- Iwiwon46Niveau 5
D'accord avec toi. Elle annonce déjà qu'elle va mener la réforme voulue par Attal.GaliNéo a écrit:VinZT a écrit:Il y a donc toutes les raisons de se méfier et d'être encore plus vigilants.
Je pense qu'elle va être l'une des pires ministre de l'Education Nationale. J'espère que je vais me planter en beauté avec une telle hypothèse, mais croyez-moi, on est très mal !
Par ailleurs, dans son article de 2016, au titre éloquent ("supprimer le Ministère de l'Education nationale")on voit qu'elle est à fond sur la pédagogie de projet, dans le cadre d'une décentralisation grandissante:
"Le primat du local est posé. Le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle. Mais cette exigence ne s’impose qu’au regard de la plus-value d’une gestion décentralisée pour les élèves."
Ce qui est tout à fait en accord avec ce que veut notre président, dans le cadre du CNR et de notre école faisons la ensemble. Ce qui est aussi ce que prône l'IFRAP, depuis 2015:
"Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
- La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
- La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
- L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget."
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Un truc qui me fait lever un sourcil avec ce genre d'affirmations, c'est leur décalage avec les données scientifiques.Iwiwon46 a écrit:D'accord avec toi. Elle annonce déjà qu'elle va mener la réforme voulue par Attal.GaliNéo a écrit:VinZT a écrit:Il y a donc toutes les raisons de se méfier et d'être encore plus vigilants.
Je pense qu'elle va être l'une des pires ministre de l'Education Nationale. J'espère que je vais me planter en beauté avec une telle hypothèse, mais croyez-moi, on est très mal !
Par ailleurs, dans son article de 2016, au titre éloquent ("supprimer le Ministère de l'Education nationale")on voit qu'elle est à fond sur la pédagogie de projet, dans le cadre d'une décentralisation grandissante:
"Le primat du local est posé. Le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle. Mais cette exigence ne s’impose qu’au regard de la plus-value d’une gestion décentralisée pour les élèves."
Ce qui est tout à fait en accord avec ce que veut notre président, dans le cadre du CNR et de notre école faisons la ensemble. Ce qui est aussi ce que prône l'IFRAP, depuis 2015:
"Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
- La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
- La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
- L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget."
- Le rôle du chef d'établissement est bien moindre que celui de l'équipe éducative dans l'apprentissage des élèves (0,32 contre 1,57) (qui aurait pu prédire ?);
- l'autonomie des établissements a un effet quasi nul (0,12);
- La rémunération au mérite des enseignants a un effet nul (0,05);
- L'augmentation des financements et les contrôles externes ont des effets réduits (0,21 et 0,31).
Etc.
Tout fonctionne comme si une idéologie trainait dans le coin : "Administration centralisée = caca" et pouf, on la reprend sans regarder la réalité.
Et tout le monde s'en moque. Il n'y a pas de contre discours public qui porte sur la fausseté scientifique de ces propos.
- Iwiwon46Niveau 5
Oui, c'est dans l'air du temps, quel que soit le parti politique d'ailleurs. L'idée, c'est que l'Etat doit se concentrer sur ses missions régaliennes et l'éducation n'en fait pas partie, ce qu'on a tendance à oublier, du fait de la centralisation de notre système et que le reste doit être géré localement. Peut-être reviendront-ils là dessus à terme car, ce qu'on observe dans les mouvements de décentralisation, c'est que le service baisse en qualité, que les inégalités augmentent et que, finalement, ça coûte plus cher.
- GanbatteHabitué du forum
Iwiwon46 a écrit:D'accord avec toi. Elle annonce déjà qu'elle va mener la réforme voulue par Attal.GaliNéo a écrit:VinZT a écrit:Il y a donc toutes les raisons de se méfier et d'être encore plus vigilants.
Je pense qu'elle va être l'une des pires ministre de l'Education Nationale. J'espère que je vais me planter en beauté avec une telle hypothèse, mais croyez-moi, on est très mal !
Par ailleurs, dans son article de 2016, au titre éloquent ("supprimer le Ministère de l'Education nationale")on voit qu'elle est à fond sur la pédagogie de projet, dans le cadre d'une décentralisation grandissante:
"Le primat du local est posé. Le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle. Mais cette exigence ne s’impose qu’au regard de la plus-value d’une gestion décentralisée pour les élèves."
Ce qui est tout à fait en accord avec ce que veut notre président, dans le cadre du CNR et de notre école faisons la ensemble. Ce qui est aussi ce que prône l'IFRAP, depuis 2015:
"Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
- La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
- La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
- L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget."
On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
Pour ce qui est de la décentralisation et l'autonomisation, il y a quelque chose qui m'échappe. On en parle partout, et pourtant depuis Blanquer, on assiste à une verticalisation de plus en plus raide. Et cela ne s'améliore pas depuis son départ, avec le pilotage par annonces télévisées, et des réformes qui vont à l'encontre du principe même d'autonomie pédagogique comme ces fameux groupes de niveaux qui, typiquement, auraient pu être tentés au niveau d'un collège dans un principe d'expérimentation, ou dans le projet d'établissement.
