- ElyasEsprit sacré
Bonjour à tous,
J'ouvre ce fil pour qu'on puisse discuter et partager autour de nos pratiques sur le travail sur document en histoire.
Les pratiques sont diverses.
Je me lance.
Depuis des années, je ne suis pas satisfait du travail sur document que je faisais (des questionnaires écrits ou un cours dialogué fondé sur un questionnement précis).
Lorsqu'il y a eu la demande de travail sur document unique avec les programmes de 2008, j'ai réfléchi à ce qu'était le travail sur document dans le monde universitaire et à sa transposition didactique dans le champ scolaire, et ce dès la classe de 6e.
J'ai aussi réfléchi à trois points : la compréhension, le raisonnement/questionnement interne et le dévoilement de l'implicite.
Cela m'a amené à vouloir initier mes élèves au commentaire de document historique et à produire un texte de commentaire voire, à terme, de travailler et confronter plusieurs documents avec les exigences du commentaire.
Voici ce que cela donne (il y a beaucoup à dire, je suis peut-être trop gentil ou peu exigeant mais ce ne sont que des 6e) :
Pour y arriver, cela fait quelques années que je ne travaille qu'un seul document (que je peux éclairer en faisant apparaître d'autres documents pour faire comprendre l'implicite) pendant une heure entière. Le document me permet de faire ma leçon. Là, avec les exemples ci-dessus, c'est ma leçon sur le passage au monothéisme chez les habitants de Juda avec le retour de leurs élites de l'exil à Babylone.
Je ne fais presque plus de questionnaire de prélèvement d'information. Mon but est que mes élèves soient capables de produire des commentaires de document lors des évaluations.
Comme je disais, je travaille la compréhension. Je demande toujours à mes élèves de lire une première fois le document, puis une deuxième fois avec un brouillon où ils notent tout ce qui leur semble important. Ensuite, souvent, je lis le document. Je leur pose alors une seule question : "Qu'avez-vous compris du document ?" Je note au tableau toutes leurs remarques, demandant à la classe si tout le monde est d'accord ou non avec ce qui a été dit. Ceci fait, je demande : "De quoi auriez-vous besoin pour mieux comprendre le document ?" Là, ils me posent des questions de vocabulaire, de compréhension ou de curiosité. Ceci fait, je leur demande s'ils veulent ajouter des choses ou corriger des choses au tableau. Là, on a réalisé ce que j'appelle la description du documentaire càd ce que raconte le document.
Là, je leur demande de m'identifier le document (en gros, me présenter). Je note au tableau. Enfin, je leur demande pourquoi ce document a-t-il été écrit et quel a été son importance. Je note tout ceci sur le tableau à des endroits différents du tableau, autour de la description du tableau.
Ceci fait, je leur fais travailler le questionnement qu'il faut avoir pour parvenir à toutes ces informations. Et je leur donne des "formules magiques" qui sont constitués de trois verbe (je reprends sans doute à tort la terminologie du programme) : identifier (présenter), décrire et expliquer l'implicite du document. Je leur dis ce que chaque verbe attend avec le basique et le top du top.
Par exemple, pour identifier (présenter), je leur dis qu'on attend au minimum l'auteur, la nature, la date et l'idée (en gros, ce que dit le paratexte). Cependant, je leur dis que le top du top est de s'interroger sur la distance temporelle entre ce qui est raconté et quand c'est raconté (et là, mes élèves de 5e me calculent et me notent le nombre d'années, c'est assez amusant) et si c'est un témoignage direct ou indirect. De même, je leur demande de lire les mots employés dans le document pour voir si on ne peut pas en déduire des éléments supplémentaires sur l'auteur, quitte à faire une recherche sur l'auteur (ainsi mes 5e ont découvert qu'un auteur était un cousin du roi mis en valeur par le texte comme un héros très chrétien forcé par ses ennemis de faire des choses mauvaises et là, ils m'ont dit : "Monsieur, c'est pas très clair cette histoire !").
Je leur montre ensuite comment écrire tout cela sous la forme d'un commentaire et c'est parti.
Je travaille aussi le raisonnement pour soulever l'implicite du document. Là, c'est compliqué. Soit les élèves ont les connaissances pour le voir soit il faut les amener à émettre des hypothèses d'où mes questions : pourquoi ce texte a-t-il été écrit ? quel a été son impact ? dans quelles circonstances a-t-il été écrit ?
En faisant cela, je pense que je les initie à l'enquête (peut-être maladroitement).
