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- Invité ElExpert spécialisé
V.Marchais a écrit:Là, tu es proche du procès d'intention.
Pour les fréquenter depuis longtemps, je doute que ni Mutis, ni PP, ni Amaliah dénigrent, même en off, ni Montaigne, ni Proust. Sans doute même en font-ils lire des passages - mais pas sans aide.
Je ne fais de procès d'intention à personne ici. Les phrases que j'ai citées sont cependant authentiques. Et ça aussi, ça fait mal.
Je suis évidemment admiratif de tous les collègues qui exercent dans les conditions les plus difficiles et avec les élèves les plus faibles.
Il est vraiment temps de se scandaliser absolument et à toute force contre ce constat de l'indigence linguistique de trop d'élèves. Au collège, il est trop tard, et il faut faire avec, pourtant, je le reconnais.
Mais encore une fois les phrases que j'ai citées devraient nous indigner.
- V.MarchaisEmpereur
Nous ne t'avons pas attendu pour nous scandaliser. Mais nous ne sommes pas décisionnaires en matière de politiques éducatives.
Et en attendant, on fait quoi, avec ces 40% d'élèves ou plus mauvais lecteurs ? On fait semblant ou on fait en sorte qu'ils puissent lire eux aussi, et améliorer progressivement, par la lecture, leur vocabulaire, leur syntaxe, pour lire encore, des titres toujours plus exigeants ?
Et en attendant, on fait quoi, avec ces 40% d'élèves ou plus mauvais lecteurs ? On fait semblant ou on fait en sorte qu'ils puissent lire eux aussi, et améliorer progressivement, par la lecture, leur vocabulaire, leur syntaxe, pour lire encore, des titres toujours plus exigeants ?
- AmaliahEmpereur
Anarore, je te rejoins sur le fait que moi-même je n'ai que peu lu de classiques par moi-même au collège. Mais la littérature jeunesse m'a laissé des souvenirs très forts. J'ai relu récemment Sans Famille, La Petite Princesse, Le Petit Lord Fauntleroy, La Petite Maison dans la prairie, toute mon enfance...
Mais en classe, malgré le piètre niveau général de mes élèves, je n'ai jamais eu à justifier mes choix. Peut-être parce que j'essaie toujours d'étudier des textes qui me passionnent. Et cet enthousiasme que j'essaie (parfois en vain) de transmettre suffit à ce que les élèves ne remettent pas en cause les textes étudiés.
Souvent les réactions des élèves face à des textes très éloignés d'eux sont surprenantes. Je repense à une élève de 4e extrêmement faible avec très peu de vocabulaire qui avait dit spontanément, après avoir écouté la lettre de Mme de Sévigné sur le mariage de Mademoiselle, que ce qui était étonnant, ce n'était pas ce que Mme de Sévigné disait, mais comment elle le disait.
L'an dernier, en 3e, la fameuse élève qui ignorait le sens du mot "barque" s'est exclamée "C'est beau!" alors qu'on lisait la fin de "Ultima verba". Des moments de grâce. Mais de manière générale, mes élèves s'intéressent aux textes à condition qu'on les guide. Désolée pour le HS qui nous éloigne du sujet initial auquel je reviens.
Mes 4e extrêmement faibles étaient du genre à ne pas même comprendre un petit livre comme Lettres à une disparue de V. Massenot. Un des seuls livres que je pouvais leur donner à lire sur la lettre, c'était Oscar et la dame rose. certains pousseront des cris d'orfraie en voyant ce titre. Moi, je trouve formidable que ces élèves-là, en décrochage complet, qui m'assuraient ne rien lire et ne pas aimer lire, réussissent à lire le livre en entier même si leur compréhension laissait parfois à désirer. Et l'étude guidée, pas à pas, des textes des Misérables se passait toujours formidablement bien.
Sinon, pour les LC, j'adapte parfois en fonction du niveau des élèves : pour la première guerre mondiale, j'ai donné A l'Ouest, rien de nouveau aux meilleurs élèves ou aux bons lecteurs et des titres au choix pour les autres et là encore avec des difficultés variables.
Mais en classe, malgré le piètre niveau général de mes élèves, je n'ai jamais eu à justifier mes choix. Peut-être parce que j'essaie toujours d'étudier des textes qui me passionnent. Et cet enthousiasme que j'essaie (parfois en vain) de transmettre suffit à ce que les élèves ne remettent pas en cause les textes étudiés.
Souvent les réactions des élèves face à des textes très éloignés d'eux sont surprenantes. Je repense à une élève de 4e extrêmement faible avec très peu de vocabulaire qui avait dit spontanément, après avoir écouté la lettre de Mme de Sévigné sur le mariage de Mademoiselle, que ce qui était étonnant, ce n'était pas ce que Mme de Sévigné disait, mais comment elle le disait.
L'an dernier, en 3e, la fameuse élève qui ignorait le sens du mot "barque" s'est exclamée "C'est beau!" alors qu'on lisait la fin de "Ultima verba". Des moments de grâce. Mais de manière générale, mes élèves s'intéressent aux textes à condition qu'on les guide. Désolée pour le HS qui nous éloigne du sujet initial auquel je reviens.
