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- V.MarchaisEmpereur
Une collègue de l'académie d'Aix-Marseille où Anne Guerpillon travaille et forme les professeurs, qui a donc assisté elle-même à ses formations, me dit en privé que justement, la méthode permet de faire l'impasse sur le sémantisme, et sur la notion même de proposition comme unité de sens, puisqu'on ne s'appuie pour l'analyse des phrases que sur le repérage du verbe principal et des verbes secondaires non pas à partir du repérage des informations et de leur hiérarchisation, mais à partir de marqueur purement grammaticaux qu'elle appelle "détecteurs de verbes secondaires".
Drem. C'est pas ce que j'avais compris en regardant le diapo, mais la collègue sait mieux que moi, elle a assisté aux formations d'A. G., pas moi.
Du coup, je retire ce que j'ai dit.
Je trouve ça absurde de couper ainsi grammaire et sens. L'étude de la grammaire doit justement s'appuyer sur le sens de la phrase, permettre de l'éclairer en l'élaborant.
On ne peut pas réduire la grammaire à une série de procédures qui tournent à vide, et n'auraient d'autre fin que la grammaire elle-même. Et après, on vient nous dire qu'il ne faut pas faire de la grammaire pour la grammaire mais donner du sens aux apprentissages...
Drem. C'est pas ce que j'avais compris en regardant le diapo, mais la collègue sait mieux que moi, elle a assisté aux formations d'A. G., pas moi.
Du coup, je retire ce que j'ai dit.
Je trouve ça absurde de couper ainsi grammaire et sens. L'étude de la grammaire doit justement s'appuyer sur le sens de la phrase, permettre de l'éclairer en l'élaborant.
On ne peut pas réduire la grammaire à une série de procédures qui tournent à vide, et n'auraient d'autre fin que la grammaire elle-même. Et après, on vient nous dire qu'il ne faut pas faire de la grammaire pour la grammaire mais donner du sens aux apprentissages...
- User17706Bon génie
PauvreYorick a écrit:En fait, plus je lis les fils sur la grammaire et plus je me dis qu'une bonne partie du « souci », c'est la façon dont les enseignements de la logique moderne sont transposés dans l'analyse du discours.
Ce serait long... mais l'idée d'une séparation stricte entre syntaxe et sémantique, par exemple, je me demande si elle n'a pas été réinterprétée et durcie sous l'influence de la logique.Thalie a écrit:Tu peux développer ?
Bon, je n'ai aucun indice matériel pour étayer ce soupçon. Seul un vrai travail d'histoire des théories, des programmes et des pratiques pourrait trancher.
- SaphyrNiveau 9
C'est tout de même amusant de voir le topic ressortir maintenant. J'apprécie mieux le chemin parcouru depuis cette année de stage.
Je précise d'ailleurs que la formatrice nous avait expliqué que sa méthode est extrêmement chronophage et qu'il valait mieux la maîtriser avant de l'utiliser. D'ailleurs, elle nous a avoué ne faire qu'une seule séquence de littérature durant l'année, mais extrêmement bien construite.
De plus, comme certains l'ont précisé, elle commence par l'étude des subordonnées et ce n'est qu'en fin d'année qu'elle introduit les coordonnées et les juxtaposées.
Pour ma part, j'ai conservé l'idée de la progression grammaticale séparée. En m'aidant de néo, j'ai fini par adopter des jours définis pour la langue et la littérature. Pour la langue, j'insiste sur les exercices d'application et la leçon doit être sue par cœur. Mon seul souci reste le fait que beaucoup d'élèves ont du mal à apprendre. Je constate d'ailleurs que les notions élémentaires, pourtant étudiées à l'école primaire sont mal maîtrisées ( construction d'une phrase, ponctuation, conjugaison au présent de l'indicatif...).
Je précise d'ailleurs que la formatrice nous avait expliqué que sa méthode est extrêmement chronophage et qu'il valait mieux la maîtriser avant de l'utiliser. D'ailleurs, elle nous a avoué ne faire qu'une seule séquence de littérature durant l'année, mais extrêmement bien construite.
