- CondorcetOracle
Un article de Sylvie Lindeperg sur la Bataille du rail.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1996_num_51_4_410885?luceneQuery=%28%2B%28content%3Alindeperg+title%3Alindeperg^2.0+fullContent%3Alindeperg^100.0+fullTitle%3Alindeperg^140.0+summary%3Alindeperg+authors%3Alindeperg^5.0+illustrations%3Alindeperg^4.0+bibrefs%3Alindeperg^4.0+toctitles%3Alindeperg^4.0+toctitles1%3Alindeperg^3.0+toctitles2%3Alindeperg^2.0+toctitles3%3Alindeperg%29+%2B%28content%3Abataille+title%3Abataille^2.0+fullContent%3Abataille^100.0+fullTitle%3Abataille^140.0+summary%3Abataille+authors%3Abataille^5.0+illustrations%3Abataille^4.0+bibrefs%3Abataille^4.0+toctitles%3Abataille^4.0+toctitles1%3Abataille^3.0+toctitles2%3Abataille^2.0+toctitles3%3Abataille%29+%2B%28content%3Arail+title%3Arail^2.0+fullContent%3Arail^100.0+fullTitle%3Arail^140.0+summary%3Arail+authors%3Arail^5.0+illustrations%3Arail^4.0+bibrefs%3Arail^4.0+toctitles%3Arail^4.0+toctitles1%3Arail^3.0+toctitles2%3Arail^2.0+toctitles3%3Arail%29%29+AND+%28+%2Baccess_right%3A%28free%29+%29&words=lindeperg&words=100&words=140&words=bataille&words=rail&words=free
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1996_num_51_4_410885?luceneQuery=%28%2B%28content%3Alindeperg+title%3Alindeperg^2.0+fullContent%3Alindeperg^100.0+fullTitle%3Alindeperg^140.0+summary%3Alindeperg+authors%3Alindeperg^5.0+illustrations%3Alindeperg^4.0+bibrefs%3Alindeperg^4.0+toctitles%3Alindeperg^4.0+toctitles1%3Alindeperg^3.0+toctitles2%3Alindeperg^2.0+toctitles3%3Alindeperg%29+%2B%28content%3Abataille+title%3Abataille^2.0+fullContent%3Abataille^100.0+fullTitle%3Abataille^140.0+summary%3Abataille+authors%3Abataille^5.0+illustrations%3Abataille^4.0+bibrefs%3Abataille^4.0+toctitles%3Abataille^4.0+toctitles1%3Abataille^3.0+toctitles2%3Abataille^2.0+toctitles3%3Abataille%29+%2B%28content%3Arail+title%3Arail^2.0+fullContent%3Arail^100.0+fullTitle%3Arail^140.0+summary%3Arail+authors%3Arail^5.0+illustrations%3Arail^4.0+bibrefs%3Arail^4.0+toctitles%3Arail^4.0+toctitles1%3Arail^3.0+toctitles2%3Arail^2.0+toctitles3%3Arail%29%29+AND+%28+%2Baccess_right%3A%28free%29+%29&words=lindeperg&words=100&words=140&words=bataille&words=rail&words=free
- Invité19Esprit sacré
j'ai commencé à le lire en diagonale (passionnant, mais j'ai pas trop le temps de le lire de A à Z) : si je comprends bien, il vaudrait donc mieux que je déplace dans mon cours la mention de ce film, dans ma partie sur la concurrence de la mémoire communiste ?
- CondorcetOracle
D'après ce que j'ai compris, c'est un film qui commence communiste et qui finit gaulliste (tout comme l'ENA durant la même période 1944-1964 quoi ! )
- Invité19Esprit sacré
condorcet a écrit:D'après ce que j'ai compris, c'est un film qui commence communiste et qui finit gaulliste (tout comme l'ENA durant la même période 1944-1964 quoi ! )
où parle t elle de la récupération gaulliste ? je ne trouve pas...
- BélinacFidèle du forum
condorcet a écrit:D'après ce que j'ai compris, c'est un film qui commence communiste et qui finit gaulliste (tout comme l'ENA durant la même période 1944-1964 quoi ! )
Communiste l' ENA ? Avec Yves Guéna, Alain Peyrefitte et Jacques Duhamel dans la première promotion de 1947 ?? Et Raymond Aron ainsi qu' André Siegfried comme profs à l' époque ???
