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Mathador
Empereur

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par Mathador Jeu 18 Nov 2021, 21:25
furieupoineüse ?
Guermantes729
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32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Guermantes729 Jeu 18 Nov 2021, 21:37
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:
Ascagne a écrit:C'est mettre un peu vite de côté la grammaire normative...

Je la mets de côté tout court, ici, parce que sans cela le rapport entre ton commentaire et le mien m'échapperait absolument. Un dictionnaire, du moins un dictionnaire comme le Robert, dont la politique me semble assez claire, peut bien se passer de savoir ce qu'en pense Grevisse. Cela ne signifie pas que j'écarte la prescription d'un revers de main : ce serait étrange de la part d'un professeur de français ; simplement, là, je ne sais qu'en faire.

Ascagne a écrit:Sinon, la formulation que tu utilises est intéressante, précisément dans un débat où nous sommes plusieurs à nous interroger sur la possibilité de l'inclusion dans le système de tels ajouts ou de telles modifications. Je pense ici surtout aux propositions les plus avancés - cf. le document canadien - qui posent aussi question par rapport à des notions fondamentales comme le rapport entre la simplicité de communication et la complexité des réalités, dans l'absolu ou dans les situations d'énonciation concrètes.

J'avoue ne pas comprendre comment se demander si une chose qui existe est possible. Je veux dire : j'ai déjà lu ici que "au final" était impossible parce que "le final", ça n'existe pas. Cette solide objection n'empêche pourtant pas quantité de gens de nous fournir du "au final" chaque jour et partout. Il est donc déjà dans le système. En revanche, je peux comprendre que l'emploi systématique de quelque chose crée des difficultés nouvelles dans la construction d'une grammaire prescriptive, qui veut que ses injonctions puissent s'appuyer sur une description cohérente. Mais là-dessus, moi, je n'ai rien d'intéressant à dire.

Sans malice aucune je ne comprends pas la partie graissée. Beaucoup de gens disent "si j'aurais su " et ça demeure inexact. C'est même le travail de l'enseignant de... l'enseigner.

Si l'usage doit rendre une expression juste je ne vois pas en quoi "si j'aurais su" devrait continuer à être écarté et qu'on admette au contraire "au final"...

Sauf à assumer que la 1ère faute vienne essentiellement de gens peu instruits quand la 2ème est commise même pas des gens instruits, voire des professeurs de français.

Il serait donc considéré comme normal que si les gens instruits font une faute alors ce n'en est plus une....?...

Quand et sur quels critères considère-t-on que l'usage rend la chose juste?
Prezbo
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Grand Maître

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Prezbo Jeu 18 Nov 2021, 21:42
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:

J'avoue ne pas comprendre comment se demander si une chose qui existe est possible. Je veux dire : j'ai déjà lu ici que "au final" était impossible parce que "le final", ça n'existe pas. Cette solide objection n'empêche pourtant pas quantité de gens de nous fournir du "au final" chaque jour et partout. Il est donc déjà dans le système. En revanche, je peux comprendre que l'emploi systématique de quelque chose crée des difficultés nouvelles dans la construction d'une grammaire prescriptive, qui veut que ses injonctions puissent s'appuyer sur une description cohérente. Mais là-dessus, moi, je n'ai rien d'intéressant à dire.

Tu viens pourtant de le dire.

Je rappelle qu'Orwell a très bien théorisé pourquoi les régimes totalitaires s'attaquent en priorité à la grammaire.
pseudo-intello
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par pseudo-intello Ven 19 Nov 2021, 00:02
Mouais. Une langue vit, évolue, c'est certain. Mais de même qu'une croissance trop rapide provoque une fragilité osseuse, une langue qui évolue à toute blinde et s'archipellise (certains ici ont l'air de considérer qu'il-le-ol est entré dans les mœurs, quand nous sommes également nombreux à ne jamais l'avoir entendu).

Mes élèves sont devenus incapables de lire un texte âgé de 150 ans seulement, et même, dans une oindre mesure, devant un texte plus récent mais un poil soutenu. Les journalistes, pour faire djeune, s'extasient devant la "créativité linguistique" d'Aya Nakamura ou les barbarismes de Wejdene, mais en fin de compte, l'argot évolue plus vite que jamais, set de ce fait, les textes si "créatifs" deviennent rapidement abscons (du fait des mutations langagières trop rapides), ou incompris d'une grosse partie de la population. Ça se babellise, alors que justement, l'emploi d'une langue commune avec des normes communes avait, entre autres objectifs, de favoriser la communication dans tout le pays, de favoriser le lien, et une culture commune. Vu de ma petite province, ça renforce vraiment l’impression, chez les gens, entre une bulle estudiantine parisianiste (ou citadine des grandes villes) qui veut tout réformer à sa sauce sans prendre en compte l'avis des gens (d’ailleurs, les avis divergents sont diabolisés, et j'aimerais bien voir les réactions que s'attirent les non-partisans de l'écriture à oints dans certaines disciplines universitaires). En plus, c’est contradictoire, vu qu'une minorité bruyante veut imposer ces changements sous couvert de démocratie, alors que précisément, ce n'est absolument pas démocratique. Au XIXe siècle, "je me souviens" était fautif (il fallait dire "il me souvient", et en théorie, "se rappeler de" est fautif (il faut dire "se rappeler qch), mais dès lors que ceux qui commettent l'erreur sont de plus en plus nombreux puis majoritaires, la tournure n'est plus considérée comme fautive, mais tolérée (on pet le regretter si on est puriste, on peut tâcher d'enseigner les règles, mais  le principe de la démocratie prévaut, et c'est heureux). On en vient à qualifier d' "inclusive" une écriture imprononçable (furieux.se ?!?) et plus compliquée à déchiffrer, donc qui exclut les porteurs de divers handicaps (à commencer par les dys et les malvoyants), ainsi que tous ceux qui traînent des difficultés de lecture, faute d'avoir eu droit à de bonnes conditions d'apprentissage à l'école (les plus pauvres, généralement). Merveilleux.

Aujourd’hui, des militants pas bien futés créent des rapprochement abusifs entre genre grammatical et genre tout court (mais qu'on dise "une personne" pour les hommes comme pour les femmes ne leur met apparemment pas la puce à l'oreille). Dans 10 ou 15 ans, les lubies de l'époque vont vouloir tout réinventer selon les préoccupations à la mode d'alors, et pareil 10 ans plus tard. Merveilleux.

Personnellement, j’avoue que je n’arrive pas à goûter au plaisir de lire Rabelais, car la difficulté d'accès à la langue prend, chez moi, le pas sur le plaisir et la saveur de son écriture. Ça m'embête un peu, parce qu'objectivement je sais que ça vaudrait la peine, mais je n’arrive pas à me motiver, parce que c’est trop compliqué pour moi.
Pour mes premiers élèves, il y avait moyen de remonter jusqu'au XVII sans que ça ne les défrise trop. Puis XVIIIe, puis XIXe.

Si on décide de réformer toute à langue à chaque nouveau combat à la mode, dans pas longtemps, des textes écrits en 1950 s'apparenteront à de l'ancien français. On pourra toujours être juchés sur les épaules des géants, mais à quoi bon, si on ne comprend plus leur héritage ?


Dernière édition par pseudo-intello le Ven 19 Nov 2021, 11:26, édité 1 fois

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32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par e-miette Ven 19 Nov 2021, 05:14
Merci pseudo-intello, pour ce long message frappé au coin du bon sens ! Tu as adouci mon petit déjeuner :-)
Sylvain de Saint-Sylvain
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32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Sylvain de Saint-Sylvain Ven 19 Nov 2021, 05:33
Ascagne a écrit:
Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Un dictionnaire, du moins un dictionnaire comme le Robert, dont la politique me semble assez claire, peut bien se passer de savoir ce qu'en pense Grevisse
Je te comprendrais si je ne dépassais pas la seule mention de l'entrée dans le dictionnaire.