De plus, comme certains l'ont précisé, elle commence par l'étude des subordonnées et ce n'est qu'en fin d'année qu'elle introduit les coordonnées et les juxtaposées.
Pour ma part, j'ai conservé l'idée de la progression grammaticale séparée. En m'aidant de néo, j'ai fini par adopter des jours définis pour la langue et la littérature. Pour la langue, j'insiste sur les exercices d'application et la leçon doit être sue par cœur. Mon seul souci reste le fait que beaucoup d'élèves ont du mal à apprendre. Je constate d'ailleurs que les notions élémentaires, pourtant étudiées à l'école primaire sont mal maîtrisées ( construction d'une phrase, ponctuation, conjugaison au présent de l'indicatif...).
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"Ecoutez, mon vieux, peu importe qu'un homme vive trente ou cent ans, dans la mesure où il fait quelque chose qui en vaut la peine avant de casser sa pipe", Etats d'urgence, André Brink.
“I'm right and you're wrong, I'm big and you're small, and there's nothing you can do about it.”, Matilda, Roald Dahl
- Lovy21Niveau 3
Bonjour à tous,
Je remonte ce fil fort intéressant car je me pose beaucoup de questions depuis que j'ai commencé à enseigner il y un an. Au tout début je ne me sentais pas à l'aise avec l'enseignement de la grammaire : j'ai 24 ans, lors de ma formation pour le CAPES je me suis rendue compte des lacunes liées à mes années scolaires en terme de grammaire. J'ai toujours eu des facilités pour écrire, comprendre l'organisation d'une phrase... mais transmettre des notions grammaticales à des élèves c'est autre chose !
J'ai bâti une progression de grammaire en lien avec celle attendue par l'académie. Seulement j'ai des 3e. J'ai beaucoup de mal à savoir si ce que je fais est trop facile, trop répétitif par rapport aux années précédentes, ou incomplet...
(Je me sens par exemple beaucoup plus à l'aise avec l'enseignement de la conjugaison).
J'ai acheté plusieurs livres pour changer ma manière de procéder et pour mieux comprendre comment l'enseignement de la grammaire peut être plaisant (oui je l'avoue je ne suis pas une grande admiratrice des cours de grammaire) et peut vraiment aider mes élèves à écrire, à lire, à comprendre...
Je m'adresse aux professeurs expérimentés : selon vous, quelles sont les notions les plus indispensables à revoir (apprendre ?) en classe de 3e ?
J'en suis à ma séquence 3 et je pensais faire une différenciation des différentes propositions au sein de la phrase complexe... mais dois-je tout de suite aller vers la subordonnée puisque je pense que les propositions par coordination et juxtaposition sont acquises en 3e.
Je me tourne donc vers vous pour quelques conseils avisés !
Je remonte ce fil fort intéressant car je me pose beaucoup de questions depuis que j'ai commencé à enseigner il y un an. Au tout début je ne me sentais pas à l'aise avec l'enseignement de la grammaire : j'ai 24 ans, lors de ma formation pour le CAPES je me suis rendue compte des lacunes liées à mes années scolaires en terme de grammaire. J'ai toujours eu des facilités pour écrire, comprendre l'organisation d'une phrase... mais transmettre des notions grammaticales à des élèves c'est autre chose !
J'ai bâti une progression de grammaire en lien avec celle attendue par l'académie. Seulement j'ai des 3e. J'ai beaucoup de mal à savoir si ce que je fais est trop facile, trop répétitif par rapport aux années précédentes, ou incomplet...
(Je me sens par exemple beaucoup plus à l'aise avec l'enseignement de la conjugaison).
J'ai acheté plusieurs livres pour changer ma manière de procéder et pour mieux comprendre comment l'enseignement de la grammaire peut être plaisant (oui je l'avoue je ne suis pas une grande admiratrice des cours de grammaire) et peut vraiment aider mes élèves à écrire, à lire, à comprendre...
