- ParménideNeoprof expérimenté
Bonjour à tous
Je prépare le capes en candidat libre (philosophie)
J'ai toujours eu, comme le titre l'indique du mal à synthétiser l'essentiel, que ce soit dans un livre, un chapitre, ou une page... Je tombe constamment dans le piège qui consiste à recopier le livre ou à tout souligner.
La difficulté est encore accrue en philosophie où le programme de capes est immense, et où on ne peut guère se permettre de connaitre auteurs et doctrines que de façon allusive.
Je ne vois vraiment pas comment je pourrais être plus efficace !
Merci de votre aide !
Je prépare le capes en candidat libre (philosophie)
J'ai toujours eu, comme le titre l'indique du mal à synthétiser l'essentiel, que ce soit dans un livre, un chapitre, ou une page... Je tombe constamment dans le piège qui consiste à recopier le livre ou à tout souligner.
La difficulté est encore accrue en philosophie où le programme de capes est immense, et où on ne peut guère se permettre de connaitre auteurs et doctrines que de façon allusive.
Je ne vois vraiment pas comment je pourrais être plus efficace !
Merci de votre aide !
- AspasieNiveau 10
A défaut de réponse garantie, je te livre la manière dont je procède pour ma part.
La fiche varie selon son objectif : ce n'est pas la même chose de faire une fiche pour un ouvrage qu'on lit dans le cadre d'un thème orienté, ou de faire une fiche concernant un grand classique sur lequel on sait qu'on aura toujours à revenir, et revenir, et revenir...
La fiche varie aussi selon le moment où on la fait : ce que j'ai pu noter sur un livre il y a 10 ans ne correspond plus à ce que j'en noterais aujourd'hui.
C'est à mon sens la double limite de la fiche...
Pour le concours, il ne s'agit pas tant de réduire l'ouvrage à une fiche qu'on apprendrait, car cela reviendrait à en perdre les éléments subtils, souvent les plus intéressants, que de se donner des repères, tout simplement.
Donc dans mon idée, il faut
*la date de lecture
*un "plan" de la réflexion de l'auteur
*un relevé précis des moments de définition
*un relevé de citations-clés, qu'on reconnait au fait qu'elle synthétisent une recherche ou livrent la solution de tout un problème
*un code couleur pour distinguer ce qui relève du contenu de l'ouvrage et ce qui relève de nos questions ou évocations de problèmes
Du coup, ce n'est pas vraiment de sens de la synthèse dont on a besoin. C'est plutôt de sens de la discrimination, pour se faire des "entrées" dans les grands ouvrages que, de toute façon, encore une fois, on va lire et relire au fil des années. (En ce sens d'ailleurs, on peut aussi bien se passer de "fiches" en bonne et due forme...)
Parce que dans l'optique concours, il ne s'agit pas de savoir pour savoir et exposer, mais de savoir pour pouvoir utiliser et exploiter. Et pour cela, il faut pouvoir mettre en regard les textes et les problèmes auquels ils se confrontent et qu'ils tentent de résoudre. Du coup, c'est l'esprit "polémique" d'une fiche qui en fait à la fois un objet utile et un objet personnel...
Voilà... en espérant que cela puisse être d'une quelconque aide...
La fiche varie selon son objectif : ce n'est pas la même chose de faire une fiche pour un ouvrage qu'on lit dans le cadre d'un thème orienté, ou de faire une fiche concernant un grand classique sur lequel on sait qu'on aura toujours à revenir, et revenir, et revenir...
La fiche varie aussi selon le moment où on la fait : ce que j'ai pu noter sur un livre il y a 10 ans ne correspond plus à ce que j'en noterais aujourd'hui.
C'est à mon sens la double limite de la fiche...
Pour le concours, il ne s'agit pas tant de réduire l'ouvrage à une fiche qu'on apprendrait, car cela reviendrait à en perdre les éléments subtils, souvent les plus intéressants, que de se donner des repères, tout simplement.
Donc dans mon idée, il faut
*la date de lecture
*un "plan" de la réflexion de l'auteur
*un relevé précis des moments de définition
*un relevé de citations-clés, qu'on reconnait au fait qu'elle synthétisent une recherche ou livrent la solution de tout un problème
*un code couleur pour distinguer ce qui relève du contenu de l'ouvrage et ce qui relève de nos questions ou évocations de problèmes
Du coup, ce n'est pas vraiment de sens de la synthèse dont on a besoin. C'est plutôt de sens de la discrimination, pour se faire des "entrées" dans les grands ouvrages que, de toute façon, encore une fois, on va lire et relire au fil des années. (En ce sens d'ailleurs, on peut aussi bien se passer de "fiches" en bonne et due forme...)
Parce que dans l'optique concours, il ne s'agit pas de savoir pour savoir et exposer, mais de savoir pour pouvoir utiliser et exploiter. Et pour cela, il faut pouvoir mettre en regard les textes et les problèmes auquels ils se confrontent et qu'ils tentent de résoudre. Du coup, c'est l'esprit "polémique" d'une fiche qui en fait à la fois un objet utile et un objet personnel...
Voilà... en espérant que cela puisse être d'une quelconque aide...
- ParménideNeoprof expérimenté
Merci, je vois à peu près
Mais de toutes façons, les différents ouvrages que j'ai pour projet de mettre en fiches sont tous différents. Voici ce que je suis en train de lire (pour l'instant sans prendre aucune note car je sais que ce ne sera pas efficace ) :
http://www.amazon.fr/Rep%C3%A8res-philosophiques-comment-sorienter-pens%C3%A9e/dp/2729854428
http://www.amazon.fr/Notions-philosophie-Tome-Denis-Kambouchner/dp/2070327612
Je prévois également d'étudier Kant de façon approfondie (j'ai eu un prof de philosophie à la fac qui disait qu'en possédant Aristote ou Kant à fond on pouvait traiter n'importe quel sujet)
Alors je ne sais vraiment pas comment je vais procéder :
Kant : des ouvrages comme la Critique de la raison pure sont absolument "infichables"
Les notions de philo : certains articles font 100 pages...
Ajoutons à cela le gigantisme du programme de philo du capes : je me sens perdu à un point inimaginable
Mais de toutes façons, les différents ouvrages que j'ai pour projet de mettre en fiches sont tous différents. Voici ce que je suis en train de lire (pour l'instant sans prendre aucune note car je sais que ce ne sera pas efficace ) :
http://www.amazon.fr/Rep%C3%A8res-philosophiques-comment-sorienter-pens%C3%A9e/dp/2729854428
http://www.amazon.fr/Notions-philosophie-Tome-Denis-Kambouchner/dp/2070327612
Je prévois également d'étudier Kant de façon approfondie (j'ai eu un prof de philosophie à la fac qui disait qu'en possédant Aristote ou Kant à fond on pouvait traiter n'importe quel sujet)
Alors je ne sais vraiment pas comment je vais procéder :
Kant : des ouvrages comme la Critique de la raison pure sont absolument "infichables"
Les notions de philo : certains articles font 100 pages...
Ajoutons à cela le gigantisme du programme de philo du capes : je me sens perdu à un point inimaginable
- AspasieNiveau 10
Ca me semble être de bonnes résolutions ça...
L'avantage des Notions de philosophie, c'est qu'elles abordent des thèmes par problématiques ; or c'est cela qui importe. Tracer son chemin dans les notions en somme.
Et pour ce qui est de Kant, s'il n'y a pas d'auteurs "obligés", il faut tout de même reconnaître qu'il y a des auteurs si massifs que passer à côté serait vraiment dommage. Alors oui, c'est vrai, Kant, c'est un auteur qui donne des clés pour quasi tous les sujets.
Je ne suis pas certaine qu'il faille vraiment s'inquiéter de l'aspect massif du programme pour le capes. Il faut tout simplement le prendre pour ce qu'il est : un programme ouvert sur tous les champs de la réflexion ; quelle le soit la contrée où l'on est perdu, si l'on a une boussole, de quoi se nourrir et du courage, on peut toujours se faire un chemin. Ben pareil là : les axes problématiques, les questions en boussole ; les auteurs en vivres et outils de tous genres, et le courage, parce qu'il en faut toujours face à un concours. Ma métaphore vaut ce qu'elle vaut, mais disons qu'elle vise surtout à défaire l'aspect montagne du programme.
Lorsque j'ai passé le capes, j'ai pris un bouquins de terminale qui présentait le auteurs de manière chronologique ; j'ai lu chaque présentation, et chaque extraits de textes. J'ai complété, pour certains auteurs par les "grands livres" (Méditations métaphysiques ; critiques, etc.). J'annotais plus les bouquins que je ne prenais de notes dessus d'ailleurs parce qu'au fond, je nourrissais chaque lecture de la précédente et les auteurs résonnaient/raisonnaient les uns avec les autres au fil de ce que j'en lisais.
Il n'y a pas de méthode unique de toute façon...
L'avantage des Notions de philosophie, c'est qu'elles abordent des thèmes par problématiques ; or c'est cela qui importe. Tracer son chemin dans les notions en somme.
Et pour ce qui est de Kant, s'il n'y a pas d'auteurs "obligés", il faut tout de même reconnaître qu'il y a des auteurs si massifs que passer à côté serait vraiment dommage. Alors oui, c'est vrai, Kant, c'est un auteur qui donne des clés pour quasi tous les sujets.
Je ne suis pas certaine qu'il faille vraiment s'inquiéter de l'aspect massif du programme pour le capes. Il faut tout simplement le prendre pour ce qu'il est : un programme ouvert sur tous les champs de la réflexion ; quelle le soit la contrée où l'on est perdu, si l'on a une boussole, de quoi se nourrir et du courage, on peut toujours se faire un chemin. Ben pareil là : les axes problématiques, les questions en boussole ; les auteurs en vivres et outils de tous genres, et le courage, parce qu'il en faut toujours face à un concours. Ma métaphore vaut ce qu'elle vaut, mais disons qu'elle vise surtout à défaire l'aspect montagne du programme.
Lorsque j'ai passé le capes, j'ai pris un bouquins de terminale qui présentait le auteurs de manière chronologique ; j'ai lu chaque présentation, et chaque extraits de textes. J'ai complété, pour certains auteurs par les "grands livres" (Méditations métaphysiques ; critiques, etc.). J'annotais plus les bouquins que je ne prenais de notes dessus d'ailleurs parce qu'au fond, je nourrissais chaque lecture de la précédente et les auteurs résonnaient/raisonnaient les uns avec les autres au fil de ce que j'en lisais.
Il n'y a pas de méthode unique de toute façon...
- ParménideNeoprof expérimenté
En fait le problème de prise de notes et de fiches est plutôt secondaire par rapport au problème de la stratégie générale de travail.
Je pense que rien ne va pouvoir donner l'idée de la profondeur absolue de mon désespoir actuel
concernant la préparation à ce concours.
Cela fait 6 ans (depuis 2008) que je m'acharne dessus, et que je n'arrive pas à être admissible. Je sais que j'ai un problème d'organisation de travail, de gestion, de stratégie, et surtout de bibliographie ! La fac ne m'a jamais vraiment donné de conseils.
J'ai beau avoir essayé TOUTES les stratégies, j'ai l'impression qu'il n'y en a aucune qui permet de maitriser le programme.
J'ai tout essayé : travailler par auteur, travailler par notion, me concentrer juste sur des classiques... Rien n'est efficace !
Comment peut on maitriser 23 notions et 50 auteurs de façon précise, c'est tout simplement impossible !
J'ai l'impression que quelque soit ma préparation les sujets tomberont forcément sur quelque chose sur lequel je serai démuni.
Ma dernière tentative date de juin dernier, et je n'y retournerai plus tant que je ne serai pas sûr de me sentir prêt.
