Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

KrilinXV3 a écrit:Je te présente mes excuse @Pseudo-Intello, pour t'avoir mis dans l'embarras.

T'inquiète. Wink

Tamerlan a écrit:Ben c'est du Tevenian quoi... Au milieu de plein de choses qui font plaisir à entendre il glisse son positionnement très particulier qui nie tout problème réel de communautarisme.

Positionnement que je soupçonne d'être très largement majoritaire chez les enseignants, et qui fait que nous ne sommes pas du tout sortis de l'auberge.

dandelion a écrit: Les victimes du terrorisme ne meurent pas de leur manque de formation.

C'est sûr que si les enseignants allemands de la République de Weimar avaient été mieux formés, ils auraient empêché l'accession des Nazis au pouvoir.
Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 27 1767332709

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 27 1767332709

Merci pseudo-intello pour le lien vers ce très beau texte de Megid.
J'ai eu la curiosité de lire un peu plus avant, et celui du 19 octobre m'a clouée au pilori, toute en sueurs froides.
C'est tellement ça, tellement glaçant, tellement figé dans le néant. Et de là, à tout moment, peut sortir le glaive.
Quel gâchis. A pleurer.

PabloPE a écrit:Moi je n'aborde plus une partie du programme depuis mars 2019
je n'aborde plus cette partie

L’observation de cartes affichées dans les classes sous la IIIe République peut introduire le thème de la question coloniale. Cette question est liée à la problématique d’ensemble parce qu’elle s’est forgée autour de l’idéal républicain d’une grande nation civilisatrice. Les élèves observent que l’empire colonial français au tournant du siècle est vingt fois plus vaste que le territoire national (le deuxième du monde par l’étendue et sa population). On peut montrer ainsi que la présence française et la francophonie sur les continents africain et asiatique sont le résultat d’une nouvelle entreprise coloniale depuis la fin du XIXe
siècle.

source
Depuis que j'ai lu le tollé dans la presse
https://www.huffingtonpost.fr/2019/03/01/un-exercice-sur-les-bienfaits-de-la-colonisation-en-cm2-indigne_a_23681884/
Oui je sais je suis faible mais je ne suis pas photogénique donc je préfère éviter toute médiatisation.

Ghyslain Vedeux le président du CRAN, « La mise en place d’actions de formation pour les enseignants et futurs enseignants est urgente et des sanctions doivent aussi être appliquées à celles et ceux qui continueront à promouvoir ce crime contre l’humanité. »

Cette classe de CM2 a étudié la colonisation à travers plusieurs séances, "en insistant sur les aspects négatifs autour de la domination, la privation de libertés, l'emprise territoriale" et une sortie scolaire au mémorial de l'abolition de l'esclavage à Nantes, a expliqué le rectorat de l'académie de Nantes.

L'inspecteur d'académie a "aussitôt dépêché dans l'école l'inspecteur et le conseiller pédagogique de la circonscription qui assureront un suivi très attentif de cette situation et lui remettront leurs conclusions", a ajouté cette source.

Cette histoire est un bon exemple de défaillance de l'institution: l'inspecteur, devant le manque de clarté du programme, aurait dû former les PE, leur proposer des modèles de leçon. Parce que la leçon montrée, là, pose en effet problème. Mais les PE ne peuvent pas être spécialistes de tout! Ils ne peuvent pas être tenus responsables d'une erreur dans un champ disciplinaire complexe où on les a laissés se démerder seuls pour ensuite faire venir l'inspecteur à la première erreur médiatisée.

Je ne sais pas si ce texte a été posté, je trouve même si ce n'est pas dans le prolongement de la discussion, qu'il mérite d'être diffusé. Je pense que ce fil est un bon endroit pour le faire, mes excuses en cas de doublon.
Marouane Essadek, prof de philo.

"Un prof est mort. Un prof a été assassiné par un extrémiste religieux, pour un cours. De façon tragique, il a été tué par ceux-là même dont parlait son cours. Mais qu’on se le dise, les enseignants ne veulent pas d’une pitié d’un soir."

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10158064876537804&id=683842803&sfnsn=mo

Tangleding a écrit:

zigmag17 a écrit:

Cela me convient mieux dans la mesure ou c'est un avis davantage nuancé.

Tes propos dans un message précédent par contre m'interrogent beaucoup:

"Qu'il y ait des bahuts où ces sujets sont prétextes à contester l'autorité du professeur et l'institution, je n'en doute pas. Mais vraiment davantage qu'une punition "injuste" ou un un "contrôle trop difficile" ? Ca resterait sans doute à démontrer."

La contestation de certains élèves va beaucoup plus loin que cela. Je l'ai déjà dit, je ne recommence pas.

Pourtant le raisonnement est simple :
- dans un bahut où la poussière n'est pas mise sous le tapis par la direction, il y a moins de grabuge sur tous les sujets, et de ce fait le grabuge lié à des pressions idéologiques est moins difficile à contenir et traiter
- dans un bahut où au contraire on ne traite pas les problèmes, il y a beaucoup de grabuge sur tous les sujets, et les sujets rendus inflammables par des idéologues sont de nature à devenir explosifs en moins de 2.

C'était d'ailleurs le raisonnement tenu par Fatiha Agag-Boudjahlat et qui ne suscitaient alors pas trop de polémiques...

Si cela t'interroge toujours, je vais en rester là car je n'aime pas trop tes sous-entendus.

Certes, mais combien y en a-t-il de ce type ? Pour ma part, en presque 20 ans de carrière, TZR depuis 6 ans, j'enseigne cette année pour la première fois dans un établissement où les problèmes sont traités. À la louche, cela fait 14 établissements sur 15 où la poussière est consciencieusement remisées sous le tapis. Et, je dois le dire, autant par les collègues que par la direction.

Un article du Monde donne des détails sur la traque de cible par le criminel. On y voit bien comment un écosystème meurtrier se met en place, très rapidement.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/24/conflans-comment-le-terroriste-a-cherche-d-autres-cibles-sur-les-reseaux-sociaux-avant-samuel-paty_6057197_3224.html

La bêtise ordinaire n'en est certes pas exempte, mais elle ne serait pas indispensable.

Au collège de Samuel Paty l'enquête doit déterminer si le père d'élève qui a donné le nom de notre collègue et l'adresse du collège était un imbécile responsable d'un meurtre ou un complice conscient du crime en préparation.

Mais sur un plan général ca ne change pas grand chose à la nature et l'amplitude de la menace.

Tangleding a écrit:Au collège de Samuel Paty il reste à déterminer si le père d'élève qui a donné le nom de notre collègue et l'adresse du collège était un imbécile responsable d'un meurtre ou un complice conscient du crime en préparation.

Seule l'enquête pourra nous le dire, même si nous savons qu'il a été un des éléments déclencheurs de cet horrible assassinat.

Certains, parmi vous, ont-ils reçu les modalités de la fameuse journée du 2 novembre?

Thalia de G a écrit:

Tangleding a écrit:Au collège de Samuel Paty il reste à déterminer si le père d'élève qui a donné le nom de notre collègue et l'adresse du collège était un imbécile responsable d'un meurtre ou un complice conscient du crime en préparation.

Seule l'enquête pourra nous le dire, même si nous savons qu'il a été un des éléments déclencheurs de cet horrible assassinat.

Oui c'était le sens de ma réflexion. J'ai édité pour être plus clair.

Mais quel qu'en soit le résultat, le plus préoccupant c'est que dans les deux cas, nous sommes lourdement exposé-e-s.

Cela peut atteindre réellement chacun d'entre nous, et très facilement.

Nos élèves sont également sous la menace. Voir la jeune Mila. Et peu importe ce que l'on pense de "sa politique éditoriale sur les réseaux", au demeurant assez proche de celle de la plupart des adolescent-e-s.

Quand je pense que Blanquer se plaignait il y a quelques jours de l'anonymat sur internet.

Simonella a écrit:Certains, parmi vous, ont-ils reçu les modalités de la fameuse journée du 2 novembre?

Aucune communication à ce sujet. D'ailleurs dans mon établissement, toujours aucun message de la part de la direction concernant l'assassinat de Samuel.

Les syndicats doivent encore être consultés lundi ou mardi au sujet de la reprise.

Tu peux consulter cet article qui sera mis à jour régulièrement d'ici la reprise :

https://www.snes.edu/article/apres-l-attentat-preparer-le-retour-en-classe/

Simonella a écrit:Certains, parmi vous, ont-ils reçu les modalités de la fameuse journée du 2 novembre?

Elles n'ont pas encore été fixées définitivement.
Voir le compte-rendu (quelqu'un l'avait déjà donné je crois) du snes à ce propos : https://www.snes.edu/article/apres-l-attentat-preparer-le-retour-en-classe/

Vendredi 22 octobre, le Ministère a réunion les organisations syndicales pour présenter les premières pistes d’organisation du 2 novembre : 3 temps se dégagent.

Un premier temps d’accueil des personnels pour échanger (la très grande majorité des établissements n’étaient pas ouverts le lendemain de l’attentat qui a coûté la vie à notre collègue) et préparer le retour des élèves. Mais le Ministère reste encore assez flou sur la possible banalisation dans tous les établissements de plusieurs heures en début de matinée : des contraintes de transports scolaires ou d’organisation d’accueil des élèves peuvent se poser. La question est toujours en cours de réflexion.

L’accueil des élèves dans la classe pourrait être fait par deux adultes, dont le professeur principal. Des propositions d’actions ont été présentées : lecture d’un texte ou visionnage d’une vidéo donnant lieu à un échange avec les élèves, puis un temps de réflexion et de travail. Pour le SNES-FSU, ces premiers éléments relèvent d’une forme d’injonction qui pourraient s’avérer contre productive. Ce sont davantage des outils, des propositions, dont pourraient se saisir les enseignants, en fonction de leur classe, qui sont attendus.

Enfin, un temps de recueillement collectif pourrait avoir lieu sous la forme d’une minute de silence collective qui pourrait être précédé de la lecture d’un texte.

Le Snes, avec la FSU, est également intervenu pour pointer le caractère inapproprié de la présence d’élus le 2 novembre dans les établissements scolaires

Une deuxième réunion aura lieu dans la semaine du 26 au 30 octobre. Le Snes-FSU a demandé qu’elle ait lieu le plus rapidement possible afin que l’organisation de cette journée puisse être anticipée.

Le temps que les modalités soient fixées au niveau ministériel, descendent au niveau académique, puis au niveau des établissements, on aura de la chance si on nous les communique avant le vendredi après-midi... (sinon, y aura toujours BFMTV...)

Celadon a écrit:Merci pseudo-intello pour le lien vers ce très beau texte de Megid.
J'ai eu la curiosité de lire un peu plus avant, et celui du 19 octobre m'a clouée au pilori, toute en sueurs froides.
C'est tellement ça, tellement glaçant, tellement figé dans le néant. Et de là, à tout moment, peut sortir le glaive.
Quel gâchis. A pleurer.

Pareil. Et je me suis demandé dans quelle mesure, à chaque fois que nous, enseignants, nous faisons en sorte de respecter les convictions que nous attribuons aux enfants que sont nos élèves, nous ne participons pas de cet enfermement glacial que décrit le chanteur.

Merci, Laotzi. Je n'avais pas vu passer ce document.

On progresse... titanic

Le principal syndicat des chefs d'établissement répond aux critiques faites au chef d'établissement du collège de Conflans

Circulez, ya rien à voir, tout va très bien dans le meilleur des mondes Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 27 1767332709

Si la principale a, comme on le dit, fait droit au refus illégitime de présence de notre collègue que revendiquait le père d'élève, elle a commis une erreur à mon sens.

Mais ce n'est pas ce que disait notre collègue sur RTL.

Bref, tout va bien. La poussière (enfin la cendre) est bien mise sous le tapis. On n'a juste pas été assez rapides cette fois-ci.
Si je peux comprendre le début des propos, le reste relève du déni de réalité.

Je me souviens d'un bon cde pourtant qui après 2015 nous avait formellement interdit de montrer toute caricature de Charlie Hebdo ou autres tant il y avait de menaces qui pesaient sur l'établissement.

Euphémia a écrit:Certes, mais combien y en a-t-il de ce type ? Pour ma part, en presque 20 ans de carrière, TZR depuis 6 ans, j'enseigne cette année pour la première fois dans un établissement où les problèmes sont traités. À la louche, cela fait 14 établissements sur 15 où la poussière est consciencieusement remisées sous le tapis. Et, je dois le dire, autant par les collègues que par la direction.

Mes impressions concordent: s'il n'y avait de mise sous le boisseau qu'exceptionnellement, je pense que je n'aurais pas rencontré, depuis plus de 20 ans, autant de profs me racontant l'inverse — et que je n'en aurais pas rencontré les 3/4 dans les 10 dernières années…

Tangleding a écrit:Un article du Monde donne des détails sur la traque de cible par le criminel. On y voit bien comment un écosystème meurtrier se met en place, très rapidement.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2020/10/24/conflans-comment-le-terroriste-a-cherche-d-autres-cibles-sur-les-reseaux-sociaux-avant-samuel-paty_6057197_3224.html

La bêtise ordinaire n'en est certes pas exempte, mais elle ne serait pas indispensable.

Au collège de Samuel Paty l'enquête doit déterminer si le père d'élève qui a donné le nom de notre collègue et l'adresse du collège était un imbécile responsable d'un meurtre ou un complice conscient du crime en préparation.

Mais sur un plan général ca ne change pas grand chose à la nature et l'amplitude de la menace.

C'est peut-être mon côté bisounours, mais il me semble que si, ça a une incidence sur l'amplitude de la menace : si c'est par inconséquence d'un tiers, ce genre d'aide aux assassins sera plus fréquent que s'il y faut deux préméditations, celle de l'assassin et celle d'un complice conscient.
Je crains donc paradoxalement que ce soit sans vouloir tuer que le père ait fourni le nom. Donc les risques que cela se reproduise sont plus grands, après un temps de latence où les parents facilement non maîtres de leur colère vont se contrôler quand même davantage. Mais pas bien longtemps sans doute, surtout que la pandémie va reprendre très rapidement l'espace média, c'est inévitable.

Étant donné le système d'évaluation des perdir, avec conséquences en termes de rémunération indemnitaire, on voit mal comment il aurait pu en être autrement.

La politique des indicateurs et autres objectifs des lettres de mission jamais publiques, les cde n'en sont pas responsables.

@Pontorson50 : je ne suis pas sûr que ça change grand chose. Quand ce ne serait pas un parent d'élève idiot, malveillant ou complice, nos élèves ne s'expriment pas seulement auprès de leurs parents au sujet de leur vie à l'école.

HS maladroit:

Bref, prenez soin de vous, prenons soin de nous.

@ergo : tu penses qu'il faut migrer ce fil sur le restreint pendant une semaine ? (Vraie question)