Je dois améliorer cette pratique car je sens que dans mes terminologies que je reprends des programmes, il y a un souci. Cependant, je suis assez content de ce que cela donne.
Sur le soulèvement de l'implicite, j'ai très rarement de sottises énoncées. Les élèves sont très logiques. Le pire souci que je peux avoir est de leur faire comprendre que leur logique culturelle n'est pas nécessairement celle de l'auteur qui vivait dans une autre culture.
Et vous, comment faites-vous ? Je trouve qu'on n'en parle trop peu alors que c'est un peu le cœur du métier.
J'ouvre ce fil pour qu'on puisse discuter et partager autour de nos pratiques sur le travail sur document en histoire.
Les pratiques sont diverses.
Je me lance.
Depuis des années, je ne suis pas satisfait du travail sur document que je faisais (des questionnaires écrits ou un cours dialogué fondé sur un questionnement précis).
Lorsqu'il y a eu la demande de travail sur document unique avec les programmes de 2008, j'ai réfléchi à ce qu'était le travail sur document dans le monde universitaire et à sa transposition didactique dans le champ scolaire, et ce dès la classe de 6e.
J'ai aussi réfléchi à trois points : la compréhension, le raisonnement/questionnement interne et le dévoilement de l'implicite.
Cela m'a amené à vouloir initier mes élèves au commentaire de document historique et à produire un texte de commentaire voire, à terme, de travailler et confronter plusieurs documents avec les exigences du commentaire.
Voici ce que cela donne (il y a beaucoup à dire, je suis peut-être trop gentil ou peu exigeant mais ce ne sont que des 6e) :
- Spoiler:
Pour y arriver, cela fait quelques années que je ne travaille qu'un seul document (que je peux éclairer en faisant apparaître d'autres documents pour faire comprendre l'implicite) pendant une heure entière. Le document me permet de faire ma leçon. Là, avec les exemples ci-dessus, c'est ma leçon sur le passage au monothéisme chez les habitants de Juda avec le retour de leurs élites de l'exil à Babylone.
Je ne fais presque plus de questionnaire de prélèvement d'information. Mon but est que mes élèves soient capables de produire des commentaires de document lors des évaluations.
Comme je disais, je travaille la compréhension. Je demande toujours à mes élèves de lire une première fois le document, puis une deuxième fois avec un brouillon où ils notent tout ce qui leur semble important. Ensuite, souvent, je lis le document. Je leur pose alors une seule question : "Qu'avez-vous compris du document ?" Je note au tableau toutes leurs remarques, demandant à la classe si tout le monde est d'accord ou non avec ce qui a été dit. Ceci fait, je demande : "De quoi auriez-vous besoin pour mieux comprendre le document ?" Là, ils me posent des questions de vocabulaire, de compréhension ou de curiosité. Ceci fait, je leur demande s'ils veulent ajouter des choses ou corriger des choses au tableau. Là, on a réalisé ce que j'appelle la description du documentaire càd ce que raconte le document.
Là, je leur demande de m'identifier le document (en gros, me présenter). Je note au tableau. Enfin, je leur demande pourquoi ce document a-t-il été écrit et quel a été son importance. Je note tout ceci sur le tableau à des endroits différents du tableau, autour de la description du tableau.
Ceci fait, je leur fais travailler le questionnement qu'il faut avoir pour parvenir à toutes ces informations. Et je leur donne des "formules magiques" qui sont constitués de trois verbe (je reprends sans doute à tort la terminologie du programme) : identifier (présenter), décrire et expliquer l'implicite du document. Je leur dis ce que chaque verbe attend avec le basique et le top du top.
Par exemple, pour identifier (présenter), je leur dis qu'on attend au minimum l'auteur, la nature, la date et l'idée (en gros, ce que dit le paratexte). Cependant, je leur dis que le top du top est de s'interroger sur la distance temporelle entre ce qui est raconté et quand c'est raconté (et là, mes élèves de 5e me calculent et me notent le nombre d'années, c'est assez amusant) et si c'est un témoignage direct ou indirect. De même, je leur demande de lire les mots employés dans le document pour voir si on ne peut pas en déduire des éléments supplémentaires sur l'auteur, quitte à faire une recherche sur l'auteur (ainsi mes 5e ont découvert qu'un auteur était un cousin du roi mis en valeur par le texte comme un héros très chrétien forcé par ses ennemis de faire des choses mauvaises et là, ils m'ont dit : "Monsieur, c'est pas très clair cette histoire !").
