- naujeNiveau 9
Tangleding a écrit:Disons que le 1er mai est un jour férié particulier pour les travailleurs. Et bon c'est un concours interne, destiné à des professeurs. J'apprécierais moyennement d'être convoqué un premier mai.
25% de postes en moins dans le privé cette année ! cela fera moins de candidats à faire passer ! disons 10 pour 5 postes ! :|
ils pourront arrêter le 30 avril ...
- TangledingGrand Maître
Le seul jour chômé et payé pour être exact. Hors cas particulier. Mais les oraux de l'agrégation ne devraient pas figurer parmi les exceptions.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- TangledingGrand Maître
Le truc énervant dans ce sujet, c'est qu'il est impossible de parler réellement de la musique du texte sans faire précisément référence à un fragment un minimum développé. Ce qui ne correspond absolument pas aux conditions de l'épreuve. De fait l'intérêt du sujet est en grande partie détourné par l'impossibilité pratique de le traiter convenablement. La musique d'un texte, a fortiori d'une oeuvre, ne se traite pas par dessus la jambe.
Bref ce sujet m'énerve.
Bref ce sujet m'énerve.
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- Tessa103Niveau 6
Tangleding a écrit:Le truc énervant dans ce sujet, c'est qu'il est impossible de parler réellement de la musique du texte sans faire précisément référence à un fragment un minimum développé. Ce qui ne correspond absolument pas aux conditions de l'épreuve. De fait l'intérêt du sujet est en grande partie détourné par l'impossibilité pratique de le traiter convenablement. La musique d'un texte, a fortiori d'une oeuvre, ne se traite pas par dessus la jambe.
Bref ce sujet m'énerve.
Je me suis fait cette réflexion. Pour traiter le sujet vraiment au mieux, il aurait fallu avoir des éléments précis à analyser (notamment pour la notion de lyrisme, j'ai aussi évoqué le Pétrarquisme pour montrer le cheminement poétique et philosophique qui tendent à l'Idéal ) or il est impossible d'apprendre des passages si longs et particuliers (enfin, moi, je ne peux pas).
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" “Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.” Jean d'Ormesson
Mon blog :https://lepavillondediane.wordpress.com/
- e-WandererGrand sage
Pour ma part, je trouve cette citation jolie, élégante, bien écrite ou tout ce qu'on voudra, mais quand même largement à côté de la plaque. On n'est pas loin de Glenn Gould massacrant Bach, pour donner une idée du contresens… Bref, le gars se regarde écrire et se fait plaisir avec de jolies formules et un titre aguicheur, mais question justesse, on repassera !Marisu a écrit:Bonsoir,
et bravo à tous d'avoir bravé le concours! J'ai suivi vos échanges avec intérêt, je suis désolée que vous n'ayez pas aimé Rousseau... le roman est très long et si on n'a pas les clés de lecture, c'est une torture. Surtout quand on doit en même temps faire cours, s'occuper d'une famille et gérer le quotidien... Mais quand on en comprend les enjeux, c'est un délice.
J'ai fait le cours pour les externes et les internes, alors je me permets d'intervenir pour aider ceux qui pourront passer aux oraux et ceux qui voudraient retenter leur chance l'année prochaine. J'espère que mon message ne vous dérangera pas.
- A lire seulement si le cœur vous en dit...:
Deux mots à propos de ce sujet. Il n'y a pas anguille sous roche, enfin, si on a bien compris le roman de Rousseau!
Le mention du père est importante, non pas à cause du père (qui n'a jamais maltraité Rousseau, mais qui disparaît vite de sa vie), mais par le contexte. Le passage où le père dit à Jean-Jacques "allons nous coucher, je suis plus enfant que toi", intervient au début du premier livre des Confessions: Rousseau y explique qu'il n'a pas de souvenir avant l'âge de 7 ans, et de ses premières lectures, qui sont le début de la conscience continuelle de son existence. Or, ces premières lectures, c'était les romans que sa mère avait laissés dans la bibliothèque de la famille, et qu'il lisait le soir avidement avec son père... Plus significatif encore, ce passage commence par une phrase très importante dans la pensée de Rousseau: "Je sentis avant de penser, c'est le sort commun de l'humanité". Autrement dit, le jeune Rousseau a appris à sentir grâce à la lecture, avant même que d'apprendre à penser, et cela a profondément marqué son existence.
