[Le Monde] A l’école, l’antisémitisme et le racisme s’expriment de plus en plus tôt

Pour répondre à la demande d’un professeur lors d’un exercice de symétrie, la petite fille choisit de dessiner un drapeau israélien. L’un de ses camarades s’écrie alors : « Israël mort par la Palestine ! », tout en mimant un geste de décapitation dans sa direction. C’était en mars.

Nathan a lui aussi subi mauvaises blagues, insultes et ricanements. « Ça gaze ? », « Quelle est la différence entre un juif et une pizza ? Le temps de cuisson ! », « Il a un beau manteau ! C’est normal, il est juif, il est riche »… Pendant l’année scolaire 2022-2023, sous l’impulsion de quatre meneurs, l’élève de 4e n’a pas eu un jour de répit, sans que la direction du collège, un établissement privé d’excellence de l’Ouest parisien, réagisse

Élève qui a ensuite changé de collège.

Khaled et sa sœur, âgés respectivement de 13 ans et 11 ans, scolarisés dans un collège public du nord-est de la capitale, « ont été exclus de leurs groupes d’amis », raconte leur père, d’origine palestinienne, effondré. Traités de « terroristes » et d’« antisémites », accusés de soutenir le Hamas, ils se sont retrouvés isolés dans la cour de récréation et à la cantine, au point de rentrer désormais déjeuner chez eux. « C’est devenu tellement dur pour eux, se désole le père. L’école et les professeurs leur ont simplement conseillé de se faire discrets. »

Article plutôt centré sur le primaire, qui évoque aussi les scouts.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/05/29/a-l-ecole-l-antisemitisme-et-le-racisme-s-expriment-de-plus-en-plus-tot-il-n-y-a-plus-de-tabous_6236105_3224.html

Les commentaires illustrent à eux seuls ce qui est dénoncé dans l’article, c’est affligeant

L'article du journal Le Monde est effectivement effrayant. Absolument effrayant !

Le phénomène de l'antisémitisme à l'école n'a cessé de s'aggraver depuis plus de 30 ans.

Déjà en 2002, un livre fameux, Les Territoires perdus de la République, alertait sur le développement de la haine des juifs dans certains établissements. Mais cet ouvrage n'avait à l'époque suscité que mépris et incrédulité de la part d'une certaine presse bien pensante...

Plus récemment en 2022, une enquête a démontré que l'école était devenue le premier lieu d'exposition à l'antisémitisme en France :
https://www.bfmtv.com/societe/religions/l-ecole-est-le-premier-lieu-d-exposition-a-des-agressions-antisemites-en-france-selon-une-enquete_AN-202201260204.html

L'avenir me fait peur...

A moi aussi...

Tontondubled a écrit:
Déjà en 2002, un livre fameux, Les Territoires perdus de la République, alertait sur le développement de la haine des juifs dans certains établissements. Mais cet ouvrage n'avait à l'époque suscité que mépris et incrédulité de la part d'une certaine presse bien pensante...

Les exemples d'antisémitisme donnés dans l'article concernent des établissements privés de quartiers bourgeois de l'Ouest parisien. Cela ne rend pas l'article plus rassurant, mais on est loin de supposés "territoires perdus".

Tontondubled a écrit:L'avenir me fait peur...

Ce pays est devenu une cocotte minute infernale et des cuisiniers sous cocaïne sont aux fourneaux. Rendez-vous dans un mois. Il se peut bien que pour se faire peur, le présent finisse largement par suffire.

J'ai exercé dans des établissements où prononcer le mot "juif" déclenchait immédiatement des ricanements, c'était épouvantable. C'est moins le cas du collège où j'exerce, mais chaque années des élèves y sont sanctionnés pour propos racistes, homophobes ou sexistes.

Le quotidien est parfois compliqué cette année, entre les stéréotypes du style les juifs et l'argent, les croix gammées, quelques élèves fascinés par Hitler alors qu'il ne les aurait pas épargnés, et un collègue à la limite du harcèlement (ça, c'était vraiment le pompon).
Quand j'ai osé parler du décret Crémieux, un élève m'a dit en boucle que ce n'était pas possible qu'il y avait des Juifs en Algérie. C'était inconcevable pour lui.
J'ai eu une inquiétude pour quelques uns de mes élèves toute l'année, on leur a effectivement dit d'être discrets.

Je crois qu'effectivement, il n y a pas de différence entre établissements difficiles et huppés sur ce point.

C'est horrible... et parallèlement il y a 2 mois la fille de ma cousine qui est en primaire à Saint Denis a été mise à l'écart puis harcelée par plusieurs de ses amies, parce qu'elle mangeait du porc et que son père est marocain... L'école a essayé de régler les choses, mais cela devenait difficile, elle se renfermait, ne voulait plus aller en classe. Finalement, ma cousine l'a mise dans l'école privée de la ville.

