recherche" (2020) dite LPR

Journée fac morte le 5 mars contre la LPPR. On organise une procession funèbre place de la Sorbonne à partir de 12h15. On cherche des croque-morts... s'il y a des vocations parmi les néos de passage ce jour-là dans le quartier.

La Société d'Étude du XVIIe siècle (société savante loi 1901, qui regroupe de nombreux universitaires issus de toutes les disciplines, et qui patronne la revue XVIIe siècle) a publié sur son site (12 février) une motion pour exprimer son opposition à la loi LPPR. Clic !

C'est hélas bien tard mais mieux vaut tard que jamais.

Le problème est toujours le même : si les étudiants ne se mobilisent pas, les universitaires ont peu de chances d'être entendus. Je dirais même : si les étudiants de sciences dures ne se mobilisent pas. Les SHS, les gouvernements de ligne autoritaire et droitière s'en fichent complètement (c'était la même chose avec Pécresse et Sarkozy).

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/020320/docteur-e-s-sans-poste-de-la-vocation-la-vacation

Docteur·e·s sans poste: de la vocation à la vacation
2 MARS 2020 PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Le projet de Loi de programmation pluriannuelle de la Recherche organise la «précarisation galopante» des universitaires et «menace la qualité de nos recherches» fustigent des collectifs de docteur·e·s sans poste mobilisés contre la loi. «Et si nous cessions de faire vivre vos établissements au prix de notre exploitation, qu’en serait-il, Madame la ministre, de l'excellence de l'enseignement, de l'attractivité de la recherche française que vous vantez tant?»

Nous avons collectivement manqué une occasion majeure avec les gilets jaunes.

e-Wanderer a écrit:Le problème est toujours le même : si les étudiants ne se mobilisent pas, les universitaires ont peu de chances d'être entendus. Je dirais même : si les étudiants de sciences dures ne se mobilisent pas. Les SHS, les gouvernements de ligne autoritaire et droitière s'en fichent complètement (c'était la même chose avec Pécresse et Sarkozy).

Dans ma fac il y a eu dix semaines sans cours pour essayer d'empêcher la LRU, avec le succès qu'on sait. Et la gauche s'est empressée de n'y rien changer, d'ailleurs, trop contente que le sale boulot ait été fait.
Je bataille la rage au ventre mais je n'ai aucun espoir que nous réussissions. Une grève même des étudiants de sciences dures ne nuit qu'aux étudiants, nous ne bloquons rien, n'entraînons aucune dépense (sauf les réparations des dégâts dans certaines facs), ne gênons pas la bonne marche de l'économie, les gouvernements s'en contrefichent.
Le dernier mouvement étudiant qui ait abouti, contre le CPE, était télécommandé par Sarkozy pour descendre Villepin, et ce brave idiot de Julliard a avoué qu'il prenait ses ordres de l’Élysée -- les manifestations d'étudiants étaient le prétexte attendu pour désavouer Matignon. Bref.

C'est justement pour cela qu'il convient de se joindre à d'autres mouvements sociaux lorsque ceux-ci semblent efficaces et proches de nos idéaux.

Condorcet a écrit:C'est justement pour cela qu'il convient de se joindre à d'autres mouvements sociaux lorsque ceux-ci semblent efficaces et proches de nos idéaux.

Mouaih…… L'expérience prouvant, soit dit en passant, qu'on les rejoins beaucoup plus que l'inverse! J'ai fait grèves contre le projet de retraite, et d'autres grèves avant: je n'ai JAMAIS vu qui que ce soit aux côtés des universitaires quand on leur fait la fête, jamais. Ni cette fois ci, ni les précédentes.
On est peu nombreux, et même à l'échelle nationale ça ne pèse rien. D'ailleurs, c'est assez clair: tout le monde s'en fout, que ce soit l'opinion publique ou la presse. Je parierais qu'il y a moins de 10% de la population de ce pays qui sait qu'on s'apprête à faire un “réforme” de l'université, et que dans ces 10%, il y a une infime minorité qui trouve que c'est réellement un sujet.
Alors “joindre les autres mouvements sociaux”…… Autant faire la queue en se disant qu'on sera plus nombreux au spectacle…

@Condorcet : Réflexion assez typique dans le milieu, qui semble toute naturelle, notamment chez les collègues de gauche - qui oublient parfois un peu trop vite que tous les collègues ne sont pas de gauche, précisément. J'en ai déjà parlé dans ce sujet, je crois.

@e-Wanderer : Mais les étudiants et les enseignants-chercheurs de sciences dures se retrouvent-ils autant en difficulté face aux problèmes posés par les dernières réformes que leurs collègues de sciences humaines, arts, langues et lettres ? J'ai de loin l'impression que non, en tout cas, pas dans les mêmes proportions, d'où ta remarque. Concernant le fait de dire que c'est un problème lié à l'autoritarisme ou à la droite, je ne partage pas cette impression, et du côté de l'EN, je pense avoir vu - sans grand recul cependant étant donné mon âge - que des partis se disant de gauche étaient capables de faire autant sinon plus de mal aux LSH que la rive opposée.

