[Recherche] Comment se détermine la "valeur professionnelle" des enseignants ?

Voici un article sur une question qui pourrait en intéresser plus d'un :

https://www.ens.psl.eu/actualites/comment-se-determine-la-valeur-professionnelle-des-enseignants

ENS/Léa Palet a écrit:A l’origine du sujet de thèse de Léa Palet, il y a le travail qu’elle effectue pendant un an au cabinet du ministre de l’Éducation nationale, dans le cadre d’une « participation-observante » au cours de laquelle elle suit l’élaboration d’une réforme des textes réglementaires qui encadrent le métier enseignant et son évaluation, et les négociations avec les organisations syndicales qui en découlent. Cette étude lui donne envie de poursuivre l’investigation et de comprendre comment la transformation de ces textes est reçue par les acteurs concernés.
Ceci aboutit à un projet de thèse portant sur l’étude de la construction de la valeur professionnelle des enseignants du secondaire. Dans la fonction publique française, la « valeur professionnelle » professionnelle des agents de l’État « est censée évaluer la qualité du travail fourni par l’enseignant∙e. Elle est, aux côtés de l’ancienneté et de la certification initiale attestée par la réussite à un concours d’enseignement, l’un des trois critères à l’origine de l’avancement de carrière d’un∙e enseignant∙e. »
Afin d'illustrer son sujet, la doctorante met en œuvre une méthodologie de travail : « J’ai mené des entretiens ainsi qu’une observation ethnographique au sein d’un lycée. » Des entretiens auprès de différents acteurs (enseignants, inspecteurs, responsables syndicaux, chefs d’établissement, personnels administratifs des académies et anciens membres de cabinets ministériels) qu’elle complète par l’exploitation statistique d’une base de données sur le rapport des enseignants aux différentes formes d’engagement professionnel et militant.
« Le but de mon travail, précise Léa Palet, est de comprendre comment cette valeur professionnelle est déterminée. C’est-à-dire à quels types d’attentes institutionnelles et de modèles professionnels elle renvoie et comment elle est mesurée concrètement par les chef∙fes d’établissement et les inspecteur∙rices en charge de l’évaluation du travail des enseignant∙es». Sans oublier « les effets [du dispositif d'évaluation de la valeur professionnelle des enseignant∙es] sur [leurs] trajectoires de carrière et, plus largement, sur le travail lui-même et les relations professionnelles au sein des établissements scolaires. »

Bonne lecture!

Theriakos96 a écrit:Voici un article sur une question qui pourrait en intéresser plus d'un :

https://www.ens.psl.eu/actualites/comment-se-determine-la-valeur-professionnelle-des-enseignants

Bonne lecture!

NON...désolé! il y a de l'écriture inclusive, je ne lis pas cette langue...

Balthazaard a écrit:

Theriakos96 a écrit:Voici un article sur une question qui pourrait en intéresser plus d'un :

https://www.ens.psl.eu/actualites/comment-se-determine-la-valeur-professionnelle-des-enseignants

Bonne lecture!

NON...désolé! il y a de l'écriture inclusive, je ne lis pas cette langue...

Eh bien c'est peut-être dérangeant, mais j'ai toujours considéré comme une preuve d'intelligence le fait de savoir faire, comme on dit, la part des choses...

Effectivement la lecture de cet article est assez éclairante et mérite d’apporter une caution scientifique à ce que beaucoup ressentent. Ce qui est frappant c’est qu’à l’issue de ce travail de recherche et des conclusions auxquelles il a conduit Léa Palet souhaite cependant travailler en tant qu’enseignante dans le second degré. Quant à avoir un poste en lycée, je le lui souhaite.

Article intéressant, merci.

Theriakos96 a écrit:

Balthazaard a écrit:

Theriakos96 a écrit:Voici un article sur une question qui pourrait en intéresser plus d'un :

https://www.ens.psl.eu/actualites/comment-se-determine-la-valeur-professionnelle-des-enseignants

Bonne lecture!

NON...désolé! il y a de l'écriture inclusive, je ne lis pas cette langue...

Eh bien c'est peut-être dérangeant, mais j'ai toujours considéré comme une preuve d'intelligence le fait de savoir faire, comme on dit, la part des choses...