Mes 4e extrêmement faibles étaient du genre à ne pas même comprendre un petit livre comme Lettres à une disparue de V. Massenot. Un des seuls livres que je pouvais leur donner à lire sur la lettre, c'était Oscar et la dame rose. certains pousseront des cris d'orfraie en voyant ce titre. Moi, je trouve formidable que ces élèves-là, en décrochage complet, qui m'assuraient ne rien lire et ne pas aimer lire, réussissent à lire le livre en entier même si leur compréhension laissait parfois à désirer. Et l'étude guidée, pas à pas, des textes des Misérables se passait toujours formidablement bien.
Sinon, pour les LC, j'adapte parfois en fonction du niveau des élèves : pour la première guerre mondiale, j'ai donné A l'Ouest, rien de nouveau aux meilleurs élèves ou aux bons lecteurs et des titres au choix pour les autres et là encore avec des difficultés variables.
- TangledingGrand Maître
N'allons pas dans les polémiques personnelles et les procès d'intention (le MEN, Robine & le Monde nous les adressent déjà ces derniers temps).
C'est un débat de fond intéressant, je reconnais que les arguments avancés infléchissent ma position qui n'avait rien de majoritaire ne serait-ce qu'au sein de notre équipe de lettres.
Pour la liste de propositions, j'espérais des élèves une certaine autonomie, or si on ne les contraint pas ils ne font aucun usage de ce classeur, c'est assez décevant.
Je reste cependant dubitatif quant au fait que la lecture de Cherub' (exemple caricatural) soit une étape pour lire Proust (re-caricature). Vu le nombre d'adultes qui ne sortent pas des polars débiles et autres Mussottises. Le déclencheur ne peut-être que l'étude réussie de textes littéraires.
En d'autres termes la capacité de lecture des élèves est une condition nécessaire mais non suffisante pour aller vers la lecture d'oeuvres littéraires.
Bref cela n'occulte pas la nécessité de développer les capacités de lecture de nos élèves. Sauf que concrètement ma formation ne m'a rien donné pour me permettre de le faire efficacement (outre la question de l’hétérogénéité de nos classes).
C'est un débat de fond intéressant, je reconnais que les arguments avancés infléchissent ma position qui n'avait rien de majoritaire ne serait-ce qu'au sein de notre équipe de lettres.
Pour la liste de propositions, j'espérais des élèves une certaine autonomie, or si on ne les contraint pas ils ne font aucun usage de ce classeur, c'est assez décevant.
Je reste cependant dubitatif quant au fait que la lecture de Cherub' (exemple caricatural) soit une étape pour lire Proust (re-caricature). Vu le nombre d'adultes qui ne sortent pas des polars débiles et autres Mussottises. Le déclencheur ne peut-être que l'étude réussie de textes littéraires.
En d'autres termes la capacité de lecture des élèves est une condition nécessaire mais non suffisante pour aller vers la lecture d'oeuvres littéraires.
Bref cela n'occulte pas la nécessité de développer les capacités de lecture de nos élèves. Sauf que concrètement ma formation ne m'a rien donné pour me permettre de le faire efficacement (outre la question de l’hétérogénéité de nos classes).
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- V.MarchaisEmpereur
Bien sûr que nous devons transmettre de la belle littérature à nos élèves. Ça, c'est ce que nous faisons tous les jours en classe. Mais on ne les laisse pas seuls face à ces textes.
- Invité ElExpert spécialisé
Personne n'a jamais dit le contraire.
- TangledingGrand Maître
@ V. Marchais : J'ai assez de TDL chez moi pour ne pas douter du fait que tu es attachée à transmettre des oeuvres littéraires de qualité...
La question que je me posais était davantage celle de la place et du rôle de la lecture dite cursive (très laid comme dénomination) et de la place de la littérature dite de jeunesse (et surtout du choix de cette dernière)...
La question que je me posais était davantage celle de la place et du rôle de la lecture dite cursive (très laid comme dénomination) et de la place de la littérature dite de jeunesse (et surtout du choix de cette dernière)...
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- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- IsidoriaDoyen
Je suis du genre à dire que je trouve Montaigne difficile. Pour les élèves. Mais je peux argumenter, je n'ai que des classes de lycée depuis quelques années, et j'interroge régulièrement au bac sur Montaigne qui est très récurrent. Je n'ai en général qu'une vague soupe indigeste de paraphrase. Les élèves ont tellement de mal avec le sens qu'ils n'ont aucune possibilité de s'intéresser au texte en lui même.
Je n'ai eu qu'une LA très brillante de Montaigne, un OVNI.
Et pourtant sur la liste que je propose au bac, on trouve Voltaire, Montesquieu, choderlos de Laclos, Hugo, Rimbaud, Céline et bien d'autres.
Mes élèves choisissent parfois en cursive Duras, mais d'autres vont vers Malraux ou Madame de Lafayette. Les adolescents ont aussi différents stades de développement, et leur laisser le choix c'est selon moi leur laisser un sentiment de liberté qui peut les pousser vers la lecture.
Et pour finir, j'ai participé pendant des années aux Incorriptibles et autres prix, cela m'a fait découvrir des pépites en "jeunesse".
Je n'ai eu qu'une LA très brillante de Montaigne, un OVNI.
Et pourtant sur la liste que je propose au bac, on trouve Voltaire, Montesquieu, choderlos de Laclos, Hugo, Rimbaud, Céline et bien d'autres.
Mes élèves choisissent parfois en cursive Duras, mais d'autres vont vers Malraux ou Madame de Lafayette. Les adolescents ont aussi différents stades de développement, et leur laisser le choix c'est selon moi leur laisser un sentiment de liberté qui peut les pousser vers la lecture.
Et pour finir, j'ai participé pendant des années aux Incorriptibles et autres prix, cela m'a fait découvrir des pépites en "jeunesse".
- F.LemoineÉrudit
elpenor08 a écrit:V.Marchais a écrit:Là, tu es proche du procès d'intention.
Pour les fréquenter depuis longtemps, je doute que ni Mutis, ni PP, ni Amaliah dénigrent, même en off, ni Montaigne, ni Proust. Sans doute même en font-ils lire des passages - mais pas sans aide.
Je ne fais de procès d'intention à personne ici. Les phrases que j'ai citées sont cependant authentiques. Et ça aussi, ça fait mal.
Je suis évidemment admiratif de tous les collègues qui exercent dans les conditions les plus difficiles et avec les élèves les plus faibles.
Il est vraiment temps de se scandaliser absolument et à toute force contre ce constat de l'indigence linguistique de trop d'élèves. Au collège, il est trop tard, et il faut faire avec, pourtant, je le reconnais.
Mais encore une fois les phrases que j'ai citées devraient nous indigner.
La question est : où enseignes-tu, elpenor08 ? Pas dans mon quartier, apparemment. Il est hors de question que je joue ton jeu. En l'occurrence il s'agirait de ségrégation culturelle. TOUS mes élèves doivent acquérir le goût et l'habitude de la lecture. Je suis entre autres autres payé pour ça, et j'approuve. Moi-même je n'avais aucun livre à la maison et c'est l'école qui m'a donné le goût de lire. Proust, Voltaire, Montaigne, Rimbaud, et j'en passe.
Je donne vite accès à la littérature aux bons lecteurs. Pour les nombreux autres, ce n'est pas simple. Et ça doit passer par des chemins détournés.
Ne te trompe pas de combat.
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- F.LemoineÉrudit
Tangleding a écrit:@ V. Marchais : J'ai assez de TDL chez moi pour ne pas douter du fait que tu es attachée à transmettre des oeuvres littéraires de qualité...
La question que je me posais était davantage celle de la place et du rôle de la lecture dite cursive (très laid comme dénomination) et de la place de la littérature dite de jeunesse (et surtout du choix de cette dernière)...
Pour moi, cette place est très cadrée et réduite : un livre à lire par mois (soit 9 dans l'année) à la maison, à choisir dans une liste fermée, et un questionnaire de vérification concernant le ou les livres lu(s) pendant le mois - questionnaire auquel les élèves répondent en classe : entre 15 et 30 minutes. Et basta, on passe à autre chose.
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- ProvenceEnchanteur
V.Marchais a écrit:
Tu sais, Elpenor, l'an passé, j'ai fait étudier à mes 5e une nouvelle de Sherlock Holmes. Sherlock Holmes, c'est facile, non ? Eh bien les trois quarts de la classe n'ont rien compris aux premiers chapitres. Trop de vocabulaire inconnu, tout simplement. Alors nous avons repris cela en classe, développé des stratégies de lecture, et ils en sont venus à bout. Mais tu vois, même ça, ils ne peuvent le lire seuls.
J'ai une expérience assez identique, même si la proportion d'élèves en difficulté est sans doute moindre dans mon secteur. Il m'est arrivé de réprimander vertement certains gamins: "Tu n'as pas lu le livre!". En fait, si, ils l'avaient lu; ils avaient lu chacun des mots, un à un, avec application. Mais il n'avaient rien compris et surtout pas que ces mots formaient des phrases elles-mêmes constituant un texte. Et ça, j'ai mis des années à le comprendre. Alors si déjà ces élèves-là pouvaient lire et comprendre seuls un roman en littérature jeunesse, ce ne serait pas si mal.
Et quelques bouses aussi...Isidoria a écrit:
Et pour finir, j'ai participé pendant des années aux Incorriptibles et autres prix, cela m'a fait découvrir des pépites en "jeunesse".
- ProvenceEnchanteur
Sinon, je n'ai pas lu que des œuvres puissamment intelligentes dans ma jeunesse. Mais je ne regrette pas le plaisir que j'ai pris à découvrir les démêlés de Fantômette avec le Furet ou encore les palpitantes aventures de Léa Delmas luttant aux côtés de la Résistance. Et j'ai acquis ainsi une aisance en lecture qui m'a forcément aidée à lire autre chose ensuite.
- ProvenceEnchanteur
Le Muche, par exemple... Oh, mon Dieu, quelle horreur que ce truc... Acheté en plusieurs exemplaires par le CDI...Isidoria a écrit:C'est pas faux...
