- Nom d'utilisateurNiveau 10
Oh, je n'avais pas aperçu ce fil. L'histoire de ce vocable et les enjeux de cette histoire m'ont pas mal retenu en son temps. Ad nauseam, alors je donne une version ultra-brève (sans avoir lu tout le fil, pardon):
(...) > angl. problem > allemand Problem > allemand Problematik > (...)
La première occurrence que je connais est celle citée par les frères Grimm, chez le poète J.G. Seume aux alentours des années 1800, dans un contexte badin, sans doute pris ironiquement. Chez Kant, il y a les "jugements problématiques" (1838, et problematische renvoie peut-être au substantif Problematik d'un point de vue rigoureusement étymologique, je n'ai pas obtenu le fin mot de cette histoire-là).
On le voit, c'était déjà un mot pompeux. Ce qui est lié au procédé de dérivation lui-même, à sa fonction didactique.
Et oui, il y eut Bachelard, puis, on se rapproche, Althusser. Cf. la définition qu'il en donnait avec Balibar dans leur Lire le Capital :
"La détermination absolue des formes de position de tout problème à un moment considéré d'une science" (cf. aussi Idéologie et appareil etc.: La problématique représente l'infrastructure inconsciente d'un texte"). Il oppose pbk scientifiques et pbk idéologiques.
Bon, je passe plein d'aventures liées aux catégories (adjectif.. nom...) et leurs enjeux dans les textes à vocation spéculative... et puis il y a eu la grande affaire de la captation de ce mot par les spécialistes de didactique, sa récupération par Meyer, aussi.
Ah-là-là, terrible qu'on terrorise les élèves avec ça. "Problème" est déjà bien assez ardu.
(...) > angl. problem > allemand Problem > allemand Problematik > (...)
La première occurrence que je connais est celle citée par les frères Grimm, chez le poète J.G. Seume aux alentours des années 1800, dans un contexte badin, sans doute pris ironiquement. Chez Kant, il y a les "jugements problématiques" (1838, et problematische renvoie peut-être au substantif Problematik d'un point de vue rigoureusement étymologique, je n'ai pas obtenu le fin mot de cette histoire-là).
On le voit, c'était déjà un mot pompeux. Ce qui est lié au procédé de dérivation lui-même, à sa fonction didactique.
Et oui, il y eut Bachelard, puis, on se rapproche, Althusser. Cf. la définition qu'il en donnait avec Balibar dans leur Lire le Capital :
"La détermination absolue des formes de position de tout problème à un moment considéré d'une science" (cf. aussi Idéologie et appareil etc.: La problématique représente l'infrastructure inconsciente d'un texte"). Il oppose pbk scientifiques et pbk idéologiques.
Bon, je passe plein d'aventures liées aux catégories (adjectif.. nom...) et leurs enjeux dans les textes à vocation spéculative... et puis il y a eu la grande affaire de la captation de ce mot par les spécialistes de didactique, sa récupération par Meyer, aussi.
Ah-là-là, terrible qu'on terrorise les élèves avec ça. "Problème" est déjà bien assez ardu.
- User17706Bon génie
Nom d'utilisateur a écrit: Chez Kant, il y a les "jugements problématiques" (1838, et problematische renvoie peut-être au substantif Problematik d'un point de vue rigoureusement étymologique, je n'ai pas obtenu le fin mot de cette histoire-là).
Là-dessus, je peux peut-être aider : la première Critique dès 1781 fait usage de la notion de problematisches Urteil. Et un jugement problématique n'est rien d'autre qu'un jugement dont on ignore consciemment (et peut-être temporairement) s'il est vrai ou faux et qui n'est pas conséquent pas asserté mais simplement proposé à l'examen ou posé comme possiblement vrai (dans «si p alors q », le jugement p est un jugement problématique). Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais rencontré « problématique » comme substantif chez Kant (et du Kant, j'en ai vraiment lu beaucoup).
Cet usage de l'adjectif (par Kant) est presque certainement très antérieur à 1781 quoique je n'aie pas de passage en tête dans les écrits précédents là tout de suite ; ça s'enracine dans l'usage du mot « problème » en mathématiques : tant qu'on n'a pas donné de démonstration, la conclusion (de la démonstration qui sera donnée) n'est encore qu'un problème. On trouve des manuels de logique qui prennent le temps de le spécifier, aux XVIe, XVIIe, XVIIIe.