Exactement!!!

doubledecker a écrit:Effectivement la lecture de cet article est assez éclairante et mérite d’apporter une caution scientifique à ce que beaucoup ressentent. Ce qui est frappant c’est qu’à l’issue de ce travail de recherche et des conclusions auxquelles il a conduit Léa Palet souhaite cependant travailler en tant qu’enseignante dans le second degré. Quant à avoir un poste en lycée, je le lui souhaite.

Je me suis fait la même réflexion : j'ai trouvé la chute très surprenante. Si on résume : on ne peut être reconnu par l'EN qu'au détriment de la formation des élèves, mais elle accepte quand même de s'engager dans cette institution qui marche sur la tête.

Je suis un peu dubitatif devant les deux formes d'engagement dégagées, les projets pédagogiques d'une part et les participations à la vie de l'établissement d'autre part  :
-le projet pédagogique a (heureusement!) souvent un impact sur l'organisation de l'enseignement.
-en revanche, siéger au CA par exemple n'a strictement aucun rapport avec l'enseignement.

Donc la distinction entre enseignement et engagement est peu claire.

Mais il y a plus gênant : la forme d'engagement la plus massive aujourd'hui est d'accepter d'être prof principal (je précise que je parviens à ne pas l'être ces dernières années). Dans la mesure où le surcroît de travail et de stress (nombreux imprévus à gérer) est considérable, il serait logique d'en tenir compte fortement dans l'évaluation, car cette mission est par essence une participation - ô combien! - à la vie de l'établissement, mais elle a forcément aussi des implications sur l'enseignement (les heures de vie de classe rajoutent du temps de service d'enseignement par exemple, et le temps consacré malgré cela à des tâches de PP durant les heures de cours raccourcissant celles-ci)

Or cette charge, qui équivaut à un bon tiers de travail supplémentaire inévitable et est quasiment gratuite (l'équivalent de 3 ou 4 HSE mensuelles y compris une simple prise en charge de quelques élèves au titre de "devoirs faits"), mériterait à mon sens d'être très fortement cause d'une accélération notable de la carrière. Seulement cette mission est largement assumée chaque année par une majorité des collègues, donc il faudrait en réalité augmenter massivement le plus grand nombre (ou promouvoir massivement ce qui finit par être la même chose).

On en arrive au risque que l'engagement dans des tâches rarement effectuées soit bien plus rémunérateur que l'engagement quasi automatique dans des missions pourtant de plus en plus dévorantes ; il y a donc intérêt à monter des projets les plus originaux possibles, ce qui n'a pas valeur forcément d'indicateur de réussite...

La logique de valorisation de l'engagement est donc assez perverse car c'est la rareté des formes d'engagement plus que le temps y consacré qui déterminera la vitesse de progression dans la carrière. Une belle manière au total de ne pas payer les gens au proratata de leurs heures de travail, ce qui est budgétairement impensable à Bercy.

Thalia de G a écrit:Theriakos, peux-tu éditer et ajouter un extrait de l'article ? Merci d'avance.

Pardon, je vais le faire de suite!

Oui. J'en pense surtout que le mieux est de faire ce qui plaît uniquement, ou convient, par rapport à ce que l'on apprécie faire dans ce métier. Il y aura toujours des gens qui brassent du vent en projets, mais ce ne sont pas forcément malgré tout ceux qui sont valorisés. La démarche de projet est quelque chose de très bien, si elle s'accompagne d'une dynamique de classe, sinon ce n'est pas pertinent pour les élèves. D'autant plus avec la réduction des heures de cours.

lene75 a écrit:

doubledecker a écrit:Effectivement la lecture de cet article est assez éclairante et mérite d’apporter une caution scientifique à ce que beaucoup ressentent. Ce qui est frappant c’est qu’à l’issue de ce travail de recherche et des conclusions auxquelles il a conduit Léa Palet souhaite cependant travailler en tant qu’enseignante dans le second degré. Quant à avoir un poste en lycée, je le lui souhaite.

Je me suis fait la même réflexion : j'ai trouvé la chute très surprenante. Si on résume : on ne peut être reconnu par l'EN qu'au détriment de la formation des élèves, mais elle accepte quand même de s'engager dans cette institution qui marche sur la tête.

Donc si j'ai l'impression d'avoir été reconnu par l'EN, c'est sûrement que j'ai négligé mais élèves ou alors qu'en fait je me suis fait avoir ?

(je n'ai pas lu l'article, je sors...)