- F.LemoineÉrudit
Provence a écrit:Sinon, je n'ai pas lu que des œuvres puissamment intelligentes dans ma jeunesse. Mais je ne regrette pas le plaisir que j'ai pris à découvrir les démêlés de Fantômette avec le Furet ou encore les palpitantes aventures de Léa Delmas luttant aux côtés de la Résistance. Et j'ai acquis ainsi une aisance en lecture qui m'a forcément aidée à lire autre chose ensuite.
Langelot, mon héros d'enfance...
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"La vie est mêlée de traverses. Il est bon de s'y tenir sans cesse préparé." (Molière, Les Fourberies de Scapin).
- ProvenceEnchanteur
Solitaire, mais solidaire!F.Lemoine a écrit:Provence a écrit:Sinon, je n'ai pas lu que des œuvres puissamment intelligentes dans ma jeunesse. Mais je ne regrette pas le plaisir que j'ai pris à découvrir les démêlés de Fantômette avec le Furet ou encore les palpitantes aventures de Léa Delmas luttant aux côtés de la Résistance. Et j'ai acquis ainsi une aisance en lecture qui m'a forcément aidée à lire autre chose ensuite.
Langelot, mon héros d'enfance...
- Invité ElExpert spécialisé
F.Lemoine a écrit:Provence a écrit:Sinon, je n'ai pas lu que des œuvres puissamment intelligentes dans ma jeunesse. Mais je ne regrette pas le plaisir que j'ai pris à découvrir les démêlés de Fantômette avec le Furet ou encore les palpitantes aventures de Léa Delmas luttant aux côtés de la Résistance. Et j'ai acquis ainsi une aisance en lecture qui m'a forcément aidée à lire autre chose ensuite.
Langelot, mon héros d'enfance...
Snif, snif!
- Invité ElExpert spécialisé
F.Lemoine a écrit:elpenor08 a écrit:V.Marchais a écrit:Là, tu es proche du procès d'intention.
Pour les fréquenter depuis longtemps, je doute que ni Mutis, ni PP, ni Amaliah dénigrent, même en off, ni Montaigne, ni Proust. Sans doute même en font-ils lire des passages - mais pas sans aide.
Je ne fais de procès d'intention à personne ici. Les phrases que j'ai citées sont cependant authentiques. Et ça aussi, ça fait mal.
Je suis évidemment admiratif de tous les collègues qui exercent dans les conditions les plus difficiles et avec les élèves les plus faibles.
Il est vraiment temps de se scandaliser absolument et à toute force contre ce constat de l'indigence linguistique de trop d'élèves. Au collège, il est trop tard, et il faut faire avec, pourtant, je le reconnais.
Mais encore une fois les phrases que j'ai citées devraient nous indigner.
La question est : où enseignes-tu, elpenor08 ? Pas dans mon quartier, apparemment. Il est hors de question que je joue ton jeu. En l'occurrence il s'agirait de ségrégation culturelle. TOUS mes élèves doivent acquérir le goût et l'habitude de la lecture. Je suis entre autres autres payé pour ça, et j'approuve. Moi-même je n'avais aucun livre à la maison et c'est l'école qui m'a donné le goût de lire. Proust, Voltaire, Montaigne, Rimbaud, et j'en passe.
Je donne vite accès à la littérature aux bons lecteurs. Pour les nombreux autres, ce n'est pas simple. Et ça doit passer par des chemins détournés.
Ne te trompe pas de combat.
Milieu hyper rural, niveau culturel très faible.
- Invité ElExpert spécialisé
F.Lemoine a écrit:
La question est : où enseignes-tu, elpenor08 ? Pas dans mon quartier, apparemment. Il est hors de question que je joue ton jeu. En l'occurrence il s'agirait de ségrégation culturelle. TOUS mes élèves doivent acquérir le goût et l'habitude de la lecture. Je suis entre autres autres payé pour ça, et j'approuve. Moi-même je n'avais aucun livre à la maison et c'est l'école qui m'a donné le goût de lire. Proust, Voltaire, Montaigne, Rimbaud, et j'en passe.
Je donne vite accès à la littérature aux bons lecteurs. Pour les nombreux autres, ce n'est pas simple. Et ça doit passer par des chemins détournés.
Ne te trompe pas de combat.
Et c'est moi qu'on accuse de procès d'intention...
Nos différences de parcours expliquent peut-être nos divergences de vues. Pour ma part, jusqu'au collège, l'école de la République m'a fait lire de la daube et ne m'a pas permis d'accéder à la culture (pas de livres chez moi non plus, ma soeur et moi sommes les premiers à avoir eu le bac dans la famille). Mon professeur de latin toutefois m'a fait passer un concours en 3è et je me suis retrouvé au Prytanée, où j'ai pu regarder mes petits camarades, gavés de culture depuis toujours, passer le Concours Général pendant que moi je découvrais tout un monde en partant pratiquement de zéro, avec des années de retard. Alors tout ce temps passé à autre chose que de proposer une littérature qui en vaille la peine (j'aime bien les deux mots: valoir, peine), ça me ramène à ma propre histoire, à l'hypocrisie de l'école, à la ségrégation culturelle qu'elle a exercée sur moi, et en effet ça m'énerve.
