- egometDoyen
Celadon a écrit:Que pensez-vous de cette lumineuse présentation de la méthode de Singapour (et de la multiplication en particulier ?)
http://www.francetvinfo.fr/societe/education/refondation-de-l-ecole/video-apprenez-les-mathematiques-avec-la-methode-de-singapour_2372187.html
Ouais, c'est sympa.
Mais je ne vois pas ce que ça a de nouveau.
- HélipsProphète
Ah ! Merci ! Est-ce que quelqu'un qui a plus réfléchi à la question que France Info pourrait nous briefer un peu ?egomet a écrit:Celadon a écrit:Que pensez-vous de cette lumineuse présentation de la méthode de Singapour (et de la multiplication en particulier ?)
http://www.francetvinfo.fr/societe/education/refondation-de-l-ecole/video-apprenez-les-mathematiques-avec-la-methode-de-singapour_2372187.html
Ouais, c'est sympa.
Mais je ne vois pas ce que ça a de nouveau.
Là, c'est très clair, mais ça ressemble à ce qu'on m'a appris fin 70' début 80'
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- CeladonDemi-dieu
Un prof de maths dans les parages ?
Le schéma du problème avec les 22 E de plus ne me semble pas expliciter la démarche d'un élève en difficulté. En effet, s'il représente DEJA les deux rectangles égaux, c'est qu'il a résolu le problème. Or c'est précisément ce qui coince, généralement.
Le schéma du problème avec les 22 E de plus ne me semble pas expliciter la démarche d'un élève en difficulté. En effet, s'il représente DEJA les deux rectangles égaux, c'est qu'il a résolu le problème. Or c'est précisément ce qui coince, généralement.
- HélipsProphète
Je n'ai pas l'expérience des petits, mais en seconde, on trouve des élèves incapables de mettre un problème en équation (donc avec un "x"), mais qui sont, pour peu qu'on les guide, tout à fait capable de représenter le problème avec les rectangles égaux. On en trouve aussi à qui rien de tout ça ne parle.
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- HélipsProphète
:triste4: pas avec tous, je te rassure !
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- CeladonDemi-dieu
Heureusement. Mais pour parvenir à un tel schéma, qui représente l'aboutissement du raisonnement et non les prémices, il faut être capable de voir dans le nombre affiché 1. sa décomposition 2. sa recomposition sous forme d'opérations. Et cela relève de l'enseignement primaire et de la manipulation mentale des nombres, du calcul mental quotidien.
- HélipsProphète
Pour ce qui relève ou non du primaire, je te crois sur parole.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'en seconde, des gamins paumés à qui tu dis "on fait deux lignes, une pour les sous de machine, l'autre pour les sous de truc, qui a la plus grande ligne ?" répondent souvent, en ayant toujours l'impression de rien comprendre au film, "ben machine, de 22, même !".
Il est très possible que mon problème en seconde ne soit pas de leur apprendre à faire (ce que les collègues PE ont fait), mais de les convaincre qu'ils savent faire.
Tout ce que je peux dire, c'est qu'en seconde, des gamins paumés à qui tu dis "on fait deux lignes, une pour les sous de machine, l'autre pour les sous de truc, qui a la plus grande ligne ?" répondent souvent, en ayant toujours l'impression de rien comprendre au film, "ben machine, de 22, même !".
Il est très possible que mon problème en seconde ne soit pas de leur apprendre à faire (ce que les collègues PE ont fait), mais de les convaincre qu'ils savent faire.
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- HélipsProphète
Mais tout cela ne nous aide pas : il nous faut un pro de la méthode Singapour pour nous raconter tout ça un peu plus en détail
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- ycombeMonarque
En attendant le pro qui doit arriver, on peut quand même donner quelques précisions.
D'abord , la méthode de Singapour n'est pas que la modélisation par barres ou le passage par le concret. La méthode de Singapour, c'est avant tout une pédagogie de type explicite basée sur l'étude d'exemples résolus.
