Loin des villes : une génération oubliée

Elaïna a écrit:

Bon cela étant je suis un peu d'accord avec Rosanette dans le sens où, je le vois bien en ce qui me concerne, prendre la voiture c'est quand même un peu une question de flemme parfois. Comme cliquer sur Amazon au lieu de prendre mes pieds et d'aller à la librairie à deux minutes à pieds.

D'abord il y a des activités à la campagne (bon moi c'était le cheval, et le cheval c'est mieux là où il y a de la place) mais j'avais des copains qui partaient à vélo dans la cambrousse à l'aventure dans la forêt, et ce sont des gens très sains d'esprit par ailleurs hein).

Rosanette n'a pas tort quand elle dit qu'il y a une partie de barrière mentale dans l'affirmation qu'on a toujours systématiquement besoin de sa voiture. Un exemple tout bête de ce matin : j'ai inscrit mes fils à une activité qui est à vingt minutes à pieds contre cinq en voiture. Ben j'hésite à y aller en voiture alors que ça serait meilleur pour tout le monde, évidemment, d'y aller à pieds ou en trotinette.

Elaïna a écrit:Oui enfin les parents de Dylan auraient pu aussi lui apprendre à faire autre chose qu'à traîner devant les vitrines. Et ne me dites pas que ses profs ne lui ont jamais dit qu'il y avait des choses à faire en-dehors du téléphone portable et du lèche-vitrine. Genre lire un livre. Ou faire ses devoirs.

Elaïna a écrit:
Bon cela étant je suis un peu d'accord avec Rosanette dans le sens où, je le vois bien en ce qui me concerne, prendre la voiture c'est quand même un peu une question de flemme parfois. Comme cliquer sur Amazon au lieu de prendre mes pieds et d'aller à la librairie à deux minutes à pieds.
On ne peut pas tout le  temps se cacher derrière son petit doigt en disant qu'on est obligé. Accessoirement, j'ai connu l'adolescence dans un bled à 35 bornes de Marseille où j'étais scolarisée, bah je n'en suis pas morte. D'abord il y a des activités à la campagne (bon moi c'était le cheval, et le cheval c'est mieux là où il y a de la place) mais j'avais des copains qui partaient à vélo dans la cambrousse à l'aventure dans la forêt, et ce sont des gens très sains d'esprit par ailleurs hein). Ensuite si un adolescent pouvait échapper au mode de vie qui consiste essentiellement à traîner en ville, ma foi, est-ce un mal ? Un parent qui habite dans la cambrousse en France n'a-t-il vraiment aucun moyen d'acheter un bouquin à son gamin histoire qu'il ait quelque chose à faire ? Tous les gens habitant dans des trous paumés sont-ils vraiment dans l'incapacité totale d'offrir une ouverture sur le monde à leurs enfants ailleurs que dans la consommation urbaine ?
Rosanette n'a pas tort quand elle dit qu'il y a une partie de barrière mentale dans l'affirmation qu'on a toujours systématiquement besoin de sa voiture. Un exemple tout bête de ce matin : j'ai inscrit mes fils à une activité qui est à vingt minutes à pieds contre cinq en voiture. Ben j'hésite à y aller en voiture alors que ça serait meilleur pour tout le monde, évidemment, d'y aller à pieds ou en trotinette.

Maintenant le problème c'est qu'il y a un vrai cercle vicieux : tout est fait pour pousser les gens à la bagnole, donc si tu prends ton vélo ou tes pieds, tu passes au mieux pour un original, au pire pour un fou dangereux bobo intégriste hashtag Greta Thunberg, et comme rien n'est fait pour prendre le vélo, en plus tu peux parfois mettre ta vie en danger. Donc tu prends pas ton vélo. Donc pourquoi les collectivités territoriales se bougeraient-elles le fion pour deux-trois allumés qui veulent prendre leur vélo alors que les gens normaux prennent la voiture ? Etc.
Mais au niveau local, il est possible de faire quelque chose. Dans ma banlieue, un collectif de cycliste très  actif sur facebook a fini par faire bouger la mairie sur la question des pistes cyclables, et ça progresse. Si dans les collectivités rurales on pouvait faire le choix de mettre des transports efficaces, ça serait déjà énorme...

