Neo défi lecture 2024 - Ici, on papote!

Oudemia a écrit:Quand j’ai commencé à lire Ruth, un roman d’Élizabeth Gaskell que je ne connaissais pas,  je ne savais pas où je pourrais le caser. Il m’est apparu rapidement que ce serait dans l’item Séduction, puisque c’est le sort de l’héroïne (encore que je suis demandé pendant un certain temps si c’était bien une séduction complète, mais quand elle s’est retrouvée enceinte, c’était enfin clair -et c’est au détour d’une conversation qu’on apprend qu’elle avait été conduite à Londres avec « carte blanche » pour faire des achats dans les magasins élégants-) ; séduite et abandonnée, bien sûr, donc en passe d’être rejetée de tous,  mais elle est recueillie par un généreux pasteur qui  la présente comme une veuve respectable, quoique ce mensonge lui coûte, comme à son entourage. J’ai donc pensé à Hors des sentiers battus,  car cette position est tout à fait inhabituelle, et quand le secret est découvert, il y persiste, et la romancière victorienne (l’action du roman, elle, se situe au milieu du XVIIIe s.), elle aussi, brave les convenances de la société en présentant la pécheresse de façon positive.
Mais finalement je choisis l’item 28 Ombre et lumière : Ruth émerge peu à peu de l’ombre où sa faute l’avait plongée,  elle y est reléguée quand celle-ci est connue de tous, mais elle en sort encore, et les dernières pages insistent sur cet aspect : « le visage soudain rayonnant de lumière céleste », «son visage était calme et lumineux », «Je vois la Lumière ». C’est une lecture très agréable, avec des épisodes inattendus, de belles descriptions, des personnages secondaires intéressants (dont deux passent de la lumière à l'ombre...).
Un détail de traduction : j’ai sursauté en lisant « Ruth lui fut plus gré de ce silence qu’elle ne fut reconnaissante etc. », ce qui a échappé à la « relecture fine et sensible » de la personne mentionnée au verso de la page de titre  
J'ai un autre roman victorien en cours, un Trollope cette fois,

Quand j'étais ado j'allais chez ma grand tante qui avait de très beaux livres dont une collection des meilleurs romans du 19 ème de chaque pays, La  comédie universelle. J'y ai découvert de nombreux auteurs y compris chinois, japonais, sud américains et parmi eux une certaine Elisabeth Gaskell dont j'ai dévoré l'adorable Cranford ( j'y ai aussi découvert le Shirley de Charlotte Brontë). Ça me donne bien envie de lire ce Ruth si je mets la main dessus !

Merci Oudemia !
En effet, le style de Mitterrand est nettement au-dessus des autres Je n'avais pas particulièrement aimé L'anomalie, mais là, on est dans un autre registre. J'avais eu d'autres idées pour ce défi, le hasard total a bien fait les choses.

Clecle, c'est publié en Phébus, mais je l'ai emprunté à la bibliothèque.

Je vais essayer de le trouver alors ! Ça fait remonter plein de souvenirs émerveillés. C'était vraiment pour moi la caverne d'Ali Baba, cette bibliothèque remplie de bouquins souvent oubliés aujourd'hui mais la plupart du temps passionnants et représentatifs de leur pays.

Salut et tout d'abord, une très belle et heureuse année 2024, pleine de découvertes littéraires !
Je souhaite rejoindre le Neo défi 2024 !
Pour Noël, on m'a offert "La Tresse" et mon beau-frère me l'a recommandé. Je vais donc commencer par ce roman qui évoque en partie l'Inde (44).

fioufiou a écrit:Salut et tout d'abord, une très belle et heureuse année 2024, pleine de découvertes littéraires !
Je souhaite rejoindre le Neo défi 2024 !  
Pour Noël, on m'a offert "La Tresse" et mon beau-frère me l'a recommandé. Je vais donc commencer par ce roman qui évoque en partie l'Inde (44).

Bienvenue, tu n'as plus qu'à copier-coller ta liste sur ce fil de discussion:

https://www.neoprofs.org/t142623p25-neo-defi-lecture-2024-les-listes-des-participants?highlight=liste+des+participants

et cocher les items au fur et à mesure de ta progression.


Des débuts laborieux pour moi, je suis dans une période où j'ai moins envie de lire mais avec quatre items cochés je suis largement dans les temps pour l'instant.

Dernière lecture;

29. Un livre qui concerne un auteur, une autrice ou un artiste ayant existé: L'autre George, À la rencontre de George Eliot, de Mona Ozouf


Grande romancière victorienne, George Eliot n'est pas forcément très connue en France (même si ses œuvres sont disponibles en édition de poche et peut-être aussi en Pléiade). Mona Ozouf est historienne et spécialiste de la Révolution française mais elle a aussi écrit des livres de critique littéraire sur Henry James par exemple et ici sur George Eliot, qui a commencé sa carrière sous un pseudonyme masculin pour ne pas être réduite à sa condition féminine, comme notre George Sand nationale.

Les trois premiers chapitres sur les trois grands romans: Middlemarch, Le Moulin sur la Floss (que Proust adorait) et Daniel Deronda m'ont intéressé, le reste du livre un peu moins car il y a peu de chances que je me lance dans la lecture de Felix Holt ou Adam Bede.

George Eliot est une romancière que je trouve parfois un peu trop cérébrale, même si elle est capable d'humour, et elle a eu une vie intéressante: par exemple elle a vécu des années avec un homme marié (séparé de sa femme) et après sa mort a épousé un homme qui avait vingt ans de moins qu'elle.

Je ne sais pas si je conseillerais la lecture de ce livre à quelqu'un qui ne connaîtrait pas les romans de George Eliot car Mona Ozouf y raconte les intrigues en détail donc plus trop de suspense quant au devenir des différents personnages.

Ce livre pourrait convenir pour d'autres items: 7. Un livre féministe, 41. Un livre écrit par un historien ou 17. Trois a dans le titre, donc il est possible qu'il bouge dans ma liste.

J'aime beaucoup Georges Eliot. Je vais essayer de trouver cette biographie.

Clecle78 a écrit:J'aime beaucoup Georges Eliot. Je vais essayer de trouver cette biographie.

Le livre est publié en Folio donc très facile à trouver mais ce n'est pas une biographie, c'est plutôt un essai critique (mais pas une étude universitaire non plus).

Merci pour ton aide, Caspar !

Tu me donnes envie de lire cet ouvrage sur George Eliot.

fioufiou a écrit:Merci pour ton aide, Caspar !

Tu me donnes envie de lire cet ouvrage sur George Eliot.

Ça m'a donné envie de relire George Eliot, même si je n'étais pas venu à bout de Daniel Deronda. On ne va pas se mentir, il y a parfois des longueurs et des passages un peu abscons (pour moi en tout cas) mais ça vaut quand même le coup.

Si on veut commencer tout doucement il y a Silas Marner, un roman bref et très charmant.

Il me semble que Virginia Woolf a dit de Middlemarch que c'était le seul roman anglais écrit pour adultes. On le compare souvent à Guerre et Paix ou à Balzac.

Mona Ozouf a aussi écrit un livre sur Henry James, La muse démocratique, mais il est plus difficile à trouver.

J'ai lu Sauveur et fils saison 7 de Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail (2023) et comme Clépatra2, j'ai retrouvé avec plaisir le psychologue Sauveur Saint-Yves, ses patients (nouveaux et anciens) et sa famille recomposée. Je classe le livre dans le défi 46 "Écoute" (activité principale et qualité professionnelle de Sauveur) mais il convient aussi au 43 ("un auteur dont le prénom ou le nom est composé") et au 2 ("un auteur dont le prénom ou le nom est aussi un nom commun": Constance).

Pour le défi 11 ("Rois, reines, empereurs et impératrices et autres chefs d'État"), j'ai sélectionné dans ce que me proposait ma médiathèque favorite Héros de la République (Le ministère secret tome 1) de Joan Sfar et Mathieu Sapin (2021), qui convient aussi pour le défi 2 ("un auteur dont le prénom ou le nom est aussi un nom commun": Sapin).
Dans cette bande dessinée, les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, accompagnés du dessinateur Mathieu Sapin, s’associent pour sauver le monde attaqué secrètement par d’hideuses créatures reptiliennes. C’est du grand n’importe quoi mais ça m’a bien plu ! Y compris la façon dont les cartouches racontent ce qui se voit sur la vignette. Dans ce récit absurde vous croiserez aussi Poutine, Albert de Monaco, Trump… et une guest-star !

