Ressentez-vous un sentiment d'imposture quand vous enseignez ?
- profecolesHabitué du forum
Le sentiment d'imposture, je l'ai ressenti très fortement lors de mes 3 stages en responsabilité à l'IUFM en 2005-2006.
Jetée en pâture à 28 GS de ZEP, pour remplacer une T1 partie en stage tout aussi perdue que moi ...Voilà mon premier stage.
N'ayant jamais eu de "cours" sur la maternelle ou presque ,ayant juste eu quelques jours d'observation dans une classe de PS atypique, je sursautais quand les enfants appelaient" maîtresse" et que je réalisais être seule avec eux dans la classe ...Et j'avais une grande envie le matin de dire aux parents : "Euh, vous n'allez pas me les confier quand même. Je ne sais pas du tout quoi faire avec eux ..."
Quant aux second et troisième stages, en élémentaire, quelques mois plus tard, j'ai appliqué à la lettre les situations-problèmes, travaux en groupe de 5 de recherche (en CP !!!!!!!), construction des tables de multiplication géantes avec moults collages et découpages (au CE2) et surtout la séance qui m' a valu d'être chaleureusement félicitée et citée en exemple : la récitation d'une poésie par groupe préparée dans le couloir avec évaluation finale collective (d'un A ou B bien sûr ...).
J'étais consciente du temps précieux que je faisais perdre à ces enfants, surtout ceux en difficulté. Mais je savais devoir être cet imposteur pour être validée. A moi ensuite de me former (sur les forums et sur le tas)pour pouvoir être une vraie maîtresse et me sentir à ma place.
Aujourd'hui, je fais des erreurs, je rate des séances, je reste impuissante face à certaines difficultés (et j'ai du mal avec ça) mais je me sens à ma place, légitime.
Jetée en pâture à 28 GS de ZEP, pour remplacer une T1 partie en stage tout aussi perdue que moi ...Voilà mon premier stage.
N'ayant jamais eu de "cours" sur la maternelle ou presque ,ayant juste eu quelques jours d'observation dans une classe de PS atypique, je sursautais quand les enfants appelaient" maîtresse" et que je réalisais être seule avec eux dans la classe ...Et j'avais une grande envie le matin de dire aux parents : "Euh, vous n'allez pas me les confier quand même. Je ne sais pas du tout quoi faire avec eux ..."
Quant aux second et troisième stages, en élémentaire, quelques mois plus tard, j'ai appliqué à la lettre les situations-problèmes, travaux en groupe de 5 de recherche (en CP !!!!!!!), construction des tables de multiplication géantes avec moults collages et découpages (au CE2) et surtout la séance qui m' a valu d'être chaleureusement félicitée et citée en exemple : la récitation d'une poésie par groupe préparée dans le couloir avec évaluation finale collective (d'un A ou B bien sûr ...).
J'étais consciente du temps précieux que je faisais perdre à ces enfants, surtout ceux en difficulté. Mais je savais devoir être cet imposteur pour être validée. A moi ensuite de me former (sur les forums et sur le tas)pour pouvoir être une vraie maîtresse et me sentir à ma place.
Aujourd'hui, je fais des erreurs, je rate des séances, je reste impuissante face à certaines difficultés (et j'ai du mal avec ça) mais je me sens à ma place, légitime.
- gauvain31Empereur
A titre personnel, je n'ai jamais ressenti le sentiment d'imposture : j'ai galéré pour avoir un concours exigeant , je voulais être dans l'enseignement depuis que j'ai 12 ans car j'adore l'école, j'adore apprendre. C'est en 1ère S que j'ai pris la décision d'être prof de SVT.... en ce sens je me suis senti toujours légitime... J'ai un seul moment de vrai doute sur ma façon d'enseigner à cause d'un CDE véritable pervers narcissique qui n'a jamais enseigné dans le secondaire (il était instit spécialisé)et qui m'avais insulté parce que mes notes étaient trop basses dans certaines classes. Mais après j'ai appris qu'il était comme çà avec plusieurs personnes. Mais bon déjà d'anciens élèves de 3ème passé en seconde m'avaient remercié via leur parent des cours que je leur ai donné et de mon exigence. Là j'ai eu sentiment d'imposture non pas pour moi, mais pour lui... et c'est aussi le cas de certains CDE et IPR qui pour moi d'un point de vue humain et parfois même professionnel n'ont strictement rien à faire dans l'EN (je dit certains, je ne généralise pas bien sûr). Mes collègues m'ont décrit le cas d'une CDE d'une incompétence notoire (qui jouait au solitaire sur son ordinateur) et qui a eu les palmes académiques... (ah et accessoirement c'était la femme d'un inspecteur d'académie).
