- JiPe38Niveau 5
Celeborn a écrit:
La phrase : Ce candidat s'engage au service de la nation.
Quel est le statut pour vous de "au service de la nation" ? Complément de verbe ou de phrase ?
Retour aux sources, dictionnaire de l'académie :
(2)ENGAGER v. tr. et pron.
I. V. tr. .../... 5. Prendre à son service. Engager un employé, un domestique. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. MILIT. Enrôler. L'armée engage de jeunes volontaires.
II. V. pron. .../... 2. S'obliger, contracter une obligation. .../... Spécialt. Se lier par un contrat formel ou tacite pour exercer un travail déterminé. S'engager comme livreur dans une entreprise commerciale. MILIT. S'enrôler. Un jeune homme ne peut s'engager avant l'âge de dix-sept ans. Il s'est engagé dans l'infanterie. Absolt. Engagez-vous
Premier cas, transitif. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. Il s'y est engagé parce que.... Pronominalisable.
Second cas pronominal : Il s'est engagé comme livreur dans une entreprise. Il s'y est engagé pour nourrir sa famille. Pronominalisable.
Dans les deux cas, non déplaçable. Donc pour moi "au service de la nation" complément d'objet indirect fait partie du prédicat. On pourrait même considérer "au service de" comme une locution prépositive, comme "afin de" ou "à l'affut de". Je ne la trouve pas dans mon lexique informatisé... sans doute un oubli !
- User17706Bon génie
Le "y", ici, me paraît particulièrement rude. (Et d'où sort le "se" ?)JiPe38 a écrit:Premier cas, transitif. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. Il s'y est engagé parce que...
Alors là, je dois dire que, carrément, aucun des deux ne me semblent se dire (le premier me paraît être, au mieux, un tour très suranné, et on ne voit pas bien à quoi réfèrerait "y" dans la version réduite).JiPe38 a écrit:Second cas pronominal : Il s'est engagé comme livreur dans une entreprise. Il s'y est engagé pour nourrir sa famille. Pronominalisable.
- AphrodissiaMonarque
PauvreYorick a écrit:Le "y", ici, me paraît particulièrement rude. (Et d'où sort le "se" ?)JiPe38 a écrit:Premier cas, transitif. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. Il s'y est engagé parce que...Alors là, je dois dire que, carrément, aucun des deux ne me semblent se dire (le premier me paraît être, au mieux, un tour très suranné, et on ne voit pas bien à quoi réfèrerait "y" dans la version réduite).JiPe38 a écrit:Second cas pronominal : Il s'est engagé comme livreur dans une entreprise. Il s'y est engagé pour nourrir sa famille. Pronominalisable.
Ne dirait-on pas plutôt: Il s'y est fait engager ?
- OudemiaBon génie
PauvreYorick a écrit:Le "y", ici, me paraît particulièrement rude. (Et d'où sort le "se" ?)JiPe38 a écrit:Premier cas, transitif. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. Il s'y est engagé parce que...
Là, c'est le passif du pauvre, je veux dire de l'élève , qui, lui, ignorerait le y !Aphrodissia a écrit: Ne dirait-on pas plutôt: Il s'y est fait engager ?
- V.MarchaisEmpereur
Le y ne me semble pas correct non plus, parce qu'il crée de la confusion avec l'emploi transitif indirect de sens différent : s'engager à qqch.
On ne peut pas utiliser de pronom pour exprimer le lieu, ici, au mieux, un adverbe : Il s'est engagé là-bas.
On ne peut pas utiliser de pronom pour exprimer le lieu, ici, au mieux, un adverbe : Il s'est engagé là-bas.
- FrisouilleEnchanteur
L'un d'entre vous saurait-il m'expliquer la nuance d'emploi entre les verbes clôre et clôturer ? Pour moi, jusque là, "clôturer" renvoyait à la fermeture physique d'un espace (je clôture mon pré) et à la rigueur à la fin officielle d'un événement important (la soirée de clôture des JO) ou d'une réalité immatérielle (J'ai clôturé mon compte bancaire).
Quant au verbe "clôre", il signifiait cette idée d'achèvement d'échanges oraux (le débat est clos, la séance est close), éloignée de toute caractère concret.
Or je constate aujourd'hui que le verbe "clôre" a systématiquement tendance à disparaitre au profit du verbe clôturer. Mon mauvais esprit me pousse à penser que c'est parce que clôturer est plus simple à conjuguer mais je voudrais pouvoir expliquer la différence.
Merci de partager vos avis éclairés !
Quant au verbe "clôre", il signifiait cette idée d'achèvement d'échanges oraux (le débat est clos, la séance est close), éloignée de toute caractère concret.
