Re: Les causes de l'échec scolaire

Tu t'exprimes pourtant très clairement, pour quelqu'un qui prétend n'être intéressé aujourd'hui que par la bronzette insulaire ! Razz

Entièrement d'accord avec toi : l'école et l'échec scolaire sont instrumentalisés par les lois du marché, un peu comme "la crise", qui permet de faire passer des réformes dangereuses et liberticides.

Edit : I was talking to Steppenwolf.

@ Clarinette Les causes de l'échec scolaire - Page 3 2252222100

La vision utilitariste du savoir, que je déplore également, est encore renforcée par ce :censure: socle et ses compétences qui doivent ouvrir les barrières (portes de prison, tant qu'on y est !) de l'école sur "la vraie vie". furieux

Axel a écrit:des adolescents qui s'ennuient, qui se découragent, qui ne comprennent pas où le professeur veut en venir, qui ne comprennent absolument pas pourquoi ils devraient apprendre quelque chose qui ne les intéresse pas et dont ils pensent qu'ils n'auront jamais besoin dans la vie. Et pas mal d'adolescents mal dans leur peau, que les critiques et remarques blessantes ne stimulent absolument pas mais poussent au contraire à croire que les études ce n'est pas pour eux.

Voilà que je débarque sur ce sujet et je constate qu'on y évoque mes années de lycée. Trop fort ! :lol:

Dhaiphi a écrit:

Axel a écrit:des adolescents qui s'ennuient, qui se découragent, qui ne comprennent pas où le professeur veut en venir, qui ne comprennent absolument pas pourquoi ils devraient apprendre quelque chose qui ne les intéresse pas et dont ils pensent qu'ils n'auront jamais besoin dans la vie. Et pas mal d'adolescents mal dans leur peau, que les critiques et remarques blessantes ne stimulent absolument pas mais poussent au contraire à croire que les études ce n'est pas pour eux.

Voilà que je débarque sur ce sujet et je constate qu'on y évoque mes années de lycée. Trop fort ! :lol:

Ahem, je dois avouer, moi aussi... Embarassed

(Bon je bossais quand même, le minimum, puisque mes parents veillaient au grain.)

Clarinette a écrit:La vision utilitariste du savoir, que je déplore également, est encore renforcée par ce :censure: socle et ses compétences qui doivent ouvrir les barrières (portes de prison, tant qu'on y est !) de l'école sur "la vraie vie".

T'façon, je croyais que la vraie vie, enfin révélée et tout et tout, c'était la littérature... Les causes de l'échec scolaire - Page 3 248604097

Cipango a écrit:

Ponce Pilate a écrit:J'ai bien connu l'époque glorieuse des 1° G (G1 – G2 – G3).
Mais la classe dans laquelle j'ai mené l'enquête était bien une 1° STT.

Donc ce n'était pas il y a vingt ans Ponce Pilate: je vous rappelle que la dernière mouture du bac G a eu lieu en 1994. En 1995, il se nommait "STT". Le basculement s'est donc fait il y a dix-sept ans.

Exact Cipango.
Merci pour cette précision.

Avant de vous livrer la première cause de l'échec scolaire (selon mes élèves) je dois vous placer dans le contexte.

Il y a dix sept ans, j'avais une section de 1° STT composée essentiellement de cancres ou d'élèves en difficulté.
Comme cela ne se passait pas bien du tout entre nous (entre les profs et les élèves), j'ai proposé à cette section :
- de réfléchir au problème de l'échec scolaire
- de créer un site web sur ce thème, pour rendre service, éventuellement, aux cancres de France.
Nous avons commencé par faire un brain-storming (en fait, un brouillon). Puis nous avons construit un mini site, selon le schéma suivant :
- la définition de l'échec scolaire (la définition n'est pas la même pour les profs, les parents, les élèves)
- les causes
- les conséquences (heureuses ou malheureuses)
- les solutions

Quand nous avons abordé les causes, un garçon, instinctivement, a déclaré :
« Personnellement, je suis souvent tombé sur des profs cons »...et toute la classe a abondé dans ce sens.
En y réfléchissant bien, je me suis dit, in petto, que j'étais assez d'accord avec eux.
D'accord avec eux... quand j'avais 20 ans.
Nous avons quand même approfondi. Mes gars et mes filles ont considéré qu'il y avait parfois des causes familiales, des classes difficiles, des établissements mal fréquentés, etc...
Mais, à la sueur de ma patience, je suis enfin parvenu à leur faire remarquer que la principale cause de l'échec venait, en général, de l'élève lui même.

En écrivant ces lignes, je vais peut-être blesser quelques enseignants qui font de leur mieux, tous les jours, de septembre à juin. Pour les réconforter, je dois avouer que je fais partie de la tribu.

Je viens de faire une découverte étonnante.
Les élèves, on l'a vu, imaginent difficilement qu'ils sont responsables de leur propre échec.
Mais nous aussi, les profs, avons tendance à occulter notre responsabilité.

Clarinette a écrit:La vision utilitariste du savoir, que je déplore également, est encore renforcée par ce :censure: socle et ses compétences qui doivent ouvrir les barrières (portes de prison, tant qu'on y est !) de l'école sur "la vraie vie".

Bon, je ne vais pas lancer un "définissez l'échec scolaire" donc je vais partir du fait que échec = redoublements, échec aux examens nationaux et impossibilité de s'orienter dans la filière de son choix.
Chez nous, les causes de l'échec résident à mon sens dans une ghettoisation des familles, le manque d'hétérogénéité sociale. A cela s'ajoute (mais est lié) : des enfants livrés à eux-mêmes, qui mangent ce qu'ils trouvent dans le frigo, n'ont personne pour les aider à la maison, doivent s'occuper des petits frères et petites soeurs, ont vécu des choses dans leur pays d'origine ou en France auxquelles un enfant ne devrait pas être confronté (et que je ne souhaite à personne d'autre), ne voient aucun échappatoire dans l'école (et pour cause...) et n'ont aucune ambition.
En vrac.