Je changerai radicalement d'avis quand je rencontrerai un élève qui a découvert Rimbaud parce qu'il a appris à aimer lire avec Weulersse.
- NadejdaGrand sage
Mais rien n'empêche de proposer pour chaque chapitre une liste de lectures cursives possibles, adaptées aux niveaux des élèves et mêlant littérature jeunesse de bonne qualité et classiques (par larges extraits, comme le fait doctor who, ou en lecture intégrale). C'est ce que je fais et ce que font beaucoup de professeurs.
- Thalia de GMédiateur
J'ai scindé ce topic https://www.neoprofs.org/t90629-projet-de-programme-en-francais-pistes-d-analyse qui partait dans une autre direction
Si vous trouvez un titre plus adapté, je veux bien changer le mien.
Si vous trouvez un titre plus adapté, je veux bien changer le mien.
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Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- MUTISExpert
elpenor08, ton discours me rappelle une petite anecdote. Il y a une vingtaine d'années je corrigeai le brevet et une collègue s'exclama alors qu'elle corrigeait un sujet de réflexion sur la lecture : " Ouah ! Encore un qui cite Vipère au poing ! comme si c'était de la littérature !"... Et c'est vrai qu'il y a encore peu Hervé Bazin était considéré comme un auteur sans intérêt et méprisé par les vrais littéraires.
Deuxième anecdote : j'ai un fils de 12 ans qui dévore les romans d'aventures comme Cherub, Gone, Alex Rider etc. Je lui ai mis dans les mains cet été La Gloire de ma père, me souvenant que j'avais aimé à son âge. Il est revenu me voir en disant qu'il ne comprenait pas bien ! Stupéfaction et indignation du prof ! Puis, j'ai repris le livre avec lui et entamé la lecture : et j'ai découvert que le début du livre était très difficile et totalement étranger à l'univers d'un enfant d'aujourd'hui. Et notamment les précisions sur la culture anticléricale des instituteurs de la troisième république. Le vocabulaire n'était pas aisé. Nous le lisons ensemble et cela passe avec des explications. Mais si je l'avais obligé à le lire, je crois que j'aurais obtenu un résultat inverse à celui souhaité. Tuer l'envie de lire et décourager...
En 4ème cette année il doit lire la version Ecole des Loisirs des Misérables. Le premier chapitre de cette version est totalement inaccessible pour un enfant de 12 ans. Totalement. Alors que faut-il faire ? Eh bien ces lectures doivent être accompagnées et ce n'est pas incompatible avec des lectures plus légères à la maison ou plus axées sur d'autres critères que des critères de conformité pédagogique et d'utilité scolaire...
Enfin, quel dédain pour le littérature pour la jeunesse. Il y a des auteurs tout à fait estimables parmi ceux qui s'y consacrent. Des auteurs que les élèves ont beaucoup de plaisir à découvrir. Des auteurs qui ne sont pas idiots et inutiles. Il suffit d'aller voir dans les rayons d'un bonne librairie aujourd'hui. Mais cela me rappelle le dédain pour la "paralittérature" et tous les genres secondaires comme le roman policier, la SF, le roman d'aventures qui sont encore le lot d'intellectuels admirateurs de Robbe-Grillet (que j'ai toujours trouvé médiocre et douteux au passage) et pensent que le roman doit déconstruire et réfléchir sur ses propres modalités sous peine d'être de la fausse littérature. A mon avis, la perception du littéraire doit être plus ouverte et plus modeste. Susciter l'envie de lire est essentiel avec des collégiens et cela ne passe pas forcément et pas uniquement par la lecture des classiques scolaires.
Deuxième anecdote : j'ai un fils de 12 ans qui dévore les romans d'aventures comme Cherub, Gone, Alex Rider etc. Je lui ai mis dans les mains cet été La Gloire de ma père, me souvenant que j'avais aimé à son âge. Il est revenu me voir en disant qu'il ne comprenait pas bien ! Stupéfaction et indignation du prof ! Puis, j'ai repris le livre avec lui et entamé la lecture : et j'ai découvert que le début du livre était très difficile et totalement étranger à l'univers d'un enfant d'aujourd'hui. Et notamment les précisions sur la culture anticléricale des instituteurs de la troisième république. Le vocabulaire n'était pas aisé. Nous le lisons ensemble et cela passe avec des explications. Mais si je l'avais obligé à le lire, je crois que j'aurais obtenu un résultat inverse à celui souhaité. Tuer l'envie de lire et décourager...
En 4ème cette année il doit lire la version Ecole des Loisirs des Misérables. Le premier chapitre de cette version est totalement inaccessible pour un enfant de 12 ans. Totalement. Alors que faut-il faire ? Eh bien ces lectures doivent être accompagnées et ce n'est pas incompatible avec des lectures plus légères à la maison ou plus axées sur d'autres critères que des critères de conformité pédagogique et d'utilité scolaire...
