Re: De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs.

Ariane, ma sœur, de quel amour blessée
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !

Ces vers sont pour les langues anciennes.

Il est quand même bon de savoir qui a soutenu cette disparition, dans sa philosophie même ou dans sa mise en œuvre : les "Cahiers pédagogiques" ont une lourde responsabilité à ce sujet.

Pour s'en convaincre, une petite synthèse des jours écoulés : http://www.laviemoderne.net/forum/etre-enseignant-aujourd-hui/6800-les-langues-anciennes-dans-la-ligne-de-mire?start=80#13639

Luigi_B a écrit:Il est quand même bon de savoir qui a soutenu cette disparition, dans sa philosophie même ou dans sa mise en œuvre : les "Cahiers pédagogiques" ont une lourde responsabilité à ce sujet.

Pour s'en convaincre, une petite synthèse des jours écoulés : http://www.laviemoderne.net/forum/etre-enseignant-aujourd-hui/6800-les-langues-anciennes-dans-la-ligne-de-mire?start=80#13639

Ce fut du sacré ping pong sur Twitter, n'est-ce pas Luigi ? Pourquoi cette haine contre les langues anciennes ?

Beating a dead horse...

Sans doute parce que dans l'esprit de ces "progressistes" le latin est le symbole de l'ancienne école. On retrouve la même détestation du latin dans les ouvrages de l'historien Antoine Prost.

Ptêt aussi qu'ils associent langues anciennes et "cathos de droite un peu racistes"? Je sais pas, hein, j'imagine...

leyade a écrit:

hypermnestre a écrit:

Luigi_B a écrit:Quand je pense que le sort d'un enseignement séculaire est (peut-être) en train de se régler quelque part sur un coin de table du ministère...

Cela donne le vertige...

Il faut se faire confiance. professeur

Spoiler:

Tu as bien fait de mettre en spoiler, ça pique ...
(z'auraient pas un pet au casque ? - comme disais ma jeunesse -)

le Sgen-Cfdt a écrit:Augmenter les horaires élèves, en langues vivantes ou ailleurs, au détriment de la marge de souplesse horaire accordée au collège...

Voilà donc à quoi sont sacrifiées des enseignements séculaires.

C'est surtout faux puisque la plupart des heures sont prises sur les enseignements disciplinaires. Quant aux trois heures ajoutées à tous les niveaux, elles sont loin de couvrir les nombreuses heures supprimées ne serait-ce qu'en latin (huit heures pour trois niveaux de latin)...

...pratiquer l'interdisciplinarité tout seul dans sa classe...

Le professeur de lettres classiques seraient donc incapable de "pratiquer l'interdisciplinarité" ?

...rejeter la pédagogie de projet à l’extérieur des pratiques ordinaires…

Il s'agit, sous couvert de défendre la liberté pédagogique, bien donc d'imposer des méthodes d'enseignement : le travail en équipe et la pédagogie de projet.

Il était effectivement temps qu'on arrête de croire que la politique éducative doit être entièrement déterminée par le ministère, et que l'on reconnaisse enfin que les personnels des collèges sont ceux qui connaissent le mieux les élèves et leurs besoins.

voilà un bel idéal:
à chacun selon ses besoins, et oserais-je ajouter, selon les capacités d'imagination (ne parlons pas de connaissances...) de l'équipe locale.
Peut-on être plus méprisant pour les élèves? sous prétexte de les "connaître": je n'attends pas du maître qu'il connaisse mon enfant mais qu'il l'éduque, et lui ouvre l'esprit sur ce qu'il ignore justement, pour qu'il le maîtrise.
Je suis écœurée de cette idéologie de missionnaire colonial.

Augmenter les horaires élèves, en langues vivantes ou ailleurs, au détriment de la marge de souplesse horaire accordée au collège, pratiquer l'interdisciplinarité tout seul dans sa classe, refuser le rôle donné au conseil pédagogique dans l'organisation des enseignements du collège, rejeter la pédagogie de projet à l’extérieur des pratiques ordinaires… chacune de ces propositions pourrait, si le ministère les prenait en compte, vider de son sens tout le travail déjà accompli dans la suite de la loi de refondation de l'école.

voilà ça c'est donc exactement ce qu'il faut faire pour éviter la prise de pouvoir de ces dangereux illuminés qui sous prétexte de "nouveauté" ramènent les banlieues (et les campagnes reculées) au bon temps des missionnaires, suscités.

Pourquoi cette haine contre les langues anciennes ?

parce qu'ils continuent de raisonner sur des données ancestrales en fait.(le latin des élites du XIXe siècle). Parce qu'ils sont en panique devant les inégalités croissant grâce aux faiblesses éducatives qu'ils ont contribué à introduire déjà et que dans cette fuite en avant, ils pensent ne pouvoir rétablir de l'égalité qu'en rasant tout: ça s'appelle de l'aveuglement obstiné devant ses propres erreurs.
Bref ce sont des gens accablants.

Ils mériteraient une juridiction d'exception pour le mal qu'ils font aux gamins comme à l'avenir du pays...ils finiront chefs ou IG...

Si j'ai bien compris, on ne fera plus de latin si au CA, on décide que nous ne pouvons pas "prendre" une heure de latin sur nos heures de français, c'est cela ? Et quid du saupoudrage étymologique en 6ème ? Il sera inclus dans les programmes ou ce sera à la discrétion du professeur de français ? heu

Mes élèves sont venus d'eux-mêmes me dire que c'était "nul de donner un tout petit peu de latin à tout le monde, parce que quand on partage un seul bonbon à trente, eh bien, on n'en sent même pas le goût et ça sert à rien." De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs. - Page 29 2252222100

De l'avenir des langues anciennes au collège en 2016: sortez vos mouchoirs. - Page 29 2252222100

En revanche, ils voulaient bien qu'on donne le paquet entier à chacun ! (comprendre généraliser l'option à tous les élèves avec les même horaires qu'actuellement)

Ronin a écrit:ils finiront chefs ou IG...

Bien fait ! Razz

Comme à chaque fois que j'ouvre ce topic : smiley qui se pend...

Le soutien (à sa manière très particulière) d'un réformiste :

Christophe Chartreux a écrit:Ces deux matières ont en commun d'être infectées pourtant d'un terrifiant virus. Le grec - plus encore que le latin - et l'allemand, tout le monde le sait et en premier lieu les parents "bien informés", ont servi, servent encore, d'outils puissants pour contourner la carte scolaire (qui n'a en rien véritablement disparu) et ont toujours été présentés comme des matières dites "nobles" contrairement aux autres. A tel point que les Lettres Modernes furent longtemps considérées en parents pauvres par les Lettres Classiques. Ayant fait les deux, je peux en témoigner...

Cet élitisme -ce n'est en aucun cas un mot grossier dans ma bouche et je défends l'élitisme quand il s'adresse à toutes et tous- a peu à peu vidé les salles de cours d'allemand et de grec. Je me souviens, en grec justement au lycée... C'était dans les années 1974/75... Nous étions douze en seconde, huit en première et quatre en terminale. Aujourd'hui les collègues d'allemand "draguent" littéralement les élèves pour les supplier de choisir leur langue. Je me souviens de l'une d'entre ces collègues user de tous les subterfuges imaginables pour conquérir quelques uns. Et déprimer beaucoup en constatant l'échec de son entreprise pourtant passionnée et passionnante.

Je déplore cette désertion. Mais elle s'explique par le fait d'avoir, sans doute par amour sincère de leurs matières, voulu toujours placer Aristophane et Schiller sur des sommets inaccessibles au commun des élèves.

A tel point qu'un jour, il n'y eût plus aucun élève...

La vulgarisation des Humanités en eût évité l'abandon...

En eût évité aussi la détresse d'une admirable Jacqueline de Romilly...

