Les Cahiers pédagogiques veulent réformer le brevet des collèges.

Celeborn a écrit: Mais pour cela il faudrait non seulement transmettre les connaissances (et là, l'histoire en miettes et la géo en cas ne me paraissent déjà pas des façons de faire idéales),

Pourquoi parlez-vous d'histoire en miettes ?

Math Brevet 2012
Exercice 1
Pour chacune des deux questions suivantes, plusieurs propositions de réponse sont faites. Une seule
des propositions est exacte.
Aucune justification n'est attendue.
1) Alice participe à un jeu télévisé . Elle a devant elle trois portes fermées. Derrière l’une des portes, il y a une voiture ; derrière les autres, il n’y a rien.
Alice doit choisir l’une de ces portes. Si elle choisit la porte derrière laquelle il y a la voiture, elle gagne cette voiture.
Alice choisit au hasard une porte. Quelle est la probabilité qu’elle gagne la voiture ?
a. 1/ 2

b. 1/3

c. 2/3

d. On ne peut pas savoir

2) S’il y a quatre portes au lieu de trois et toujours une seule voiture à gagner, comment évolue la probabilité qu’a Alice de gagner la voiture ?
a. augmente b. diminue c. reste identique d. On ne peut pas savoir

Avec un peu de chance nos élèves ne se rendent compte ni de la violence ni du mépris que représente un tel exercice. (pas sûr)
Et pour l'exemple choisi, il vaut mieux que je me taise...

Celeborn a écrit : « et là, comme on veut de l-oral-de l'oral-de l'oral et que l'orthographe est la « science des ânes ».

C'est la survivance de la pédagogie coloniale, privilégier l'oral comme au bon vieux temps des colonies comme le rappelle Lecherbonnier.

« Je ne vois pas en quoi ces programmes empêchent le cours magistral... D’ailleurs, vu la lourdeur du programme de 3e, cela va plutôt l’encourager, afin de terminer ce programme pour l’épreuve terminale. »

Mais ça ne va pas déranger le moins du monde les pédagogistes, ils ont l’habitude de la cohérence dans l’incohérence. Ils ont des réponses toutes faites à toutes les questions, même si ce ne sont pas les bonnes réponses. Je vous laisse deviner…
J’ai entendu un collègue de lettres classiques demander aux IPR : « Un lycéen ne peut donc plus faire latin et grec ? »
Un des IPR : « Vous avez suivi le stage avec Machin ? »

Ces types sont de vraies montres molles, « au lieu d’indiquer l’heure et de rester précises et cristallines dans l’intégrité de leur mécanisme, elles plient sans se casser, elles dégoulinent sur les objets dont elles enrobent les angles tranchants. Elles se coulent servilement dans le monde au lieu de lui résister. J’y trouve la métaphore parfaite du discours psycho-pédagogique en vigueur. »

Brevet 2012 :
Alice participe à un jeu télévisé. Elle a devant elle trois portes fermées. Derrière l’une des portes, il y a une voiture ; derrière les autres, il n’y a rien.
Alice doit choisir l’une de ces portes. Si elle choisit la porte derrière laquelle il y a la voiture, elle gagne cette voiture.
Alice choisit au hasard une porte. Quelle est la probabilité qu’elle gagne la voiture ?
a. 1/ 2
b. 1/3
c. 2/3
d. On ne peut pas savoir

L'enseignant qui a fait ce sujet de Brevet était un adepte du Bigdil et/ou de l'Or à l'appel, émissions présentées par Vincent Lagaf' sur TF1 il y a plus de dix ans !

Bon, sinon, le fait qu'on en arrive à réfléchir sur la chronologie en histoire montre qu'on ne peut pas réformer le brevet "en soi" : le brevet doit être un examen cohérent avec les programmes de collège, et non l'inverse.

Evidemment, si on rend le socle prépondérant sur les programmes, il faut un brevet transversal et plein de projets et d'autonomie. Si on en reste à la sanction de connaissances disciplinaires, et de compétences en rédaction et réflexion, les épreuves actuelles devraient suffire.

Ruthven a écrit:A comparer avec :

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Merci pour ce bel article...