Je leur montre ensuite comment écrire tout cela sous la forme d'un commentaire et c'est parti.
Je travaille aussi le raisonnement pour soulever l'implicite du document. Là, c'est compliqué. Soit les élèves ont les connaissances pour le voir soit il faut les amener à émettre des hypothèses d'où mes questions : pourquoi ce texte a-t-il été écrit ? quel a été son impact ? dans quelles circonstances a-t-il été écrit ?
En faisant cela, je pense que je les initie à l'enquête (peut-être maladroitement).
Je dois améliorer cette pratique car je sens que dans mes terminologies que je reprends des programmes, il y a un souci. Cependant, je suis assez content de ce que cela donne.
Sur le soulèvement de l'implicite, j'ai très rarement de sottises énoncées. Les élèves sont très logiques. Le pire souci que je peux avoir est de leur faire comprendre que leur logique culturelle n'est pas nécessairement celle de l'auteur qui vivait dans une autre culture.
Et vous, comment faites-vous ? Je trouve qu'on n'en parle trop peu alors que c'est un peu le cœur du métier.
- ElevenNeoprof expérimenté
Merci Elyas pour ce sujet, je reviens commenter dans la journée, c'est très intéressant !
_________________
2015-2016 : Première année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2016-2017 : Deuxième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et cinquièmes.
2017-2018 : Troisième année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2018-2019 : Quatrième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et sixièmes.
2019-2020 : Reconversion !
- Isis39Enchanteur
Donne-tu des consignes écrites à tes élèves, une sorte de méthodologie d'étude de document ? Ou tout se passe-t-il seulement à l'oral ?
- ElyasEsprit sacré
Isis39 a écrit:Donne-tu des consignes écrites à tes élèves, une sorte de méthodologie d'étude de document ? Ou tout se passe-t-il seulement à l'oral ?
J'ai mes affiches sur les murs rappelant les exigences des grands exercices et rappelant explicitement ce que chaque verbe de consigne signifie.
Ensuite, je suis toujours la même procédure (en prenant en compte ce que font les élèves évidemment).
AU bout de quelques essais, je leur fais créer un outil personnel de méthode/d'explicitation qu'ils peuvent sortir quand ils veulent (sauf que je dis explicitement qu'aujourd'hui, il n'y en a pas besoin).
Quand je leur demande de mettre en mots, je note au tableau les consignes qui font écho aux titres des différentes parties du tableau.
Après, à un moment de l'année, je peux leur demander de rédiger tout de suite pour voir s'ils savent le faire.
- Isis39Enchanteur
Je serais curieuse de voir ton affiche pour l'étude de doc.
- ElyasEsprit sacré
Je n'en avais pas encore cette année (j'ai tâtonné cette année pour arriver à ce que je vous montre en exemples). Je la fabriquerai cette année pour quand je reprendrai en octobre (pourvu que je reprenne en octobre !).
- Isis39Enchanteur
J'ai fait pour la rentrée des fiches plastifiées de consigne pour le récit (pas beaucoup de place pour afficher) et j'avais envie d'en faire aussi pour l'étude de document. Je vais me pencher là-dessus fin août.
- ElevenNeoprof expérimenté
Depuis des années, je ne suis pas satisfait du travail sur document que je faisais (des questionnaires écrits ou un cours dialogué fondé sur un questionnement précis).
De temps en temps c'est bien, mais à la longue c'est ennuyant ... je suis d'accord ...
Lorsqu'il y a eu la demande de travail sur document unique avec les programmes de 2008, j'ai réfléchi à ce qu'était le travail sur document dans le monde universitaire et à sa transposition didactique dans le champ scolaire, et ce dès la classe de 6e.
J'ai aussi réfléchi à trois points : la compréhension, le raisonnement/questionnement interne et le dévoilement de l'implicite.
Cela m'a amené à vouloir initier mes élèves au commentaire de document historique et à produire un texte de commentaire voire, à terme, de travailler et confronter plusieurs documents avec les exigences du commentaire.
Voici ce que cela donne (il y a beaucoup à dire, je suis peut-être trop gentil ou peu exigeant mais ce ne sont que des 6e) :
Moi j'aimerai bien voir la consigne que tu donnes à tes élèves pour ce genre de travail.
Pour y arriver, cela fait quelques années que je ne travaille qu'un seul document (que je peux éclairer en faisant apparaître d'autres documents pour faire comprendre l'implicite) pendant une heure entière. Le document me permet de faire ma leçon. Là, avec les exemples ci-dessus, c'est ma leçon sur le passage au monothéisme chez les habitants de Juda avec le retour de leurs élites de l'exil à Babylone.
C'est très difficile de trouve LE document pour faire sa leçon entièrement, c'est l'attente de pas mal d'inspecteurs ...
Je ne fais presque plus de questionnaire de prélèvement d'information. Mon but est que mes élèves soient capables de produire des commentaires de document lors des évaluations.
Comme je disais, je travaille la compréhension. Je demande toujours à mes élèves de lire une première fois le document, puis une deuxième fois avec un brouillon où ils notent tout ce qui leur semble important. Ensuite, souvent, je lis le document. Je leur pose alors une seule question : "Qu'avez-vous compris du document ?" Je note au tableau toutes leurs remarques, demandant à la classe si tout le monde est d'accord ou non avec ce qui a été dit. Ceci fait, je demande : "De quoi auriez-vous besoin pour mieux comprendre le document ?" Là, ils me posent des questions de vocabulaire, de compréhension ou de curiosité. Ceci fait, je leur demande s'ils veulent ajouter des choses ou corriger des choses au tableau. Là, on a réalisé ce que j'appelle la description du documentaire càd ce que raconte le document.
Là, je leur demande de m'identifier le document (en gros, me présenter). Je note au tableau. Enfin, je leur demande pourquoi ce document a-t-il été écrit et quel a été son importance. Je note tout ceci sur le tableau à des endroits différents du tableau, autour de la description du tableau.
L'identification du document ne vient normalement pas en premier dans une étude de documents ? Je rajoute aussi la source dans l'identification.
Ceci fait, je leur fais travailler le questionnement qu'il faut avoir pour parvenir à toutes ces informations. Et je leur donne des "formules magiques" qui sont constitués de trois verbe (je reprends sans doute à tort la terminologie du programme) : identifier (présenter), décrire et expliquer l'implicite du document. Je leur dis ce que chaque verbe attend avec le basique et le top du top.
Par exemple, pour identifier (présenter), je leur dis qu'on attend au minimum l'auteur, la nature, la date et l'idée (en gros, ce que dit le paratexte). Cependant, je leur dis que le top du top est de s'interroger sur la distance temporelle entre ce qui est raconté et quand c'est raconté (et là, mes élèves de 5e me calculent et me notent le nombre d'années, c'est assez amusant) et si c'est un témoignage direct ou indirect. De même, je leur demande de lire les mots employés dans le document pour voir si on ne peut pas en déduire des éléments supplémentaires sur l'auteur, quitte à faire une recherche sur l'auteur (ainsi mes 5e ont découvert qu'un auteur était un cousin du roi mis en valeur par le texte comme un héros très chrétien forcé par ses ennemis de faire des choses mauvaises et là, ils m'ont dit : "Monsieur, c'est pas très clair cette histoire !").
Je reprendrai l'idée !
Je leur montre ensuite comment écrire tout cela sous la forme d'un commentaire et c'est parti.
Je travaille aussi le raisonnement pour soulever l'implicite du document. Là, c'est compliqué. Soit les élèves ont les connaissances pour le voir soit il faut les amener à émettre des hypothèses d'où mes questions : pourquoi ce texte a-t-il été écrit ? quel a été son impact ? dans quelles circonstances a-t-il été écrit ?
En faisant cela, je pense que je les initie à l'enquête (peut-être maladroitement).
Comme Hérodote Cette partie est difficile à mettre en place avec les élèves, je pose ce genre de questions en "Bonus"
Je dois améliorer cette pratique car je sens que dans mes terminologies que je reprends des programmes, il y a un souci. Cependant, je suis assez content de ce que cela donne.
Sur le soulèvement de l'implicite, j'ai très rarement de sottises énoncées. Les élèves sont très logiques. Le pire souci que je peux avoir est de leur faire comprendre que leur logique culturelle n'est pas nécessairement celle de l'auteur qui vivait dans une autre culture.
Et vous, comment faites-vous ? Je trouve qu'on n'en parle trop peu alors que c'est un peu le cœur du métier.[/quote]
De temps en temps c'est bien, mais à la longue c'est ennuyant ... je suis d'accord ...
Lorsqu'il y a eu la demande de travail sur document unique avec les programmes de 2008, j'ai réfléchi à ce qu'était le travail sur document dans le monde universitaire et à sa transposition didactique dans le champ scolaire, et ce dès la classe de 6e.
J'ai aussi réfléchi à trois points : la compréhension, le raisonnement/questionnement interne et le dévoilement de l'implicite.
Cela m'a amené à vouloir initier mes élèves au commentaire de document historique et à produire un texte de commentaire voire, à terme, de travailler et confronter plusieurs documents avec les exigences du commentaire.
Voici ce que cela donne (il y a beaucoup à dire, je suis peut-être trop gentil ou peu exigeant mais ce ne sont que des 6e) :
- Spoiler:
Moi j'aimerai bien voir la consigne que tu donnes à tes élèves pour ce genre de travail.
Pour y arriver, cela fait quelques années que je ne travaille qu'un seul document (que je peux éclairer en faisant apparaître d'autres documents pour faire comprendre l'implicite) pendant une heure entière. Le document me permet de faire ma leçon. Là, avec les exemples ci-dessus, c'est ma leçon sur le passage au monothéisme chez les habitants de Juda avec le retour de leurs élites de l'exil à Babylone.
C'est très difficile de trouve LE document pour faire sa leçon entièrement, c'est l'attente de pas mal d'inspecteurs ...
Je ne fais presque plus de questionnaire de prélèvement d'information. Mon but est que mes élèves soient capables de produire des commentaires de document lors des évaluations.
Comme je disais, je travaille la compréhension. Je demande toujours à mes élèves de lire une première fois le document, puis une deuxième fois avec un brouillon où ils notent tout ce qui leur semble important. Ensuite, souvent, je lis le document. Je leur pose alors une seule question : "Qu'avez-vous compris du document ?" Je note au tableau toutes leurs remarques, demandant à la classe si tout le monde est d'accord ou non avec ce qui a été dit. Ceci fait, je demande : "De quoi auriez-vous besoin pour mieux comprendre le document ?" Là, ils me posent des questions de vocabulaire, de compréhension ou de curiosité. Ceci fait, je leur demande s'ils veulent ajouter des choses ou corriger des choses au tableau. Là, on a réalisé ce que j'appelle la description du documentaire càd ce que raconte le document.
Là, je leur demande de m'identifier le document (en gros, me présenter). Je note au tableau. Enfin, je leur demande pourquoi ce document a-t-il été écrit et quel a été son importance. Je note tout ceci sur le tableau à des endroits différents du tableau, autour de la description du tableau.
L'identification du document ne vient normalement pas en premier dans une étude de documents ? Je rajoute aussi la source dans l'identification.
Ceci fait, je leur fais travailler le questionnement qu'il faut avoir pour parvenir à toutes ces informations. Et je leur donne des "formules magiques" qui sont constitués de trois verbe (je reprends sans doute à tort la terminologie du programme) : identifier (présenter), décrire et expliquer l'implicite du document. Je leur dis ce que chaque verbe attend avec le basique et le top du top.
Par exemple, pour identifier (présenter), je leur dis qu'on attend au minimum l'auteur, la nature, la date et l'idée (en gros, ce que dit le paratexte). Cependant, je leur dis que le top du top est de s'interroger sur la distance temporelle entre ce qui est raconté et quand c'est raconté (et là, mes élèves de 5e me calculent et me notent le nombre d'années, c'est assez amusant) et si c'est un témoignage direct ou indirect. De même, je leur demande de lire les mots employés dans le document pour voir si on ne peut pas en déduire des éléments supplémentaires sur l'auteur, quitte à faire une recherche sur l'auteur (ainsi mes 5e ont découvert qu'un auteur était un cousin du roi mis en valeur par le texte comme un héros très chrétien forcé par ses ennemis de faire des choses mauvaises et là, ils m'ont dit : "Monsieur, c'est pas très clair cette histoire !").
Je reprendrai l'idée !
Je leur montre ensuite comment écrire tout cela sous la forme d'un commentaire et c'est parti.
Je travaille aussi le raisonnement pour soulever l'implicite du document. Là, c'est compliqué. Soit les élèves ont les connaissances pour le voir soit il faut les amener à émettre des hypothèses d'où mes questions : pourquoi ce texte a-t-il été écrit ? quel a été son impact ? dans quelles circonstances a-t-il été écrit ?
En faisant cela, je pense que je les initie à l'enquête (peut-être maladroitement).
Comme Hérodote Cette partie est difficile à mettre en place avec les élèves, je pose ce genre de questions en "Bonus"
Je dois améliorer cette pratique car je sens que dans mes terminologies que je reprends des programmes, il y a un souci. Cependant, je suis assez content de ce que cela donne.
Sur le soulèvement de l'implicite, j'ai très rarement de sottises énoncées. Les élèves sont très logiques. Le pire souci que je peux avoir est de leur faire comprendre que leur logique culturelle n'est pas nécessairement celle de l'auteur qui vivait dans une autre culture.
Et vous, comment faites-vous ? Je trouve qu'on n'en parle trop peu alors que c'est un peu le cœur du métier.[/quote]
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2015-2016 : Première année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2016-2017 : Deuxième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et cinquièmes.
2017-2018 : Troisième année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2018-2019 : Quatrième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et sixièmes.
2019-2020 : Reconversion !
- Isis39Enchanteur
Eleven je suis assez d'accord. Dur de trouver un document unique pour pouvoir travailler une heure dessus.
- JennyMédiateur
J'avoue que je le fais très peu, du mal aussi à travailler sur un seul document et à éviter la liste de questions dans ce type d'exercice.
Merci Elyas.
Merci Elyas.
- ElyasEsprit sacré
La consigne, tu la vois sur la 2e photographie : Identifiez, décrivez et expliquez ce document.
Ce type de travail, je le fais de 5 à 8 fois dans l'année (ça représente 10 à 20% de mes heures d'histoire). Après, j'aime bien le travail sur document unique, ça permet de donner au document toute sa dimension, càd une source mais aussi une trace du passé qui a une histoire. On peut tout à fait travailler autrement, je pense.
Ce type de travail, je le fais de 5 à 8 fois dans l'année (ça représente 10 à 20% de mes heures d'histoire). Après, j'aime bien le travail sur document unique, ça permet de donner au document toute sa dimension, càd une source mais aussi une trace du passé qui a une histoire. On peut tout à fait travailler autrement, je pense.
- anoukis59Fidèle du forum
@Elyas est ce que tu pourrais nous dire sur quels chapitres tu utilises la méthode du document unique? Et est ce que tu as des exemples de documents que tu utilises?
- ElyasEsprit sacré
Sur le chapitre sur le monde grec en 6e, je travaille une demi-heure sur le combat entre Hector et Achille puis une demi-heure sur l'explication de Nausicaa à Ulysse sur comment suivre le chemin jusqu'à son père. J'initie les élèves à la lecture de documents, aux différentes composantes d'un document (texte et paratexte) et aux verbes de consignes.
Sur le chapitre sur Rome, je travaille à nouveau avec un texte de Virgile puis ils testent seuls sur un texte de Tite-Live (mais je le fais en déductif, je réalise d'abord une présentation du 1er siècle avant J.-C.). J'hésite à étudier cette année en plus un extrait des Catilinaires où Cicéron utilise le mythe de Romulus.
Sur le judaïsme, j'utilise un extrait du livre d'Esaïe pour montrer le passage définitif au monothéisme.
Sur l'Empire, on travaille sur l'édit de Caracalla.
Sur le christianisme, je travaille avec l'édit de Milan.
Sur les liens avec la Chine, j'utilise un texte romain qui parle des Chinois et un texte chinois qui parlent des Romains.
En 5e, le traité de Verdun, un extrait de la Sîra, un contrat d'appariement entre deux seigneurs, un texte où Hugues Capet menace un comte qui l'envoie balader en lui rappelant qu'il a été élu grâce à son vote, le lienzo de Tlaxcala, un texte de Rabelais, le tableau de Louis XIV... etc. Je pourrais aussi utiliser la statue des deux waidiers de la cathédrale d'Amiens mais je l'utilise pour autre chose.
Sur le chapitre sur Rome, je travaille à nouveau avec un texte de Virgile puis ils testent seuls sur un texte de Tite-Live (mais je le fais en déductif, je réalise d'abord une présentation du 1er siècle avant J.-C.). J'hésite à étudier cette année en plus un extrait des Catilinaires où Cicéron utilise le mythe de Romulus.
Sur le judaïsme, j'utilise un extrait du livre d'Esaïe pour montrer le passage définitif au monothéisme.
Sur l'Empire, on travaille sur l'édit de Caracalla.
Sur le christianisme, je travaille avec l'édit de Milan.
Sur les liens avec la Chine, j'utilise un texte romain qui parle des Chinois et un texte chinois qui parlent des Romains.