Je m'adresse aux professeurs expérimentés : selon vous, quelles sont les notions les plus indispensables à revoir (apprendre ?) en classe de 3e ?
J'en suis à ma séquence 3 et je pensais faire une différenciation des différentes propositions au sein de la phrase complexe... mais dois-je tout de suite aller vers la subordonnée puisque je pense que les propositions par coordination et juxtaposition sont acquises en 3e.
Je me tourne donc vers vous pour quelques conseils avisés !
- V.MarchaisEmpereur
Bonjour Lovy,
Les points qui me paraissent essentiels :
- parvenir à conceptualiser les différentes classes grammaticales. J'insiste sur "conceptualiser". Il faut parvenir à intégrer pleinement, dans tous les sens du terme, ce que c'est qu'un pronom, une conjonction, un verbe, un adjectif, et le rôle de ces mots dans la phrase, sinon, rien n'est automatisé, on ne peut ni réellement appliquer les règles d'orthographe (pour penser utile), ni se représenter avec exactitude les phrases auxquelles on est confronté (pour penser plus loin). La grammaire est très mal enseignée. La plupart du temps, les éléments de la phrase sont simplement décrits à travers une série de propriétés (le verbe se conjugue, le pronom remplace un nom, le complément d'objet ne peut être ni déplacé ni supprimé - ce qui est très souvent faux -, le CC peut être supprimé et déplace - idem...) qui se substituent à l'explication des concepts, et n'en permettent ni une représentation claire ni l'automatisation de la reconnaissance. Vérifie que tes élèves ont compris des choses simples : le verbe, c'est l'action (ce qui interdit, si on a bien compris cela, de confondre un verbe en bonne et due forme et un participe passé employé comme adjectif ou un autre truc qui n'a rien à voir), le pronom désigne quelqu'un ou quelque chose (et au passage, on vérifie que l'élève a bien compris la référence). Sans cela, les élèves s'embrouillent dans une phrase longue, ne repèrent pas l'action, et ne font pas attention aux "petits mots" que sont les pronoms, pourtant essentiels à la compréhension. Le rapport sur la lecture du HSE était très intéressant. Il expliquait entre autres choses que la plupart des élèves qui peinent en compréhension sont gênés non par des problèmes d'inférence ou autres tâches complexes de ce genre, mais bien par leurs lacunes en lexique et en grammaire.
- Pour les mêmes raison, travailler beaucoup la grammaire de phrase (analyse fonctionnelle). Le repérage des grandes fonctions doit devenir automatique. Le recours à la "phrase du jour" peut aider, mais ne remplace toujours pas une explication claire des notions. il faut vérifier que les notions de sujet, COD, COI, CC ont été bien posées, en insistant toujours sur le sens de la phrase. Répéter aux élèves que repérer sujet, verbe, COD (ou COI), c'est comprendre qui fait quoi, ni plus, ni moins, et que si on n'est pas capable de ça, c'est qu'on ne comprend pas grand chose, en fait.
- Enfin, apprendre à naviguer dans la phrase longue, c'est-à-dire complexe : débrouiller les propositions, analyser le lien explicite ou implicite qui les lie. Manier soi-même la phrase complexe pour enrichir l'écriture (enfin, à condition de déjà maîtriser la phrase simple, dûment ponctuée, ce qui n'est pas forcément le cas de tous les élèves).
Pour savoir où en sont tes élèves, tu peux partir de la phrase du jour. Demande systématiquement la nature de tous les mots et la fonction de chaque groupe (dans une phrase à leur portée évidemment). Tu verras vite ce qui pèche.
La valeur des temps, l'énonciation, les expansions du nom et autres tartes à la crème de la séquence pédagogique, tu peux passer aux oubliettes, c'est pas grave (et je ne parle même pas du prédicat...). Mieux vaut apprendre à bien construire une relative (et ne plus confondre, à la lecture, "dont" et "donc") que jargonner sur les "expansions".