- CondorcetOracle
Bélinac a écrit:condorcet a écrit:D'après ce que j'ai compris, c'est un film qui commence communiste et qui finit gaulliste (tout comme l'ENA durant la même période 1944-1964 quoi ! )
Communiste l' ENA ? Avec Yves Guéna, Alain Peyrefitte et Jacques Duhamel dans la première promotion de 1947 ?? Et Raymond Aron ainsi qu' André Siegfried comme profs à l' époque ???
Maurice Thorez a veillé à la création de l'ENA. http://www.journaldunet.com/management/dossiers/0711213-formation-patrons-cac-40/2.shtml
- Invité19Esprit sacré
Vous ne trouvez pas qu'Eduscol craque un peu en affirmant que ces dernières années sont le signe que le temps est venu d'une "approche historique et non mémorielle" ??
entre les lois mémorielles, Môquet, la prégnance de la mémoire juive, la revendication des autres mémoires dans tous les sens...
entre les lois mémorielles, Môquet, la prégnance de la mémoire juive, la revendication des autres mémoires dans tous les sens...
- CondorcetOracle
Oiseau phenix a écrit:condorcet a écrit:D'après ce que j'ai compris, c'est un film qui commence communiste et qui finit gaulliste (tout comme l'ENA durant la même période 1944-1964 quoi ! )
où parle t elle de la récupération gaulliste ? je ne trouve pas...
"Par un second effet de synecdoque, l'image de la famille du rail micro-société sans classe dressée contre l'occupant pouvait se concevoir comme une représentation miniaturisée de la société française inscrite dans la logique du mythe gaullien de la vraie France".
- CondorcetOracle
Oiseau phenix a écrit:Vous ne trouvez pas qu'Eduscol craque un peu en affirmant que ces dernières années sont le signe que le temps est venu d'une "approche historique et non mémorielle" ??
entre les lois mémorielles, Môquet, la prégnance de la mémoire juive, la revendication des autres mémoires dans tous les sens...
Tu as le lien, Oiseau ?
- Invité19Esprit sacré
oui mais ça ne veut pas forcément dire que c'est récupéré par les gaullistes ? mais peut être seulement qu'il y a une imprégnation, même dans des oeuvres au départ commandées par des communistes (ou des hommes proches du communisme), de ce mythe de la "vraie france".
Par ailleurs je trouve sa phrase un peu vaseuse, qu'entend elle par "mythe gaullien de la vraie France" ?
après tout la logique résistancialiste est aussi une logique communiste...
bref, je comprends pas trop la logique de son raisonnement ici. A moins que ce ne soit surtout par rapport à l'aspect "sans classe" ?
bref, tu le vois, je suis "fatiguée"...
Par ailleurs je trouve sa phrase un peu vaseuse, qu'entend elle par "mythe gaullien de la vraie France" ?
après tout la logique résistancialiste est aussi une logique communiste...
bref, je comprends pas trop la logique de son raisonnement ici. A moins que ce ne soit surtout par rapport à l'aspect "sans classe" ?
bref, tu le vois, je suis "fatiguée"...
- Invité19Esprit sacré
http://media.eduscol.education.fr/file/lycee/41/0/LyceeGT_Ressources_Hist_02_Th1_Q2_memoires_213410.pdf
page 4.
page 4.
- Invité19Esprit sacré
j'ai retrouvé le passage dans l'article, et je comprends mieux, dès lors qu'il y a plusieurs commanditaires en effet... intéressant donc, le cas de ce film
- CondorcetOracle
Oiseau phenix a écrit:http://media.eduscol.education.fr/file/lycee/41/0/LyceeGT_Ressources_Hist_02_Th1_Q2_memoires_213410.pdf
page 4.
Je pense qu'Eduscol appelle de ses voeux un tel examen plus qu'il ne prophétise.
"Le temps est venu de" : que de fois lit-on cela sous la plume d'un haut fonctionnaire ou d'un(e) dirigeant(e) politique.
- CondorcetOracle
Oiseau phenix a écrit:j'ai retrouvé le passage dans l'article, et je comprends mieux, dès lors qu'il y a plusieurs commanditaires en effet... intéressant donc, le cas de ce film
Itou
Tu as une lecture plus fine de l'article que j'ai parcouru en diagonale.
- Invité19Esprit sacré
condorcet a écrit:Oiseau phenix a écrit:http://media.eduscol.education.fr/file/lycee/41/0/LyceeGT_Ressources_Hist_02_Th1_Q2_memoires_213410.pdf
page 4.
Je pense qu'Eduscol appelle de ses voeux un tel examen plus qu'il ne prophétise.
"Le temps est venu de" : que de fois lit-on cela sous la plume d'un haut fonctionnaire ou d'un(e) dirigeant(e) politique.
je me suis posé la question, mais je trouve ça un peu étrange, après tout ce n'est pas leur rôle d'appeler à... et puis si tu regardes les phrases qui précèdent, on dirait bien qu'ils évoquent ici l'ultime phase / la phase actuelle. C'est un peu flou, mais je trouve également étrange qu'ils ne mentionnent pas ici cette question des lois mémorielles, de la concurrence des mémoires...
- Invité19Esprit sacré
condorcet a écrit:Oiseau phenix a écrit:j'ai retrouvé le passage dans l'article, et je comprends mieux, dès lors qu'il y a plusieurs commanditaires en effet... intéressant donc, le cas de ce film
Itou
Tu as une lecture plus fine de l'article que j'ai parcouru en diagonale.
je suis juste tombée sur le bon passage !
- Invité19Esprit sacré
voici mon cours. La conclusion est toute pourrie pour l'instant, c'est normal. Il manque des activités dans le III et je bloque beaucoup pour faire saisir aux élèves qu'on ne peut pas mettre sur le même plan le Chagrin et la pitié et le bouquin de Paxton.
Il faut que je complète sur la période des procès et sur le négationnisme.
Merci Al-Qalam, je me suis parfois servi de ton cours, et parfois je me suis rendue compte après coup qu'on devait avoir les mêmes sources !
Introduction :
documents d'accroche : extraits de manuels scolaires de cours moyen relatant la période de la guerre du point de vue français (1964 et 1997) => conceptions différentes, qui montrent l'irruption des enjeux de mémoire dans la façon de raconter l'histoire aux enfants. Contexte 60s : nier le poids de Vichy, mettre l'accent sur la Résistance.
On perçoit bien ici que les mémoires relèvent fondamentalement de la subjectivité (= elles dépendent des acteurs qui les élaborent), alors que la démarche de l'historien relève d'un processus de vérité, même si cette vérité historique n'est pas figée et évolue en fonction de l'accès aux sources (ouverture progressive des archives), et des préoccupations de l'époque à laquelle vit l'historien (on ne se pose pas les mêmes questions à toutes les époques). La mémoire, quant à elle, sert les intérêts matériels ou symboliques d'un groupe. Or, les évènements traumatiques de la Seconde Guerre mondiale ont laissé le pays affaibli et l'unité de la nation semble rompue, et plusieurs groupes mémoriels vont s'affronter autour des questions de la collaboration de Vichy avec l'Allemagne nazie, de la résistance, de la déportation des juifs...
Il s'agira donc de se demander en quoi les mémoires étudiées, qui sont multiples, dépendent étroitement du contexte de leur élaboration. Le travail de l'historien consiste en particulier à faire de ces mémoires des objets d'histoire, c'est-à-dire à s'en mettre à distance en identifiant leurs rythmes d'émergence et les motivations des différents acteurs.
I) De 1945 aux années 1960 : une mémoire univoque, qui passe par la mise en valeur de la résistance
Au moment de la Libération, les vaincus, jugés coupables, subissent l'épuration : d'abord une phase d'épuration sauvage, hors cadre judiciaire (= 10 000 exécutions), puis une épuration légale et institutionnelle qui concerne 125 000 personnes et en condamne 50 000 => enjeu politique puisqu'elle est tantôt jugée excessive, tantôt trop clémente. Deux lois d'amnistie sont votées dès 1951 et 1953, qui libèrent la plupart des personnes encore détenues du fait de leurs activités pendant la guerre.
A) le gaullisme, ou faire de la France un pays de résistants : nier le poids de Vichy
La résistance a avant tout été incarnée, depuis l'Angleterre, par le général de Gaulle, depuis l'Appel du 18 juin : ce dernier incarne donc la France résistante. Le gaullisme va tenter d'effacer le souvenir de la collaboration de Vichy, en mettant en valeur le fait que le vrai gouvernement de la France se trouvait à Londres avec de Gaulle.
Quel enjeu ? => il s'agit de rassembler les Français (pour œuvrer à la reconstruction morale et matérielle du pays) => c'est ainsi que s'établit le mythe d'une France de 40 millions de résistants, et d'une France qui se serait libérée elle-même (la mémoire gaulliste tend ainsi à minimiser le rôle des Alliés). Comment entretenir cette mémoire mythifiée de la résistance ?
Commentaire de texte sur la panthéonisation de Jean Moulin, par Malraux.
Compléter par le texte de Henri Rousso sur la cérémonie de 1964 (texte 4 p 50 du Bordas)
=> les évènements historiques mis en avant le sont donc non par souci de vérité historique, mais bien parce qu'ils répondent alors aux desseins des gaullistes, dans un contexte où les Français semblent avoir besoin d'oublier la période de la guerre et ses divisions
B) L'autre mémoire résistante: la mémoire communiste
Les gaullistes n'ont pas été les seuls à vouloir incarner le souvenir d'une France résistante : doc sur le parti des 75 000 fusillés. Mettent en avant leur rôle dans la résistance intérieure.
Oeuvres de commande. Exemple : film La bataille du rail, de René Clément, 1946. Vidéo INA de la bande annonce. En quoi cette œuvre de commande participe-t-elle à l'entretien de la mémoire résistancialiste ? (terme de l'historien Henri Rousso)
texte du Hatier p 53, critique de la mémoire coco contre la mémoire gaulliste.
Demander aux élèves quelles questions ce texte peut nous amener à nous poser sur les mémoires gaulliste et communiste.
=> qu'est-ce que ce texte révèle des rapports qu'entretiennent les différentes mémoires d'après G ?
=> que passe sous silence la mémoire communiste, et pourquoi ?
=> en quoi ce texte permet-il aux gaullistes de se poser comme conservateurs de l'histoire de la 2e GM ?
Pistes de réponse : Concurrence des mémoires, puisque gaullistes et communistes n'ont pas les mêmes objectifs politiques / mémoire communiste très sélective (pacte germano-soviétique passé sous silence). Gaullistes prétendent rétablir la vérité historique alors qu'il s'agit aussi pour eux de réaffirmer leur légitimité et de montrer que de Gaulle est le résistant de la première heure, sans lequel l'unification de la résistance intérieure n'eut pas été possible
=> pb de l'occultation des autres mémoires... conséquences politiques et judiciaires de l'occultation de Vichy : en 1953, lors du procès des membres de la division Das Reich coupables d'avoir massacré plus de 600 villageois à Oradour sur Glane en juin 1944, les 12 « malgré nous » (alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht) ont été condamnés mais aussi amnistiés par la loi de 1953.
II) Des années 1960 aux années 1980 / 90: les autres mémoires ressurgissent
A) Le réveil de la mémoire juive à partir des années 1960
Dans l'immédiat après Guerre, publication de témoignages comme celui de Primo Levi : Si c'est un homme est publié en 1947 mais la réception est très faible (500 exemplaires vendus !!). Procès de Nuremberg en 1946, et si l'anéantissement des juifs fut constamment évoqué, le terme de génocide ne fut que peu employé lors du procès et la distinction entre camp de concentration et camp d'extermination n'était pas encore établie. Le souvenir de la déportation occultait souvent la spécificité de l'anéantissement des juifs (exemple : film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais (1956), qui traite des camps sans jamais évoquer l'extermination des juifs)
=> tournant dans les années 1960 :
1961 : Procès de Eichmann à Jérusalem qui donne pour la première fois la parole à des témoins juifs
1964 : les crimes contre l'humanité (chef d'inculpation datant du procès de Nuremberg) deviennent imprescriptibles
guerre des Six Jours en 1967 : Israël a frôlé la catastrophe militaire, et la diaspora juive a ressenti le besoin de faire valoir la commémoration du génocide (origines de l'Etat d'Israël étant très liées à l'extermination des juifs pendant la guerre)
dates des procès ??
Quelques années après l'émergence d'une mémoire juive, se font connaître, dans les milieux d'extrême droite, des thèses négationnistes, dans les années 1970 :
or, c'est précisément à la même époque que les historiens reviennent sur la réévaluation du régime de Vichy, qui n'alla donc pas sans poser difficulté.
B) Vichy revisitée par les historiens, la fin du déni (1970s)
le consensus autour d'une France qui aurait été unanimement résistante s'effrite dès la fin des années 1960, et le film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la pitié, sorti en 1969, marque l'opinion publique. Documentaire qui eut un grand succès au cinéma mais ne put passer à la télévision avant une dizaine d'années, ce qui reflète
Affiche du film : et inviter les élèves à adopter un recul critique ?
En miroir, un extrait de La France de Vichy de l'historien américain Robert Paxton (1973) : quelle différence d'approche ?
=> l'ouvrage de Paxton met au jour le rôle de Vichy dans la collaboration : sans elle, la Révolution nationale (idéologie de Vichy) n'aurait pu se mettre en place.
Autre révélateur de l'évolution de l'opinion publique : les successeurs de De Gaulle ont peiné à imposer leur politique mémorielle. Exemple des vives réactions lorsque le président Pompidou a grâcié en 1972 Paul Touvier, en déclarant qu'il s'agissait « d'oublier ces temps où les Français ne s'aimaient pas ». L'homme politique se place dans une perspective similaire à celle de De Gaulle qui refoulait le passé vichyste, mais se trouve désormais en décalage avec l'opinion : il ne bénéficie pas du passé héroïque de De Gaulle, et le contexte a évolué.
=>
III) Depuis les années 1980/90 : la multiplication des (devoirs de) mémoire
A) De la reconnaissance par l'Etat de la responsabilité de Vichy...
- attitude ambigüe du président de la République Mitterrand (qui fut vichyste puis résistant) : décision de fleurir la tombe de Pétain jusqu'en 1992, refus de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs (seule la responsabilité de Vichy est reconnue) => derniers sursauts officiels du « syndrôme de Vichy » (du livre d'Henri Rousso ; désigne l'ensemble des symptômes qui révèlent l'existence d'un traumatisme engendré par l'Occupation)
- reconnaissance officielle par Chirac des crimes de l'Etat français (1995) => forme d'apaisement se fait jour.
B)... à la recherche d'un consensus mémoriel
- lois mémorielles : la 1e est la loi Gayssot de 1990, qui crée le délit de négationnisme du génocide des Juifs ». Sur le devant de la scène mémorielle, et ce depuis les années 1990, se trouvent ainsi victimes juives (inauguration du Mémorial de la Shoah en 2005). Mais par la suite, multiplication de ces lois visant à figer dans le marbre législatif une certaine vérité historique. Réaction d'une partie des historiens : il ne revient pas à la loi de dicter l'histoire telle qu'elle doit être transmise. Loi Gayssot, est en fait un modèle pour les lois mémorielles ultérieures, et il s'agit pour chaque groupe d'acteurs de faire reconnaître ses revendications :
- Or, se fait jour une tentative de réintégration des diverses mémoires : devoir de mémoire généralisé. Victimes du STO, Justes (personnes ayant sauvé des juifs), Malgré nous revendiquent leur place sur la scène mémorielle. Pour certains, il existe aussi des enjeux matériels (version de pensions de guerre par exemple). Face à cette multiplication des revendications mémorielles, l'Etat multiplie les cérémonies commémoratives et tend à respecter la pluralité des mémoires : y compris celle de l'Allemagne, preuve en est avec Chirac en 2004, qui a invité le chancelier Schröder à assister à la commémoration du débarquement en Normandie.
conclusion : diversité des relais mémoriels utilisés (programmes scolaires, commémorations, films...) ; évolution des mémoires en fonction du contexte historique, des travaux des historiens, et du positionnement du champ politique sur le sujet.
Il faut que je complète sur la période des procès et sur le négationnisme.
Merci Al-Qalam, je me suis parfois servi de ton cours, et parfois je me suis rendue compte après coup qu'on devait avoir les mêmes sources !
Introduction :
documents d'accroche : extraits de manuels scolaires de cours moyen relatant la période de la guerre du point de vue français (1964 et 1997) => conceptions différentes, qui montrent l'irruption des enjeux de mémoire dans la façon de raconter l'histoire aux enfants. Contexte 60s : nier le poids de Vichy, mettre l'accent sur la Résistance.
On perçoit bien ici que les mémoires relèvent fondamentalement de la subjectivité (= elles dépendent des acteurs qui les élaborent), alors que la démarche de l'historien relève d'un processus de vérité, même si cette vérité historique n'est pas figée et évolue en fonction de l'accès aux sources (ouverture progressive des archives), et des préoccupations de l'époque à laquelle vit l'historien (on ne se pose pas les mêmes questions à toutes les époques). La mémoire, quant à elle, sert les intérêts matériels ou symboliques d'un groupe. Or, les évènements traumatiques de la Seconde Guerre mondiale ont laissé le pays affaibli et l'unité de la nation semble rompue, et plusieurs groupes mémoriels vont s'affronter autour des questions de la collaboration de Vichy avec l'Allemagne nazie, de la résistance, de la déportation des juifs...