En 5e, le traité de Verdun, un extrait de la Sîra, un contrat d'appariement entre deux seigneurs, un texte où Hugues Capet menace un comte qui l'envoie balader en lui rappelant qu'il a été élu grâce à son vote, le lienzo de Tlaxcala, un texte de Rabelais, le tableau de Louis XIV... etc. Je pourrais aussi utiliser la statue des deux waidiers de la cathédrale d'Amiens mais je l'utilise pour autre chose.
- anoukis59Fidèle du forum
Merci Elyas. Je travaille sur quelques documents que tu as cités mais uniquement sur des extraits et pas sur le texte entier. Donc si j'ai bien compris, si je prend l'exemple de l'édit de Caracalla, tu passes une heure sur celui-ci et uniquement lui?
- ElyasEsprit sacré
anoukis59 a écrit:Merci Elyas. Je travaille sur quelques documents que tu as cités mais uniquement sur des extraits et pas sur le texte entier. Donc si j'ai bien compris, si je prend l'exemple de l'édit de Caracalla, tu passes une heure sur celui-ci et uniquement lui?
Je ne donne pas les textes entiers, on est sur les extraits. Pour Caracalla, l'extrait, c'est le texte entier (de toute façon, quand on sait ce qu'il en reste, on ne peut pas avoir plus ). Tout va dépendre de la classe. Ce qui prend le plus de temps, c'est la mise en mots (je laisse bien 15 mn).
Dans Caracalla, ce qui les gêne le plus, c'est la phrase sur la grandeur du peuple romain. Ils ont des tas d'idées sur ce que cela peut bien signifier.
Dans ce travail, ce qui prend le plus de temps, c'est la découverte de l'implicite et la mise en mots ainsi que la lecture du document.
- Isis39Enchanteur
Qu'est-ce que tu appelles la "mise en mots" ?
- ElyasEsprit sacré
Isis39 a écrit:Qu'est-ce que tu appelles la "mise en mots" ?
Rédiger le commentaire.
- anoukis59Fidèle du forum
Jenny a écrit:J'avoue que je le fais très peu, du mal aussi à travailler sur un seul document et à éviter la liste de questions dans ce type d'exercice.
Merci Elyas.
Tout comme Jenny, j'ai du mal à partir d'un seul document et surtout, de manière plus générale, j'ai du mal à ne pas trop intervenir quand les élèves sont face à un/des document(s). D'ailleurs, il m'a été reproché en inspection d'être trop présente dans la classe.
- ElevenNeoprof expérimenté
anoukis59 : tu veux dire quoi par "ne pas trop intervenir" ?
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2015-2016 : Première année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2016-2017 : Deuxième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et cinquièmes.
2017-2018 : Troisième année contractuelle : sixièmes, cinquièmes.
2018-2019 : Quatrième année contractuelle : troisièmes, quatrièmes et sixièmes.
2019-2020 : Reconversion !
- anoukis59Fidèle du forum
Eleven a écrit:anoukis59 : tu veux dire quoi par "ne pas trop intervenir" ?
Souvent j'ai tendance à très vite les orienter vers les idées fortes du document et donc je leur laisse trop peu de temps pour comprendre eux-mêmes l'implicite du document.
- sookieGrand sage
Finalement Elyas, tu as mis en titre "travailler sur un document" mais dans tes exemples il ne s'agit que de textes. Est ce une méthode que tu appliques à d'autres types de document ?
J'ai des élèves d'un niveau particulièrment faible notamment en ce qui concerne la compréhension de l'écrit et ensuite la rédaction. J'ai l'impression que de ce fait, j'étudie de moins en moins de textes. Parce ce que le temps de l'explication prend un temps fou. Mais paradoxalement je n'avais pas eu l'idée de n'en faire qu'un. (je crois que mon défaut est d'étudier trop de docs)
Comme cette année, je me remets beaucoup en question sur mes pratiques, je crois que je vais réfléchir à ce que tu proposes.
J'ai des élèves d'un niveau particulièrment faible notamment en ce qui concerne la compréhension de l'écrit et ensuite la rédaction. J'ai l'impression que de ce fait, j'étudie de moins en moins de textes. Parce ce que le temps de l'explication prend un temps fou. Mais paradoxalement je n'avais pas eu l'idée de n'en faire qu'un. (je crois que mon défaut est d'étudier trop de docs)
Comme cette année, je me remets beaucoup en question sur mes pratiques, je crois que je vais réfléchir à ce que tu proposes.