On m'a déjà conseillé les livres de terminale, effectivement. Mais j'ai peur que ce soit inopérant. Vu la sélectivité du concours en quoi des textes destinés aux terminales vont répondre aux exigences du concours ?
Et puis même, à supposer que ce soit le cas, le livre de terminale sur lequel j'ai travaillé ces dernières années regroupe plus de 300 textes, c'est impossible de retenir tout ça !
Je n'en peux plus, je veux sortir de cette situation !
Je pense que rien ne va pouvoir donner l'idée de la profondeur absolue de mon désespoir actuel
concernant la préparation à ce concours.
Cela fait 6 ans (depuis 2008) que je m'acharne dessus, et que je n'arrive pas à être admissible. Je sais que j'ai un problème d'organisation de travail, de gestion, de stratégie, et surtout de bibliographie ! La fac ne m'a jamais vraiment donné de conseils.
J'ai beau avoir essayé TOUTES les stratégies, j'ai l'impression qu'il n'y en a aucune qui permet de maitriser le programme.
J'ai tout essayé : travailler par auteur, travailler par notion, me concentrer juste sur des classiques... Rien n'est efficace !
Comment peut on maitriser 23 notions et 50 auteurs de façon précise, c'est tout simplement impossible !
J'ai l'impression que quelque soit ma préparation les sujets tomberont forcément sur quelque chose sur lequel je serai démuni.
Ma dernière tentative date de juin dernier, et je n'y retournerai plus tant que je ne serai pas sûr de me sentir prêt.
On m'a déjà conseillé les livres de terminale, effectivement. Mais j'ai peur que ce soit inopérant. Vu la sélectivité du concours en quoi des textes destinés aux terminales vont répondre aux exigences du concours ?
Et puis même, à supposer que ce soit le cas, le livre de terminale sur lequel j'ai travaillé ces dernières années regroupe plus de 300 textes, c'est impossible de retenir tout ça !
Je n'en peux plus, je veux sortir de cette situation !
- AspasieNiveau 10
Ah ok... bon alors, d'autres auront certainement aussi des perspectives à proposer sur ce qui te fait question. Et ce sera enrichissant parce que c'est souvent dans la multiplicité des approches qu'on finit par trouver l'issue.
Pour ma part, à te lire, j'ai le sentiment que c'est l'approche du concours qui est à reprendre.
Je m'explique : tu parles de maîtrise des auteurs et des notions, de retenir les idées et les textes, de maîtriser le programme... bref, toutes choses qui relèvent en fait de l'érudition et du savoir. Mais les épreuves du concours ne sont pas des compte-rendus de connaissances. Elles demandent de mobiliser des connaissances, ce qui suppose qu'on en ait, bien sûr, mais elles ne demandent en aucune manière une totale maîtrise de l'ensemble des auteurs et des notions... (sans quoi d'ailleurs, ce concours, je ne l'aurais jamais eu !)
La clé des épreuves, et la clé de la selection opérée, il me semble que c'est le travail de réflexion lui-même... quels que soient les outils qu'on utilise.
On n'attendra jamais de toi que tu dises ce que tu sais, mais que tu montres ce que tu sais faire avec ce que tu sais, quoi que tu saches. C'est ça, l'idée de "réflexion authentique" sur laquelle les rapports de jury reviennent souvent.
D'une certaine manière, et même si cela peut sembler un peu étrange, il serait sans doute bon de s'entraîner à problématiser des sujets sans faire appel à aucun auteur... bon, on n'y arrive jamais vraiment parce que les auteurs résonnent/raisonnent toujours en nous. Mais l'idée serait de s'intéresser davantage aux paradoxes, aux noeuds de difficultés, du sujet lui-même et des termes qu'il contient , et donc d'ouvrir vers les questions à traiter à partir de là, plutôt que de chercher quel auteur pourrait bien être sous-entendu pour résoudre le problème. Et à partir de cette autre manière de procéder, tout auteur mobilisé éclairera et sera éclairé d'un jour personnel, et qui marquera forcément une différence par rapport aux autres copies.
Les textes des manuels de terminales ne sont que des échantillons ; ils sont intéressants si la connaissance qu'on en a est suffisamment riche pour permettre de "sortir" des lieux communs sur la question. Et c'est pour cela que l'on peut par exemple utiliser le mythe de Prométhée dans le Protagoras pour parler de tout autre chose que de la technique, alors même que ce texte se trouve les trois-quart du temps dans le chapitre sur la technique (ou sur la culture). Il y a plusieurs niveaux de lecture des textes, et on trouve aux épreuves de commentaire des concours des textes qu'on pourrait tout aussi bien faire lire aux élèves ; simplement, ils sont plus longs, et dans les faits, on n'en ferait pas le même usage, on n'en relèverait pas autant de problèmes et de questions, de détails, d'enjeux, afin de ne pas perdre nos élèves. Mais sur le principe, on pourrait...
Et puisque le programme du capes colle au programme des terminales, il ne s'agit pas de travailler autre chose, mais de travailler autrement et d'aborder ces mêmes notions et ces mêmes textes avec une autre profondeur et un autre sens du problème.
Non pas l'exhaustivité mais la profondeur en somme...
Pour ma part, à te lire, j'ai le sentiment que c'est l'approche du concours qui est à reprendre.
Je m'explique : tu parles de maîtrise des auteurs et des notions, de retenir les idées et les textes, de maîtriser le programme... bref, toutes choses qui relèvent en fait de l'érudition et du savoir. Mais les épreuves du concours ne sont pas des compte-rendus de connaissances. Elles demandent de mobiliser des connaissances, ce qui suppose qu'on en ait, bien sûr, mais elles ne demandent en aucune manière une totale maîtrise de l'ensemble des auteurs et des notions... (sans quoi d'ailleurs, ce concours, je ne l'aurais jamais eu !)
La clé des épreuves, et la clé de la selection opérée, il me semble que c'est le travail de réflexion lui-même... quels que soient les outils qu'on utilise.
On n'attendra jamais de toi que tu dises ce que tu sais, mais que tu montres ce que tu sais faire avec ce que tu sais, quoi que tu saches. C'est ça, l'idée de "réflexion authentique" sur laquelle les rapports de jury reviennent souvent.
D'une certaine manière, et même si cela peut sembler un peu étrange, il serait sans doute bon de s'entraîner à problématiser des sujets sans faire appel à aucun auteur... bon, on n'y arrive jamais vraiment parce que les auteurs résonnent/raisonnent toujours en nous. Mais l'idée serait de s'intéresser davantage aux paradoxes, aux noeuds de difficultés, du sujet lui-même et des termes qu'il contient , et donc d'ouvrir vers les questions à traiter à partir de là, plutôt que de chercher quel auteur pourrait bien être sous-entendu pour résoudre le problème. Et à partir de cette autre manière de procéder, tout auteur mobilisé éclairera et sera éclairé d'un jour personnel, et qui marquera forcément une différence par rapport aux autres copies.
Les textes des manuels de terminales ne sont que des échantillons ; ils sont intéressants si la connaissance qu'on en a est suffisamment riche pour permettre de "sortir" des lieux communs sur la question. Et c'est pour cela que l'on peut par exemple utiliser le mythe de Prométhée dans le Protagoras pour parler de tout autre chose que de la technique, alors même que ce texte se trouve les trois-quart du temps dans le chapitre sur la technique (ou sur la culture). Il y a plusieurs niveaux de lecture des textes, et on trouve aux épreuves de commentaire des concours des textes qu'on pourrait tout aussi bien faire lire aux élèves ; simplement, ils sont plus longs, et dans les faits, on n'en ferait pas le même usage, on n'en relèverait pas autant de problèmes et de questions, de détails, d'enjeux, afin de ne pas perdre nos élèves. Mais sur le principe, on pourrait...
Et puisque le programme du capes colle au programme des terminales, il ne s'agit pas de travailler autre chose, mais de travailler autrement et d'aborder ces mêmes notions et ces mêmes textes avec une autre profondeur et un autre sens du problème.
Non pas l'exhaustivité mais la profondeur en somme...
- ParménideNeoprof expérimenté
Je vais avoir beaucoup de choses à dire sur ma situation
De 2007 à 2010, à la fac, j'ai fait des concours blancs sur des sujets particulièrement ardus : L'harmonie, le modèle, le commencement. Je n'ai jamais dépassé 7/20. Face à des sujets de ce type, je reste sans avoir rien à dire. Je sais que je dois mettre à distance tout ce que je sais, mais ça n'y fait rien. Je ne vois pas comment on peut problématiser ni faire un travail d'analyse et de définitions du terme ou des termes du libellée sans certaines connaissances au préalable. Et je ne sais pas trop d'où doivent venir ces connaissances pour problématiser
Et j'angoisse beaucoup car quand je tombe sur des sujets assez intimidants de ce type j'ai tendance à me dire aussitôt : "Mais comment vais-je faire pour écrire 12 pages là dessus?" (J'ai tendance à penser qu'une dissertation inférieure à ce nombre de pages ne saurait être vraiment honnête...)
Alors justement :
Quand je m'entraine chez moi (je ne fréquente plus la fac depuis 2011 et je suis à 70 km de distance) sur des sujets de dissertation, en général, ce n'est pas bon du tout parce que je calle très vite. C'est à dire que dès les premières minutes de la réflexion j'éprouve le besoin d'aller consulter des sources, non pas les textes directs des auteurs mais des recueils thématiques et des lexiques, car j'ai le sentiment particulièrement aigu de ne pas pouvoir faire autrement. Et j'ai constamment l'impression aussi que si j'étais au point niveau connaissances, je m'en tirerais pour la dissertation (j'ai quand même eu 8/20 et 13/20 aux 2 épreuves de philo du concours de l'ENS-LSH en 2006, élément qui m'a toujours rassuré!)
Un de mes très grands problèmes c'est que je ne sais pas sur quel pied danser, car de deux choses l'une :
-ou bien je privilégie l'entrainement sur l'acquisition des connaissances (ce qui est le plus conseillé) et je suis bloqué très vite, et je perds du temps à consulter, je ne travaille pas dans les conditions de l'épreuve, etc...
-ou bien j'insiste particulièrement sur l'apprentissage au point de sacrifier les entrainements : très mauvaise chose évidemment.
Alors l'idéal ce serait que j'ai une idée très claire de ce que je dois savoir et d'avoir une bibliographie minimale qui me permettrait d'acquérir les connaissances le plus vite possible, et d'utiliser le reste du temps en entrainement.
De manière à avoir un équilibre parfait entre les deux exigences essentielles, le fond et la forme !
Voilà je m'arrête là pour le moment
Merci à toi !
Cela je le sais, je le sais même par cœur depuis longtemps. L'ennui est que cela ne m'aide pas de le savoir !Aspasie a écrit:
Pour ma part, à te lire, j'ai le sentiment que c'est l'approche du concours qui est à reprendre.
Je m'explique : tu parles de maîtrise des auteurs et des notions, de retenir les idées et les textes, de maîtriser le programme... bref, toutes choses qui relèvent en fait de l'érudition et du savoir. Mais les épreuves du concours ne sont pas des compte-rendus de connaissances. Elles demandent de mobiliser des connaissances, ce qui suppose qu'on en ait, bien sûr, mais elles ne demandent en aucune manière une totale maîtrise de l'ensemble des auteurs et des notions... (sans quoi d'ailleurs, ce concours, je ne l'aurais jamais eu !)
La clé des épreuves, et la clé de la selection opérée, il me semble que c'est le travail de réflexion lui-même... quels que soient les outils qu'on utilise.
On n'attendra jamais de toi que tu dises ce que tu sais, mais que tu montres ce que tu sais faire avec ce que tu sais, quoi que tu saches. C'est ça, l'idée de "réflexion authentique" sur laquelle les rapports de jury reviennent souvent.
De 2007 à 2010, à la fac, j'ai fait des concours blancs sur des sujets particulièrement ardus : L'harmonie, le modèle, le commencement. Je n'ai jamais dépassé 7/20. Face à des sujets de ce type, je reste sans avoir rien à dire. Je sais que je dois mettre à distance tout ce que je sais, mais ça n'y fait rien. Je ne vois pas comment on peut problématiser ni faire un travail d'analyse et de définitions du terme ou des termes du libellée sans certaines connaissances au préalable. Et je ne sais pas trop d'où doivent venir ces connaissances pour problématiser
Et j'angoisse beaucoup car quand je tombe sur des sujets assez intimidants de ce type j'ai tendance à me dire aussitôt : "Mais comment vais-je faire pour écrire 12 pages là dessus?" (J'ai tendance à penser qu'une dissertation inférieure à ce nombre de pages ne saurait être vraiment honnête...)
Aspasie a écrit:
D'une certaine manière, et même si cela peut sembler un peu étrange, il serait sans doute bon de s'entraîner à problématiser des sujets sans faire appel à aucun auteur... bon, on n'y arrive jamais vraiment parce que les auteurs résonnent/raisonnent toujours en nous. Mais l'idée serait de s'intéresser davantage aux paradoxes, aux noeuds de difficultés, du sujet lui-même et des termes qu'il contient , et donc d'ouvrir vers les questions à traiter à partir de là, plutôt que de chercher quel auteur pourrait bien être sous-entendu pour résoudre le problème. Et à partir de cette autre manière de procéder, tout auteur mobilisé éclairera et sera éclairé d'un jour personnel, et qui marquera forcément une différence par rapport aux autres copies.
Alors justement :
Quand je m'entraine chez moi (je ne fréquente plus la fac depuis 2011 et je suis à 70 km de distance) sur des sujets de dissertation, en général, ce n'est pas bon du tout parce que je calle très vite. C'est à dire que dès les premières minutes de la réflexion j'éprouve le besoin d'aller consulter des sources, non pas les textes directs des auteurs mais des recueils thématiques et des lexiques, car j'ai le sentiment particulièrement aigu de ne pas pouvoir faire autrement. Et j'ai constamment l'impression aussi que si j'étais au point niveau connaissances, je m'en tirerais pour la dissertation (j'ai quand même eu 8/20 et 13/20 aux 2 épreuves de philo du concours de l'ENS-LSH en 2006, élément qui m'a toujours rassuré!)
Un de mes très grands problèmes c'est que je ne sais pas sur quel pied danser, car de deux choses l'une :
-ou bien je privilégie l'entrainement sur l'acquisition des connaissances (ce qui est le plus conseillé) et je suis bloqué très vite, et je perds du temps à consulter, je ne travaille pas dans les conditions de l'épreuve, etc...
-ou bien j'insiste particulièrement sur l'apprentissage au point de sacrifier les entrainements : très mauvaise chose évidemment.
Alors l'idéal ce serait que j'ai une idée très claire de ce que je dois savoir et d'avoir une bibliographie minimale qui me permettrait d'acquérir les connaissances le plus vite possible, et d'utiliser le reste du temps en entrainement.
De manière à avoir un équilibre parfait entre les deux exigences essentielles, le fond et la forme !
Voilà je m'arrête là pour le moment
Merci à toi !
- User17706Bon génie
Bon, j'approuve sans réserve l'intégralité du post d'Aspasie, et :
je rebondis et développe un tout petit peu ça. On devrait aller plus loin encore (même si c'est davantage une tâche pour les années qui suivent les concours que pour la préparation d'iceux), et souligner qu'une très grande part des connaissances qui peuvent compter dans une réflexion philosophique ne sont pas des connaissances internes à la tradition philosophique, mais à tout le reste. Le seul bénéfice, je ne dis pas certain, mais je dirai incontestable lorsqu'il est obtenu, des études philosophiques, c'est d'apprendre à reconnaître un discours creux, une simplification ou une complication abusive, un non sequitur, bref, globalement, d'apprendre à ne pas se payer de mots et à ne pas prendre ses désirs ou ses opinions pour des réalités ou des vérités, bref ce qu'on résume en parlant d'une aptitude à la critique, et d'abord à la critique de ses propres opinions. Je crois en outre que cela va plus loin que cela ; mais c'est sujet à discussion ; ce que je viens de décrire ne l'est pas, et si les études philosophiques ne sont pas les seules à exercer cette capacité, elles l'exercent ou devraient l'exercer éminemment. Dans cette tâche, si la fréquentation des géants qui nous ont précédé est une aide inestimable, quelqu'un à qui la philosophie a profité n'est pas quelqu'un qui cite ni quelqu'un qui pontifie, encore moins quelqu'un qui répète : c'est avant tout quelqu'un qui est impitoyable avec l'erreur (ses propres erreurs), l'approximation (ses propres approximations), la facilité, le vague, l'insignifiance, l'arbitraire.Aspasie a écrit: D'une certaine manière, et même si cela peut sembler un peu étrange, il serait sans doute bon de s'entraîner à problématiser des sujets sans faire appel à aucun auteur...
- AspasieNiveau 10
A te lire, Parménide, il semble évident qu'il y ait un problème de méthode ou plutôt d'approche de l'exercice :
-l'embarras face à la problématisation elle-même : tous les sujets peuvent être intimidants, et l'on peut se prendre les pieds dans le tapis y compris à l'occasion d'un sujet portant sur un thème où l'on se sent "armé", simplement parce qu'on court au plus pressé au lieu de prendre le temps d'analyser (par contraste, par notions proches, par conditions de possibilités, ou que sais-je encore... puisque tous les moyens sont bons). Il faut aborder l'exercice avec un minimum de confiance en sa propre capacité de réflechir, et un maximum de patience dans la recherche des pistes et du questionnement... ce n'est pas la "solution" qu'on cherche, ce sont d'abord ses conditions.
-la sanction de la note : les notes de type concours ne sont pas indicatrices d'une "valeur" (quelle note d'ailleurs au fond pourrait l'être dès que l'on sort de l'évaluation d'une quantité ciblée de connaissances dans un question/réponse ?) ; elles sont le moyen d'un classement. Il faut donc les approcher et les traduire en ces termes ; 7,8, cela pourrait signifier "pas dans les clous, pas dans la profondeur de questionnement attendue". Je ne dis pas que c'est ce que cela veut dire, mais j'essaie juste d'indiquer qu'il faut interpréter la note et chercher ce qu'elle cherche à souligner. Si la moyenne d'un concours est à 11, mettre en dessous de 11, c'est indiquer qu'on estime que le travail est moins "à niveau" que ce qu'on a pu lire par ailleurs ; après il y a les nuances, et donc, mettre 4 ou 5 point en dessous de ce 11, c'est dire qu'il manque une chose essentielle, décisive. Comme l'a dit Supersoso dans l'autre fil, il serait intéressant de récupérer tes copies de concours et de les analyser à froid pour te placer du point de vue de l'examinateur. L'idéal serait d'ailleurs de comparer des notes avec un bon différentiel...
-la volonté farouche d'identifier LA connaissance-clé. Lorsque tu demandes d'où viennent les connaissances pour traiter tel ou tel sujet, j'aurais tendance à te répondre : de partout ! qu'importe ! Ce n'est pas un contrôle de connaissance ; c'est un exercice de réflexion. Alors tu peux te servir de n'importe quel auteur, de n'importe quel exemple, de n'importe quelle situation, pourvu que tu t'en serves... Bien sûr, s'il y a l'érudition en plus, le détail de la référence, la citation, cela fera la différence par rapport à une copie plus vague, moins renseignée. Mais c'est du plus. Ce n'est pas le fondamental. Le fondamental est et reste le cheminement que tu proposes, et que tu es le seul à proposer... C'est ça qui fait franchir une "barre" (celle de la moyenne ou celle de l'admissibilité, ou celle, plus personnelle, de ta propre évolution... mais une "barre" en tout cas).
-l'angoisse de la quantité... 12 pages. 12 pages ? Ce n'est écrit nulle part et ce n'est demandé par aucun rapport de jury. On peut s'accorder sur le fait qu'une copie de 3 pages ne déploierait pas une réflexion assez ample pour être jugée satisfaisante, mais enfin, la taille de l'écriture, la syntaxe même, l'usage d'ellipses ou pas, la manière de disposer ses alinéas et ses aérations, tout cela fait qu'une copie n'est pas en "longueur" comparable à une autre. Peut-être le lecteur déplorera-t-il que le propos ne se soit pas étendu davantage à ce moment précis de la réflexion ; peut-être à l'inverse souhaitera-t-il qu'il se soit synthétisé à tel autre pour gagner en précision et en pertinence... c'est à ce titre que la question de la "longueur" va jouer, pas à un autre. Il faut vraiment se décomplexer par rapport à ces contraintes formelles qui ne sont que des carcans. De l'ordre, de la rigueur, oui... mais un nombre minimum de pages (ou de parties et de sous-parties), cela n'a pas de sens. De même, comme le dit Cripure dans l'autre fil, les titres aux parties... bof. Qu'est-ce qu'on en a à faire des titres ? On ne va pas les reprendre de toute façon. Il faut faut que ce soit ordonné, pensé, ça oui, mais titres et sous-titres... ca n'est que de la forme, or c'est du fond qu'il faut. Idem pour la "longueur" ; C'est bête à dire, mais il faut ce qu'il faut... il faut ce qui convient à élaborer et déployer le raisonnement, la recherche, le cheminement. Pour ce faire, je te conseille la lecture des Problématiques philosophiques de Bernard Baas (on aime ou on n'aime pas, mais on peut quoi qu'il en soit le créditer de son expérience de membre du jury des concours... il sait donc de quoi il parle). Il y donne des exemples de dissertations. Tu seras sans doute étonné de voir les libertés qu'il prend avec la forme. Mais tu seras sans doute aussi intéressé par le fait qu'on en revient toujours au même : une vraie pensée, précise, fouillée...
C'est-à-dire qu'on en revient précisément à ces "valeurs" que souligne PauvreYorick dans son message :
Dans ton propos, je lisParménide a écrit:j'ai fait des concours blancs sur des sujets particulièrement ardus : L'harmonie, le modèle, le commencement. Je n'ai jamais dépassé 7/20. Face à des sujets de ce type, je reste sans avoir rien à dire. Je sais que je dois mettre à distance tout ce que je sais, mais ça n'y fait rien. Je ne vois pas comment on peut problématiser ni faire un travail d'analyse et de définitions du terme ou des termes du libellée sans certaines connaissances au préalable. Et je ne sais pas trop d'où doivent venir ces connaissances pour problématiser. Et j'angoisse beaucoup car quand je tombe sur des sujets assez intimidants de ce type j'ai tendance à me dire aussitôt : "Mais comment vais-je faire pour écrire 12 pages là dessus?" (J'ai tendance à penser qu'une dissertation inférieure à ce nombre de pages ne saurait être vraiment honnête...)
-l'embarras face à la problématisation elle-même : tous les sujets peuvent être intimidants, et l'on peut se prendre les pieds dans le tapis y compris à l'occasion d'un sujet portant sur un thème où l'on se sent "armé", simplement parce qu'on court au plus pressé au lieu de prendre le temps d'analyser (par contraste, par notions proches, par conditions de possibilités, ou que sais-je encore... puisque tous les moyens sont bons). Il faut aborder l'exercice avec un minimum de confiance en sa propre capacité de réflechir, et un maximum de patience dans la recherche des pistes et du questionnement... ce n'est pas la "solution" qu'on cherche, ce sont d'abord ses conditions.