Enfin, quel dédain pour le littérature pour la jeunesse. Il y a des auteurs tout à fait estimables parmi ceux qui s'y consacrent. Des auteurs que les élèves ont beaucoup de plaisir à découvrir. Des auteurs qui ne sont pas idiots et inutiles. Il suffit d'aller voir dans les rayons d'un bonne librairie aujourd'hui. Mais cela me rappelle le dédain pour la "paralittérature" et tous les genres secondaires comme le roman policier, la SF, le roman d'aventures qui sont encore le lot d'intellectuels admirateurs de Robbe-Grillet (que j'ai toujours trouvé médiocre et douteux au passage) et pensent que le roman doit déconstruire et réfléchir sur ses propres modalités sous peine d'être de la fausse littérature. A mon avis, la perception du littéraire doit être plus ouverte et plus modeste. Susciter l'envie de lire est essentiel avec des collégiens et cela ne passe pas forcément et pas uniquement par la lecture des classiques scolaires.
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"Heureux soient les fêlés car ils laissent passer la lumière" (Audiard)
"Ce n'est pas l'excès d'autorité qui est dangereux, c'est l'excès d'obéissance" (Primo Levi)
"La littérature, quelque passion que nous mettions à le nier, permet de sauver de l'oubli tout ce sur quoi le regard contemporain, de plus en plus immoral, prétend glisser dans l'indifférence absolue" (Enrique Vila-Matas)
" Que les dissemblables soient réunis et de leurs différences jaillira la plus belle harmonie ; rien ne se fait sans lutte." (Héraclite)
"Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou" (Pascal).
- MehitabelVénérable
elpenor08 a écrit:F.Lemoine a écrit:
La question est : où enseignes-tu, elpenor08 ? Pas dans mon quartier, apparemment. Il est hors de question que je joue ton jeu. En l'occurrence il s'agirait de ségrégation culturelle. TOUS mes élèves doivent acquérir le goût et l'habitude de la lecture. Je suis entre autres autres payé pour ça, et j'approuve. Moi-même je n'avais aucun livre à la maison et c'est l'école qui m'a donné le goût de lire. Proust, Voltaire, Montaigne, Rimbaud, et j'en passe.
Je donne vite accès à la littérature aux bons lecteurs. Pour les nombreux autres, ce n'est pas simple. Et ça doit passer par des chemins détournés.
Ne te trompe pas de combat.
Et c'est moi qu'on accuse de procès d'intention...
Nos différences de parcours expliquent peut-être nos divergences de vues. Pour ma part, jusqu'au collège, l'école de la République m'a fait lire de la daube et ne m'a pas permis d'accéder à la culture (pas de livres chez moi non plus, ma soeur et moi sommes les premiers à avoir eu le bac dans la famille). Mon professeur de latin toutefois m'a fait passer un concours en 3è et je me suis retrouvé au Prytanée, où j'ai pu regarder mes petits camarades, gavés de culture depuis toujours, passer le Concours Général pendant que moi je découvrais tout un monde en partant pratiquement de zéro, avec des années de retard. Alors tout ce temps passé à autre chose que de proposer une littérature qui en vaille la peine (j'aime bien les deux mots: valoir, peine), ça me ramène à ma propre histoire, à l'hypocrisie de l'école, à la ségrégation culturelle qu'elle a exercée sur moi, et en effet ça m'énerve.
Je changerai radicalement d'avis quand je rencontrerai un élève qui a découvert Rimbaud parce qu'il a appris à aimer lire avec Weulersse.
On peut aussi dire que l'on changera d'avis lorsqu'on aura vu un élève emprunter Une saison en enfer après avoir étudié des poèmes de Rimbaud en classe, pour l'instant, je ne l'ai jamais vu, et je suis dans un milieu scolaire très privilégié.
Après la lecture du Voleur de feu, j'ai vu mes élèves aller au CDI et faire des recherches sur Rimbaud, me poser des questions, et aller lire le poème "Voyelles" évoqué à la fin du roman.
Mission accomplie.
- AmaliahEmpereur
Tangleding a écrit:
Pour la liste de propositions, j'espérais des élèves une certaine autonomie, or si on ne les contraint pas ils ne font aucun usage de ce classeur, c'est assez décevant.
Pour ma part, si je devais noter quelque chose à chaque fois que je lisais un livre, j'ai beau être prof de français, ça m'ennuierait vite... C'est pour cette raison entre autres que je en suis pas adepte du cahier du lecteur.
Pour que les élèves lisent, il me semble qu'il faut une liste importante mais réduite de titres (100 me semblent trop), la coopération du prof de français et du doc et un temps même très limité d'échange en petit groupe pour créer de l'émulation. Le défi, le diplôme en fin d'année peuvent aussi en motiver en 6e du moins.
Chaque semaine, pendant mon heure en demi-groupe, nous prenone 15 minutes pour que chaque élève dise ce qu'il est en train de lire et s'il aime et pourquoi.
Provence a écrit:V.Marchais a écrit:
Tu sais, Elpenor, l'an passé, j'ai fait étudier à mes 5e une nouvelle de Sherlock Holmes. Sherlock Holmes, c'est facile, non ? Eh bien les trois quarts de la classe n'ont rien compris aux premiers chapitres. Trop de vocabulaire inconnu, tout simplement. Alors nous avons repris cela en classe, développé des stratégies de lecture, et ils en sont venus à bout. Mais tu vois, même ça, ils ne peuvent le lire seuls.