Je dis ça parce qu'un jour, j'ai lu qu'il fallait enseigner les mathématiques par les problèmes parce que c'est ce qui se fait à Singapour. Non! Il ne faut pas confondre apprentissage par la résolution de problèmes (PBL) et méthode de Singapour. PBL, c'est une méthode dans laquelle on donne des problèmes à résoudre et les élèves apprennent les notions en résolvant ces problèmes. La méthode de Singapour, on montre comment résoudre les problèmes et on les fait résoudre aux élèves ensuite (c'est un enseignement explicite). PBL est plus efficace pour des apprenants déjà expert dans le domaine considéré (c.f. https://en.wikipedia.org/wiki/Expertise_reversal_effect), tandis que Singapour (l'enseignement explicite en général) est efficace pour des apprenantsnovices non-experts.
Maintenant, discutons un peu de ce passage concret-abstrait qui concerne l'arithmétique. Je n'ai jamais entendu dire que cette méthode constituait une nouveauté. On a le même genre de dessins donnés en exemple dans le Lebossé-Hèmery 6ème de 1958. À Singapour, au lieu de se lancer dans la didactique des mathématiques en suivant les lubies de gens comme Meirieu et Chevallard (ils ne savent pas ce qu'ils perdent), on a pris les méthodes anciennes qui fonctionnaient et on s'est appliqué à les systématiser en les enseignant progressivement à partir du début du primaire. Les élèves apprennent donc une méthode de résolution de problèmes arithmétiques dite modélisation à barres (bar model) à partir du début du primaire. Pour comparer, chez nous l'enseignement de la méthode consiste à dire aux élèves de faire un dessin (je caricature un peu mais à peine).
Pour le modèle à barres (bar model) cela donne un truc qui ressemble à ceci:
1/ on manipule des objets
2/ on dessine les objets
3/ on dessine les objets dans des cases
4/ on dessine les cases
5/ on fusionne les cases pour faire des barres plus ou moins longues.
Rien d'extraordinaire, on a eu chez nous la même chose en bois avec les baguettes Cuisenaire
Le modèle se décline en plusieurs types de diagrammes, comme tout/partie (whole-part) et comparaison. Le premier consiste à représenter les barres côte-à-côte pour les relations additives (addition soustraction), l'autre consiste à les représenter les une sur les autres pour les relations basées sur une comparaison. Il y a un bon exemple à la fin de la vidéo.
Il ne me semble pas que ce modèle soit adapté à des problèmes multiplicatifs comme les problèmes de proportionnalité, par exemple. J'attends encore de voir un exemple de problèmes de robinets qui fuient dans une baignoire percée modélisé ainsi.
Tout ça, c'est au primaire. Au secondaire, comme partout (sauf en France depuis collège2016), on apprend l'algèbre et donc à résoudre les problèmes par les équations. Des études montreraient, parait-il, que les élèves entraînés avec la modélisation à barre réussiraient mieux à passer à l'algèbre. C'est possible. L'essentiel me semble quand même être que, même pour les équations, ils utilisent le même genre de pédagogie explicite basée sur l'étude d'exemples résolus.
D'abord , la méthode de Singapour n'est pas que la modélisation par barres ou le passage par le concret. La méthode de Singapour, c'est avant tout une pédagogie de type explicite basée sur l'étude d'exemples résolus.
Je dis ça parce qu'un jour, j'ai lu qu'il fallait enseigner les mathématiques par les problèmes parce que c'est ce qui se fait à Singapour. Non! Il ne faut pas confondre apprentissage par la résolution de problèmes (PBL) et méthode de Singapour. PBL, c'est une méthode dans laquelle on donne des problèmes à résoudre et les élèves apprennent les notions en résolvant ces problèmes. La méthode de Singapour, on montre comment résoudre les problèmes et on les fait résoudre aux élèves ensuite (c'est un enseignement explicite). PBL est plus efficace pour des apprenants déjà expert dans le domaine considéré (c.f. https://en.wikipedia.org/wiki/Expertise_reversal_effect), tandis que Singapour (l'enseignement explicite en général) est efficace pour des apprenants
Maintenant, discutons un peu de ce passage concret-abstrait qui concerne l'arithmétique. Je n'ai jamais entendu dire que cette méthode constituait une nouveauté. On a le même genre de dessins donnés en exemple dans le Lebossé-Hèmery 6ème de 1958. À Singapour, au lieu de se lancer dans la didactique des mathématiques en suivant les lubies de gens comme Meirieu et Chevallard (ils ne savent pas ce qu'ils perdent), on a pris les méthodes anciennes qui fonctionnaient et on s'est appliqué à les systématiser en les enseignant progressivement à partir du début du primaire. Les élèves apprennent donc une méthode de résolution de problèmes arithmétiques dite modélisation à barres (bar model) à partir du début du primaire. Pour comparer, chez nous l'enseignement de la méthode consiste à dire aux élèves de faire un dessin (je caricature un peu mais à peine).