Effectivement, si on considère que le PS sauce Hollande ou LREM sont de gauche…Tout dépend où on met le curseur ! Tu as raison de préciser "les partis se disant de gauche".

Pour ma part, les étiquettes m'importent peu : j'ai voté pour Chevènement, pour Dupont-Aignan, pour Mélenchon. Suis-je de droite, de gauche ? Ce que je sais, c'est que je suis attaché à une certaine idée du rôle de l'État, à une certaine idée de l'école républicaine (jusqu'à son système d'enseignement supérieur), à une certaine idée du service (au) public. Et que des margoulins à la sauce libérale mettent tout ça par terre joyeusement, quelle que soit la couleur dont ils s'affublent.

Bon, pour toutes les raisons exposées par RM, jeudi je ferai grève et irai faire le zozo place de la Sorbonne, mais c'est peu de dire que je n'y crois pas du tout.

N'oublie pas de prendre une photo si tu te déguises en croque-mort !

Je n'y manquerai pas

Ascagne a écrit:@Condorcet : Réflexion assez typique dans le milieu, qui semble toute naturelle, notamment chez les collègues de gauche - qui oublient parfois un peu trop vite que tous les collègues ne sont pas de gauche, précisément. J'en ai déjà parlé dans ce sujet, je crois.

@e-Wanderer : Mais les étudiants et les enseignants-chercheurs de sciences dures se retrouvent-ils autant en difficulté face aux problèmes posés par les dernières réformes que leurs collègues de sciences humaines, arts, langues et lettres ? J'ai de loin l'impression que non, en tout cas, pas dans les mêmes proportions, d'où ta remarque. Concernant le fait de dire que c'est un problème lié à l'autoritarisme ou à la droite, je ne partage pas cette impression, et du côté de l'EN, je pense avoir vu - sans grand recul cependant étant donné mon âge - que des partis se disant de gauche étaient capables de faire autant sinon plus de mal aux LSH que la rive opposée.

C'est sûr que si tu attends de LREM, du PS, du MODEM ou de LR une amélioration de la condition universitaire, l'attente risque d'être longue, très longue.

@Condorcet : Concernant ma propre famille politique, je la harcèle de ce côté-là, crois-moi, comme quelques autres. Globalement, au fond, pour saisir les tenants et aboutissants d'une telle réforme, ce n'est pas très simple quand on n'est pas dans le milieu universitaire. De même du côté de l'éducation : quand mes co-partisans ne connaissent pas de l'intérieur le système, ils peuvent être complètement de bonne foi en pensant que telle ou telle mesure est à l'avantage de l'EN, et je rappelle que vu de l'extérieur, certaines choses qu'on peut soutenir mordicus en tant qu'enseignants ou qu'enseignants-chercheurs peuvent ressembler à des mantras corporatistes, au premier coup d’œil, et à des hiéroglyphes dont il est ardu de saisir et le sens et la portée du côté des néophytes (en somme, c'est exactement la même chose que quand mes co-partisans me parlent de points poussés en économie auxquels je ne comprends pas grand chose, avec cette différence que pour ma part, je parle du service public).
C'est généralement plus ça qui joue la plupart du temps (du moins au centre) que d'autres processus qui peuvent exister par ailleurs (idéologie supposée néo- ou ultra-libérale, managériale ou que sais-je encore).

Condorcet a écrit:https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/020320/docteur-e-s-sans-poste-de-la-vocation-la-vacation

Docteur·e·s sans poste: de la vocation à la vacation
2 MARS 2020 PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART BLOG : LE BLOG DE LES INVITÉS DE MEDIAPART
Le projet de Loi de programmation pluriannuelle de la Recherche organise la «précarisation galopante» des universitaires et «menace la qualité de nos recherches» fustigent des collectifs de docteur·e·s sans poste mobilisés contre la loi. «Et si nous cessions de faire vivre vos établissements au prix de notre exploitation, qu’en serait-il, Madame la ministre, de l'excellence de l'enseignement, de l'attractivité de la recherche française que vous vantez tant?»

Nous avons collectivement manqué une occasion majeure avec les gilets jaunes.

Bof. La convergence des luttes, c’est très cégétéisant, donc assez loin de l’esprit des gilets jaunes — les vrais, ceux du 17 novembre. L'occasion manquée, s’il y a, c’est mai 2017.

Je m’arrête là, ce n’est pas la bonne section du forum.

Un peu de bonne foi ne nuit pas : j'aurais pu écrire ton dernier post tant je partage ce que tu y as expliqué, Ascagne.
Ce qui me permet de répondre à Pauvre Martin : en mai 2017, il était déjà trop tard puisque s'abstenir ou voter blanc n'était pas satisfaisant non plus.
En tout état de cause, la mobilisation des universitaires au sens très large le 5 mars mérite d'être saluée même si son succès reste incertain.