Le sujet pose donc la question de la manière de lire la NH. Selon Darnton, Rousseau propose à son lecteur de lire "comme un enfant". On voit donc le lien avec la mention du père... en élargissant la comparaison, Darnton parle aussi de l'étranger, du provincial, du reclus, autrement dit de personnes qui sont libérées de toute détermination sociale, et qui peuvent donc garder la spontanéité et la pureté du sentiment premier, qui ne sont pas influencées par des préjugés esthétiques ou sociaux (ce que Rousseau craint). Et lire comme un enfant, c'est avant tout sentir.
Or, quel peut être le langage du sentiment? Rousseau en a parlé, non pas tant dans la NH, mais dans son Essai sur l'origine des langues: la première forme de langage de l'homme, c'est la musique et la poésie... c'est pourquoi Darnton insiste sur le fait que les lettres sont "des hymnes". Et la question de la musique est très importante dans la NH...
Comment intégrer cela à une problématique? Je pense qu'on pouvait, à partir de cette citation, interroger la poétique romanesque et la lecture qu'elle demande. Car Rousseau propose avec la NH un nouveau type de roman, qui repose sur un nouveau langage et demande donc une lecture active, différente de celle à laquelle les lecteurs de son temps étaient habitués.
On aurait donc pu proposer un plan à partir de ces éléments:
1. Une première partie pour étudier la nouveauté expressive du roman, qui essaie de faire communiquer les âmes (la musicalité de l'œuvre, la dimension symphonique du roman épistolaire, l'expressivité stylistique qui bouleversent les codes romanesques). Vous auriez pu utiliser là l'idée de "transparence" définie par Starobinski.
2. Une deuxième partie dans laquelle on pourrait montrer que la NH n'est pas pour autant un roman simpliste ou enfantin, et que la communication des âmes repose malgré tout sur une construction rigoureuse et répond à un projet intellectuel certain: on aurait pu étudier la double inspiration de l'œuvre, roman sentimental mais aussi didactique, ou plutôt didactique parce que sentimental, car pour Rousseau il faut d'abord sentir pour pour pouvoir penser...
3. Une troisième partie pour revenir sur le projet poétique de Rousseau: le roman moral, le roman des belles âmes, d'une vertu qui trouve dans l'amour la force de se sublimer et qui s'inscrit dans un projet philosophique plus large: défendre l'innocence première de ces personnages qui ont su préserver leur cœur des influences de la société, qui sont restés innocents même dans leurs fautes, et qui ont su constituer une société répondant aux principes d'humanité (on peut alors étudier le cas de Clarens, y compris dans ses ambiguïtés).
Enfin, je ne vous propose que quelques idées, sur lesquelles on peut encore discuter... j'espère au moins que cela pourra éclaircir votre lecture du sujet, qui était en fait très riche et très beau, même si un peu difficile sans doute...
Bonne soirée à tous, et repos maintenant! vous l'avez largement mérité.
Sans rire, comment un spécialiste de la littérature des Lumières peut-il sérieusement penser que Rousseau nous invite à "nous délester du bagage culturel des adultes", alors que l'ensemble de la NH est un gigantesque jeu de variations et de décalques à partir des codes de la rhétorique épistolaire, décrite en long en large et en travers depuis Erasme, par les "secrétaires" mondains, par les traités de rhétorique, et qui constituent la BASE de la culture de l'honnête homme ? Lettres de requête, lettres de reproche (surtout), lettres de mise en garde (monitoires)… Le regard de l'enfance ou du provincial, tu parles ! C'est ultra-codifié, d'une précision chirurgicale sous la plume de Rousseau !!! La conjugaison de ces codes avec un nouveau langage ou une nouvelle philosophie de la sensibilité, OK, c'est un horizon intéressant. Mais la table rase et le regard neuf, quelle niaiserie ! C'est un peu comme les gens qui lisent Mme de Sévigné à l'aune de la sensiblerie, sans suspecter qu'elle puisse mettre un minimum de distance avec ce qu'elle écrit ou qu'elle puisse jouer avec les conventions pour élaborer ses propres codes…
Voilà, c'étaient mes cinq minutes de polémique.
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- Thierry75Niveau 10
Glenn Gould massacre Bach ? Je dois avoir des goûts de ...
Pour le reste, bien trop ignare je suis...
Pour le reste, bien trop ignare je suis...
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Le moi est haïssable.
- TangledingGrand Maître
@ e-W : Marrant car, pour une raison qui ne tient pas à mon inexistante érudition de dilettante des lettres (et d'allergique au XVIIIe), j'ai tiqué sur cette expression que j'ai trouvée niveau Petit prince...
Mais je l'ai interprétée plutôt comme le refus des conventions et préjugés.
Idem "plus enfant" etc. On a bien compris mais bon, ça ne m'a pas semblé une citation type agrég interne, sinon sur le plan de la longueur.
Bref, je n'aime pas le XVIIIe, je n'aime pas Rousseau et je n'ai pas aimé ce sujet. Mais j'ai composé, je ne suis plus le bel ado que j'ai été, capable d'expédier uin sujet de dissertation d'une phrase assassine car "c'est une tautologie qu'on ne peut discuter" ou une dissertation sur Char par Char d'un raffiné : "Je ne comprends pas ce char-abias". (la poésie comme "vie future à l'intérieur de l'homme recomposé", non merci).
J'ai vieilli.
Mais je l'ai interprétée plutôt comme le refus des conventions et préjugés.
Idem "plus enfant" etc. On a bien compris mais bon, ça ne m'a pas semblé une citation type agrég interne, sinon sur le plan de la longueur.
Bref, je n'aime pas le XVIIIe, je n'aime pas Rousseau et je n'ai pas aimé ce sujet. Mais j'ai composé, je ne suis plus le bel ado que j'ai été, capable d'expédier uin sujet de dissertation d'une phrase assassine car "c'est une tautologie qu'on ne peut discuter" ou une dissertation sur Char par Char d'un raffiné : "Je ne comprends pas ce char-abias". (la poésie comme "vie future à l'intérieur de l'homme recomposé", non merci).
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- Tessa103Niveau 6
J'ai failli écrire que la mort de Julie avait libéré le lecteur... Mais je me suis abstenue.
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- TangledingGrand Maître
Ah ah... Tu as bien fait, je pense.
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- e-WandererGrand sage
Bach sans phrasé, c'est quand même un peu particulier… Écoute Scott Ross (31'18 et ce qu'il dit ensuite de Gould, de façon assez piquante mais en réalité très juste).Thierry75 a écrit:Glenn Gould massacre Bach ? Je dois avoir des goûts de ...
Pour le reste, bien trop ignare je suis...
Je ne suis pas complètement anti-piano pour autant, Beatrice Rana dans les Goldberg est extraordinaire, pour prendre un exemple récent.
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- BalthazaardVénérable
e-Wanderer a écrit:Bach sans phrasé, c'est quand même un peu particulier… Écoute Scott Ross (31'18 et ce qu'il dit ensuite de Gould, de façon assez piquante mais en réalité très juste).Thierry75 a écrit:Glenn Gould massacre Bach ? Je dois avoir des goûts de ...
Pour le reste, bien trop ignare je suis...
Je ne suis pas complètement anti-piano pour autant, Beatrice Rana dans les Goldberg est extraordinaire, pour prendre un exemple récent.
j'ai vécu la Gouldomania à mes débuts en musique, heureusement on peut prendre un peu de recul aujourd'hui. Il a quand même des choix musicaux souvent discutables dans Bach. Après, je dois dire que si il faut rendre Bach "intéressant", c'est moi qui ne comprend plus, je trouve que parmi tous les musiciens, c'est celui qui dont la musique encaisse le mieux les pires traitements...
Pour les variations Goldberg, attention, on ne touche pas!! c'est la référence! pour moi je trouve qu'il étire interminablement l'aria jusqu'à ce qu'il perdre tout sens mélodique, c'est peut-être ça la profondeur.... je dois dire que j'avais un vinyl de Leonardt (téléfunken), chef d'oeuvre de prise de son et d'humilité qui pour moi restera la référence
- OdalisqFidèle du forum
[quote="Tangleding"]Le truc énervant dans ce sujet, c'est qu'il est impossible de parler réellement de la musique du texte sans faire précisément référence à un fragment un minimum développé. Ce qui ne correspond absolument pas aux conditions de l'épreuve. De fait l'intérêt du sujet est en grande partie détourné par l'impossibilité pratique de le traiter convenablement. La musique d'un texte, a fortiori d'une oeuvre, ne se traite pas par dessus la jambe.
La musique relève d'une langue primitive pour Rousseau apte à bouleverser les coeurs, c'est cette idée que l'on retrouve à propos de l'échange des lettres de SP et J qui adoptent parfois exclusivement la langue de la passion qui comme la musique communique une émotion pure, celle de l'homme à l'état de nature.
C'est ainsi que je l'ai compris... ça ne donnait donc pas lieu de mon point de vue à des développements sur la musicalité ou le lyrisme...mais plutôt sur les théories de Rousseau appliquées dans le roman...
La musique relève d'une langue primitive pour Rousseau apte à bouleverser les coeurs, c'est cette idée que l'on retrouve à propos de l'échange des lettres de SP et J qui adoptent parfois exclusivement la langue de la passion qui comme la musique communique une émotion pure, celle de l'homme à l'état de nature.
C'est ainsi que je l'ai compris... ça ne donnait donc pas lieu de mon point de vue à des développements sur la musicalité ou le lyrisme...mais plutôt sur les théories de Rousseau appliquées dans le roman...
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"There is nothing like staying at home for real comfort." Jane Austen
- EmeraldiaÉrudit
J’ai basé ma problématique là dessus. Je suis partie du constat que ce livre est né d’une attitude enfantine, se réfugier dans « le pays des chimères » pour oublier un présent déceptif, pour montrer que c’est un livre très adulte, puis didactique.e-Wanderer a écrit:Pour ma part, je trouve cette citation jolie, élégante, bien écrite ou tout ce qu'on voudra, mais quand même largement à côté de la plaque. On n'est pas loin de Glenn Gould massacrant Bach, pour donner une idée du contresens… Bref, le gars se regarde écrire et se fait plaisir avec de jolies formules et un titre aguicheur, mais question justesse, on repassera !Marisu a écrit:Bonsoir,
et bravo à tous d'avoir bravé le concours! J'ai suivi vos échanges avec intérêt, je suis désolée que vous n'ayez pas aimé Rousseau... le roman est très long et si on n'a pas les clés de lecture, c'est une torture. Surtout quand on doit en même temps faire cours, s'occuper d'une famille et gérer le quotidien... Mais quand on en comprend les enjeux, c'est un délice.
J'ai fait le cours pour les externes et les internes, alors je me permets d'intervenir pour aider ceux qui pourront passer aux oraux et ceux qui voudraient retenter leur chance l'année prochaine. J'espère que mon message ne vous dérangera pas.
- A lire seulement si le cœur vous en dit...:
Deux mots à propos de ce sujet. Il n'y a pas anguille sous roche, enfin, si on a bien compris le roman de Rousseau!
Le mention du père est importante, non pas à cause du père (qui n'a jamais maltraité Rousseau, mais qui disparaît vite de sa vie), mais par le contexte. Le passage où le père dit à Jean-Jacques "allons nous coucher, je suis plus enfant que toi", intervient au début du premier livre des Confessions: Rousseau y explique qu'il n'a pas de souvenir avant l'âge de 7 ans, et de ses premières lectures, qui sont le début de la conscience continuelle de son existence. Or, ces premières lectures, c'était les romans que sa mère avait laissés dans la bibliothèque de la famille, et qu'il lisait le soir avidement avec son père... Plus significatif encore, ce passage commence par une phrase très importante dans la pensée de Rousseau: "Je sentis avant de penser, c'est le sort commun de l'humanité". Autrement dit, le jeune Rousseau a appris à sentir grâce à la lecture, avant même que d'apprendre à penser, et cela a profondément marqué son existence.
Le sujet pose donc la question de la manière de lire la NH. Selon Darnton, Rousseau propose à son lecteur de lire "comme un enfant". On voit donc le lien avec la mention du père... en élargissant la comparaison, Darnton parle aussi de l'étranger, du provincial, du reclus, autrement dit de personnes qui sont libérées de toute détermination sociale, et qui peuvent donc garder la spontanéité et la pureté du sentiment premier, qui ne sont pas influencées par des préjugés esthétiques ou sociaux (ce que Rousseau craint). Et lire comme un enfant, c'est avant tout sentir.
Or, quel peut être le langage du sentiment? Rousseau en a parlé, non pas tant dans la NH, mais dans son Essai sur l'origine des langues: la première forme de langage de l'homme, c'est la musique et la poésie... c'est pourquoi Darnton insiste sur le fait que les lettres sont "des hymnes". Et la question de la musique est très importante dans la NH...
Comment intégrer cela à une problématique? Je pense qu'on pouvait, à partir de cette citation, interroger la poétique romanesque et la lecture qu'elle demande. Car Rousseau propose avec la NH un nouveau type de roman, qui repose sur un nouveau langage et demande donc une lecture active, différente de celle à laquelle les lecteurs de son temps étaient habitués.
On aurait donc pu proposer un plan à partir de ces éléments:
1. Une première partie pour étudier la nouveauté expressive du roman, qui essaie de faire communiquer les âmes (la musicalité de l'œuvre, la dimension symphonique du roman épistolaire, l'expressivité stylistique qui bouleversent les codes romanesques). Vous auriez pu utiliser là l'idée de "transparence" définie par Starobinski.
2. Une deuxième partie dans laquelle on pourrait montrer que la NH n'est pas pour autant un roman simpliste ou enfantin, et que la communication des âmes repose malgré tout sur une construction rigoureuse et répond à un projet intellectuel certain: on aurait pu étudier la double inspiration de l'œuvre, roman sentimental mais aussi didactique, ou plutôt didactique parce que sentimental, car pour Rousseau il faut d'abord sentir pour pour pouvoir penser...
3. Une troisième partie pour revenir sur le projet poétique de Rousseau: le roman moral, le roman des belles âmes, d'une vertu qui trouve dans l'amour la force de se sublimer et qui s'inscrit dans un projet philosophique plus large: défendre l'innocence première de ces personnages qui ont su préserver leur cœur des influences de la société, qui sont restés innocents même dans leurs fautes, et qui ont su constituer une société répondant aux principes d'humanité (on peut alors étudier le cas de Clarens, y compris dans ses ambiguïtés).
Enfin, je ne vous propose que quelques idées, sur lesquelles on peut encore discuter... j'espère au moins que cela pourra éclaircir votre lecture du sujet, qui était en fait très riche et très beau, même si un peu difficile sans doute...
Bonne soirée à tous, et repos maintenant! vous l'avez largement mérité.
Sans rire, comment un spécialiste de la littérature des Lumières peut-il sérieusement penser que Rousseau nous invite à "nous délester du bagage culturel des adultes", alors que l'ensemble de la NH est un gigantesque jeu de variations et de décalques à partir des codes de la rhétorique épistolaire, décrite en long en large et en travers depuis Erasme, par les "secrétaires" mondains, par les traités de rhétorique, et qui constituent la BASE de la culture de l'honnête homme ? Lettres de requête, lettres de reproche (surtout), lettres de mise en garde (monitoires)… Le regard de l'enfance ou du provincial, tu parles ! C'est ultra-codifié, d'une précision chirurgicale sous la plume de Rousseau !!! La conjugaison de ces codes avec un nouveau langage ou une nouvelle philosophie de la sensibilité, OK, c'est un horizon intéressant. Mais la table rase et le regard neuf, quelle niaiserie ! C'est un peu comme les gens qui lisent Mme de Sévigné à l'aune de la sensiblerie, sans suspecter qu'elle puisse mettre un minimum de distance avec ce qu'elle écrit ou qu'elle puisse jouer avec les conventions pour élaborer ses propres codes…
Voilà, c'étaient mes cinq minutes de polémique.
- EmeraldiaÉrudit
C’est la communion des âmes dont parle Starobinski dans Transparence et Obstacle. C’est possible lors de la matinée à l’anglaise par exemple (V, 3) mais pas tout au long de l’œuvre où les personnages doivent s’expliquer, où règne le secret etc.Odalisq a écrit:Tangleding a écrit:Le truc énervant dans ce sujet, c'est qu'il est impossible de parler réellement de la musique du texte sans faire précisément référence à un fragment un minimum développé. Ce qui ne correspond absolument pas aux conditions de l'épreuve. De fait l'intérêt du sujet est en grande partie détourné par l'impossibilité pratique de le traiter convenablement. La musique d'un texte, a fortiori d'une oeuvre, ne se traite pas par dessus la jambe.
La musique relève d'une langue primitive pour Rousseau apte à bouleverser les coeurs, c'est cette idée que l'on retrouve à propos de l'échange des lettres de SP et J qui adoptent parfois exclusivement la langue de la passion qui comme la musique communique une émotion pure, celle de l'homme à l'état de nature.
C'est ainsi que je l'ai compris... ça ne donnait donc pas lieu de mon point de vue à des développements sur la musicalité ou le lyrisme...mais plutôt sur les théories de Rousseau appliquées dans le roman...
- PunkyNiveau 10
Est-ce à l'expérience de l'éloignement des âmes en II par la mondanité que tu fais allusion ?
- OdalisqFidèle du forum
"Communication des coeurs" par le chant, les objets, les signes, les regards: nouveau langage de la passion et quand ils raisonnent, c'est compatible puisque leur réflexion se nourrit de leur situation personnelle...
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- OdalisqFidèle du forum
Quand ils dissertent: Paris, le duel...d'ailleurs SP en adoptant la satire à propos des parisiens, Julie le remet en place, cela montre bien que le langage produit de la culture ne peut communiquer une émotion pure.
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- MarisuNiveau 1
Je suis d'accord @Odalisq , pas la peine de trop s'étendre sur la musicalité de l'œuvre, c'est un sujet à part entière. La musicalité est l'une des formes d'expression, du langage du sentiment.
Et partiellement d'accord, @e-Wanderer : Darnton n'est pas à côté de la plaque tout de même... c'est un très grand critique, sa citation est tronquée, et peut-être un peu provocatrice dans sa formulation, mais elle dit une vérité sur l'œuvre de Rousseau (sinon, on ne vous l'aurait pas proposée). Vous auriez pu exploiter justement le paradoxe (encore un chez Rousseau) de vouloir produire de la transparence avec le langage, qui est en soi un obstacle, de vouloir créer du nouveau à partir de l'existant (parce qu'on ne peut pas créer du nouveau ex nihilo tout de même). C'est là que réside le génie littéraire (si, si, même au 18e siècle): comment "composer", comme le dit Rousseau dans les Confessions, pour dire ce qu'il est impossible de dire, pour communiquer un sentiment sans le dénaturer... Après, on peut aimer ou pas, mais on doit reconnaître le talent de l'auteur quand même...
Et partiellement d'accord, @e-Wanderer : Darnton n'est pas à côté de la plaque tout de même... c'est un très grand critique, sa citation est tronquée, et peut-être un peu provocatrice dans sa formulation, mais elle dit une vérité sur l'œuvre de Rousseau (sinon, on ne vous l'aurait pas proposée). Vous auriez pu exploiter justement le paradoxe (encore un chez Rousseau) de vouloir produire de la transparence avec le langage, qui est en soi un obstacle, de vouloir créer du nouveau à partir de l'existant (parce qu'on ne peut pas créer du nouveau ex nihilo tout de même). C'est là que réside le génie littéraire (si, si, même au 18e siècle): comment "composer", comme le dit Rousseau dans les Confessions, pour dire ce qu'il est impossible de dire, pour communiquer un sentiment sans le dénaturer... Après, on peut aimer ou pas, mais on doit reconnaître le talent de l'auteur quand même...
- IphigénieProphète
L'enfant dans la citation n'est pas Rousseau mais le regard qu'il cherche savamment à reconstruire chez le lecteur, non?
- Tessa103Niveau 6
Pour ma part je n'ai évoqué la musicalité que dans un point à travers le lyrisme mais n'en ai absolument pas fait mon sujet principal.
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- TangledingGrand Maître
Pas vu de signes de troncature, c'est juste que la citation s'étend davantage dans le texte je suppose ?
Tout ça me confirme que mon plan est bancal, la IIe partie est un peu hors-sujet.
Cela étant je trouve que parler musicalité dans l'abstrait, même si c'est le fait de Rousseau, est peu convaincant. C'est nous faire composer sur une notion instable, difficile à relier concrètement au tissu du texte, plutôt en lien avec la théorie de l'auteur.
Je n'aime pas trop l'esprit de ce sujet. Et je ne dis pas ça en Renard aux raisins.
Tout ça me confirme que mon plan est bancal, la IIe partie est un peu hors-sujet.
Cela étant je trouve que parler musicalité dans l'abstrait, même si c'est le fait de Rousseau, est peu convaincant. C'est nous faire composer sur une notion instable, difficile à relier concrètement au tissu du texte, plutôt en lien avec la théorie de l'auteur.
Je n'aime pas trop l'esprit de ce sujet. Et je ne dis pas ça en Renard aux raisins.
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- MarisuNiveau 1
Oui, @Iphigénie : lire avec un regard d'enfant, pas forcément celui de l'enfant Rousseau. L'anecdote du père met en contexte plutôt la place que Rousseau accorde au sentiment par rapport à la raison, mais chez lui ces deux aspects ne s'excluent pas, ils ne se suivent pas, ils sont profondément impliqués...
- PunkyNiveau 10
《Cette sorte de vérité 》comment comment l'avez- vous interprétée ?
- TangledingGrand Maître
Vérité précaire du sentiment. Une transparence relative, fluctuante. Plus un fantasme de transparence qu'une transparence véritable.
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- PunkyNiveau 10
Je vois. Je crois avoir fait erreur. J'ai parlé de vérité romanesque en i, d'ambiguïté en ii et de vrai beau en lui. J'ai dû tordre le sujet....
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