Or je constate aujourd'hui que le verbe "clôre" a systématiquement tendance à disparaitre au profit du verbe clôturer. Mon mauvais esprit me pousse à penser que c'est parce que clôturer est plus simple à conjuguer mais je voudrais pouvoir expliquer la différence.
Merci de partager vos avis éclairés !
- V.MarchaisEmpereur
Quoique clôturer puisse s'employer au sens figuré, il signifie d'abord, comme tu le dis, poser une clôture, un terme, apposer une limite.
On parle depuis longtemps, et sans incorrection, de clôture des travaux, au sens de l'action de fermer.
Clore a un sens plus large, de fermer, sans conserver nécessairement l'idée originelle de limite.
On peut apposer une limite (temporelle, mais limite quand même) à une réunion, mais je ne souhaite à personne d'avoir les yeux clôturés.
On parle depuis longtemps, et sans incorrection, de clôture des travaux, au sens de l'action de fermer.
Clore a un sens plus large, de fermer, sans conserver nécessairement l'idée originelle de limite.
On peut apposer une limite (temporelle, mais limite quand même) à une réunion, mais je ne souhaite à personne d'avoir les yeux clôturés.
- User17706Bon génie
Déjà, c'est "clore", pas "clôre".
Sinon, oui, tu as raison, c'est une question de facilité (de même l'immonde solutionner tend à remplacer l'euphonique résoudre). Clôturer, c'est enclore, c'est-à-dire ceindre d'une clôture, dans tous les autres cas c'est clore qu'il faut, normalement. Il reste que les exceptions que tu mentionnes sont passées dans l'usage (notamment clôturer un compte bancaire); une réserve: ce n'est pas parce qu'il y a une soirée de clôture (substantif) des J.O. qu'il devient correct de parler de clôturer (verbe) les J.O.; pas davantage qu'il ne devient correct, lorsqu'on a trouvé une solution (substantif), de dire qu'on a solutionné (verbe) plutôt que résolu le problème. Donc, la soirée de clôture des J.O. est celle durant laquelle on clôt (et non: clôture) les J.O. Sauf si vraiment l'usage décide là-contre.
Sinon, oui, tu as raison, c'est une question de facilité (de même l'immonde solutionner tend à remplacer l'euphonique résoudre). Clôturer, c'est enclore, c'est-à-dire ceindre d'une clôture, dans tous les autres cas c'est clore qu'il faut, normalement. Il reste que les exceptions que tu mentionnes sont passées dans l'usage (notamment clôturer un compte bancaire); une réserve: ce n'est pas parce qu'il y a une soirée de clôture (substantif) des J.O. qu'il devient correct de parler de clôturer (verbe) les J.O.; pas davantage qu'il ne devient correct, lorsqu'on a trouvé une solution (substantif), de dire qu'on a solutionné (verbe) plutôt que résolu le problème. Donc, la soirée de clôture des J.O. est celle durant laquelle on clôt (et non: clôture) les J.O. Sauf si vraiment l'usage décide là-contre.
- V.MarchaisEmpereur
Il faudrait tout de même nuancer. L'emploi figuré de clôturer n'est pas incorrect. Je ne sais pas quand il apparaît, mais il est très ancien et attesté sous les meilleures plumes. Mais il ne recouvre pas exactement le sens de clore qui s'est élargi.
- FrisouilleEnchanteur
Toutes mes excuses pour l'accent circonflexe.
Et merci de vos explications, c'est un peu plus clair.
Donc si je lis, sous la plume de quelqu'un, "ce joli moment a clôturé cette extraordinaire journée", la phrase est grammaticalement correcte (mais d'un style affreux) ?
Et merci de vos explications, c'est un peu plus clair.
Donc si je lis, sous la plume de quelqu'un, "ce joli moment a clôturé cette extraordinaire journée", la phrase est grammaticalement correcte (mais d'un style affreux) ?
- AphrodissiaMonarque
Et quel serait le passif du riche?Oudemia a écrit:Là, c'est le passif du pauvre, je veux dire de l'élève , qui, lui, ignorerait le y !Aphrodissia a écrit: Ne dirait-on pas plutôt: Il s'y est fait engager ?
- NitaEmpereur
Un passif.
Mes élèves ne disent plus "Mémé a été poussée dans les orties", mais "Mémé s'est fait pousser dans les orties".
Ça m'exaspère.
Mes élèves ne disent plus "Mémé a été poussée dans les orties", mais "Mémé s'est fait pousser dans les orties".
Ça m'exaspère.
_________________
A clean house is a sign of a broken computer.