Il s'agira donc de se demander en quoi les mémoires étudiées, qui sont multiples, dépendent étroitement du contexte de leur élaboration. Le travail de l'historien consiste en particulier à faire de ces mémoires des objets d'histoire, c'est-à-dire à s'en mettre à distance en identifiant leurs rythmes d'émergence et les motivations des différents acteurs.
I) De 1945 aux années 1960 : une mémoire univoque, qui passe par la mise en valeur de la résistance
Au moment de la Libération, les vaincus, jugés coupables, subissent l'épuration : d'abord une phase d'épuration sauvage, hors cadre judiciaire (= 10 000 exécutions), puis une épuration légale et institutionnelle qui concerne 125 000 personnes et en condamne 50 000 => enjeu politique puisqu'elle est tantôt jugée excessive, tantôt trop clémente. Deux lois d'amnistie sont votées dès 1951 et 1953, qui libèrent la plupart des personnes encore détenues du fait de leurs activités pendant la guerre.
A) le gaullisme, ou faire de la France un pays de résistants : nier le poids de Vichy
La résistance a avant tout été incarnée, depuis l'Angleterre, par le général de Gaulle, depuis l'Appel du 18 juin : ce dernier incarne donc la France résistante. Le gaullisme va tenter d'effacer le souvenir de la collaboration de Vichy, en mettant en valeur le fait que le vrai gouvernement de la France se trouvait à Londres avec de Gaulle.
Quel enjeu ? => il s'agit de rassembler les Français (pour œuvrer à la reconstruction morale et matérielle du pays) => c'est ainsi que s'établit le mythe d'une France de 40 millions de résistants, et d'une France qui se serait libérée elle-même (la mémoire gaulliste tend ainsi à minimiser le rôle des Alliés). Comment entretenir cette mémoire mythifiée de la résistance ?
Commentaire de texte sur la panthéonisation de Jean Moulin, par Malraux.
Compléter par le texte de Henri Rousso sur la cérémonie de 1964 (texte 4 p 50 du Bordas)
=> les évènements historiques mis en avant le sont donc non par souci de vérité historique, mais bien parce qu'ils répondent alors aux desseins des gaullistes, dans un contexte où les Français semblent avoir besoin d'oublier la période de la guerre et ses divisions
B) L'autre mémoire résistante: la mémoire communiste
Les gaullistes n'ont pas été les seuls à vouloir incarner le souvenir d'une France résistante : doc sur le parti des 75 000 fusillés. Mettent en avant leur rôle dans la résistance intérieure.
Oeuvres de commande. Exemple : film La bataille du rail, de René Clément, 1946. Vidéo INA de la bande annonce. En quoi cette œuvre de commande participe-t-elle à l'entretien de la mémoire résistancialiste ? (terme de l'historien Henri Rousso)
texte du Hatier p 53, critique de la mémoire coco contre la mémoire gaulliste.
Demander aux élèves quelles questions ce texte peut nous amener à nous poser sur les mémoires gaulliste et communiste.
=> qu'est-ce que ce texte révèle des rapports qu'entretiennent les différentes mémoires d'après G ?
=> que passe sous silence la mémoire communiste, et pourquoi ?
=> en quoi ce texte permet-il aux gaullistes de se poser comme conservateurs de l'histoire de la 2e GM ?
Pistes de réponse : Concurrence des mémoires, puisque gaullistes et communistes n'ont pas les mêmes objectifs politiques / mémoire communiste très sélective (pacte germano-soviétique passé sous silence). Gaullistes prétendent rétablir la vérité historique alors qu'il s'agit aussi pour eux de réaffirmer leur légitimité et de montrer que de Gaulle est le résistant de la première heure, sans lequel l'unification de la résistance intérieure n'eut pas été possible
=> pb de l'occultation des autres mémoires... conséquences politiques et judiciaires de l'occultation de Vichy : en 1953, lors du procès des membres de la division Das Reich coupables d'avoir massacré plus de 600 villageois à Oradour sur Glane en juin 1944, les 12 « malgré nous » (alsaciens incorporés de force dans la Wehrmacht) ont été condamnés mais aussi amnistiés par la loi de 1953.