- ElyasEsprit sacré
Mes exemples de 6e ne sont que des textes, c'est vrai. Cependant, on peut faire la même chose avec d'autres types de documents.
Après, c'est ma façon de faire. Elle n'est pas parfaite. Les objectifs de cycle 3 et cycle 4 m'ont pas mal surpris sur la compétence "Comprendre et analyser un document" (seulement comprendre en cycle 3). Je les trouve éminemment ambitieux, surtout en ce qui concerne l'implicite. Donc, j'ai cogité, tâtonné et échangé avec des collègues. J'ai eu la chance de travailler avec des collègues formateurs de français sur la compréhension et d'assister à une conférence très intéressante sur l'enseignement de la compréhension. Cela m'a pas mal aidé à avancer. Mais là, je vais commencer à jargonner. Donc, on va éviter
Après, c'est ma façon de faire. Elle n'est pas parfaite. Les objectifs de cycle 3 et cycle 4 m'ont pas mal surpris sur la compétence "Comprendre et analyser un document" (seulement comprendre en cycle 3). Je les trouve éminemment ambitieux, surtout en ce qui concerne l'implicite. Donc, j'ai cogité, tâtonné et échangé avec des collègues. J'ai eu la chance de travailler avec des collègues formateurs de français sur la compréhension et d'assister à une conférence très intéressante sur l'enseignement de la compréhension. Cela m'a pas mal aidé à avancer. Mais là, je vais commencer à jargonner. Donc, on va éviter
- poybeNiveau 6
Je suis resté très longtemps sur le questionnement à partir de docs et depuis quelques années je n'en suis plus du tout satisfait. J'ai de plus en plus d'élèves qui ne cherchent pas à comprendre le doc mais cherchent la réponse. Ils lèvent la main et me citent des passages du texte, bien souvent plus ou moins au hasard jusqu'à ce que je finisse par dire oui ... forcément, à force, ils trouvent.
J'avais moins ça il y a quelques années j'ai l'impression.
Du coup cette année j'ai tenté de travailler autrement, un peu comme toi, sans aller aussi loin, ma démarche étant moins "réfléchie" ... mon soucis étant que comme je les ai habitués aux questions/réponses, ils ont eu beaucoup de mal à en sortir. Il va visiblement que je leur donne d'autres habitudes de travail. Merci pour ce sujet et ces idées.
J'avais moins ça il y a quelques années j'ai l'impression.
Du coup cette année j'ai tenté de travailler autrement, un peu comme toi, sans aller aussi loin, ma démarche étant moins "réfléchie" ... mon soucis étant que comme je les ai habitués aux questions/réponses, ils ont eu beaucoup de mal à en sortir. Il va visiblement que je leur donne d'autres habitudes de travail. Merci pour ce sujet et ces idées.
- sookieGrand sage
Elyas, non, justement, les problèmes de compréhension, j'y suis confrontées tout le temps.
Si tu as quelques lectures ou sites à me conseiller, je suis preneuse.
Si tu as quelques lectures ou sites à me conseiller, je suis preneuse.
- ElyasEsprit sacré
sookie a écrit:Elyas, non, justement, les problèmes de compréhension, j'y suis confrontées tout le temps.
Si tu as quelques lectures ou sites à me conseiller, je suis preneuse.
Il y a ça sur eduscol : http://eduscol.education.fr/cid101051/ressources-francais-c3-lecture-et-comprehension-de-l-ecrit.html
Il y a à boire et à manger dedans et c'est principalement pour le français. Cependant, cela nous donne des pistes.
Personnellement, pour nous, j'ai compris trois trucs :
- l'importance de développer une culture chez l'élève (ça augmente sa capacité à faire des calculs inférentiels pour comprendre un document).
- l'importance de développer le questionnement et le raisonnement chez l'élève.
- travailler les calculs inférentiels pour développer la compréhension chez les élèves.
Les calculs inférentiels, c'est en gros, (il faudra me corriger pour mieux la définir) la capacité de ton esprit à s'adapter à ce que révèle un document pour le comprendre.
En gros, je prends l'exemple du duc d'Auge :
- Spoiler:
- Le duc d'Auge montait au sommet du donjon et regardait l'horizon. Tout était calme et serein.
--> Là, tu imagines un contexte médiéval.
- Spoiler:
- Soudain, au loin, apparurent des troupes d'hommes armés.
- Spoiler:
- Le duc d'Auge sonna l'alarme et dit à ses hommes "Ces fieffés CRS ne nous auront pas !"
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