Réforme du bac : le gouvernement envisage la suppression des séries S, L et ES

Serait-ce égoïste de dire que : je m'en badigeonne avec le pinceau de l'indifférence ?

Non pas que je veuille jouer les provocateurs notoires (quoi, c'est loupé ?) mais l'avenir des Sciences de la Vie et de la Terre, ce n'est pas vraiment mon problème

Wahlou a écrit:Serait-ce égoïste de dire que : je m'en badigeonne avec le pinceau de l'indifférence ?

Non pas que je veuille jouer les provocateurs notoires (quoi, c'est loupé ?) mais l'avenir des Sciences de la Vie et de la Terre, ce n'est pas vraiment mon problème

Entendu. Loin de moi l'idée de vous juger. On n'entre pas tous dans l'enseignement avec les mêmes motivations (et cela ne présage en rien, d'ailleurs, de la qualité de l'enseignement que l'on va donner). Mais j'espère que vous pourrez comprendre que des collègues sont, eux, soucieux de l'avenir de leur matière et prêts, à l'occasion, s'il le faut, à perdre un peu de leur dignité pour la bonne cause... Ad augusta per angusta...

Ah mais pas de souci ! Disons qu'il était clair pour moi que ce boulot n'était qu'un pis-aller le temps de l'engagement décennal. Ce qui ne m'empêche pas de le faire d'une manière très consciencieuse, entendons nous bien.

Mais comme il était évident pour moi, que je n'allais pas y passer ma vie

hypermnestre a écrit: Mais j'espère que vous pourrez comprendre que des collègues sont, eux, soucieux de l'avenir de leur matière et prêts, à l'occasion, s'il le faut, à perdre un peu de leur dignité pour la bonne cause... Ad augusta per angusta...

Assurément. J'ai, moi même, eu l'occasion de jouer les VRP pour attirer les élèves en spé SVT, je n'accable personne. Bon après, je ne considère absolument pas que mon comportement soit responsable de "l'avenir de ma matière". Pour s'en convaincre il suffit juste de voir les dernières réformes prises consistant à déconstruire les SVT, à partir de là, la rue de Grenelle s'en sort très bien, sans moi :lol:

Hypermnestre a écrit:Et votre matière ?

Personnellement, notre matière ne disparaîtra jamais puisque trop de métiers sont inhérents à notre discipline. Une disparition en lycée serait difficilement concevable. Mais on pourrait par contre faire disparaître l'aspect expérimental de notre discipline. Ça c'est un risque.

Mais si un jour ça arrivait, et bien je changerai de métier. J'espère obtenir prochainement un congé formation pour faire un master en deux ans. J’orienterai peut-être mon master (à la base pour le plaisir et me mettre à jour) pour faire autre chose. J'en serais très triste car je souhaitais faire ce métier depuis mes 12 ans et professeur de SVT depuis mes 16 ans. J'ai donc la vocation. Mais si on me fait faire des choses pour lesquelles je n'ai pas signé , alors oui, plutôt faire autre chose que d'être aigri . J'ai connu trop de personnes aigrie dans l'EN et à toutes les échelle (du collègue à l'IPR en passant par le CDE) pour ne pas le devenir moi -même).

La France deviendra médiocre et décrochera. Car elle paiera très cher ce manque d'ambition intellectuelle. Ce sera tant pis pour elle, mais je ne la pleurerai pas. Les Français n'avaient qu'à réfléchir quand ils ont mis un bulletin dans l'urne en 2017.

Concernant ta matière Hypermnestre, évidemment que je suis très triste ,en colère et profondément révolté. J'ai fait du latin avec beaucoup de bonheur en collège et lycée et je sais l'importance de cette discipline. Mon seul regret d'ailleurs est de ne pas avoir fait de Grec ancien : on ne pouvait pas l' accumuler avec le latin. Pour moi votre combat doit être porté à l'échelle nationale en vous faisant aider par des personnalités médiatiques et "faire des actions coup de poing". Bref , il faut faire passer médiatiquement votre message. Quitte à interpeller directement Brigitte Macron : vous avez la chance d'avoir une ex-collègue comme 1ère Dame pour les 5 prochaines années. Ce n'arrivera pas avant un bon moment je crois. Il faut surtout rester combatif, et faire porter votre message autrement

Et à part ça, sache, que je fais tous les jours la promotion du latin et du grec en donnant l'étymologie des mots scientifiques.La semaine dernière, c'était via et vox pour bien orthographier les voies génitales. Et la semaine prochaine ce sera geo et thermos pour le géotherme et petra et oleum pour le pétrole . C'est ma façon à moi de remercier cette discipline qui m'apporte du sens tous les jours

Wahlou a écrit:Ah mais pas de souci ! Disons qu'il était clair pour moi que ce boulot n'était qu'un pis-aller le temps de l'engagement décennal. Ce qui ne m'empêche pas de le faire d'une manière très consciencieuse,  entendons nous bien.

Quel engagement ? celui de l'ENS ?

gauvain31 a écrit:

Ergo a écrit:

Anaxagore a écrit:J'ai vu une intervention sur les "compétences" à la fac qui m'a mis les boules pour la journée.

Tu maîtrises le teaser, Vlad.

Ça c'est clair :lol:

Anaxagore :tu as dit  que tu attendrais la soirée pour nous raconter ce que tu as entendu . Nous y sommes , alors raconte !!  Je n'en puis plus, Anaxagore, je meurs !

+1

gauvain31 a écrit:

Hypermnestre a écrit:Et votre matière ?

Et à part ça, sache, que je fais tous les jours la promotion du latin et du grec en donnant l'étymologie des mots scientifiques.La semaine dernière, c'était via et vox pour bien orthographier les voies génitales. Et la semaine prochaine ce sera geo et thermos pour le géotherme et petra et oleum pour le pétrole . C'est ma façon à moi de remercier cette discipline qui m'apporte du sens tous les jours

Pareil, en terminologie médicale, je donne toujours les origines des racines et suffixes. Bon, rares sont les élèves qui ont fait du grec et du latin en ST2S mais ça n'est pas grave, je leur dis toujours d'où ça vient. Ca leur donnera peut-être la curiosité (et ça évite en effet certaines fautes d'orthographe). En plus, ça donne des rapprochements et des anecdotes marrantes (l'hystérie a toujours un grand succès auprès de mes élèves à 90% féminines : 1 bonne minute de brouhaha et de contestation assurées ! :lol:).

Ruthven a écrit:

gauvain31 a écrit:

Ergo a écrit:

Anaxagore a écrit:J'ai vu une intervention sur les "compétences" à la fac qui m'a mis les boules pour la journée.

Tu maîtrises le teaser, Vlad.

Ça c'est clair :lol:

Anaxagore :tu as dit  que tu attendrais la soirée pour nous raconter ce que tu as entendu . Nous y sommes , alors raconte !!  Je n'en puis plus, Anaxagore, je meurs !

+1  

En fait, gros laïus par des gens de sciences de l'éducation devant un public captif. La totale. Mise en place des compétences dans l'évaluation à la fac le couteau sous la gorge: "nous devons obtenir l'accréditation", discours toute honte bue: injonctions de l'OCDE, Bologne, PISA. "Les entreprises le réclament." Morgue insupportable devant un parterre manifestement pas assez enthousiaste: "j'ai l'habitude".

Aucun questionnement de ce que l'on nous impose, ni de qui nous l'impose et quasiment injonction à ne pas le faire, aucun questionnement des pseudo concepts, ni de la démarche, ni de ce qu'elle sous-entend en terme de vision de l'homme, en terme de vision du rôle de l'Université. Aucune intention de justifier, aucun sentiment d'avoir à justifier tout cela. Il me semblait pourtant avoir mis les pieds dans une Université et avoir été convié à une réunion de personnes pensantes.

Tout était "bien entendu", inéluctable. J'ai eu la vision d'une université vidée de sa substance, de sa liberté de penser, tenue par les bourses, instrumentalisée comme une petite boîte de formation continue d'entreprise.

La seule question pertinente qui a été posée dans le public a été balayée d'un revers de main dédaigneux.

Allez. Pour le plaisir.

http://michel.delord.free.fr/rb/rb-enseign_form.pdf

Anaxagore a écrit:Allez. Pour le plaisir.

http://michel.delord.free.fr/rb/rb-enseign_form.pdf

Ce qui est amusant, c'est le cynisme de plus en plus assumé.
J'ai été récemment convié à un colloque universitaire sur les compétences. J'avais préparé une intervention où sans marquer mon opposition frontale, j'avais subtilement démontré les considérations économiques et anti-humanistes du projet. Je croyais même avoir trop chargé la barque et avoir des ennuis lors des retours.

Et bien à ma grande surprise, tout le monde était très content. Il n'y a plus la moindre honte à asservir les jeunes générations au marché du travail et à les préparer à une vie d'aliénation de main d'oeuvre disposable et jetable.

et pour les SES ? aucune nouvelle de l'APSES ...qui a des news..

j'ai entendu parler d'une suppression des EE...

Feuchtwanger a écrit:

Anaxagore a écrit:Allez. Pour le plaisir.

http://michel.delord.free.fr/rb/rb-enseign_form.pdf

Ce qui est amusant, c'est le cynisme de plus en plus assumé.
J'ai été récemment convié à un colloque universitaire sur les compétences. J'avais préparé une intervention où sans marquer mon opposition frontale, j'avais subtilement démontré les considérations économiques et anti-humanistes du projet. Je croyais même avoir trop chargé la barque et avoir des ennuis lors des retours.

Et bien à ma grande surprise, tout le monde était très content. Il n'y a plus la moindre honte à asservir les jeunes générations au marché du travail et à les préparer à une vie d'aliénation de main d'oeuvre disposable et jetable.

Une de mes collègues voudrait que nous listions les compétences que nos étudiants acquièrent durant le M, "pour savoir à quoi on sert". Je lui ai dit que je savais à quoi je servais, pas besoin de checklist. Flûte à la fin.
Je me suis encore fait une amie.

Liste des trucs à faire :
1- demander aux gens de faire des listes de trucs à faire
2- ...

ghiazza13 a écrit:et pour les SES ? aucune nouvelle de l'APSES ...qui a des news..

j'ai entendu parler d'une suppression des EE...

Si c'est vrai, bon débarras !

Reste à savoir s'ils seraient remplacés, enfin, par des vrais cours à part entière, ou si les SES disparaîtraient à nouveau en 2nde (auquel cas on se retrouverait avec le même problème que la philo : comment les élèves pourraient-ils choisir en majeure une discipline qu'ils ne connaissent pas ?).

Pas mal d'élèves vont en ES sans avoir fait de ses en seconde, il n'y a pas spécialement de raison que cela change.

"Pas mal", il faut le dire vite : certains lycées ne proposent même pas de PFEG (c'est le cas de mon établissement, d'ailleurs) ; et dans ceux qui proposent cette EE, de mémoire, 90 % des élèves environ optent pour les SES.

RogerMartin a écrit:

Feuchtwanger a écrit:

Anaxagore a écrit:Allez. Pour le plaisir.

http://michel.delord.free.fr/rb/rb-enseign_form.pdf

Ce qui est amusant, c'est le cynisme de plus en plus assumé.
J'ai été récemment convié à un colloque universitaire sur les compétences. J'avais préparé une intervention où sans marquer mon opposition frontale, j'avais subtilement démontré les considérations économiques et anti-humanistes du projet. Je croyais même avoir trop chargé la barque et avoir des ennuis lors des retours.

Et bien à ma grande surprise, tout le monde était très content. Il n'y a plus la moindre honte à asservir les jeunes générations au marché du travail et à les préparer à une vie d'aliénation de main d'oeuvre disposable et jetable.

Une de mes collègues voudrait que nous listions les compétences que nos étudiants acquièrent durant le M, "pour savoir à quoi on sert". Je lui ai dit que je savais à quoi je servais, pas besoin de checklist. Flûte à la fin.
Je me suis encore fait une amie.

Il y a eu quelques échanges cordiaux ici quand, au (long) moment de l'élaboration de la NOF et surtout des modalités d'évaluation

Spoiler:

la question nous est parvenue sous forme de beau tableau de compétences par EC avec, horreur absolue, des compétences redondantes puisqu'on les trouvait dans plusieurs EC. Je donne deux exemples en spoiler. RM, ne lis pas, on tient à ta tension.

Spoiler:

Finalement, on a aussi fait plus ou moins comme on voulait et créé des intitulés plus ou moins bidons pour redispatcher l'existant et garder les modalités de contrôle de connaissances qu'on voulait mais ça a généré pas mal de tensions dont les conséquences se font encore sentir.

J'adooooore ton spoiler. So NOF.

Ce qui est tragique, c'est qu'on ne sait plus quoi répondre, nous autres petits professeurs du secondaire, quand ces fieffés spécialistes des sciencedeléduc nous répondent goguenards:"mais vous savez, madame, même Normale Sup s'y est mis, y compris en sciences humaines et dans les cursus classiques."
A mon avis, que ce soit totalement vrai ou non, ils se sont passé l'argument, parce que je l'ai entendu aussi dans la bouche de cde.


Je me doute que, comme le disait Ergo à l'instant, les collègues du supérieur ont plus bidouillé des intitulés à la noix que virer leur cuti pédagogique, le couteau sous la gorge, mais en attendant, il est vrai qu'on parle parfois plus de "communication" que de littérature dans telle ou telle maquette.

Je ne me sens aucune crédibilité comparativement. Et ces vendus s'empressent bien de me le rappeler. C'est déprimant.

Oui. C'est pour cela qu'on essaie de tout faire pour ne pas céder, mais le ministère ne s'est pas gêné pour éditer des attendus, avant même d'avoir le moindre retour.
APB a bon dos.

Imagine mon désespoir quand, après m'être engueulée avec pas mal de gens pendant la réforme du collège, je suis arrivée à la fac en septembre 2015 en me disant que j'allais enfin ne plus entendre parler de ces conneries. :|

Il y a des éléments de la maquette inhérents à la spécialisation progressive qui posent de sérieux problèmes, ne serait-ce que d'organisation. Le bilan de la 1e année ne sera pas tout à fait glorieux (ni tout à fait mauvais, il faut bien le dire). Et j'imagine que certaines maquettes ont changé bien plus que la nôtre.

Il y a aussi pas mal de changements qui sont découverts après coup en réunion, alors que les "impulsions" ont déjà été votées six mois plus tôt mais que pour tout un tas de raisons (boulot monstre, éparpillement des instances), les questions dans les départements, localement, ont l'air de se poser après les votes des conseils centraux, quand il n'y a pas de retour en arrière possible...

Je verrai si on parle des attendus à la prochaine réunion mais j'en doute.

Pour une fois, je suis le plus rapide...

Compte-rendu de l'audition de l'APSMS disponible sur :

https://www.santeetsociete.fr/

Edit : Un compte-rendu assez détaillé mais qui, au fond, n'apporte pas d'éléments nouveaux. Les contours de la réforme commencent à se dessiner sérieusement. Reste encore à savoir comment l'articulation majeures-mineures va prendre forme car cela me semble très complexe. Comment les classes vont-elles se former avec cette démultiplication des parcours ? Ou alors nous aurons beaucoup de cours en petits groupes, ce que je doute fort.

Ils confirment un assemblage STSS/SVT…

Oudemia a écrit:

Wahlou a écrit:Ah mais pas de souci ! Disons qu'il était clair pour moi que ce boulot n'était qu'un pis-aller le temps de l'engagement décennal. Ce qui ne m'empêche pas de le faire d'une manière très consciencieuse,  entendons nous bien.

Quel engagement ? celui de l'ENS ?

Oui

gauvain31 a écrit:

Et à part ça, sache, que je fais tous les jours la promotion du latin et du grec en donnant l'étymologie des mots scientifiques.La semaine dernière, c'était via et vox pour bien orthographier les voies génitales. Et la semaine prochaine ce sera geo et thermos pour le géotherme et petra et oleum pour le pétrole . C'est ma façon à moi de remercier cette discipline qui m'apporte du sens tous les jours

Dans mes bras !

Cicyle a écrit:Ils confirment un assemblage STSS/SVT…

Eh oui... La rue de Grenelle s'ingénie à déconstruire les sciences avec une gaieté déconcertante...

Cicyle a écrit:Ils confirment un assemblage STSS/SVT…

Oui, ta prédiction était malheureusement la bonne.

La perte d'heures serait abyssale pour nous. S'il ne nous reste qu'une pauvre majeure à 3 ou 4h par semaine en ex-STL et quelques BTS par ci par là, ils peuvent fermer le concours.
Bien entendu, je ne parle même pas de l'intérêtdézélèves, et de pédagogie, ces gens là s'en contre-fichent.