- Luigi_BGrand Maître
+1Nom d'utilisateur a écrit:"Problème" est déjà bien assez ardu.
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- User17706Bon génie
Oui, c'est ce qu'ont généralement conclu les collègues de lettres et de philosophie, du moins dans ce fil.Luigi_B a écrit:+1Nom d'utilisateur a écrit:"Problème" est déjà bien assez ardu.
- Nom d'utilisateurNiveau 10
RicheYorick a écrit:problematisch /comme dans "problematisches Urteil"/ est presque certainement très antérieur à 1781 /chez Kant/. Ça s'enracine dans l'usage du mot « problème » en mathématiques : tant qu'on n'a pas donné de démonstration, la conclusion (de la démonstration qui sera donnée) n'est encore qu'un problème. On trouve des manuels de logique qui prennent le temps de le spécifier, aux XVIe, XVIIe, XVIIIe.
Ah très bien, merci, je n'avais pas cette lumineuse explication mathématique.
Du coup, Seume avait apparemment entendu Problematik ailleurs. Il faudra vraiment que j'aille embêter quelque philologue germaniste pour avoir une vraie moisson d'occurrences du XVIIIe s. Ce dont je suis quasiment sûr, c'est que la vacuité était de fondation. C'est à nouveau du logos en geste ("dérivons...") plus que du concept. (sauf cas de remotivation à des fins de terminologie)
- RenardfutéNiveau 2
Il y a une approche très claire que tu peux trouver....sur youtube ! Tape "la dissertation", et regarde la vidéo postée par les "lesbonsprofs". Depuis que j'ai utilisé cette méthode, toute simple, toute rigoureuse, les élèves ont fait des progrès considérables.
- ChaussetteNiveau 3
Perso,
je n'ai pas utilisé le mot devant mes élèves! pour moi, cela veut dire qu'il faut aller au-delà des apparences, et se rendre compte de la complexité des enjeux.
Il n'y a jamais de réponse, vu qu'il n'y a pas de question à poser avant d'avoir un minimum de données. Au mieux, on trouve la problématique à la fin, mais quand enfin on la pose, quel est l'intérêt. C'est un peu comme la Reine Blanche qui pleure avant de s'être blessée...
Cessons de nous prendre la tête!
je n'ai pas utilisé le mot devant mes élèves! pour moi, cela veut dire qu'il faut aller au-delà des apparences, et se rendre compte de la complexité des enjeux.
Il n'y a jamais de réponse, vu qu'il n'y a pas de question à poser avant d'avoir un minimum de données. Au mieux, on trouve la problématique à la fin, mais quand enfin on la pose, quel est l'intérêt. C'est un peu comme la Reine Blanche qui pleure avant de s'être blessée...
Cessons de nous prendre la tête!
- Nom d'utilisateurNiveau 10
Chaussette a écrit:cela veut dire qu'il faut aller au-delà des apparences, et se rendre compte de la complexité des enjeux
Oui. En employant ce nom qui est à lui-même tout un poème (succession o-é-a-i ; problema- et chute puceronne) , on a l'air de pointer quelque chose qui est tout à la fois caché (souterrain, sous-jacent, "implicite" dit-on dans une discussion parallèle, cf. aussi "inconscient" dans l'emploi d'Althusser), et grouillant (multiple et complexe). Cela renvoie donc à la signification, pour autant que le signifiant est trace du signifié absent ; mais ici, la trace se fait indice au sens criminologique : imaginons une équipe de médecins légaux dans quelque série américaine, rétablissant l'âge du meurtrier, son dossier d'étudiant et ses menus au resto-U à partir d'un lambeau de tissu jaune fluo. Et puis ça grouille, comme si là-bas en-dessous s'effectuait on ne sait quelle germination ; quelque chose sous la surface du sens obvie se trame, et c'est énorme. Brrr. Il faudrait décrire ça sur le mode de l'objeu à la Ponge. en tout cas : signification et engendrement. De... problèmes. re-Brrr
- ChaussetteNiveau 3
On embête toujours les 1ères avec ça pour les TPE?
Que pensez-vous des TPE?
J' y ai échappé, n'ayant pas de L en 1ère.
Que pensez-vous des TPE?
J' y ai échappé, n'ayant pas de L en 1ère.
- Luigi_BGrand Maître
Je ne sais pas pourquoi vous vous embêtez à vous poser toutes ces questions. Claude Lelièvre a dit que la dissertation au bac, ça n'existait pas il y a plus de 150 ans et "Le Monde" a dit que ça n'avait plus de raison d'exister aujourd'hui. La modernité, c'est à la recherche sur Internet.
http://campus.lemonde.fr/bac-lycee/article/2014/06/16/bac-un-examen-qui-ne-sert-plus-ni-a-evaluer-ni-a-orienter_4439025_3224.html
http://www.lexpress.fr/education/mais-qui-a-mis-en-place-une-dissertation-de-philosophie-au-bac_1551578.html
Maryline Baumard a écrit:Une dissertation ? Epoque révolue !
http://campus.lemonde.fr/bac-lycee/article/2014/06/16/bac-un-examen-qui-ne-sert-plus-ni-a-evaluer-ni-a-orienter_4439025_3224.html
http://www.lexpress.fr/education/mais-qui-a-mis-en-place-une-dissertation-de-philosophie-au-bac_1551578.html
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- IsidoriaDoyen
Je me permets de déterrer ce vieux fil. Je me souvenais que la question avait été ouverte il y a quelques temps...
En fait je m'interroge de plus en plus sur la problématique. Cette année, fleurissent "en problématique nous nous interrogerons..." pour la question sur corpus, qui me hérissent.
Pour moi, dans la question sur corpus, on répond à une question en confrontant les textes. En dissertation, on pose une problématique, c'est-à-dire une tension issue de l'analyse du sujet.
Mais pour le commentaire, je suis très gênée, pour moi le terme "problématique" est gênant car de fait, on ne dégage pas de problème mais plutôt, comme je l'ai lu ici un fil conducteur, un projet de lecture, un éclairage.
Avec un collègue, nous nous attelons à la lourde tâche d'animer une formation pluridisciplinaire, sur la question de la problématique, et je me rends compte que la tâche est difficile, car dans chaque matière, voire pour chaque type d'exercice, on fonctionne différemment.
Je suis preneuse de toute remarque, document ou autre qui éclairerait cette question bien problématique...
En fait je m'interroge de plus en plus sur la problématique. Cette année, fleurissent "en problématique nous nous interrogerons..." pour la question sur corpus, qui me hérissent.
Pour moi, dans la question sur corpus, on répond à une question en confrontant les textes. En dissertation, on pose une problématique, c'est-à-dire une tension issue de l'analyse du sujet.
Mais pour le commentaire, je suis très gênée, pour moi le terme "problématique" est gênant car de fait, on ne dégage pas de problème mais plutôt, comme je l'ai lu ici un fil conducteur, un projet de lecture, un éclairage.
Avec un collègue, nous nous attelons à la lourde tâche d'animer une formation pluridisciplinaire, sur la question de la problématique, et je me rends compte que la tâche est difficile, car dans chaque matière, voire pour chaque type d'exercice, on fonctionne différemment.
Je suis preneuse de toute remarque, document ou autre qui éclairerait cette question bien problématique...
- User17706Bon génie
Il me semble que la conclusion qui s'impose, c'est qu'il n'y a pas d'usage unifié. Autrement dit, «la» problématique, ça n'existe pas. Par contre on peut retracer en gros les dérives sémantiques par lesquels le terme finit par avoir des significations incompatibles les unes avec les autres (voire, pour certaines, aberrantes, relativement à d'autres ou absolument parlant). On ne peut pas faire semblant que «la» chose en question existe s'il est visible qu'elle n'existe pas.
- IsidoriaDoyen
Oui, tu as raison, je suis entièrement d'accord avec toi. Le problème est, je crois, que justement l'usage fait que l'on est aujourd'hui plus dans une enseignement de la méthode, avec entre autres la question de la problématique, et que les élèves plaquent des "recettes" sur tous les exercices.
Ainsi comme je le disais dans mon précédent message, ceux qui font un" problématique de la question posée en question sur corpus (alors que l'exercice est bien nommé question), par exemple.