Pour le modèle à barres (bar model) cela donne un truc qui ressemble à ceci:
1/ on manipule des objets
2/ on dessine les objets
3/ on dessine les objets dans des cases
4/ on dessine les cases
5/ on fusionne les cases pour faire des barres plus ou moins longues.
Rien d'extraordinaire, on a eu chez nous la même chose en bois avec les baguettes Cuisenaire
Le modèle se décline en plusieurs types de diagrammes, comme tout/partie (whole-part) et comparaison. Le premier consiste à représenter les barres côte-à-côte pour les relations additives (addition soustraction), l'autre consiste à les représenter les une sur les autres pour les relations basées sur une comparaison. Il y a un bon exemple à la fin de la vidéo.
Il ne me semble pas que ce modèle soit adapté à des problèmes multiplicatifs comme les problèmes de proportionnalité, par exemple. J'attends encore de voir un exemple de problèmes de robinets qui fuient dans une baignoire percée modélisé ainsi.
Tout ça, c'est au primaire. Au secondaire, comme partout (sauf en France depuis collège2016), on apprend l'algèbre et donc à résoudre les problèmes par les équations. Des études montreraient, parait-il, que les élèves entraînés avec la modélisation à barre réussiraient mieux à passer à l'algèbre. C'est possible. L'essentiel me semble quand même être que, même pour les équations, ils utilisent le même genre de pédagogie explicite basée sur l'étude d'exemples résolus.
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- HélipsProphète
Ah c'est déjà plus clair dans ma petite tête, merci !
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Un jour, je serai prof, comme ça je serai toujours en vacances.
- Padre P. LucasNiveau 10
Je ne voudrais pas me fâcher avec les collègues qui utilisent la méthode Singapour et qui, pour nombre d'entre eux, font un bien meilleur boulot qu'avec la plupart des autres manuels, mais ...
Nous avons regardé de près avec les collègues du GRIP et en avons déduit ceci :
C'est juste l'introduction, la suite au prochain épisode ...
Nous avons regardé de près avec les collègues du GRIP et en avons déduit ceci :
GRIP a écrit:4 opérations au CP
Méthode de Singapour ou programme du GRIP ?
Les résultats des élèves français aux évaluations internationales mathématiques et scientifiques s’effondrent depuis plusieurs années alors que ceux des élèves singapouriens caracolent au sommet. Des esprits ingénieux en ont tiré la conclusion qu’une dose de Méthode Singapour , inoculée dans les écoles de l’hexagone, doperait aussitôt les résultats de la France dans les classements mondiaux. Une véritable aubaine pour l’éditeur de cette méthode en France qui voit ainsi confirmé son choix de tourner le dos à « l’école française », reconnue par les plus grands mathématiciens depuis le 19e siècle.
Au-delà du thème des quatre opérations au CP qui émeut l’opinion publique et questionne le ministre, interrogeons-nous sur les ingrédients de l’universelle panacée, chantée autrefois par le comique : un replâtrage de méthode serait-il suffisant alors qu'une véritable refondation des programmes du primaire est inévitable ?
C'est juste l'introduction, la suite au prochain épisode ...
- Padre P. LucasNiveau 10
A la demande générale, je poste la suite ...
GRIP a écrit:
Qu’est-ce que la méthode de Singapour ?
Les didacticiens qui ont mis au point cette méthode dans les années 1980 ont réalisé une synthèse historique s’appuyant sur une gamme de traditions pédagogiques empruntées à différents pays (ce qu’avait réalisé en son temps Ferdinand Buisson pour rédiger son Dictionnaire Pédagogique).
Cependant, dans la présentation de l’édition française, nous ne trouvons aucune référence à notre école qui fut, elle aussi, considérée comme la meilleure du monde et dont sont issus, jusqu’à aujourd’hui, nombre de mathématiciens de renom. Onze ans après la réhabilitation par Michel Delord et Guy Morel de la « Pédagogie oubliée » , Philippe Meirieu reconnaît à son tour « Un des problèmes, parmi bien d’autres, de notre système éducatif est une forme d’amnésie de sa propre histoire et de désaffiliation à l’égard de ces grands maîtres de la pensée pédagogique qui ont fondé l’école de la République. » (Lettre de l’Éducation du 11/09/2017).
Mais cette omission n’est pas la seule. L’enseignement à Singapour se concentre principalement sur la couverture d’un programme national bien délimité, un système scolaire très centralisé et sans disparités, la transmission de connaissances factuelles et procédurales et la préparation des étudiants pour des examens nationaux bisannuels très sélectifs. Le poids du programme, de la sélection, et la pression sociale sont donc considérables.
Rien de tout cela ne transparaît dans la présentation de l’adaptation française : la conformité au programme est relative (au nom de la liberté pédagogique et de l’adaptabilité à un monde en changement), l’autonomie des établissements est considérée comme une aubaine, le plaisir et l’envie de l’enfant priment sur l’acquisition de connaissances. Certes, il vaut mieux conserver le meilleur du système « Singapour » en évacuant soigneusement le pire ; considérer les résultats du classement TIMMS plutôt que le taux de suicide des adolescents . Mais, pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il est nécessaire de bien distinguer l’un de l’autre.
- AnaxagoreGuide spirituel
666 messages mon Père. Est-ce bien raisonnable?
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"De même que notre esprit devient plus fort grâce à la communication avec les esprits vigoureux et raisonnables, de même on ne peut pas dire combien il s'abâtardit par le commerce continuel et la fréquentation que nous avons des esprits bas et maladifs." Montaigne
"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- User17706Bon génie
Il faudra poster la suite de la suite pour éviter de se complaire trop longtemps dans cette malignité.
- Padre P. LucasNiveau 10
L'impatience commence à monter ... j'attends l'effervescence
:diablecontent:
:diablecontent:
- pailleauquebecFidèle du forum
Padre P. Lucas a écrit:A la demande générale, je poste la suite ...GRIP a écrit:
Qu’est-ce que la méthode de Singapour ?
Les didacticiens qui ont mis au point cette méthode dans les années 1980 ont réalisé une synthèse historique s’appuyant sur une gamme de traditions pédagogiques empruntées à différents pays (ce qu’avait réalisé en son temps Ferdinand Buisson pour rédiger son Dictionnaire Pédagogique).
Cependant, dans la présentation de l’édition française, nous ne trouvons aucune référence à notre école qui fut, elle aussi, considérée comme la meilleure du monde et dont sont issus, jusqu’à aujourd’hui, nombre de mathématiciens de renom. Onze ans après la réhabilitation par Michel Delord et Guy Morel de la « Pédagogie oubliée » , Philippe Meirieu reconnaît à son tour « Un des problèmes, parmi bien d’autres, de notre système éducatif est une forme d’amnésie de sa propre histoire et de désaffiliation à l’égard de ces grands maîtres de la pensée pédagogique qui ont fondé l’école de la République. » (Lettre de l’Éducation du 11/09/2017).
Mais cette omission n’est pas la seule. L’enseignement à Singapour se concentre principalement sur la couverture d’un programme national bien délimité, un système scolaire très centralisé et sans disparités, la transmission de connaissances factuelles et procédurales et la préparation des étudiants pour des examens nationaux bisannuels très sélectifs. Le poids du programme, de la sélection, et la pression sociale sont donc considérables.
Rien de tout cela ne transparaît dans la présentation de l’adaptation française : la conformité au programme est relative (au nom de la liberté pédagogique et de l’adaptabilité à un monde en changement), l’autonomie des établissements est considérée comme une aubaine, le plaisir et l’envie de l’enfant priment sur l’acquisition de connaissances. Certes, il vaut mieux conserver le meilleur du système « Singapour » en évacuant soigneusement le pire ; considérer les résultats du classement TIMMS plutôt que le taux de suicide des adolescents . Mais, pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain, il est nécessaire de bien distinguer l’un de l’autre.
Je trouve un peu moyen de tirer à boulet rouge sur la traduction française d'une méthode : Qu'un éditeur courageux traduise ce qui marche ailleurs me semble plutôt honorable et intéressant.
Ok, on a eu en France (en cherchant bien on en trouve pas mal) des méthodes excellentes, mais il va falloir les actualiser et ce n'est pas si simple.
Après trouver le dosage parfait, l'équilibre, le découpage qui va bien,... Singapour n'est pas juste un repompée de bonnes méthodes, ils ont réussi une belle synthèse efficace et ont aussi ouvert des pistes. Leur méthode représente un tout assez cohérent et bien pensé.
Quand on parle de la méthode de Singapour on parle surtout de celle qui est utilisée par les singapouriens, celle qui a donné, certes dans le contexte de Singapour, de très bons résultats.
Avez vous lu l'original ?
De plus il n'y a pas une, mais au moins deux méthodes de Singapour très différentes au primaire et au secondaire.
Les deux sont très intéressantes. On pourrait en discuter longtemps. La méthode du primaire a pour moi beaucoup de qualités (introduction des notions au plus tôt, ambition, séries de problèmes bien pensés, force à rédiger, à la fois accessible et allant assez loin,...)
La méthode du secondaire a aussi pas mal de qualités pas si courues de nos jours (je pense aux excellentes séries d'exercices de calculs d'angles par exemple, ou aux tomes 9A et 9B franchement ambitieux pour du collège, là aussi on pourrait en parler longtemps).
Aujourd'hui je vois peu de manuels de cette qualité.
Que le GRIP fasse un boulot formidable, cela ne fait aucun doute, mais pour faire mieux que Singapour il va falloir envoyer du lourd (ce dont je ne doute pas que vous soyez capable, mais vous placez la barre un peu haut).
Quand aux digressions sur le contexte singapourien, laissons cela de côté et concentrons nous sur l'outil. Mesurons scientifiquement l'effet manuel (ou pas) et on pourra discuter de son efficacité.
- AnaxagoreGuide spirituel
Dans le papier du Padre il est question du CP avant tout et de la question des quatre opérations médiatisée récemment.
Je pourrais bien vous le poster mais je le Padre tient son public en haleine. La foule exulte, proteste, s'impatiente. Scandale. Que fait la police?
Il est aussi question de répondre précisément aux didacticiens qui poussent des cris d'orfraie à l'idée des quatre opérations au CP et de leur répondre correctement. La méthode Singapour a été citée en exemple et c'est un exemple qui n'est pas satisfaisant de ce point de vue, le Padre et JuliePie expliquent pourquoi.
Je pourrais bien vous le poster mais je le Padre tient son public en haleine. La foule exulte, proteste, s'impatiente. Scandale. Que fait la police?
Il est aussi question de répondre précisément aux didacticiens qui poussent des cris d'orfraie à l'idée des quatre opérations au CP et de leur répondre correctement. La méthode Singapour a été citée en exemple et c'est un exemple qui n'est pas satisfaisant de ce point de vue, le Padre et JuliePie expliquent pourquoi.
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- SapotilleEmpereur
Le fichier de Calcul du GRIP pour le CP est un outil exceptionnel.
Prenez un loupiot de 5-6 ans, et faites le travailler avec ce fichier : vous serez surpris de constater avec quelle facilité cet enfant progressé et "avale" les 4 opérations ...
Prenez un loupiot de 5-6 ans, et faites le travailler avec ce fichier : vous serez surpris de constater avec quelle facilité cet enfant progressé et "avale" les 4 opérations ...
- VinZTDoyen
On le trouve où ce fichier ? Il est accessible en ligne ?
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« Il ne faut pas croire tout ce qu'on voit sur Internet » Victor Hugo.
« Le con ne perd jamais son temps. Il perd celui des autres. » Frédéric Dard
« Ne jamais faire le jour même ce que tu peux faire faire le lendemain par quelqu'un d'autre » Pierre Dac
« Je n'ai jamais lâché prise !» Claude François
« Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu'il avait prédit hier ne s'est pas produit aujourd'hui. » Laurence J. Peter
- Padre P. LucasNiveau 10
Ah, le public afflue ! Vite la suite avant de pouvoir entamer une discussion !
L'ensemble du texte est plus lisible ICI
GRIP a écrit:Pédagogie explicite ou méthode intuitive ?
« La méthode repose sur une méthode explicite : les concepts sont expliqués clairement et brièvement, puis immédiatement mis en application dans la résolution de nombreux problèmes » nous indique l’éditeur français de la méthode Singapour. Puis il présente de manière assez contradictoire l’approche « concrète-imagée-abstraite » :
1) Les élèves sont d’abord confrontés aux notions mathématiques par la manipulation d’objets. (Par exemple, ils vont apprendre l’addition en manipulant des cubes ou des jetons). C’est l’étape concrète.