-la sanction de la note : les notes de type concours ne sont pas indicatrices d'une "valeur" (quelle note d'ailleurs au fond pourrait l'être dès que l'on sort de l'évaluation d'une quantité ciblée de connaissances dans un question/réponse ?) ; elles sont le moyen d'un classement. Il faut donc les approcher et les traduire en ces termes ; 7,8, cela pourrait signifier "pas dans les clous, pas dans la profondeur de questionnement attendue". Je ne dis pas que c'est ce que cela veut dire, mais j'essaie juste d'indiquer qu'il faut interpréter la note et chercher ce qu'elle cherche à souligner. Si la moyenne d'un concours est à 11, mettre en dessous de 11, c'est indiquer qu'on estime que le travail est moins "à niveau" que ce qu'on a pu lire par ailleurs ; après il y a les nuances, et donc, mettre 4 ou 5 point en dessous de ce 11, c'est dire qu'il manque une chose essentielle, décisive. Comme l'a dit Supersoso dans l'autre fil, il serait intéressant de récupérer tes copies de concours et de les analyser à froid pour te placer du point de vue de l'examinateur. L'idéal serait d'ailleurs de comparer des notes avec un bon différentiel...
-la volonté farouche d'identifier LA connaissance-clé. Lorsque tu demandes d'où viennent les connaissances pour traiter tel ou tel sujet, j'aurais tendance à te répondre : de partout ! qu'importe ! Ce n'est pas un contrôle de connaissance ; c'est un exercice de réflexion. Alors tu peux te servir de n'importe quel auteur, de n'importe quel exemple, de n'importe quelle situation, pourvu que tu t'en serves... Bien sûr, s'il y a l'érudition en plus, le détail de la référence, la citation, cela fera la différence par rapport à une copie plus vague, moins renseignée. Mais c'est du plus. Ce n'est pas le fondamental. Le fondamental est et reste le cheminement que tu proposes, et que tu es le seul à proposer... C'est ça qui fait franchir une "barre" (celle de la moyenne ou celle de l'admissibilité, ou celle, plus personnelle, de ta propre évolution... mais une "barre" en tout cas).
-l'angoisse de la quantité... 12 pages. 12 pages ? Ce n'est écrit nulle part et ce n'est demandé par aucun rapport de jury. On peut s'accorder sur le fait qu'une copie de 3 pages ne déploierait pas une réflexion assez ample pour être jugée satisfaisante, mais enfin, la taille de l'écriture, la syntaxe même, l'usage d'ellipses ou pas, la manière de disposer ses alinéas et ses aérations, tout cela fait qu'une copie n'est pas en "longueur" comparable à une autre. Peut-être le lecteur déplorera-t-il que le propos ne se soit pas étendu davantage à ce moment précis de la réflexion ; peut-être à l'inverse souhaitera-t-il qu'il se soit synthétisé à tel autre pour gagner en précision et en pertinence... c'est à ce titre que la question de la "longueur" va jouer, pas à un autre. Il faut vraiment se décomplexer par rapport à ces contraintes formelles qui ne sont que des carcans. De l'ordre, de la rigueur, oui... mais un nombre minimum de pages (ou de parties et de sous-parties), cela n'a pas de sens. De même, comme le dit Cripure dans l'autre fil, les titres aux parties... bof. Qu'est-ce qu'on en a à faire des titres ? On ne va pas les reprendre de toute façon. Il faut faut que ce soit ordonné, pensé, ça oui, mais titres et sous-titres... ca n'est que de la forme, or c'est du fond qu'il faut. Idem pour la "longueur" ; C'est bête à dire, mais il faut ce qu'il faut... il faut ce qui convient à élaborer et déployer le raisonnement, la recherche, le cheminement. Pour ce faire, je te conseille la lecture des Problématiques philosophiques de Bernard Baas (on aime ou on n'aime pas, mais on peut quoi qu'il en soit le créditer de son expérience de membre du jury des concours... il sait donc de quoi il parle). Il y donne des exemples de dissertations. Tu seras sans doute étonné de voir les libertés qu'il prend avec la forme. Mais tu seras sans doute aussi intéressé par le fait qu'on en revient toujours au même : une vraie pensée, précise, fouillée...
C'est-à-dire qu'on en revient précisément à ces "valeurs" que souligne PauvreYorick dans son message :
Cela vaut quel que soit le niveau de connaissance mobilisé ; et cela me semble bien plus essentiel que la "masse" de connaissances...PauvreYorick a écrit:quelqu'un à qui la philosophie a profité n'est pas quelqu'un qui cite ni quelqu'un qui pontifie, encore moins quelqu'un qui répète : c'est avant tout quelqu'un qui est impitoyable avec l'erreur (ses propres erreurs), l'approximation (ses propres approximations), la facilité, le vague, l'insignifiance, l'arbitraire.
- retraitéeDoyen
C'est tout de même gênant si vous voulez faire de la philo !
- ParménideNeoprof expérimenté
Je pense qu'un exemple concret sera parlant pour identifier mes défauts.
Voici mon brouillon de "De quoi y a t il histoire?"
Sujet sur lequel j'ai réfléchi il y a 3 mois à peu près. Mais je ne suis pas allé très loin. Je vis le fait d'avoir l'impression de manquer de connaissances sur certains sujets comme un vrai blocage !
On devrait voir dans ce qui suit des symptômes de mon manque de méthode :
De quoi y a t il histoire ?
C'est une question d'ordre ontologique. Cela revient à s'interroger sur l'être de l'histoire, son essence. S'il y a histoire de quelque chose cela signifie qu'elle a un substrat.
A relier avec la notion d'interprétation.
Quelle est la spécificité de l'histoire? Elle est humaine sans aucun doute mais pas seulement
Il y a bien évidemment une histoire non humaine : Origine de l'univers, astrophysique, etc
La distinction classique : phénomène, évènement "vs" le récit (de l'historien par exemple, ou de l'écrivain)
Histoire des sciences, de la littérature, de la philosophie...
La temporalité chez Heidegger : Horizon de l'être, etc...
Ricoeur : bonne subjectivité "vs" mauvaise subjectivité de l'historien
Triple dimension du temps : passé, présent, futur.
Temps court / temps long : Braudel.
Temps cyclique : stoïcien, Nietzsche
Question de la mémoire, Bergson peut-être
Il n'y a d'histoire au fond que du phénomène. L'histoire en fait un récit et /ou une interprétation par la suite.
Hegel : La Raison dans l'histoire. Les grands hommes. Le substrat de l'histoire n'est autre que l'esprit universel se révélant de façons différentes à chaque époque .
Problématique : Quel est le soubassement concret de l'histoire et qu'est ce qui lui confère son être profond?
1) Opposition matière/esprit. Qui recoupe l'opposition évènement/récit
a)Le phénomène
b)Le récit au service du phénomène
b)La possibilité d'une interprétation : montrer la présence d'un substrat.
2) Il n'est d'histoire véritable que de l'homme
a) Retour sur soi, conscience réfléchie...
b) Débuts de l'écriture. Jack Goody : La raison graphique
c) L'être pour le temps : Heidegger
3) L'objet de l'histoire est intemporel
a) L'esprit est intemporel : Hegel
(et j'avoue que je ne vois pas trop comment faire 2 sous parties à cette troisième partie !)
Donc voilà ce que j'ai fait. Je pense que ce n'est pas bon du tout mais au moins, le point positif, c'est que je l'ai fait sans consulter quelque document que ce soit. Mais bon ce que j'ai fait ou rien c'est la même chose !
Si j'avais fait ça au concours, à tout casser j'aurais eu 7/20 je pense (et encore avec une notation assez généreuse)
Comment analyser et problématiser un sujet une fois qu'on a fait abstraction d'éventuelles connaissances? C'est la vrai question je pense.
Je me demande parfois si je ne suis pas tout simplement limité intellectuellement, et si ce n'est pas juste par hasard que j'ai eu 13/20 à une de mes épreuves de philo du concours de l'ENS
Enfin, pour l'instant à part mourir d'inquiétude je ne fais pas grand chose...
Voici mon brouillon de "De quoi y a t il histoire?"
Sujet sur lequel j'ai réfléchi il y a 3 mois à peu près. Mais je ne suis pas allé très loin. Je vis le fait d'avoir l'impression de manquer de connaissances sur certains sujets comme un vrai blocage !
On devrait voir dans ce qui suit des symptômes de mon manque de méthode :
De quoi y a t il histoire ?
C'est une question d'ordre ontologique. Cela revient à s'interroger sur l'être de l'histoire, son essence. S'il y a histoire de quelque chose cela signifie qu'elle a un substrat.
A relier avec la notion d'interprétation.
Quelle est la spécificité de l'histoire? Elle est humaine sans aucun doute mais pas seulement
Il y a bien évidemment une histoire non humaine : Origine de l'univers, astrophysique, etc
La distinction classique : phénomène, évènement "vs" le récit (de l'historien par exemple, ou de l'écrivain)
Histoire des sciences, de la littérature, de la philosophie...
La temporalité chez Heidegger : Horizon de l'être, etc...
Ricoeur : bonne subjectivité "vs" mauvaise subjectivité de l'historien
Triple dimension du temps : passé, présent, futur.
Temps court / temps long : Braudel.
Temps cyclique : stoïcien, Nietzsche
Question de la mémoire, Bergson peut-être
Il n'y a d'histoire au fond que du phénomène. L'histoire en fait un récit et /ou une interprétation par la suite.
Hegel : La Raison dans l'histoire. Les grands hommes. Le substrat de l'histoire n'est autre que l'esprit universel se révélant de façons différentes à chaque époque .
Problématique : Quel est le soubassement concret de l'histoire et qu'est ce qui lui confère son être profond?
1) Opposition matière/esprit. Qui recoupe l'opposition évènement/récit
a)Le phénomène
b)Le récit au service du phénomène
b)La possibilité d'une interprétation : montrer la présence d'un substrat.
2) Il n'est d'histoire véritable que de l'homme
a) Retour sur soi, conscience réfléchie...
b) Débuts de l'écriture. Jack Goody : La raison graphique
c) L'être pour le temps : Heidegger
3) L'objet de l'histoire est intemporel
a) L'esprit est intemporel : Hegel
(et j'avoue que je ne vois pas trop comment faire 2 sous parties à cette troisième partie !)
Donc voilà ce que j'ai fait. Je pense que ce n'est pas bon du tout mais au moins, le point positif, c'est que je l'ai fait sans consulter quelque document que ce soit. Mais bon ce que j'ai fait ou rien c'est la même chose !
Si j'avais fait ça au concours, à tout casser j'aurais eu 7/20 je pense (et encore avec une notation assez généreuse)
Comment analyser et problématiser un sujet une fois qu'on a fait abstraction d'éventuelles connaissances? C'est la vrai question je pense.
retraitée a écrit:C'est tout de même gênant si vous voulez faire de la philo !
Je me demande parfois si je ne suis pas tout simplement limité intellectuellement, et si ce n'est pas juste par hasard que j'ai eu 13/20 à une de mes épreuves de philo du concours de l'ENS
Enfin, pour l'instant à part mourir d'inquiétude je ne fais pas grand chose...
- e-WandererGrand sage
J'ai l'impression que tu éprouves le besoin de te rassurer en rattachant tes idées systématiquement à une autorité, mais que ça te paralyse et t'empêche de penser par toi-même. De façon assez symptomatique, tu évacues par ta problématique la question des domaines d'application, qui est frontalement posée par le sujet : De quoi y a-t-il histoire ?
Peu importe au fond comment tu t'arrangeras pour organiser tout ça ensuite (un plan de dissert est un mécano un peu artificiel où on s'arrange pour recaser le plus possible de résultats, dans un ordre apparemment naturel), mais ton brouillon devrait faire apparaître de façon évidente, à un moment ou à un autre, un questionnement par domaines : à quelles conditions peut-il y avoir une histoire des sciences, des arts, des événements politiques, du droit etc. Et quels problèmes spécifiques (méthodologiques, pratiques, épistémologiques) posent ces différents domaines en termes de constitution d'une lecture historique ? Quels en sont les acteurs, le public ? L'histoire peut-elle être appréhendée abstraitement indépendamment de ses objets ? etc.
Il faut que tu partes de ces questionnements évidents et que tu ouvres ensuite les perspectives, que tu creuses les spécificités, les connexions, les différences etc. Fais varier en permanence les paramètres, expérimente systématiquement l'argumentation inverse de ce que tu avances, et tu verras tout de suite les problèmes et les paradoxes apparaître. Par exemple, l'historicité a priori évidente des arts (existence de mouvements ou d'écoles bien identifiés, liens avec les progrès de la technique – lois de la perspective, facture instrumentale etc.) est-elle compatible avec la théorie kantienne du beau (qui plaît universellement et sans concept) ? etc. Et tu changes à chaque fois de perspective : celle de l'artiste, celle de ses contemporains, celle de la postérité… Il faut ouvrir au maximum les questionnements, et ensuite tu fais le tri et tu gardes ce qui te paraît pertinent par rapport au sujet.
Peu importe au fond comment tu t'arrangeras pour organiser tout ça ensuite (un plan de dissert est un mécano un peu artificiel où on s'arrange pour recaser le plus possible de résultats, dans un ordre apparemment naturel), mais ton brouillon devrait faire apparaître de façon évidente, à un moment ou à un autre, un questionnement par domaines : à quelles conditions peut-il y avoir une histoire des sciences, des arts, des événements politiques, du droit etc. Et quels problèmes spécifiques (méthodologiques, pratiques, épistémologiques) posent ces différents domaines en termes de constitution d'une lecture historique ? Quels en sont les acteurs, le public ? L'histoire peut-elle être appréhendée abstraitement indépendamment de ses objets ? etc.
Il faut que tu partes de ces questionnements évidents et que tu ouvres ensuite les perspectives, que tu creuses les spécificités, les connexions, les différences etc. Fais varier en permanence les paramètres, expérimente systématiquement l'argumentation inverse de ce que tu avances, et tu verras tout de suite les problèmes et les paradoxes apparaître. Par exemple, l'historicité a priori évidente des arts (existence de mouvements ou d'écoles bien identifiés, liens avec les progrès de la technique – lois de la perspective, facture instrumentale etc.) est-elle compatible avec la théorie kantienne du beau (qui plaît universellement et sans concept) ? etc. Et tu changes à chaque fois de perspective : celle de l'artiste, celle de ses contemporains, celle de la postérité… Il faut ouvrir au maximum les questionnements, et ensuite tu fais le tri et tu gardes ce qui te paraît pertinent par rapport au sujet.
- ParménideNeoprof expérimenté
oui, toujours maintenir une approche questionnante par rapport au sujet. Il y a longtemps que je le sais ça aussi !
Le problème c'est que c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
Sur un sujet comme ça on peut tout exploiter il est vrai : art, sciences, politique... Justement ça donne un peu le vertige, une impression d'arbitraire nécessaire dans les champs qu'on va sélectionner...
Par exemple j'évoquais les problématiques liées à l'origine de l'univers et l'astrophysique (thèmes qui me passionnent vraiment), mais on pourrait évoquer bien d'autres choses !
Et vu que je connais rien de façon vraiment solide je ne sais pas trop vers quoi me diriger, comme références.
Je pense que mon problème est psychologique pour une part : je suis devenu incapable d'aborder quelque sujet que ce soit de façon sereine et détendue, dès que je vois un sujet la première question que je me pose c'est comment je vais m'y prendre pour écrire au moins 3 copies doubles (le réflexe débile d'un élève de terminale alors que j'ai passé mon bac il y a exactement 10ans ce moi-ci).
Je ne sais pas à quoi ce syndrome est dû vraiment...
Pourtant j'ai pas eu des résultats infamants à ma dernière tentative de juin dernier : 7/20 en dissert et 8/20 en commentaire (mon auto-évaluation était très juste d'ailleurs, ce que j'étais assez incapable de faire autrefois)
Je ne sais pas comment agir et par quel bout prendre les choses, c'est dramatique...
Comme j'ai dit, si je décide de travailler sur un nouveau sujet, je vais peiner une nouvelle fois à mener une réflexion tenant la route. Pourtant j'ai l'impression qu'il suffirait qu'advienne en moi un simple déclic pour ne plus éprouver ce manque affreux d'inspiration face à beaucoup de sujets.
Une des choses qui me causent problème aussi c'est le fait que si j'essaie de faire abstraction de toute pression liée à l'enjeu de la longueur de la dissertation, je risque fort de tout boucler en 4-5 pages. Idée qui ne peut bien évidemment pas me plaire... Mais si ça se trouve je ferais un meilleur travail ainsi, j'en sais rien après tout.
ça, j'ai pas saisi par contre :
Le problème c'est que c'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire.
Sur un sujet comme ça on peut tout exploiter il est vrai : art, sciences, politique... Justement ça donne un peu le vertige, une impression d'arbitraire nécessaire dans les champs qu'on va sélectionner...
Par exemple j'évoquais les problématiques liées à l'origine de l'univers et l'astrophysique (thèmes qui me passionnent vraiment), mais on pourrait évoquer bien d'autres choses !
Et vu que je connais rien de façon vraiment solide je ne sais pas trop vers quoi me diriger, comme références.
Je pense que mon problème est psychologique pour une part : je suis devenu incapable d'aborder quelque sujet que ce soit de façon sereine et détendue, dès que je vois un sujet la première question que je me pose c'est comment je vais m'y prendre pour écrire au moins 3 copies doubles (le réflexe débile d'un élève de terminale alors que j'ai passé mon bac il y a exactement 10ans ce moi-ci).
Je ne sais pas à quoi ce syndrome est dû vraiment...
Pourtant j'ai pas eu des résultats infamants à ma dernière tentative de juin dernier : 7/20 en dissert et 8/20 en commentaire (mon auto-évaluation était très juste d'ailleurs, ce que j'étais assez incapable de faire autrefois)
Je ne sais pas comment agir et par quel bout prendre les choses, c'est dramatique...
Comme j'ai dit, si je décide de travailler sur un nouveau sujet, je vais peiner une nouvelle fois à mener une réflexion tenant la route. Pourtant j'ai l'impression qu'il suffirait qu'advienne en moi un simple déclic pour ne plus éprouver ce manque affreux d'inspiration face à beaucoup de sujets.
Une des choses qui me causent problème aussi c'est le fait que si j'essaie de faire abstraction de toute pression liée à l'enjeu de la longueur de la dissertation, je risque fort de tout boucler en 4-5 pages. Idée qui ne peut bien évidemment pas me plaire... Mais si ça se trouve je ferais un meilleur travail ainsi, j'en sais rien après tout.
ça, j'ai pas saisi par contre :
e-Wanderer a écrit:
Et quels problèmes spécifiques (méthodologiques, pratiques, épistémologiques) posent ces différents domaines en termes de constitution d'une lecture historique ?
- AspasieNiveau 10
Exercice intéressant... et courageux en prime. Il n'est jamais simple d'exposer ainsi ses manières de travailler. Bravo pour cela.
Comme je suis une incorrigible optimiste, je pars du principe que c'est un problème d'ajustement. On n'a jamais une bonne note "par hasard". Pas plus d'ailleurs qu'on n'a les mauvaises par hasard. Dans l'un et l'autre cas, il faut comprendre et analyser...
Je me lance donc et reprends donc ton message au fil de ce que tu as écrit, avec commentaires ou pas, selon...
-en quoi l'histoire est-elle humaine ? Est-ce l'homme, le substrat invariant de l'histoire ? A quel titre ? Comme acteur ? Comme auteur ? Histoire humaine = histoire des hommes ? Histoire par les hommes ?
-la définition même de l'histoire... vaguement évoquée ici, et pourtant absolument essentielle : les événements ? Leur récit ? Car alors la question change : de quoi y-t-il récit ==> des faits avérés ? Des faits imaginés ? De quoi peut-on considérer que cela fait évènement ? ==> comment selectionne-t-on ce qui entre ou pas dans l'histoire ?
-les différentes catégories évoquées. Au lieu d'en rester à l'évocation, il faut creuser... c'est là que ça devient intéressant :
*histoire de l'univers : l'astrophysique fait-elle l'histoire de l'univers ? Y en a-t-il une ou la construit-on ? on suppose là une temporalité qui se développe...
*histoire des sciences : est-ce l'histoire des idées ? Celle des hommes qui ont ces idées ? Celle des révolutions et des ruptures entre ces idées ? Celle de la vérité qui se dévoilerait ?
L'intérêt ici, c'est de prendre tel ou tel domaine et 1) de voir ce qu'il implique 2) de voir si cela peut s'appliquer à d'autres domaines 3) si oui, de voir alors ce que cela implique et si l'on touche du doigt un élément essentiel ; si non, de chercher pourquoi.
Je rejoins ici ce que e-Wanderer t'a écrit à ce sujet.
Et puis ne pas oublier la question "pourquoi" : pourquoi y a-t-il histoire de ceci et pas de cela ? Et comme cela a été indiqué dans l'autre fil, de quoi n'y a-t-il pas histoire à l'inverse.
S'il n'y a d'histoire que du phénomène, que dire de l'histoire des idées alors ? A moins de considérer les idées comme des phénomènes ? Mais alors il faut reprendre le sens de ce terme.
Par ailleurs, y a-t-il une histoire de cela ? Ou fait-on l'histoire de cela ? Voire en fait-on" toute une histoire" comme on dit ?
Ce sont là des nuances qu'il faut creuser, car derrière la question, il y a le problème du fait, réel (le "il y a") qui disparaît dans ton analyse. Or il faut questionner les conditions de possibilité : que faut-il pour qu'il y ait histoire ? Tu le touches du doigt dans ton 2) mais tu donnes le sentiment de vouloir tellement "caser" Hegel que tu passes à côté...
Après tout, et s'il n'y avait pas d'histoire mais que les hommes en fassent (toute) une histoire ?
Il faut se demander où est le paradoxe, la difficulté de la question.
Je note cependant le "véritable" histoire, qui suppose donc qu'il y en ait une "fausse", ce qui est à préciser. Je note aussi que dans le 3, tu n'envisages plus la réponse à la question "de quoi" mais une qualification de l'objet supposé de l'histoire. Or si en 2 tu as montré qu'il n'y a d'histoire que de l'homme, et qui plus est en finissant par Heidegger, comment en viens-tu à soutenir que ce dont il y a histoire est intemporel ? Faute de procéder par avancement dans le raisonnement, il me semble que tu cours le risque de t'imposer de très très grands écarts...
J'enchaîne aussi sur ton message suivant :
Oui, mais ce qui te passionne toi, c'est l'astrophysique, alors ok pour l'astrophysique. Il faut parler de ce qu'on connait, de ce qui nous parle, et partir de là. D'autres parleront mieux d'autre chose, mais si toi,c'est cet exemple qui te permet d'avancer, alors c'est impeccable, car cela marquera ta singularité.
Tu as raison lorsque tu dis qu'il te faut un déclic. Et il te faut aussi l'audace d'approfondir sans craindre de ne pas être exhaustif... il faut tenter ton approche...
Comme je suis une incorrigible optimiste, je pars du principe que c'est un problème d'ajustement. On n'a jamais une bonne note "par hasard". Pas plus d'ailleurs qu'on n'a les mauvaises par hasard. Dans l'un et l'autre cas, il faut comprendre et analyser...
Je me lance donc et reprends donc ton message au fil de ce que tu as écrit, avec commentaires ou pas, selon...
==> peut-être interroger le lien entre ce "substrat", sa nature et l'histoire : en quoi connaître ce dont il y a histoire nous renseignerait-il sur la notion d'histoire elle-même ? Variance/invariance du concept d'histoire.Parménide a écrit:De quoi y a t il histoire ?