Vive le latin! Vive le grec! Pour toutes et tous!

http://www.profencampagne.com/2015/03/vive-le-latin-vive-le-grec-pour-toutes-et-tous.html

En douze ans d'enseignement du grec dans mon collège par mes soins, jamais, je dis bien jamais, je n'ai vu un seul élève demander une dérogation pour venir faire du grec chez nous et contourner la carte scolaire. Jamais.
Seuls ceux qui (hormis cas de déménagement) sont déjà dans mon collège en 4e font du grec chez nous en 3e.

idem pour l'allemand, ce n'est pas un motif valable de dérogation (de mémoire, classé n°8 sur la liste, donc sans espoir), ne valent aujourd'hui pour obtenir dérogation que le handicape, la maladie ou le regroupement de fratrie, en dehors de quelques cas très exceptionnels.

Christophe Chartreux doit mieux savoir que vous.

D'ailleurs, la leçon à retenir de son billet bienveillant : si les langues anciennes et l'allemand meurent, c'est bien de la faute de leurs professeurs.

Sympa, non ?

Schiller au collège, ça n'est pas très courant... Je vais y réfléchir, tiens :lol:
Mais Grimm, Goethe, Heine, Kästner, Ungerer, par petits bouts, ou bien Mozart, Wagner, ou encore Kirchner, Marc, Friedrich, Hundertwasser, Mies van der Rohe... Décidément, trop de culture, trop d'élitisme. Suspect

Est-ce que l'un d'entre vous aurait à sa disposition une présentation complète et synthétique des différentes modalités de la réforme concernant le latin et le grec ? Texte officiel, compte-rendu d'un syndicat, synthèse personnelle...
Des collègues inquiets me demandent des preuves des propos que j'ai tenus en salle des profs cette semaine.

http://www.aplaal.fr/reforme-du-college-2016-le-point-pour-les-lca/

Cela n'a pas été mis à jour, mais c'est clair.

Ah ben, drôle de vision de l'enseignement du latin, vu comme "socialement sélective" alors que beaucoup de ceux qui prennent l'option le font justement pour s'améliorer en français, pour lutter contre l'échec (et souvent avec succès). Les élèves en difficulté qui ne le prennent pas sont très souvent ceux qui ne veulent pas trop bosser tout court et qui ne le prendraient donc pas non plus dans le cadre d'un "EPI" (de maïs). Et l'idée du "pourrait être suivi" ouvrant la porte au zapping dès la moindre difficulté, c'est sûr que ça ouvre la voie à la "démocratisation" et à l'accessibilité des savoirs, qui ne peuvent pourtant s'acquérir qu'avec un minimum d'exigences et de difficultés à surmonter. Là, on offre le contournement possible des difficultés à tous les niveaux, on va devoir niveler encore et encore par le bas pour garder des effectifs (chouette, on va se déguiser et organiser des orgies bien sûr, toujours plus fun et glamour que la rigueur d'une traduction, c'est sûr). De toute façon, au regard des économies apportées par cette suppression (mise à mort?) d'un enseignement traditionnel en France depuis des siècles, voire deux millénaires, on ne va pas s'encombrer de ce genre de détails et de contradictions entre les objectifs affichés de "popularisation" (youpi!) et les effets réels attendus (suppression de la matière, économie d'heures, nivellement sous couvert de "démocratisation", mais on ne doit pas tous mettre la même notion derrière ce mot) Rolling Eyes

Merci beaucoup collegedevinci pour cette réponse rapide !

De mon jeune temps, dans mon collège de province, les classes latin/allemand étaient vues comme les classes les meilleures. On y collait ses enfants sans leur demander leur avis et roule ma poule! Le pourcentage d'élèves continuant au lycée obéissait à la même logique. Mais ma folle jeunesse remonte à 25ans. Ça fait un bail que les classes latin/allemand n'existent plus.
Les classes euros sont devenues les classes d'élite. Les parents y collent leurs enfants et plus en latin. Du coup il reste les motivés, et ils ne sont pas légion... Je me bats tous les ans pour convaincre les parent de gamins qui ont des difficultés ailleurs pour qu'ils acceptent que leur enfant vienne en latin. Voilà le cours élitiste! J'ai un mot pour qualifier ce que je pense de ce monsieur, mais je suis une lady...

On peut le dire pour toi si tu veux..