J'ai une expérience assez identique, même si la proportion d'élèves en difficulté est sans doute moindre dans mon secteur. Il m'est arrivé de réprimander vertement certains gamins: "Tu n'as pas lu le livre!". En fait, si, ils l'avaient lu; ils avaient lu chacun des mots, un à un, avec application. Mais il n'avaient rien compris et surtout pas que ces mots formaient des phrases elles-mêmes constituant un texte. Et ça, j'ai mis des années à le comprendre. Alors si déjà ces élèves-là pouvaient lire et comprendre seuls un roman en littérature jeunesse, ce ne serait pas si mal.
Même expérience dans les premières années où j'avais ces fameux 4e très faibles. trois nouvelles de Maupassant à lire dont "Pierrot" et les trois quarts de la classe étaient incapables de me raconter l'histoire tout en m'assurant qu'ils avaient lu les trois nouvelles demandées... Je mets en retenue dans ma classe par petits groupes d'élèves pendant qu' j'avais mon demi-groupe de 6e, je vois les élèves lire leur texte et être incapable de répondre à des questions de compréhension immédiate...
Les Incos, c'est en effet très variable comme qualité...
MUTIS a écrit:Deuxième anecdote : j'ai un fils de 12 ans qui dévore les romans d'aventures comme Cherub, Gone, Alex Rider etc. Je lui ai mis dans les mains cet été La Gloire de ma père, me souvenant que j'avais aimé à son âge. Il est revenu me voir en disant qu'il ne comprenait pas bien ! Stupéfaction et indignation du prof ! Puis, j'ai repris le livre avec lui et entamé la lecture : et j'ai découvert que le début du livre était très difficile et totalement étranger à l'univers d'un enfant d'aujourd'hui. Et notamment les précisions sur la culture anticléricale des instituteurs de la troisième république. Le vocabulaire n'était pas aisé. Nous le lisons ensemble et cela passe avec des explications. Mais si je l'avais obligé à le lire, je crois que j'aurais obtenu un résultat inverse à celui souhaité. Tuer l'envie de lire et décourager...
Enfin, quel dédain pour le littérature pour la jeunesse. Il y a des auteurs tout à fait estimables parmi ceux qui s'y consacrent. Des auteurs que les élèves ont beaucoup de plaisir à découvrir. Des auteurs qui ne sont pas idiots et inutiles. Il suffit d'aller voir dans les rayons d'un bonne librairie aujourd'hui. Mais cela me rappelle le dédain pour la "paralittérature" et tous les genres secondaires comme le roman policier, la SF, le roman d'aventures qui sont encore le lot d'intellectuels admirateurs de Robbe-Grillet (que j'ai toujours trouvé médiocre et douteux au passage) et pensent que le roman doit déconstruire et réfléchir sur ses propres modalités sous peine d'être de la fausse littérature. A mon avis, la perception du littéraire doit être plus ouverte et plus modeste. Susciter l'envie de lire est essentiel avec des collégiens et cela ne passe pas forcément et pas uniquement par la lecture des classiques scolaires.
Mutis, idem chez moi : mon fils, dix ans, en 6e, commence La Gloire de mon père le mois dernier. Je me souvenais que je l'avais lu en 6e en classe et que le vocabulaire n'était pas facile. En reprenant avec lui le livre, je me suis rendu compte de la difficulté du début, du passage sur le clergé notamment. On a lu le début ensemble à haute voix et puis il a continué tout seul. Et il a enfin eu le droit de regarder le film!
On pourrait ouvrir un fil reprenant les bons titres de littérature jeunesse, même si cela rejoindrait en partie tes top ten, Mutis.
- Invité ElExpert spécialisé
Mais je n'ai jamais dit que j'avais déjà balancé du Racine à des 5è dans une édition critique! Evidemment qu'il faut les accompagner, que c'est difficile, très difficile.
Encore une fois, il me semble qu'il faut s'interroger sur les objectifs principaux de nos pratiques. Produire du lecteur ne me semble pas être un enjeu premier. Fournir les codes nécessaires à l'expression écrite et orale, oui.
Je peux me tromper sur les ouvrages de jeunesse. Lors de mes années d'enseignement au collège, j'ai essayé de découvrir ce monde, et n'ai pas été convaincu, c'est tout. Pas la peine de me faire un procès en mépris ad homines envers les auteurs.
Je veux bien faire amende honorable sur le ton outrancier employé, mais relis mon message précédent. Je pense que vous me prenez un peu trop vite pour un prétentieux élitiste qui ferait porter un fardeau impossible à ses élèves et qui se ficherait comme d'une guigne des plus faibles. S'il faut donner en cursive des ouvrages de jeunesse pour que tout le monde lise, très bien, je l'ai fait aussi. Mais sans aucune illusion. Je n'ai fait qu'occuper un peu le temps des élèves pour un gain que j'estime modeste. En revanche, toutes les lectures faites avec eux pendant les cours de textes a priori difficiles et qui ont pu leur faire penser quelque chose furent des victoires. J'aurais aimé bien sûr qu'il y en eût davantage.