C'est une question d'ordre ontologique. Cela revient à s'interroger sur l'être de l'histoire, son essence. S'il y a histoire de quelque chose cela signifie qu'elle a un substrat.
Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi plus cette notion que celle de raison, de temps, de vérité, de réel ?A relier avec la notion d'interprétation.
Beaucoup de pistes ici ; à suivre :Quelle est la spécificité de l'histoire? Elle est humaine sans aucun doute mais pas seulement
Il y a bien évidemment une histoire non humaine : Origine de l'univers, astrophysique, etc
La distinction classique : phénomène, évènement "vs" le récit (de l'historien par exemple, ou de l'écrivain)
Histoire des sciences, de la littérature, de la philosophie...
-en quoi l'histoire est-elle humaine ? Est-ce l'homme, le substrat invariant de l'histoire ? A quel titre ? Comme acteur ? Comme auteur ? Histoire humaine = histoire des hommes ? Histoire par les hommes ?
-la définition même de l'histoire... vaguement évoquée ici, et pourtant absolument essentielle : les événements ? Leur récit ? Car alors la question change : de quoi y-t-il récit ==> des faits avérés ? Des faits imaginés ? De quoi peut-on considérer que cela fait évènement ? ==> comment selectionne-t-on ce qui entre ou pas dans l'histoire ?
-les différentes catégories évoquées. Au lieu d'en rester à l'évocation, il faut creuser... c'est là que ça devient intéressant :
*histoire de l'univers : l'astrophysique fait-elle l'histoire de l'univers ? Y en a-t-il une ou la construit-on ? on suppose là une temporalité qui se développe...
*histoire des sciences : est-ce l'histoire des idées ? Celle des hommes qui ont ces idées ? Celle des révolutions et des ruptures entre ces idées ? Celle de la vérité qui se dévoilerait ?
L'intérêt ici, c'est de prendre tel ou tel domaine et 1) de voir ce qu'il implique 2) de voir si cela peut s'appliquer à d'autres domaines 3) si oui, de voir alors ce que cela implique et si l'on touche du doigt un élément essentiel ; si non, de chercher pourquoi.
Je rejoins ici ce que e-Wanderer t'a écrit à ce sujet.
Et puis ne pas oublier la question "pourquoi" : pourquoi y a-t-il histoire de ceci et pas de cela ? Et comme cela a été indiqué dans l'autre fil, de quoi n'y a-t-il pas histoire à l'inverse.
Peut-être oui... pourquoi pas... mais ça ne renseigne pas ta problématisation... c'est prématuré d'une certaine manière. Les auteurs, tu les connais ; alors ils viendront bien assez après, à moins que l'un ne te livre une clé essentielle auquel cas, il faut préciser laquelle, et là encore, creuser pour voir ce que cela implique...La temporalité chez Heidegger : Horizon de l'être, etc...
Ricoeur : bonne subjectivité "vs" mauvaise subjectivité de l'historien
Triple dimension du temps : passé, présent, futur.
Temps court / temps long : Braudel.
Temps cyclique : stoïcien, Nietzsche
Question de la mémoire, Bergson peut-être
Là, c'est la recherche de réponse qui parle... les questions ont disparu :Il n'y a d'histoire au fond que du phénomène. L'histoire en fait un récit et /ou une interprétation par la suite.
S'il n'y a d'histoire que du phénomène, que dire de l'histoire des idées alors ? A moins de considérer les idées comme des phénomènes ? Mais alors il faut reprendre le sens de ce terme.
Par ailleurs, y a-t-il une histoire de cela ? Ou fait-on l'histoire de cela ? Voire en fait-on" toute une histoire" comme on dit ?
Ce sont là des nuances qu'il faut creuser, car derrière la question, il y a le problème du fait, réel (le "il y a") qui disparaît dans ton analyse. Or il faut questionner les conditions de possibilité : que faut-il pour qu'il y ait histoire ? Tu le touches du doigt dans ton 2) mais tu donnes le sentiment de vouloir tellement "caser" Hegel que tu passes à côté...
Après tout, et s'il n'y avait pas d'histoire mais que les hommes en fassent (toute) une histoire ?
Soit, pourquoi pas. L'histoire n'est donc jamais que l'histoire de l'esprit... mais alors quelles conséquences ? Car une affirmation n'est jamais sans conséquence, et pour donner de l'ampleur au traitement, il faut aussi chercher les enjeux.Hegel : La Raison dans l'histoire. Les grands hommes. Le substrat de l'histoire n'est autre que l'esprit universel se révélant de façons différentes à chaque époque .
Le souci de cette question est qu'elle reprend ta compréhension du sujet, plus que l'horizon de déploiement des questions à se poser. En cela, elle ne problématise pas, elle reformule...Problématique : Quel est le soubassement concret de l'histoire et qu'est ce qui lui confère son être profond?
Il faut se demander où est le paradoxe, la difficulté de la question.
Je ne reprends pas le détail de ton plan parce que j'ai du mal à vrai dire à y trouver mes repères. J'ai toujours du mal avec les plans ; j'ai plus besoin de thèses, de questions qui ouvrent des transitions...1) Opposition matière/esprit. Qui recoupe l'opposition évènement/récit
a)Le phénomène
b)Le récit au service du phénomène
b)La possibilité d'une interprétation : montrer la présence d'un substrat.
2) Il n'est d'histoire véritable que de l'homme
a) Retour sur soi, conscience réfléchie...
b) Débuts de l'écriture. Jack Goody : La raison graphique
c) L'être pour le temps : Heidegger
3) L'objet de l'histoire est intemporel
a) L'esprit est intemporel : Hegel
(et j'avoue que je ne vois pas trop comment faire 2 sous parties à cette troisième partie !)
Je note cependant le "véritable" histoire, qui suppose donc qu'il y en ait une "fausse", ce qui est à préciser. Je note aussi que dans le 3, tu n'envisages plus la réponse à la question "de quoi" mais une qualification de l'objet supposé de l'histoire. Or si en 2 tu as montré qu'il n'y a d'histoire que de l'homme, et qui plus est en finissant par Heidegger, comment en viens-tu à soutenir que ce dont il y a histoire est intemporel ? Faute de procéder par avancement dans le raisonnement, il me semble que tu cours le risque de t'imposer de très très grands écarts...
J'enchaîne aussi sur ton message suivant :
Parménide a écrit:Par exemple j'évoquais les problématiques liées à l'origine de l'univers et l'astrophysique (thèmes qui me passionnent vraiment), mais on pourrait évoquer bien d'autres choses !
Oui, mais ce qui te passionne toi, c'est l'astrophysique, alors ok pour l'astrophysique. Il faut parler de ce qu'on connait, de ce qui nous parle, et partir de là. D'autres parleront mieux d'autre chose, mais si toi,c'est cet exemple qui te permet d'avancer, alors c'est impeccable, car cela marquera ta singularité.
Tu as raison lorsque tu dis qu'il te faut un déclic. Et il te faut aussi l'audace d'approfondir sans craindre de ne pas être exhaustif... il faut tenter ton approche...
- ParménideNeoprof expérimenté
Aspasie a écrit:
Les auteurs, tu les connais ;
Ce n'est qu'une apparence. Je connais juste la doctrine de chacun en gros, mais je suis assez incapable d'être vraiment précis, et c'est comme ça pour tous, à peu près. D'où tout ce que j'évoquais sur le programme etc...
Aspasie a écrit:
Oui, mais ce qui te passionne toi, c'est l'astrophysique, alors ok pour l'astrophysique. Il faut parler de ce qu'on connait, de ce qui nous parle, et partir de là. D'autres parleront mieux d'autre chose, mais si toi,c'est cet exemple qui te permet d'avancer, alors c'est impeccable, car cela marquera ta singularité.
Mais je retombe sur le problème de la maitrise des connaissances. J'ai lu il y a quelques temps Le discours sur l'origine de l'univers de Etienne Klein. J'ai adoré ce livre et en le lisant, bien que ce fut une lecture loisir, j'ai tout de suite compris que ça pouvait avoir un grand intérêt pour mes références en philosophie des sciences. Seulement voilà, je ne sais pas trop ce que j'aurais du en retenir, comme pour toutes mes lectures d'ailleurs !
Sinon, je voulais dire ceci:
On sait bien sûr que la clé de la réussite en dissertation c'est de constamment interroger le sujet, avoir une authentique attitude philosophique face à lui, faire surgir des paradoxes, etc...
D'accord.
L'ennui est que pour beaucoup de sujets j'ai l'impression que procéder ainsi peut se révéler très dépendant de connaissances extérieures. J'ai toujours la sensation qu'il me faut un matériau irréductible au sujet pour pouvoir le problématiser. C'est pour ça que lorsque je commence à travailler je cherche dans des dictionnaires et des lexiques, etc...
Je me demande s'il est vraiment possible de problématiser un sujet et de faire la dissertation en exploitant QUE le libellé et rien d'autre.
Parce que dans ce cas, je risque de tout boucler en 4-5 pages et/ou de procéder juste avec ma propre culture générale et au fond ma dissertation sera vraiment peu conceptuelle. D'ailleurs j'ai entendu parler d'un cas : 12 au capes sans citer une seule référence philosophique.
Il est donc clair que je ne maitrise pas (ou plus) la façon de problématiser un sujet. Je dois travailler sur ça.
Que dois-je faire précisément dès que je découvre le sujet? Noter tout ce que ça m'évoque sans doute. Mais je dois m'arrêter quand? Il est vrai que lorsque j'étais en prépa, vu qu'il y avait un programme tout jaillissait beaucoup plus rapidement !
Bref j'ai énormément de questions. Mais là je m'arrête car je suis épuisé. Il faut que j'assimile toutes les données prises sur ce forum
Merci
- AspasieNiveau 10
Et plutôt que d'en rester à cette impression, pourquoi ne pas se confronter à la réalité des choses ?Parménide a écrit:On sait bien sûr que la clé de la réussite en dissertation c'est de constamment interroger le sujet, avoir une authentique attitude philosophique face à lui, faire surgir des paradoxes, etc...
D'accord.
L'ennui est que pour beaucoup de sujets j'ai l'impression que procéder ainsi peut se révéler très dépendant de connaissances extérieures. J'ai toujours la sensation qu'il me faut un matériau irréductible au sujet pour pouvoir le problématiser.
Sur "De quoi y a-t-il histoire ?" par exemple, que tirerais-tu, en matière d'analyse et de questionnement, de l'exemple de l'histoire de l'univers, de l'astrophysique ? Applique le questionnement à cet exemple précis et vois quelles questions et quels paradoxes en naissent à tes yeux.
Ne te questionne d'abord pas sur ce que tu en feras (et en particulier sur combien de pages tu en tireras...)... vois déjà ce que tu feras avec ce que tu sais.
Je suis persuadée que tu as bien plus à tirer de ce que tu penses si peu savoir que tu ne le penses (Euh... elle est bien alambiquée là ma phrase... on va dire que c'est l'heure hein ).
- User17706Bon génie
Pour ce que ça vaut, j'approuve tout ce qui a été dit par Aspasie, Cripure, e-Wanderer sur ce fil et sur l'autre.
J'y ajouterai un petit mot : ne pas hésiter, parfois, à se contenter, en travaillant un sujet, d'une simple esquisse. On n'est pas obligé de lire une biblio complète pour chaque dissertation. Il faut de temps en temps savoir laisser un sujet encore un peu en friche et passer à un autre.
Et arrêter d'imaginer qu'il est possible d'engranger une liste de connaissances en vue de dissertations possibles comme si on faisait un stock de briques en vue de la construction d'une maison. Ça ne fonctionne pas comme ça, pour personne, et ça n'est pas sexy du tout.