Bon, ben, mon histoire de programmes peu conçus pour attirer à eux les élèves dont la culture familiale est très éloignée de l'école, ça ne vous a pas inspiré, qu'on dirait... Et pourtant ! professeur

Tant pis. Je verrai ça un autre jour !

Si DC, j'ai trouvé ça excellent et polychrome en diable ! Les causes de l'échec scolaire - Page 3 2252222100

ponce pilate, quelle était la définition du "prof con" donnée par tes élèves ?

Ben, le mec qui t'oblige à bosser, quelle question ! Razz

Clarinette a écrit:Si DC, j'ai trouvé ça excellent et polychrome en diable !

Ah bon. Merci. Parce que j'ai surtout lu des "ah mais oui, tu comprends, c'est le milieu qui veut ça, pour ces gamins-là, l'école ne peut rien"... Ça me déprime, ça, c'est fou Embarassed

!

Clarinette a écrit:Si DC, j'ai trouvé ça excellent et polychrome en diable !

Tout pareil!

J'ai juste pas tout lu. Et désolée d'être déprimante mais en l'état actuel des choses, dans des quartiers comme celui dans lequel est mon collège, oui, je pense que l'école ne peut rien. Pas seule et pas comme ça.
Ca ne m'empêche pas de faire les mêmes cours qu'à ceux de l'année dernière mais la différence, c'est que ça en laisse beaucoup plus sur le carreau - et qu'à 3 cours différents pour 1h de classe de 5ème, je ne peux pas faire plus et je ne suis pas sûre que ça serve à grand chose.

C'est un débat qui va aussi rejoindre les groupes de compétence (qu'on n'a pas le droit d'appeler groupes de niveaux mais c'est l'idée) sur lesquels je suis très indécise.

Très honnêtement, DC, tu penses qu'à l'heure actuelle, l'école, par l'intermédiaire de quelques personnes, a les moyens de lutter contre le milieu ?

Ergo a écrit:

Très honnêtement, DC, tu penses qu'à l'heure actuelle, l'école, par l'intermédiaire de quelques personnes, a les moyens de lutter contre le milieu ?

Globalement, je crois qu'on y croit beaucoup plus à la campagne !!!
Et personnellement, j'y crois parce que je le vois parmi mes anciens élèves!

Les causes me semblent sociétales, pour ne pas dire philosophiques ou lexicologiques.

Les adultes eux-mêmes ne font plus la différence entre liberté et caprice, entre volonté et désir, entre autonomie et égonomie, entre mérité et dû, entre produire et recopier. Entre vertu et passion.

Quand on enseignait dans les campagnes où l'alcoolisme et l'inceste étaient monnaie courante au début du XXe siècle, c'était plus facile?

Je suis de l'avis de DC. Commençons par instruire de toutes nos forces, et nous verrons bien.

Anaxagore a écrit:Quand on enseignait dans les campagnes où l'alcoolisme et l'inceste étaient monnaie courante au début du XXe siècle, c'était plus facile?

Je suis de l'avis de DC. Commençons par instruire de toutes nos forces, et nous verrons bien.

Les causes de l'échec scolaire - Page 3 C074

Ponce Pilate a écrit:Je viens de faire une découverte étonnante.
Les élèves, on l'a vu, imaginent difficilement qu'ils sont responsables de leur propre échec.
Mais nous aussi, les profs, avons tendance à occulter notre responsabilité.

Euh... sauf que tout au long de sa vie, l'élève X est l'élève X, et reste avec lui-même. Tandis que ses profs changent chaque année... On n'est quand même pas tous recrutés sur le critère de la bêtise et du je-m'en-foutisme, je suis sûre que tu es d'accord.
Et même avec un prof idiot (mettons 50% de profs idiots dans sa scolarité), un élève qui en veut, peut-être qu'il n'aura pas de résultats mirifiques, mais il ne sera pas en "échec".
Par ailleurs, on ne parle que peu de la bêtise des élèves, mais de leur absence de volonté de travailler. On ne va pas non plus dire que la majorité des profs ne veut pas faire progresser ses élèves.
Donc je ne me considère pas comme une bonne prof, j'ai, comme on dit, une "marge de progrès" assez énorme, mais je ne crois pas être responsable, même si peu que ce soit, de l'échec d'un de mes élèves.

Axel a écrit:
.....
Mais ce que je vois, à ma petite échelle, ce sont des enfants, puis des adolescents qui s'ennuient, qui se découragent, qui ne comprennent pas où le professeur veut en venir, qui ne comprennent absolument pas pourquoi ils devraient apprendre quelque chose qui ne les intéresse pas et dont ils pensent qu'ils n'auront jamais besoin dans la vie. Et pas mal d'adolescents mal dans leur peau, que les critiques et remarques blessantes ne stimulent absolument pas mais poussent au contraire à croire que les études ce n'est pas pour eux.....

De 8 ans à 21 ans, j'ai exactement ressenti ce que viens d'écrire.
J'étais insuffisant, puisque tout le monde me le répétait sur mes bulletins scolaires.
Franchement, ce n'est pas une situation agréable !

Anaxagore a écrit:Quand on enseignait dans les campagnes où l'alcoolisme et l'inceste étaient monnaie courante au début du XXe siècle, c'était plus facile?

:shock: :shock: :shock:

Tu viens souvent à la campagne?
J'y ai fait 30 rentrées scolaires et ne pourrais citer que 2 familles correspondant à la première de tes descriptions !