- Pontorson50Fidèle du forum
Ganbatte a écrit:Iwiwon46 a écrit:D'accord avec toi. Elle annonce déjà qu'elle va mener la réforme voulue par Attal.GaliNéo a écrit:VinZT a écrit:Il y a donc toutes les raisons de se méfier et d'être encore plus vigilants.
Je pense qu'elle va être l'une des pires ministre de l'Education Nationale. J'espère que je vais me planter en beauté avec une telle hypothèse, mais croyez-moi, on est très mal !
Par ailleurs, dans son article de 2016, au titre éloquent ("supprimer le Ministère de l'Education nationale")on voit qu'elle est à fond sur la pédagogie de projet, dans le cadre d'une décentralisation grandissante:
"Le primat du local est posé. Le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle. Mais cette exigence ne s’impose qu’au regard de la plus-value d’une gestion décentralisée pour les élèves."
Ce qui est tout à fait en accord avec ce que veut notre président, dans le cadre du CNR et de notre école faisons la ensemble. Ce qui est aussi ce que prône l'IFRAP, depuis 2015:
"Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
- La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
- La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
- L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget."
On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
Pour ce qui est de la décentralisation et l'autonomisation, il y a quelque chose qui m'échappe. On en parle partout, et pourtant depuis Blanquer, on assiste à une verticalisation de plus en plus raide. Et cela ne s'améliore pas depuis son départ, avec le pilotage par annonces télévisées, et des réformes qui vont à l'encontre du principe même d'autonomie pédagogique comme ces fameux groupes de niveaux qui, typiquement, auraient pu être tentés au niveau d'un collège dans un principe d'expérimentation, ou dans le projet d'établissement.
C'est le reflet de notre contradiction collective majeure : nous voulons à la fois peser sur les décisions et nous réclamons l'égalité de traitement, clairement c'est souvent incompatible. D'où cette rupture entre les actes et les paroles, la démagogie impose de faire croire qu'on soutient le pouvoir local, ( le fameux élu local proche de vous opposé au vilain rond de cuir parisien ou européen, on y a encore eu droit avec la crise agricole), mais la volonté de lutte contre les inégalités va contre.
On a un exemple de contradiction de ce genre avec les "journées portes ouvertes" où chacun est censé défendre son établissement et non le fait d'être agent de l'État dans l'établissement (pour ma part je me définis comme professeur au collège x et non professeur du collège x). Ces journées portes ouvertes ont un sens lorsque l'offre d'un établissement est réellement différente de l'offre d'un autre (typiquement en lycée), elles sont paradoxales dans un collège où en principe le tronc commun doit être massif, et où en principe la carte scolaire se fonde sur l'égalité de traitement entre les élèves sur tout le territoire. Certains projets pédagogiques visent parfois aussi à sauver des postes en exposant aux parents à séduire ce que l'établissement fera de mieux, de personnel, d'unique. Dans les journées portes ouvertes, il s'agit d'ailleurs non pas tant de montrer la vie quotidienne de l'établissement, que ce qui le sort du commun.
En dépit de l'inscription de la décentralisation dans la Constitution, se prétendre ministre de l'Éducation Nationale et partisan de la décentralisation n'est jamais allé de soi (la France n'ayant jamais accepté par ailleurs le choix fédéral, nettement plus cohérent), mais Nicole Belloubet va vraiment incarner cette contradiction, et on va voir comment elle fait pour la vivre et la faire vivre. Il est clair que on s'oriente vers une fabrication des groupes de français/maths par chaque établissement et non plus par un impératif de tri national des bons et des mauvais. Le "Choc des savoirs" en tant que politique volontariste nationale me semble mort-né avec cette nomination (faute de moyens davantage que par désaccord supposé de tous les acteurs), l'absence de ligne politique (autre que les économies) tracée durant plus de quelques semaines commence à poser problème, dans l'école comme ailleurs.
- valleExpert spécialisé
Pour moi, c'est beaucoup plus simple. Le discours sur l'autonomie locale permet à l'État de repousser vers d'autres instances les critiques. Si un collège d'effondre, c'est la faute du département ; si les universités ont des problèmes financier, c'est à elles de mieux se gérer ; si un lycée a des EDT nuls, c'est vers le CA/CDE qu'il faut se tourner ; si une académie n'a pas de profs de maths, c'est parce qu'elle n'est pas assez attractive pour les contractuels.
- Iwiwon46Niveau 5
Pour eux, décentralisation, ce n'est pas arrêter de légiférer. L'Etat continue de fixer un cadre législatif et exerce un contrôle mais charge aux collectivités d'organiser les choses(schéma d'emploi , structure et organigramme, marchés publics etc). C'est ce qui s'est passé avec l'aide sociale à l'enfance, avec le succès que l'on sait: les départements s'organisent comme ils le veulent mais à l'intérieur d'un cadre législatif qui donne les orientations.Ganbatte a écrit:Iwiwon46 a écrit:D'accord avec toi. Elle annonce déjà qu'elle va mener la réforme voulue par Attal.GaliNéo a écrit:VinZT a écrit:Il y a donc toutes les raisons de se méfier et d'être encore plus vigilants.