Je serai jeudi à la foire place de la Sorbonne aussi. Je vais 'achement faire peur avec mon livre, dit'donc.

Après tout, hein, je cumule poste en collège à temps plein et thèse, donc je ne vois aucune raison de ne pas cumuler lutte contre les retraites et lutte contre la LPPR

e-Wanderer a écrit:Le problème est toujours le même : si les étudiants ne se mobilisent pas, les universitaires ont peu de chances d'être entendus.

Plus ça va et plus je doute d'une convergence entre enseignants et étudiants. Dans les AG mixtes, on a eu toutes les peines à faire comprendre l'importance de la rétention des notes (rétention très suivie dans notre équipe). Les arguments de certains étudiants étaient dignes des "usagers pris en otage". Cela ne sert à rien, disent-ils, si tout le monde ne le fait pas... Ben voyons ! Comme s'il fallait atteindre le 100% de grévistes pour qu'une grève soit efficace.

Condorcet a écrit:Un peu de bonne foi ne nuit pas : j'aurais pu écrire ton dernier post tant je partage ce que tu y as expliqué, Ascagne.
Ce qui me permet de répondre à Pauvre Martin : en mai 2017, il était déjà trop tard puisque s'abstenir ou voter blanc n'était pas satisfaisant non plus.
En tout état de cause, la mobilisation des universitaires au sens très large le 5 mars mérite d'être saluée même si son succès reste incertain.

Disons que j’aurais dû écrire avril 2017.

Un point sur la LPRR
http://www.sauvonsluniversite.fr/spip.php?article7407

Où en sommes-nous ? Que prévoient les rapports ? Dans quelle histoire de l’ESR s’inscrit cette loi ? - Elie Haddad, historien (CNRS), membre de SLU, 3 mars 2020
aire le point sur la LPPR aujourd’hui, c’est prendre la mesure des évolutions depuis deux mois, ce qui nous place dans le temps très court de l’action politique et de la mobilisation. C’est en même temps resituer les enjeux de cette réforme dans un temps un peu plus long (une vingtaine d’années) de transformations de l’ESR. Retrouver la logique générale de ces transformations permet de ne pas tomber dans les pièges de la communication gouvernementale ni dans ceux des accrocs de la mise en place pratique des réformes successives, qui peuvent parfois laisser penser que celles-ci ne sont qu’improvisation et court-termisme. C’est, enfin, essayer de dégager les rapports de force au sein du pouvoir pour envisager ce qui va probablement se passer dans les prochains temps.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/04/nous-chercheurs-et-universitaires-demissionnerons-de-nos-fonctions-administratives-si-le-projet-de-loi-de-programmation-pluriannuelle-n-est-pas-retire_6031744_3232.html

La réduction de la part des financements pérennes est allée de pair avec une politique d’évaluation purement administrative. La recherche de financements dans laquelle nous a précipités cette politique scientifique déplorable affecte profondément les missions de recherche et d’enseignement, qui sont pourtant le cœur de notre métier. Combien de temps perdu à répondre aux appels à projet, à monter des dossiers en s’adaptant aux critères de tel ou tel organe de financement, et à évaluer nous-mêmes la conformité des projets déposés par nos collègues ou futurs collègues à ces critères souvent arbitraires, qui relèvent d’une logique externe à celle du champ scientifique ! Ces activités se font au détriment du temps et de l’attention que nous devrions consacrer à former et encadrer nos étudiants, à mener et diffuser nos recherches et à faire vivre la communauté scientifique.

Mépris sournois enrobé d'un vocabulaire positif à l'opposer des vrais effets sur le terrain.

- Baisse drastique des moyens = augmentation drastique des évaluations (on sait jamais faudrait pas que l'usager s'aperçoive trop vite de la dégradation... Qui sert de tampon?)

- Conditions de travail rendues volontairement difficiles, proches de la maltraitance = injonction à la "bienveillance".

Paroles d'histoire consacre son dernier numéro à la LPPR

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/03/04/loi-sur-la-recherche-les-facs-et-les-labos-dans-la-rue_6031787_3224.html

Finalement, le silence du gouvernement, qui se refuse toujours à dévoiler un texte précis, renforce ce climat de défiance. Aurait-il perdu les arbitrages avec Bercy ? A-t-il voulu retarder l’ouverture d’un front supplémentaire de contestation ? « Il est plus difficile de mobiliser contre un texte qui n’existe pas », juge le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias.

Autre hypothèse: les équipes ministérielles sont composées de tant d'amateurs, qu'elles sont incapables de sortir un texte qui se tient en même temps qu'il peut apparaître un tant soit peu défendable…

N.B. et, comme d'habitude: la CPU marche la main dans la main avec les tenanciers du gouvernement! Ça devient une habitude, la trahison et la soumission, chez certains collègues lancés dans une carrière administrative!

Vingt secondes au JT de France 2.