Mais, précisément, je ne suis intervenu qu'à propos de cette mention dans le dictionnaire. Il ne me gêne pas que ces mots soient admis dans la langue par tout discours ayant la prétention de décrire la langue française. Cela ne veut pas dire que mon opinion est faite sur la question du discours normatif ou de la nécessité d'icelui. Et on ne peut tirer de ce que j'ai dit toute une défense de ces nouveaux mots : j'ai laissé voir pour plus de clarté ce que j'en pensais, mais bon, je n'avais envie d'intervenir que sur cette question des critères d'entrée dans un dictionnaire.

Guermantes79 a écrit:Sans malice aucune je ne comprends pas la partie graissée. Beaucoup de gens disent "si j'aurais su " et ça demeure inexact. C'est même le travail de l'enseignant de... l'enseigner.

J'interroge la question du possible, et non de l'exactitude. Et peut-être aurais-je dû mieux préciser que je parlais de cela du point de vue d'une grammaire descriptive, et non prescriptive. Si l'on veut faire une grammaire qui soit une description de la langue, on peut difficilement ranger dans l'impossible les faits linguistiques : il faut que la grammaire envisagée soit autant que possible en mesure de les expliquer. Une grammaire normative, c'est autre chose : elle a ses propres raisons de refuser "si j'aurais su" et "au final". Mais ces raisons ne reposent pas sur une impossibilité dans le système de la langue tel qu'il est, mais tel qu'elle voudrait qu'il soit ou qu'il reste. Je précise à nouveau que, disant cela, je ne condamne absolument pas les grammaires normatives : tu me rappelles que mon métier ne trouverait plus de raison d'être, mais je l'avais déjà fait un paragraphe plus haut.
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par Reine Margot Ven 19 Nov 2021, 08:51
freakfeatherfall a écrit:
Reine Margot a écrit:On peut utiliser "iel" si la personne le demande ou en a besoin mais que fait-on pour les autres cas?
Pour continuer l'exemple, en parlant de cette personne, emploiera-t-on le possessif "son" ou une nouvelle création? "saon" comme dit plus haut? POur le démonstratif autre chose que "ce" ou "cette"?

Ça reste des cas vachement particuliers, non ? J'utilise vraiment peu le démonstratif pour parler d'une personne et encore moins le possessif.

Et si je ne peux pas dire "cette amie / cet ami", alors je peux toujours donner simplement son nom, ou dire "cette personne", "cette connaissance", etc. J'ai pas l'impression que ça coûte grand-chose (en tout cas, je considère que ça ne me coûte pas grand-chose, c'est bien sûr subjectif).
Quant au possessif, sur le coup, je ne trouve aucun exemple qui empêche d'utiliser le nom de la personne ou de contourner le problème.

Donc ça suppose de modifier les pronoms personnels uniquement et pas les autres?
Si je veux dire "iel" est beau/belle, comment dois-je faire? D'une manière ou d'une autre ça demande de modifier tout le reste.

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par Prezbo Ven 19 Nov 2021, 09:26
freakfeatherfall a écrit:

Ça reste des cas vachement particuliers, non ? J'utilise vraiment peu le démonstratif pour parler d'une personne et encore moins le possessif.

Tu as vu ce type ?
Tu as vu cette fille ?
Tu as vu ce.ette personne ?

J'ai rencontré son fils.
J'ai rencontré sa fille.
J'ai rencontré saon enfant.

Je ne vois pas ce que ces cas ont de "vachement particuliers", sauf à se ramener à une version de la langue si radicalement simplifiée qu'elle ne permettra de plus rien exprimer, ce qui serait un sacré paradoxe pour une langue "inclusive".

Le problème se voit comme un éléphant au milieu de couloir, et il est un peu surréaliste de le rappeler sur un forum d'enseignant : la langue française ne possède pas de genre neutre. On ne peut pas introduire un pronom neutre sans remettre en question l'édifice, même en se limitant à une grammaire descriptive et non prescriptive.