Je pense qu'elle va être l'une des pires ministre de l'Education Nationale. J'espère que je vais me planter en beauté avec une telle hypothèse, mais croyez-moi, on est très mal !
Par ailleurs, dans son article de 2016, au titre éloquent ("supprimer le Ministère de l'Education nationale")on voit qu'elle est à fond sur la pédagogie de projet, dans le cadre d'une décentralisation grandissante:
"Le primat du local est posé. Le système éducatif français doit évoluer vers plus de décentralisation territoriale et fonctionnelle. Mais cette exigence ne s’impose qu’au regard de la plus-value d’une gestion décentralisée pour les élèves."
Ce qui est tout à fait en accord avec ce que veut notre président, dans le cadre du CNR et de notre école faisons la ensemble. Ce qui est aussi ce que prône l'IFRAP, depuis 2015:
"Pourtant, si nous voulons un système éducatif dont les résultats ne s’enfoncent plus année après année, les maîtres mots doivent être :
- La décentralisation du pilotage de l’Éducation au niveau des régions et des communes ;
- La responsabilisation des chefs d’établissement qui doivent devenir les vrais managers des équipes ;
- L’autonomisation grandissante des établissements sur la gestion RH et la gestion du budget."
On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
Pour ce qui est de la décentralisation et l'autonomisation, il y a quelque chose qui m'échappe. On en parle partout, et pourtant depuis Blanquer, on assiste à une verticalisation de plus en plus raide. Et cela ne s'améliore pas depuis son départ, avec le pilotage par annonces télévisées, et des réformes qui vont à l'encontre du principe même d'autonomie pédagogique comme ces fameux groupes de niveaux qui, typiquement, auraient pu être tentés au niveau d'un collège dans un principe d'expérimentation, ou dans le projet d'établissement.
Surtout, la décentralisation, c'est une politique RH: ils veulent garder le minimum de fonctionnaires d'état pour diminuer les dépenses étatiques (en gros, police et justice, peut-être économie), et que les autres deviennent des fonctionnaires territoriaux et/ou des contractuels.
Emmanuelle Mignon, la conseillère de Sarkozy, l'annonçait déjà, Emmanuel Macron, avec son cap 2022 le voulait aussi.
- Pontorson50Fidèle du forum
valle a écrit:Pour moi, c'est beaucoup plus simple. Le discours sur l'autonomie locale permet à l'État de repousser vers d'autres instances les critiques. Si un collège d'effondre, c'est la faute du département ; si les universités ont des problèmes financier, c'est à elles de mieux se gérer ; si un lycée a des EDT nuls, c'est vers le CA/CDE qu'il faut se tourner ; si une académie n'a pas de profs de maths, c'est parce qu'elle n'est pas assez attractive pour les contractuels.
Cette tactique, grossière en effet, n'a pu fonctionner que parce qu'en 1982, avant la rigueur donc, une majorité de députés, d'associations, et de syndicats marqués à gauche est tombée dans ce piège de la décentralisation par réelle séduction envers la maîtrise locale des décisions. C'est bien un maire PS de grande ville qui a porté ce projet en tant que ministre de l'intérieur (joli paradoxe!), alors qu'il était assez madré pour se douter que ce serait une occasion en or de défausse de l'État ; et il est vrai que si l'entièreté de la gestion des écoles redevenait nationale, le déficit de l'État serait ahurissant. Cette défausse a donc arrangé aussi tous ceux qui réclamaient de l'argent pour l'école, pas seulement des libéraux voulant amaigrir l'État.
La duplicité existe certes, mais elle s'appuie sur une contradiction largement majoritaire. Nous allons voir comment notre nouvelle ministre va la gérer.
- LaotziSage
Pontorson50 a écrit:valle a écrit:Pour moi, c'est beaucoup plus simple. Le discours sur l'autonomie locale permet à l'État de repousser vers d'autres instances les critiques. Si un collège d'effondre, c'est la faute du département ; si les universités ont des problèmes financier, c'est à elles de mieux se gérer ; si un lycée a des EDT nuls, c'est vers le CA/CDE qu'il faut se tourner ; si une académie n'a pas de profs de maths, c'est parce qu'elle n'est pas assez attractive pour les contractuels.
Cette tactique, grossière en effet, n'a pu fonctionner que parce qu'en 1982, avant la rigueur donc, une majorité de députés, d'associations, et de syndicats marqués à gauche est tombée dans ce piège de la décentralisation par réelle séduction envers la maîtrise locale des décisions. C'est bien un maire PS de grande ville qui a porté ce projet en tant que ministre de l'intérieur (joli paradoxe!), alors qu'il était assez madré pour se douter que ce serait une occasion en or de défausse de l'État ; et il est vrai que si l'entièreté de la gestion des écoles redevenait nationale, le déficit de l'État serait ahurissant. Cette défausse a donc arrangé aussi tous ceux qui réclamaient de l'argent pour l'école, pas seulement des libéraux voulant amaigrir l'État.