J'aime beaucoup Middelmarch ! J'avais découvert Silas Marner dans la bibliothèque de ma grand tante dont j'ai parlé plus haut.

J'aime beaucoup Middelmarch ! J'avais découvert Silas Marner dans la bibliothèque de ma grand tante dont j'ai parlé plus haut.

Je m'aperçois que j'ai oublié d'autres lectures dont je croyais avoir déjà rendu compte :

Pour le défi 17 (un livre avec trois « a » dans le titre) : Passager du rivage de Louis Bertholom (2023), recueil que l'on m'a offert à Noël et qui mêle quelques poèmes en vers et surtout des chapitres évoquant les promenades de l'auteur breton sur un coin de la côte finistérienne, le tout accompagné de photographies de Jean-Michel Hérin. Les vers ne m'ont pas "parlé", les descriptions et méditations davantage, et j'ai appris quelques mots (comme "l'estran").

Pour le défi 9 ("Un « book about books ») : Petit éloge de la lecture de Pef (2015), trouvé dans la collection Folio à 3 euros. Pas inoubliable mais sympathique. Pef est l'auteur de La belle lisse poire du prince de Motordu, que j'avais adorée enfant.

Enfin je valide le défi 36 sur les hors-la-loi avec un roman policier, La dent du serpent de Craig Johnson (2013), auteur que j'ai toujours autant plaisir à lire tant pour la simplicité et l'humour de son écriture que pour retrouver ses personnages (le shérif Longmire, son meilleur ami Henry Standing Bear surnommé "la Nation cheyenne", son adjointe et petite amie explosive Victoria Moretti...) dans le cadre sauvage du Wyoming.

Clecle78 a écrit:J'aime beaucoup Middelmarch ! J'avais découvert Silas Marner dans la bibliothèque de ma grand tante dont j'ai parlé plus haut.

Si j'en relis un, ce sera celui-là, mais je garde également un très bon souvenir de Silas Marner également. Ma période victorienne est bien lointaine mais j'ai quand même avalé pas mal de romans de cette époque dans ma jeunesse.

Je viens enfin de m'extirper de Klara et le soleil d'Ishiguro, lu pour le défi "objets inanimés", et je dois dire que je suis un peu dépitée. J'ai bien accroché au début du roman, parce que j'ai d'abord trouvé pertinent le choix de l'auteur d'aborder la dystopie de façon assez allusive et de passer par le point de vue de l' "amie artificielle", mais j'ai trouvé qu'il y avait quelques incohérences et longueurs, et j'ai un peu traîné pour finir le roman.

Pour changer totalement de style, j'ai commencé Ségurant, le chevalier au dragon, qui a sans doute été le cadeau de l'avent ou de Noël d'une proportion effarante de profs de Lettres
Je pense le caser dans la catégorie "trompeuses apparences".

43. Un livre écrit par un auteur dont le prénom ou le nom est composé. Nous traverserons des orages d'Anne-Laure Bondoux : Saga familiale sur quatre générations. Un homme raconte à son fils, l'histoire de leur famille à travers le destin tumultueux de 4 hommes. Un texte incroyable sur les non-dits qu'on étouffe, une magnifique fresque du XXe siècle et du début du XXIe
Publié chez Gallimard Jeunesse, mais je ne trouve pas qu'il s'adresse particulièrement aux jeunes.

Bartlebooth a écrit:Je viens enfin de m'extirper de Klara et le soleil d'Ishiguro, lu pour le défi "objets inanimés", et je dois dire que je suis un peu dépitée. J'ai bien accroché au début du roman, parce que j'ai d'abord trouvé pertinent le choix de l'auteur d'aborder la dystopie de façon assez allusive et de passer par le point de vue de l' "amie artificielle", mais j'ai trouvé qu'il y avait quelques incohérences et longueurs, et j'ai un peu traîné pour finir le roman.

Pour changer totalement de style, j'ai commencé Ségurant, le chevalier au dragon, qui a sans doute été le cadeau de l'avent ou de Noël d'une proportion effarante de profs de Lettres
Je pense le caser dans la catégorie "trompeuses apparences".

Ce n'est pas mon Ishiguro préféré, et j'aurais aimé moins d'allusions et plus de world building pour comprendre ce mystérieux futur. Cependant le procédé est original (la narratrice est une IA) et la fin est très touchante.

