- archebocEsprit éclairé
Collier de Barbe a écrit:Mais ce qui est très frappant, c'est que le résultat semble le même. Et encore une fois comment s'en étonner? Le fonctionnement du marché foncier et des politiques publiques est telle que les populations sont effectivement triées et séparées en fonction non seulement de leurs revenus mais aussi de leur origine.
Alors là, je vous rassure, les agent immobiliers ne regardent que votre bulletin de salaire et le montant de votre apport. Ils sont aveugles à la couleur de votre peau avant même que commence à briller l'aurore de leur commission. Les populations ne sont pas "triées et séparées en fonction leur origine". Elles le font toutes seules.
Pour les politiques publiques, le seul cas où j'ai entendu dire que la puissance publique ait prêté la main à ce type de politique, c'est dans le cas d'un HLM, pour acheter la paix sociale à un gourou religieux. Je pense que cela reste assez rare. Et ce n'était évidemment pas à l'échelle d'une circonscription de carte scolaire.
Pour la carte scolaire, plusieurs récents articles courts de Jacques Donzelot dans la revue Esprit illustraient comment la puissance publique, dans le cadre de la politique de la ville, essaye de casser les logiques de ghetto scolaire.
- EdgarNeoprof expérimenté
Je suis sûrement pessimiste, mais ces politiques de logements sociaux dans les communes tranquilles ne va pas favoriser la mixité dans les écoles, elle va simplement entériner de façon définitive, après celle des classes supérieures, la fuite des classes moyennes vers l'école privé. Et plus besoin de carte scolaire, le public deviendra définitivement le second choix éducatif.
Il y a aujourd'hui une vraie défiance, et pas seulement liée à des préjugés, des classes moyennes vis à vis des populations défavorisées qu'on souhaiterait imposer par quotas dans des communes privilégiées et tranquilles dans lesquelles il fait encore bon vivre. Trop d'enfants mal éduqués, livrés à eux-mêmes et traînant dans la rue, seuls ou en groupe, en conflit avec l'école et posant problème en classe pour que l'école publique dans ces communes y survive. J'ai même vu des animateurs sportifs se plaindre de leurs nouvelles conditions de travail dans les clubs le samedi. Les CSP les plus favorisées ne se posent pas ce genre de questions vulgaires car ils sont tellement protégés par leur lieu de résidence et leurs circuits éducatifs et immobiliers qu'il n'ont pas à craindre au quotidien.
Il y a aujourd'hui une vraie défiance, et pas seulement liée à des préjugés, des classes moyennes vis à vis des populations défavorisées qu'on souhaiterait imposer par quotas dans des communes privilégiées et tranquilles dans lesquelles il fait encore bon vivre. Trop d'enfants mal éduqués, livrés à eux-mêmes et traînant dans la rue, seuls ou en groupe, en conflit avec l'école et posant problème en classe pour que l'école publique dans ces communes y survive. J'ai même vu des animateurs sportifs se plaindre de leurs nouvelles conditions de travail dans les clubs le samedi. Les CSP les plus favorisées ne se posent pas ce genre de questions vulgaires car ils sont tellement protégés par leur lieu de résidence et leurs circuits éducatifs et immobiliers qu'il n'ont pas à craindre au quotidien.
- archebocEsprit éclairé
Collier de Barbe a écrit:L'objectif de la loi LRU (20%) est en ce sens assez raisonnable.
20%, cela semble raisonnable. Mais
- là, on va passer à 25%. Un quart de la population en HLM, cela commence à devenir inquiétant. Pas en tant que tel, mais parce qu'il n'y a pas de raison que cela s'arrête là.
- par ailleurs il ne faut pas se leurrer sur les techniques d'évitement. Par exemple certaines mairies s'en sortent en ne construisant que des logements étudiants. Voire des logements étudiants de luxe.
- il ne faut pas se leurrer non plus sur les techniques de cantonnement : on va mettre les pauvres loin du centre, loin des commerces, loin des transports. De cette façon, le seul point de rencontre, c'est le collège et le lycée. Je ne vois pas comment cela peut bien se passer.
- commentaire d'un dirigeant du mouvement HLM : "de toute façon, la seule politique du logement efficace, c'est le planning familial".
