- 34crugerNiveau 4
Bonjour,
Je suis tout nouvel enseignant en Collège Eclair (REP+) et j'ai du mal avec la gestion de classe.
Sans être trop dramatique, c'est dur quotidiennement et ça stagne.
J'essaie de suivre la ligne de gradation (avertissement oral, mot carnet, appel parents, retenue, explication à chaque punition, exclusion de la classe au pire) mais au final je trouve que je n'arrive pas à être vraiment sévère et respecté (je rêve d'être un prof très dur!).
Trois raisons principales à cela:
- ils s'en foutent en fait: il n'y a rien de nettement dissuasif et sans appel
- la procédure prend un temps considérable, le système (CPE à aller voir, paperasserie) est lourd et les plus tenaces mettent des bâtons dans les roues à chaque instant, par tous les prétextes, si bien que c'est très pénible de "tenir" jusqu'au bout: ça épuise et en tant que novice, ça me déstabilise aussi, il faut constamment justifier. On finit par avoir fortement envie de laisser tomber.
- des choses de la classe m'échappent et ils me prennent au dépourvu quand ils me disent "oui j'ai parlé mais elle elle m'a insulté pendant toute l'heure et vous avez pas vu etc etc": je ne les vois pas parfois, surtout je ne les entends pas clairement ces quolibets et c'est irrémédiable.
Si vous avez des réflexions, des idées, si c'est "normal" (car il y a des problèmes sans solution!) ou "pas normal", car les collègues ne parlent pas de ce qu'ils font et c'est difficile de me situer parmi eux... quand j'écris dans les carnets, il n'y a pas beaucoup de collègues qui ont écrit, quand j'appelle les parents, parfois je suis bien le premier à les contacter... mais en même temps mes exigences sont justifiées: du respect, un peu de travail et du silence sur certaines phases bien identifiées et décrites (quand je parle, etc).
Mon objectif (comme ça s'éloigne, je dirais plutôt mon rêve) serait de pouvoir gérer tout, tout seul dans ma classe. Cela simplifierait considérablement toutes les procédures; c'est d'ailleurs très clairement ce que demande l'inspecteur. Mais je n'y arrive pas et je cherche des solutions. Je sais qu'il y en a qui y arrivent.
Désolé, ce sujet a sûrement été proposé mille fois.
Merci de votre aide!
Je suis tout nouvel enseignant en Collège Eclair (REP+) et j'ai du mal avec la gestion de classe.
Sans être trop dramatique, c'est dur quotidiennement et ça stagne.
J'essaie de suivre la ligne de gradation (avertissement oral, mot carnet, appel parents, retenue, explication à chaque punition, exclusion de la classe au pire) mais au final je trouve que je n'arrive pas à être vraiment sévère et respecté (je rêve d'être un prof très dur!).
Trois raisons principales à cela:
- ils s'en foutent en fait: il n'y a rien de nettement dissuasif et sans appel
- la procédure prend un temps considérable, le système (CPE à aller voir, paperasserie) est lourd et les plus tenaces mettent des bâtons dans les roues à chaque instant, par tous les prétextes, si bien que c'est très pénible de "tenir" jusqu'au bout: ça épuise et en tant que novice, ça me déstabilise aussi, il faut constamment justifier. On finit par avoir fortement envie de laisser tomber.
- des choses de la classe m'échappent et ils me prennent au dépourvu quand ils me disent "oui j'ai parlé mais elle elle m'a insulté pendant toute l'heure et vous avez pas vu etc etc": je ne les vois pas parfois, surtout je ne les entends pas clairement ces quolibets et c'est irrémédiable.
Si vous avez des réflexions, des idées, si c'est "normal" (car il y a des problèmes sans solution!) ou "pas normal", car les collègues ne parlent pas de ce qu'ils font et c'est difficile de me situer parmi eux... quand j'écris dans les carnets, il n'y a pas beaucoup de collègues qui ont écrit, quand j'appelle les parents, parfois je suis bien le premier à les contacter... mais en même temps mes exigences sont justifiées: du respect, un peu de travail et du silence sur certaines phases bien identifiées et décrites (quand je parle, etc).
Mon objectif (comme ça s'éloigne, je dirais plutôt mon rêve) serait de pouvoir gérer tout, tout seul dans ma classe. Cela simplifierait considérablement toutes les procédures; c'est d'ailleurs très clairement ce que demande l'inspecteur. Mais je n'y arrive pas et je cherche des solutions. Je sais qu'il y en a qui y arrivent.
Désolé, ce sujet a sûrement été proposé mille fois.
Merci de votre aide!
- keroGrand sage
Dans ta gradation de sanctions, je ne vois pas de punitions (autrement dit, la sanction la plus importante). Oubli de ta liste ?
- YoKonokéFidèle du forum
Si tu veux, je t'envoie un doc' que je viens de rédiger pour mes classes, difficiles, de Lycée Pro.
Par MP.
Par MP.
_________________
«Plus on partage, plus on possède, voilà le miracle.» Léonard Nimoy
- keroGrand sage
Si tu veux, mais ça ne répond pas à la question.
- 34crugerNiveau 4
Oui bien sûr j'utilise les punitions signées, ça rentre dans ma liste (mais pas les sanctions, ce n'est pas à mon niveau, je suis professeur).
- YoKonokéFidèle du forum
kero a écrit:Si tu veux, mais ça ne répond pas à la question.
Je ne parlais pas à toi mais à celui qui a mis le message initial :| !
_________________
«Plus on partage, plus on possède, voilà le miracle.» Léonard Nimoy
- keroGrand sage
YoKonoké a écrit:kero a écrit:Si tu veux, mais ça ne répond pas à la question.
Je ne parlais pas à toi mais à celui qui a mis le message initial :| !
Oups, 'scuse-moi.
- 34crugerNiveau 4
Oui je veux bien que tu me l'envoies, merci c'est gentil (attention je ne peux pas utiliser les MP car je suis tout nouveau sur le forum).
Mais c'est vrai que ce serait intéressant d'avoir une discussion à plusieurs sur le sujet.
Mais c'est vrai que ce serait intéressant d'avoir une discussion à plusieurs sur le sujet.
- neomathÉrudit
C'est normal, on est tous passés par là.34cruger a écrit:Je suis tout nouvel enseignant en Collège Eclair (REP+) et j'ai du mal avec la gestion de classe.
Vos collègues vous donnent l'impression de mieux s'en sortir ? Pour certains c'est vrai, mais c'est normal, ils ont plus d'expérience et, surtout, ils ont une réputation dans le collège (vous constaterez à l'usage à quel point c'est décisif). Pour d'autres c'est faux, ils ont de graves difficultés mais ils le cachent comme une maladie honteuse.
Les demandes de l'inspecteur sont à écouter avec tout le respect qui est dû au chef et à oublier dès qu'il s'agit de faire le boulot.34cruger a écrit:Bonjour,
c'est d'ailleurs très clairement ce que demande l'inspecteur
Vous trouverez foule de conseils utiles dans les archives du forum. Bon courage.
- keroGrand sage
neomath a écrit:Les demandes de l'inspecteur sont à écouter avec tout le respect qui est dû au chef et à oublier dès qu'il s'agit de faire le boulot.
- CatalunyaExpert spécialisé
La solution : serrer les dents et quitter au plus vite le collège Eclair.
- keroGrand sage
Catalunya a écrit:La solution : serrer les dents et quitter au plus vite le collège Eclair.
Quel rapport ?
Un collège eclair n'est pas forcément plus compliqué qu'un autre ZEP. Et "serrer les dents" me semble une stratégie un peu simpliste. Faut juste bosser ses méthodes. Et on peut passer un bon moment même dans un bahut difficile.
- mimikaNiveau 6
Bonsoir,
je pense être appréciée par mes élèves, ils travaillent et sont motivés dans l'ensemble.
Malgré tout, je sens que cela dérape trop souvent dans mon cours avec trop de bavardages, parfois de l'agitation selon les classes.
En fait je ne parviens pas à être dure, les élèves le sentent, et en profitent un peu. C'est une agitation raisonnable, mais qui me pèse parce que j'ai du mal à supporter le bruit, parce que je me sens en danger, parce que j'ai honte d'en avoir encore alors que j'enseigne depuis longtemps, parce que quand je passe dans les couloirs j'entends bien que chez les collègues c'est le calme, voire le silence total, parce que j'ai l'impression d'être "nulle".
Que faire?
Je ne parviens pas malgré toutes mes bonnes résolutions à être extrêmement sévère, et je crois que parfois c'est mon attitude elle-même qui suscite le "mouvement": par exemple je plaisante, je fais une remarque et cela suscite des réactions pas méchantes chez les élèves qui en profitent pour vouloir tous parler en même temps, raconter leur vie parfois, déborder du cours.
Rien de dramatique en soi, mais dramatique pour moi qui en suis arrivée à perdre totalement confiance en moi et à souffrir beaucoup de la situation, en point d'en être malade.
Je suis en allègement de service pour cause de dépression sévère.
Dans l'ensemble je gère, mais pas assez pour me sentir compétente.
Et ce n'est pas cet immense tabou de l'EN qui consiste à taire toujours ses difficultés qui m'aide, car je me sens mal à l'aise, je ne peux pas partager avec les autres mes difficultés.
Ce genre de problèmes, il faut le taire, à tous: direction comme collègues, et c'est bien triste de devoir le faire car si on se soutenait, si on montrait comment faire, je pense que cela serait bien pour tous ceux qui comme moi ont quelques problèmes.
J'ai attendu des années pour oser en parler, ce qui est cause de mon état de santé, car il y a eu accumulation de baisse de confiance en moi (elle était déjà peu élevée au départ...) , jusqu'à perte totale d'estime de moi pendant un temps.
Depuis longtemps et particulièrement depuis deux ans, je ne songe qu'à fuir, alors qu'au fond de moi j'aime mon métier, j'ai toujours voulu le faire, et je ne l'exerce bien aux dires de mes chefs.
J'ai du mal à croire que je vais pouvoir continuer comme cela sans avoir l'impressin d'avoir gâché ma vie à cause de mon travail.
J'aimerais avoir vos conseils.
je pense être appréciée par mes élèves, ils travaillent et sont motivés dans l'ensemble.
Malgré tout, je sens que cela dérape trop souvent dans mon cours avec trop de bavardages, parfois de l'agitation selon les classes.
En fait je ne parviens pas à être dure, les élèves le sentent, et en profitent un peu. C'est une agitation raisonnable, mais qui me pèse parce que j'ai du mal à supporter le bruit, parce que je me sens en danger, parce que j'ai honte d'en avoir encore alors que j'enseigne depuis longtemps, parce que quand je passe dans les couloirs j'entends bien que chez les collègues c'est le calme, voire le silence total, parce que j'ai l'impression d'être "nulle".
Que faire?
Je ne parviens pas malgré toutes mes bonnes résolutions à être extrêmement sévère, et je crois que parfois c'est mon attitude elle-même qui suscite le "mouvement": par exemple je plaisante, je fais une remarque et cela suscite des réactions pas méchantes chez les élèves qui en profitent pour vouloir tous parler en même temps, raconter leur vie parfois, déborder du cours.
Rien de dramatique en soi, mais dramatique pour moi qui en suis arrivée à perdre totalement confiance en moi et à souffrir beaucoup de la situation, en point d'en être malade.
Je suis en allègement de service pour cause de dépression sévère.
Dans l'ensemble je gère, mais pas assez pour me sentir compétente.
Et ce n'est pas cet immense tabou de l'EN qui consiste à taire toujours ses difficultés qui m'aide, car je me sens mal à l'aise, je ne peux pas partager avec les autres mes difficultés.
Ce genre de problèmes, il faut le taire, à tous: direction comme collègues, et c'est bien triste de devoir le faire car si on se soutenait, si on montrait comment faire, je pense que cela serait bien pour tous ceux qui comme moi ont quelques problèmes.
J'ai attendu des années pour oser en parler, ce qui est cause de mon état de santé, car il y a eu accumulation de baisse de confiance en moi (elle était déjà peu élevée au départ...) , jusqu'à perte totale d'estime de moi pendant un temps.
Depuis longtemps et particulièrement depuis deux ans, je ne songe qu'à fuir, alors qu'au fond de moi j'aime mon métier, j'ai toujours voulu le faire, et je ne l'exerce bien aux dires de mes chefs.
J'ai du mal à croire que je vais pouvoir continuer comme cela sans avoir l'impressin d'avoir gâché ma vie à cause de mon travail.
J'aimerais avoir vos conseils.
- AspasieNiveau 10
Un de mes formateurs m'a dit un jour qu'on ne faisait pas cours "contre" ce qu'on était, mais "avec" ce qu'on était. Etre "dur", c'est très vague... on peut être sympathique, compréhensif, et très exigeant. On peut répondre aux récriminations, entendre les excuses, justifier ses sanctions, et être intransigeant. On peut plaisanter, déborder, bavarder, et savoir ramener le calme...
Il ne faut pas rêver un idéal qui n'a pas de sens ; il faut devenir le prof que l'on est (merci Nietzsche... enfin, Pindare ). Car l'enjeu, c'est l'estime de soi, comme tu le soulignes mimika...
Comme l'a écrit Neomath, tout le monde a ces difficultés. J'ajouterais, en début de carrière, ou en cours de carrière. Ce n'est pas vraiment le problème. Le problème, c'est de savoir comment on les vit, comment on évolue à partir de cela, comment on acquiert un peu d'expérience, et donc, comment on se forme et se transforme à partir de cela.
Je reprends ces 3 élements :
- La/les procédure(s), c'est un vrai problème, parce que oui, ça pèse, ça ralentit. L'avantage, c'est qu'on s'y habitue, on s'aguerrit -bon... sauf si on change tous les ans d'établissements, pour constater que la procédure change toujours ; mais à force, on apprend d'autres choses, et on relativise la précision des procédures justement. En tout cas, l'année de stage n'est pas l'année la plus simple pour s'affronter à cela. Chaque chose en son temps...
- Restent alors les dires des élèves. Ce qui "échappe"... on ne peut pas avoir les yeux et les oreilles partout. Oui. Mais en fait, ça vient vite. Les trois-quart du temps, on n'entend pas parce qu'on n'écoute pas. Quand on est rendu attentif au fait qu'il y a peut-être des causes à telle ou telle réplique cinglante, on finit par les entendre. Et si on ne les entend pas, c'est souvent qu'elles n'existent pas. Il ne faut pas forcément croire ce que disent les élèves lorsqu'ils affirment que untel ou unetelle a dit ceci ou cela avant qu'il ou elle sorte de ses gongs ; c'est aussi une bonne excuse et une manière pour eux de se défiler. A quoi l'on peut donc toujours répondre : "peut-être mais c'est toi que j'ai entendu. Alors soit tu canalises tes réactions, soit tu continues à te mettre en situation de prendre pour les autres. Si tu canalises, il y a de fortes chances pour que j'entende les autres, et alors, j'aviserai".
Il ne faut pas rêver un idéal qui n'a pas de sens ; il faut devenir le prof que l'on est (merci Nietzsche... enfin, Pindare ). Car l'enjeu, c'est l'estime de soi, comme tu le soulignes mimika...
Comme l'a écrit Neomath, tout le monde a ces difficultés. J'ajouterais, en début de carrière, ou en cours de carrière. Ce n'est pas vraiment le problème. Le problème, c'est de savoir comment on les vit, comment on évolue à partir de cela, comment on acquiert un peu d'expérience, et donc, comment on se forme et se transforme à partir de cela.
Je reprends ces 3 élements :
- Il y a une part de "perte" irrémédiable. Je veux dire qu'il y a des élèves qu'on ne ramènera pas parce qu'ils ne veulent pas qu'on les ramène, et ma foi, leur volonté est tout de même respectable aussi... On reconnait ceux-là au respect qu'ils ont pour la forme, tout en délaissant totalement le fond des exigences. Avec eux, le dialogue, c'est plutôt de savoir pourquoi ils sont encore là et non de leur demander pourquoi ils ne sont pas sensibles à la contrainte exercée... Bon, je reconnais que c'est plus facile en lycée qu'en collège, forcément. Mais il y a le même genre de profil, qui pense que sa place n'est pas là... et qui aura besoin de faire son propre parcours ailleurs. Contre eux, si l'on en reste à ce jeu-là, on perd. Ca ne veut pas dire qu'il ne faut pas actionner les leviers, mais juste qu'il faut savoir qu'on ne changera rien.Trois raisons principales à cela:
- ils s'en foutent en fait: il n'y a rien de nettement dissuasif et sans appel
- la procédure prend un temps considérable, le système (CPE à aller voir, paperasserie) est lourd et les plus tenaces mettent des bâtons dans les roues à chaque instant, par tous les prétextes, si bien que c'est très pénible de "tenir" jusqu'au bout: ça épuise et en tant que novice, ça me déstabilise aussi, il faut constamment justifier. On finit par avoir fortement envie de laisser tomber.
- des choses de la classe m'échappent et ils me prennent au dépourvu quand ils me disent "oui j'ai parlé mais elle elle m'a insulté pendant toute l'heure et vous avez pas vu etc etc": je ne les vois pas parfois, surtout je ne les entends pas clairement ces quolibets et c'est irrémédiable.
- La/les procédure(s), c'est un vrai problème, parce que oui, ça pèse, ça ralentit. L'avantage, c'est qu'on s'y habitue, on s'aguerrit -bon... sauf si on change tous les ans d'établissements, pour constater que la procédure change toujours ; mais à force, on apprend d'autres choses, et on relativise la précision des procédures justement. En tout cas, l'année de stage n'est pas l'année la plus simple pour s'affronter à cela. Chaque chose en son temps...
- Restent alors les dires des élèves. Ce qui "échappe"... on ne peut pas avoir les yeux et les oreilles partout. Oui. Mais en fait, ça vient vite. Les trois-quart du temps, on n'entend pas parce qu'on n'écoute pas. Quand on est rendu attentif au fait qu'il y a peut-être des causes à telle ou telle réplique cinglante, on finit par les entendre. Et si on ne les entend pas, c'est souvent qu'elles n'existent pas. Il ne faut pas forcément croire ce que disent les élèves lorsqu'ils affirment que untel ou unetelle a dit ceci ou cela avant qu'il ou elle sorte de ses gongs ; c'est aussi une bonne excuse et une manière pour eux de se défiler. A quoi l'on peut donc toujours répondre : "peut-être mais c'est toi que j'ai entendu. Alors soit tu canalises tes réactions, soit tu continues à te mettre en situation de prendre pour les autres. Si tu canalises, il y a de fortes chances pour que j'entende les autres, et alors, j'aviserai".
- keroGrand sage
mimika a écrit:En fait je ne parviens pas à être dure.
Vous devez apprendre à l'être. Vous le leur devez, si vous les respectez.
- SeiGrand Maître
kero a écrit:mimika a écrit:En fait je ne parviens pas à être dure.
Vous devez apprendre à l'être. Vous le leur devez, si vous les respectez.
Ou bien apprendre à s'accepter en dehors de l'image rêvée de prof "dur".
On peut respecter les élèves en riant parfois avec eux, et on peut aussi être respecté d'eux. Il n'y a pas qu'un seul modèle d'enseignant.
- KalypsoExpert spécialisé
ce que dit Aspasie est très juste. J'ai ainsi un collègue qui reconnaît n'avoir aucune autorité, et ça passe (certes, on n'est ni en collège dur ni en lycée pro, mais ce ne sont pas tous des bisounours non plus). Parce qu'il les charme avec ce qu'il est, son humour, sa gentillesse.
- AspasieNiveau 10
@mimika :
ton post mérite un fil à lui tout seul. Je crois pas que tu sois la seule dans cette situation (en fait, je sais que tu n'es pas la seule pour connaître quelqu'un, très proche, qui vit cela). Etrangement, ce sont toujours les profs qui, justement, s'efforcent, se posent des questions, ceux qui ont à coeur de faire les choses bien, et donc, ceux qui devraient être le plus rasserenés quant à leurs efforts, leur mérite, qui peuvent s'effondrer. C'est la même sensibilité qui fait qu'on s'inquiète pour les élèves, qu'on veut qu'ils passent un bon moment au-delà de la stricte connaissance transmise, qui fait aussi qu'on vacille et bascule.
Tout le monde ne peut pas se blinder. Parce que tout le monde n'est pas fait ainsi.
Mais si je suis certaine d'une chose, c'est que ce n'est pas ce métier qui fait sombrer l'estime de soi. Il est un déclencheur parfois, un catalyseur souvent. Mais le problème est ailleurs. C'est ce problème qu'il faut cerner. Et on ne parvient que rarement à le cerner seul.
Parfois, il faut savoir appeler à l'aide, de la même façon qu'il faut savoir cliquer sur "envoi" pour lancer ce post sur ce forum et en appeler à être lue. C'est une démarche.
Tu parles de dépression sévère. C'est là ce qu'il faut traiter. Le métier n'aide pas. Il amplifie. Il faut donc traiter la cause. Et alors, tu pourras reprendre le métier pleinement, dans tous les sens du terme.
En tout cas, tous mes voeux de courage, car ce sont des parcours qui prennent du temps. Mais bon, mener sa vie, ça prend du temps aussi... alors c'est dans l'ordre des choses.
ton post mérite un fil à lui tout seul. Je crois pas que tu sois la seule dans cette situation (en fait, je sais que tu n'es pas la seule pour connaître quelqu'un, très proche, qui vit cela). Etrangement, ce sont toujours les profs qui, justement, s'efforcent, se posent des questions, ceux qui ont à coeur de faire les choses bien, et donc, ceux qui devraient être le plus rasserenés quant à leurs efforts, leur mérite, qui peuvent s'effondrer. C'est la même sensibilité qui fait qu'on s'inquiète pour les élèves, qu'on veut qu'ils passent un bon moment au-delà de la stricte connaissance transmise, qui fait aussi qu'on vacille et bascule.
Tout le monde ne peut pas se blinder. Parce que tout le monde n'est pas fait ainsi.
Mais si je suis certaine d'une chose, c'est que ce n'est pas ce métier qui fait sombrer l'estime de soi. Il est un déclencheur parfois, un catalyseur souvent. Mais le problème est ailleurs. C'est ce problème qu'il faut cerner. Et on ne parvient que rarement à le cerner seul.
Parfois, il faut savoir appeler à l'aide, de la même façon qu'il faut savoir cliquer sur "envoi" pour lancer ce post sur ce forum et en appeler à être lue. C'est une démarche.
Tu parles de dépression sévère. C'est là ce qu'il faut traiter. Le métier n'aide pas. Il amplifie. Il faut donc traiter la cause. Et alors, tu pourras reprendre le métier pleinement, dans tous les sens du terme.
En tout cas, tous mes voeux de courage, car ce sont des parcours qui prennent du temps. Mais bon, mener sa vie, ça prend du temps aussi... alors c'est dans l'ordre des choses.
- keroGrand sage
Sei a écrit:kero a écrit:mimika a écrit:En fait je ne parviens pas à être dure.
Vous devez apprendre à l'être. Vous le leur devez, si vous les respectez.
Ou bien apprendre à s'accepter en dehors de l'image rêvée de prof "dur".
On peut respecter les élèves en riant parfois avec eux, et on peut aussi être respecté d'eux. Il n'y a pas qu'un seul modèle d'enseignant.
Je n'ai jamais dit le contraire. Être dur - du moins dans mon acception - ça ne veut dire être autoritaire. Mais le bon mot, plutôt que "dur", serait "exigeant".
Ça veut dire, savoir quand rire, savoir quand être sévère. Et l'être au bon moment. L'un sans l'autre ne fonctionne pas.
- SeiGrand Maître
kero a écrit:Sei a écrit:kero a écrit:
Vous devez apprendre à l'être. Vous le leur devez, si vous les respectez.
Ou bien apprendre à s'accepter en dehors de l'image rêvée de prof "dur".
On peut respecter les élèves en riant parfois avec eux, et on peut aussi être respecté d'eux. Il n'y a pas qu'un seul modèle d'enseignant.
Je n'ai jamais dit le contraire. Être dur - du moins dans mon acception - ça ne veut dire être autoritaire. Mais le bon mot, plutôt que "dur", serait "exigeant".
Ça veut dire, savoir quand rire, savoir quand être sévère. Et l'être au bon moment. L'un sans l'autre ne fonctionne pas.
Eh bien Mimika est sans doute exigeante. Il n'y a rien dans son discours qui nous permet d'affirmer l'inverse. Il me paraît délicat, quand quelqu'un est en souffrance en partie à cause de son travail, de l'exhorter à suivre un modèle qu'il juge justement impossible à atteindre.
Bref, l'avis d'Aspasie me paraît sensible et réfléchi.
- LizdarcyFidèle du forum
Sei a écrit:kero a écrit:Sei a écrit:
Ou bien apprendre à s'accepter en dehors de l'image rêvée de prof "dur".
On peut respecter les élèves en riant parfois avec eux, et on peut aussi être respecté d'eux. Il n'y a pas qu'un seul modèle d'enseignant.
Je n'ai jamais dit le contraire. Être dur - du moins dans mon acception - ça ne veut dire être autoritaire. Mais le bon mot, plutôt que "dur", serait "exigeant".
Ça veut dire, savoir quand rire, savoir quand être sévère. Et l'être au bon moment. L'un sans l'autre ne fonctionne pas.
Eh bien Mimika est sans doute exigeante. Il n'y a rien dans son discours qui nous permet d'affirmer l'inverse. Il me paraît délicat, quand quelqu'un est en souffrance en partie à cause de son travail, de l'exhorter à suivre un modèle qu'il juge justement impossible à atteindre.
Bref, l'avis d'Aspasie me paraît sensible et réfléchi.
+1
- keroGrand sage
Sei a écrit:Eh bien Mimika est sans doute exigeante. Il n'y a rien dans son discours qui nous permet d'affirmer l'inverse. Il me paraît délicat, quand quelqu'un est en souffrance en partie à cause de son travail, de l'exhorter à suivre un modèle qu'il juge justement impossible à atteindre.
Elle dit elle-même qu'elle sens qu'elle manque parfois de sévérité. Je n'ai pas critiqué sa manière de faire, j'ai juste réagi au diagnostic qu'elle a posé.
Mon mot ne visait rien d'autre qu'à lui faire comprendre que c'est parfois nécessaire et que c'est pour leur (et notre) bien.
- 34crugerNiveau 4
Merci pour vos réponses.
En particulier Aspasie, ça me parle quand tu dis qu'on n'entend pas ce qu'on n'écoute pas, je crois que c'est très juste et je peux m'améliorer sur ça.
Mimika: je te souhaite du courage, tu as sans doute des difficultés communes à ce que je vis, mais je ne suis pas là où tu es, je te souhaite de t'en sortir (on est plus fort que ce qu'on croit).
Pour rebondir sur ton propos, je suis tout à fait d'accord sur ton constat qu'il y a une omerta entre collègues, et au niveau du système de l'Education Nationale qui sous-estime largement cette thématique de la gestion de classe. Pour moi, c'est simple: c'est la principale difficulté du métier, le reste, c'est complexe, mais ça va. Pourquoi l'Education Nationale ne fait-elle pas du respect le socle de notre système? je ne comprends pas tellement ça me semble évident.
Moi je constate sur ce sujet (pas forcément sur ce fil) qu'il y a des avis complètement paradoxaux de la part de personnes tout à fait légitimes, expérimentées: ça, c'est le problème sur le sujet de la gestion de classe. Certains te disent "assouplis toi, tu leur demande trop, tu te rends compte d'où ils partent" là où d'autres te disent "tiens bon coûte que coûte, ils te testent, tes exigences sont justifiées". C'est un véritable écartèlement, je n'arrive pas à trouver un juste milieu, si juste milieu il y a. Je finis par me dire que la solution c'est une intuition fine et rapide accompagnée d'actions finement adaptées. Cette intuition s'acquiert avec l'expérience et l'intelligence des situations. Elle ne peut guère s'expliquer car elle se décline infiniment. Donc Mimika, il est possible que personne ne puisse nous aider réellement sur ce sujet, voilà ma conclusion actuelle. D'où "l'art" d'enseigner.
Ce matin, à la radio, une prof disait "ça s'apprend de savoir éviter la confrontation, ce n'est pas si difficile". Voilà un petit truc intelligent je trouve, mais je ne sais absolument pas comment faire ça.
Autre exemple - pleinement symbolique: j'ai viré des 3 derniers cours une élève qui me manquait très nettement de respect. Le cours où elle revient, ça va pendant 30mn, ensuite elle recontinue à bavarder, se retourner, et là je ne sais plus quoi faire: valoriser son retour à la normale sur les 30mn du début ou la repunir car elle n'a pas respecté les consignes sur les 30mn de fin? c'est un exemple tout à fait typique de l'écartèlement dont je parlais. Des avis sur cette situation particulière m'intéresseraient (c'est peut être plus concret).
En particulier Aspasie, ça me parle quand tu dis qu'on n'entend pas ce qu'on n'écoute pas, je crois que c'est très juste et je peux m'améliorer sur ça.
Mimika: je te souhaite du courage, tu as sans doute des difficultés communes à ce que je vis, mais je ne suis pas là où tu es, je te souhaite de t'en sortir (on est plus fort que ce qu'on croit).
Pour rebondir sur ton propos, je suis tout à fait d'accord sur ton constat qu'il y a une omerta entre collègues, et au niveau du système de l'Education Nationale qui sous-estime largement cette thématique de la gestion de classe. Pour moi, c'est simple: c'est la principale difficulté du métier, le reste, c'est complexe, mais ça va. Pourquoi l'Education Nationale ne fait-elle pas du respect le socle de notre système? je ne comprends pas tellement ça me semble évident.
Moi je constate sur ce sujet (pas forcément sur ce fil) qu'il y a des avis complètement paradoxaux de la part de personnes tout à fait légitimes, expérimentées: ça, c'est le problème sur le sujet de la gestion de classe. Certains te disent "assouplis toi, tu leur demande trop, tu te rends compte d'où ils partent" là où d'autres te disent "tiens bon coûte que coûte, ils te testent, tes exigences sont justifiées". C'est un véritable écartèlement, je n'arrive pas à trouver un juste milieu, si juste milieu il y a. Je finis par me dire que la solution c'est une intuition fine et rapide accompagnée d'actions finement adaptées. Cette intuition s'acquiert avec l'expérience et l'intelligence des situations. Elle ne peut guère s'expliquer car elle se décline infiniment. Donc Mimika, il est possible que personne ne puisse nous aider réellement sur ce sujet, voilà ma conclusion actuelle. D'où "l'art" d'enseigner.
Ce matin, à la radio, une prof disait "ça s'apprend de savoir éviter la confrontation, ce n'est pas si difficile". Voilà un petit truc intelligent je trouve, mais je ne sais absolument pas comment faire ça.
Autre exemple - pleinement symbolique: j'ai viré des 3 derniers cours une élève qui me manquait très nettement de respect. Le cours où elle revient, ça va pendant 30mn, ensuite elle recontinue à bavarder, se retourner, et là je ne sais plus quoi faire: valoriser son retour à la normale sur les 30mn du début ou la repunir car elle n'a pas respecté les consignes sur les 30mn de fin? c'est un exemple tout à fait typique de l'écartèlement dont je parlais. Des avis sur cette situation particulière m'intéresseraient (c'est peut être plus concret).
- pailleauquebecFidèle du forum
34cruger a écrit:Ce matin, à la radio, une prof disait "ça s'apprend de savoir éviter la confrontation, ce n'est pas si difficile". Voilà un petit truc intelligent je trouve, mais je ne sais absolument pas comment faire ça.
Un exemple de ce matin :
une élève qui passe son temps à se retourner.
ça dure depuis le début de l'année, je l'ai déjà punie pour ça, mais c'est une ado rebelle dans toute sa splendeur qui démarre au quart de tour (profil bonne élève rebelle).
J'aurais pu aller au conflit, mais je sais avec elle que ça va être improductif, elle refuse de se soumettre et quand elle boude elle s'auto détruit en arrêtant de travailler (regard noir, soupirs et tutti quanti) alors qu'elle est bonne élève (en train de sombrer du côté obscur ?).
Donc j'ai raconté une petite histoire de conférence :
"Vous pouvez m'inviter à votre conférence ?"
"Je sais c'est très "private", mais on aimerait bien participer nous aussi"
Bref j'ai désamorcé la situation sans la vexer et j'ai obtenu un résultat à peu de frais.
C'est typiquement le genre de situation que je n'aurais pas su gérer avant, je lui serais rentré dedans avec pertes et fracas.
Maintenant j'essaie toujours de désarmorcer avant, puis si il faut je sévis après.
Bon j'ai pas dis que ça marchera pour tous les élèves qui se retournent hein,...
- JézabelNiveau 10
34cruger a écrit:
Mon objectif (comme ça s'éloigne, je dirais plutôt mon rêve) serait de pouvoir gérer tout, tout seul dans ma classe. Cela simplifierait considérablement toutes les procédures; c'est d'ailleurs très clairement ce que demande l'inspecteur. Mais je n'y arrive pas et je cherche des solutions. Je sais qu'il y en a qui y arrivent.
Désolé, ce sujet a sûrement été proposé mille fois.
Merci de votre aide!
Moi aussi c'est mon objectif. Et cela fait d'autant plus souffrir que l'on constate que nos classes sont définitivement bruyantes et qu'il n'y a rien à faire (je pousse une gueulante, je les mets en activité, je leur colle des exos notés, je prends les carnets, donne des punitions...) ; et d'autant plus déprimant que quand on passe devant les classes des collègues qui les ont, c'est le calme intégral.
Oui, cette image que tu décris, c'était celle que je me faisais avant de devenir prof. J'avais idéalisé le métier.
Sinon, pour reprendre ton titre et la question de comment savoir se faire respecter... Je vais raconter une anecdote qui va faire tomber de leur chaise les gens qui font ce métier par passion.
L'an dernier, un formateur Espé était passé me voir (j'étais CAD2), juste après (enfin le lendemain) que ma classe ayant été infecte (ça avait été jusqu'à des messages insolents de la part d'élèves sur l'ENT), la CDE était allée pourrir sur place cette classe.
Donc le formateur arrive, m'inspecte avec cette classe - désormais très calme, mais ce fut la seule fois de l'année -
Au menu, entre autres : des extraits de textes (au programme officiel !!).
Remarque du formateur après le cours : si mes élèves sont trop bruyants habituellement, et qu'ils ne me respectent pas, c'est de ma faute. Oui, parce que je leur donne des TEXTES soi-disant compliqués comme documents (oui, mais demandés dans le BO !!!), donc c'est pas captivant, mes cours sont chiants. En gros, il aurait fallu que je leur donne la même chose, mais en images ou en BD.
J'avais envie de répondre, au choix : "ah bon, ils ne savent pas lire ?" ou "je ne fais pas garderie".
Bon je caricature légèrement les propos du formateur, mais enfin c'était le message.
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