Faire entrer l'école dans l'ère numérique : une envie partagée ?

Je veux pas remttre dix balles dans le bastringue, mais je pense qu'il est inutile de lutter.

Le numérique a quelques gros avantages (limiter le gaspillage papier, alleger les cartables, proposer des rendus toujours propres...) même si je n'ai voté oui que jusqu'à d) et la tendance ne s'inversera jamais.

Quant aux couts, une tablette (ça peut couter moins de 150€ si on en commande des millions) utilisable de la 6è à la terminale ça se rentabilise facile face aux photocop, il ne faut pas raisonner à court terme. Pas un de nos élèves n'utilisera de stylo dans son boulot (même mon plombier a un PDA).

par contre pour le soutien et la pédagogie l'aide humaine restera indispensable, donc en résumé pour moi:

non à l'école via le net
mais oui au net et au numérique à l'école.

Question subsidiaire : qui assurera la maintenance des tablettes des élèves dans les établissements ?

Mareuil a écrit:

Luigi_B a écrit:Une conclusion qui me convient assez, bruno09.

Évidemment une question demeure : d'où sortent les chiffres soviétiques d'Opinion Way ? Pourquoi cette croyance naïve en une refondation de l"école par le numérique, qu'on veut nous faire accepter de force à coup de sondages bidonnés ?

Il s'agit de développer un marché, très cher ; alors on fabrique les chiffres.
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/04/27/les-tableaux-blancs-interactifs-un-marche-a-enjeux_1342874_651865.html

C'est une habitude soviétique de l'E.N: on fait une concertation uniquement quand on a déjà publié les résultats et pris les décisions. Et la concertation vient confirmer: de la concertation Balladur (qui s'en souvient?) à la réforme du lycée c'est toujours ce qui a été fait.
Et ce qui est drôle c'est que ça marche encore.

victor44 a écrit:Quant aux couts, une tablette (ça peut couter moins de 150€ si on en commande des millions) utilisable de la 6è à la terminale ça se rentabilise facile face aux photocop, il ne faut pas raisonner à court terme. Pas un de nos élèves n'utilisera de stylo dans son boulot (même mon plombier a un PDA).

Il faut même renoncer à enseigner l'écriture, comme la plupart des états américains renoncent à enseigner la cursive à partir de 2014, pour économiser des efforts inutiles aux élèves. Où l'on voit que "l'outil" n'est pas au service des apprentissages mais exige que les apprentissages s'adaptent à lui. La dissertation a du souci à se faire face au quiz du futur.

Des millions de tablettes sur un marché captif : voilà une perspective qui ne peut que réjouir les grands groupes technologiques actuellement très actifs pour développer le numérique à l'école : http://www.laviemoderne.net/forum/viewtopic.php?f=43&t=274

Rappelons que pour l’Éducation nationale, un ordinateur est considéré comme vieux au bout de cinq ans. Avec 12 millions d'élèves dans le primaire et dans le secondaire, et la nécessité de renouveler le matériel de l'élève à chaque cycle (primaire, collège, lycée), c'est un marché qui se chiffrerait en milliards, voire en dizaines de milliards d'euros. :diable:

Que ce soit pour les ordinateurs ou les tablettes, comme pour les manuels papier au fond, l'expérience montre que les rabais sont loin d'être au rendez-vous : 32.000 Lordi (un portable très moyenne gamme) dans le Languedoc-Roussillon à 500€ l'unité ou 3.300 tablettes iPads 1 en Corrèze à 450€ l'unité. Le gain pédagogique, évidemment, personne ne l'a évalué. De toute façon ces décisions d'équipement sont prises sans concertation par des collectivités locales qui n'ont aucune compétence pédagogique.

Quant aux économies réalisées, elles seront très limitées... par la coexistence nécessaire avec l'ancien système : les Languedociens ou les Corréziens n'ont pas jeté leurs manuels, leurs cahiers et leurs stylos. Et puis les manuels numériques pour les tablettes, il faut quand même les louer en licence annuelle et ils sont très chers parce que "enrichis" bien sûr. Sans parler de toutes les applications pédagogiques payantes qui ne manqueront pas d'inonder le marché.

Enfin pour les tablette, moins utiles que les PC mais plus autonomes, dans l'hypothèse où elles ne seraient ni cassées, ni volées pendant la scolarité, personne ne sait encore si elles pourrait tenir la charge d'une utilisation quotidienne au maximum d'autonomie chaque jour de la semaine pendant quatre ans au collège par exemple. Et ne parlons pas de l'obsolescence programmée : une tablette hype achetée en 2010 (iPad 1) est déjà ringarde en 2011 (iPad 2) voire obsolète en 2012 (iPad 3) et bientôt... archaïque en 2013.