Au demeurant, je pense que l'introduction de ces nouveaux pronoms à une intention prescriptive mal dissimulée, et qu'elle est un échec annoncé. Bon, en attendant, ça fait parler.

J'attends toujours qu'on me donne un exemple concret, hors phrase exemple, d'une utilisation concrète de iel, ou même un texte utilisant le point médian qui dépasse la longueur d'un tract syndical ou d'une offre d'emploi.

Je ne pense pas que les comparaisons avec les ajouts récents dans les dictionnaires soient pertinents. D'une part parce que comme l'a remarqué Ascagne, l’ajout d'un pronom pose d'autres problèmes que celui d'un nom ou d'un adjectif. D'autre part parce qu'il n'y a pas de constat de l'usage ici, mais bien une volonté de modifier la langue à des fins politiques (point Orwell atteint et assumé).

Si au moins c'était assumé, on pourrait en discuter franchement. En attendant, l'attitude d'une poignée de militants lancés dans une surenchère radicale sert de repoussoir commode et permet à Blanquer, Zemmour ou autres de jouer sur du velours. Brillant.
Elyas
Elyas
Esprit sacré

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Elyas Ven 19 Nov 2021, 09:27
On a des choses aussi étranges ailleurs dans la langue. Le on qui peut voir ses accords au singulier ou au pluriel (toujours masculin). Après, l'usage verra si ça passe ou non. La langue n'obéit pas aux injonctions politiques ou savantes.
Thalie
Thalie
Grand sage

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Thalie Ven 19 Nov 2021, 09:36
"On" peut avoir des accords au féminin.
neomath
neomath
Érudit

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par neomath Ven 19 Nov 2021, 09:39
1) Il est affligeant de devoir rappeler sur un forum enseignant que l'usage détermine le contenu des dictionnaires et non l'inverse.

2) Ce qui est réjouissant par contre c'est que les diatribes grandiloquentes des réactionnaires, en multipliant les apparitions dans les différents corpus des vocables honnis, augmentent encore les chances qu'ils s'implantent durablement dans le langage courant. 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 437980826

3) Et pour finir, quel merveilleux pays démocratique que celui où l'épouse du chef d'état décide à la place des auteurs et éditeurs le contenu des dictionnaires.
Source : https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/11/18/brigitte-macron-critique-l-ajout-du-pronom-iel-dans-le-dictionnaire-en-ligne-du-robert_6102593_823448.html
e-Wanderer
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Grand sage

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par e-Wanderer Ven 19 Nov 2021, 09:42
pseudo-intello a écrit:Personnellement, j’avoue que je n’arrive pas à goûter au plaisir de lire Rabelais, car la difficulté d'accès à la langue prend, chez moi, le pas sur le plaisir et la saveur de son écriture. Ça m'embête un peu, parce qu'objectivement je sais que ça vaudrait la peine, mais je n’arrive pas à me motiver, parce que c’est trop compliqué pour moi.
Il faut dire aussi que la langue de Rabelais est très particulière, il n'y a pas que la barrière "normale" du temps. Les linguistes ont dénombré 500 néologismes rien que dans Gargantua, qui côtoient des archaïsmes volontaires également nombreux (Rabelais avait même fait imprimer certains de ses textes en gothique, alors que c'était passé de mode). C'est aussi pour cela que la lecture linguistiquement informée – dans la lignée des travaux de Mireille Huchon – est si passionnante pour cet auteur, assurément plus méta-littéraire ou méta-linguistique que tout autre (en tout cas jusqu'à l'Oulipo, Pérec ou ce genre d'écrivains faisant ostensiblement de la littérature un laboratoire) !

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Zybulka
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32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Zybulka Ven 19 Nov 2021, 10:07
C'est surprenant que le côté grammatical de ce changement accapare le débat. Personne ne dit que l'emploi de iel sera facile, ni que ça ne posera aucune question d'accord. Néanmoins, par rapport aux raisons qui poussent à faire émerger un mot pour désigner une réalité qui devient enfin suffisamment acceptable pour pouvoir être nommée (par exemple la transidentité ou l'intersexualité), ces considérations orthographiques sont quand même d'une importance assez négligeable (ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas en discuter, mais que c'est dommage d'aborder la discussion exclusivement par ce biais pour disqualifier d'emblée la nécessité d'adapter notre langue).