Puisqu'on parlait de François Mitterrand un peu plus haut, je valide le défi "objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" avec Le chapeau de Mitterrand, de Antoine Laurain (titre suggéré par la lecture d'un précédent livre qui l'évoque, Un clafoutis aux tomates cerises). Le résumé de Babelio : "Un soir à Paris, Daniel Mercier, comptable, dîne en solitaire dans une brasserie, quand un illustre convive s'installe à la table voisine : François Mitterrand. Son repas achevé, le président oublie son chapeau, que notre Français moyen décide de s'approprier en souvenir. Il ignore que son existence va en être bouleversée. Tel un talisman, ce célèbre feutre noir ne tarde pas à transformer le destin du petit employé au sein de son entreprise. Daniel aurait-il percé le mystère du pouvoir suprême ? Hélas, il perd à son tour le précieux objet qui poursuit sur d'autres têtes son voyage atypique au sein de la société française des années 1980."

Une petite fable dans le Paris des années 1980 ; on y croise pêle-mêle Jack Lang, le Minitel, les controverses sur la pyramide du Louvre en pleine édification, des célébrités en devenir comme Jean-Michel Bastiat...  Léger, un peu loufoque, amusant.




Et dans un registre beaucoup moins léger, pour le défi 20, "Un livre dont le titre évoque un personnage décédé dans le livre", Sauf que Sam est mort, de Marianne Brisebois.

Sam, c'est Samuel, un jeune homme drôle, bavard, sensible, toujours en éveil, toujours élégant ; le grand amour d'Alexandra, le colocataire et meilleur ami de Jean-Thomas. À trois, ils étaient bien, heureux, fusionnels, inséparables. Sauf que Sam est mort. Brusquement. Une poignée de secondes, un accident de la route un jour de mauvais temps, et c'est fini : Alex et Jean-Thomas restent seuls, leur trio amputé d'une immense partie de lui-même.

Le récit alterne entre passé et présent, mettant en parallèle avec beaucoup de justesse le cocon que ces trois jeunes adultes se sont construits, un peu en marge des autres, se suffisant à eux-mêmes ; et la façon dont ce cocon a volé en éclats quand Sam a disparu. Le vide et l'horreur des premiers jours après l'accident, l'envie de disparaître eux aussi, la culpabilité - tous ces "si seulement... !", les réactions de leur entourage - cet entourage qui ne sait plus comment réagir, qui ne comprend pas toujours, qui tente bien maladroitement de consoler ou se laisse emporter par son propre chagrin...

Quelques longueurs au fil du roman mais des personnages touchants, émouvants, qui sonnent souvent juste. Attention pour les lecteurs potentiels : Marianne Brisebois est québécoise, le texte est donc rédigé en français québécois, ça ne gêne pas spécialement la compréhension mais ça peut surprendre voire rebuter au début.

Je me demande si je n'ai pas déjà lu cette histoire du chapeau
À vérifier, au pire ce sera une relecture.

1. Un livre dont la couverture est verte: Mitsuba (premier volume de la pentalogie Au cœur du Yamato, d'Aki Shimazaki)


Il faudra me faire confiance pour la couleur car je n'arrive plus à insérer d'image sur le forum, rien ne fonctionne. "Mistuba" signifiant trèfle, toutes les éditions de ce livre sont plus ou moins vertes.

Aki Shimazaki est une romancière néee au Japon en 1954 mais elle vit au Québec depuis 1991 et écrit en français (ces romans se passent principalement au Japon en revanche). Je l'ai découverte par hasard dans une librairie.

Je passe en majuscules pour vous dire que cette autrice est une MAGNIFIQUE DÉCOUVERTE. J'en suis à mon deuxième roman et j'ai envie de tout lire: plus de quinze romans, mais très courts (ce sont pourtant bien des romans et pas du tout de longues nouvelles), dont trois "pentalogies", séries de cinq romans où des thèmes et des personnages se retrouvent mais qu'on peut lire indépendamment les uns des autres.

Je ne veux pas trop en dire pour ne pas divulgâcher l'histoire mais ce roman semble anodin au premier abord (comme Suzuran, que j'ai lu en décembre): un style assez neutre et sans effets, des personnages et des situations ordinaires...mais en fait ils sont poignants et ils vous restent en tête après la lecture. Il s'agit d'une tragédie douce, sans éclats de voix, ou tout se passe sous la surface (très japonais donc) mais qui vous laisse au bord des larmes et le cœur serré. On y trouve aussi une description de la cruauté de la société et de la grande entreprise japonaises, mais de façon beaucoup plus subtile que chez Amélie Nothomb.