Elaïna a écrit:Oui enfin les parents de Dylan auraient pu aussi lui apprendre à faire autre chose qu'à traîner devant les vitrines.

Dalva a écrit:

Elaïna a écrit:
Bon cela étant je suis un peu d'accord avec Rosanette dans le sens où, je le vois bien en ce qui me concerne, prendre la voiture c'est quand même un peu une question de flemme parfois. Comme cliquer sur Amazon au lieu de prendre mes pieds et d'aller à la librairie à deux minutes à pieds.
On ne peut pas tout le  temps se cacher derrière son petit doigt en disant qu'on est obligé. Accessoirement, j'ai connu l'adolescence dans un bled à 35 bornes de Marseille où j'étais scolarisée, bah je n'en suis pas morte. D'abord il y a des activités à la campagne (bon moi c'était le cheval, et le cheval c'est mieux là où il y a de la place) mais j'avais des copains qui partaient à vélo dans la cambrousse à l'aventure dans la forêt, et ce sont des gens très sains d'esprit par ailleurs hein). Ensuite si un adolescent pouvait échapper au mode de vie qui consiste essentiellement à traîner en ville, ma foi, est-ce un mal ? Un parent qui habite dans la cambrousse en France n'a-t-il vraiment aucun moyen d'acheter un bouquin à son gamin histoire qu'il ait quelque chose à faire ? Tous les gens habitant dans des trous paumés sont-ils vraiment dans l'incapacité totale d'offrir une ouverture sur le monde à leurs enfants ailleurs que dans la consommation urbaine ?
Rosanette n'a pas tort quand elle dit qu'il y a une partie de barrière mentale dans l'affirmation qu'on a toujours systématiquement besoin de sa voiture. Un exemple tout bête de ce matin : j'ai inscrit mes fils à une activité qui est à vingt minutes à pieds contre cinq en voiture. Ben j'hésite à y aller en voiture alors que ça serait meilleur pour tout le monde, évidemment, d'y aller à pieds ou en trotinette.

Maintenant le problème c'est qu'il y a un vrai cercle vicieux : tout est fait pour pousser les gens à la bagnole, donc si tu prends ton vélo ou tes pieds, tu passes au mieux pour un original, au pire pour un fou dangereux bobo intégriste hashtag Greta Thunberg, et comme rien n'est fait pour prendre le vélo, en plus tu peux parfois mettre ta vie en danger. Donc tu prends pas ton vélo. Donc pourquoi les collectivités territoriales se bougeraient-elles le fion pour deux-trois allumés qui veulent prendre leur vélo alors que les gens normaux prennent la voiture ? Etc.
Mais au niveau local, il est possible de faire quelque chose. Dans ma banlieue, un collectif de cycliste très  actif sur facebook a fini par faire bouger la mairie sur la question des pistes cyclables, et ça progresse. Si dans les collectivités rurales on pouvait faire le choix de mettre des transports efficaces, ça serait déjà énorme...

Ouais, moi c'est pareil, j'ai l'impression de me cacher derrière mon petit doigt quand je choisis la solution de facilité et que je prends la voiture pour aller à la librairie ou emmener fiston au solfège, alors qu'il me faudrait juste quatre et deux heures pour y aller à pied.