- MoonchildSage
La politique de la ville n'a pas vraiment créé cette séparation, en revanche elle a échoué à l'empêcher.Celeborn a écrit:Je pense qu'on sait ce que veut dire apartheid. La politique de la ville a créé de fait dans certains endroits une séparation et une ségrégation sociale, qui, si l'on se rend dans ces endroits, va franchement de pair avec une séparation raciale. On n'a effectivement pas besoin d'hommes en armes : un mauvais fonctionnement de la carte scolaire (qui plus est quand on l'assouplit) s'ajoutant à une politique de la ville catastrophique, ça les remplace plutôt efficacement. Alors je convient que le terme est « choc », mais la réalité elle aussi est « choc ».
Le géographe Christophe Guilluy explique qu'on ne peut pas vraiment comparer la banlieue française à un "ghetto" : certes les difficultés sociales s'y concentrent, mais on y observe aussi une très grande mobilité des individus (des primo-arrivants précaires se substituant aux ménages en phase d'ascension sociale qui s'en vont, ce "mouvement perpétuel" contribue à déstabiliser ces quartiers). Ce phénomène est analysé dans son livre "Fracture françaises", il y est évoqué les questions des flux de population, de la mondialisation, des logiques foncières, de l'insécurité, des conduites d'évitement (auxquelles se sont heurtés les bailleurs sociaux dont Guilluy ne remet pas globalement en cause le volontarisme en terme de mixité ethnique).
- archebocEsprit éclairé
Collier de Barbe a écrit:Je ne vends rien. Votre "causalité" fonctionne dans les 2 sens, ça j'en suis sûr.
Que quelques endroits stratégiques soient protégés sur intervention politique, c'est possible. Mais c'est très minoritaire, ne serait-ce que parce que les lieux de concentration du pouvoir sont généralement protégés des pauvres par plusieurs cercles concentriques de hiérarchie sociale descendante. Les zones d'interface, de compétition spatiale et de mélange concernent essentiellement les classes populaires et les classes moyennes.
- MareuilNeoprof expérimenté
archeboc a écrit:Collier de Barbe a écrit:Et les héritiers comme moi (4ème génération issue de grande école, prof fils de prof fils de prof fils de prof) sont très contents.
Premier moment : pour empêcher les classes populaires d'accéder aux bonnes places qui commencent à se raréfier, on intègre dans l'enseignement les théories de Bourdieu. On fait la chasse aux exercices de répétitions, qui permettaient une appropriation progressive et par imprégnation. Sous couvert de bonnes intentions, les classes populaires perdent l'accès à l'excellence. Pour faire l'histoire de ce premier moment, il serait intéressant de tracer la scolarité des enfants et petits enfants de Bourdieu et de son premier cercle d'épigones.
Second moment : comme il y a de moins en moins de places disponibles pour les enfants de l'élite, il faut brider plus efficacement le système scolaire, en visant ceux qui y ont un accès privilégié de par leur profession. Suppression ou affaiblissement des concours et des examens, pour diminuer la part de la compétence scolaire dans l'ascension sociale, et préserver celle des compétences sociales. Dans le même esprit, développement d'épreuves orales visant à évaluer le "savoir être". Dans l'enseignement, promotion aux postes de directions subalternes des affidés qui tueront les classes CAMIF. Utilisation de l'image d'Epinal du fils d'ouvrier qui fait polytechnique pour délégitimer les ascensions sociales plus lentes, sur trois générations, dans lesquelles la génération intermédiaire passe par l'enseignement (qu'un enfant d'instituteur entrant à Polytechnique soit considéré comme de la reproduction sociale ne choque plus personne). Et naturellement, prolétarisation de l'enseignant. Moins il aura de temps libres, moins il pourra traitreusement transmettre son capital intellectuel à sa progéniture.
Pronostic : la proportion d'enfants d'instituteurs dans les écoles de premier plan devrait baisser à partir de 2020.
Assez d'accord. La théorie de la reproduction sociale associée à l'image d'Épinal du fils d'instit devenu polytechnicien ( ah, l'ascenseur !), c'est un écran de fumée.
- archebocEsprit éclairé
Mareuil a écrit:Assez d'accord. La théorie de la reproduction sociale associée à l'image d'Épinal du fils d'instit devenu polytechnicien ( ah, l'ascenseur !), c'est un écran de fumée.
Damned, il me semble que je voulais dire l'inverse. Je n'ai pas dû être très clair.
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