J'y ajouterai un petit mot : ne pas hésiter, parfois, à se contenter, en travaillant un sujet, d'une simple esquisse. On n'est pas obligé de lire une biblio complète pour chaque dissertation. Il faut de temps en temps savoir laisser un sujet encore un peu en friche et passer à un autre.
Et arrêter d'imaginer qu'il est possible d'engranger une liste de connaissances en vue de dissertations possibles comme si on faisait un stock de briques en vue de la construction d'une maison. Ça ne fonctionne pas comme ça, pour personne, et ça n'est pas sexy du tout.
- User5899Demi-dieu
Pour ma part, je cherche toujours en quoi il est paradoxal, en quoi il pousse à l'examen et à la discussion. Mais bon, je ne suis pas formateur pour des concours.Parménide a écrit:Que dois-je faire précisément dès que je découvre le sujet?
- User17706Bon génie
Formateur pour concours ou non, le conseil est bon : la dissertation, c'est le même exercice de la Terminale (et avant) à l'agrégation, les règles ne changent pas du tout. (Les « recettes » pour en faciliter l'usage aux débutants, en revanche, éventuellement ; moins il y en a, cela dit, et mieux on se porte.)
C'est de l'artisanat. Il n'y a pas de procédure standard de problématisation, on peut donner des indications très générales, très souvent il sera possible de trouver un ou deux sujets où elles ne s'appliquent guère.
À la quête d'un paradoxe, principe général qui est bon ou plutôt à peu près « incontournable » puisqu'il faudra poser un problème, j'ajoute une autre exigence générale qui est d'identifier « ce dont ça cause », ce qui peut vouloir dire, parfois, le « terrain empirique » du sujet. (Sur le « droit à la différence », le terrain empirique n'est pas la revendication d'un droit de différer [car ça voudrait dire quoi ?] mais celle d'une reconnaissance, et d'une adaptation de la société à la différence : des trottoirs inclinés pour les fauteuils roulants, ça c'est ce dont l'expression « droit à la différence », couramment, cause.)
Sur De quoi y a-t-il histoire : bêtement, il y a des livres d'histoire ; des objets considérés comme historiques, mais qui ne sont pas nécessairement les mêmes ni du même type d'une époque à l'autre (je parle des époques où l'on écrit l'histoire) : l'idée de constituer par exemple « la condition paysanne » en objet historique ne s'est pas toujours imposée. On parle d'« histoire naturelle », mais il y a ici équivocité ; dit-on par exemple que les lombrics ont une histoire, et si on ne le dit pas, pourquoi ? est-ce seulement parce que personne ne s'est mis en tête de l'écrire ? il y a pourtant des générations de lombrics en succession chronologique. Qu'est-ce qui leur fait défaut et qui ne fait apparemment pas défaut, pour prendre un autre objet historique, aux Rois de France ?
Ces questions en apparence très banales recèlent davantage de « jus » qu'un « méga-concept » du type « être », « ontologie », ou « substrat », dont le sens est toujours quelque peu sujet à discussion, d'une part, et qui d'autre part risquent, surtout au début, d'apparaître comme des habits trop grands.
Il n'est pas du tout « évident » qu'il y ait une histoire non humaine. Qu'on puisse soutenir cette thèse, peut-être, mais qu'elle soit évidente, alors non ; à moins de considérer qu'il y a histoire partout où il y a temps. Revenons aux lombrics, êtres en un sens temporels puisqu'ils naissent, meurent, pourrissent : où est la chronique du règne de Lombric II ? un historien plus loquace qu'un congénère lombric pourrait-il l'écrire à leur place ? ou n'y aurait-il rien à écrire ?
C'est de l'artisanat. Il n'y a pas de procédure standard de problématisation, on peut donner des indications très générales, très souvent il sera possible de trouver un ou deux sujets où elles ne s'appliquent guère.
À la quête d'un paradoxe, principe général qui est bon ou plutôt à peu près « incontournable » puisqu'il faudra poser un problème, j'ajoute une autre exigence générale qui est d'identifier « ce dont ça cause », ce qui peut vouloir dire, parfois, le « terrain empirique » du sujet. (Sur le « droit à la différence », le terrain empirique n'est pas la revendication d'un droit de différer [car ça voudrait dire quoi ?] mais celle d'une reconnaissance, et d'une adaptation de la société à la différence : des trottoirs inclinés pour les fauteuils roulants, ça c'est ce dont l'expression « droit à la différence », couramment, cause.)
Sur De quoi y a-t-il histoire : bêtement, il y a des livres d'histoire ; des objets considérés comme historiques, mais qui ne sont pas nécessairement les mêmes ni du même type d'une époque à l'autre (je parle des époques où l'on écrit l'histoire) : l'idée de constituer par exemple « la condition paysanne » en objet historique ne s'est pas toujours imposée. On parle d'« histoire naturelle », mais il y a ici équivocité ; dit-on par exemple que les lombrics ont une histoire, et si on ne le dit pas, pourquoi ? est-ce seulement parce que personne ne s'est mis en tête de l'écrire ? il y a pourtant des générations de lombrics en succession chronologique. Qu'est-ce qui leur fait défaut et qui ne fait apparemment pas défaut, pour prendre un autre objet historique, aux Rois de France ?
Ces questions en apparence très banales recèlent davantage de « jus » qu'un « méga-concept » du type « être », « ontologie », ou « substrat », dont le sens est toujours quelque peu sujet à discussion, d'une part, et qui d'autre part risquent, surtout au début, d'apparaître comme des habits trop grands.
Il n'est pas du tout « évident » qu'il y ait une histoire non humaine. Qu'on puisse soutenir cette thèse, peut-être, mais qu'elle soit évidente, alors non ; à moins de considérer qu'il y a histoire partout où il y a temps. Revenons aux lombrics, êtres en un sens temporels puisqu'ils naissent, meurent, pourrissent : où est la chronique du règne de Lombric II ? un historien plus loquace qu'un congénère lombric pourrait-il l'écrire à leur place ? ou n'y aurait-il rien à écrire ?
- ParménideNeoprof expérimenté
Et avant? C'est à dire?PauvreYorick a écrit: la dissertation, c'est le même exercice de la Terminale (et avant) à l'agrégation, les règles ne changent pas du tout. chronologique. Qu'est-ce qui leur fait défaut et qui ne fait apparemment pas défaut, pour prendre un autre objet historique, aux Rois de France ?
PauvreYorick a écrit:
C'est de l'artisanat. Il n'y a pas de procédure standard de problématisation, on peut donner des indications très générales, très souvent il sera possible de trouver un ou deux sujets où elles ne s'appliquent guère.
Concrètement ça donne quoi?
Aspasie a écrit:
Sur "De quoi y a-t-il histoire ?" par exemple, que tirerais-tu, en matière d'analyse et de questionnement, de l'exemple de l'histoire de l'univers, de l'astrophysique ? Applique le questionnement à cet exemple précis et vois quelles questions et quels paradoxes en naissent à tes yeux.
Ne te questionne d'abord pas sur ce que tu en feras (et en particulier sur combien de pages tu en tireras...)... vois déjà ce que tu feras avec ce que tu sais.
Je suis persuadée que tu as bien plus à tirer de ce que tu penses si peu savoir que tu ne le penses (Euh... elle est bien alambiquée là ma phrase... on va dire que c'est l'heure hein ).
Pour l'astrophysique, c'est le même problème que pour tout le reste de mes lectures, je n'ai que des souvenirs confus, et je ne sais pas QUOI sélectionner. Et le fait que ça me passionne me fait même pas retenir les choses, c'est ça qui est affreux aussi. Des idées me reviennent pèle mêle en tête, mais c'est tout : big bang, temps de Planck, singularité initiale, théorie des cordes...
Il est clair que je peux pas vraiment éprouver de plaisir à travailler sur des sujets si je ressens ce manque d'inspiration, et il n'y a pas de recette miracle pour devenir inspiré. J'ai beau me dire que je dois tout exploiter du sens commun pour arriver à faire surgir des problèmes, la pensée reste pauvre.
Ou alors c'est juste du à un manque de confiance en moi absolument désastreux, mais ça m'étonnerait quand même !
Je crois surtout que je suis quelqu'un de pas du tout organisé et qui n'a jamais su vraiment travailler, et comment travailler intelligemment !
Le premier problème c'est cette peur que j'ai d'écrire peu, et de ne pas avoir vraiment de références philosophiques à placer...
- User17706Bon génie
Les élèves font des dissertations en lettres, c'est un exercice fortement apparenté tout de même.Parménide a écrit:Et avant? C'est à dire?PauvreYorick a écrit: la dissertation, c'est le même exercice de la Terminale (et avant) à l'agrégation, les règles ne changent pas du tout.
Mmh, par exemple, ça ne revient pas au même de chercher un paradoxe dans « la volonté » et dans « y a-t-il un droit au travail ? », mais pour reprendre ce que je disais plus haut, il y a des sujets où l'on ne voit pas bien ce que j'ai appelé le « terrain empirique ». Un sujet comme « l'être et l'un » ne fait pas signe vers une portion précisément délimitée de la réalité, il ne parle pas davantage des trottoirs (mettons) que des canards (mettons). Si on cherche, on trouve toujours des sujets vachards ou bizarres, mais il faut noter qu'ils sont cantonnés à l'agrégation et en particulier à l'oral de l'agrégation.PauvreYorick a écrit:Concrètement ça donne quoi?Parménide a écrit: C'est de l'artisanat. Il n'y a pas de procédure standard de problématisation, on peut donner des indications très générales, très souvent il sera possible de trouver un ou deux sujets où elles ne s'appliquent guère.
- ParménideNeoprof expérimenté
Je vois.
Pour De quoi y a t il histoire? le rapport de jury disait que certains candidats avaient fait des analyses remarquables sur la notion de "biographie".
Et je trouve ça déroutant : c'est une approche qui s'apparenterait plus à de la culture générale qu'à une analyse philosophique, du moins au premier abord. Qu'aurait il fallu avoir lu pour aborder pertinemment et précisément ce thème?
Franchement, je me sens désarçonné face à ça...
J'avais aussi réalisé le même exercice sur Le droit à la différence . Je regarderai si je le retrouve dans le chaos de mon bureau (je suis quelqu'un de très désordonné...)
On se rend compte que c'est un sujet d'actualité avec tous les débats sur les communautés, la laïcité, etc... On ne peut pas vraiment réussir Le droit à la différence si on ne suit pas de très près l'actualité, je crois. Alors comme je me suis trouvé très vite à court de références sur cela j'ai infléchi le sujet sur l'art et l'idiosyncrasie de l'artiste. En essayant notamment d'adapter la réflexion de Nietzsche sur l'art : affirmation de soi, volonté de puissance, création d'un monde, etc... Et je crains que ce ne soit pas convaincant, tiré par les cheveux.
Mais c'est aussi un de mes problèmes : quand je suis pas inspiré je prends des auteurs qui me semblent apparentés, et je les force à rentrer dans le sujet. Et je ne sais pas à partir de quand l'utilisation et l'interprétation des auteurs peut se révéler inacceptable.
Pour De quoi y a t il histoire? le rapport de jury disait que certains candidats avaient fait des analyses remarquables sur la notion de "biographie".
Et je trouve ça déroutant : c'est une approche qui s'apparenterait plus à de la culture générale qu'à une analyse philosophique, du moins au premier abord. Qu'aurait il fallu avoir lu pour aborder pertinemment et précisément ce thème?
Franchement, je me sens désarçonné face à ça...
J'avais aussi réalisé le même exercice sur Le droit à la différence . Je regarderai si je le retrouve dans le chaos de mon bureau (je suis quelqu'un de très désordonné...)