Depuis cette année là, j'ai bien vu que le sentiment d'imposture, ce ne sont pas les enseignants qui ont à l'avoir (puisque nous avons été sélectionné par concours) mais ces individus qui veulent tout régenter, eux qui n'ont pas (et certains jamais) eu d'élèves en face d'eux. Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR (il y a un manque terrible de CDE au Nord de la France, dans certains collèges, il n'y a qu'un principal et pas de principal adjoint)
Nous avons les élèves en face de nous en permanence, nous avons eu des diplômes et un concours : rien que çà nous légitime... et les remarques des CDE ... ben ils n'en ont pas à faire et la première chose que je dirai c'est "De quoi je me mêle?"
Depuis cette année là, j'ai bien vu que le sentiment d'imposture, ce ne sont pas les enseignants qui ont à l'avoir (puisque nous avons été sélectionné par concours) mais ces individus qui veulent tout régenter, eux qui n'ont pas (et certains jamais) eu d'élèves en face d'eux. Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR (il y a un manque terrible de CDE au Nord de la France, dans certains collèges, il n'y a qu'un principal et pas de principal adjoint)
Nous avons les élèves en face de nous en permanence, nous avons eu des diplômes et un concours : rien que çà nous légitime... et les remarques des CDE ... ben ils n'en ont pas à faire et la première chose que je dirai c'est "De quoi je me mêle?"
- V.MarchaisEmpereur
Pseudo a écrit:V.Marchais a écrit:Mais en fait, si je vous lis bien, Thrasy, Pseudo, Phi, Gryphe, le sentiment d'imposture n'est pas lié au fait d'enseigner, mais à des expériences fondatrices dévastatrices qui vous privent de cette reconnaissance initiale, celle qui fait qu'on se sent légitime a priori. Dès lors, ce sentiment d'illégitimité peut se projeter sur toutes les expériences de la vie, pas seulement le fait d'enseigner. Il a à voir avec votre histoire bien davantage qu'avec les conditions du métier.
Oui, et non.
Je pense que le métier d'enseignant (mais il en est d'autres) peut sacrément dorloter ce sentiment.
Je pense comprendre ce que tu veux dire, Pseudo.
Pour reprendre la comparaison avec mon boucher ou mon prof de piano, personne n'aurait l'idée de leur dire qu'ils font mal leur boulot et qu'ils devraient s'y prendre plutôt comme si ou comme ça. Notre métier a ceci de singulier que tout le monde, du parent d'élève au politique en passant par l'IPR, le journaliste, le chercheur qu'a jamais enseigné, j'en passe et des meilleures, a un avis sur la question et critique ce que nous faisons sans jamais s'y coller. Évidemment, quand on se sent déjà vulnérable à la base, ça fait des dégâts.
Par contre, dans la relation avec les élèves, j'ai toujours du mal à suivre. Tu voudrais pas me réexpliquer plus lentement, Thrasy ? :lol: Moi aussi je crois au pouvoir libérateur de la connaissance et de la culture, à l'horizon fabuleux que cela ouvre. Cela contribue à mon sentiment de légitimité. Je contrains les élèves à un travail qui ne les séduit pas a priori, parce que je crois à la nécessité de ce travail, à ce pouvoir, qui leur donnera une satisfaction bien plus profonde et durable que celle du moindre effort. Les conflits ne me déstabilisent pas, et les séductions toutes shéhérazadesques que je déploie pour emporter ces enfants en littérature ne relèvent selon moi ni de la manipulation ni de l'imposture. Qu'est-ce qui coince ?
- GrypheMédiateur
Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.gauvain31 a écrit:Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- gauvain31Empereur
Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.gauvain31 a écrit:Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR
ben oui 20/30% c'est plus facile que les 10 % du CAPES ou agrégation à mon époque...