Sinon, j'ajouterais juste une chose : il n'y a rien de plus difficile pour un élève (surtout faible) que la recherche documentaire. Cela suppose un nombre énorme de savoirs-faire, eux-même dépendants de savoirs, pour parler comme il faut Savoir que chercher, sélectionner, donc bien lire, se débattre avec les pièges de la fausse documentation ou des informations biaisées par l'idéologie, ne pas se noyer dans les ressources, faire un plan... Oui, c'est important. Tellement important que cela devrait représenter un cours à part entière (qui toucherait à toutes les matières, pour le coup, avec des heures poste et des collègues de différentes matières à tour de rôle), et pas une "compétence" laissée en pâture dans tous les programmes et que personne ne traite faute de temps, ou alors une fois dans l'année, ce qui ne sert à rien.
Encore une fois, en voulant rendre l'examen encore plus accessible, on le complique, on le donne à ceux qui ont un bagage culturel / des parents qui les aident. Parce qu'on oublie qu'il n'y a pas de méthode de recherche sans savoir.

Et concernant la "préparation à l'emploi", je me contenterai de citer Condorcet (le vrai, pas le néo ) : "L'école doit apprendre à penser avant que d'apprendre un métier."

John a écrit:

Brevet 2012 :
Alice participe à un jeu télévisé. Elle a devant elle trois portes fermées. Derrière l’une des portes, il y a une voiture ; derrière les autres, il n’y a rien.
Alice doit choisir l’une de ces portes. Si elle choisit la porte derrière laquelle il y a la voiture, elle gagne cette voiture.
Alice choisit au hasard une porte. Quelle est la probabilité qu’elle gagne la voiture ?
a. 1/ 2
b. 1/3
c. 2/3
d. On ne peut pas savoir

L'enseignant qui a fait ce sujet de Brevet était un adepte du Bigdil et/ou de l'Or à l'appel, émissions présentées par Vincent Lagaf' sur TF1 il y a plus de dix ans !

Merci pour ce rappel.

Et dire que certains ont réussi à échouer à cette question...

mamamanette a écrit:Sinon, j'ajouterais juste une chose : il n'y a rien de plus difficile pour un élève (surtout faible) que la recherche documentaire. Cela suppose un nombre énorme de savoirs-faire, eux-même dépendants de savoirs, pour parler comme il faut Savoir que chercher, sélectionner, donc bien lire, se débattre avec les pièges de la fausse documentation ou des informations biaisées par l'idéologie, ne pas se noyer dans les ressources, faire un plan... Oui, c'est important.

mamamanette a écrit:Tellement important que cela devrait représenter un cours à part entière (qui toucherait à toutes les matières, pour le coup, avec des heures poste et des collègues de différentes matières à tour de rôle)

Cette fois, je ne pense pas que ce soit nécessaire, en tout cas pas au secondaire. Tout élève disposant d'une intelligence normale, de savoirs solides, d'un minimum de curiosité et d'un recul suffisant sur ces mêmes savoirs (l'un entraînant nécessairement l'autre...) est apte à séparer le bon grain de l'ivraie et à ne pas se laisser piéger - ou à défaut de se poser les bonnes questions.
Par contre, pour tout ce qui concerne les techniques de recherche dans le supérieur (essentiellement à partir du Master), c'est évidemment une autre histoire...

J'ai divisé les sujets. Ce qui concernait l'histoire, je l'ai mis ici:
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Le titre peut changer mais je n'avais pas d'idées...

Certaines citations seront bancales car il y a des messages qui concernaient à la fois le brevet et l'histoire mais l'essentiel devrait se retrouver. Je repasserai pour parfaire la division s'il le faut.

L'éducation vue depuis l'œilleton de la prison
LE MONDE |

Par Pierre Méheust, professeur d'histoire-géographie à la prison de Fleury-Mérogis

Cinquante-six pour cent des entrants en détention ont un niveau inférieur à celui du CAP, plus de 12 % sont illettrés et 15,5 % ont des difficultés de lecture. C'est donc l'école primaire qui doit être prioritairement renforcée.