On se rend compte que c'est un sujet d'actualité avec tous les débats sur les communautés, la laïcité, etc... On ne peut pas vraiment réussir Le droit à la différence si on ne suit pas de très près l'actualité, je crois. Alors comme je me suis trouvé très vite à court de références sur cela j'ai infléchi le sujet sur l'art et l'idiosyncrasie de l'artiste. En essayant notamment d'adapter la réflexion de Nietzsche sur l'art : affirmation de soi, volonté de puissance, création d'un monde, etc... Et je crains que ce ne soit pas convaincant, tiré par les cheveux.
Mais c'est aussi un de mes problèmes : quand je suis pas inspiré je prends des auteurs qui me semblent apparentés, et je les force à rentrer dans le sujet. Et je ne sais pas à partir de quand l'utilisation et l'interprétation des auteurs peut se révéler inacceptable.
- User17706Bon génie
Non mais stop : les meilleures copies ne sont pas des modèles, et notamment, certainement pas par leur contenu (pour les raisons indiquées par Aspasie). Il est totalement inutile de se lancer à la poursuite du détail qui, une fois, a singularisé une copie, dans l'espoir que se reproduise l'occasion de l'utiliser à aussi bon escient.
C'est un peu comme si tu disais qu'on ne peut pas envisager d'essayer de peindre un portrait de jeune fille si l'on n'a pas d'abord appris à peindre les perles à la façon exacte dont Vermeer les peint.
Après, la biographie est un genre historique, pourquoi ça ne serait pas dans le sujet, et pourquoi ça ne serait pas « philosophique » de réfléchir dessus ?
Pareil pour la remarque « il faut suivre de très près l'actualité pour réussir tel sujet » : moi aussi, je peux essayer d'esquisser à gros traits un idéal décourageant de perfection et semer des embûches sur la voie. Par exemple je remarque que « le droit à la différence » fait référence à l'actualité. Mais qu'est-ce que l'actualité ? Ahaaaah ! il se trouve que « l'actualité » est le sujet de dissertation hors-programme de l'agrégation 2006. Or dans le rapport 2006 il est abondamment fait référence à Aristote. Comment réfléchir à l'actualité sans manier avec virtuosité les concepts d'ἐνέργεια et d'ἐντελέχεια ? impossible ; et cela suppose au fond de comprendre tout Aristote. Mais qui peut prétendre posséder à fond Aristote sans le lire dans sa langue ? personne, voyons, ce n'est pas sérieux. Donc, il faut apprendre le grec. Et là je te remets entre les mains de Cripure, pour une préparation à une épreuve du CAPES de philosophie de l'an dernier, que tu ne pourras bien sûr pas repasser puisqu'elle a déjà eu lieu, mais pour laquelle, du moins, tu seras fin prêt à l'horizon 2050.
Alors qu'en fait il y a mille façons de réussir un sujet. Le premier message d'aspasie a dit ce qu'il fallait à ce sujet.
C'est un peu comme si tu disais qu'on ne peut pas envisager d'essayer de peindre un portrait de jeune fille si l'on n'a pas d'abord appris à peindre les perles à la façon exacte dont Vermeer les peint.
Après, la biographie est un genre historique, pourquoi ça ne serait pas dans le sujet, et pourquoi ça ne serait pas « philosophique » de réfléchir dessus ?
Pareil pour la remarque « il faut suivre de très près l'actualité pour réussir tel sujet » : moi aussi, je peux essayer d'esquisser à gros traits un idéal décourageant de perfection et semer des embûches sur la voie. Par exemple je remarque que « le droit à la différence » fait référence à l'actualité. Mais qu'est-ce que l'actualité ? Ahaaaah ! il se trouve que « l'actualité » est le sujet de dissertation hors-programme de l'agrégation 2006. Or dans le rapport 2006 il est abondamment fait référence à Aristote. Comment réfléchir à l'actualité sans manier avec virtuosité les concepts d'ἐνέργεια et d'ἐντελέχεια ? impossible ; et cela suppose au fond de comprendre tout Aristote. Mais qui peut prétendre posséder à fond Aristote sans le lire dans sa langue ? personne, voyons, ce n'est pas sérieux. Donc, il faut apprendre le grec. Et là je te remets entre les mains de Cripure, pour une préparation à une épreuve du CAPES de philosophie de l'an dernier, que tu ne pourras bien sûr pas repasser puisqu'elle a déjà eu lieu, mais pour laquelle, du moins, tu seras fin prêt à l'horizon 2050.
Alors qu'en fait il y a mille façons de réussir un sujet. Le premier message d'aspasie a dit ce qu'il fallait à ce sujet.
- AspasieNiveau 10
Et si tu commençais tout simplement par prendre le problème par un bout et par tenter quelque chose ? Tu ne sais pas quoi selectionner ? Ok. Selectionne alors n'importe quoi. Tout exemple sera bon une fois que tu en auras fait quelque chose. Tandis que tu resteras infiniment bloqué dans le cercle du comment tant que tu chercheras le bon exemple.
Les idées nous reviennent tout le temps pêle-mêle en tête... mais on choisit. On ne peut pas faire autrement, sinon on reste sur le seuil, et on n'entre jamais.
Au fond, c'est ça ton problème... tu n'oses pas entrer parce que tu voudrais être certain que tu as choisi les bonnes fleurs pour la maîtresse de maison ; alors tu regardes les fleurs, et tu te dis que tu n'en sais pas assez sur la maîtresse de maison pour choisir telle ou telle fleur. En dissertation, on a plus de chance que pour un dîner : on peut entrer et sortir et entrer à nouveau... entre, voit ce qu'il y a à voir et à faire, et tu ressortiras choisir tes fleurs après s'il s'avère que tu en as besoin...
Big bang, singularité initiale, ok. Et donc ? Appliqué à "de quoi y a-t-il histoire ?", que leur fais-tu dire ? Tant que tu ne passeras pas à l'action, tu ne sauras jamais si oui ou non, ton exemple était approprié. C'est pour cela qu'il faut s'entraîner sur des sujets et pas uniquement lire des tas de textes d'auteurs.
Regarde l'exemple choisi par PauvreYorick :
Et pourtant, on n'est pas dans la connaissance pointue et érudite des thèses fondamentales de l'éthologie...
Alors oui, il y a un problème de confiance en soi (que ton parcours et ton rapport au concours expliquent et amplifient sans doute) ; mais il y a aussi cette défiance qui fait que tu n'oses pas franchir le seuil de la porte... tu veux des garanties... et tu cherches toujours les "bonnes" fleurs à offrir avant.
Les idées nous reviennent tout le temps pêle-mêle en tête... mais on choisit. On ne peut pas faire autrement, sinon on reste sur le seuil, et on n'entre jamais.
Au fond, c'est ça ton problème... tu n'oses pas entrer parce que tu voudrais être certain que tu as choisi les bonnes fleurs pour la maîtresse de maison ; alors tu regardes les fleurs, et tu te dis que tu n'en sais pas assez sur la maîtresse de maison pour choisir telle ou telle fleur. En dissertation, on a plus de chance que pour un dîner : on peut entrer et sortir et entrer à nouveau... entre, voit ce qu'il y a à voir et à faire, et tu ressortiras choisir tes fleurs après s'il s'avère que tu en as besoin...
Big bang, singularité initiale, ok. Et donc ? Appliqué à "de quoi y a-t-il histoire ?", que leur fais-tu dire ? Tant que tu ne passeras pas à l'action, tu ne sauras jamais si oui ou non, ton exemple était approprié. C'est pour cela qu'il faut s'entraîner sur des sujets et pas uniquement lire des tas de textes d'auteurs.
Regarde l'exemple choisi par PauvreYorick :
C'est limpide. Ca amène 1) à poser un aspect du sujet totalement absent de la préparation que tu as postée 2) ça donne une accroche concrète et très simple au coeur du problème 3)ça donne même un outil si on le souhaite pour évacuer un aspect de l'approche par la seule temporalité et cela permet donc d'affiner une lecture trop vague ou massive d'Heidegger par exemplePauvreYorick a écrit:dit-on par exemple que les lombrics ont une histoire, et si on ne le dit pas, pourquoi ? est-ce seulement parce que personne ne s'est mis en tête de l'écrire ? il y a pourtant des générations de lombrics en succession chronologique. Qu'est-ce qui leur fait défaut et qui ne fait apparemment pas défaut, pour prendre un autre objet historique, aux Rois de France ?
Et pourtant, on n'est pas dans la connaissance pointue et érudite des thèses fondamentales de l'éthologie...
Alors oui, il y a un problème de confiance en soi (que ton parcours et ton rapport au concours expliquent et amplifient sans doute) ; mais il y a aussi cette défiance qui fait que tu n'oses pas franchir le seuil de la porte... tu veux des garanties... et tu cherches toujours les "bonnes" fleurs à offrir avant.
- AspasieNiveau 10
(Désolée de re-poster, mais je n'avais pas pris connaissance des messages envoyés entre temps...)
Je trouve dans ce que tu écris là quelque chose de très révélateur :
Or tu lis la remarque du jury en te demandant "ce qu'il faut avoir lu pour aborder pertimment et précisément ce thème". Tu veux à tout prix la garantie et la caution d'un livre, de l'érudition. Tu passes donc à côté du coeur même de l'exercice : la simple réflexion...
Alors oui, il est logique que tu te sentes désarçonné, puisqu'en somme tu prends la monture à l'envers.
Ce n'est pas l'objet qui est philosophique, c'est la réflexion. Quel que soit l'objet (la biographie, les lombrics ou la théorie des cordes), c'est ta réflexion qui en fera quelque chose de philosophique. Ta réflexion, et non celle des auteurs qui pourraient éventuellement t'avoir précédé dans ce domaine ; car il ne faut pas oublier que c'est toi que le jury veut lire en train de construire une réflexion.
Je trouve dans ce que tu écris là quelque chose de très révélateur :
Tu as là une remarque du jury, et tu ne la prends pas pour ce qu'elle est. Que dit le jury dans cette remarque : qu'à partir, par exemple, de la notion de biographie, notion accessible à tous, ne supposant pas une érudition folle (et surtout pas des lectures préalables supposées nécessaires pour être pertinent sur la question... justement !!), ils ont trouvé, dans les copies, des choses remarquables. En clair donc, que c'est l'analyse d'un exemple précis, basique, mais une analyse poussée, approfondie, qui prend la question au sérieux, qui fait parfois sortir des problèmes, des questions, et donc aussi des pistes, essentielles, qui du coup, font sortir la copie du lot. Cela sous-entend aussi qu'on aurait pu faire des analyses tout aussi intéressantes à partir d'une autre entrée, pourvu que l'analyse justement, soit approfondie et riche... approfondie, riche... pas nécessairement érudite.Parménide a écrit:Pour De quoi y a t il histoire? le rapport de jury disait que certains candidats avaient fait des analyses remarquables sur la notion de "biographie".
Et je trouve ça déroutant : c'est une approche qui s'apparenterait plus à de la culture générale qu'à une analyse philosophique, du moins au premier abord. Qu'aurait il fallu avoir lu pour aborder pertinemment et précisément ce thème?
Franchement, je me sens désarçonné face à ça...
Or tu lis la remarque du jury en te demandant "ce qu'il faut avoir lu pour aborder pertimment et précisément ce thème". Tu veux à tout prix la garantie et la caution d'un livre, de l'érudition. Tu passes donc à côté du coeur même de l'exercice : la simple réflexion...
Alors oui, il est logique que tu te sentes désarçonné, puisqu'en somme tu prends la monture à l'envers.
Ce n'est pas l'objet qui est philosophique, c'est la réflexion. Quel que soit l'objet (la biographie, les lombrics ou la théorie des cordes), c'est ta réflexion qui en fera quelque chose de philosophique. Ta réflexion, et non celle des auteurs qui pourraient éventuellement t'avoir précédé dans ce domaine ; car il ne faut pas oublier que c'est toi que le jury veut lire en train de construire une réflexion.
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