Faut-il être viril pour être respecté ?

Bonsoir,

Cette question me préoccupe de plus en plus. Appartenant à la catégorie des mâles, je n'en suis pas pour autant très viril. Mince, peu musclé, tendance aux gestes, disons, "gracieux", tendance à privilégier les photos de personnages féminins sur les forums de professeurs. Je me demande si cela ne contribue pas à me compliquer la vie auprès d'ados qui, après tout, n'ont pas plus de raisons d'être tolérants envers leurs professeurs qu'envers eux-mêmes. Et l'observation de mes collègues m'aide peu, constatant avec chagrin que tous mes camarades d'entre-jambes sont, pour faire court, bien plus en harmonie que moi avec les normes physiques et gestuelles de notre société.

Bref, qu'en pensez-vous ? (En espérant ne heurter personne.)

je ne suis pas sure de comprendre ton interrogation ?
tu penses que ton apparence physique et ton attitude te desservent auprès de tes élèves c'est ça ?

je ne crois pas que le respect des élèves s'acquiert selon l'apparence physique...
je suis d'un petit gabarit, 1.62 m, 48 kg toute mouillée ça ne m'empêche pas de me faire respecter de mes classes de mécanos et autres chauffeurs routiers qui ne sont pas réputés pour leur finesse

je crois qu'avant tout il faut être soi même, être bien en accord avec soi et s'imposer par un bon travail, des cours carrés, de la justice dans la façon de les traiter et de la mesure et du respect quand on s'adresse à eux... après je ne dis pas que c'est facile tous les jours... il y a des fois où ça va mieux que d'autres, des années aussi où ça va mieux que d'autres années mais être à l'aise dans ses baskets c'est l'essentiel.

j'édite : d'ailleurs les quelques collègues que je connais qui la joue "viril" auprès des élèves, moi je suis un mec, moi on me casse pas les c*** ne sont pas forcément ceux qui sont le plus respectés ou qui ont le moins d'ennuis... les élèves les craignent plus mais ça s'arrête là...

Non. Il faut arrêter cette tendance au doute. Le secret est d'avoir confiance en soi, pas d'être viril. Etant grand, mince et enclin aux gestes plein de "grâce",  je ne me suis jamais senti remis en cause pour cela. J'ai déjà vu des collègues dits virils être démolis par des 6e qui me mangeaient dans la main alors que j'avais mon pantalon rouge et que j'avais des gestes et une démarche guillerets. Crois en toi et envoie paître les collègues qui te font ce genre de remarques, souvent ils font cela pour se rassurer eux.

Juste avant les vacances de Noël, un élève m'a dit en plein cours : "En fait, monsieur, vous avez un côté vraiment très féminin", donc j'imagine que je renvoie par certains comportements quelque chose qui ne correspond pas à ce que l'on attend de moi à ce niveau là.

Pourtant, je n'ai strictement aucun problème d'autorité, en tout cas avec les 4e, les 6e c'est autre chose. Par contre, à la différence de ce que tu décris, mon physique joue pour moi, je suis plutôt haut perché.

Je pense donc sincèrement qu'il n'y a pas de lien entre le fait d'être "moins viril" et de souffrir d'un manque de respect. Le tout, à mon humble avis, est de savoir trouver par quel moyen en imposer aux élèves, si ce n'est pas par le physique. Avec mes 4e, c'est pour moi par l'ironie, la vanne perpétuelle et une certain rigueur dans mes cours et ma façon de gérer les problèmes. Avec les 6e, je n'ai pas encore trouvé.

ah oui l'humour (tant que ça reste sympa et pas moqueur) est un bon moyen de s'imposer... mes premières adorent que je les "clashe" comme ils disent... c'est devenu un jeu entre nous je crois que s'il y a une heure où je ne le fais pas, ils sont déçus

Il m'est déjà arrivé plus d'une fois de tenir tête à des grands gaillards de BTS ou de bac pro faisant deux têtes de plus que moi. Une fois, un d'entre eux m'a dit que je me mettais peu en colère mais que si c'était le cas, je leur faisait peur. Je fait 1m58 et 56 kgs. Donc, le côté viril pour être respecté, bof!

Il paraît que mes cours sont devenus suffisamment carrés et rythmés, le problème ne viendrait donc pas (plus) de là. L'humour, j'en ai - du moins, mon humour les fait rire - mais j'ai plutôt l'impression qu'il faut éviter d'en faire usage lorsque l'atmosphère est mauvaise : une blague au mauvais moment, et la concentration si difficilement obtenue disparaît, les commentaires fusent et la blague est reprise ad aeternam. C'est peut-être, finalement, le doute lui-même sur tout un tas de choses qui me fait manifester de fatals signes d'hésitation devant les élèves. J'ai l'impression de m'améliorer, pourtant - c'est-à-dire, de réserver les doutes pour avant ou après, et d'assumer pleinement n'importe quel cours et n'importe quelle décision comme étant la plus pertinente qui soit - mais est-ce bien cela qui permet d'expliquer pourquoi certains élèves explosent de rire lorsque je les gronde, et pourquoi je perçois de nombreux ricanements lorsque j'explique quelque chose de manière enthousiaste et gracieuse ? :p

Non.

En revanche, le manque de confiance en soi, si, et ce, même si on est grand, baraqué et avec une voix de baryton.

Je me souviens tout particulièrement d'un collègue qui était très maniéré, avec un physique et une voix qui le mettaient plus du coté corps d'opéra que rugby, et qui n'avait aucun problème d'autorité.
Le seul problème, c'est que j'ai cru comme une sotte qu'il était homo, et que j'ai appris, mais un peu tard, que ce n'était pas le cas. Dommage...

Peu importe ce que l'on renvoie en termes de "virilité" ou de "féminité", à mon sens : l'essentiel est clairement d'être à l'aise avec soi-même. Pour cela, il faut maîtriser ce qu'on enseigne, avoir des réponses toutes prêtes à sortir aux divers problèmes qui peuvent survenir, et connaître ses points faibles et fort (je sais par exemple qu'à la base je ne suis pas organisé, donc je surcompense avec des tableaux, une présentation type, un système de classement, etc. De l'autre côté, je connais ma puissance vocale et sais que je peux recourir occasionnellement à la "gueulante").

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit: mais est-ce bien cela qui permet d'expliquer pourquoi certains élèves explosent de rire lorsque je les gronde, et pourquoi je perçois de nombreux ricanements lorsque j'explique quelque chose de manière enthousiaste et gracieuse ? :p

Ca m'arrive aussi. Mais je n'imagine pas (plus) que ce soit lié à mon physique, ou un truc du genre. C'est l'enthousiasme même qui les fait rire parfois. Quand je lis une histoire avec le ton, des voix qui changent pour chaque personnage, ça les fait rire, alors que je suis à fond dedans ! Je passe outre.

Sylvain de Saint-Sylvain a écrit:Il paraît que mes cours sont devenus suffisamment carrés et rythmés, le problème ne viendrait donc pas (plus) de là. L'humour, j'en ai - du moins, mon humour les fait rire - mais j'ai plutôt l'impression qu'il faut éviter d'en faire usage lorsque l'atmosphère est mauvaise : une blague au mauvais moment, et la concentration si difficilement obtenue disparaît, les commentaires fusent et la blague est reprise ad aeternam. C'est peut-être, finalement, le doute lui-même sur tout un tas de choses qui me fait manifester de fatals signes d'hésitation devant les élèves. J'ai l'impression de m'améliorer, pourtant - c'est-à-dire, de réserver les doutes pour avant ou après, et d'assumer pleinement n'importe quel cours et n'importe quelle décision comme étant la plus pertinente qui soit - mais est-ce bien cela qui permet d'expliquer pourquoi certains élèves explosent de rire lorsque je les gronde, et pourquoi je perçois de nombreux ricanements lorsque j'explique quelque chose de manière enthousiaste et gracieuse ? :p

Une classe, c'est comme une meute de loup. Si elle sent que tu doutes, ils vont te sauter au cou pour prendre la position de chef. Sois le chef, sens que tu es le chef, deviens le chef et basta ! Ce fut le meilleur conseil qui me fut donné lors de mon année de stage. J'ai un exercice mental stupide qui m'a toujours aidé. J'imagine que mon autorité est une sphère luminescente autour de moi et qu'elle se propage, écrasant de sa superbe les auras ridicules de mes élèves. C'est bizarre mais cela m'a toujours permis de sentir que je dominais et que les petites brutes de mon cours n'avaient qu'à bien se tenir s'il ne voulait pas être écrasé par ma superbe. Bizarrement, ce truc de dingo fonctionne pour moi.  

Elyas a écrit:J'ai un exercice mental stupide qui m'a toujours aidé. J'imagine que mon autorité est une sphère luminescente autour de moi et qu'elle se propage, écrasant de sa superbe les auras ridicules de mes élèves. C'est bizarre mais cela m'a toujours permis de sentir que je dominais et que les petites brutes de mon cours n'avaient qu'à bien se tenir s'il ne voulait pas être écrasé par ma superbe.

Ah ah ! J'essaye dès demain. Je serai Louis XIV ou rien.

Celeborn a écrit:De l'autre côté, je connais ma puissance vocale et sais que je peux recourir occasionnellement à la "gueulante"

Tu as bien de la chance ! Moi je ne peux pas sinon c'est l'extinction de voix garantie. Mais du coup je compense autrement, par le regard ou une remarque incisive, par exemple.
Je ne pense pas être hors-sujet : à chacun de faire avec ses qualités et ses défauts, ses caractéristiques personnelles ; la confiance en soi, réelle ou feinte, est une des clés de relations claires et nettes avec les élèves.

Je pense qu'à la base, tout ce qui peut faire apparaître la personne comme plus fragile est une brèche dans laquelle les élèves peuvent tenter de s'engouffrer. Je suis petite et ma voix n'est pas forte, je manque de coffre. Je pense que c'est comparable.
Là où ça handicape, c'est quand tu te focalises là-dessus et que tu penses que ça te désavantage. Car clairement, ensuite, les élèves jouent avec.

Sinon, je suis d'accord avec les autres, et j'aime bien la technique d'Elyas.

essaie la tenue de hoplite de Dwarf, ça devrait marcher.  :lol: :lol: 

Plaisanterie mise à part, je crois que c'est avant tout une question de confiance en soi. Si on s'assume tel qu'on est, gracieux ou pas, les élèves le ressentent.

Baba a écrit:Je suis petite et ma voix n'est pas forte, je manque de coffre.

Aaaaaah, c'est donc pour ça le tabouret !   

Sinon, j'ai la technique exactement inverse de celle d'Elyas, d'une manière générale : j'essaye de voir les auras des gens, de voir en chacun d'entre eux quelqu'un de bien, ce qu'il ou elle a de bien, de profondément humain et de profondément aimable. Ça, ça m'aide beaucoup.

Pour le coup de l'autorité, je dois avouer que l'autorité liée au statut, ça aide bien aussi...  

Gryphe a écrit:

Baba a écrit:Je suis petite et ma voix n'est pas forte, je manque de coffre.

Aaaaaah, c'est donc pour ça le tabouret !   

Sinon, j'ai la technique exactement inverse de celle d'Elyas, d'une manière générale : j'essaye de voir les auras des gens, de voir en chacun d'entre eux quelqu'un de bien, ce qu'il ou elle a de bien, de profondément humain et de profondément aimable. Ça, ça m'aide beaucoup.

Pour le coup de l'autorité, je dois avouer que l'autorité liée au statut, ça aide bien aussi...  

Ai-je besoin, à ma décharge, de dire que dans ma lumière, j'imagine que je bannis, les ténèbres et que je les mène sur les voies de la sagesse et du savoir   Je pars me cacher, faîtes comme si je n'avais rien dit  :boulet: 

Elyas a écrit:dans ma lumière,  j'imagine que je bannis, les ténèbres et que je les mène sur les voies de la sagesse et du savoir    

Dans ta lumière nous verrons la lumière.  

Je pense que l'apparence virile joue dans le premier contact : les élèves craignent plus a priori les grands profs baraqués que le petit prof menu. Donc après, le petit prof doit montrer qu'il a une autorité par son assurance et ses punitions car les élèves la testeront davantage.

Elyas a écrit:Non. Il faut arrêter cette tendance au doute. Le secret est d'avoir confiance en soi, pas d'être viril. Etant grand, mince et enclin aux gestes plein de "grâce",  je ne me suis jamais senti remis en cause pour cela. J'ai déjà vu des collègues dits virils être démolis par des 6e qui me mangeaient dans la main alors que j'avais mon pantalon rouge et que j'avais des gestes et une démarche guillerets. Crois en toi et envoie paître les collègues qui te font ce genre de remarques, souvent ils font cela pour se rassurer eux.

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tiptop77 a écrit:

Elyas a écrit:Non. Il faut arrêter cette tendance au doute. Le secret est d'avoir confiance en soi, pas d'être viril. Etant grand, mince et enclin aux gestes plein de "grâce",  je ne me suis jamais senti remis en cause pour cela. J'ai déjà vu des collègues dits virils être démolis par des 6e qui me mangeaient dans la main alors que j'avais mon pantalon rouge et que j'avais des gestes et une démarche guillerets. Crois en toi et envoie paître les collègues qui te font ce genre de remarques, souvent ils font cela pour se rassurer eux.

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Totalement d'accord. L'autorité n'a à voir ni avec le sexe ni avec le physique. C'est une question d'assurance personnelle, la conscience qu'on est légitime dans son rôle et aussi la certitude qu'on est (dans le cadre d'une salle de classe) le seul maître à bord et que ça ce n'est pas contestable.

Florestan   

tiptop77 a écrit:Florestan   

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L'habit ne fait pas le moine.