On enseigne souvent un peu conditionné par ses propres études: j'ai détesté lire des livres sans intérêt, ils m'ont éloigné de la littérature pendant longtemps, et j'ai été indigné quand j'ai compris que mes professeurs de collège m'avaient tenu loin d'une culture pour mieux me ménager de belles humiliations au lycée. Je ne souhaite tout simplement pas faire cette erreur avec mes élèves.
Entre parenthèses, je n'aime ni Robbe-Grillet ni le polar...
Pour le sujet qui nous concerne, je trouve l'article suivant assez intéressant:
https://contextes.revues.org/5020#tocto1n5
Encore une fois, il me semble qu'il faut s'interroger sur les objectifs principaux de nos pratiques. Produire du lecteur ne me semble pas être un enjeu premier. Fournir les codes nécessaires à l'expression écrite et orale, oui.
Je peux me tromper sur les ouvrages de jeunesse. Lors de mes années d'enseignement au collège, j'ai essayé de découvrir ce monde, et n'ai pas été convaincu, c'est tout. Pas la peine de me faire un procès en mépris ad homines envers les auteurs.
Je veux bien faire amende honorable sur le ton outrancier employé, mais relis mon message précédent. Je pense que vous me prenez un peu trop vite pour un prétentieux élitiste qui ferait porter un fardeau impossible à ses élèves et qui se ficherait comme d'une guigne des plus faibles. S'il faut donner en cursive des ouvrages de jeunesse pour que tout le monde lise, très bien, je l'ai fait aussi. Mais sans aucune illusion. Je n'ai fait qu'occuper un peu le temps des élèves pour un gain que j'estime modeste. En revanche, toutes les lectures faites avec eux pendant les cours de textes a priori difficiles et qui ont pu leur faire penser quelque chose furent des victoires. J'aurais aimé bien sûr qu'il y en eût davantage.
On enseigne souvent un peu conditionné par ses propres études: j'ai détesté lire des livres sans intérêt, ils m'ont éloigné de la littérature pendant longtemps, et j'ai été indigné quand j'ai compris que mes professeurs de collège m'avaient tenu loin d'une culture pour mieux me ménager de belles humiliations au lycée. Je ne souhaite tout simplement pas faire cette erreur avec mes élèves.
Entre parenthèses, je n'aime ni Robbe-Grillet ni le polar...
Pour le sujet qui nous concerne, je trouve l'article suivant assez intéressant:
https://contextes.revues.org/5020#tocto1n5
- Invité ElExpert spécialisé
Mehitabel a écrit:elpenor08 a écrit:F.Lemoine a écrit:
La question est : où enseignes-tu, elpenor08 ? Pas dans mon quartier, apparemment. Il est hors de question que je joue ton jeu. En l'occurrence il s'agirait de ségrégation culturelle. TOUS mes élèves doivent acquérir le goût et l'habitude de la lecture. Je suis entre autres autres payé pour ça, et j'approuve. Moi-même je n'avais aucun livre à la maison et c'est l'école qui m'a donné le goût de lire. Proust, Voltaire, Montaigne, Rimbaud, et j'en passe.
Je donne vite accès à la littérature aux bons lecteurs. Pour les nombreux autres, ce n'est pas simple. Et ça doit passer par des chemins détournés.
Ne te trompe pas de combat.
Et c'est moi qu'on accuse de procès d'intention...
Nos différences de parcours expliquent peut-être nos divergences de vues. Pour ma part, jusqu'au collège, l'école de la République m'a fait lire de la daube et ne m'a pas permis d'accéder à la culture (pas de livres chez moi non plus, ma soeur et moi sommes les premiers à avoir eu le bac dans la famille). Mon professeur de latin toutefois m'a fait passer un concours en 3è et je me suis retrouvé au Prytanée, où j'ai pu regarder mes petits camarades, gavés de culture depuis toujours, passer le Concours Général pendant que moi je découvrais tout un monde en partant pratiquement de zéro, avec des années de retard. Alors tout ce temps passé à autre chose que de proposer une littérature qui en vaille la peine (j'aime bien les deux mots: valoir, peine), ça me ramène à ma propre histoire, à l'hypocrisie de l'école, à la ségrégation culturelle qu'elle a exercée sur moi, et en effet ça m'énerve.
Je changerai radicalement d'avis quand je rencontrerai un élève qui a découvert Rimbaud parce qu'il a appris à aimer lire avec Weulersse.
On peut aussi dire que l'on changera d'avis lorsqu'on aura vu un élève emprunter Une saison en enfer après avoir étudié des poèmes de Rimbaud en classe, pour l'instant, je ne l'ai jamais vu, et je suis dans un milieu scolaire très privilégié.
Après la lecture du Voleur de feu, j'ai vu mes élèves aller au CDI et faire des recherches sur Rimbaud, me poser des questions, et aller lire le poème "Voyelles" évoqué à la fin du roman.
Mission accomplie.
Mission accomplie, l'an dernier.
Avant les vacances de la Toussaint, cette année, 14 de mes 16 latinistes ont aussi emprunté ou acheté l'Enéide.
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