2) Ensuite, les objets sont remplacés par des images qui les représentent. Ainsi, une pile de dix cubes représente le nombre dix, puis une pièce de dix centimes, etc. C’est l’étape imagée.
3) Enfin, lorsque les élèves se sont familiarisés avec les concepts de la leçon, ils ne travaillent plus qu’à l’aide de chiffres et de symboles. C’est l’étape abstraite.
Si nous sommes en accord avec l’enjeu principal « aider les élèves à passer du monde concret qui leur est familier à une vision abstraite », il est surprenant de prôner une méthode qui préconise l’explication préalable des concepts. Réduire l’enseignement des mathématiques à l’explicite ne peut que conforter ceux qui s’opposent à l’apprentissage de la division au CP, au prétexte qu’à cet âge les enfants ne peuvent établir explicitement « l’équivalence entre les procédures de groupement par n et de partage équitable en n parts » . Le mathématicien René Thom avait déjà mis en garde contre cette tentation réductrice et Michel Delord expliqué comment la méthode intuitive de Ferdinand Buisson dépassait cette opposition néfaste entre implicite et explicite en matière d’enseignement .
Reconnaissons toutefois à la Méthode Singapour le mérite d’avoir considéré différents degrés d’abstraction, même si elle le fait de manière trop formelle et procédurale : la schématisation est trop souvent limitée au modèle « en barre » et le travail sur les mesures de grandeur réduit au strict minimum, conformément aux programmes officiels.
On notera par ailleurs que, si la verbalisation garde sa place justifiée, l’étape de l’écrit, d’une importance capitale pour l’abstraction, est considérablement restreinte dans la nouvelle version de l’édition française. La préface du mathématicien Laurent Lafforgue, très attaché à cette dimension, a d’ailleurs disparu de cette nouvelle parution.
Celui-ci précisait dans sa préface : « Dans la maîtrise combinée des calculs sur des nombres, des formes géométriques, des premières mesures de grandeurs physiques et de l'usage raisonné de la langue réside l'essence de l'aptitude mathématique. »
Mais cette « maîtrise combinée » n’apparaît pas dans la programmation annuelle. Le principal reproche qui puisse être fait à cette introduction partielle et incomplète des quatre opérations au CP, c’est l’absence de liens avec la numération : les nombres jusqu’à 100 ne sont construits que par additions et soustractions. Le travail sur les mesures de longueur ou la monnaie n’intervient qu’après coup.
La « connaissance intime du nombre », selon l’expression de René Thom, ne peut se construire sans exercices de groupements et de partages. Ce travail portera sur des collections d’objets, mais aussi sur les mesures de grandeur. La manipulation conduit à l’écriture mathématique qui permet le passage à l’abstraction. Le nombre vingt-quatre, par exemple, ne sera saisi par l’intuition enfantine qu’après des groupements d’élèves dans la classe, des partages d’un paquet de 24 gâteaux, des décompositions à l’aide de baguettes Cuisenaire , des paiements en monnaie fictive, l’observation d’un cadran de pendule … et l’écriture des opérations associées :
8 cm x 3 = 24 cm ; 24 gâteaux : 4 = 6 gâteaux ; 12 h x 2 = 24 h …
L’élève qui aura, par manipulation, trouvé que 24 € partagé en 2 donne 12 € et qu’il faut 12 pièces de 2 € pour obtenir 24 €, sera étonné de voir qu’il est possible d’écrire « 24 € : 2 = 12 € » pour exprimer le premier résultat et « 24 € : 2 € = 12 » pour le second. Et, quand il s’écrie « C’est pareil ! », il ne maîtrise bien sûr pas le concept de « l’équivalence entre les procédures de groupement par n et de partage équitable en n parts » (le maître se gardera bien pour l’instant de lui présenter de manière explicite), mais cette similitude constitue une première étape vers l’abstraction, même si elle n’est pas quantifiable. Ce sont aussi ces étapes qui lui permettront de saisir que vingt-quatre, c’est 2 fois dix et 4, que dans la division de vingt-quatre par dix on trouve 2 pour le quotient, 4 pour le reste, c’est-à-dire le principe même de l’écriture décimale.
Ceux qui considèrent que la dénomination, en français, des nombres 80 et 90 sont un véritable obstacle pour la compréhension de la numération et qui trouvent-là une cause de retard en mathématique pour les élèves de notre pays n’ont probablement pas envisagé que l’approche simultanée de la multiplication et de la division pouvait en faire un tremplin.
Métacognition et attitude positive
Pour conclure sur une note plus légère, on notera cette insistance quasi-obsessionnelle de l’éditeur français à se présenter comme moderne et progressiste pour contrer les objections des pédagogues prompts à accuser de « réactionnaires » ceux qui ne partagent pas leur doxa. La méthode Singapour lui offre sa première réplique, les didacticiens qui l’ont mise au point sont férus de « métacognition » : être à l’écoute de sa propre pensée. C’est la porte ouverte à un discours fumeux qui renvoie trop souvent à l’image ironique proposée par Michel Delord : « descendre du vélo pour se regarder pédaler ».
La seconde option n’est pas vraiment d’origine singapourienne, même si elle peut prendre des accents bouddhistes. Il s’agit de l’éducation bienveillante et de l’attitude positive. Le thème revient avec une telle insistance dans les médias que l’on pourrait penser que l’Éducation Nationale est peuplée d’enseignants malveillants à l’attitude négative.
C’est sans doute la raison pour laquelle la préface du guide pédagogique nous offre ce merveilleux truisme empreint de mystique et de scientisme :
II y a presque un siècle, John Burroughs, auteur naturaliste américain, a observé que « le savoir sans amour ne reste pas ; mais si l'amour vient d'abord, il est fort probable que le savoir suive ». Grâce à des études poussées en neurologie, il a été prouvé qu'il avait raison.
L'ensemble du texte est plus lisible ICI
- ycombeMonarque
Elle lit le texte en suivant le lien indiqué sur le compte twitter du GRIPAnaxagore a écrit:
Je pourrais bien vous le poster mais je le Padre tient son public en haleine. La foule exulte, proteste, s'impatiente. Scandale. Que fait la police?
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Assurbanipal: "Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien".
Franck Ramus : "Les sciences de l'éducation à la française se font fort de produire un discours savant sur l'éducation, mais ce serait visiblement trop leur demander que de mettre leur discours à l'épreuve des faits".
- AnaxagoreGuide spirituel
ycombe a écrit:Elle lit le texte en suivant le lien indiqué sur le compte twitter du GRIPAnaxagore a écrit:
Je pourrais bien vous le poster mais je le Padre tient son public en haleine. La foule exulte, proteste, s'impatiente. Scandale. Que fait la police?
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"Woland fit un signe de la main, et Jérusalem s'éteignit."
"On déclame contre les passions sans songer que c'est à leur flambeau que la philosophie allume le sien." Sade
- Padre P. LucasNiveau 10
pailleauquebec a écrit:
Je trouve un peu moyen de tirer à boulet rouge sur la traduction française d'une méthode : Qu'un éditeur courageux traduise ce qui marche ailleurs me semble plutôt honorable et intéressant.
C'était effectivement une excellente initiative que celle de la Librairie des Ecoles : elle a permis de sortir des faux débats pédagos/antipédagos, réactionnaires/progressistes ... mais on risque de tomber dans d'autres clivages tout aussi stériles si on ne met pas le doigt sur les vrais problèmes. C'est exactement la même chose avec Dehaene et les neurosciences : il a ouvert une brèche dans le conflit globale/syllabique mais on retombe bien vite dans la pensée magique en suspendant la pédagogie à la lecture d'IRM. Par ailleurs, je trouve un peu gonflé de promouvoir une méthode qui fonctionne dans un système "pression à tous les étages" en mettant en avant la "bienveillance à tous les étages".
pailleauquebec a écrit:
Ok, on a eu en France (en cherchant bien on en trouve pas mal) des méthodes excellentes, mais il va falloir les actualiser et ce n'est pas si simple.
Après trouver le dosage parfait, l'équilibre, le découpage qui va bien,... Singapour n'est pas juste un repompée de bonnes méthodes, ils ont réussi une belle synthèse efficace et ont aussi ouvert des pistes. Leur méthode représente un tout assez cohérent et bien pensé.
Tout à fait d'accord.
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