II) Des années 1960 aux années 1980 / 90: les autres mémoires ressurgissent
A) Le réveil de la mémoire juive à partir des années 1960
Dans l'immédiat après Guerre, publication de témoignages comme celui de Primo Levi : Si c'est un homme est publié en 1947 mais la réception est très faible (500 exemplaires vendus !!). Procès de Nuremberg en 1946, et si l'anéantissement des juifs fut constamment évoqué, le terme de génocide ne fut que peu employé lors du procès et la distinction entre camp de concentration et camp d'extermination n'était pas encore établie. Le souvenir de la déportation occultait souvent la spécificité de l'anéantissement des juifs (exemple : film Nuit et Brouillard d'Alain Resnais (1956), qui traite des camps sans jamais évoquer l'extermination des juifs)
=> tournant dans les années 1960 :
1961 : Procès de Eichmann à Jérusalem qui donne pour la première fois la parole à des témoins juifs
1964 : les crimes contre l'humanité (chef d'inculpation datant du procès de Nuremberg) deviennent imprescriptibles
guerre des Six Jours en 1967 : Israël a frôlé la catastrophe militaire, et la diaspora juive a ressenti le besoin de faire valoir la commémoration du génocide (origines de l'Etat d'Israël étant très liées à l'extermination des juifs pendant la guerre)
dates des procès ??
Quelques années après l'émergence d'une mémoire juive, se font connaître, dans les milieux d'extrême droite, des thèses négationnistes, dans les années 1970 :
or, c'est précisément à la même époque que les historiens reviennent sur la réévaluation du régime de Vichy, qui n'alla donc pas sans poser difficulté.
B) Vichy revisitée par les historiens, la fin du déni (1970s)
le consensus autour d'une France qui aurait été unanimement résistante s'effrite dès la fin des années 1960, et le film de Marcel Ophüls, Le Chagrin et la pitié, sorti en 1969, marque l'opinion publique. Documentaire qui eut un grand succès au cinéma mais ne put passer à la télévision avant une dizaine d'années, ce qui reflète
Affiche du film : et inviter les élèves à adopter un recul critique ?
En miroir, un extrait de La France de Vichy de l'historien américain Robert Paxton (1973) : quelle différence d'approche ?
=> l'ouvrage de Paxton met au jour le rôle de Vichy dans la collaboration : sans elle, la Révolution nationale (idéologie de Vichy) n'aurait pu se mettre en place.
Autre révélateur de l'évolution de l'opinion publique : les successeurs de De Gaulle ont peiné à imposer leur politique mémorielle. Exemple des vives réactions lorsque le président Pompidou a grâcié en 1972 Paul Touvier, en déclarant qu'il s'agissait « d'oublier ces temps où les Français ne s'aimaient pas ». L'homme politique se place dans une perspective similaire à celle de De Gaulle qui refoulait le passé vichyste, mais se trouve désormais en décalage avec l'opinion : il ne bénéficie pas du passé héroïque de De Gaulle, et le contexte a évolué.
=>
III) Depuis les années 1980/90 : la multiplication des (devoirs de) mémoire
A) De la reconnaissance par l'Etat de la responsabilité de Vichy...
- attitude ambigüe du président de la République Mitterrand (qui fut vichyste puis résistant) : décision de fleurir la tombe de Pétain jusqu'en 1992, refus de reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs (seule la responsabilité de Vichy est reconnue) => derniers sursauts officiels du « syndrôme de Vichy » (du livre d'Henri Rousso ; désigne l'ensemble des symptômes qui révèlent l'existence d'un traumatisme engendré par l'Occupation)
- reconnaissance officielle par Chirac des crimes de l'Etat français (1995) => forme d'apaisement se fait jour.
B)... à la recherche d'un consensus mémoriel
- lois mémorielles : la 1e est la loi Gayssot de 1990, qui crée le délit de négationnisme du génocide des Juifs ». Sur le devant de la scène mémorielle, et ce depuis les années 1990, se trouvent ainsi victimes juives (inauguration du Mémorial de la Shoah en 2005). Mais par la suite, multiplication de ces lois visant à figer dans le marbre législatif une certaine vérité historique. Réaction d'une partie des historiens : il ne revient pas à la loi de dicter l'histoire telle qu'elle doit être transmise. Loi Gayssot, est en fait un modèle pour les lois mémorielles ultérieures, et il s'agit pour chaque groupe d'acteurs de faire reconnaître ses revendications :
- Or, se fait jour une tentative de réintégration des diverses mémoires : devoir de mémoire généralisé. Victimes du STO, Justes (personnes ayant sauvé des juifs), Malgré nous revendiquent leur place sur la scène mémorielle. Pour certains, il existe aussi des enjeux matériels (version de pensions de guerre par exemple). Face à cette multiplication des revendications mémorielles, l'Etat multiplie les cérémonies commémoratives et tend à respecter la pluralité des mémoires : y compris celle de l'Allemagne, preuve en est avec Chirac en 2004, qui a invité le chancelier Schröder à assister à la commémoration du débarquement en Normandie.
conclusion : diversité des relais mémoriels utilisés (programmes scolaires, commémorations, films...) ; évolution des mémoires en fonction du contexte historique, des travaux des historiens, et du positionnement du champ politique sur le sujet.
- CondorcetOracle
Oiseau phenix a écrit:voici mon cours. La conclusion est toute pourrie pour l'instant, c'est normal. Il manque des activités dans le III et je bloque beaucoup pour faire saisir aux élèves qu'on ne peut pas mettre sur le même plan le Chagrin et la pitié et le bouquin de Paxton.
Ta phrase n'est pas complète à cet endroit du cours.
Autre chose : dans ton endroit, tu présentes l'historien comme objectif mais lui aussi est dépositaire d'une mémoire particulière (au moins celle de sa famille et de sa profession) et sa focale varie selon ses curiosités. Je ne suis pas sûr que G. Pompidou se place dans une perspective similaire à Charles de Gaulle concernant les résistants qui lui vouent (à G. Pompidou), je pense, une défiance assez forte.
- Invité19Esprit sacré
Il me semblait avoir mis en avant la subjectivité historienne en intro mais je n insiste peut être pas assez.
Pour la phrase incomplète c est normal, c est du work in progress
Pour Pompidou je voulais dire que la perspective est assez similaire concernant la volonté d' effacer Vichy.. même si la réception est toute différente (pas de passé héroïque). Je crois que c est Rousso qui le souligne, je vais vérifier
Merci pour tes remarques : si tu en as d' autres ...
Pour la phrase incomplète c est normal, c est du work in progress
Pour Pompidou je voulais dire que la perspective est assez similaire concernant la volonté d' effacer Vichy.. même si la réception est toute différente (pas de passé héroïque). Je crois que c est Rousso qui le souligne, je vais vérifier
Merci pour tes remarques : si tu en as d' autres ...
- CondorcetOracle
De Gaulle efface Vichy pour recréer l'unité nationale et Pompidou commence à trouver certains barons gaullistes bien pesants...
Je ne comprends pas bien le passage sur François Mitterrand et Vichy (puisque Vichy est l'Etat français) : je dois être fatigué, moi !
Edit : disons que Jacques Chirac y introduit plus nettement le devoir de désobéissance face à un ordre inique et pas François Mitterrand.
Je ne comprends pas bien le passage sur François Mitterrand et Vichy (puisque Vichy est l'Etat français) : je dois être fatigué, moi !
Edit : disons que Jacques Chirac y introduit plus nettement le devoir de désobéissance face à un ordre inique et pas François Mitterrand.
- Invité19Esprit sacré
C est plutôt le passage sur Chirac qui est ambigu tu veux dire ? Ça m a frappée parce qu il parle de la responsabilité des Francais et de l'Etat Francais, mais parle t il alors de l entité étatique supra temporelle, ou du synonyme de Vichy ??
- Invité19Esprit sacré
Réponse à ton édit : va falloir que je creuse les positions de chacun...
- CondorcetOracle
F. Mitterrand semble dire que la responsabilité de Vichy est engagée dans la Shoah à son corps défendant alors que J. Chirac l'étend à Vichy agissant consciemment et à des Français [non fonctionnaires aidant Vichy (comme certains concierges...)] (l'exemple entre les crochets est de mon cru).
- Invité19Esprit sacré
D'accord. Mitterrand, en bon vichysto résistant, est toujours un peu dans la perspective du double jeu en somme..
C est bon de pouvoir échanger avec toi !
C est bon de pouvoir échanger avec toi !
- CondorcetOracle
Le plaisir est réciproque !
Bon, j'espère que tes vacances autrichiennes/hongroises vont t'apporter beaucoup de détente et de confiance :flower: :flower: :flower:
Bon, j'espère que tes vacances autrichiennes/hongroises vont t'apporter beaucoup de détente et de confiance :flower: :flower: :flower:
- Invité19Esprit sacré
Condorcet, toi qui es spécialiste du sujet : c'est abusif d'employer l'expression "télévision d'Etat" pour l'ORTF ?
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