L'Éducation Nationale ne sera jamais à la page de la technologie : autant s'habituer à cette idée tout de suite puisque nous entrons bien malgré nous dans l'ère de l'école numérique.

iphigénie a écrit:
C'est une habitude soviétique de l'E.N: on fait une concertation uniquement quand on a déjà publié les résultats et pris les décisions. Et la concertation vient confirmer: de la concertation Balladur (qui s'en souvient?) à la réforme du lycée c'est toujours ce qui a été fait.
Et ce qui est drôle c'est que ça marche encore.

Et même quand elle dit le contraire: la seule enquête sur les expérimentations du bac pro 3 ans a jugé que c'était une mauvaise idée. Résultat : tous les bac pro en 3 ans!

Bientôt les parents se plaindront du poids des tablettes et réclameront le dernier modèle "lighter and thinner".

sand a écrit:Question subsidiaire : qui assurera la maintenance des tablettes des élèves dans les établissements ?

En tout cas, ce sera un marché bien juteux !

C'est marrant cette histoire de décalage entre l'EN et la société:
les médias sont pleins d'émissions actuellement sur le thème "l'envahissement du numérique: les tablettes investissent même les lits conjugaux"(sic) et consultation des psychiâtres spécialisés dans les addictions...
Ben nous, on va nous y mettre (au numérique, pas aux lits conjugaux, oeuf corse ) alors que tout le monde va tenter de s'en démettre....

@luigi il faudrait aussi souligner la responsabilité des collectivités locales (je suis attéré par la région IdF) et ce qu'ils pensent faire (mal) et sans réfléchir...

Surtout qu'à côté de ça le chauffage ne marche pas ou les toilettes des élèves sont dans un état effrayant depuis des années.

Oui, pas que la région Idf.

Ecouter Europe 1 m'inspire....
Ce qui ressort de l'esprit actuel, c'est qu'il faut rendre le savoir attractif grâce au numérique.
Mais ce qui rend attractif, ce n'est pas le moyen d'extraction, c'est la valeur attribuée à la chose: sinon à ce compte on n'aurait jamais eu d'or, de diamant ni même de charbon.
Plus on investit dans les moyens ( jusque finalement ne plus voir que cela comme problème pédagogique) plus on dévalorise en réalité la chose

Mais non, Iphigénie : si tu crées des profils Facebook aux personnages de la Comédie Humaine, tu donnes envie de lire aux élèves, voyons ! :lol:

Luigi_B a écrit:Mais non, Iphigénie : si tu crées des profils Facebook aux personnages de la Comédie Humaine, tu donnes envie de lire aux élèves, voyons ! :lol:

oui, de lire Facebook....

La lecture de Facebook, c'est encore de la lecture, dirait un inspecteur général...

Expliquez moi la difference entre lire les jeunes filles de Maupassant via un livre ou via une tablette?

Si vous achetez des licences plutot que des manuels scolaires, vous n'avez pas à repayer lorsque les livres sont dégradés, le téléchargement regle ce problème. Idem si sans changement de programme, l'éditeur à changé le manuel.
de plus kevin ne pourra plus vous faire le plan pendant 2 mois qu'il l'a commandé depuis une semaine etc...

Et le jour où la liseuse/tablette refusera tout service, il faudra bien la replacer. Qui a une durée de vie plus longue du format papier ou du format numérique ?

victor44 a écrit:Expliquez moi la difference entre lire les jeunes filles de Maupassant via un livre ou via une tablette?

Si vous achetez des licences plutot que des manuels scolaires, vous n'avez pas à repayer lorsque les livres sont dégradés, le téléchargement regle ce problème. Idem si sans changement de programme, l'éditeur à changé le manuel.
de plus kevin ne pourra plus vous faire le plan pendant 2 mois qu'il l'a commandé depuis une semaine etc...

Le problème de Kevin n'en est pas un : le boulot est à faire au jour J, qu'il ait trouvé ou pas le livre. A J+1, je ne veux même pas le voir, son travail, il est déjà noté, remis ou pas.
Voilà pour Kevin.
Ensuite, sur la question du support, c'est effectivement assez annexe, je pense. A condition que le livre téléchargé sur une tablette soit le vrai livre, parce que les textes qu'on trouve ici ou là numérisés sur le web sont dans plus de deux tiers des cas des textes faux, avec des erreurs plus ou moins nombreuses. Perso, j'aime l'objet livre, mais si l'objet tablette incite à la lecture ou rend cette dernière plus aisée pour certains, pourquoi pas en effet.
J'élimine toutefois par avance et pour un motif purement scientiste le problème de la mise au chômage des libraires. Or, un libraire peut être (hélas, c'est de plus en plus rare) un militant du livre rare. Ne pas l'oublier.
C'est pour cela que tout compte fait, je préfère faire acheter des livres à mes ouailles.

victor44 a écrit:Expliquez moi la difference entre lire les jeunes filles de Maupassant via un livre ou via une tablette?

C'est de Maupassant, les Jeunes filles ?

Pour l'élève avec sa tablette, il verra surtout la différence entre lire les Jeunes filles et jouer à Minecraft...

Si vous achetez des licences plutot que des manuels scolaires, vous n'avez pas à repayer lorsque les livres sont dégradés, le téléchargement regle ce problème.

Ce qui est valable pour un pilote de périphérique ne l'est pas pour un manuel. De plus les licences des manuels ne s'achètent pas, elles se renouvellent chaque année : ce qui constitue un investissement très lourd et sans visibilité.

Idem si sans changement de programme, l'éditeur à changé le manuel.

Chouette, on va pouvoir changer encore plus vite !

de plus kevin ne pourra plus vous faire le plan pendant 2 mois qu'il l'a commandé depuis une semaine etc...

Si c'était aussi simple... A lire à ce sujet : https://www.neoprofs.org/t21080-manuels-numeriques-infos-importantes-concernant-les-licences

Luigi_B a écrit:Ce qui est valable pour un pilote de périphérique ne l'est pas pour un manuel. De plus les licences des manuels ne s'achètent pas, elles se renouvellent chaque année : ce qui constitue un investissement très lourd et sans visibilité.

Au contraire la visibilité est totale: cout annuel = le nb d'élèves * nb de matières avec manuel * prix de licence annuelle

on ne dépend plus de l'usure, de la perte, des changement de programme ou d'édition etc...

Non car le prix d'une licence annuelle est susceptible de varier chaque année, selon le bon plaisir des éditeurs. Vous croyez qu'en adaptant le manuel à un nouveau programme ou en mettant à jour une édition, l'éditeur mettra la nouvelle édition gratuitement à disposition ? Vous risquez d'avoir des déconvenues !

Ne pas oublier dans le coût total celui de la tablette (qui s'use plus qu'un manuel, se perd, se vole beaucoup plus qu'un manuel, se casse contrairement à un manuel etc.) et de l'électricité.

L'autre problème des manuels numériques "enrichis", c'est leur volume trop imposant pour des tablettes.

Luigi_B a écrit:

victor44 a écrit:Expliquez moi la difference entre lire les jeunes filles de Maupassant via un livre ou via une tablette?

C'est de Maupassant, les Jeunes filles ?

Sur Wikipedia, c'est possible

Ou sur Amazon.

Ah oui quand même...

EDIT : Sur les "jeunes filles", flute, grillé par Luigi.

Je trouve autre chose.

Luigi_B a écrit:

Si vous achetez des licences plutot que des manuels scolaires, vous n'avez pas à repayer lorsque les livres sont dégradés, le téléchargement regle ce problème.

Ce qui est valable pour un pilote de périphérique ne l'est pas pour un manuel. De plus les licences des manuels ne s'achètent pas, elles se renouvellent chaque année : ce qui constitue un investissement très lourd et sans visibilité.

Elles se renouvellent chaque année, ce n'est donc pas un investissement, mais une location. D'expérience, les vendeurs loueurs de logiciels n'aiment pas du tout qu'on les démasquent. Prononcer le mot "location" suffit à congèler leur sourire corporate en un rictus de masque yoshito.

Sur les supports numériques on peut imaginer (comme le ministre l'a annoncé) que le CNDP soit mis a contribution et produise des supports intéressants...
Au-delà je suis étonné de voir autant de profs de lettres indifférent a des projets aussi épatants que Gallica ou Gutenberg.org ...

Collier de Barbe a écrit:
Au-delà je suis étonné de voir autant de profs de lettres indifférent a des projets aussi épatants que Gallica ou Gutenberg.org ...

Mais on peut très bien s'intéresser et se cultiver via le net en tant que professeur, et penser que ça ne présente qu'un intérêt limité en classe. L'avantage des lettres, c'est qu'on a besoin d'un texte et de son cerveau, et c'est tout. Je ne vois pas en quoi aller faire le mariolo sur Gallica améliorerait en quoi que ce soit l'enseignement de ma discipline. Ça demande tout un chambardement technologique, avec des élèves qui regardent un écran au lieu de communiquer avec moi, et le tout pour quel résultat ? Une fois encore, la question est de partir de la transmission du savoir et de réfléchir à comment on l'effectue, et non de se dire qu'il faut absolument utiliser Gallica car c'est une ressource formidable. Bien sûr que c'est une ressource formidable. Mais en cours, ça ne me servirait à rien et ça me ferait perdre du temps.