En l'occurrence, il est indéniable que la langue évolue pour refléter l'évolution de la société, via ce qui est souvent qualifié d'écriture "inclusive", donc notamment :
- les accords mixtes (qui sont quand même la partie la plus fréquente de cette évolution et sont désormais assez largement acceptés dans certains usages désormais courants, cf par exemple le "bonjour à tous et à toutes", ou "mesdames messieurs")
- le fameux point médian, qui est simplement une adaptation du point précédent, et dont l'usage crispe souvent mais reste en réalité marginal (puisqu'on lui préfère souvent le choix de termes épicènes ou le double accord)
- les néologismes comme "iel"

Cette évolution traduit deux préoccupations :
- mieux représenter les femmes dans la langue afin de parvenir à plus d'égalité dans la société. Ce n'est naturellement pas la seule voie d'action pour obtenir cette égalité, mais c'est un des leviers. Et on sait aujourd'hui avec une certitude scientifique suffisante que féminiser la langue contribue positivement à l'égalité dans la société : par exemple, entendre parler d'une ingénieure ou d'une astrophysicienne aide à se projeter dans ce métier et donc à choisir en fonction de ses goûts propres et non d'un imaginaire genré qui s'impose à nous même sans qu'on s'en rende compte.
- ne pas évincer du discours certaines personnes qui ne se reconnaissent ni dans le genre féminin, ni dans le genre masculin, et qui subissent souvent ça comme une grande violence (on peut imaginer qu'on vous donne toujours du "monsieur" si vous êtes une femme et inversement). Et ce n'est pas quelquechose de marginal : la transidentité concerne plus ou moins 1% de la population, de même que l'intersexuation (qui au passage, est une donnée biologique, qui ne se "choisit" pas - je précise parce que cela rend souvent l'idée plus acceptable pour beaucoup de gens). Ce qui veut dire que potentiellement 2% des gens vont se sentir enfin reconnu·e·s dans leur identité propre si on accepte d'utiliser ce pronom pour les désigner.

Est-ce que vraiment, l'argument orthographique paraît faire le poids face à l'égalité femme/homme ou face au bien-être de milliers de personnes ?
LouisBarthas
LouisBarthas
Expert

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par LouisBarthas Ven 19 Nov 2021, 10:32
Elyas a écrit:
sookie a écrit:
Quel est intérêt d’avoir d’avoir « iel » et « ielle » ?
Je crois que c'est un essai des personnes transgenres pour marque les ftm (iel) et les mtf (ielle). Cependant, je ne le vois que rarement et c'est plutôt le iel pour la non-binarité que je vois le plus (les transgenres pouvant préférer le il (pour les ftm) et le elle (pour les mtf) mais je n'en suis pas certain).
32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 3795679266  :sanscom:

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Elyas
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par Elyas Ven 19 Nov 2021, 10:47
Thalie a écrit:"On" peut avoir des accords au féminin.

Je l'ignorais. Merci de me l'apprendre. Aurais-tu des occurrences sur cet accord au féminin, cela m'intéresse ?
Elyas
Elyas
Esprit sacré

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Elyas Ven 19 Nov 2021, 10:48
LouisBarthas a écrit:
Elyas a écrit:
sookie a écrit:
Quel est intérêt d’avoir d’avoir « iel » et « ielle » ?
Je crois que c'est un essai des personnes transgenres pour marque les ftm (iel) et les mtf (ielle). Cependant, je ne le vois que rarement et c'est plutôt le iel pour la non-binarité que je vois le plus (les transgenres pouvant préférer le il (pour les ftm) et le elle (pour les mtf) mais je n'en suis pas certain).
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Tu as participé à des fils de discussion où ces termes ont été expliqués, je crois. Ftm est une personne qui a fait la transition de femme vers homme et mtf est la transition dans l'autre sens.
Sylvain de Saint-Sylvain
Sylvain de Saint-Sylvain
Grand sage

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Sylvain de Saint-Sylvain Ven 19 Nov 2021, 10:49
LouisBarthas a écrit:
Elyas a écrit:
sookie a écrit:
Quel est intérêt d’avoir d’avoir « iel » et « ielle » ?
Je crois que c'est un essai des personnes transgenres pour marque les ftm (iel) et les mtf (ielle). Cependant, je ne le vois que rarement et c'est plutôt le iel pour la non-binarité que je vois le plus (les transgenres pouvant préférer le il (pour les ftm) et le elle (pour les mtf) mais je n'en suis pas certain).
32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 3795679266  :sanscom:

MTF : en transition homme --> femme
FTM : en transition femme --> homme
Guermantes729
Guermantes729
Neoprof expérimenté

32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 Empty Re: 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive

par Guermantes729 Ven 19 Nov 2021, 11:23
Elyas a écrit:
Thalie a écrit:"On" peut avoir des accords au féminin.

Je l'ignorais. Merci de me l'apprendre. Aurais-tu des occurrences sur cet accord au féminin, cela m'intéresse ?

Pour moi le "on" s'accorde comme le nous, et comme je dis lorsqu'on est un groupe de filles, "nous sommes belles", je dis en langage familier "on est super belles" je ne dirais pas "on est super beaux" si on est un groupe de nanas Wink

https://grammaire.reverso.net/on-accord-au-feminin-et-au-pluriel/

Quand on a la valeur d'un pronom personnel (on représente des personnes particulières, il peut être remplacé par je, tu, nous, vous), les accords peuvent se faire au masculin ou au féminin et au singulier ou au pluriel selon le genre et le nombre des personnes désignées par on.
LemmyK
LemmyK
Habitué du forum

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par LemmyK Ven 19 Nov 2021, 11:24
Pour qualifier précisément le genr.e ressenti.e des êtres humain.e.s, je propose ilelle pour les mtf et ellil pour les ftm. Ainsi, on respecterait vraiment les individu.e.s. pour ce qu'ils, elles ,iels, ellils et ilelles sont vraiment.
Ainsi nous nuançons les accords. Deux exemples:

Il est parti
Elle est partie
Ilelle est partite
Ellil est partit
Iel est parti.t.e

Il est perdu
Elle est perdue
ilelle est perdute
ellil est perdut
Iel est perdu.t.e

C'est quand même plus simple et inclusif. 32 linguistes listent les défauts de l'écriture inclusive - Page 15 1665347707
epekeina.tes.ousias
epekeina.tes.ousias
Modérateur

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par epekeina.tes.ousias Ven 19 Nov 2021, 16:49
Sur ce sujet, dont on sait qu'il fait polémique en ce moment, la modération demande d'éviter de tendre les échanges, que ce soit en lançant des accusations, en tenant des propos déplacés ou en employant une ironie qui n'a pas lieu d'être. Il serait dommage de devoir fermer ce sujet.

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Si tu vales valeo. Wink
Ascagne
Ascagne
Grand sage

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par Ascagne Ven 19 Nov 2021, 17:26
Zybulka a écrit:Est-ce que vraiment, l'argument orthographique paraît faire le poids face à l'égalité femme/homme ou face au bien-être de milliers de personnes ?
Ce n'est pas un argument "orthographique"... Modifier les règles des genres grammaticaux du français, instituer ou ne pas instituer un genre neutre spécifique, c'est une réforme de premier plan.
Zybulka a écrit:ne pas évincer du discours certaines personnes qui ne se reconnaissent ni dans le genre féminin, ni dans le genre masculin, et qui subissent souvent ça comme une grande violence
D'où, quand même, l'angle un peu laissé de côté ces dernières pages : la volonté de certains des concernés de pousser vers la norme et d'introduire l'idée dans la grammaire prescriptive - surtout s'il y a cette idée de violence ressentie...
D'où le caractère un peu surprenant des "on verra à l'usage" ou "on n'oblige personne à..." alors que précisément, certaines des personnes concernées demandent explicitement à ce qu'on utilise iel pour les désigner à la troisième personne. Que se passe-t-il donc si l'interlocuteur refuse, ne serait-ce qu'en prétextant que le pronom n'est pas "réglementaire", ou qu'il n'est "pas français" ?

Zybulka a écrit:Ce qui veut dire que potentiellement 2% des gens vont se sentir enfin reconnu·e·s dans leur identité propre si on accepte d'utiliser ce pronom pour les désigner.
Cela étant, j'ai aussi lu ou entendu que certains préfèrent d'autres possibilités : par exemple, l'alternance des deux pronoms traditionnels pour se référer à une personne ayant une perception fluide de son genre.

Je pense qu'il importe de garder en tête les fondamentaux : le langage lui-même, puis les langues, sont à la fois géniaux et limités ; la communication doit s'appuyer sur des règles et sur une certaine simplicité pour être effective ; il y a forcément une tension de ce côté-là entre la simplification du réel, qui permet la communication langagière (par catégorisation, généralisation ou abstraction, par exemple), et ce réel lui-même. Quant à la langue, elle n'est pas forcément malléable à merci : je trouve intéressant de considérer les cas des langues construites, qui sont de nouveaux systèmes qui peuvent précisément être élaborés "à partir de rien" et inclure quantité de distinctions et de nuances qui ne sont pas forcément possibles dans telle ou telle langue naturelle.

Quant aux mots, ils sont chargés de représentations, et leur choix est déjà choix par rapport au réel. Je pense par exemple à la question de l'orientation sexuelle : est-ce que c'est la même chose de dire d'une personne qu'elle est homosexuelle ou qu'elle est gay ? Gay me fait plus facilement penser à une question de culture et de communauté spécifiques, tandis qu'homosexuel, quoique chargé de stéréotypes et de représentations, est dans sa composition même plus neutre et constitue le pendant d'hétérosexuel.
freakfeatherfall
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par freakfeatherfall Ven 19 Nov 2021, 17:58
e-Wanderer a écrit:
À force de tout massacrer, tu en arrives à accorder un participe passé après le verbe avoir. Chapeau bas ! aai

Que les gens écrivent comme ils veulent et s'imposent les codes les plus impraticables si c'est un enjeu vital pour eux : je m'en fiche complètement. Mais par pitié, qu'ils.elles.iel.ul.ol.niels, etc. nous fichent la paix si on a envie de continuer à écrire des textes lisibles sans se torturer les méninges.

Exact, j'ai modifié ma phrase sans changer le verbe, mea culpa. Merci de me l'avoir fait remarquer avec délicatesse.

Au fait, je ne comprends pas bien, mais quelqu'un t'empêche d'écrire un texte lisible ? Quelqu'un te force à utiliser certains mots ? Mais qui donc ? Et quels mots ? heu
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par freakfeatherfall Ven 19 Nov 2021, 18:14
Prezbo a écrit:
Tu as vu ce type ?
Tu as vu cette fille ?
Tu as vu ce.ette personne ?
J'ai rencontré son fils.
J'ai rencontré sa fille.
J'ai rencontré saon enfant.
Je ne comprends pas, ces phrases ne changent pas : type/fils est masculin, fille/personne féminin, enfant commence par une voyelle.