Tontondubled a écrit:L'article du journal Le Monde est effectivement effrayant. Absolument effrayant !

Le phénomène de l'antisémitisme à l'école n'a cessé de s'aggraver depuis plus de 30 ans.

Déjà en 2002, un livre fameux, Les Territoires perdus de la République, alertait sur le développement de la haine des juifs dans certains établissements. Mais cet ouvrage n'avait à l'époque suscité que mépris et incrédulité de la part d'une certaine presse bien pensante...

Plus récemment en 2022, une enquête a démontré que l'école était devenue le premier lieu d'exposition à l'antisémitisme en France :
https://www.bfmtv.com/societe/religions/l-ecole-est-le-premier-lieu-d-exposition-a-des-agressions-antisemites-en-france-selon-une-enquete_AN-202201260204.html

L'avenir me fait peur...

Je ne comprends pas ce phénomène, mais j'avais été surprise, il y a maintenant plus de 25 ans, une amie m'avait raconté comment en fac de médecine elle fréquentait une autre fille avec qui elle avait sympathisé, et à priori déjà à l'époque cette fille juive pratiquante cachait ses convictions religieuses et ses pratiques religieuses de peur d'être ciblée. Cela m'avait beaucoup surprise, je ne comprenais pas pourquoi sa religion ou pratique religieuse pouvait poser problème ne comprends toujours pas pourquoi cela devrait poser problème. Les personnes juives de France qui vivent leur vie ne sont pas comptables de ce qui se passe en Israël ou je ne sais où ailleurs, si tant est que cela soit une des raisons du phénomène.

Cela ne dit pas grand chose sur les enfants, mais beaucoup de choses sur leurs parents et leur milieu.
Il n'était pas bon être juif à Stan dans les années 70 où s'exprimait sans complexe non seulement le vieil antisémitisme catholique des familles de la haute, mais aussi celui de la collaboration bon teint ou crapuleuse, relayée par les petits fafs en devenir, y compris aux scouts, y compris en présence de juifs tant cela tenait de l'évidence. On disait en toute innocence "se faire juiver" pour escroquer. Je l'ai dit en toute innocence moi-même dans ma famille à moitié juive devant mon père résistant.
Donc pour la nouveauté...
En revanche, il existe d'autres traditions antisémites nord africaines, musulmanes qui ont trouvé dans le conflit israélo-palestinien largement de quoi s'exprimer. Entre l'ancien antisémitisme jamais complètement éteint et le "nouveau" attisé par le conflit, les enfants trouvent largement de quoi entretetenir le folkore cruel des cours de récréation dans la "culture" de la famille et du quartier. C'est désespérant et sans fin.

A Tuin : C'est une manière de ne pas être pris pour cible... parce que malheureusement, c'est dans le quotidien. Et ça ressort, encore plus vivement, dans les périodes de tension.
On a conseillé à certains élèves d'être discrets cette année. J'ai une direction qui sanctionne, mais ça reste difficile à vivre.

Alors qu'il suffirait d'écrire et de dire "Cessez le feu" pour apaiser toutes ces tensions.

L'enquête “radiographie de l'antisémitisme - France” de cette année indique clairement que l'école, le collège, le lycée et les facs sont des lieux d'exposition aux agressions antisémites.
Ce n'est pas entièrement nouveau — mais depuis 8 mois, c'est plus qu'une augmentation : une explosion.

Nous avons déjà eu des 3e qui soutenaient B*rd*ll*....plus rien ne m'étonne...

Les discours et actes de propagande politique leur sont strictement interdits — depuis le 31 décembre 1937 : il faut les sanctionner sévèrement (Jean Zay indiquait : “Toute infraction caractérisée et sans excuse sera punie de l'exclusion immédiate de tous les établissements du lieu où elle aura été commise. Dans les cas les plus graves, cette exclusion pourra s'étendre à tous les établissements d'enseignement public.”).

Je précise qu'il s'agit d'une opinion qu'ils exprimaient hors cours....

Dans l'enceinte du collège : c'est interdit.

Ailleurs, à l'extérieur — mais pas aux abords immédiats en créant des troubles.

J'ai effacé mon message parce que, en effet, il aurait fallu que j'ajoute que l'école n'est pas le lieu pour faire de la propagande, ce qui aurait fait dévier le fil encore plus. Il faut distinguer la manifestation d'une adhésion idéologique du prosélytisme ou la propagande, ou du simple fait d'empêcher les cours.

sakadoïde a écrit:Alors qu'il suffirait d'écrire et de dire "Cessez le feu" pour apaiser toutes ces tensions.

C'est du second degré ?