- LefterisEsprit sacré
Excepté que je n'étais pas un bon élève au lycée et que l'enseignement a été pour moi une porte de sortie et non d'entrée, je suis à peu près du même avis que toi sur le fond. Je suis légitime et j'emm.de profondément les Trissotins qui savent tout et se mêlent de mon métier. J'ai déjà connu ça ailleurs, rien de nouveau sous le soleil.gauvain31 a écrit:A titre personnel, je n'ai jamais ressenti le sentiment d'imposture : j'ai galéré pour avoir un concours exigeant , je voulais être dans l'enseignement depuis que j'ai 12 ans car j'adore l'école, j'adore apprendre. C'est en 1ère S que j'ai pris la décision d'être prof de SVT.... en ce sens je me suis senti toujours légitime... J'ai un seul moment de vrai doute sur ma façon d'enseigner à cause d'un CDE véritable pervers narcissique qui n'a jamais enseigné dans le secondaire (il était instit spécialisé)et qui m'avais insulté parce que mes notes étaient trop basses dans certaines classes. Mais après j'ai appris qu'il était comme çà avec plusieurs personnes. Mais bon déjà d'anciens élèves de 3ème passé en seconde m'avaient remercié via leur parent des cours que je leur ai donné et de mon exigence. Là j'ai eu sentiment d'imposture non pas pour moi, mais pour lui... et c'est aussi le cas de certains CDE et IPR qui pour moi d'un point de vue humain et parfois même professionnel n'ont strictement rien à faire dans l'EN (je dit certains, je ne généralise pas bien sûr). Mes collègues m'ont décrit le cas d'une CDE d'une incompétence notoire (qui jouait au solitaire sur son ordinateur) et qui a eu les palmes académiques... (ah et accessoirement c'était la femme d'un inspecteur d'académie).
Depuis cette année là, j'ai bien vu que le sentiment d'imposture, ce ne sont pas les enseignants qui ont à l'avoir (puisque nous avons été sélectionné par concours) mais ces individus qui veulent tout régenter, eux qui n'ont pas (et certains jamais) eu d'élèves en face d'eux. Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR (il y a un manque terrible de CDE au Nord de la France, dans certains collèges, il n'y a qu'un principal et pas de principal adjoint)
Nous avons les élèves en face de nous en permanence, nous avons eu des diplômes et un concours : rien que çà nous légitime... et les remarques des CDE ... ben ils n'en ont pas à faire et la première chose que je dirai c'est "De quoi je me mêle?"
Le sentiment d'imposture que certains ont vient de leur culpabilisation, qu'ils ont intériorisée. Il suffit de voir comment certains s'en veulent presque d'avoir des élèves pénibles, comme s'ils les avaient fabriqués et "éduqués".
J'ai fait mien le proverbe attribué à Appelle, que j'ai d'ailleurs balancé à un parent d'élève : "le cordonnier ne doit pas juger plus haut que la chaussure". Il me semble qu'avoir un grand recul par rapport à son métier, avoir déjà tâté de la comédie humaine (et administrative) aide beaucoup.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- GrypheMédiateur
Je ne sais pas si on peut comparer comme ça, car les personnes qui le présentent font déjà partie des 10% qui ont eu le CAPES (ou un autre concours de l'éducation, en gros pour le dire vite).gauvain31 a écrit:ben oui 20/30% c'est plus facile que les 10 % du CAPES ou agrégation à mon époque...Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.
Mais bon c'est pas grave.
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- doublecasquetteEnchanteur
V.Marchais a écrit:Pseudo a écrit:V.Marchais a écrit:Mais en fait, si je vous lis bien, Thrasy, Pseudo, Phi, Gryphe, le sentiment d'imposture n'est pas lié au fait d'enseigner, mais à des expériences fondatrices dévastatrices qui vous privent de cette reconnaissance initiale, celle qui fait qu'on se sent légitime a priori. Dès lors, ce sentiment d'illégitimité peut se projeter sur toutes les expériences de la vie, pas seulement le fait d'enseigner. Il a à voir avec votre histoire bien davantage qu'avec les conditions du métier.
Oui, et non.
Je pense que le métier d'enseignant (mais il en est d'autres) peut sacrément dorloter ce sentiment.
Je pense comprendre ce que tu veux dire, Pseudo.