Prezbo a écrit:
J'attends toujours qu'on me donne un exemple concret, hors phrase exemple, d'une utilisation concrète de iel, ou même un texte utilisant le point médian qui dépasse la longueur d'un tract syndical ou d'une offre d'emploi.
Perso, je me suis déjà trouvé face à des textes à traduire qui utilisent "they" ou "s/he", écrit par des ONG. Et ça ne date pas de cette année. De même, l'usage se répand dans certains milieux ludiques (pour l'instant, surtout américains). Quant au point médian, on le trouve de plus en plus sur le net dans des productions, journaux ou blogs, il est vrai orientés à gauche ou extrême-gauche. Ce n'est pas parce que tu ne le vois pas que cela n'existe pas. Il est en usage, simplement pas dans ta sphère, apparemment.
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par freakfeatherfall Ven 19 Nov 2021, 18:24
Ascagne a écrit:
Quant aux mots, ils sont chargés de représentations, et leur choix est déjà choix par rapport au réel. Je pense par exemple à la question de l'orientation sexuelle : est-ce que c'est la même chose de dire d'une personne qu'elle est homosexuelle ou qu'elle est gay ? Gay me fait plus facilement penser à une question de culture et de communauté spécifiques, tandis qu'homosexuel, quoique chargé de stéréotypes et de représentations, est dans sa composition même plus neutre et constitue le pendant d'hétérosexuel.
C'est un poil HS mais je réponds, car je m'étais posé la même question il y a quelques temps et j'en avais parlé avec des amis concernés : ils n'aimaient pas du tout le mot "gay" (de même qu'ils n'appréciaient pas la Gay Pride), car il s'agissait selon eux d'un microcosme particulier, en gros le Marais parisien (donc homosexuel oui, mais aussi blanc et riche, voire bourgeois, avec un côté revendicatif). Bref, ils ne s'y reconnaissaient pas...
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par User11874 Ven 19 Nov 2021, 19:49
Enfin un sujet intéressant, il va à en dire que l'écriture est une aberration dans les apprentissages ! Une école inclusive oui, une école qui défait des apprentissages de bases non.
beaverforever
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par beaverforever Ven 19 Nov 2021, 19:51
Zybulka a écrit:C'est surprenant que le côté grammatical de ce changement accapare le débat. Personne ne dit que l'emploi de iel sera facile, ni que ça ne posera aucune question d'accord. Néanmoins, par rapport aux raisons qui poussent à faire émerger un mot pour désigner une réalité qui devient enfin suffisamment acceptable pour pouvoir être nommée (par exemple la transidentité ou l'intersexualité), ces considérations orthographiques sont quand même d'une importance assez négligeable (ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas en discuter, mais que c'est dommage d'aborder la discussion exclusivement par ce biais pour disqualifier d'emblée la nécessité d'adapter notre langue).

Est-ce que vraiment, l'argument orthographique paraît faire le poids face à l'égalité femme/homme ou face au bien-être de milliers de personnes ?

La langue et le langage sont d'abord des moyens de communication. Cela implique que l'émetteur conçoit une information, la transforme en un message qu'il suppose intelligible, typiquement une phrase, que le récepteur la reçoit, la décode et l'intègre à son réseau de connaissances. Les malentendus quotidiens montrent la difficulté de cette opération.
La grammaire est l'ensemble des règles qui assurent, le plus souvent, qu'une phrase sera comprise par l'auditeur ou le lecteur. Ces règles grammaticales sont limitées par les capacités cognitives des locuteurs. Elles peuvent parfois être complexes, mais elles sont alors plus difficiles à suivre. À l'oral, très peu de locuteurs respectent l'accord du complément d'objet antéposé. Une règle de grammaire trop compliquée aura tendance soit à disparaître, soit à être maintenue par un groupe social qui peut se permettre de faire cet effort dans un but de distinction et de prestige.
Ajouter un ou des nouveaux pronoms, c'est changer mécaniquement tout un ensemble de règles de grammaire, c'est complexifier la langue. Ce n'est pas un projet anodin car il doit passer les limites cognitives et les efforts que les locuteurs sont prêts à entreprendre pour le faire advenir.

Mon intuition est que ces pratiques langagières reflètent dans de nombreux cas un processus de distinction, voire d'affichage politique, c'est un peu comme mettre un autocollant militant sur le pare-chocs de sa voiture. Comme ces pratiques langagières sont plus coûteuses que la pratique dominante et que les locuteurs non concernés n'en retirent aucun prestige, je crois qu'elles se diffuseront peu. Mais je peux me tromper.
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