Loin des villes : une génération oubliée

Je vous conseille de regarder cette émission sur les jeunes qui ne vivent pas dans les grandes villes, c'est extrêmement intéressant, et certainement utile pour ceux  qui ont toujours baigné dans un milieu urbain.  Je le dis sans acrimonie, car avant de déménager, la parisienne que je suis ne réalisait pas non plus l'ampleur de la fracture.

https://www.france.tv/france-3/pieces-a-conviction/1104537-loin-des-villes-generation-oubliee.html

Christophe Guilluy et la France périphérique : quand un livre de géographie évoque déjà ce phénomène.

La césure entre les habitants des métropoles et ceux des autres territoires est réelle.

Avec des implications dans le vote ou les mouvements sociaux actuels.

Il y a d'ailleurs, dans le débat, une allusion à ce terme de France périphérique ...
ou la diagonale du vide, où j'habite aujourd'hui.
Celle des ploucs dont certains se demandent comment ils peuvent bien vivre là (j'exagère à peine) et celle des gilets jaunes, tiens, comme c'est curieux.
Celle où on n'a que le fioul faute de gaz de ville, et besoin de sa voiture. Celles des campagnards qui ne peuvent pas toujours s'offrir le luxe d'être écolos et à qui quelques bobos des villes font la leçon.

Et des bobos, qui font suer dans leurs résidences secondaires, parce que que la cloche ou le coq font du bruit.

ou appellent une société de désinsectisation pour les débarrasser des cigales ...

Verdurette a écrit:ou appellent une société de désinsectisation pour les débarrasser des cigales ...

Le comble serait que ces *** votent écologiste par snobisme.

La campagne, ça sent et ça bruite. Qu'on se le dise !

Mais j'avoue que l'isolement réel et le temps dilaté (une heure semble quelquefois une journée) me font un peu flipper.

Ce qui m'a touché c'est la jeune fille de l'Hérault qui est à Sciences Po et qui est allé à l'encontre même de l'institution   (COP qui lui conseillait plutôt un IEP de province). Elle revient dans son lycée pour encourager les élèves à suivre des parcours exigeants, en leur rappelant que lorsqu'eux font la sortie annuelle au seul musée du coin, leurs camarades du lycée Henri IV à Paris sortent au Sénat déjeuner avec un sénateur, et ont accès à un grand choix culturel . Ça fait écho avec la médiocrité des TAP de l'école de mon village, par rapport à ce qu'on peut faire dans une grande ville. Et ça fait aussi écho avec NVB qui avait supprimé les classes bilangues partout en France sauf à Paris.

J'habite aussi le trou du Luc du monde.... Et c'est affolant car tous les magasins de ma petite ville de 4 000 habitants ferment. Quant à mes élèves... Se rendre à 15 km, c'est le bout du monde.

Un témoignage similaire dans ce livre :  "Les Invisibles de la République" de Salomé Berlioux. Même type de parcours, province, Sc po, et création d'une association.
Pour en savoir plus : https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/02/06/les-invisibles-de-la-republique-la-jeunesse-oubliee-de-la-france-peripherique_5419924_3232.html

amalricu a écrit:Et des bobos, qui font suer dans leurs résidences secondaires, parce que que la cloche ou le coq font du bruit.

Pas seulement...
https://www.lci.fr/regions/un-agriculteur-condamne-a-8000-euros-d-amende-a-cause-de-l-odeur-de-ses-vaches-cantal-auvergne-2138400.html

C'est assez paradoxal, avoir la "qualité de vie", mais sans vie
Pour autant, le bobo-bashing, bon ça ne résout pas le problème.

Certes mais trop c'est trop... c'est comme porter plainte contre les promoteurs de centre ville pour bétonisation du paysage. Ca ne tient pas debout.
Tiens, encore du sympa :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/aude/carcassonne/aude-cloches-vaches-discorde-saint-benoit-iront-elles-devant-justice-1751929.html
Une solution :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/lozere/mende/lozere-proposition-loi-faire-inscrire-bruits-campagne-au-patrimoine-rural-1702634.html
Le bobo est prévenu, à prendre ou à laisser.

Oui, des citadins souvent retraités qui rêvent d'un retour à la campagne, mais une campagne de carte postale sans bruit et sans odeur... Plus que du bobo-bashing, je pense que cela illustre la déconnexion grandissante de beaucoup de gens avec la "campagne" ou la "nature" (je mets entre guillemets car il n'y a pas qu'une campagne ou une nature, c'est trè varié suivant où on se trouve)
Il y a 20 ans, les quelques affaires comme celles-là n'étaient pas traitées avec sérieux et les gens qui portaient ce genre de plainte étaient regardés comme des farfelus. Aujourd'hui ils peuvent gagner en justice. Veut-on une campagne morte et sans vie?

Les "néo-ruraux" ce ne sont pas les "bobos." Par définition ils ne vivent pas au même endroit.
Désolé de faire dévier le sujet, mais coller tous les problèmes sur le dos des "bobos" comme synonymes de "ceux qui sont mieux lotis que d'autres" c'est inadéquat, il y a déjà bien assez de politiques pour le faire.

Ce qui m'étonne le plus, vu mon grand âge, c'est la "découverte" d'une réalité qui était déjà celle des années de mon enfance dans une petite ville ouvrière de 5000 habitants au tout début des années soixante. Il y a certes eu la télévision puis internet, désormais les "abandonnés" savent qu'il existe autre chose mais ils apprennent en même temps que ce n'est pas pour eux et cela rend les choses plus difficiles.

pogonophile a écrit:Les "néo-ruraux" ce ne sont pas les "bobos." Par définition ils ne vivent pas au même endroit.
Désolé de faire dévier le sujet, mais coller tous les problèmes sur le dos des "bobos" comme synonymes de "ceux qui sont mieux lotis que d'autres" c'est inadéquat, il y a déjà bien assez de politiques pour le faire.

Oui, ce sont aussi des citadins qui rêvent de s'installer à la campagne car les prix sont moins élevés et qu'ils rêvent d'un environnement plus sain et calme. Puis ils se heutent à une réalité qu'ils ignoraient... Je reviens sur ce que j'ai dit précédemment, ce ne sont pas que des retraités mais aussi des actifs dont les priorités diffèrent des gens qui travaillent sur place. Par exemple, le samedi ils sont fatigués de leur semaine, voudraient faire la grasse matinée et sont dérangés par tous ces bruits de la campagne (vaches, tracteur,...)

pogonophile a écrit:C'est assez paradoxal, avoir la "qualité de vie", mais sans vie
Pour autant, le bobo-bashing, bon ça ne résout pas le problème.

Non, mais lutain que ça fait du bien. Ce sont des cibles faciles, ces cons-là.


(edit : je fais allusion à ces imbéciles-là, cités par amalricu et Celadon :

Celadon a écrit:

amalricu a écrit:Et des bobos, qui font suer dans leurs résidences secondaires, parce que que la cloche ou le coq font du bruit.

Pas seulement...
https://www.lci.fr/regions/un-agriculteur-condamne-a-8000-euros-d-amende-a-cause-de-l-odeur-de-ses-vaches-cantal-auvergne-2138400.html

)

Il faut bien s'entendre sur ce qu'on met dans le concept de "néo-ruraux". Dans ma campagne familiale (nord de l'Yonne), les gens du cru se voient comme des "ruraux". Ils n'en sont pas du tout.
Certes, ils habitent des villages de quelques centaines de pelés, entourés par de la grande culture, mais ils travaillent dans les pôles urbains voisins (Sens, Montereau, Nemours, Melun...), ils consomment des loisirs en ville et ils ont un mode de vie urbain. Les géographes les classeraient dans la catégorie de "périurbains".
D'ailleurs les travaux récents sur le périurbain montrent une complexification du processus. Avant, la majorité des périurbains venaient des villes-centres. C'est de moins en moins vrai, avec des périurbains qui viennent de plus en plus des banlieues ou d'autres espaces périurbains voire d'espaces ruraux...

J'avoue avoir eu un choc en lisant "ces imbéciles-là" et mon pseudo ainsi qu'amalricu cités comme suite...

Celadon a écrit:J'avoue avoir eu un choc en lisant "ces imbéciles-là" et mon pseudo ainsi qu'amalricu cités comme suite...

Je parlais des plaignants, donc. Pas de toi, ni d'amalricu

Verdurette a écrit:Il y a d'ailleurs, dans le débat, une allusion à ce terme de France périphérique ...
ou la diagonale du vide, où j'habite aujourd'hui.
Celle des ploucs dont certains se demandent comment ils peuvent bien vivre là (j'exagère à peine) et celle des gilets jaunes, tiens, comme c'est curieux.
Celle où on n'a que le fioul faute de gaz de ville, et besoin de sa voiture. Celles des campagnards qui ne peuvent pas toujours s'offrir le luxe d'être écolos et à qui quelques bobos des villes font la leçon.

La vache, ça n'aura pas tardé ; évoquer la fracture socio-géographique pour ensuite gentiment dégoiser sur ces c*ns de citadins, sûr que ça aide à réfléchir sur la complexité de notre territoire, qui est loin de se résumer au gars des villes sur son vélo et et au gars de la brousse dans son diesel.

C'est quand même hallucinant, à croire qu'en ville on s'est débarrassé des bagnoles pour de bon (enfin bon, pour certains Alençon n'est pas une ville et vivre et travailler à Alençon intramuros condamne à un usage régulier d'une voiture personnelle).

Rendash a écrit:

Celadon a écrit:J'avoue avoir eu un choc en lisant "ces imbéciles-là" et mon pseudo ainsi qu'amalricu cités comme suite...

Je parlais des plaignants, donc. Pas de toi, ni d'amalricu

Bien sûr mais un millième de seconde, tu sais, le temps au cerveau de faire son boulot, quoi.

Rosanette a écrit:

Verdurette a écrit:Il y a d'ailleurs, dans le débat, une allusion à ce terme de France périphérique ...
ou la diagonale du vide, où j'habite aujourd'hui.
Celle des ploucs dont certains se demandent comment ils peuvent bien vivre là (j'exagère à peine) et celle des gilets jaunes, tiens, comme c'est curieux.
Celle où on n'a que le fioul faute de gaz de ville, et besoin de sa voiture. Celles des campagnards qui ne peuvent pas toujours s'offrir le luxe d'être écolos et à qui quelques bobos des villes font la leçon.

La vache, ça n'aura pas tardé ; évoquer la fracture socio-géographique pour ensuite gentiment dégoiser sur ces c*ns de citadins, sûr que ça aide à réfléchir sur la complexité de notre territoire, qui est loin de se résumer au gars des villes sur son vélo et et au gars de la brousse dans son diesel.

C'est quand même hallucinant, à croire qu'en ville on s'est débarrassé des bagnoles pour de bon (enfin bon, pour certains Alençon n'est pas une ville et vivre et travailler à Alençon intramuros condamne à un usage régulier d'une voiture personnelle).

Et au passage, on tape tranquilou sur tous ceux qui vivent dans les "métropoles" en feignant d'ignorer que le département français métropolitain le plus pauvre, c'est le 93 (la moitié des dealers français vivent en Seine Saint Denis, juste pour illustrer mon propos). Alors ils sont mignons les amoureux de Guilluy, ou ceux qui se plaignent à juste titre de la fermeture des services publics en campagne, mais il continue à faire meilleur vivre aujourd'hui dans certains territoires périurbains (les territoires ruraux n'existant plus vraiment) que dans certaines banlieues pourtant considérées comme les grandes gagnantes de la métropolisation.

A voir. Edouard Louis n'a pas grandi en Seine-Saint-Denis.

Tristana a écrit:

Rosanette a écrit:

Verdurette a écrit:Il y a d'ailleurs, dans le débat, une allusion à ce terme de France périphérique ...
ou la diagonale du vide, où j'habite aujourd'hui.
Celle des ploucs dont certains se demandent comment ils peuvent bien vivre là (j'exagère à peine) et celle des gilets jaunes, tiens, comme c'est curieux.
Celle où on n'a que le fioul faute de gaz de ville, et besoin de sa voiture. Celles des campagnards qui ne peuvent pas toujours s'offrir le luxe d'être écolos et à qui quelques bobos des villes font la leçon.

La vache, ça n'aura pas tardé ; évoquer la fracture socio-géographique pour ensuite gentiment dégoiser sur ces c*ns de citadins, sûr que ça aide à réfléchir sur la complexité de notre territoire, qui est loin de se résumer au gars des villes sur son vélo et et au gars de la brousse dans son diesel.

C'est quand même hallucinant, à croire qu'en ville on s'est débarrassé des bagnoles pour de bon (enfin bon, pour certains Alençon n'est pas une ville et vivre et travailler à Alençon intramuros condamne à un usage régulier d'une voiture personnelle).

Et au passage, on tape tranquilou sur tous ceux qui vivent dans les "métropoles" en feignant d'ignorer que le département français métropolitain le plus pauvre, c'est le 93 (la moitié des dealers français vivent en Seine Saint Denis, juste pour illustrer mon propos). Alors ils sont mignons les amoureux de Guilluy, ou ceux qui se plaignent à juste titre de la fermeture des services publics en campagne, mais il continue à faire meilleur vivre aujourd'hui dans certains territoires périurbains (les territoires ruraux n'existant plus vraiment) que dans certaines banlieues pourtant considérées comme les grandes gagnantes de la métropolisation.

C'est gentil pour eux...