Pour reprendre la comparaison avec mon boucher ou mon prof de piano, personne n'aurait l'idée de leur dire qu'ils font mal leur boulot et qu'ils devraient s'y prendre plutôt comme si ou comme ça. Notre métier a ceci de singulier que tout le monde, du parent d'élève au politique en passant par l'IPR, le journaliste, le chercheur qu'a jamais enseigné, j'en passe et des meilleures, a un avis sur la question et critique ce que nous faisons sans jamais s'y coller. Évidemment, quand on se sent déjà vulnérable à la base, ça fait des dégâts.
Oui, c'est peut-être ce regard extérieur, toujours présent en Primaire, mais accentué je dirais depuis 1989, date à laquelle on nous a expliqué que, grâce aux cycles, nous ne pouvions plus avoir des élèves qui échouent puisqu'il suffisait de différencier pour que chacun aille à son rythme, qui m'a toujours fait craindre d'être un imposteur dans le sens de "mauvais instit".
J'avoue que je ne supporte pas d'être impuissante à résoudre l'échec d'un élève et que c'est sans doute pour cela que je suis allée chercher ailleurs que dans le tri d'étiquettes, la résolution de problèmes à plusieurs solutions, et le projet annuel qui prend des heures et ne favorise que Louis-Thaddée et Marie-Sixtine.
Depuis, on va dire que je me sens moins un imposteur puisque j'ai beaucoup moins d'élèves en échec, c'est déjà ça...
Deuxième sentiment d'imposture, c'est face au travail que l'on nous demande. Normalement, cette différenciation obligatoire sous-entend qu'on passe des heures à préparer des trucs et des machins, à plastifier, découper, coller, à élaborer des plans B, C, D, des activités en groupes décloisonnés avec différenciation des parcours, des modalités d'évaluation, des traces écrites et tout ce qui s'en suit !
Et moi, je ne fais pas tout ça... Juste j'écris sur ma grille journalière, leçon bidule, exercices oraux page tant, exercices écrits n° tant, tant et tant !
Et pareil dans toutes les matières...
Déjà là, par rapport aux collègues qui exposent sur leurs blogs ou sur les forums des évaluations au quart de petit poil, je me sens mal...
Et si en plus, Dudule échoue - on y revient - c'est catastrophique... Et si j'avais écouté les sirènes ? En différenciant... mais alors ce n'est plus un "vrai" CP, un "vrai" CE1, une "vraie" GS... ? En le laissant se planter pour que tout le monde réalise... mais alors quid de mon contrat de "réussite de tous" ?
Et là, l'imposture me cerne, d'un côté parce que je ne fais pas comme tout le monde et n'ai peut-être pris cette liberté et ce "courage" que pour avoir moins à faire, moins à préparer, moins à adapter, moins à différencier, moins à mentir aussi, de l'autre parce que, si j'étais complètement dans ma logique de "vraie réussite pour tous", je dirais carrément aux parents d'Aimé-qui-aime-la-maîtresse qu'avec son tout petit potentiel, le mieux serait qu'on lui donne un an de plus pour faire en six ans ce que certains de ses camarades feront sans difficulté en cinq et que quelques-uns pourraient faire en quatre.
- gauvain31Empereur
Gryphe a écrit:Je ne sais pas si on peut comparer comme ça, car les personnes qui le présentent font déjà partie des 10% qui ont eu le CAPES (ou un autre concours de l'éducation, en gros pour le dire vite).gauvain31 a écrit:ben oui 20/30% c'est plus facile que les 10 % du CAPES ou agrégation à mon époque...Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.
Mais bon c'est pas grave.
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Justement , maintenant , on peut être CDE sans avoir forcément été à l'éducation nationale... ou en face d'un groupe d'élèves (CPE, Co-Psy) mais bon de toute façon, beaucoup d'entre eux ont arrêté parce qu'ils ne pouvaient pas supporté les élèves... et çà c'est pas forcément bon... (je me dit çà tout le temps pour me rassurer). Je sais qu'au prochain CDE qui me fait une remarque sur mes notes je lui dirai "De quoi je me mêle , votre avis n'a aucun pour moi , vu que vous êtes un administratif, plus un pédagogue" ... et bien sûr je ne viendrai jamais à un entretien concernant mes évaluations si çà devait se produire, mais bon , çà ne s'est jamais produit heureusement.
De toute façon , pour moi la vraie imposture dans l'EN, ce sont les pseudo-sciences de l'éducation qui ont fait beaucoup de mal...
- V.MarchaisEmpereur
DC, si ça peut diminuer un peu ton sentiment d'imposture, sache que ton travail fait partie de ce qui m'a permis d'avancer, de trouver d'autres modèles que ceux que je récusais, et de me dire que mon propre travail, même accompli contre vents et marées, n'étais pas vain puisque nous étions plusieurs à batailler ensemble dans le même sens.
- V.MarchaisEmpereur
En fait, DC qui se dit illégitime, ça me fait un peu comme si Eva Herzigova se trouvait moche, ou Naggui (ça s'écrit comment) incapable de faire de la télé... :lol:
- User5899Demi-dieu
Un des pires élèves que j'aie eus, c'était pendant ma 1re année, en 90-91, violent, vulgaire, cossard, viré en CD finalement vers avril, avait déjà causé ma surprise en revenant il y a 7 ans comme... CPE :shock:Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.gauvain31 a écrit:Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR
Hé hé Le voici admissible au concours CdE
- gauvain31Empereur
Cripure a écrit:Un des pires élèves que j'aie eus, c'était pendant ma 1re année, en 90-91, violent, vulgaire, cossard, viré en CD finalement vers avril, avait déjà causé ma surprise en revenant il y a 7 ans comme... CPE :shock:Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.gauvain31 a écrit:Les concours pour être CDE ou IA-IPR sont beaucoup plus faciles, vu que personne n'a envie d'être CDE ou IA-IPR
Hé hé Le voici admissible au concours CdE
Est-ce qu'il a changé depuis Cripure ??? Y a-t-il toujours cette violence au fond de lui???
- Mum'Niveau 3
Vu que je différencie, que j'adapte énormément au public réel que j'ai, sans suivre aucun manuel à la lettre, je me sens de mieux en mieux, au fil des années, dans ma pédagogie et mes choix - vu que c'est moi qui la construis pierre par pierre. Mais je ressens la même chose que DC quand j'échoue avec un élève, et que je ne le supporte plus. Quand même le maintien dont parle DC me semble bien superflu. Quand je renonce à le "sauver".
- LefterisEsprit sacré
On dérive un peu du sujet : l'imposture , c'est de faire croire qu'on est capable de faire ce dont on ne sait rien, ou qu'on est autre que ce qu'on est . Un CDE qui organise bien, qui crée les conditions favorables à l'enseignement, qui ne stresse pas les enseignants, est tout à fait légitime. Il devient illégitime quand il se mêle des contenus, de la pédagogie, qu'il réagit par rapport à ses intérêts directs (les résultats truqués, les élucubrations des parents). Nous serions tout aussi illégitimes à nous mêler de ce qui ne nous regarde pas.gauvain31 a écrit:Gryphe a écrit:Je ne sais pas si on peut comparer comme ça, car les personnes qui le présentent font déjà partie des 10% qui ont eu le CAPES (ou un autre concours de l'éducation, en gros pour le dire vite).gauvain31 a écrit:ben oui 20/30% c'est plus facile que les 10 % du CAPES ou agrégation à mon époque...Gryphe a écrit:Pour IA-IPR je ne sais pas, mais pour CDE, les taux de réussite sont de l'ordre de 20 à 30%.
Mais bon c'est pas grave.
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Justement , maintenant , on peut être CDE sans avoir forcément été à l'éducation nationale... ou en face d'un groupe d'élèves (CPE, Co-Psy) mais bon de toute façon, beaucoup d'entre eux ont arrêté parce qu'ils ne pouvaient pas supporté les élèves... et çà c'est pas forcément bon... (je me dit çà tout le temps pour me rassurer). Je sais qu'au prochain CDE qui me fait une remarque sur mes notes je lui dirai "De quoi je me mêle , votre avis n'a aucun pour moi , vu que vous êtes un administratif, plus un pédagogue" ... et bien sûr je ne viendrai jamais à un entretien concernant mes évaluations si çà devait se produire, mais bon , çà ne s'est jamais produit heureusement.
De toute façon , pour moi la vraie imposture dans l'EN, ce sont les pseudo-sciences de l'éducation qui ont fait beaucoup de mal...
Et pour rebondir sur ce que tu dis des sienséduks, elles sont, en ce sens , une imposture évidente, puisqu'elle ne s’intéressent pas aux contenus , mais prétendent quand même pourvoir l'enseigner, tels les sophistes mis en scène par Platon. De plus, leurs gourous servent de toute évidence des intérêts personnels (carrière, politique, service planqué..). D'ailleurs, ça va jusqu' à l'apparence quand j'en vois certains, avec leur ton cauteleux , je ne peux m'empêcher de penser à Tartuffe, type universel de l'imposteur.
On approche de la définition de ce qu'est une imposture.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- GrypheMédiateur
Là, pour le coup, ce ne sont pas forcément les pires car ils savent déjouer toutes les embrouilles de derrière les fagots de nos chers petits.Cripure a écrit:Un des pires élèves que j'aie eus, c'était pendant ma 1re année, en 90-91, violent, vulgaire, cossard, viré en CD finalement vers avril, avait déjà causé ma surprise en revenant il y a 7 ans comme... CPE :shock:
(Il assure comme CPE ? D'après tes smileys, peut-être pas, en fait...)
DC, mais enfin ce n'est pas grave si tu ne passes pas des heures à massicoter des étiquettes et à faire des panneaux. C'est quand même l'efficacité qui compte à un moment.
Découper des étiquettes = efficacité zéro.
Exercice 4 page 12 = efficacité maximale.
Le goût pour les usines à cases a failli nous tuer l'école...
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- Mum'Niveau 3
(Ça dépend des étiquettes ! de ce que tu mets dans les cases... Et des projets, aussi !)
- nuagesGrand sage
entièrement d'accord et cette idée d'imposture me gêne vraiment dans la mesure où je la vois vaguement liée à une forme de culpabilité latente ... culpabilité de quoi? d'avoir du mal à nous adapter parfaitement et avec succès à ce qui nous est désormais demandé dans l'exercice de notre métier?Lefteris a écrit: Il me semble qu'avoir un grand recul par rapport à son métier, avoir déjà tâté de la comédie humaine aide beaucoup.
- thrasybuleDevin
Encore une fois, j'interprète la question comme relevant d'une dimension purement subjective, irrationnelle : je ne me pose aucune question sur le fait que je suis effectivement à ma place, j'ai été recruté, les cours se passent bien, etc... Je veux dire que dans les relations avec les élèves, il y a un fonctionnement qui relève du transfert, d'où les projections que l'on peut faire en tant que prof et sur les ados et sur l'institution: relativement à mon exprience personnelle que j'ai évoquée( qui n'a aucun intérêt en soi mais qui était là pour illustrer mon propos) je ne me sens donc à ma place dans mon rôle de passeur ( puisque c'est précisément l'accès à la beauté des oeuvres qui m'a émancipé, en rendant intelligibles les émotions, en me mettant en contact avec des voix fraternelles, en me "débâillonnant"), je pense que fondamentalement c'est cela qui fonde ma certitude d'être à ma place. ENn revanche, en tant que représentant de l'autorité et du pouvoir légitime, je me sens imposteur( en rapport sans doute avec mes propres relations avec le paternel), et je me sens incapable d'apprendre aux élves à être de bons citoyens, bla ba bla, à vrai dire ça me fait carrément horreur.V.Marchais a écrit:Pseudo a écrit:V.Marchais a écrit:Mais en fait, si je vous lis bien, Thrasy, Pseudo, Phi, Gryphe, le sentiment d'imposture n'est pas lié au fait d'enseigner, mais à des expériences fondatrices dévastatrices qui vous privent de cette reconnaissance initiale, celle qui fait qu'on se sent légitime a priori. Dès lors, ce sentiment d'illégitimité peut se projeter sur toutes les expériences de la vie, pas seulement le fait d'enseigner. Il a à voir avec votre histoire bien davantage qu'avec les conditions du métier.
Oui, et non.
Je pense que le métier d'enseignant (mais il en est d'autres) peut sacrément dorloter ce sentiment.
Par contre, dans la relation avec les élèves, j'ai toujours du mal à suivre. Tu voudrais pas me réexpliquer plus lentement, Thrasy ? :lol: Moi aussi je crois au pouvoir libérateur de la connaissance et de la culture, à l'horizon fabuleux que cela ouvre. Cela contribue à mon sentiment de légitimité. Je contrains les élèves à un travail qui ne les séduit pas a priori, parce que je crois à la nécessité de ce travail, à ce pouvoir, qui leur donnera une satisfaction bien plus profonde et durable que celle du moindre effort. Les conflits ne me déstabilisent pas, et les séductions toutes shéhérazadesques que je déploie pour emporter ces enfants en littérature ne relèvent selon moi ni de la manipulation ni de l'imposture. Qu'est-ce qui coince ?
D'où l'ambivalence de ce que je ressens. Encore une fois, je réponds de manière purement personnelle, puisque la question porte uniquement sur un "sentiment". Il ne s'agit pas pour moi de "raconter mon enfance" selon un propos précdent ( ) mais de montrer que l'imposture est un symptôme qui va au-delà du pdagogique
Je ne sais pas si c'était ça que je devais clarifier.
- Mum'Niveau 3
thrasybule a écrit:Encore une fois, j'interprète la question comme relevant d'une dimension purement subjective, irrationnelle : je ne me pose aucune question sur le fait que je suis effectivement à ma place, j'ai été recruté, les cours se passent bien, etc... Je veux dire que dans les relations avec les élèves, il y a un fonctionnement qui relève du transfert, d'où les projections que l'on peut faire en tant que prof et sur les ados et sur l'institution: relativement à mon exprience personnelle que j'ai évoquée( qui n'a aucun intérêt en soi mais qui était là pour illustrer mon propos) je ne me sens donc à ma place dans mon rôle de passeur ( puisque c'est précisément l'accès à la beauté des oeuvres qui m'a émancipé, en rendant intelligibles les émotions, en me mettant en contact avec des voix fraternelles, en me "débâillonnant"), je pense que fondamentalement c'est cela qui fonde ma certitude d'être à ma place. ENn revanche, en tant que représentant de l'autorité et du pouvoir légitime, je me sens imposteur( en rapport sans doute avec mes propres relations avec le paternel), et je me sens incapable d'apprendre aux élves à être de bons citoyens, bla ba bla, à vrai dire ça me fait carrément horreur.D'où l'ambivalence de ce que je ressens. Encore une fois, je réponds de manière purement personnelle, puisque la question porte uniquement sur un "sentiment". Il ne s'agit pas pour moi de "raconter mon enfance" selon un propos précdent ( ) mais de montrer que l'imposture est un symptôme qui va au-delà du pdagogiqueV.Marchais a écrit:Pseudo a écrit:V.Marchais a écrit:Mais en fait, si je vous lis bien, Thrasy, Pseudo, Phi, Gryphe, le sentiment d'imposture n'est pas lié au fait d'enseigner, mais à des expériences fondatrices dévastatrices qui vous privent de cette reconnaissance initiale, celle qui fait qu'on se sent légitime a priori. Dès lors, ce sentiment d'illégitimité peut se projeter sur toutes les expériences de la vie, pas seulement le fait d'enseigner. Il a à voir avec votre histoire bien davantage qu'avec les conditions du métier.
Oui, et non.
Je pense que le métier d'enseignant (mais il en est d'autres) peut sacrément dorloter ce sentiment.
Par contre, dans la relation avec les élèves, j'ai toujours du mal à suivre. Tu voudrais pas me réexpliquer plus lentement, Thrasy ? :lol: Moi aussi je crois au pouvoir libérateur de la connaissance et de la culture, à l'horizon fabuleux que cela ouvre. Cela contribue à mon sentiment de légitimité. Je contrains les élèves à un travail qui ne les séduit pas a priori, parce que je crois à la nécessité de ce travail, à ce pouvoir, qui leur donnera une satisfaction bien plus profonde et durable que celle du moindre effort. Les conflits ne me déstabilisent pas, et les séductions toutes shéhérazadesques que je déploie pour emporter ces enfants en littérature ne relèvent selon moi ni de la manipulation ni de l'imposture. Qu'est-ce qui coince ?
Je ne sais pas si c'était ça que je devais clarifier.
Oui, moi pareil. Je ne sais même pas ce que signifie "être un bon citoyen".
Trier ses déchets ? Aller voter ? Consommer ?
Chais pas.
- yogiSage
Autorité naturelle et bienveillance ne sont pas des impostures. Les notions d'Autorité et de Pouvoir sont en relation avec notre vécu et nos transferts c'est sûr.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- thrasybuleDevin
Ca me rappelle une collègue au collège qui nous refaisait le cours qu'elle venait de faire en vie de classe sur le respect: ah! elle était fière d'avoir transmis des valeurs sur la tolérance, la différence, on aurait dit Yannick Noah. Du blabla de curé.
- yogiSage
Le verbe "transmettre" me gave: à part transmettre des postillons quand je gueule, je ne vois pas.
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- yogiSage
Mon CDE, agrégé, fait des fautes de syntaxe et grammaire; il fait du copié-collé aussi pour écrire ses emails et discours (il prend des textes belges sur internet et copie à la faute près).
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"Jboirai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin!"
- GrypheMédiateur
Thrasy, c'est limpide, merci.thrasybule a écrit:Encore une fois, j'interprète la question comme relevant d'une dimension purement subjective, irrationnelle : je ne me pose aucune question sur le fait que je suis effectivement à ma place, j'ai été recruté, les cours se passent bien, etc... Je veux dire que dans les relations avec les élèves, il y a un fonctionnement qui relève du transfert, d'où les projections que l'on peut faire en tant que prof et sur les ados et sur l'institution: relativement à mon exprience personnelle que j'ai évoquée( qui n'a aucun intérêt en soi mais qui était là pour illustrer mon propos) je ne me sens donc à ma place dans mon rôle de passeur ( puisque c'est précisément l'accès à la beauté des oeuvres qui m'a émancipé, en rendant intelligibles les émotions, en me mettant en contact avec des voix fraternelles, en me "débâillonnant"), je pense que fondamentalement c'est cela qui fonde ma certitude d'être à ma place. ENn revanche, en tant que représentant de l'autorité et du pouvoir légitime, je me sens imposteur( en rapport sans doute avec mes propres relations avec le paternel), et je me sens incapable d'apprendre aux élves à être de bons citoyens, bla ba bla, à vrai dire ça me fait carrément horreur.
D'où l'ambivalence de ce que je ressens. Encore une fois, je réponds de manière purement personnelle, puisque la question porte uniquement sur un "sentiment". Il ne s'agit pas pour moi de "raconter mon enfance" selon un propos précdent ( ) mais de montrer que l'imposture est un symptôme qui va au-delà du pdagogique
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Τί ἐστιν ἀλήθεια ;
- RikkiMonarque
Profécoles, c'est exactement ça dont je voulais parler : cette difficulté que j'avais, les premiers temps, à ne pas rappeler les parents en criant "Mais vous êtes dingues ! Vous ne pouvez pas me confier vos propres enfants comme ça, vous voyez bien que je suis complètement dépassée par la situation et que je n'y connais rien, non ?"
28 gosses de moyenne section, moi, je ne savais pas faire. J'en avais un à la maison, plus la petite sœur (plus l'autre petite sœur en route, ce qui n'arrangeait sûrement pas les choses du point de vue de ma résistance physique) et je savais ce qu'est un enfant. Mais pas la moindre idée de quoi faire pour surveiller et occuper 28 enfants en même temps !
Alors, oui, avec les années, avec l'auto-formation, avec un peu d'aide de mes amis, comme disent les Beatles, je m'en sors. Mais je pense qu'il reste quelques traces de ces débuts douloureux.
28 gosses de moyenne section, moi, je ne savais pas faire. J'en avais un à la maison, plus la petite sœur (plus l'autre petite sœur en route, ce qui n'arrangeait sûrement pas les choses du point de vue de ma résistance physique) et je savais ce qu'est un enfant. Mais pas la moindre idée de quoi faire pour surveiller et occuper 28 enfants en même temps !
Alors, oui, avec les années, avec l'auto-formation, avec un peu d'aide de mes amis, comme disent les Beatles, je m'en sors. Mais je pense qu'il reste quelques traces de ces débuts douloureux.
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mon site sur l'écriture : www.ecritureparis.fr
- Prof célibataire (mais pas seulement?)... vous ruminez chez vous quand vous avez une classe pénible?
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