Bref, nous ne sommes qu'en janvier mais ce roman est déjà candidat pour mon Top 5 je pense, on verra si mon enthousiasme est retombé d'ici là.

Je ne fais pas partie du défi mais tu me donnes envie de le lire !

nono a écrit:Je ne fais pas partie du défi mais tu me donnes envie de le lire !

Merci. J'en ai encore deux dans ma bibliothèque, dont un peut aussi enterre dans le défi je pense. En plus, ce sont des romans courts et vite lus, parfaits pour bien avancer dans le défi.

J'avais beaucoup aimé la pentalogie Le temps des secrets alors devant ton enthousiasme je viens de réserver les cinq tomes à la médiathèque car ce que j'avais par dessus tout apprécié dans Le temps des secrets c'est que chaque livre modifie voire renverse la perspective des autres.

nicole 86 a écrit:J'avais beaucoup aimé la pentalogie Le temps des secrets alors devant ton enthousiasme je viens de réserver les cinq tomes à la médiathèque car ce que j'avais par dessus tout apprécié dans Le temps des secrets c'est que chaque livre modifie voire renverse la perspective des autres.

Ça me donne très envie de lire les trois pentalogies...

Ça fait longtemps que je n'ai pas lu de littérature japonaise, je note ça dans un coin aussi.

C'est un peu plus difficile de caser des lectures non professionnelles depuis la reprise mais je continue sur ma lancée (et je pense que je dépasse le nombre de lectures de l'unique fois où j'avais essayé de participer, preuve que mon emploi du temps est tout de même bien plus gérable  ). J'ai abandonné l'idée de mettre dans Séduction le recueil d'articles que j'ai commencé à lire sur les femmes écrivains et les personnages de femmes après ma lecture des essais sur Ibsen, qui me semblent s'éloigner de l'idée de séduction. Je le mettrai peut-être ailleurs.

Je me rabats donc sur ma découverte de la semaine avec le premier volume d'un cycle de trois romans (j'ai cru comprendre qu'un quatrième était en cours, et au départ, il y a une nouvelle très courte que j'ai lue après et qui se passe d'ailleurs bien des années après les romans).

The Calculating Stars de Mary Robinette Kowal (traduit par Vers les étoiles, paru en 2018 pour la version originale et 2020 pour la traduction française). Je le mets dans 5. Séduction (de la conquête spatiale), il entrerait aussi en VO dans l'item du titre avec trois « a ».

Résumé:

C'est un roman plein de défauts. Les images kitschissimes de lancement de fusées and co pour les scènes de sexe passent difficilement une fois, mais alors plusieurs fois, ça devient un peu grinçant (mais le tome 3 en fait une spécificité d'Elma). L'aspect scientifique est à la fois omniprésent pour les calculs et mis de côté (vivre sur la Lune, aucun souci, ça se fera en un claquement de doigts, idem pour aller et vivre sur Mars manifestement, on est très loin de la trilogie martienne de KS Robinson sur ces questions), les politiques sont assez facilement convaincus, et il n'y a guère que Parker, le commandant misogyne et aux mains baladeuses pendant la guerre qui fasse office d'obstacle un peu persistant vis-à-vis de l'idée que les femmes pourraient quand même vaguement être astronautes, et que de toute façon, si l'idée est de créer des colonies, il va bien en falloir.

Ça ne se voit pas avec le paragraphe ci-dessus, mais je l'ai dévoré. Les raisons en sont très personnelles, je ne les développerai donc pas totalement.
Son personnage principal, Elma, juive et sudiste, est aussi ambitieuse et consciente de ses compétences qu'à côté de la plaque sur de nombreux sujets principalement son aveuglement initial sur les réfugiés sauvés exclusivement blancs, sur des réflexes de pensées qui la font ignorer totalement les noirs et sur la question des minorités raciales de manière générale. Mais elle apprend, au contact du couple Lindholm qui les recueille à proximité de la base intacte la plus proche de l'impact, elle et son époux. Et surtout, Elma passe son temps à entendre la voix de sa mère lui demandant ce que les gens en penseraient, et elle est régulièrement une crise d'angoisse ambulante, à deux doigts d'un effondrement invalidant (et parfois en plein dedans).
Un regret néanmoins, j'aurais aimé que son époux soit un peu plus développé pour lui-même, de même que les autres personnages, mais je ne boude pas le plaisir eu d'abord à dévorer un livre au point de laisser d'autres choses de côté, et le plaisir à lire du soutien et de la coopération.

