- ÆnésidèmeNiveau 6
Al-qalam a écrit:Oui. Parménide commence à tenter de justifier de ne pas se présenter en 2016, maintenant.
Il se sent certainement prêt à annoncer, l'année prochaine, que le sentiment de préparation est plus essentiel que la tentative. Mais l'est-il vraiment ? Il devrait se poser la question.
- Spoiler:
- je maîtrise désormais la pédagogie spiralaire :succes:
- OlympiasProphète
C'est absolument hors sujet mais JphMM j'adoooooooore ce nouvel avatar !!!!!
- Thalia de GMédiateur
Tant qu'à être hors sujet, ma chère Monica.Olympias a écrit:C'est absolument hors sujet mais JphMM j'adoooooooore ce nouvel avatar !!!!!
_________________
Le printemps a le parfum poignant de la nostalgie, et l'été un goût de cendres.
Soleil noir de mes mélancolies.
- JPhMMDemi-dieu
Merci beaucoup.Olympias a écrit:C'est absolument hors sujet mais JphMM j'adoooooooore ce nouvel avatar !!!!!
C'est passionnément réciproque.
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- JPhMMDemi-dieu
Le trailer d'une revisite de William par George n'est jamais HS.Thalia de G a écrit:Tant qu'à être hors sujet, ma chère Monica.Olympias a écrit:C'est absolument hors sujet mais JphMM j'adoooooooore ce nouvel avatar !!!!!
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- OlympiasProphète
JPhMM a écrit:Merci beaucoup.Olympias a écrit:C'est absolument hors sujet mais JphMM j'adoooooooore ce nouvel avatar !!!!!
C'est passionnément réciproque.
Le message est passé ! Je ne change pas jusqu'aux vacances d'été ...où je vais me dévoiler encore un peu plus
- JPhMMDemi-dieu
Ohhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh...
:etoilecoeur:
:etoilecoeur:
_________________
Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- ParménideNeoprof expérimenté
Hier, j'ai reçu un message de mon correcteur concernant ma dernière dissertation ("Qu'est ce qui existe?"). Mon impression était bonne et je sentais que c'était jusque là la meilleure dissert faite par moi avec lui. Et mon intuition était juste : il m'a dit que ça valait 12 ou 13.
Il faut dire que l'existence est une notion qui me parle infiniment plus que l'histoire (pour moi la philosophie de l'histoire n'a jamais été vraiment de la philosophie mais quelque chose s'apparentant plus à ce qui est de l'ordre de la sociologie). Et sur ce sujet là j'ai ressenti une facilité nettement plus grande à écrire. Mais malgré tout, je n'arrivais pas à écrire plus que ce que j'ai écrit ! Et ça, ça m'inquiète. Parce que j'ai pas toujours été comme ça.
Cela dit je tempérerais en disant que ce sujet sur l'existence était facile (les sujets mettant en jeu "l'existence" sont faciles en général, tout comme ceux mettant en jeu le "travail", me semble t il)
Ce que je vois avant tout c'est le problème selon lequel je n'arrive pas vraiment à aller au delà de 6 pages. Est ce un problème réel? J'en sais rien. C'est la raison pour laquelle j'estime nécessaire d'en parler d'ailleurs. Justement, pour cette dernière dissertation sur l'existence, je n'ai même pas rempli 6 pages, je me suis areté à 5 pages et demi ou 5 pages 3/4.
Je me rappelle très bien les deux dissertations que j'ai faites il y a 9 ans au concours de l'ENS : j'étais dans une fourchette de 12 à 14 pages (pas seulement en philo d'ailleurs) ce qui est d'ailleurs presque trop. Ce fut mes deux notes les plus élevées en philo de toute ma prépa.
Eh bien j'espère que mon potentiel en philosophie est au moins l'égal de mon potentiel sur ce forum ! En tous cas j'ai intérêt à ce que ce soit le cas !
Mais le fait est que j'ai l'esprit complètement rongé par des craintes qui, je l'espère, sont sans fondement : j'ai peur de ne pas savoir faire cours et de ne pas savoir corriger des copies
Alors j'ai décidé de passer totalement outre et de faire le pari dans mon esprit que ces problèmes (ou ce que j'estime l'être) se régleront d'eux mêmes à mesure de ma progression.
Oui.
Etant donné ce que j'ai vécu au cours des 8 dernières années, il est naturel que j'aie adopté au moins en partie ce point de vue. Mais il est vital qu'il ne soit que temporaire. Sans quoi la réussite sera par définition à jamais impossible.
En tous cas, si jamais vers le 1er avril 2016, je devais à nouveau me sentir contraint de renoncer, ça va vraiment commencer , cette affaire, à ressembler à un scénario de film catastrophe...
Il faut dire que l'existence est une notion qui me parle infiniment plus que l'histoire (pour moi la philosophie de l'histoire n'a jamais été vraiment de la philosophie mais quelque chose s'apparentant plus à ce qui est de l'ordre de la sociologie). Et sur ce sujet là j'ai ressenti une facilité nettement plus grande à écrire. Mais malgré tout, je n'arrivais pas à écrire plus que ce que j'ai écrit ! Et ça, ça m'inquiète. Parce que j'ai pas toujours été comme ça.
Cela dit je tempérerais en disant que ce sujet sur l'existence était facile (les sujets mettant en jeu "l'existence" sont faciles en général, tout comme ceux mettant en jeu le "travail", me semble t il)
Aenésidème a écrit:Parménide a écrit:
ça n'enlève rien au fait qu'une dissertation de ce niveau faisant 6 pages, c'est vraiment peu. Même en terminale, ce serait considéré comme léger, je pense...
D'accord, mais si tu n'arrives pas à dépasser six pages parce que tu culpabilises et si tu culpabilises parce que tu n'arrives pas à dépasser six pages... Tu vois le piège ?
Ce que je vois avant tout c'est le problème selon lequel je n'arrive pas vraiment à aller au delà de 6 pages. Est ce un problème réel? J'en sais rien. C'est la raison pour laquelle j'estime nécessaire d'en parler d'ailleurs. Justement, pour cette dernière dissertation sur l'existence, je n'ai même pas rempli 6 pages, je me suis areté à 5 pages et demi ou 5 pages 3/4.
Je me rappelle très bien les deux dissertations que j'ai faites il y a 9 ans au concours de l'ENS : j'étais dans une fourchette de 12 à 14 pages (pas seulement en philo d'ailleurs) ce qui est d'ailleurs presque trop. Ce fut mes deux notes les plus élevées en philo de toute ma prépa.
Aenésidème a écrit:Parménide, je ne comprends pas pourquoi tu as peur : tu as un potentiel, mais un de ces potentiels !
Deux simples messages, après plusieurs semaines de silence, et tu déclenches un déluge d'elfes et de fées...
Eh bien j'espère que mon potentiel en philosophie est au moins l'égal de mon potentiel sur ce forum ! En tous cas j'ai intérêt à ce que ce soit le cas !
Mais le fait est que j'ai l'esprit complètement rongé par des craintes qui, je l'espère, sont sans fondement : j'ai peur de ne pas savoir faire cours et de ne pas savoir corriger des copies
Alors j'ai décidé de passer totalement outre et de faire le pari dans mon esprit que ces problèmes (ou ce que j'estime l'être) se régleront d'eux mêmes à mesure de ma progression.
Aenésidème a écrit:
Il se sent certainement prêt à annoncer, l'année prochaine, que le sentiment de préparation est plus essentiel que la tentative.
Oui.
Etant donné ce que j'ai vécu au cours des 8 dernières années, il est naturel que j'aie adopté au moins en partie ce point de vue. Mais il est vital qu'il ne soit que temporaire. Sans quoi la réussite sera par définition à jamais impossible.
En tous cas, si jamais vers le 1er avril 2016, je devais à nouveau me sentir contraint de renoncer, ça va vraiment commencer , cette affaire, à ressembler à un scénario de film catastrophe...
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- ShajarVénérable
Bon, et si on parlait des sujets de philo de cette année, au lieu de recommencer sur "Moi, Parménide : ma vie est un film catastrophe" ?
- LevincentNiveau 9
Je me suis une fois de plus prêté à l'exercice, en tentant d'expliquer le texte de Husserl. Cette fois-ci, pour me mettre dans les conditions du concours, j'ai essayé de me restreindre à cinq heures de travail, que j'ai fourni par tranches de une heure sur cinq jours. Je n'ai pas réussi à recopier au propre l'intégralité de mon explication, et j'indique entre crochets où j'en étais lorsque le chronomètre a sonné la fin de l'épreuve. Je constate qu'il me reste des progrès à faire en ce qui concerne la gestion du temps, mais à ma décharge ma dernière heure de travail a été perturbée par de nombreux SMS reçus, et par mon chat qui n'avait plus de croquettes et qui a demandé à plusieurs reprises que je lui ouvre la fenêtre. J'aurais pu me rajouter cinq minutes pour ça
- Husserl, La crise de l'humanité européenne et la philosophie:
- Dans le texte dont nous nous proposons de faire l’explication, tiré de La crise de l'humanité européenne et la philosophie, Husserl évoque les sciences de la nature et la psychologie. Sans leur dénier une grande valeur du point de vue des réalisations qu’elles permettent, il met toutefois en cause la rationalité qui se trouve au fondement de ces sciences. Ce reproche peut sembler curieux si l’on considère que ces sciences sont justement celles qui élèvent la rationalité et l’objectivité à son degré le plus haut, mais pour Husserl, celles-ci sont toujours le produit d’un sujet dont la considération est oubliée dans la pratique. En effet, ce texte formule une exigence de rationalité qui va à l’encontre de cet objectivisme de la science, et qui se rapporte au sujet comme fondement de toute rationalité. C’est cette exigence qui permet une critique des sciences exactes, mais surtout de la psychologie, qui espère fonder son objectivité sur celle qu’on impute à ces dernières.
Ce que Husserl désigne par « rationalité » n’est pas le caractère propre aux sciences exactes de recourir à des règles logiques, au calcul et à l’expérience en vue de parvenir à ses fins par des méthodes inductives ou déductives. A une époque où le positivisme vante ce caractère comme un facteur de vérité, Husserl émet l’idée d’une rationalité qui concerne le fondement même de tout savoir humain, et qui doit prendre la forme d’une « évidence intellectuelle véritable ». Or, cette certitude se trouve dans le sujet lui-même, qui ne peut être certain que de sa propre existence. Ce point de départ évoque le cogito cartésien : je puis douter de tout, même de l’existence du monde que je perçois, qui pourrait être illusoire, mais je ne peux pas douter que je suis en train de douter, et si je doute, c’est que je pense, et si je pense, alors j’existe. Cependant, on pourrait encore objecter que cette certitude se base sur un raisonnement logique, ce qui ne le rend pas tellement différent des certitudes des sciences. Mais il ne s’agit pas, pour Husserl, d’imposer l’existence du moi comme d’un objet. Ce qui compte ici, c’est « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus profond et le plus essentiel ». Ce qui est central, c’est donc ce qui constitue intérieurement un sujet, le vécu tel qu’il est expérimenté par le sujet lui-même. Le sujet n’est pas objectivé par une déduction, son existence n’est pas posée comme celle d’un objet extérieur, mais il possède pour Husserl un fondement transcendantal, dans le sens où il est le support constant d’un certain flux de vécus, qui constituent la seule certitude intellectuelle véritable, et par là la seule base possible de la rationalité.
La prise en compte de cette subjectivité nous amène à nous rendre compte que nous sommes « des hommes vivant en communauté et appartenant à notre propre environnement et au temps de l’histoire ». Cela signifie que notre subjectivité elle-même est prise dans un ensemble plus vaste qui l’englobe et qui l’oriente. L’environnement, la communauté et le temps de l’histoire sont en effet porteurs de « buts, de valeurs [et de] normes ». Conformément à ce qui a été dit plus haut, il ne s’agit pas de considérer ces choses comme des éléments extérieurs au sujet, mais comme une partie intégrante de son vécu intérieur. Par conséquent, cette inscription du sujet vivant au sein de ce que Husserl appelle un « environnement vital » l’imprègne, et détermine son rapport au monde. Le vécu étant ainsi orienté par ces « buts, ces valeurs et ces normes », il manifeste une certaine « disposition », ce qui signifie dans le texte cette orientation dont nous parlons, et sur laquelle nous reviendrons en parlant de la pratique scientifique. Car en effet, ces considérations sur l’importance du sujet vivant en tant que fondement de rationalité ont une implication épistémologique profonde sur la valeur des sciences exactes.
Au début du texte, Husserl remet en question la rationalité des méthodes et des théories des « sciences mathématiques de la nature ». Il vise par là ce que l’on désigne habituellement par le terme de « sciences physiques » ou « sciences exactes », c’est-à-dire un ensemble de techniques et de théories approchant les phénomènes observables par la modélisation mathématique. Il effectuera ensuite le même travail critique à l’encontre de la psychologie. Son but n’est pas de disqualifier l’une après l’autre ces disciplines, mais c’est la psychologie qui est l’objet principal de la réflexion du texte. En effet, les sciences de la nature ne sont évoquées en premier lieu que parce que la prétention à l’objectivité de la psychologie repose sur la conception de la connaissance qui sous-tend ces sciences. En imitant leurs méthodes, la psychologie se présente comme capable de mettre à jour une science complète et générale de l’esprit humain, qui deviendrait un objet d’étude au même titre que le mouvement des planètes ou la trajectoire des rayons lumineux. Elle promettrait ainsi des résultats aussi spectaculaires que ceux accomplis dans le domaine des sciences, qui permettent des applications pratiques innombrables, et qui ouvrent des perspectives nouvelles dans le champ du savoir. Or, même si Husserl ne rechigne nullement à reconnaître la valeur de ces réalisations –il les admire, même-, il conteste cependant le fondement de rationalité de ces méthodes et de ses théories. Il s’exprime ainsi à rebours d’une certaine conception commune qui tendrait à faire de la « mathématique scientifique » la science rationnelle par excellence. Mais, comme nous l’avons vu, le critère de la rationalité chez Husserl est tout autre, puisqu’il consiste dans l’exigence de la prise en compte du sujet en tant que support d’un vécu. Ce souci du sujet qui met en œuvre la science mathématique étant absent de celle-ci, Husserl la déclare « relative ».
La pratique scientifique réclame de la part du savant ce qu’on appelle « l’esprit scientifique ». Il s’agit, pour résumer, de s’en tenir aux faits et à la logique. C’est cet esprit qui est désigné dans le texte par le terme de « disposition », dont l’apport est présupposé à la rationalité des méthodes et théories scientifiques. Or, les sciences oublient de questionner cet esprit subjectif, ainsi que l’environnement intuitif du savant. S’en tenir aux faits, raisonner de manière exclusivement logique et selon une méthodologie précise, voilà une subjectivité qui est bien éloignée de la subjectivité vécue par le savant, et qui comporte des valeurs, des souffrances et des buts : en écartant ces éléments, elle perd son statut d’expérience vécue intérieurement, et par là sa « certitude intellectuelle véritable », en un mot sa rationalité. Même si ce mot n’est pas utilisé ici par Husserl, il parlera ailleurs de la « naïveté » des sciences exactes, qui consiste justement à ignorer cette absence de rationalité. Ainsi, bien que celles-ci aspirent à une exposition générale des lois de l’univers, valable pour tout être humain, Husserl compare leur rationalité à celle des pyramides égyptiennes : comme elles, les sciences exactes sont la arque de la puissance de l’esprit humain, de son « triomphe, comme elles, elles espèrent s’installer pour des siècles. Pourtant, même si les pyramides nous impressionnent encore par leur caractère monumental, elles font tout de même partie d’un monde dont la subjectivité propre ne nous est plus accessible, et, de ce fait, elles ne signifient plus pour nous ce qu’elles pouvaient signifier pour ceux qui les ont bâties, et seule reste la démonstration de puissance qu’elles constituent.
Nous voyons donc que cette remarque intervient non pas pour nier aux sciences exactes leur statut de « création », mais pour introduire une réflexion épistémologique. L’efficacité des sciences n’est nullement attaquée, car leur objet (les phénomènes naturels) est distinct du sujet qui les observe. En revanche, une discipline comme la psychologie, dont l’objet d’étude est l’esprit humain, concerne également l’esprit du psychologue.
La psychologie, en se présentant comme une science exacte dont l’objet est l’esprit humain, espère parvenir à la précision et à la généralité dont les autres sciences exactes font preuve. Par conséquent, la critique formulée par Husserl à leur encontre s’applique également à la psychologie, et nous pouvons dès lors qualifie cette science de relative. Les psychologues, malgré la connaissance de l’esprit que leur discipline leur apporte, n’en ont pas pour autant davantage « accès à eux-mêmes et à leur environnement vital, considéré comme son thème propre ». Cela signifie qu’ils connaissent seulement [fin des 5 heures] leur esprit à titre d’objet placé dans le monde, de l’extérieur, mais ne considèrent pas le vécu intérieur, qui constitue le côté subjectif, et seul véritablement certain, de l’esprit. De plus, cette manière de faire de l’esprit un objet d’étude, en mettant de côté les éléments subjectifs, est propre à la conception des sciences de leur époque, qui appartient à l’histoire. Ainsi, bien que cela puisse sembler paradoxal, l’esprit scientifique qui préside à la pratique de la psychologie contemporaine est le fruit d’une subjectivité propre à une époque donnée. C’est pourquoi les psychologues, en ignorant cette espèce de ruse de la raison qui leur fait supposer comme purement objectif une disposition d’esprit qui procède d’une subjectivité particulière, « se présupposent eux-mêmes à titre préalable comme hommes vivant en communauté et appartenant à leur propre environnement et au temps de l’histoire ». Il y a donc une contradiction entre la « vérité en soi, valable en général pour quiconque », à laquelle tendent les psychologues, et le relativisme que Husserl décèle dans leur approche.
La limite de la psychologie qui découle de cette observation se manifeste dans le fait que le psychologue ne peut penser, « inclure dans son thème de réflexion », « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus propre et le plus essentiel ». Bien entendu, la psychologie peut reconnaître le sujet souffrant. Mais ce faisant, elle ne fait qu’indiquer que le sujet souffre, à titre de fait objectif, et ne rend pas compte de ce qu’est la souffrance réellement vécue dans l’intimité du sujet. Husserl reconnaît à la limite qu’elle peut traiter des « vécus de l’évaluation et des vécus volitifs ». Il désigne par ces termes la manière dont un sujet pose des jugements et affirme une volonté agissante. Mais en revanche, il doute que la psychologie puisse en faire autant avec « les buts, les valeurs, les normes », qui correspondent à des dimensions plus profondes de la subjectivité. Il doute également que la raison, au sens de disposition, c’est-à-dire de rapport rationnel aux faits, puisse être examinée par la psychologie. Finalement, cette quête d’objectivité dont il est ici question, ressort de la pétition de principe, puisque ce qui est recherché, à savoir des normes vraies pour tout et pour tous, est déjà présupposé par le savant. En établissant cet objectivisme sur des faits, les savants s’imaginent que les faits ont une valeur de vérité car ils sont donnés tel quel, mais ils oublient qu’avant tout, ces faits sont reçus par le sujet et perçus par le biais de sa subjectivité. L’objectivisme, en mettant de côté le sujet, oublie donc qu’il a affaire à des fictions et non à des vérités.
Attribuer aux sciences une valeur inconditionnelle de vérité en raison des méthodes qu’elles mettent en œuvre revient à omettre le seul critère de rationalité véritable, qui consiste dans la subjectivité vécue. Par conséquent, toute prétention à l’objectivisme, c’est-à-dire à la mise en place de normes indépendantes de tout sujet, ne peut être satisfaite. Cette critique s’applique aux sciences reconnues comme exactes, comme les sciences de la nature, mais également à celles qui aspirent à la même exactitude, en particulier la psychologie, qui a pour thème l’esprit humain, et qui oublie pourtant que la subjectivité en est une composante fondamentale, et qui n’a pas conscience que celle-ci joue un rôle dans les présupposés même du savant. Husserl propose donc une critique du positivisme dans les sciences humaines, qui peut également s’appliquer aux sciences sociales et à la science historique.
- User17706Bon génie
Ah oui, les cinq minutes de chat, c'est une tradition reconnue.
- LevincentNiveau 9
Ça peut valoir des points en plus, l'excuse du chat, en concours ? Je demande, des fois que...
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- AspasieNiveau 10
Si tu tombes sur un jury adepte des Cromignons, c'est certain :chat:Levincent a écrit:Ça peut valoir des points en plus, l'excuse du chat, en concours ? Je demande, des fois que...
- fifi51Fidèle du forum
De très loin, car je l'ai lu un peu vite. Le texte de Husserl m'évoque le théorème de Gödel.
- colombaneFidèle du forum
Parménide a écrit:
Mais le fait est que j'ai l'esprit complètement rongé par des craintes qui, je l'espère, sont sans fondement : j'ai peur de ne pas savoir faire cours et de ne pas savoir corriger des copies
On avance, en fait, Parménide, tu n'as pas peur de l'échec, mais des nouvelles perspectives qu'ouvrirait une réussite...
- ParménideNeoprof expérimenté
C'est les deux. Les deux sont liés de toute façon.colombane a écrit:Parménide a écrit:
Mais le fait est que j'ai l'esprit complètement rongé par des craintes qui, je l'espère, sont sans fondement : j'ai peur de ne pas savoir faire cours et de ne pas savoir corriger des copies
On avance, en fait, Parménide, tu n'as pas peur de l'échec, mais des nouvelles perspectives qu'ouvrirait une réussite...
Chaque fois que je rédige un travail, je suis hanté par la question de savoir comment je présenterais la chose devant les élèves, qu'il s'agisse d'un sujet de dissertation corrigé ou d'un texte commenté en cours.
Et donc, je ne sais jamais trop si je travaille pour réussir le concours ou si c'est pour transmettre de la méthode et des connaissances à des élèves, je suis toujours troublé par rapport à la finalité de ce que je fais.
Je ne sais jamais trop sur quel pied danser...
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- LevincentNiveau 9
Tu sais que l'épreuve orale d'explication de texte au capes est une simulation de séance de cours ?
P.S. Personne n'a eu l'air intéressé par mon travail sur Husserl...
P.S. Personne n'a eu l'air intéressé par mon travail sur Husserl...
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- AspasieNiveau 10
Je voulais le lire mais... je croule sous les copies en cette fin d'année. Plus les livrets et les bulletins qui approchent à grand pas... bref, pas le temps pour l'instant. Plus tard peut-êtreLevincent a écrit:P.S. Personne n'a eu l'air intéressé par mon travail sur Husserl...
- LevincentNiveau 9
Ok, merci pour la réponse. Je comprends pour le manque de temps. Il n'y a pas d'obligation de ta part, mais je me demandais juste si on avait ignoré mon travail purement et simplement, comme cela peut arriver.
_________________
« Un philosophe moderne qui n'a jamais éprouvé le sentiment d'être un charlatan fait preuve d'une telle légèreté intellectuelle que son oeuvre ne vaut guère la peine d'être lue. »
Leszek Kolakowski
- User17706Bon génie
Ah oui, c'est passé à la trappe du boulot et de l'oubli, désolé. J'essaie de commencer à réparer un tout petit peu, mais ça sera rapide.Levincent a écrit:Personne n'a eu l'air intéressé par mon travail sur Husserl...
Question : il y a recopiage intégral, c'est-à-dire qu'il y a écriture intégrale au brouillon avant recopiage ? parce que je ne pense pas que ce soit faisable, ça, compte tenu justement du temps limité. Et ce que tu appelles recopiage, c'est le recopiage au clavier ? parce que si oui, c'est bizarre de l'inclure dans le temps de l'épreuve. Bref je n'ai pas trop compris la relation temps limité / recopiage, en fait.Levincent a écrit:Je me suis une fois de plus prêté à l'exercice, en tentant d'expliquer le texte de Husserl. Cette fois-ci, pour me mettre dans les conditions du concours, j'ai essayé de me restreindre à cinq heures de travail, que j'ai fourni par tranches de une heure sur cinq jours. Je n'ai pas réussi à recopier au propre l'intégralité de mon explication, et j'indique entre crochets où j'en étais lorsque le chronomètre a sonné la fin de l'épreuve. Je constate qu'il me reste des progrès à faire en ce qui concerne la gestion du temps, mais à ma décharge ma dernière heure de travail a été perturbée par de nombreux SMS reçus, et par mon chat qui n'avait plus de croquettes et qui a demandé à plusieurs reprises que je lui ouvre la fenêtre. J'aurais pu me rajouter cinq minutes pour ça
J'ai regardé un peu le volume du texte. Avec une écriture aérée, ça tiendrait sur 7 pages de copie de concours, peut-être en débordant un peu sur la 8e page, donc c'est quand même très bref, mais même en faisant très bref je doute qu'il y ait le moindre intéret à rédiger intégralement au brouillon autre chose que l'introduction et la conclusion.
J'essaierai de trouver rapidement le temps de lire d'un peu plus près cette explication.
- ParménideNeoprof expérimenté
PauvreYorick a écrit:
, ça tiendrait sur 7 pages de copie de concours, peut-être en débordant un peu sur la 8e page, donc c'est quand même très bref,
_________________
"Les paroles essentielles sont des actions qui se produisent en ces instants décisifs où l'éclair d'une illumination splendide traverse la totalité d'un monde", Martin Heidegger, "Schelling", (semestre d'été 1936)
"Et d'une brûlure d'ail naitra peut-être un soir l'étincelle du génie", Saint-John Perse, "Sécheresse" (1974)
"Il avait dit cela d'un air fatigué et royal", Franz-Olivier Giesbert, "Le vieil homme et la mort" (1996)
-----------
https://www.babelio.com/monprofil.php
- LevincentNiveau 9
PauvreYorick a écrit:
Question : il y a recopiage intégral, c'est-à-dire qu'il y a écriture intégrale au brouillon avant recopiage ? parce que je ne pense pas que ce soit faisable, ça, compte tenu justement du temps limité. Et ce que tu appelles recopiage, c'est le recopiage au clavier ? parce que si oui, c'est bizarre de l'inclure dans le temps de l'épreuve. Bref je n'ai pas trop compris la relation temps limité / recopiage, en fait.
J'ai regardé un peu le volume du texte. Avec une écriture aérée, ça tiendrait sur 7 pages de copie de concours, peut-être en débordant un peu sur la 8e page, donc c'est quand même très bref, mais même en faisant très bref je doute qu'il y ait le moindre intérêt à rédiger intégralement au brouillon autre chose que l'introduction et la conclusion.
Tu mets le doigt sur le gros problème que j'ai eu sur ce devoir, et qui a été la gestion du temps catastrophique dont j'ai fait preuve. Travailler sans temps limité m'a habitué à faire quasiment une rédaction au brouillon, suivi d'une réécriture plus soignée. Du coup, au lieu de faire un brouillon schématique présentant les différentes parties et les articulations, j'ai pré-rédigé des paragraphes entiers, juste parce que l'inspiration me venait sur le moment. J'ai donc perdu énormément de temps, et j'ai fini au plus pressé. J'aurais sans doute commenté le passage sur Kant, mais là je l'ai carrément zappé. Au moins je sais que c'est une chose que je ne referai plus.
Sinon, pendant les 5 heures j'ai exclusivement rédigé à la main, pour être le plus proche possible des conditions réelles de concours. La réécriture sur ordinateur n'a été faite qu'une fois le temps écoulé.
- Paul DedalusNeoprof expérimenté
Levincent a écrit:Je me suis une fois de plus prêté à l'exercice, en tentant d'expliquer le texte de Husserl. Cette fois-ci, pour me mettre dans les conditions du concours, j'ai essayé de me restreindre à cinq heures de travail, que j'ai fourni par tranches de une heure sur cinq jours. Je n'ai pas réussi à recopier au propre l'intégralité de mon explication, et j'indique entre crochets où j'en étais lorsque le chronomètre a sonné la fin de l'épreuve. Je constate qu'il me reste des progrès à faire en ce qui concerne la gestion du temps, mais à ma décharge ma dernière heure de travail a été perturbée par de nombreux SMS reçus, et par mon chat qui n'avait plus de croquettes et qui a demandé à plusieurs reprises que je lui ouvre la fenêtre. J'aurais pu me rajouter cinq minutes pour ça
- Husserl, La crise de l'humanité européenne et la philosophie:
Dans le texte dont nous nous proposons de faire l’explication, tiré de La crise de l'humanité européenne et la philosophie, Husserl évoque les sciences de la nature et la psychologie. Sans leur dénier une grande valeur du point de vue des réalisations qu’elles permettent, il met toutefois en cause la rationalité qui se trouve au fondement de ces sciences. Ce reproche peut sembler curieux si l’on considère que ces sciences sont justement celles qui élèvent la rationalité et l’objectivité à son degré le plus haut, mais pour Husserl, celles-ci sont toujours le produit d’un sujet dont la considération est oubliée dans la pratique. En effet, ce texte formule une exigence de rationalité qui va à l’encontre de cet objectivisme de la science, et qui se rapporte au sujet comme fondement de toute rationalité. C’est cette exigence qui permet une critique des sciences exactes, mais surtout de la psychologie, qui espère fonder son objectivité sur celle qu’on impute à ces dernières.
Ce que Husserl désigne par « rationalité » n’est pas le caractère propre aux sciences exactes de recourir à des règles logiques, au calcul et à l’expérience en vue de parvenir à ses fins par des méthodes inductives ou déductives. A une époque où le positivisme vante ce caractère comme un facteur de vérité, Husserl émet l’idée d’une rationalité qui concerne le fondement même de tout savoir humain, et qui doit prendre la forme d’une « évidence intellectuelle véritable ». Or, cette certitude se trouve dans le sujet lui-même, qui ne peut être certain que de sa propre existence. Ce point de départ évoque le cogito cartésien : je puis douter de tout, même de l’existence du monde que je perçois, qui pourrait être illusoire, mais je ne peux pas douter que je suis en train de douter, et si je doute, c’est que je pense, et si je pense, alors j’existe. Cependant, on pourrait encore objecter que cette certitude se base sur un raisonnement logique, ce qui ne le rend pas tellement différent des certitudes des sciences. Mais il ne s’agit pas, pour Husserl, d’imposer l’existence du moi comme d’un objet. Ce qui compte ici, c’est « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus profond et le plus essentiel ». Ce qui est central, c’est donc ce qui constitue intérieurement un sujet, le vécu tel qu’il est expérimenté par le sujet lui-même. Le sujet n’est pas objectivé par une déduction, son existence n’est pas posée comme celle d’un objet extérieur, mais il possède pour Husserl un fondement transcendantal, dans le sens où il est le support constant d’un certain flux de vécus, qui constituent la seule certitude intellectuelle véritable, et par là la seule base possible de la rationalité.
La prise en compte de cette subjectivité nous amène à nous rendre compte que nous sommes « des hommes vivant en communauté et appartenant à notre propre environnement et au temps de l’histoire ». Cela signifie que notre subjectivité elle-même est prise dans un ensemble plus vaste qui l’englobe et qui l’oriente. L’environnement, la communauté et le temps de l’histoire sont en effet porteurs de « buts, de valeurs [et de] normes ». Conformément à ce qui a été dit plus haut, il ne s’agit pas de considérer ces choses comme des éléments extérieurs au sujet, mais comme une partie intégrante de son vécu intérieur. Par conséquent, cette inscription du sujet vivant au sein de ce que Husserl appelle un « environnement vital » l’imprègne, et détermine son rapport au monde. Le vécu étant ainsi orienté par ces « buts, ces valeurs et ces normes », il manifeste une certaine « disposition », ce qui signifie dans le texte cette orientation dont nous parlons, et sur laquelle nous reviendrons en parlant de la pratique scientifique. Car en effet, ces considérations sur l’importance du sujet vivant en tant que fondement de rationalité ont une implication épistémologique profonde sur la valeur des sciences exactes.
Au début du texte, Husserl remet en question la rationalité des méthodes et des théories des « sciences mathématiques de la nature ». Il vise par là ce que l’on désigne habituellement par le terme de « sciences physiques » ou « sciences exactes », c’est-à-dire un ensemble de techniques et de théories approchant les phénomènes observables par la modélisation mathématique. Il effectuera ensuite le même travail critique à l’encontre de la psychologie. Son but n’est pas de disqualifier l’une après l’autre ces disciplines, mais c’est la psychologie qui est l’objet principal de la réflexion du texte. En effet, les sciences de la nature ne sont évoquées en premier lieu que parce que la prétention à l’objectivité de la psychologie repose sur la conception de la connaissance qui sous-tend ces sciences. En imitant leurs méthodes, la psychologie se présente comme capable de mettre à jour une science complète et générale de l’esprit humain, qui deviendrait un objet d’étude au même titre que le mouvement des planètes ou la trajectoire des rayons lumineux. Elle promettrait ainsi des résultats aussi spectaculaires que ceux accomplis dans le domaine des sciences, qui permettent des applications pratiques innombrables, et qui ouvrent des perspectives nouvelles dans le champ du savoir. Or, même si Husserl ne rechigne nullement à reconnaître la valeur de ces réalisations –il les admire, même-, il conteste cependant le fondement de rationalité de ces méthodes et de ses théories. Il s’exprime ainsi à rebours d’une certaine conception commune qui tendrait à faire de la « mathématique scientifique » la science rationnelle par excellence. Mais, comme nous l’avons vu, le critère de la rationalité chez Husserl est tout autre, puisqu’il consiste dans l’exigence de la prise en compte du sujet en tant que support d’un vécu. Ce souci du sujet qui met en œuvre la science mathématique étant absent de celle-ci, Husserl la déclare « relative ».
La pratique scientifique réclame de la part du savant ce qu’on appelle « l’esprit scientifique ». Il s’agit, pour résumer, de s’en tenir aux faits et à la logique. C’est cet esprit qui est désigné dans le texte par le terme de « disposition », dont l’apport est présupposé à la rationalité des méthodes et théories scientifiques. Or, les sciences oublient de questionner cet esprit subjectif, ainsi que l’environnement intuitif du savant. S’en tenir aux faits, raisonner de manière exclusivement logique et selon une méthodologie précise, voilà une subjectivité qui est bien éloignée de la subjectivité vécue par le savant, et qui comporte des valeurs, des souffrances et des buts : en écartant ces éléments, elle perd son statut d’expérience vécue intérieurement, et par là sa « certitude intellectuelle véritable », en un mot sa rationalité. Même si ce mot n’est pas utilisé ici par Husserl, il parlera ailleurs de la « naïveté » des sciences exactes, qui consiste justement à ignorer cette absence de rationalité. Ainsi, bien que celles-ci aspirent à une exposition générale des lois de l’univers, valable pour tout être humain, Husserl compare leur rationalité à celle des pyramides égyptiennes : comme elles, les sciences exactes sont la arque de la puissance de l’esprit humain, de son « triomphe, comme elles, elles espèrent s’installer pour des siècles. Pourtant, même si les pyramides nous impressionnent encore par leur caractère monumental, elles font tout de même partie d’un monde dont la subjectivité propre ne nous est plus accessible, et, de ce fait, elles ne signifient plus pour nous ce qu’elles pouvaient signifier pour ceux qui les ont bâties, et seule reste la démonstration de puissance qu’elles constituent.
Nous voyons donc que cette remarque intervient non pas pour nier aux sciences exactes leur statut de « création », mais pour introduire une réflexion épistémologique. L’efficacité des sciences n’est nullement attaquée, car leur objet (les phénomènes naturels) est distinct du sujet qui les observe. En revanche, une discipline comme la psychologie, dont l’objet d’étude est l’esprit humain, concerne également l’esprit du psychologue.
La psychologie, en se présentant comme une science exacte dont l’objet est l’esprit humain, espère parvenir à la précision et à la généralité dont les autres sciences exactes font preuve. Par conséquent, la critique formulée par Husserl à leur encontre s’applique également à la psychologie, et nous pouvons dès lors qualifie cette science de relative. Les psychologues, malgré la connaissance de l’esprit que leur discipline leur apporte, n’en ont pas pour autant davantage « accès à eux-mêmes et à leur environnement vital, considéré comme son thème propre ». Cela signifie qu’ils connaissent seulement [fin des 5 heures] leur esprit à titre d’objet placé dans le monde, de l’extérieur, mais ne considèrent pas le vécu intérieur, qui constitue le côté subjectif, et seul véritablement certain, de l’esprit. De plus, cette manière de faire de l’esprit un objet d’étude, en mettant de côté les éléments subjectifs, est propre à la conception des sciences de leur époque, qui appartient à l’histoire. Ainsi, bien que cela puisse sembler paradoxal, l’esprit scientifique qui préside à la pratique de la psychologie contemporaine est le fruit d’une subjectivité propre à une époque donnée. C’est pourquoi les psychologues, en ignorant cette espèce de ruse de la raison qui leur fait supposer comme purement objectif une disposition d’esprit qui procède d’une subjectivité particulière, « se présupposent eux-mêmes à titre préalable comme hommes vivant en communauté et appartenant à leur propre environnement et au temps de l’histoire ». Il y a donc une contradiction entre la « vérité en soi, valable en général pour quiconque », à laquelle tendent les psychologues, et le relativisme que Husserl décèle dans leur approche.
La limite de la psychologie qui découle de cette observation se manifeste dans le fait que le psychologue ne peut penser, « inclure dans son thème de réflexion », « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus propre et le plus essentiel ». Bien entendu, la psychologie peut reconnaître le sujet souffrant. Mais ce faisant, elle ne fait qu’indiquer que le sujet souffre, à titre de fait objectif, et ne rend pas compte de ce qu’est la souffrance réellement vécue dans l’intimité du sujet. Husserl reconnaît à la limite qu’elle peut traiter des « vécus de l’évaluation et des vécus volitifs ». Il désigne par ces termes la manière dont un sujet pose des jugements et affirme une volonté agissante. Mais en revanche, il doute que la psychologie puisse en faire autant avec « les buts, les valeurs, les normes », qui correspondent à des dimensions plus profondes de la subjectivité. Il doute également que la raison, au sens de disposition, c’est-à-dire de rapport rationnel aux faits, puisse être examinée par la psychologie. Finalement, cette quête d’objectivité dont il est ici question, ressort de la pétition de principe, puisque ce qui est recherché, à savoir des normes vraies pour tout et pour tous, est déjà présupposé par le savant. En établissant cet objectivisme sur des faits, les savants s’imaginent que les faits ont une valeur de vérité car ils sont donnés tel quel, mais ils oublient qu’avant tout, ces faits sont reçus par le sujet et perçus par le biais de sa subjectivité. L’objectivisme, en mettant de côté le sujet, oublie donc qu’il a affaire à des fictions et non à des vérités.
Attribuer aux sciences une valeur inconditionnelle de vérité en raison des méthodes qu’elles mettent en œuvre revient à omettre le seul critère de rationalité véritable, qui consiste dans la subjectivité vécue. Par conséquent, toute prétention à l’objectivisme, c’est-à-dire à la mise en place de normes indépendantes de tout sujet, ne peut être satisfaite. Cette critique s’applique aux sciences reconnues comme exactes, comme les sciences de la nature, mais également à celles qui aspirent à la même exactitude, en particulier la psychologie, qui a pour thème l’esprit humain, et qui oublie pourtant que la subjectivité en est une composante fondamentale, et qui n’a pas conscience que celle-ci joue un rôle dans les présupposés même du savant. Husserl propose donc une critique du positivisme dans les sciences humaines, qui peut également s’appliquer aux sciences sociales et à la science historique.
Pas mal du tout. Le terme de disposition est très bien expliqué (et l'explication est claire en général), je trouve que tu as bien compris le texte. Dans la conclusion en revanche, "subjectivité vécue" ne va pas comme expression car elle ne fait pas sens, mieux vaut préférer "expérience vécue" ou "vécus de conscience". Quelques autres imprécisions du même type dans le devoir mais globalement je trouve ça vraiment pas mal.
Ce que l'on pourrait éventuellement te reprocher c'est que tu laisses totalement la forme de côté pour ne commenter que le fond, il faut aussi expliquer la démarche de Husserl à partir de la structure argumentative du texte. Cet oubli rend ton explication un peu abrupte. Exemple : tu commences ta première partie par "ce que Husserl entend par rationalité..." alors qu'il faut commencer par introduire ta première partie elle-même par une phrase qui rend compte de sa cohérence interne.
- User17706Bon génie
Sur l'explication, donc :
Bref, les qualités de l'explication sont quand même obérées par un choix méthodologique extrêmement bizarre (la non-linéarité), une difficulté à rendre entièrement raison du propos de Husserl ici (bon, ça, c'est difficile, il faut le dire), et du coup une surinterprétation partielle. Autant ce travail manifeste d'évidentes qualités qui autorisent tous les espoirs, autant il donne aussi, à un correcteur souhaitant creuser l'écart, les arguments suffisants pour mettre une mauvaise note.
- introduction :
Dans le texte dont nous nous proposons de faire l’explication, tiré de La crise de l'humanité européenne et la philosophie, Husserl évoque les sciences de la nature et la psychologie. Sans leur dénier une grande valeur du point de vue des réalisations qu’elles permettent, il met toutefois en cause la rationalité qui se trouve au fondement de ces sciences. Ce reproche peut sembler curieux si l’on considère que ces sciences sont justement celles qui élèvent la rationalité et l’objectivité à son degré le plus haut, mais pour Husserl, celles-ci sont toujours le produit d’un sujet dont la considération est oubliée dans la pratique. En effet, ce texte formule une exigence de rationalité qui va à l’encontre de cet objectivisme de la science, et qui se rapporte au sujet comme fondement de toute rationalité. C’est cette exigence qui permet une critique des sciences exactes, mais surtout de la psychologie, qui espère fonder son objectivité sur celle qu’on impute à ces dernières.
D'autre part je ne suis pas certain que le fond du texte soit révélé dans cette introduction: on n'a pas une "critique" en général des sciences exactes ou dures ni même de la psychologie, mais une récusation de leur prétention (la prétention que leur attribue Husserl, et particulièrement à la psychologie) à jouer un rôle à proprement parler fondamental, autrement dit à se constituer en une sorte de philosophie première qui serait première sans justement être une philosophie. C'est un texte où la principale question soulevée est une question d'architectonique (même s'il faut compléter cette description, comme tu le fais, en précisant que, selon Husserl, aucune discipline ne peut prétendre à un rôle véritablement premier si elle ne s'enracine pas dans l'analyse d'un sujet qu'on est évidemment très tenté de dire, même sans connaissance précise de cette conférence, transcendantal).
Par ailleurs, et c'est très embêtant, très très embêtant, très très très embêtant, si la caractérisation de l'objet de Husserl dans ce texte est donnée dans ton introduction (avec les réserves ci-dessus), en revanche rien n'est dit en introduction concernant la démarche, la facture du texte.
- première partie :
Ce que Husserl désigne par « rationalité » n’est pas le caractère propre aux sciences exactes de recourir à des règles logiques, au calcul et à l’expérience en vue de parvenir à ses fins par des méthodes inductives ou déductives. A une époque où le positivisme vante ce caractère comme un facteur de vérité, Husserl émet l’idée d’une rationalité qui concerne le fondement même de tout savoir humain, et qui doit prendre la forme d’une « évidence intellectuelle véritable ». Or, cette certitude se trouve dans le sujet lui-même, qui ne peut être certain que de sa propre existence. Ce point de départ évoque le cogito cartésien : je puis douter de tout, même de l’existence du monde que je perçois, qui pourrait être illusoire, mais je ne peux pas douter que je suis en train de douter, et si je doute, c’est que je pense, et si je pense, alors j’existe. Cependant, on pourrait encore objecter que cette certitude se base sur un raisonnement logique, ce qui ne le rend pas tellement différent des certitudes des sciences. Mais il ne s’agit pas, pour Husserl, d’imposer l’existence du moi comme d’un objet. Ce qui compte ici, c’est « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus profond et le plus essentiel ». Ce qui est central, c’est donc ce qui constitue intérieurement un sujet, le vécu tel qu’il est expérimenté par le sujet lui-même. Le sujet n’est pas objectivé par une déduction, son existence n’est pas posée comme celle d’un objet extérieur, mais il possède pour Husserl un fondement transcendantal, dans le sens où il est le support constant d’un certain flux de vécus, qui constituent la seule certitude intellectuelle véritable, et par là la seule base possible de la rationalité.
La prise en compte de cette subjectivité nous amène à nous rendre compte que nous sommes « des hommes vivant en communauté et appartenant à notre propre environnement et au temps de l’histoire ». Cela signifie que notre subjectivité elle-même est prise dans un ensemble plus vaste qui l’englobe et qui l’oriente. L’environnement, la communauté et le temps de l’histoire sont en effet porteurs de « buts, de valeurs [et de] normes ». Conformément à ce qui a été dit plus haut, il ne s’agit pas de considérer ces choses comme des éléments extérieurs au sujet, mais comme une partie intégrante de son vécu intérieur. Par conséquent, cette inscription du sujet vivant au sein de ce que Husserl appelle un « environnement vital » l’imprègne, et détermine son rapport au monde. Le vécu étant ainsi orienté par ces « buts, ces valeurs et ces normes », il manifeste une certaine « disposition », ce qui signifie dans le texte cette orientation dont nous parlons, et sur laquelle nous reviendrons en parlant de la pratique scientifique. Car en effet, ces considérations sur l’importance du sujet vivant en tant que fondement de rationalité ont une implication épistémologique profonde sur la valeur des sciences exactes.
Quand je reviens au texte je lis, première phrase, que « la science mathématique de la nature est une technique admirable [...] »... et je cherche où ce geste étonnant qui consiste à appeler « technique » une science est commenté. Je ne trouve rien.
- deuxième partie:
Au début du texte,
(Je mets ici un smiley sans apprêt, mais il faut bien voir que telle sera la réaction.)
Husserl remet en question la rationalité des méthodes et des théories des « sciences mathématiques de la nature ». Il vise par là ce que l’on désigne habituellement par le terme de « sciences physiques » ou « sciences exactes », c’est-à-dire un ensemble de techniques et de théories approchant les phénomènes observables par la modélisation mathématique. Il effectuera ensuite le même travail critique à l’encontre de la psychologie. Son but n’est pas de disqualifier l’une après l’autre ces disciplines, mais c’est la psychologie qui est l’objet principal de la réflexion du texte. En effet, les sciences de la nature ne sont évoquées en premier lieu que parce que la prétention à l’objectivité de la psychologie repose sur la conception de la connaissance qui sous-tend ces sciences. En imitant leurs méthodes, la psychologie se présente comme capable de mettre à jour une science complète et générale de l’esprit humain, qui deviendrait un objet d’étude au même titre que le mouvement des planètes ou la trajectoire des rayons lumineux. Elle promettrait ainsi des résultats aussi spectaculaires que ceux accomplis dans le domaine des sciences, qui permettent des applications pratiques innombrables, et qui ouvrent des perspectives nouvelles dans le champ du savoir. Or, même si Husserl ne rechigne nullement à reconnaître la valeur de ces réalisations –il les admire, même-, il conteste cependant le fondement de rationalité de ces méthodes et de ses théories. Il s’exprime ainsi à rebours d’une certaine conception commune qui tendrait à faire de la « mathématique scientifique » la science rationnelle par excellence. Mais, comme nous l’avons vu, le critère de la rationalité chez Husserl est tout autre, puisqu’il consiste dans l’exigence de la prise en compte du sujet en tant que support d’un vécu. Ce souci du sujet qui met en œuvre la science mathématique étant absent de celle-ci, Husserl la déclare « relative ».
La pratique scientifique réclame de la part du savant ce qu’on appelle « l’esprit scientifique ». Il s’agit, pour résumer, de s’en tenir aux faits et à la logique. C’est cet esprit qui est désigné dans le texte par le terme de « disposition », dont l’apport est présupposé à la rationalité des méthodes et théories scientifiques. Or, les sciences oublient de questionner cet esprit subjectif, ainsi que l’environnement intuitif du savant. S’en tenir aux faits, raisonner de manière exclusivement logique et selon une méthodologie précise, voilà une subjectivité qui est bien éloignée de la subjectivité vécue par le savant, et qui comporte des valeurs, des souffrances et des buts : en écartant ces éléments, elle perd son statut d’expérience vécue intérieurement, et par là sa « certitude intellectuelle véritable », en un mot sa rationalité. Même si ce mot n’est pas utilisé ici par Husserl, il parlera ailleurs de la « naïveté » des sciences exactes, qui consiste justement à ignorer cette absence de rationalité. Ainsi, bien que celles-ci aspirent à une exposition générale des lois de l’univers, valable pour tout être humain, Husserl compare leur rationalité à celle des pyramides égyptiennes : comme elles, les sciences exactes sont la arque de la puissance de l’esprit humain, de son « triomphe, comme elles, elles espèrent s’installer pour des siècles. Pourtant, même si les pyramides nous impressionnent encore par leur caractère monumental, elles font tout de même partie d’un monde dont la subjectivité propre ne nous est plus accessible, et, de ce fait, elles ne signifient plus pour nous ce qu’elles pouvaient signifier pour ceux qui les ont bâties, et seule reste la démonstration de puissance qu’elles constituent.
Nous voyons donc que cette remarque intervient non pas pour nier aux sciences exactes leur statut de « création », mais pour introduire une réflexion épistémologique. L’efficacité des sciences n’est nullement attaquée, car leur objet (les phénomènes naturels) est distinct du sujet qui les observe. En revanche, une discipline comme la psychologie, dont l’objet d’étude est l’esprit humain, concerne également l’esprit du psychologue.
La psychologie, en se présentant comme une science exacte dont l’objet est l’esprit humain, espère parvenir à la précision et à la généralité dont les autres sciences exactes font preuve. Par conséquent, la critique formulée par Husserl à leur encontre s’applique également à la psychologie, et nous pouvons dès lors qualifie cette science de relative. Les psychologues, malgré la connaissance de l’esprit que leur discipline leur apporte, n’en ont pas pour autant davantage « accès à eux-mêmes et à leur environnement vital, considéré comme son thème propre ». Cela signifie qu’ils connaissent seulement [fin des 5 heures] leur esprit à titre d’objet placé dans le monde, de l’extérieur, mais ne considèrent pas le vécu intérieur, qui constitue le côté subjectif, et seul véritablement certain, de l’esprit. De plus, cette manière de faire de l’esprit un objet d’étude, en mettant de côté les éléments subjectifs, est propre à la conception des sciences de leur époque, qui appartient à l’histoire. Ainsi, bien que cela puisse sembler paradoxal, l’esprit scientifique qui préside à la pratique de la psychologie contemporaine est le fruit d’une subjectivité propre à une époque donnée. C’est pourquoi les psychologues, en ignorant cette espèce de ruse de la raison qui leur fait supposer comme purement objectif une disposition d’esprit qui procède d’une subjectivité particulière, « se présupposent eux-mêmes à titre préalable comme hommes vivant en communauté et appartenant à leur propre environnement et au temps de l’histoire ». Il y a donc une contradiction entre la « vérité en soi, valable en général pour quiconque », à laquelle tendent les psychologues, et le relativisme que Husserl décèle dans leur approche.
La limite de la psychologie qui découle de cette observation se manifeste dans le fait que le psychologue ne peut penser, « inclure dans son thème de réflexion », « l’âme, le moi qui agit et souffre, pris en son sens le plus propre et le plus essentiel ». Bien entendu, la psychologie peut reconnaître le sujet souffrant. Mais ce faisant, elle ne fait qu’indiquer que le sujet souffre, à titre de fait objectif, et ne rend pas compte de ce qu’est la souffrance réellement vécue dans l’intimité du sujet. Husserl reconnaît à la limite qu’elle peut traiter des « vécus de l’évaluation et des vécus volitifs ». Il désigne par ces termes la manière dont un sujet pose des jugements et affirme une volonté agissante. Mais en revanche, il doute que la psychologie puisse en faire autant avec « les buts, les valeurs, les normes », qui correspondent à des dimensions plus profondes de la subjectivité. Il doute également que la raison, au sens de disposition, c’est-à-dire de rapport rationnel aux faits, puisse être examinée par la psychologie. Finalement, cette quête d’objectivité dont il est ici question, ressort de la pétition de principe, puisque ce qui est recherché, à savoir des normes vraies pour tout et pour tous, est déjà présupposé par le savant. En établissant cet objectivisme sur des faits, les savants s’imaginent que les faits ont une valeur de vérité car ils sont donnés tel quel, mais ils oublient qu’avant tout, ces faits sont reçus par le sujet et perçus par le biais de sa subjectivité. L’objectivisme, en mettant de côté le sujet, oublie donc qu’il a affaire à des fictions et non à des vérités.
Bref, les qualités de l'explication sont quand même obérées par un choix méthodologique extrêmement bizarre (la non-linéarité), une difficulté à rendre entièrement raison du propos de Husserl ici (bon, ça, c'est difficile, il faut le dire), et du coup une surinterprétation partielle. Autant ce travail manifeste d'évidentes qualités qui autorisent tous les espoirs, autant il donne aussi, à un correcteur souhaitant creuser l'écart, les arguments suffisants pour mettre une mauvaise note.
- LevincentNiveau 9
Ok, merci pour les remarques.
J'avais conscience de prendre un risque en organisant ainsi mon explication. J'ai pris le parti d'expliquer le texte comme si j'avais à l'expliquer à quelqu'un, mais comme je le craignais, ce choix a été malheureux.
Cependant, j'ai compris la structure du texte comme suit (je résume) :
1) Husserl met en question la prétention des "sciences mathématiques" à une connaissance fondamentale
1.1) Il leur reproche d'oublier le sujet
2) Il fait remarquer que la psychologie a la même prétention, et il la remet d'autant plus facilement en cause que celle-ci s'appuie sur celle des "sciences mathématiques de la nature"
2.1) La psychologie oublie elle aussi le sujet, mais en ce qui la concerne, c'est plus "grave"
Mon sentiment a été que, si je suivais cette structure argumentative, j'aurais eu à expliquer deux fois ce que Husserl juge important en ce qui concerne la prise en compte de la subjectivité, ce qui aurait été redondant. J'ai donc pris le parti d'expliquer dès le début le parti pris phénoménologique qu'assume Husserl, afin que la remise en cause des sciences et de la psychologie apparaisse de manière plus limpide. Ce faisant, c'est vrai que je me suis complètement écarté de l'articulation même du texte.
Mais existe-t-il des faits pour Husserl ? J'ai l'impression que non. Les faits sont des faits parce qu'on les déclare tels, mais on dirait qu'il nie l'existence de faits qui seraient en eux-mêmes des faits, ce qui lui permet de saper l'objectivisme. Il n'y a pas de faits en réalité, il n'y a que des choses que nous prenons pour des faits.
Ah mais c'est mon biais d'ingénieur qui fait ça ! Pour nous autres, il est évident que la science n'est pas autre chose qu'une technique.
J'avais conscience de prendre un risque en organisant ainsi mon explication. J'ai pris le parti d'expliquer le texte comme si j'avais à l'expliquer à quelqu'un, mais comme je le craignais, ce choix a été malheureux.
Cependant, j'ai compris la structure du texte comme suit (je résume) :
1) Husserl met en question la prétention des "sciences mathématiques" à une connaissance fondamentale
1.1) Il leur reproche d'oublier le sujet
2) Il fait remarquer que la psychologie a la même prétention, et il la remet d'autant plus facilement en cause que celle-ci s'appuie sur celle des "sciences mathématiques de la nature"
2.1) La psychologie oublie elle aussi le sujet, mais en ce qui la concerne, c'est plus "grave"
Mon sentiment a été que, si je suivais cette structure argumentative, j'aurais eu à expliquer deux fois ce que Husserl juge important en ce qui concerne la prise en compte de la subjectivité, ce qui aurait été redondant. J'ai donc pris le parti d'expliquer dès le début le parti pris phénoménologique qu'assume Husserl, afin que la remise en cause des sciences et de la psychologie apparaisse de manière plus limpide. Ce faisant, c'est vrai que je me suis complètement écarté de l'articulation même du texte.
PauvreYorick a écrit:contresens sur la fin. Husserl n'affirme nullement, et ne suggère même pas, que les « faits » seraient des « fictions » (ou alors, il faut soi-même préciser très précautionneusement ce qu'on entend par là). Il dit en revanche que les faits sont constitués en amont comme faits (non fictions mais vérités) par une activité du sujet que la psychologie est constitutivement incapable de prendre pour thème, du fait précisément qu'elle les présuppose (elle ne peut prendre ses propres principes pour objets).
Mais existe-t-il des faits pour Husserl ? J'ai l'impression que non. Les faits sont des faits parce qu'on les déclare tels, mais on dirait qu'il nie l'existence de faits qui seraient en eux-mêmes des faits, ce qui lui permet de saper l'objectivisme. Il n'y a pas de faits en réalité, il n'y a que des choses que nous prenons pour des faits.
PauvreYorick a écrit:Quand je reviens au texte je lis, première phrase, que « la science mathématique de la nature est une technique admirable [...] »... et je cherche où ce geste étonnant qui consiste à appeler « technique » une science est commenté. Je ne trouve rien.
Ah mais c'est mon biais d'ingénieur qui fait ça ! Pour nous autres, il est évident que la science n'est pas autre chose qu'une technique.
- PanturleNiveau 8
Dommage que les maths ne soient pas une science... :flower:
_________________
Multaque res subita et paupertas horrida suasit.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum