Faire entrer l'école dans l'ère numérique : une envie partagée ?

Bon, ben pareil, je ne voulais pas t'offenser, hein, ce n'était pas le but
(pour le "aucun intérêt": au moment où j'ai écrit cette phrase, je répondais spontanément à Isis, sans avoir lu les posts du dessus. Depuis je n'ai pas changé d'avis, mais j'aurais développé davantage si j'avais lu le reste avant.)

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krungthep le Lun 17 Déc 2012 - 17:26

Je suis totalement contre le numérique à l'école, peut-être même en général.

Et je l'écris avec un ordi ou une tablette
sur le forum Néoprofs ...

Ne serait-ce pas aussi un aspect du Numérique honni ?

CE qui serait comiques si nous n'étions pas tous enseignants ici, c'est:
- la difficulté à distinguer un outil de son usage.
Il y aurait les pro-numériques, technophiles, modernes...et de l'autre côté, les réactionnaires, touche-pas-à-mon-Budé :pas vrai:

Cela donne Peillon et consorts, toujours prêts à nous refaire le télé-achats et à nous vendre le dernier outil pédago magique, solutionneur de tous les problèmes. Et de l'autre, ceux qui ne voient chaque évolution technique que comme une forme particulière de toboggan (pour faire tomber l'EN encore plus bas, encore plus vite).

On pourrait peut-être prendre le problème par l'autre bout non?? (au moins ici):
1) Que voulons nous transmettre à nos élèves?
2) Quelles sont les nécessairement multiples manières d'y arriver?
et donc dans le petit 2, en quoi le numérique pourrait/peut-il jouer un rôle?

La question posée finalement est: que vise l'EN, et à quel point sommes-nous encore compatibles avec ses "injonctions paradoxales" pour reprendre l'expression de doublecasquette sur un autre fil.

philann a écrit:CE qui serait comiques si nous n'étions pas tous enseignants ici, c'est:
- la difficulté à distinguer un outil de son usage.
Il y aurait les pro-numériques, technophiles, modernes...et de l'autre côté, les réactionnaires, touche-pas-à-mon-Budé :pas vrai:

Cela donne Peillon et consorts, toujours prêts à nous refaire le télé-achats et à nous vendre le dernier outil pédago magique, solutionneur de tous les problèmes. Et de l'autre, ceux qui ne voient chaque évolution technique que comme une forme particulière de toboggan (pour faire tomber l'EN encore plus bas, encore plus vite).

On pourrait peut-être prendre le problème par l'autre bout non?? (au moins ici):
1) Que voulons nous transmettre à nos élèves?
2) Quelles sont les nécessairement multiples manières d'y arriver?
et donc dans le petit 2, en quoi le numérique pourrait/peut-il jouer un rôle?

La question posée finalement est: que vise l'EN, et à quel point sommes-nous encore compatibles avec ses "injonctions paradoxales" pour reprendre l'expression de doublecasquette sur un autre fil.

Autre question liée au numérique: Y-a-t-il encore du fric ? Et si oui, le numérique est-il vraiment (mais alors vraiment de chez vraiment) une priorité absolue pour dépenser autant d'argent ?

philann a écrit:On pourrait peut-être prendre le problème par l'autre bout non?? (au moins ici):
1) Que voulons nous transmettre à nos élèves?
2) Quelles sont les nécessairement multiples manières d'y arriver?
et donc dans le petit 2, en quoi le numérique pourrait/peut-il jouer un rôle?

Sauf que le numérique, à supposer que cet outil vaille le coût comme le demande Docteur OX, n'est plus l'outil mais l'enjeu. Par exemple, la contribution du SE-UNSA ne s'intitule pas "une grande ambition pour l'enseignement avec le numérique" mais "une grande ambition pour le numérique". De même Vincent Berger, rap­por­teur géné­ral des Assises de l'enseignement supé­rieur et de la recherche, dit ceci : "Le numé­rique, ce n'est pas seule­ment un outil, c'est aussi un bou­le­ver­se­ment de notre rap­port aux savoirs."

Et tu oublies une question :
3) En quoi le numérique peut-il s'y opposer ? Réfléchis simplement au problème de la lecture dont les adolescents se détournent massivement, par exemple.

Pour info sur twitter :
https://www.neoprofs.org/t49746-twitter-c-est-le-loft-limite-a-140-caracteres#1768234

twitter c'est la réduction du nombre de caractères et de temps de réflexion.
En revanche c'est l'augmentation du déversement de sa "petite opinion perso" tout ce que je déteste!!

Ce qui m'intrigue avec ce plan d'"entrée dans le numérique" c'est :
qui le pilote?
le ministère? les rectorats? les conseils régionaux? les industriels du numérique? les intendants avec carte blanche des CDE?
Ce qui est sûr c'est que chez nous le matériel arrive par vagues, et est installé sans qu'aucune demande d'utilisation ni même de disposition ne soit faite auprès des enseignants: "on" nous installe un TNI, on nous place des ordi qui ne peuvent s'utiliser que dos à la classe(!) , dans les classes de langue les haut-parleurs sont placés derrière les tableaux et sonorisent la classe d'à côté ("on" a sans doute songé au bilinguisme)....et lorsqu'on demande à ce que les ordinateurs soient plutôt placés sur les bureaux on nous répond que c'est "techniquement impossible" (?)
Bref, j'espère qu'il y a une tête pensante derrière tout ça, parce que sinon, ce sera une aussi énorme gabegie que l'achat massif des T07 aux commencements de l'ère de la modernité éducative ...
Bref: cui bono, comme on disait avant l'ère numérique.

La stratégie globale (pour éviter de parler de plan) est accueillie avec scepticisme : l'écart est parfois immense entre les discours ministériels et la réalité dans les classes. Cf ce qu'il en a été avec Chatel et le plan Fourgous.

Le numérique habille aussi parfois des intentions peu louables : Murdoch, interrogé par Le Monde aurait bien remplacé tous les profs de ce pays par un unique prof du Collège de France dont la parole aurait été diffusée par vidéo sur le web. Dans cette logique, il suffirait d'embaucher des pions ou des répétiteurs.

Le ministre actuel semble vouloir financer une réponse publique aux attentes des familles en soutien (cf l'article sur 9 collèges qui expérimentent ce type de travail).
http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2012/12/13/plan-numerique-neuf-colleges-experimentent-le-soutien-scolaire-en-ligne_1806195_1473688.html

La morale laïque, l'autre projet de VP, se heurte aux choix fiscaux spectaculaires de qquns.
Elle a cependant un avantage : elle a permis de nommer une nouvelle IG...

NB : 2 détails :
. Lors du plan IPT, il s'agissait de MO5. Les TO7 étaient plutôt dans les familles.
. L'expérience acquise depuis 25 ans ne devrait pas être méprisée. C'est un des éléments d'un regard distancié sur l'évolution technique de notre société.

iphigénie a écrit:Ce qui m'intrigue avec ce plan d'"entrée dans le numérique" c'est :
qui le pilote?

http://www.education.gouv.fr/cid1082/technicien-de-l-education-nationale.html

ça devrait être eux non? Pour ce que j'ai vu, en revanche, c'était les boîtes privées qui installaient les machines achetées par le conseil municipal.

J'ai même vu (de très loin, hein) un cas étrange où un prestataire informatique à commencer à avoir un rôle plus poussé dans un collège (privé sous contrat), suite à ces interventions pour un problème litigieux de réseau, ce qui n'a pas plu aux syndicats bien sûr.

J'espère bien que Hollande va mettre des techniciens parmi les 60K embauches, mais c'est surement déjà prévu.

Pour revenir à la distinction que PhilAnn faisait à juste titre entre outils et contenus:

Il me semble que la culture numérique, comme la critique du numérisme (et ses agences de voyages), est un "contenu" qu'on sera bien obligé de transmettre aussi. Et dans cette culture il y a de l'arnaque, de la piraterie, de l'instanéité, de l'hypersexualisation, ainsi que des OPA et plein de choses plus appréciables.

Les images de T07 me rappellent les TRS-80 (À l'époque (1980), c'était déjà Apple qui rentrait à l'école. Ça devait déjà être un peu une question de style et d'économie d'échelle) :lol:

Spoiler:

krungthep le Lun 17 Déc 2012 - 17:26

Je suis totalement contre le numérique à l'école, peut-être même en général.

C'est quoi au fond le numérique?
1° La quasi totalité des productions intellectuelles sur un seul support
2° L'immédiateté : 5 ans pour concevoir une nouvelle bagnole, 10 pour un vaccin, un programme c'est utilisable quasiment tout de suite.
3° La reproductibilité: la copie d'une œuvre numérique est exactement identique à son modèle
4° Le bug. Une clef à molette, ça n'a pas de bugs

Le numérique ce n'est que ça mais c'est une révolution technique comparable uniquement à la révolution néolithique et à l'ère industrielle. Faire devant nos élèves comme si de rien n'était est une aberration. Seulement ils ne peuvent en comprendre la portée actuelle sans connaître le passé et notre enseignement garde toute sa pertinence.

Savoir si on doit s'en servir est un autre problème. A moins de vivre dans une grotte, Krungthep s'en sert déjà: il écrit dans un forum, s'il a une voiture, elle est bourrée de numérique, sa machine à laver est contrôlée par un microprocesseur, etc.
A quoi ça peut servir en cours pour le prof? Je l'ai déjà dit dans d'autres post, essentiellement à gagner du temps.
Et pour les élèves? Dans l'état actuel, pas grand chose. A part quelques geeks nolife, ils sont incompétents et se servir d'un pc au lieu d'un cahier est le plus souvent une terrible perte de temps.

Donc que faire?
1° Insérer un chapitre dans les programmes pour montrer les changements induits par le numérique (C'est énorme et dans tous les domaines)
2° Former réellement les élèves à l'utilisation rationnelle d'un PC (OK c'est pas gagné).
3° Laisser les profs choisir s'ils l'utiliseront ou pas dans leur pratique quotidienne.
C'est simple, relativement peu coûteux et assez indolore.

Par contre, Le grand plan numérique pour tous va accoucher du résultat habituel: braquer les enseignants rétifs, gaspiller des fortunes et au passage relancer la guéguerre syndicale.

assez d'accord avec Bruno09: ni tant de haine, ni tant d'idolâtrie: un moyen (maîtrisé) et non une fin.Et un "grand plan" miroir aux alouettes: ça ne résoudra strictement rien , peut-être même cela ajoutera-t-il aux problèmes...

iphigénie a écrit:assez d'accord avec Bruno09: ni tant de haine, ni tant d'idolâtrie: un moyen (maîtrisé) et non une fin.Et un "grand plan" miroir aux alouettes: ça ne résoudra strictement rien , peut-être même cela ajoutera-t-il aux problèmes...

une bonne chose, l'efficacité, la participation, l'attractivité, la vie scolaire, le soutien...

Peut-être, dans un vrai sondage, faudrait-il distinguer ce qui ressort de l ce qui est affirmation d'une opinion tranchée de ce qui tient à l'observation et à l'expérience.
[NB 1 : dans un texte électronique, un erreur peut être corrigée
NB 2 : chercher querelle sur la forme, cela évite parfois d'argumenter rationnellement sur le fond,
voire de faire évoluer un jugement péremptoire ]

Mais bon sang, pourquoi ce sont toujours les profs d'histoire qui nous fatiguent avec le numérique ?

Au risque de déclencher les foudres de Cripure, 2 réponses ponctuelles :
. Peut-être parce qu'une bonne carte (réalisée avec un logiciel de carto) parle davantage qu'un tableau de chiffres, surtout si on sait comment elle se fabrique ou comment on peut la fabriquer (cf Geoclip : http://www.geoclip.net/fr/ ).

. Daniel Arasse parlait avec passion de peinture, ... à la radio, la TV sans image. C'était encore plus passionnant quand on pouvait regarder sur écran les tableaux dont il parlait. http://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Arasse , Histoire de peintures en cdrom ou UTLS sur « Interpréter l'art : entre voir et savoirs »


L'école et le numérique ? Le sujet est visiblement inépuisable sur ce forum :
https://www.neoprofs.org/search?search_keywords=cripure+num%E9rique

De ce long fil de discussion, quelques extraits :

Je pense au contraire que c'est très simple. Google rend idiot.

Si Nicholas Carr n'existait pas, les magazines franco-français, de Books à Philosophie auraient eu à l'inventer. (« ils ne sont plus capables de lire l'intégralité d'un livre » ... écrit un pigiste dans un article d'une ou deux pages ... :-) )

mais la pornographie occupe environ un tiers du web

Ça me fait penser à ces politiques qui vantent l'école publique et mettent leurs enfants dans le privé.

Celui qui enseigne à Stanford et pense que tous les élèves bénéficient d'une "présomption de compétence" égale à celle de l'enseignant ?

Weblettres, le site où si chacun veut s'exprimer, tout le monde doit se taire Very Happy

Bon, ceci dit, je m'en fous. Je n'ai pas d'enfants et s'il faut amuser des crétins fabriqués, on les amusera...

On a le droit au stylo bic au moins ?

Ce qui est bien, c'est que vous ne lisez de mon message que ce qui vous arrange...

On est vraiment obliger de se payer à chaque fois la querelle des anciens et des modernes ???

Le grand plan numérique pour tous va accoucher du résultat habituel: braquer les enseignants rétifs,

Pour finir, une citation en forme de sourire, à l'occasion d'une promotion commerciale :
« En 1989, quand on m’a demandé de taper mes articles archéologiques sur ordinateur, j’ai été très peiné de perdre la sensualité du stylo. Il ne me viendrait pas à l’idée aujourd’hui de me passer de mon clavier. Les nostalgiques du papier n’ont qu’à parfumer les tablettes de l’odeur de colle des livres ou de préférence de Chanel n° 5. C’est une bonne idée, je vais la faire breveter ! »

Récemment aussi, j'ai entendu vanter la matérialité de l'archive (y compris pour une page imprimée sur ordi ?).
Quand on sait les conditions de travail dans les archives (le crayon à papier seul autorisé pour écrire), la photo numérique est devenue une aide précieuse pour les historiens de métier. Quand elle est autorisée bien entendu.

.

cliohist a écrit:

une bonne chose, l'efficacité, la participation, l'attractivité, la vie scolaire, le soutien...

Peut-être, dans un vrai sondage, faudrait-il distinguer ce qui ressort de l'opinion de ce qui tient à l'observation et à l'expérience.

Mais bon sang, pourquoi ce sont toujours les profs d'histoire qui nous fatiguent avec le numérique ?

Au risque de déclencher les foudres de Cripure, 2 réponses ponctuelles :

Cripure est resté énervé que vous confondiez les deux verbes "ressortir", celui du 2e groupe (ressortir à) et celui du 3e (ressortir de). Partant, sa lucidité est engagée et il se tient en retrait.
Dans une indifférence d'ailleurs assez attendue
Mais bon, quand même, les ressortissants...

Merci pour votre résumé, Cliohist.

J'attends toujours vos réponses sur un autre fil : https://www.neoprofs.org/t54660-08-novembre-2012-envoye-special-sur-wikipedia-avec-luigi-b#1714040

« En 1989, quand on m’a demandé de taper mes articles archéologiques sur ordinateur, j’ai été très peiné de perdre la sensualité du stylo. Il ne me viendrait pas à l’idée aujourd’hui de me passer de mon clavier"
"
Je ne sais plus qui a cité cette somptuosité et peu importe, mais c'est l'idée de "perdre la sensualité du stylo" qui m'a bien fait marrer.

C'est du Paul Veyne.

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/La-conversion-numerique-de-Paul-Veyne-_NG_-2012-12-21-890729

Luigi_B a écrit:C'est du Paul Veyne.

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/La-conversion-numerique-de-Paul-Veyne-_NG_-2012-12-21-890729

Merci.

Moi je ne dirais qu'une chose:
manifestement, l'envie n'est pas partagée.
Donc, il faut aider (en faisant des choix techniques raisonnables: pas d'éléphants blancs genre TBI, pas de logiciels propriétaires) ceux que ça intéresse et foutre une paix royale aux autres. L'informatique, je m'en sers à outrance mais j'ai bien conscience que ce n'est pas la solution à nos malheurs...

Une conclusion qui me convient assez, bruno09.

Évidemment une question demeure : d'où sortent les chiffres soviétiques d'Opinion Way ? Pourquoi cette croyance naïve en une refondation de l"école par le numérique, qu'on veut nous faire accepter de force à coup de sondages bidonnés ?

La version corrigée...

Luigi_B a écrit:La version corrigée...

Comme c'est joli !
Et c'est ça qu'on fait avec le numérique ?

Luigi_B a écrit:Une conclusion qui me convient assez, bruno09.

Évidemment une question demeure : d'où sortent les chiffres soviétiques d'Opinion Way ? Pourquoi cette croyance naïve en une refondation de l"école par le numérique, qu'on veut nous faire accepter de force à coup de sondages bidonnés ?

Il s'agit de développer un marché, très cher ; alors on fabrique les chiffres.
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/04/27/les-tableaux-blancs-interactifs-un-marche-a-enjeux_1342874_651865.html

Je veux pas remttre dix balles dans le bastringue, mais je pense qu'il est inutile de lutter.

Le numérique a quelques gros avantages (limiter le gaspillage papier, alleger les cartables, proposer des rendus toujours propres...) même si je n'ai voté oui que jusqu'à d) et la tendance ne s'inversera jamais.

Quant aux couts, une tablette (ça peut couter moins de 150€ si on en commande des millions) utilisable de la 6è à la terminale ça se rentabilise facile face aux photocop, il ne faut pas raisonner à court terme. Pas un de nos élèves n'utilisera de stylo dans son boulot (même mon plombier a un PDA).

par contre pour le soutien et la pédagogie l'aide humaine restera indispensable, donc en résumé pour moi:

non à l'école via le net
mais oui au net et au numérique à l'école.