- OudemiaBon génie
Nita, ils disent : "Mémé s'est faite pousser dans les orties."
- NitaEmpereur
Hélas, tu as raison !
_________________
A clean house is a sign of a broken computer.
- JiPe38Niveau 5
Exact : il y a été engagé parce que...PauvreYorick a écrit:Le "y", ici, me paraît particulièrement rude. (Et d'où sort le "se" ?)JiPe38 a écrit:Premier cas, transitif. Cet acteur a été engagé à l'Odéon. Il s'y est engagé parce que...
- V.MarchaisEmpereur
Je persiste, Jipe : la pronominalisation n'est pas valide ici. Elle pose un problème de sens.
Il s'y est engagé = il s'est engagé à...
Il s'y est engagé = il s'est engagé à...
- bernardoFidèle du forum
"je compris que si mon coeur souhaitait ce renouvellement autour de lui d'un univers qui ne l'avait pas satisfait, c'est que lui, mon coeur, n'avait pas changé, et je me dis qu'il n'y avait pas de raison pour que celui de Gilberte eût changé davantage" ; (Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs)
Alors ça doit être très simple mais je n'arrive pas à analyser "pour que celui de Gilberte eût changé davantage" …complément du nom "raison" ?
- V.MarchaisEmpereur
Je rapprocherais plutôt cette tournure des consécutives : Il fait trop chaud pour que nous travaillions. Il n'y a pas de raison pour que nous travaillions...
- bernardoFidèle du forum
V.Marchais a écrit:Je pense que oui.
une complétive complément d'un nom abstrait, comme dans "la peur qu'il ne vienne pas" ?
ça expliquerait que le "pour" soit un peu facultatif : … il n'y avait pas de raison que celui de Gilberte eût changé ….
- bernardoFidèle du forum
J'ai pensé à ça aussi mais alors ce serait une sorte de consécutive hypothétique (à cause de la négation) ?
- V.MarchaisEmpereur
Il fait trop chaud, conséquence : on ne travaille pas.
Il n'y a pas de raison, conséquence : on ne travaille pas (ou le coeur de Gilberte n'a pas changé davantage).
Il n'y a pas de raison, conséquence : on ne travaille pas (ou le coeur de Gilberte n'a pas changé davantage).
- NLM76Grand Maître
Intéressant. On pourrait dire aussi "il n'y avait pas de raison qu'il changeât". Cela me fait penser à la double valeur de ut+ subjonctif. Véronique a raison : au plan sémantique, le point de contact entre le but et l'objet, c'est peut-être la consécutive, qui indique en quelque sorte la manière.bernardo a écrit:"je compris que si mon coeur souhaitait ce renouvellement autour de lui d'un univers qui ne l'avait pas satisfait, c'est que lui, mon coeur, n'avait pas changé, et je me dis qu'il n'y avait pas de raison pour que celui de Gilberte eût changé davantage" ; (Proust, A l'ombre des jeunes filles en fleurs)Alors ça doit être très simple mais je n'arrive pas à analyser "pour que celui de Gilberte eût changé davantage" …
complément du nom "raison" ?
D'autre part, il me semble que la difficulté d'analyse est liée à la locution "il y a"; quoi qu'il en soit, il me semble que le plus simple est de faire comme tu fais, Bernardo : complément du nom. Il me semble qu'on pourrait avoir ce type de CdN dans d'autres environnements : "La raison pour qu'il changeât avait disparu".
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- bernardoFidèle du forum
C'est autre chose mais ça m'y fait penser. Il y a longtemps que je me demande si on peut considérer comme complétive (COD) des propositions comme :
j'aime beaucoup quand tu danses
ou j'aime bien comment tu danses.
Ce n'est peut-être pas très correct à l'écrit, mais ça se dit beaucoup à l'oral.
j'aime beaucoup quand tu danses
ou j'aime bien comment tu danses.
Ce n'est peut-être pas très correct à l'écrit, mais ça se dit beaucoup à l'oral.
- CarabasVénérable
Oui, oui, tout à fait. Ce sont des complétives à fonction COD du vb de la principale.bernardo a écrit:C'est autre chose mais ça m'y fait penser. Il y a longtemps que je me demande si on peut considérer comme complétive (COD) des propositions comme :
j'aime beaucoup quand tu danses
ou j'aime bien comment tu danses.
Ce n'est peut-être pas très correct à l'écrit, mais ça se dit beaucoup à l'oral.
_________________
Les chances uniques sur un million se réalisent neuf fois sur dix.
Terry Pratchett
- User17706Bon génie
Suis-je seul à percevoir la seconde comme plus incorrecte que la première?
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum