- RavenNevermoreNiveau 2
Hilde a écrit:Aujourd'hui, tous les stagiaires ayant obtenu un concours (Capes ou agreg) sans passer par le master MEEF (donc ceux qui sont passé par le master recherche) ont droit à une année d'INSPE après le concours, sans doute pour remettre leur pendule à l'heure et leur inculquer la doctrine du ministère...
J'ai effectué ce passage obligé cette année - c'est fini depuis la semaine dernière, ô joie, ô délivrance !!! - et sans surprise, ça donne des promotions plutôt frondeuses. Tout le monde ronge son frein avec plus ou moins de difficulté, mais il y a quand même eu quelques clash.
Ah ça me rappelle mon état de quasi euphorie au terme de mes deux années passées à l'INSPE ! Même les plus motivés s'ennuyaient ferme pendant la moitié des cours qui nous pompait inutilement un temps qui aurait été tellement mieux employé ailleurs...
- denis_neoprofsNiveau 5
Désolé d'avance pour le hors-sujet (J'espère ne pas m'être trompé dans les données). Voici l'évolution du taux de réussite (admis/presents) à l'agrégation externe (toutes disciplines confondues, entre 1960 et 2023. Certes, c'est un indicateur à manipuler avec beaucoup de précaution :
La dynamique depuis une vingtaine d'années n'est pas bonne. Mais ça résiste tant bien que mal. (jusqu'à quand ?)
La dynamique depuis une vingtaine d'années n'est pas bonne. Mais ça résiste tant bien que mal. (jusqu'à quand ?)
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Est-ce qu'il ne faudrait pas faire un nuage de points avec le nombre de présents en ordonnée et le nombre d'admis en abscisse et des points reliés par un trait avec une date en étiquette tous les dix ans ?
Parce que, dans cette courbe on ne peut pas savoir si la variation vient de l'évolution du nombre de candidats ou de celle du nombre de postes. Du coup, le choix du graphique pourrait masquer l'information, à mon avis.
Parce que, dans cette courbe on ne peut pas savoir si la variation vient de l'évolution du nombre de candidats ou de celle du nombre de postes. Du coup, le choix du graphique pourrait masquer l'information, à mon avis.
- denis_neoprofsNiveau 5
beaverforever a écrit:Est-ce qu'il ne faudrait pas faire un nuage de points avec le nombre de présents en ordonnée et le nombre d'admis en abscisse et des points reliés par un trait avec une date en étiquette tous les dix ans ?
Parce que, dans cette courbe on ne peut pas savoir si la variation vient de l'évolution du nombre de candidats ou de celle du nombre de postes. Du coup, le choix du graphique pourrait masquer l'information, à mon avis.
Le rapport admis/présents mesure (imparfaitement) la selectivité d'un concours. Et vous avez raison, ses variations peuvent s'expliquer par une variation du nombre d'admis et/ou du nombre de présents. Le graphique montre simplement l'évolution de la "selectivité" du concours depuis 1960. (Si j'ai le temps, j'essaierai de faire ce que vous dites. C'est une bonne idée. Je peux vous passer les données si vous voulez)
Ceci dit, on peut avancer qu'il était "plus difficile" de l'obtenir en 1996 qu'en 2023. C'est tout (sans s'interesser aux causes qui doivent être nombreuses)
- kazamasogetsuNiveau 5
RavenNevermore a écrit:Hilde a écrit:Aujourd'hui, tous les stagiaires ayant obtenu un concours (Capes ou agreg) sans passer par le master MEEF (donc ceux qui sont passé par le master recherche) ont droit à une année d'INSPE après le concours, sans doute pour remettre leur pendule à l'heure et leur inculquer la doctrine du ministère...
J'ai effectué ce passage obligé cette année - c'est fini depuis la semaine dernière, ô joie, ô délivrance !!! - et sans surprise, ça donne des promotions plutôt frondeuses. Tout le monde ronge son frein avec plus ou moins de difficulté, mais il y a quand même eu quelques clash.
Ah ça me rappelle mon état de quasi euphorie au terme de mes deux années passées à l'INSPE ! Même les plus motivés s'ennuyaient ferme pendant la moitié des cours qui nous pompait inutilement un temps qui aurait été tellement mieux employé ailleurs...
Dans pas mal d'IUFM, et il me semble que c'est toujours le cas, l'assiduité aux formatages est devenuun critère de validation majeur pour contrer l'absentéisme / boycott massif...
- HildeNiveau 6
Je confirme que c'est fliqué à mort. Signature obligatoire pour chaque demi-journée de présence. Une bonne douzaine de travaux à rendre dans l'année : séquences à rendre avec des contraintes spécifiques (différenciation, classe inversée...) donnant lieu à des entretiens d'évaluation, jeux pédagogiques, podcasts, escape games, cartes sensibles, fiches d'organisation de sorties scolaires, et bien sûr le pseudo-mémoire qui doit rendre compte de tes aptitudes de "praticien réflexif".
- valleExpert spécialisé
Ce projet devait être discuté en comité technique ministériel. Quelqu'un sait ce qu'il en est ?
- muonNiveau 6
Hilde a écrit:Je confirme que c'est fliqué à mort. Signature obligatoire pour chaque demi-journée de présence. Une bonne douzaine de travaux à rendre dans l'année : séquences à rendre avec des contraintes spécifiques (différenciation, classe inversée...) donnant lieu à des entretiens d'évaluation, jeux pédagogiques, podcasts, escape games, cartes sensibles, fiches d'organisation de sorties scolaires, et bien sûr le pseudo-mémoire qui doit rendre compte de tes aptitudes de "praticien réflexif".
Et tout ça pour un boulot "bac+5" dont l’échelon 1 est à 1543€ nets pour un smic à 1398 € nets. Entre maltraitance, culpabilisation, infantilisation, servitude volontaire, etc... on peut tout se permettre avec les profs. Je n’ai jamais entendu des fonctionnaires stagiaires d’autres corps subir de telles inepties et être aussi peu considérés. Je ne vois pas d’élan de la profession non plus pour que cela cesse. Finalement on a peut-être que ce qu’on mérite.
- Madame_ProfEsprit sacré
Communiqué du Snes-Fsu :
https://www.snes.edu/article/deconcentration-de-la-gestion-des-carrieres-des-professeur%C2%B7es-agrege%C2%B7es/
https://www.snes.edu/article/deconcentration-de-la-gestion-des-carrieres-des-professeur%C2%B7es-agrege%C2%B7es/
_________________
2017-2025 - 10ème établissement, en poste fixe ! Et, militante (encore, malgré tout...) !
2013-2017 - TZR en expérimentation au gré des établissements, et militante !
2012-2013 - Année de stage en collège
- SoiréeHabitué du forum
Cette haine des agrégés est intolérable ! Merci de la documenter précisément.
- marjoDoyen
Ascagne a écrit:J'ai trouvé l'agrégation plus facile que le concours d'Ulm A/L, mais au fond, après de très bons résultats durant l'hypo et la khâgne, j'ai fait de véritables énormes contre-performances au concours lui-même, ce qui ne m'a pas donné envie de khûber (en tout cas, l'envie était passée au moment où on m'a proposé à la dernière minute une place dans une prépa) et a sans doute influencé ma perception de l'affaire. Je ne suis pas une bête à concours.
Concernant l'agrégation, en lettres, pour parler de l'externe, il me semble que le concours ne pousse pas moins à "se dépasser" qu'autrefois. Dans ma section de lettres classiques, je vois qu'il y a eu des variations notables du nombre de postes, avec des périodes où le concours a été beaucoup plus sélectif : grosso modo de 2006 à 2011. Je ne regrette pas d'avoir fait partie des cohortes profitant de la hausse des postes. Je remarque que c'est très différent d'envisager le même concours quand il y a 40 places ou quand il y en a autour de 70-75 (pour reprendre l'exemple des LC)...
J'ai passé l'agrégation l'année où il avait 40 postes. Je l'ai eue (du premier coup), classée 32e je crois (je ne me souviens plus) : eh bien, même si j'ai réussi "l'exploit" en quelque sorte d'être admise du premier coup une année de vaches maigres, j'ai ensuite obtenu un poste un peu moisi pour mon stage, vu que l'affectation dépendait en grande partie du rang obtenu au concours, et que cela fonctionnait par déciles, ce qui dans mon cas n'était pas avantageux du tout. Toute l'année de préparation, je me suis répété qu'il n'y avait de toute façon que 20 places, vu que la moitié, au moins, serait de toute façon obtenue par les normaliens. Je me suis mis une pression de dingue cette année-là, et j'ai surtout eu une chance monstre à l'écrit, vu que je n'avais pu travailler correctement dans l'année que quatre des six oeuvres au programme de littérature française (dissertation coefficient 16...)
Sinon, en ce qui concerne le projet en lui-même : les syndicats vont tous voter contre, certainement, et puis ce sera comme la réforme du collège, ça s'appliquera quand même. Je suis tellement dégoûtée du métier à l'heure actuelle que l'idée de "lâcher" mon agrégation en allant faire autre chose me gêne de moins en moins.