La duplicité existe certes, mais elle s'appuie sur une contradiction largement majoritaire. Nous allons voir comment notre nouvelle ministre va la gérer.
Deux précisions : l'historiographie actuelle remet en cause la rupture d'un "tournant de la rigueur" en mars 1983 (par exemple, c'est dès juin 1982 que les prix et les salaires sont gelés, que la lutte contre l'inflation est devenue la priorité). D'autre part, la loi de décentralisation qui transfère la compétence éducative aux départements est celle du 22 juillet 1983 (et avant même les lois de décentralisations, les collectivités territoriales participaient largement au financement, y compris à l'investissement : nombre de collèges ou lycées des années 1960 et 1970 ont été en grande partie financés par les communes concernés par exemple).
_________________
"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- Pontorson50Fidèle du forum
Laotzi a écrit:Pontorson50 a écrit:valle a écrit:Pour moi, c'est beaucoup plus simple. Le discours sur l'autonomie locale permet à l'État de repousser vers d'autres instances les critiques. Si un collège d'effondre, c'est la faute du département ; si les universités ont des problèmes financier, c'est à elles de mieux se gérer ; si un lycée a des EDT nuls, c'est vers le CA/CDE qu'il faut se tourner ; si une académie n'a pas de profs de maths, c'est parce qu'elle n'est pas assez attractive pour les contractuels.
Cette tactique, grossière en effet, n'a pu fonctionner que parce qu'en 1982, avant la rigueur donc, une majorité de députés, d'associations, et de syndicats marqués à gauche est tombée dans ce piège de la décentralisation par réelle séduction envers la maîtrise locale des décisions. C'est bien un maire PS de grande ville qui a porté ce projet en tant que ministre de l'intérieur (joli paradoxe!), alors qu'il était assez madré pour se douter que ce serait une occasion en or de défausse de l'État ; et il est vrai que si l'entièreté de la gestion des écoles redevenait nationale, le déficit de l'État serait ahurissant. Cette défausse a donc arrangé aussi tous ceux qui réclamaient de l'argent pour l'école, pas seulement des libéraux voulant amaigrir l'État.
La duplicité existe certes, mais elle s'appuie sur une contradiction largement majoritaire. Nous allons voir comment notre nouvelle ministre va la gérer.
Deux précisions : l'historiographie actuelle remet en cause la rupture d'un "tournant de la rigueur" en mars 1983 (par exemple, c'est dès juin 1982 que les prix et les salaires sont gelés, que la lutte contre l'inflation est devenue la priorité). D'autre part, la loi de décentralisation qui transfère la compétence éducative aux départements est celle du 22 juillet 1983 (et avant même les lois de décentralisations, les collectivités territoriales participaient largement au financement, y compris à l'investissement : nombre de collèges ou lycées des années 1960 et 1970 ont été en grande partie financés par les communes concernés par exemple).
La fin de ton post montre bien que l'élan était pris de longue date avant même la loi promulguée en juillet 83, mais soumise et préparée bien en amont, et qui figurait dans le programme commun et en bonne place :
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&ved=2ahUKEwjBuqXm5KCEAxV0T6QEHbT9ARYQFnoECBoQAQ&url=http%3A%2F%2Fwww.journal-du-droit-administratif.fr%2Fla-decentralisation-une-volonte-politique-de-francois-mitterrand%2F&usg=AOvVaw0aYJ0LtKTwRYslq9-GXs0E&opi=89978449
Ainsi, François Mitterrand, alors Président de la République, lors de la séance du Conseil des Ministres du 15 juin 1981 ou encore dans le cadre d’un discours prononcé à Lyon en juillet 1981 déclare : « la France a eu besoin d’un pouvoir fort et centralisé pour se faire. Elle a aujourd’hui besoin d’un pouvoir décentralisé pour ne pas se défaire[2] ». Sans pour autant que la loi de 1982 ne fasse explicitement référence au terme de décentralisation, l’esprit de la loi est bien celui inspiré par cette volonté du Président de la République d’inscrire son septennat dans une nouvelle « manière d’être de l’État » pour reprendre les mots du Doyen Hauriou. Comme le relève, le Professeur Verpeaux, ni la loi de 1982, ni celle de 1983 ou celle de 1984, pas plus que celle de 1992 ne font figurer dans leurs intitulés le terme de décentralisation[3]. C’est pourtant de cela dont il s’agit et les spécialistes de la décentralisation, notamment ceux qui dans les cabinets ministériels, tant de Gaston Defferre que de Pierre Joxe, ont œuvré à la mise en forme de cette décentralisation voulue par le Président de la République ne nous démentiront pas.
Cette citation de Mitterrand m'a toujours laissé pantois, mais elle montre que le projet n'est pas financier d'abord ; la rigueur a accéléré un processus qui reste souhaité au point d'avoir été constitutionnalisé (ce qui supposait une majorité renforcée), elle ne l'a pas inventé. Mais je ne conteste pas qu'aujourd'hui comme en 1983, cette décentralisation serve aussi de défausse budgétaire. Tant pis pour ceux des électeurs de gauche qui l'ont souhaitée et la souhaitent encore, elle continuera à détricoter l'État dans l'école comme ailleurs, je le redoute puisqu'elle est maintenant d'ordre constitutionnel.
Il y a toutefois quelques sursauts, des exigences de cohérence de ci-de là, mais plus dans la déconcentration que dans la décentralisation : mon collègue d'HG au collège m'a affirmé hier que le ministère semble avoir enfin renoncé à nous infliger en jury de correction de DNB un corrigé et un barème académiques des épreuves en plus du corrigé et du barème nationaux, c'est du moins ce qu'il a entendu à une réunion, à vérifier.
- GaliNéoFidèle du forum
Quand aura lieu une prise de parole de la part de notre ministre, ou bien une rencontre avec un syndicat, ou bien une visite dans une école (même une maternelle) ?
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¡ Hermano ! Dale gracias a Dios, que lo que tienes en la mano, no lo tienes por todo el año...
- joebar69Fidèle du forum
Lors de son investiture, elle a évoqué, dans son discours, des réunions dès la semaine prochaine avec les "acteurs" de terrain.GaliNéo a écrit:Quand aura lieu une prise de parole de la part de notre ministre, ou bien une rencontre avec un syndicat, ou bien une visite dans une école (même une maternelle) ?
- GaliNéoFidèle du forum
joebar69 a écrit:Lors de son investiture, elle a évoqué, dans son discours, des réunions dès la semaine prochaine avec les "acteurs" de terrain.GaliNéo a écrit:Quand aura lieu une prise de parole de la part de notre ministre, ou bien une rencontre avec un syndicat, ou bien une visite dans une école (même une maternelle) ?
Mouais... Donc, vu que c'est les vacances de la zone C (si je ne dis pas de bêtises) et qu'il faut bien calmer les enseignants pendant ce mois de vacances (je compte l'intégralité des 3 zones), elle serait disponible pour une rencontre avec les syndicats à partir du lundi 11 mars... C'est loin je trouve pour une urgence...
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¡ Hermano ! Dale gracias a Dios, que lo que tienes en la mano, no lo tienes por todo el año...
- TFSFidèle du forum
GaliNéo a écrit:joebar69 a écrit:Lors de son investiture, elle a évoqué, dans son discours, des réunions dès la semaine prochaine avec les "acteurs" de terrain.GaliNéo a écrit:Quand aura lieu une prise de parole de la part de notre ministre, ou bien une rencontre avec un syndicat, ou bien une visite dans une école (même une maternelle) ?
Mouais... Donc, vu que c'est les vacances de la zone C (si je ne dis pas de bêtises) et qu'il faut bien calmer les enseignants pendant ce mois de vacances (je compte l'intégralité des 3 zones), elle serait disponible pour une rencontre avec les syndicats à partir du lundi 11 mars... C'est loin je trouve pour une urgence...
Non... j'ai vu passé l'info que le Snes (ou la FSU...) la rencontrait dès lundi.
- MoonchildSage
Enaeco a écrit:C'est un rapport qui date d'il y a plus de 20 ans.
Peut-être a-t-elle évolué sur la question, après recul sur ces dispositifs.
Plus récemment (2016), elle écrivait à charge contre le privé)N. Belloubet a écrit:"fuir le service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé"
et préconisait une rémunération plus juste :N. Belloubet a écrit:"Pour être créatifs, les enseignants doivent être considérés comme des cadres dans leur statut. Cela suppose qu’ils soient impliqués, responsables et soutenus. Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés : la nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique…")
C'est sur ces points que je l'attends.
Considérer que les enseignants doivent être "créatifs" c'est déjà une vision très particulière de notre profession...
Ganbatte a écrit:On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
- GanbatteHabitué du forum
Moonchild a écrit:On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
Il n'y a pas d'unanimité sur ce sujet de l'hétérogénéité, mais le principe de groupes de niveaux dès l'entrée en 6ème, avec ces parcours différenciés qui conditionnent de fait l'orientation, suscite une très forte opposition. Ôter cette composante serait donc un geste probablement bien accueilli, maintenir une idée de groupes réduits pour certaines matières ferait plaisir au vrai ministre, ça me paraît un compromis qu'elle pourrait envisager ; mais ce n'est que pure hypothèse.
Jul a écrit:L'élève qui construit son propre savoir, nous sommes bien placés pour savoir à quel point c'est inefficace. Inutile de s'acharner, on sait quelles méthodes sont les plus efficaces. On va dans la mauvaise direction.almuixe a écrit:J'ai parcouru le rapport qu'elle a écrit en 2002 sur le lycée. Elle a l'air bien convaincue par les bienfaits des IDD, TPE ainsi que de la supériorité des méthodes actives et constructivistes.
On risque d'avoir le pire des deux conceptions de l'école : un collège qui trie et exclue avec une valorisation des pédagogies où l'élève construit son propre savoir. Et mon petit doigt me dit qu'on va surtout vanter ces pédagogies comme parfaites pour les élèves en difficultés.
C'est à dire ?
- LaotziSage
Son directeur de cabinet, Eric Thiers, vient de l'Elysée. C'est un conseiller d'Etat, jusqu'ici conseiller "institutions et action publique" auprès de Macron à l'Elysée. Il avait aussi été au cabinet de Belloubet lorsqu'elle était ministre de la Justice en tant que "conseiller spécial chargé des questions constitutionnelles" : https://www.cafepedagogique.net/2024/02/09/appel-public-halte-a-la-casse-de-lecole-une-riposte-collective-simpose-3/
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"Trouvez donc bon qu'au lieu de vous dire aussi, adieu comme autrefois, je vous dise, adieu comme à présent."
- Pontorson50Fidèle du forum
+ 1 000Moonchild a écrit:Enaeco a écrit:C'est un rapport qui date d'il y a plus de 20 ans.
Peut-être a-t-elle évolué sur la question, après recul sur ces dispositifs.
Plus récemment (2016), elle écrivait à charge contre le privé)N. Belloubet a écrit:"fuir le service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé"
et préconisait une rémunération plus juste :N. Belloubet a écrit:"Pour être créatifs, les enseignants doivent être considérés comme des cadres dans leur statut. Cela suppose qu’ils soient impliqués, responsables et soutenus. Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés : la nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique…")
C'est sur ces points que je l'attends.
Considérer que les enseignants doivent être "créatifs" c'est déjà une vision très particulière de notre profession...Ganbatte a écrit:On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
- Clecle78Bon génie
Le café pédagogique est un peu fatigué et devrait se relire : " un défi à relever telle l’opposition des enseignants est importante".
- HonchampDoyen
Laotzi a écrit:Son directeur de cabinet, Eric Thiers, vient de l'Elysée. C'est un conseiller d'Etat, jusqu'ici conseiller "institutions et action publique" auprès de Macron à l'Elysée. Il avait aussi été au cabinet de Belloubet lorsqu'elle était ministre de la Justice en tant que "conseiller spécial chargé des questions constitutionnelles" : https://www.cafepedagogique.net/2024/02/09/appel-public-halte-a-la-casse-de-lecole-une-riposte-collective-simpose-3/
C'est lui.
Donc, le et la véritables ministres sont à l'Elysée... Je me disais bien qu'il y avait quelques ressemblances capillaires entre Mmes Macron et Belloubet.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- henrietteMédiateur
C'est tout à fait logique dès lors qu'on envisage leur vraie utilité : obliger les collèges à manger leur marge pour les faire, ce qui entraînera la fin des heures en demi-groupe, mettra tout le monde à l'horaire plancher, et obligera les enseignants à prendre une classe de plus pour remplir leurs ORS + les 2 HSA imposables. Ou comment réduire sans recrutement le manque d'enseignants dans les disciplines en tension avec des heures qui en plus pour partie coûteront moins cher que des heures postes.Moonchild a écrit:Enaeco a écrit:C'est un rapport qui date d'il y a plus de 20 ans.
Peut-être a-t-elle évolué sur la question, après recul sur ces dispositifs.
Plus récemment (2016), elle écrivait à charge contre le privé)N. Belloubet a écrit:"fuir le service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé"
et préconisait une rémunération plus juste :N. Belloubet a écrit:"Pour être créatifs, les enseignants doivent être considérés comme des cadres dans leur statut. Cela suppose qu’ils soient impliqués, responsables et soutenus. Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés : la nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique…")
C'est sur ces points que je l'attends.
Considérer que les enseignants doivent être "créatifs" c'est déjà une vision très particulière de notre profession...Ganbatte a écrit:On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
Ce choc des savoirs est une énième réforme budgétaire, customisée en retour à l'instruction etc.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- sexychocolat29Niveau 4
. « l'élève qui construit son savoir » . Pensez-vous à la NeuroEducation ? ( utilisation des neurosciences et de l’éducation ?) . Je dis ça car je sors d’un stage là dessus où on nous a vanté les mérites de cette nouvelle façon de travailler des élèves… ce serait la solution miracle et le professeur ne ferait plus cours : c’est l’élève qui construit son propre cours ( avec qd même la correction de l’enseignant ) mais plus jamais de cours magistraux… On utilise les groupes pour les faire travailler ensemble, les outils numériques pour les tester en amont , pendant et en aval ( Plickers, quiziniere, flash carte, kahoot… tout ça sans les noter ) puis à la fin du chapitre on fait une évaluation sur un de ces supports … J’ai mon idée de ce qui se cache derrière tout ça , mais je voulais avoir votre avis …Jul a écrit:L'élève qui construit son propre savoir, nous sommes bien placés pour savoir à quel point c'est inefficace. Inutile de s'acharner, on sait quelles méthodes sont les plus efficaces. On va dans la mauvaise direction.almuixe a écrit:J'ai parcouru le rapport qu'elle a écrit en 2002 sur le lycée. Elle a l'air bien convaincue par les bienfaits des IDD, TPE ainsi que de la supériorité des méthodes actives et constructivistes.
On risque d'avoir le pire des deux conceptions de l'école : un collège qui trie et exclue avec une valorisation des pédagogies où l'élève construit son propre savoir. Et mon petit doigt me dit qu'on va surtout vanter ces pédagogies comme parfaites pour les élèves en difficultés.
- GanbatteHabitué du forum
henriette a écrit:C'est tout à fait logique dès lors qu'on envisage leur vraie utilité : obliger les collèges à manger leur marge pour les faire, ce qui entraînera la fin des heures en demi-groupe, mettra tout le monde à l'horaire plancher, et obligera les enseignants à prendre une classe de plus pour remplir leurs ORS + les 2 HSA imposables. Ou comment réduire sans recrutement le manque d'enseignants dans les disciplines en tension avec des heures qui en plus pour partie coûteront moins cher que des heures postes.Moonchild a écrit:Enaeco a écrit:C'est un rapport qui date d'il y a plus de 20 ans.
Peut-être a-t-elle évolué sur la question, après recul sur ces dispositifs.
Plus récemment (2016), elle écrivait à charge contre le privé)N. Belloubet a écrit:"fuir le service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé"
et préconisait une rémunération plus juste :N. Belloubet a écrit:"Pour être créatifs, les enseignants doivent être considérés comme des cadres dans leur statut. Cela suppose qu’ils soient impliqués, responsables et soutenus. Des cadres considérés doivent être mieux rémunérés : la nation doit choisir de hisser, a minima, la France dans la moyenne européenne mais il n’est pas indécent de viser pour nos professeurs de l’enseignement scolaire des statuts financiers comparables à ceux des pays voisins : Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Belgique…")
C'est sur ces points que je l'attends.
Considérer que les enseignants doivent être "créatifs" c'est déjà une vision très particulière de notre profession...Ganbatte a écrit:On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
Ce choc des savoirs est une énième réforme budgétaire, customisée en retour à l'instruction etc.
Je crois que prêter à nos ministres successifs des objectifs aussi pointus et des moyens aussi rusés de les atteindre est très, très optimiste. Je tends plutôt à penser que notre phare présidentiel a eu une idée qui lui a traversé l'esprit un soir, et que tout le monde se plie en quatre pour la déployer en dépit du bon sens, une fois de plus.
- Ajonc35Sage
Pour moi, c'est comme apprendre à nager tout seul, sans aucun conseil, aucune indication, ... ou apprendre à cuisiner tout seul aussi... 1. Chacun y arrivera 2. Mais ça prendra du temps 3. Chacun fera beaucoup de bêtises 4. Il faudra corriger.sexychocolat29 a écrit:. « l'élève qui construit son savoir » . Pensez-vous à la NeuroEducation ? ( utilisation des neurosciences et de l’éducation ?) . Je dis ça car je sors d’un stage là dessus où on nous a vanté les mérites de cette nouvelle façon de travailler des élèves… ce serait la solution miracle et le professeur ne ferait plus cours : c’est l’élève qui construit son propre cours ( avec qd même la correction de l’enseignant ) mais plus jamais de cours magistraux… On utilise les groupes pour les faire travailler ensemble, les outils numériques pour les tester en amont , pendant et en aval ( Plickers, quiziniere, flash carte, kahoot… tout ça sans les noter ) puis à la fin du chapitre on fait une évaluation sur un de ces supports … J’ai mon idée de ce qui se cache derrière tout ça , mais je voulais avoir votre avis …Jul a écrit:L'élève qui construit son propre savoir, nous sommes bien placés pour savoir à quel point c'est inefficace. Inutile de s'acharner, on sait quelles méthodes sont les plus efficaces. On va dans la mauvaise direction.almuixe a écrit:J'ai parcouru le rapport qu'elle a écrit en 2002 sur le lycée. Elle a l'air bien convaincue par les bienfaits des IDD, TPE ainsi que de la supériorité des méthodes actives et constructivistes.
On risque d'avoir le pire des deux conceptions de l'école : un collège qui trie et exclue avec une valorisation des pédagogies où l'élève construit son propre savoir. Et mon petit doigt me dit qu'on va surtout vanter ces pédagogies comme parfaites pour les élèves en difficultés.
Peut- on apprendre à conduire seul, juste en ayant été passager? Pire, piloter un avion ?
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Ganbatte a écrit:henriette a écrit:C'est tout à fait logique dès lors qu'on envisage leur vraie utilité : obliger les collèges à manger leur marge pour les faire, ce qui entraînera la fin des heures en demi-groupe, mettra tout le monde à l'horaire plancher, et obligera les enseignants à prendre une classe de plus pour remplir leurs ORS + les 2 HSA imposables. Ou comment réduire sans recrutement le manque d'enseignants dans les disciplines en tension avec des heures qui en plus pour partie coûteront moins cher que des heures postes.Moonchild a écrit:Enaeco a écrit:C'est un rapport qui date d'il y a plus de 20 ans.
Peut-être a-t-elle évolué sur la question, après recul sur ces dispositifs.
Plus récemment (2016), elle écrivait à charge contre le privé
)
et préconisait une rémunération plus juste :
C'est sur ces points que je l'attends.
Considérer que les enseignants doivent être "créatifs" c'est déjà une vision très particulière de notre profession...Ganbatte a écrit:On ne peut pas attendre d'elle qu'elle ne mène pas cette réforme, c'est bien parce qu'elle le fera qu'elle a été choisie. Néanmoins, on peut espérer qu'elle connaît suffisamment le système éducatif pour bien voir qu'on est terriblement proche dans la rupture dans certains domaines, et comprendre qu'il est nécessaire de faire un certain nombre de concessions et d'aménagements - voire vider la réforme de sa substance en ne laissant que la coquille, par exemple des groupes en 6e 5e sans l'aspect "de niveaux."
On conserverait donc les groupes avec toute l'usine à gaz des barrettes et les emplois du temps pourris qui en découlent, mais en préservant une hétérogénéité qui a rendu le collège inefficace ; au passage, on reprendra bien une louche d'interdisciplinarité ou de "projets" pour satisfaire les revendications des plus progressistes des syndicats. Bref, on serait perdants sur tous les tableaux.
Ce choc des savoirs est une énième réforme budgétaire, customisée en retour à l'instruction etc.
Je crois que prêter à nos ministres successifs des objectifs aussi pointus et des moyens aussi rusés de les atteindre est très, très optimiste. Je tends plutôt à penser que notre phare présidentiel a eu une idée qui lui a traversé l'esprit un soir, et que tout le monde se plie en quatre pour la déployer en dépit du bon sens, une fois de plus.
J'imagine pour ma part que président et ministres posent quelques objectifs, mais que les plans pointus et rusés sont préparés depuis longtemps dans les bureaux de l'administration.
- zigmag17Guide spirituel
Ajonc35 a écrit:Pour moi, c'est comme apprendre à nager tout seul, sans aucun conseil, aucune indication, ... ou apprendre à cuisiner tout seul aussi... 1. Chacun y arrivera 2. Mais ça prendra du temps 3. Chacun fera beaucoup de bêtises 4. Il faudra corriger.sexychocolat29 a écrit:. « l'élève qui construit son savoir » . Pensez-vous à la NeuroEducation ? ( utilisation des neurosciences et de l’éducation ?) . Je dis ça car je sors d’un stage là dessus où on nous a vanté les mérites de cette nouvelle façon de travailler des élèves… ce serait la solution miracle et le professeur ne ferait plus cours : c’est l’élève qui construit son propre cours ( avec qd même la correction de l’enseignant ) mais plus jamais de cours magistraux… On utilise les groupes pour les faire travailler ensemble, les outils numériques pour les tester en amont , pendant et en aval ( Plickers, quiziniere, flash carte, kahoot… tout ça sans les noter ) puis à la fin du chapitre on fait une évaluation sur un de ces supports … J’ai mon idée de ce qui se cache derrière tout ça , mais je voulais avoir votre avis …Jul a écrit:L'élève qui construit son propre savoir, nous sommes bien placés pour savoir à quel point c'est inefficace. Inutile de s'acharner, on sait quelles méthodes sont les plus efficaces. On va dans la mauvaise direction.almuixe a écrit:J'ai parcouru le rapport qu'elle a écrit en 2002 sur le lycée. Elle a l'air bien convaincue par les bienfaits des IDD, TPE ainsi que de la supériorité des méthodes actives et constructivistes.
On risque d'avoir le pire des deux conceptions de l'école : un collège qui trie et exclue avec une valorisation des pédagogies où l'élève construit son propre savoir. Et mon petit doigt me dit qu'on va surtout vanter ces pédagogies comme parfaites pour les élèves en difficultés.
Peut- on apprendre à conduire seul, juste en ayant été passager? Pire, piloter un avion ?
Mais on sait bien comment ça fonctionne. Pendant des années ce fut le mantra en LP : "l'élève construit son savoir", "on part des connaissances de l'élève pour bâtir un cours", " les résumés c'est mal, la trace écrite peut tenir en une phrase ou un schéma ", " apprendre par cœur ne sert à rien".
Le degré d'indigence a été si vite atteint que finalement il y a eu revirement et les consignes officielles sont revenues à un minimum de bon sens. Mais le mal était fait.
- Amélie Oudéa-Castéra, notre nouvelle ministre
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