Je pense aussi à ce collègue qui à la rentrée nous a fait un laïus sur la problématique de TPE. Sur un exercice de ce type, avec évaluation de bac, il serait sans doute judicieux d'harmoniser nos points de vue.
Ainsi comme je le disais dans mon précédent message, ceux qui font un" problématique de la question posée en question sur corpus (alors que l'exercice est bien nommé question), par exemple.
Je pense aussi à ce collègue qui à la rentrée nous a fait un laïus sur la problématique de TPE. Sur un exercice de ce type, avec évaluation de bac, il serait sans doute judicieux d'harmoniser nos points de vue.
- JPhMMDemi-dieu
Comme professeur de mathématiques, j'ai souvent vu des problèmes, mais rarement (euphémisme) des problématiques.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- VinZTDoyen
J'ai déjà vu des tiques à problème, mais jamais de problématique.
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« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
« Ne jamais faire le jour même ce que tu peux faire faire le lendemain par quelqu'un d'autre » Pierre Dac
« Je n'ai jamais lâché prise !» Claude François
« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- InstantKarmaNiveau 6
Comment faisait-on avant l’invasion de tout ce vocabulaire qui se voudrait technique ?
- JPhMMDemi-dieu
On en saignait.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- InstantKarmaNiveau 6
Ça manque de sérieux ici, c'est choquant !JPhMM a écrit:On en saignait.
- LaverdureEmpereur
Isidoria a écrit:Je me permets de déterrer ce vieux fil. Je me souvenais que la question avait été ouverte il y a quelques temps...
En fait je m'interroge de plus en plus sur la problématique. Cette année, fleurissent "en problématique nous nous interrogerons..." pour la question sur corpus, qui me hérissent.
Pour moi, dans la question sur corpus, on répond à une question en confrontant les textes. En dissertation, on pose une problématique, c'est-à-dire une tension issue de l'analyse du sujet.
Mais pour le commentaire, je suis très gênée, pour moi le terme "problématique" est gênant car de fait, on ne dégage pas de problème mais plutôt, comme je l'ai lu ici un fil conducteur, un projet de lecture, un éclairage.
Avec un collègue, nous nous attelons à la lourde tâche d'animer une formation pluridisciplinaire, sur la question de la problématique, et je me rends compte que la tâche est difficile, car dans chaque matière, voire pour chaque type d'exercice, on fonctionne différemment.
Je suis preneuse de toute remarque, document ou autre qui éclairerait cette question bien problématique...
Quand j'aborde cette question avec les élèves pour la dissertation, j'essaie de leur faire comprendre que c'est le sujet lui-même qui pose un problème et qu'en ce sens, il est problématique : il contient un ensemble de questions auxquelles le devoir s'attache à répondre en suivant une progression particulière, ordonnée et argumentée. Cela dit, pour ma discipline, les sujets de dissertations sont faits de telle sorte que la problématique est presque accessoire tant la réponse est convenue : les sujets sont très bornés par les IC accompagnant le programme.
JPh : :lol:
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- JPhMMDemi-dieu
Désolé.
Ces profs de maths, jamais trop sérieux pour deux sous.
Ces profs de maths, jamais trop sérieux pour deux sous.
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Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- LaverdureEmpereur
JPhMM a écrit:Désolé.
Ces profs de maths, jamais trop sérieux pour deux sous.
Ils ne font pas ça pour l'argent, dirait l'autre
_________________
- InstantKarmaNiveau 6
Ils ne se prostituent pas, eux !Laverdure a écrit:JPhMM a écrit:Désolé.
Ces profs de maths, jamais trop sérieux pour deux sous.
Ils ne font pas ça pour l'argent, dirait l'autre
- IsidoriaDoyen
Justement, Laverdure, c'est avec un collègue de SES que nous montons cette formation. En travaillant sur la question, nous avons remarqué des différences entre nos matières, mais un réel accord de fond.
- JPhMMDemi-dieu
Un peu plus d'argent ne ferait pas de mal, mais gagné autrement que par prostitution, même par prostitution de la conscience professionnelle.InstantKarma a écrit:Ils ne se prostituent pas, eux !Laverdure a écrit:JPhMM a écrit:Désolé.
Ces profs de maths, jamais trop sérieux pour deux sous.
Ils ne font pas ça pour l'argent, dirait l'autre
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