Je mets le tome 2, The Fated Sky (2018, Vers Mars, 2021) dans 6. Déplacement (géographique et thématique). On prend les mêmes, mais il est cette fois question du voyage vers Mars, on est en 1961. Équipes internationales, sauf que voilà une des amies Taïwanaise et championne d'échecs d'Elma évacuée de la mission au dernier moment pour qu'Elma soit le visage médiatique de la mission (à la suite, entre autres, d'une prise d'otages lors de son retour d'une mission lunaire). Les questions de sexisme se déplacent davantage sur les questions raciales dans ce tome, notamment parce que l'Afrique du Sud, grand contributeur financier, voudrait bien que les navettes soient ségréguées.
L'antagoniste du tome 1, Parker, gagne en profondeur et on apprend enfin des choses qui restaient en suspens dans le 1, ce que j'ai plutôt apprécié. Quelques redites par rapport au 1, cependant, mais en retour, on obtient le développement d'un (plusieurs?) groupuscule « Terre d'abord » qui s'oppose aux énormes budgets mis dans la conquête spatial et souhaitent un redéploiement de ces budgets au profit des habitants de la Terre, dont beaucoup, entre autres pour questions médicales, n'ont aucune perspective d'aller dans l'espace.

Pour le tome 3:

7. Un livre féministe ou sur une femme (réelle) qui a marqué son temps.
Marion Olité, Buffy, ou la révolte à coups de pieu (2023). Un cadeau d'une amie, l'essai d'une journaliste (Têtu, Madmoizelle) sur la série Buffy. Ça se lit très vite, c'est une bonne synthèse, qui explore à la fois les thèmes féministes de la série (et des séries en général) et les points ambigus, les contradictions, les limites aussi -- notamment dans la continuité des déclarations récentes d'actrices et acteurs sur Joss Whedon --, du fait de la mainmise d'une personne sur les arcs narratifs, et les interdits posés par la chaîne. Le concept se décline beaucoup en ce moment, et je gravite un peu trop autour pour me prononcer complètement, mais sa lecture de certains passages de la série via le care m'a plutôt intéressée.

J'y avais pensé pour l'item précédent, mais il ira finalement dans 8. Hors des sentiers battus, Anne Crignon, Une belle grève de femmes : Les Penn Sardin, Douarnenez, 1924 (2023). Encore un essai assez rapide à lire sur une histoire bien connue dans le coin, la grève de plus de deux mille ouvrières des usines de sardines à Douarnenez pendant six semaines à l'hiver 1924-1925 pour obtenir l'augmentation du tarif horaire, la prise en compte du travail de nuit et des heures supplémentaires (et accessoirement le respect du droit du travail et des horaires journaliers sur lesquels les patrons du milieu s'asseyaient complètement), mais que je n'avais jamais lue en détails.
Anne Crignon emprunte son titre au premier récit écrit sur le sujet par la syndicaliste Lucie Colliard en 1925 et passe en revue les moments-clés de cette grève pourtant vouée à l'échec (le rapport de force financier étant nettement défavorable aux ouvrières). Elle narre sa redécouverte des lieux et des actions, avec son petit chien (il y est souvent question de petit chien, celui du maire de l'époque, Le Flanchec, aussi). Elle donne des noms, des voix à ces femmes, dont certaines avaient déjà participé aux grèves de 1905. Elle explique les réticences du préfet du Finistère à mobiliser les gendarmes contre les ouvrières, notamment parce qu'il soutenait officieusement cette grève, l'élection du premier maire communiste, l'implication de la CGTU et les financements obtenus à Paris, les paroles du ministre du travail Justin Godart contre les patrons, les articles de presse qui défendent les grévistes. On y croise aussi Charles Tillon, futur fondateur des FTPF (et Le Flanchec, lui, est mort à Buchenwald), Josephine Pencalet, première femme élue aux élections municipales de 1925 (son élection a évidemment été invalidée a posteriori)...

Encore une lecture optimiste, appréciable par les temps qui courent.