Les élèves qui ne maîtrisent pas le fameux triptyque lire, écrire, compter sont très handicapés. Dans le même temps, les rapports de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du Programme international de recherche en lecture scolaire ne cessent de souligner le déclassement de la France : 4 écoliers sur 10, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes.

On a beaucoup incriminé les méthodes et la pédagogie. Il faut prendre en compte ces critiques et soulever l'absurdité de l'alourdissement des programmes chargés de compétences nouvelles

Un autre point semble fondamental : l'école, skholè en grec, doit être le lieu de l'arrêt, de la trêve, qui permet la maîtrise de soi et l'occupation studieuse dont rêve Platon. Apprendre à se concentrer, à déchiffrer, à lire, c'est éprouver une rupture avec le monde, ce qui est très difficile dans un univers qui ne se rêve qu'en connexion permanente à l'autre. La difficulté de trouver le calme et la sérénité nécessaires à l'enseignement dans un monde en perpétuelle effervescence est un réel problème.

Grandir et forger sa personnalité, c'est se trouver et se reconnaître différent face à l'autre, c'est aussi faire l'épreuve de la frustration, des limites, des règles de vie...
C'est au collège que la majorité des détenus a décroché. Le collège produit trop d'échecs et son architecture est à revoir.

Les interrogations sur le collège unique sont encore vécues comme une insupportable remise en cause de l'effort de démocratisation de l'enseignement. Il faut dépasser ces vieilles querelles : l'insupportable atteinte à la démocratisation se situe dans les 40 000 sorties de l'éducation nationale sans qualification, puis les 140 000 sorties sans diplôme, dans l'accroissement des élèves de faible niveau (de 16,5 % en 2003 à plus de 22 % en 2006), dans le retard scolaire à 15 ans, le plus élevé des pays de l'OCDE.

En France, on imagine difficilement que la réussite soit possible hors du cursus théorique, avalé d'un bloc, de 3 à 16 ans. L'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder a, lui, commencé par un apprentissage à 14 ans puis il a repris des études et a connu le destin que l'on connaît ;

Extraits de cet intéressant article!
Merci Ruthven!

Je remercie également Ruthven pour cet article très lucide et pertinent.

Le glissement progressif du topic vers un exemple précis, celui de l'enseignement de l'histoire et ses lacunes - et donc le HS, du moins apparent - illustre bien le problème central : une fois la réforme validée dans le sens voulu par les Cahiers Pédagogiques, elle entraînera à coup sûr et à terme la disparition irréversible de tout ce qui reste d'un enseignement structuré et progressif au sein de ce qui sera désormais l'école du socle, puisqu'il n'y aura plus d'objectifs à attendre en termes de niveau disciplinaire.

John a écrit:[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Accorder une place à des compétences comme l’expression orale, la recherche documentaire, le travail collaboratif, l’autonomie est essentiel pour préparer les jeunes au monde d’aujourd’hui

Pour préparer les jeunes au monde d'aujourd'hui, il y a déjà tout ce qu'il faut en-dehors de l'école: internet, la télé, la pub, facebook, les jeux vidéos, les téléphones portables, les magazines féminins etc.

Aurore a écrit:Je remercie également Ruthven pour cet article très lucide et pertinent.

Le glissement progressif du topic vers un exemple précis, celui de l'enseignement de l'histoire et ses lacunes - et donc le HS, du moins apparent - illustre bien le problème central : une fois la réforme validée dans le sens voulu par les Cahiers Pédagogiques, elle entraînera à coup sûr et à terme la disparition irréversible de tout ce qui reste d'un enseignement structuré et progressif au sein de ce qui sera désormais l'école du socle, puisqu'il n'y aura plus d'objectifs à attendre en termes de niveau disciplinaire.

La division des sujets semble même montrer que l'objet du topic n'est pas vraiment perçu. Il ne s'agit pas de proposer quelques babioles de plus ou de moins dans les épreuves : ce que proposent les cahiers est un pas de plus dans la déstructuration générale impulsée au plus haut niveau.
Mais bon, puisqu'on scinde...

Cripure a écrit:Mais bon, puisqu'on scinde...

Mais bon, qu'il n'y ait pas un démocrite de vrai là dedans, ne gêne pas ces hypocrites.

et puis, en tout cas, puisse que :

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