- RouletabilleNiveau 9
Il existe dans la tête de la plupart des enseignants, nourri par notre imaginaire collectif, un élève idéal, qui est aussi un élève-étalon, à côté duquel on mesure les vrais. L'élève étalon est attentif et travailleur, il comprend vite et apprend bien. Il n’a jamais envie de bavarder mais participe en classe. Il a toujours son matériel et fait ses devoirs avec plaisir. Cet élève –dont je me demande s’il a vraiment besoin de professeurs– existe, y compris dans les quartiers les plus populaires comme celui dans lequel j’ai enseigné. Mais cet élève est rare. Devant les classes, et particulièrement celles de milieux défavorisés, dont le niveau peut nous inquiéter, faut-il passer des heures à faire remarquer aux gamins qu’ils ne sont pas assez bien pour nous? Ils s’ennuient et sont confrontés à une mauvaise image d’eux même. D’ailleurs cela ne fonctionne pas, on a beau leur répéter cinquante fois les mêmes trucs, il est rare qu’un élève change. Et en général, s’il change c’est parce qu’il est plus mature.
Cette manière de déplorer la manière d’être, de vivre et de penser des élèves me fait penser à de l’amour déçu. Pour les adolescents, ce serait un peu comme de vivre avec quelqu’un (l’école) qui passe son existence à vous faire des reproches. Le vieux couple maître élève a du plomb dans l’aile, il est temps que la relation parte sur de nouvelles bases. Je sais que plein d’enseignants agissent différemment, mais cet implicite, celui de l’élève étalon, domine. Il est au cœur de la culture scolaire et de nos représentations. Je n'ai pas l'impression que cela soit pensé dans la formation des enseignants.
J'ai arrêté la lecture après ces deux paragraphes...
Franchement !
- dandelionVénérable
Du coup tu as loupé la conclusion: 'Je le sais, j'y étais'.
- the educatorFidèle du forum
kapellmesiter a écrit:C'était donc là, en partie, le but de ses quatre indigentes bafouilles ... Misère.
Du moins c'est ce que tu en as retenu. mais j'avoue que le mot de la fin, bof. Elle a le mérite d'y être allé, mais de là à "savoir".
En revanche, je partage une bonne partie de ses observations dans mon collège de campagne: la plupart des discussions sur la reforme, je les ai eues ici même, ou avec deux ou trois amis irl. Une majorités de mes collègues n'en ont que de vagues idées qui leur ont été présentées par notre déléguée syndicale, en 2 ou 3 heures d'infos. Je partage aussi un peu sa vision sur "l'élève idéal", même si elle l'exprime un peu brutalement (article de presse oblige?), je mettrais juste un bémol: si certains collègues attendent cet élèves idéal, c'est surtout le système qui attend un élève moyen.
- Reine MargotDemi-dieu
Rouletabille a écrit:Il existe dans la tête de la plupart des enseignants, nourri par notre imaginaire collectif, un élève idéal, qui est aussi un élève-étalon, à côté duquel on mesure les vrais. L'élève étalon est attentif et travailleur, il comprend vite et apprend bien. Il n’a jamais envie de bavarder mais participe en classe. Il a toujours son matériel et fait ses devoirs avec plaisir. Cet élève –dont je me demande s’il a vraiment besoin de professeurs– existe, y compris dans les quartiers les plus populaires comme celui dans lequel j’ai enseigné. Mais cet élève est rare. Devant les classes, et particulièrement celles de milieux défavorisés, dont le niveau peut nous inquiéter, faut-il passer des heures à faire remarquer aux gamins qu’ils ne sont pas assez bien pour nous? Ils s’ennuient et sont confrontés à une mauvaise image d’eux même. D’ailleurs cela ne fonctionne pas, on a beau leur répéter cinquante fois les mêmes trucs, il est rare qu’un élève change. Et en général, s’il change c’est parce qu’il est plus mature.
Cette manière de déplorer la manière d’être, de vivre et de penser des élèves me fait penser à de l’amour déçu. Pour les adolescents, ce serait un peu comme de vivre avec quelqu’un (l’école) qui passe son existence à vous faire des reproches. Le vieux couple maître élève a du plomb dans l’aile, il est temps que la relation parte sur de nouvelles bases. Je sais que plein d’enseignants agissent différemment, mais cet implicite, celui de l’élève étalon, domine. Il est au cœur de la culture scolaire et de nos représentations. Je n'ai pas l'impression que cela soit pensé dans la formation des enseignants.
J'ai arrêté la lecture après ces deux paragraphes...
Franchement !
Oui, pareil, j'ai levé les yeux au ciel en lisant cela. Ce qui est pénible c'est effectivement la conclusion "je le sais, j'y étais", qui va lui permettre de généraliser son ressenti et de le faire passer pour une vérité d'Evangile.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- AliceinwonderlandNeoprof expérimenté
Oui ça commençait bien son blog (il y avait des choses justes sur la note, ça montrait à quel point on prend n'importe qui comme contractuel) mais là c'est désolant.
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Comme chaque année à la même époque je fais preuve d'un optimisme aveugle en me disant que l'année à venir ne peut pas être pire que celle qui vient de s'écouler. En oubliant que l'année passée a été pire que la précédente... (je cite de mémoire Emmanuel Brouillard)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Hier encore, deux élèves bavardaient, je les ai punies en leur expliquant qu'elles n'étaient pas dignes de mon cours.
- Roumégueur IerÉrudit
Aliceinwonderland a écrit:Oui ça commençait bien son blog (il y avait des choses justes sur la note, ça montrait à quel point on prend n'importe qui comme contractuel) mais là c'est désolant.
Oui, dommage, les deux premiers billets étaient bien plus pertinents que les deux derniers, et la conclusion laisse un goût d'inachevé. Pour autant, sa démarche est rare dans le monde des journalistes (encore plus pour ceux qui se 'spécialisent' dans l'éducation).
Le fait qu'elle soit allée en REP est peut-être une des raisons de son ressenti (on ne leur a pas retiré les heures d'AE par exemple) et ils ont des moyens très spécifiques pour fonctionner. Faire la même expérience dans un collège qui viendrait de perdre son 'statut' de REP aurait eu un tout autre résultat!
Et sur la réforme du collège, je sais aussi que dans d'autres établissements, elle aurait entendu des propos très différents de ce qu'elle a pu vivre!!
Le tout, c'est de ne pas généraliser en partant d'une expérience forcément lacunaire et somme toute très courte. Ce qu'elle ne fait finalement pas tout à fait.
- the educatorFidèle du forum
moui, enfin les moyens "très spécifiques" de la REP, c'est surtout le nombre d'élèves par classe et la prime qui va avec. Le reste, jusqu'a l'an dernier, n'avait rien de transcendant.
- 12.12.2013 : L'enseignement sur France Culture avec Claude Thélot, Claude Seibel, Louise Tourret et Pascale Laporte (PE à Paris)
- Slate : Louise Tourret interroge les parents qui respectent la carte scolaire.
- Article de Louise Tourret sur la réforme [slate.fr]
- Louise Tourret : "Il faut soigner l'Education nationale de son jargon."
- Slate - Louise Tourret s'intéresse à la disposition des salles de classe.
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