- CasparProphète
Madame_Prof a écrit:Communiqué du Snes-Fsu :
https://www.snes.edu/article/deconcentration-de-la-gestion-des-carrieres-des-professeur%C2%B7es-agrege%C2%B7es/
Quand je lis ça je suis content d'être dans le dernier tiers de ma carrière et plus vraiment directement concerné (j'espère). Ça va passer comme une lettre à la poste de toute façon malheureusement.
- IridianeFidèle du forum
marjo a écrit:Ascagne a écrit:J'ai trouvé l'agrégation plus facile que le concours d'Ulm A/L, mais au fond, après de très bons résultats durant l'hypo et la khâgne, j'ai fait de véritables énormes contre-performances au concours lui-même, ce qui ne m'a pas donné envie de khûber (en tout cas, l'envie était passée au moment où on m'a proposé à la dernière minute une place dans une prépa) et a sans doute influencé ma perception de l'affaire. Je ne suis pas une bête à concours.
Concernant l'agrégation, en lettres, pour parler de l'externe, il me semble que le concours ne pousse pas moins à "se dépasser" qu'autrefois. Dans ma section de lettres classiques, je vois qu'il y a eu des variations notables du nombre de postes, avec des périodes où le concours a été beaucoup plus sélectif : grosso modo de 2006 à 2011. Je ne regrette pas d'avoir fait partie des cohortes profitant de la hausse des postes. Je remarque que c'est très différent d'envisager le même concours quand il y a 40 places ou quand il y en a autour de 70-75 (pour reprendre l'exemple des LC)...
J'ai passé l'agrégation l'année où il avait 40 postes. Je l'ai eue (du premier coup), classée 32e je crois (je ne me souviens plus) : eh bien, même si j'ai réussi "l'exploit" en quelque sorte d'être admise du premier coup une année de vaches maigres, j'ai ensuite obtenu un poste un peu moisi pour mon stage, vu que l'affectation dépendait en grande partie du rang obtenu au concours, et que cela fonctionnait par déciles, ce qui dans mon cas n'était pas avantageux du tout. Toute l'année de préparation, je me suis répété qu'il n'y avait de toute façon que 20 places, vu que la moitié, au moins, serait de toute façon obtenue par les normaliens. Je me suis mis une pression de dingue cette année-là, et j'ai surtout eu une chance monstre à l'écrit, vu que je n'avais pu travailler correctement dans l'année que quatre des six oeuvres au programme de littérature française (dissertation coefficient 16...)
Sinon, en ce qui concerne le projet en lui-même : les syndicats vont tous voter contre, certainement, et puis ce sera comme la réforme du collège, ça s'appliquera quand même. Je suis tellement dégoûtée du métier à l'heure actuelle que l'idée de "lâcher" mon agrégation en allant faire autre chose me gêne de moins en moins.
Concernant ta dernière remarque : il y a un tel fossé entre les exigences de l’agrégation et la réalité du métier dans toutes ses facettes que ce système ne peut pas perdurer. Si l’agregation, en tout cas l’externe, survit à peu près, c’est parce qu’elle est souvent nécessaire (en tout cas en LSHS) pour aller enseigner dans le supérieur. Mais pour les personnes qui l’ont passée sans que ce soit dans ce but, il est bien évident que les avantages qu’elle apporte ne sont absolument pas suffisants pour faire rester les gens. Si je n’avais pas obtenu mon poste dans le sup, il était évident pour moi que j’aurais renoncé à l’agrégation pour me barrer bien loin.
- ZetitcheurHabitué du forum
C’est ce que je me suis dit en le lisant, moi itou!Caspar a écrit:Madame_Prof a écrit:Communiqué du Snes-Fsu :
https://www.snes.edu/article/deconcentration-de-la-gestion-des-carrieres-des-professeur%C2%B7es-agrege%C2%B7es/
Quand je lis ça je suis content d'être dans le dernier tiers de ma carrière et plus vraiment directement concerné (j'espère). Ça va passer comme une lettre à la poste de toute façon malheureusement.
- ZetitcheurHabitué du forum
Idem pour moi. Juste après l’exaltation des résultats et une année à bosser dur un programme qui m’avait souvent passionnée, me retrouver parachutée face à une classe dont personne ne voulait, avec un emploi du temps moisi et loin de ma région, a été vécu comme une grande violence. Mon année d’assistanat en GB m’avait enthousiasmée vis-à-vis de l’enseignement et j’ai déchanté.Iridiane a écrit:marjo a écrit:Ascagne a écrit:J'ai trouvé l'agrégation plus facile que le concours d'Ulm A/L, mais au fond, après de très bons résultats durant l'hypo et la khâgne, j'ai fait de véritables énormes contre-performances au concours lui-même, ce qui ne m'a pas donné envie de khûber (en tout cas, l'envie était passée au moment où on m'a proposé à la dernière minute une place dans une prépa) et a sans doute influencé ma perception de l'affaire. Je ne suis pas une bête à concours.
Concernant l'agrégation, en lettres, pour parler de l'externe, il me semble que le concours ne pousse pas moins à "se dépasser" qu'autrefois. Dans ma section de lettres classiques, je vois qu'il y a eu des variations notables du nombre de postes, avec des périodes où le concours a été beaucoup plus sélectif : grosso modo de 2006 à 2011. Je ne regrette pas d'avoir fait partie des cohortes profitant de la hausse des postes. Je remarque que c'est très différent d'envisager le même concours quand il y a 40 places ou quand il y en a autour de 70-75 (pour reprendre l'exemple des LC)...
J'ai passé l'agrégation l'année où il avait 40 postes. Je l'ai eue (du premier coup), classée 32e je crois (je ne me souviens plus) : eh bien, même si j'ai réussi "l'exploit" en quelque sorte d'être admise du premier coup une année de vaches maigres, j'ai ensuite obtenu un poste un peu moisi pour mon stage, vu que l'affectation dépendait en grande partie du rang obtenu au concours, et que cela fonctionnait par déciles, ce qui dans mon cas n'était pas avantageux du tout. Toute l'année de préparation, je me suis répété qu'il n'y avait de toute façon que 20 places, vu que la moitié, au moins, serait de toute façon obtenue par les normaliens. Je me suis mis une pression de dingue cette année-là, et j'ai surtout eu une chance monstre à l'écrit, vu que je n'avais pu travailler correctement dans l'année que quatre des six oeuvres au programme de littérature française (dissertation coefficient 16...)
Sinon, en ce qui concerne le projet en lui-même : les syndicats vont tous voter contre, certainement, et puis ce sera comme la réforme du collège, ça s'appliquera quand même. Je suis tellement dégoûtée du métier à l'heure actuelle que l'idée de "lâcher" mon agrégation en allant faire autre chose me gêne de moins en moins.
Concernant ta dernière remarque : il y a un tel fossé entre les exigences de l’agrégation et la réalité du métier dans toutes ses facettes que ce système ne peut pas perdurer. Si l’agregation, en tout cas l’externe, survit à peu près, c’est parce qu’elle est souvent nécessaire (en tout cas en LSHS) pour aller enseigner dans le supérieur. Mais pour les personnes qui l’ont passée sans que ce soit dans ce but, il est bien évident que les avantages qu’elle apporte ne sont absolument pas suffisants pour faire rester les gens. Si je n’avais pas obtenu mon poste dans le sup, il était évident pour moi que j’aurais renoncé à l’agrégation pour me barrer bien loin.
Je me suis très vite dit que je ne tiendrais pas 10 ans dans le métier et je ne sais pas où j’en serais si je n’avais enchaîné direct dans le supérieur. J’admire les collègues du secondaire qui s’accrochent dans des conditions parfois éprouvantes. Donc je considère que l’agrégation a été une bouée de sauvetage.
- lene75Prophète
Iridiane a écrit:Concernant ta dernière remarque : il y a un tel fossé entre les exigences de l’agrégation et la réalité du métier dans toutes ses facettes que ce système ne peut pas perdurer. Si l’agregation, en tout cas l’externe, survit à peu près, c’est parce qu’elle est souvent nécessaire (en tout cas en LSHS) pour aller enseigner dans le supérieur. Mais pour les personnes qui l’ont passée sans que ce soit dans ce but, il est bien évident que les avantages qu’elle apporte ne sont absolument pas suffisants pour faire rester les gens. Si je n’avais pas obtenu mon poste dans le sup, il était évident pour moi que j’aurais renoncé à l’agrégation pour me barrer bien loin.
En réalité c'est là que réside l'essentiel de l’arnaque, et dont la jeune génération a plus conscience. On nous a fait venir dans le métier en nous faisant miroiter des postes dans le supérieur ou au moins des postes dans des lycées de centre-ville. Ce serait d'autant plus facile, nous disait-on, que la génération baby-boom allait massivement libérer les postes de fin de carrière. En gros le deal, c'était chacun son tour : chacun mange son pain noir en début de carrière, mais ensuite ça tourne. Or pour nous ça ne tourne pas, notre tour ne vient pas, parce que les postes intéressants se réduisent comme peau de chagrin, parce que le mouvement est bloqué, parce que le supérieur est bouché faute de postes. Pire, on nous enchaîne à nos postes en nous refusant les détachements, quand encore on arrive à avoir un poste et à le garder, ce qui n'est même plus garanti, avec des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer, là où dans une carrière classique on s'attend à aller vers du mieux, pas vers du pire. Les refus de détachement, ça veut dire que même si on se démène pour se trouver quelque chose par soi-même, on ne peut même pas y aller. Il faut être tombé bien bas pour retenir les gens contre leur gré, pour les empêcher de saisir les opportunités de carrière qui s'offrent à eux. C'est bien compréhensible que les jeunes ne viennent plus : qui signerait pour entrer en prison ? Avec un début de carrière difficile et peu stimulant intellectuellement, mais sans perspective d'amélioration, au contraire. Et à 40 ans il est évidemment plus difficile de partir qu'à 25 : le piège se referme, surtout quand à la base on aime son métier, quand il s'exerce dans des conditions satisfaisantes. Mais les jeunes ne sont pas assez bêtes pour tomber dans le piège. Du moins pas ceux qui ont d'autres perspectives.
- marjoDoyen
lene75 a écrit:Iridiane a écrit:Concernant ta dernière remarque : il y a un tel fossé entre les exigences de l’agrégation et la réalité du métier dans toutes ses facettes que ce système ne peut pas perdurer. Si l’agregation, en tout cas l’externe, survit à peu près, c’est parce qu’elle est souvent nécessaire (en tout cas en LSHS) pour aller enseigner dans le supérieur. Mais pour les personnes qui l’ont passée sans que ce soit dans ce but, il est bien évident que les avantages qu’elle apporte ne sont absolument pas suffisants pour faire rester les gens. Si je n’avais pas obtenu mon poste dans le sup, il était évident pour moi que j’aurais renoncé à l’agrégation pour me barrer bien loin.
En réalité c'est là que réside l'essentiel de l’arnaque, et dont la jeune génération a plus conscience. On nous a fait venir dans le métier en nous faisant miroiter des postes dans le supérieur ou au moins des postes dans des lycées de centre-ville. Ce serait d'autant plus facile, nous disait-on, que la génération baby-boom allait massivement libérer les postes de fin de carrière. En gros le deal, c'était chacun son tour : chacun mange son pain noir en début de carrière, mais ensuite ça tourne. Or pour nous ça ne tourne pas, notre tour ne vient pas, parce que les postes intéressants se réduisent comme peau de chagrin, parce que le mouvement est bloqué, parce que le supérieur est bouché faute de postes. Pire, on nous enchaîne à nos postes en nous refusant les détachements, quand encore on arrive à avoir un poste et à le garder, ce qui n'est même plus garanti, avec des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer, là où dans une carrière classique on s'attend à aller vers du mieux, pas vers du pire. Les refus de détachement, ça veut dire que même si on se démène pour se trouver quelque chose par soi-même, on ne peut même pas y aller. Il faut être tombé bien bas pour retenir les gens contre leur gré, pour les empêcher de saisir les opportunités de carrière qui s'offrent à eux. C'est bien compréhensible que les jeunes ne viennent plus : qui signerait pour entrer en prison ? Avec un début de carrière difficile et peu stimulant intellectuellement, mais sans perspective d'amélioration, au contraire. Et à 40 ans il est évidemment plus difficile de partir qu'à 25 : le piège se referme, surtout quand à la base on aime son métier, quand il s'exerce dans des conditions satisfaisantes. Mais les jeunes ne sont pas assez bêtes pour tomber dans le piège. Du moins pas ceux qui ont d'autres perspectives.
Exactement.
- IridianeFidèle du forum
lene75 a écrit:Iridiane a écrit:Concernant ta dernière remarque : il y a un tel fossé entre les exigences de l’agrégation et la réalité du métier dans toutes ses facettes que ce système ne peut pas perdurer. Si l’agregation, en tout cas l’externe, survit à peu près, c’est parce qu’elle est souvent nécessaire (en tout cas en LSHS) pour aller enseigner dans le supérieur. Mais pour les personnes qui l’ont passée sans que ce soit dans ce but, il est bien évident que les avantages qu’elle apporte ne sont absolument pas suffisants pour faire rester les gens. Si je n’avais pas obtenu mon poste dans le sup, il était évident pour moi que j’aurais renoncé à l’agrégation pour me barrer bien loin.
En réalité c'est là que réside l'essentiel de l’arnaque, et dont la jeune génération a plus conscience. On nous a fait venir dans le métier en nous faisant miroiter des postes dans le supérieur ou au moins des postes dans des lycées de centre-ville. Ce serait d'autant plus facile, nous disait-on, que la génération baby-boom allait massivement libérer les postes de fin de carrière. En gros le deal, c'était chacun son tour : chacun mange son pain noir en début de carrière, mais ensuite ça tourne. Or pour nous ça ne tourne pas, notre tour ne vient pas, parce que les postes intéressants se réduisent comme peau de chagrin, parce que le mouvement est bloqué, parce que le supérieur est bouché faute de postes. Pire, on nous enchaîne à nos postes en nous refusant les détachements, quand encore on arrive à avoir un poste et à le garder, ce qui n'est même plus garanti, avec des conditions de travail qui ne cessent de se détériorer, là où dans une carrière classique on s'attend à aller vers du mieux, pas vers du pire. Les refus de détachement, ça veut dire que même si on se démène pour se trouver quelque chose par soi-même, on ne peut même pas y aller. Il faut être tombé bien bas pour retenir les gens contre leur gré, pour les empêcher de saisir les opportunités de carrière qui s'offrent à eux. C'est bien compréhensible que les jeunes ne viennent plus : qui signerait pour entrer en prison ? Avec un début de carrière difficile et peu stimulant intellectuellement, mais sans perspective d'amélioration, au contraire. Et à 40 ans il est évidemment plus difficile de partir qu'à 25 : le piège se referme, surtout quand à la base on aime son métier, quand il s'exerce dans des conditions satisfaisantes. Mais les jeunes ne sont pas assez bêtes pour tomber dans le piège. Du moins pas ceux qui ont d'autres perspectives.
Oui, absolument d’accord avec tout ça.
- AscagneGrand sage
Je suis d'accord avec la majeure partie du message, à ceci près qu'on ne m'a rien fait miroiter. En revanche chacun peut légitimement espérer une suite de carrière meilleure, mais il faut être sacrément optimiste pour y croire aujourd'hui. Je suis en LC et je n'ose même pas demander une mutation parce que je trouve ça trop risqué. La perspective du supérieur s'éloigne chaque jour de plus en plus (à part miracle), notamment à cause du fait que le métier au quotidien m'anesthésie complètement : même en ayant globalement moins d'élèves ou de travail que pas mal de collègues, je ne trouve pas l'énergie de me replonger dans des recherches. La non reconnaissance du doctorat dans l'EN n'aide pas : un docteur ou à la rigueur un docteur qualifié devrait au moins avoir des facilités pour pouvoir participer à un ou deux colloques/congrès sur temps scolaire, mais non. Concernant le reste, le problème, quand on n'a pas la vocation du secondaire, c'est qu'après quelques années, qu'est-ce qu'il reste comme perspective ? Suite à mon PPCR, après une période où j'étais rassuré, j'ai finalement été très démotivé : aucune envie de rester dans un métier où je ne pourrai pas dépasser la case du "satisfaisant" alors que j'ai sans doute des compétences pour être meilleur et mieux vivre ma vie professionnelle, mais ailleurs - encore faut-il trouver où, vu la pénurie des postes dans le supérieur.
- CasparProphète
Ascagne a écrit:Je suis d'accord avec la majeure partie du message, à ceci près qu'on ne m'a rien fait miroiter. En revanche chacun peut légitimement espérer une suite de carrière meilleure, mais il faut être sacrément optimiste pour y croire aujourd'hui. Je suis en LC et je n'ose même pas demander une mutation parce que je trouve ça trop risqué. La perspective du supérieur s'éloigne chaque jour de plus en plus (à part miracle), notamment à cause du fait que le métier au quotidien m'anesthésie complètement : même en ayant globalement moins d'élèves ou de travail que pas mal de collègues, je ne trouve pas l'énergie de me replonger dans des recherches. La non reconnaissance du doctorat dans l'EN n'aide pas : un docteur ou à la rigueur un docteur qualifié devrait au moins avoir des facilités pour pouvoir participer à un ou deux colloques/congrès sur temps scolaire, mais non. Concernant le reste, le problème, quand on n'a pas la vocation du secondaire, c'est qu'après quelques années, qu'est-ce qu'il reste comme perspective ? Suite à mon PPCR, après une période où j'étais rassuré, j'ai finalement été très démotivé : aucune envie de rester dans un métier où je ne pourrai pas dépasser la case du "satisfaisant" alors que j'ai sans doute des compétences pour être meilleur et mieux vivre ma vie professionnelle, mais ailleurs - encore faut-il trouver où, vu la pénurie des postes dans le supérieur.
Inspecté juste avant l'avènement du PPCR, j'ai été mis d'office dans la case satisfaisant où je resterai juste à ma retraite, ce n'est pas motivant en effet (même si c'est agréable d'avoir l'esprit tranquille car je ne serai probablement plus jamais inspecté).
- lene75Prophète
Bof, j'ai eu "excellent" partout, alors certes, c'est plus agréable pour l'ego, mais ça n'apporte rien de plus, même pas l'accélération de carrière. La seule chose que ça me permet, c'est d'obtenir des postes qu'ensuite le rectorat m'interdit de rejoindre. Mais c'est pas grave, je continue à postuler. Mon inspection compatit, mais reconnaît ne rien pouvoir y faire et ne rien avoir à me proposer, sinon des activités bénévoles en plus de mon travail, et désormais hors temps scolaire. Ça me permet quand même de m’aérer l'esprit et de me sentir un peu considérée, mais bon, comme perspective de carrière, on fait mieux.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- IridianeFidèle du forum
Ascagne a écrit:Je suis d'accord avec la majeure partie du message, à ceci près qu'on ne m'a rien fait miroiter. En revanche chacun peut légitimement espérer une suite de carrière meilleure, mais il faut être sacrément optimiste pour y croire aujourd'hui. Je suis en LC et je n'ose même pas demander une mutation parce que je trouve ça trop risqué. La perspective du supérieur s'éloigne chaque jour de plus en plus (à part miracle), notamment à cause du fait que le métier au quotidien m'anesthésie complètement : même en ayant globalement moins d'élèves ou de travail que pas mal de collègues, je ne trouve pas l'énergie de me replonger dans des recherches. La non reconnaissance du doctorat dans l'EN n'aide pas : un docteur ou à la rigueur un docteur qualifié devrait au moins avoir des facilités pour pouvoir participer à un ou deux colloques/congrès sur temps scolaire, mais non. Concernant le reste, le problème, quand on n'a pas la vocation du secondaire, c'est qu'après quelques années, qu'est-ce qu'il reste comme perspective ? Suite à mon PPCR, après une période où j'étais rassuré, j'ai finalement été très démotivé : aucune envie de rester dans un métier où je ne pourrai pas dépasser la case du "satisfaisant" alors que j'ai sans doute des compétences pour être meilleur et mieux vivre ma vie professionnelle, mais ailleurs - encore faut-il trouver où, vu la pénurie des postes dans le supérieur.
De fait, il y a (malheureusement) beaucoup de jeunes docteurs dans le secondaire, et il est en effet nécessaire de continuer à publier / participer à des colloques etc si on espère aller dans le sup. Beaucoup le font : ça reste possible, même si c’est difficile, la preuve en est que c’est devenu très rare d’obtenir un poste dans le sup directement après un doctorat ou post doctorat, la plupart des gens passent par le secondaire à un moment ou un autre et poursuivent leurs travaux dans la mesure du possible. Le problème, c’est que d’une part c’est épuisant sur le long terme, d’autre part il y a beaucoup d’inégalités car tout dépend du bon vouloir des chefs d’établissement : certains vont être respectueux du statut de chercheur dans le secondaire et chercher à faciliter la vie de ceux qui sont dans cette situation, d’autres n’auront que mépris (toujours cette haine du savoir dont il était question dans certains messages) et vont au contraire mettre des bâtons dans les roues. D’où le fait qu’effectivement il faudrait un statut à part et officiel pour les docteurs sans poste dans le sup, avec une décharge horaire et des facilités d’emploi du temps - ce qui compenserait le fait que ces personnes font leur travail de recherche gratuitement.
- valleExpert spécialisé
Pour moi, ceci est toute une autre histoire. Ce n'est valable que pour l'enseignement secondaire, ou tu proposes aussi que les docteurs aient des aménagements de service lorsqu'ils sont en poste dans l'enseignement primaire ? Dans d'autres postes ? Dans d'autres ministères (il doit bien y avoir des commissaires de police, des attachés d'administration, des inspecteurs divers et variés, etc., qui sont docteurs). Dans le privé ?
Je suis totalement d'accord pour intégrer le lien "naturel" entre enseignement secondaire et supérieur dans le régime statutaire (d'abord, accorder des détachements de droit pour ATER, des temps partiels pour études, limiter strictement les refus de cumul d'activité pour charges de cours, etc.), mais sans oublier qu'un enseignant du secondaire, en tant que tel, n'a pas de missions de recherche.
Tu résumes trop en parlant de "docteurs sans poste dans le supérieur" et en supposant qu'ils seront dans le 2nd degré. C'est possible dans certaines disciplines, dans d'autres, il y a une quantité importante de docteurs qui font tout simplement autre chose qu'être (enseignant-)chercheur, qui sont avocat, qui travaillent pour une administration, une entreprise, etc.
Je suis totalement d'accord pour intégrer le lien "naturel" entre enseignement secondaire et supérieur dans le régime statutaire (d'abord, accorder des détachements de droit pour ATER, des temps partiels pour études, limiter strictement les refus de cumul d'activité pour charges de cours, etc.), mais sans oublier qu'un enseignant du secondaire, en tant que tel, n'a pas de missions de recherche.
Tu résumes trop en parlant de "docteurs sans poste dans le supérieur" et en supposant qu'ils seront dans le 2nd degré. C'est possible dans certaines disciplines, dans d'autres, il y a une quantité importante de docteurs qui font tout simplement autre chose qu'être (enseignant-)chercheur, qui sont avocat, qui travaillent pour une administration, une entreprise, etc.
- JennyMédiateur
Ascagne a écrit:un docteur ou à la rigueur un docteur qualifié devrait au moins avoir des facilités pour pouvoir participer à un ou deux colloques/congrès sur temps scolaire, mais non.
Tu as tenté ? Je crois que c'est une question de direction plus qu'autre chose.
- IridianeFidèle du forum
valle a écrit:Pour moi, ceci est toute une autre histoire. Ce n'est valable que pour l'enseignement secondaire, ou tu proposes aussi que les docteurs aient des aménagements de service lorsqu'ils sont en poste dans l'enseignement primaire ? Dans d'autres postes ? Dans d'autres ministères (il doit bien y avoir des commissaires de police, des attachés d'administration, des inspecteurs divers et variés, etc., qui sont docteurs). Dans le privé ?
Je suis totalement d'accord pour intégrer le lien "naturel" entre enseignement secondaire et supérieur dans le régime statutaire (d'abord, accorder des détachements de droit pour ATER, des temps partiels pour études, limiter strictement les refus de cumul d'activité pour charges de cours, etc.), mais sans oublier qu'un enseignant du secondaire, en tant que tel, n'a pas de missions de recherche.
Tu résumes trop en parlant de "docteurs sans poste dans le supérieur" et en supposant qu'ils seront dans le 2nd degré. C'est possible dans certaines disciplines, dans d'autres, il y a une quantité importante de docteurs qui font tout simplement autre chose qu'être (enseignant-)chercheur, qui sont avocat, qui travaillent pour une administration, une entreprise, etc.
Alors disons que ça devrait être accessible pour les docteurs qualifiés aux fonctions de MCF qui sont de fait dans le secondaire par défaut et qui font la demande d’une décharge pour recherches. Quitte à ce qu’il y ait chaque année un rapport d’activité à rendre pour témoigner de ce travail de recherche. L’idée est que ce travail de recherche soit reconnu et rémunéré (sous la forme d’une décharge).
Il y a aussi des jeunes docteurs qui ne veulent plus faire de recherche et qui veulent seulement enseigner ou faire autre chose, peu importe quoi, et là en effet ça ne se justifie pas.
- IridianeFidèle du forum
Jenny a écrit:Ascagne a écrit:un docteur ou à la rigueur un docteur qualifié devrait au moins avoir des facilités pour pouvoir participer à un ou deux colloques/congrès sur temps scolaire, mais non.
Tu as tenté ? Je crois que c'est une question de direction plus qu'autre chose.
Oui en effet c’est aussi ce sur quoi j’insistais dans mon précédent message : certains chefs d’établissement sont assez souples pour ce type d’aménagement. Il ne faut vraiment pas hésiter à demander, j’ai énormément de connaissances / collègues dans le secondaire qui font plusieurs colloques chaque année. Après, ça implique souvent de rattraper les cours, et généralement ça ne permet pas de rester toute la durée du colloque. Mais ça permet d’intervenir régulièrement dans des manifestations scientifiques et donc de poursuivre son travail et de publier.
Mais ça n’en reste pas moins de mauvaises conditions : il faudrait que ce travail soit officiellement pris en compte dans le service de ces enseignants sans poste dans le sup. En gros il faudrait créer une sorte de statut d’enseignant-chercheur du secondaire. La qualification MCF servirait enfin à qqch - étant donné le nombre faramineux de qualifiés qui n’auront jamais de poste de MCF… enfin bon, on peut toujours rêver…
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