Sinon, pour le solfège, j'ai déjà pensé à une solution : on pourrait demander tous les deux à profiter du ramassage scolaire à 17h, arriver à Corcieux vers 18h ou 18h15, attendre 18h30 (bon, moi j'attendrais jusqu'à 19h30, la fin du solfège), dormir chez un collègue ou je ne sais où, et prendre le ramassage scolaire le lendemain matin pour être au collège à 8h. Ça fait un tout petit peu d'organisation, c'est jouable, surtout si ma fille se démerde de son côté pour aller au théâtre qui est dans un autre village sur un autre ramassage scolaire, de 20h à 22h. C'est vrai qu'en 40 minutes, une heure maxi, elle y serait à pieds, mais je dois avouer que le retour m'inquièterait un peu, on ne se refait pas, mon petit doigt est vraiment boudiné.

wilfried12 a écrit:
Profonds débiles, vraiment?

Spoiler:

Dalva a écrit:

wilfried12 a écrit:
Profonds débiles, vraiment?

Ben oui : c'est tellement de soucis, une voiture, que je ne comprends pas pourquoi on s'impose ça quand on peut s'en passer. Je suppose donc, comme l'indique la suite de mon propos, que les gens ont de bonnes raisons, même si moi, je les trouve débiles.
Ce n'est pas pire que ce que dit Rosanette. J'ai simplement la politesse de ne pas enrober mon propos quand je traite les gens de gros cons.

Spoiler:

Rosanette a écrit:Isis, sûr que dans le cas d'une femme célibataire enceinte, ou qui se retrouve seule au moment où il faut se bouger, faire 1h30 de voiture est tout indiqué.

On ne peut pas penser les transports au prisme des urgences médicales.  Même dans une ville "sans voiture" (Ça n'existe pas) des véhicules motorisés auraient besoin de pouvoir passer pour les secours.

Rosanette a écrit:Isis, sûr que dans le cas d'une femme célibataire enceinte, ou qui se retrouve seule au moment où il faut se bouger, faire 1h30 de voiture est tout indiqué.

On ne peut pas penser les transports au prisme des urgences médicales.  Même dans une ville "sans voiture" (Ça n'existe pas) des véhicules motorisés auraient besoin de pouvoir passer pour les secours.

On ne peut pas penser les transports au prisme des urgences médicales. Même dans une ville "sans voiture" (Ça n'existe pas) des véhicules motorisés auraient besoin de pouvoir passer pour les secours.

Dalva a écrit:Je suppose néanmoins que tu n'utilises pas ta voiture pour te rendre à Paris. Si c'est le cas, tu as toute mon admiration, doublée d'un étonnement passablement marqué.

Thalia de G a écrit:

Rosanette a écrit:Isis, sûr que dans le cas d'une femme célibataire enceinte, ou qui se retrouve seule au moment où il faut se bouger, faire 1h30 de voiture est tout indiqué.

On ne peut pas penser les transports au prisme des urgences médicales.  Même dans une ville "sans voiture" (Ça n'existe pas) des véhicules motorisés auraient besoin de pouvoir passer pour les secours.

Je me permets de répondre à la place d'Isis, parce que je connais le coin.
Elle n'évoque pas le cas de femmes célibataires enceintes, mais un cas général. À moins, je ne sais pas. Et je confirme qu'il faut bien une heure trente pour joindre la maternité la plus proche. Sauf à commander un hélico.

On ne peut pas penser les transports au prisme des urgences médicales. Même dans une ville "sans voiture" (Ça n'existe pas) des véhicules motorisés auraient besoin de pouvoir passer pour les secours.

Certes. Mais sans un réseau de transports en commun avec des navettes fréquentes, ce qui n'est pas urgent peut le devenir.

Edit : grillée par Isis.

Rosanette a écrit:Bah oui mais être enceinte et mener son terme à 1h30 de la maternité la plus proche est un problème,  même avec sa voiture,  et la réponsepolitique  à la situation ne peut pas être un statu quo, qui met en danger les femmes, y compris et surtout celles qui ne peuvent pas prendre le volant.

TrucOuBidule a écrit:

Dalva a écrit:Je suppose néanmoins que tu n'utilises pas ta voiture pour te rendre à Paris. Si c'est le cas, tu as toute mon admiration, doublée d'un étonnement passablement marqué.

Bah, si. Pour rejoindre un endroit où je peux prendre des transports. Ça s'appelle le multimodal.
Après, entre la tarification peu flexible (comparé à d'autres capitales européennes) et le fait qu'il y a peut-être plus de trajets intra-banlieue que banlieue-Paris en ce qui me concerne, la bagnole demeure indispensable. Comme pour pas mal de monde dans le 77 me semble-t-il (hors Marne-la-Vallée peut-être).

Zagara a écrit:

Rosanette a écrit:Le consensus de recherche, il se trouve où ?
.

Bah tiens ça ne m'étonne pas que tu poses cette question. Faut vraiment que tu te mettes à la géographie, c'est ce qui manque aux militants ardents mais si dispersés et centrés sur une poignée de concepts compatibles avec leur vision du monde qu'ils en deviennent inefficaces.

Alors je n'ai pas le temps là tout de suite de te faire une biblio, mais je peux te répondre littéralement en t'indiquant "où il se trouve" : la question de la ruralité française a été récemment aux programmes de capes et d'agreg d'histoire. Tu vas sur le site institutionnel, tu trouves la lettre de cadrage et le rapport du jury ; ya des entrées biblios dedans. Et après tu étudies, parce que c'est le meilleur moyen de se garder de dire des grosses bêtises, du genre faire comme si les inégalités rurales d'accès à la mobilité pouvaient se résorber en achetant un bon vélo.

Isis39 a écrit:

Rosanette a écrit:Bah oui mais être enceinte et mener son terme à 1h30 de la maternité la plus proche est un problème,  même avec sa voiture,  et la réponsepolitique  à la situation ne peut pas être un statu quo, qui met en danger les femmes, y compris et surtout celles qui ne peuvent pas prendre le volant.

Mais tout le monde s'en fout de toutes les maternités et les chirurgies qui ferment ! Le gouvernement en premier lieu. Les gens des grandes villes aussi.
Ici c'est juste une histoire de vie ou de mort. Si tu fais un AVC ou un truc cardiaque un jour de neige, tu as de fortes chances de ne pas t'en sortir. Parce que l'hélicoptère ne peut pas venir. Et les ambulances sont coincées sur les routes enneigées.

Rosanette a écrit:

Isis39 a écrit:

Rosanette a écrit:Bah oui mais être enceinte et mener son terme à 1h30 de la maternité la plus proche est un problème,  même avec sa voiture,  et la réponsepolitique  à la situation ne peut pas être un statu quo, qui met en danger les femmes, y compris et surtout celles qui ne peuvent pas prendre le volant.

Mais tout le monde s'en fout de toutes les maternités et les chirurgies qui ferment ! Le gouvernement en premier lieu. Les gens des grandes villes aussi.
Ici c'est juste une histoire de vie ou de mort. Si tu fais un AVC ou un truc cardiaque un jour de neige, tu as de fortes chances de ne pas t'en sortir. Parce que l'hélicoptère ne peut pas venir. Et les ambulances sont coincées sur les routes enneigées.

Que les gens des villes s'en foutent, ce n est pas forcément votre problème, ils ne sont pas décideurs de cette politique.

Ce que tu décris relève du territoire  avec de fortes contraintes, où la voiture n est pas une solution, si personne n'est là pour toi ou si les conditions sont trop dangereuses sur la route.

wilfried12 a écrit: Profonds débiles, vraiment?  

Ah les pauvres banlieusards bloqués aux portes de Paris ! L’argument massue avancé par nombre de détracteurs d’Hidalgo n’est en fait qu’un pur fantasme. Les études menées ces dernières années sont catégoriques : une majorité des véhicules circulant dans le centre de la capitale sont conduits par des CSP+, résidant à Paris (pour être précis : 64% dans les 1er, 2, 3 et 4eme arrondissement). Ils parcourent en moyenne 3,5 km, soit l’équivalent de sept stations de métro !