Les points qui me paraissent essentiels :
- parvenir à conceptualiser les différentes classes grammaticales. J'insiste sur "conceptualiser". Il faut parvenir à intégrer pleinement, dans tous les sens du terme, ce que c'est qu'un pronom, une conjonction, un verbe, un adjectif, et le rôle de ces mots dans la phrase, sinon, rien n'est automatisé, on ne peut ni réellement appliquer les règles d'orthographe (pour penser utile), ni se représenter avec exactitude les phrases auxquelles on est confronté (pour penser plus loin). La grammaire est très mal enseignée. La plupart du temps, les éléments de la phrase sont simplement décrits à travers une série de propriétés (le verbe se conjugue, le pronom remplace un nom, le complément d'objet ne peut être ni déplacé ni supprimé - ce qui est très souvent faux -, le CC peut être supprimé et déplace - idem...) qui se substituent à l'explication des concepts, et n'en permettent ni une représentation claire ni l'automatisation de la reconnaissance. Vérifie que tes élèves ont compris des choses simples : le verbe, c'est l'action (ce qui interdit, si on a bien compris cela, de confondre un verbe en bonne et due forme et un participe passé employé comme adjectif ou un autre truc qui n'a rien à voir), le pronom désigne quelqu'un ou quelque chose (et au passage, on vérifie que l'élève a bien compris la référence). Sans cela, les élèves s'embrouillent dans une phrase longue, ne repèrent pas l'action, et ne font pas attention aux "petits mots" que sont les pronoms, pourtant essentiels à la compréhension. Le rapport sur la lecture du HSE était très intéressant. Il expliquait entre autres choses que la plupart des élèves qui peinent en compréhension sont gênés non par des problèmes d'inférence ou autres tâches complexes de ce genre, mais bien par leurs lacunes en lexique et en grammaire.
- Pour les mêmes raison, travailler beaucoup la grammaire de phrase (analyse fonctionnelle). Le repérage des grandes fonctions doit devenir automatique. Le recours à la "phrase du jour" peut aider, mais ne remplace toujours pas une explication claire des notions. il faut vérifier que les notions de sujet, COD, COI, CC ont été bien posées, en insistant toujours sur le sens de la phrase. Répéter aux élèves que repérer sujet, verbe, COD (ou COI), c'est comprendre qui fait quoi, ni plus, ni moins, et que si on n'est pas capable de ça, c'est qu'on ne comprend pas grand chose, en fait.
- Enfin, apprendre à naviguer dans la phrase longue, c'est-à-dire complexe : débrouiller les propositions, analyser le lien explicite ou implicite qui les lie. Manier soi-même la phrase complexe pour enrichir l'écriture (enfin, à condition de déjà maîtriser la phrase simple, dûment ponctuée, ce qui n'est pas forcément le cas de tous les élèves).
Pour savoir où en sont tes élèves, tu peux partir de la phrase du jour. Demande systématiquement la nature de tous les mots et la fonction de chaque groupe (dans une phrase à leur portée évidemment). Tu verras vite ce qui pèche.
La valeur des temps, l'énonciation, les expansions du nom et autres tartes à la crème de la séquence pédagogique, tu peux passer aux oubliettes, c'est pas grave (et je ne parle même pas du prédicat...). Mieux vaut apprendre à bien construire une relative (et ne plus confondre, à la lecture, "dont" et "donc") que jargonner sur les "expansions".
- Lovy21Niveau 3
Merci @V.Marchais ! Tout ce que tu me dis me conforte par rapport à ce que j'ai déjà lu ou entendu.
Je ne pense jamais à faire des phrases du jour, car il y a tellement d'autres choses à étudier... mais c'est vraiment une idée que j'essayerai de mettre en place !
Je ne pense jamais à faire des phrases du jour, car il y a tellement d'autres choses à étudier... mais c'est vraiment une idée que j'essayerai de mettre en place !
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