- LefterisEsprit sacré
Justement, diversité dans la difficulté à ce que je vois autour de moi (pas que dans mon établissement, réunions diverses, syndicat, relations...), sans compter les cas vraiment dramatiques pour lesquels je suis maintes fois intervenu d'une manière ou d'une autre par des recours, accompagnements, et dont l'administration, monstre froid, n'a strictement rien à faire quand ce n'est pas son fonctionnement ou ses séides qui l'ont provoqué. Si en plus on n'a pas la chance d'être épanoui comme toi dans le travail, ça tourne vite au cauchemar, avec en plus l'obligation de compter à la fin du mois au lieu d'avoir des moments de détente. Il faut prendre aussi la mesure d'une donnée importante, l'insécurisation grandissante dans divers domaines : statuts, carrière et avancement, avenir de sa discipline ( voir les LC, certaines langues, la techno, le LP en général...), doctrine d'octroi des postes, management se durcissant et devenant local.Jenny a écrit:Mais les situations individuelles illustrent aussi la réalité du métier, d'autant qu'elles sont diverses.
Je suis plutôt épanouie au travail, je suis certifiée, TZR et j'ai souvent des élèves difficiles. Certes, j'ai l'académie que je souhaite, mais très peu d'espoir d'avoir un poste fixe avant 15 ans de remplacement. Je ne suis pas sûre que tous les collègues qui aiment leur métier et y trouvent du sens aient forcément des conditions de travail idéales. On y trouve parfois aussi une utilité au métier et des équipes soudées dans les contextes difficiles.
- PrezboGrand Maître
Fabrice25 a écrit:Prezbo a écrit:Quelques bémols quand même.
Le travail doit bien être fait à un moment à un autre. Si tu utilises ta journée pour faire les courses ou emmener les gosses à leurs rdv, tu le feras à un autre moment, le soir ou le we. Le cas le plus défavorable étant celui des profs avec un conjoint non-enseignant (surprise : à 90%, des femmes) qui se tapent la totalité de l'organisation familiale parce que je conjoint a un vrai métier.
Non pas forcément. Si je sacrifie une demie-journée pour faire mes courses. Je peux très bien utiliser une autre 1/2 journée de la semaine pour corriger mes copies. Ou attendre une autre 1/2 journée de la semaine suivante.
Aucune obligation impérieuse de corriger les copies le plus vite possible, c'est-à-dire pendant la soirée ou le we de la même semaine. Raisonnement valable pour le remplissage des bulletins ou les préparations de cours (pour peu qu'on ait un peu d'avance).
Ou alors je fais ça sur mes heures de trou.
Là je parle à l'aune de ma situation personnelle, comme toi, je suppose ?
C'est une fuite en avant.
Je ne crois pas être (de loin) le plus consciencieux de mes collègues, ni le moins gestionnaire de mon effort et soucieux de m'organiser, mais à la fin du fin, ta demi-journée de travail, il faut la caser à un moment ou à un autre. Pour les corrections de copies, par exemple, avoir un nombre suffisamment raisonnables de notes pour avoir une moyenne représentative à la fin du trimestre. Ensuite intervient la volonté de ne pas trop bâcler, c'est-à-dire rendre les copies dans un délais raisonnable pour que les élèves aient un retour rapide sur leur travail, ne pas arriver en cours main dans les poches (et je t'assures que je n'ai aucun scrupule à utiliser le travail des autres ou réutiliser le mien), individualiser un minimum les appréciations (là aussi, je ne fais pas des tartines). En lycée, un paquet de copie ne se corrige pas en une heure de trou. Ensuite, tu peux essayer de faire croire que tu travailles une demi-journée tous les quinze jours, c'est au mieux inhabituel au pire peu crédible.
Et non, je ne parle pas pour moi, ma compagne est prof aussi. Mais des collègues qui prennent en charge toute la vie de famille et se plaignent de bosser soir et week-end, j'en ai connu...beaucoup. J'y vois une incapacité à assumer le fait que notre fonction est un vrai emploi, y compris face à ses proches.
- JennyMédiateur
C’est très juste, je trouve. Le fait de travailler à la maison est souvent assimilé à beaucoup de temps libre pour l’entourage (et pas que pour le conjoint). Ça ajoute de la charge mentale aussi.
- Fabrice25Habitué du forum
Prezbo a écrit:
Ensuite, tu peux essayer de faire croire que tu travailles une demi-journée tous les quinze jours, c'est au mieux inhabituel au pire peu crédible.
Pourquoi caricaturer la situation pour expédier la discussion?
Tu m'expliques que quand on utilise une 1/2 journée pour autre chose que bosser, on doit forcément la rattraper sur un week-end ou une soirée. Euh ben non, je viens de t'expliquer le contraire. Ce à quoi tu réponds ce que personne n'a écrit sur ce fil à savoir qu'en faisant cela, on bosse forcément une demie-journée par quinzaine ? Etrange...
De toute façon, ne perdons pas de vue que même en la rattrapent un soir ou un week-end ça reste un choix de planning nous permettant de nous consacrer la semaine à certains incompressibles (rdv perso non déplcable, par exemple). Mais dans ce cas-là, on reste quand même sur une auto-gestion du planning qui n'est pas permise par beaucoup d'autres métiers.
@Jenny : et ça je suis totalement d'accord... Très difficile de faire comprendre que ce qu'on fait à la maison, c'est aussi du travail. Cela vient du côté auto-gestion, je crois. Comme ce qu'on fait à la maison, on peut le faire à un autre moment pour s'atteler aux tâches du quotidien ben ce n'est pas forcément vu comme une impérieuse obligation.
- IridianeFidèle du forum
Certes Fabrice, mais ça encore une fois ça vaut quand on est dans ta situation, pas quand on est à des heures de trajet de chez soi, sur deux établissements et en travaillant 5 jours / semaine… c’est pour ça qu’on est plusieurs à expliquer que c’est la loterie, et qu’on ne peut pas parier sur une bonne situation, en fait.
- Fabrice25Habitué du forum
Iridiane a écrit:Certes Fabrice, mais ça encore une fois ça vaut quand on est dans ta situation, pas quand on est à des heures de trajet de chez soi, sur deux établissements et en travaillant 5 jours / semaine… c’est pour ça qu’on est plusieurs à expliquer que c’est la loterie, et qu’on ne peut pas parier sur une bonne situation, en fait.
Mais je n'ai jamais érigé mon propos en vérité générale. Et j'espère bien que tout le monde en fera la même lecture. Je relate mon vécu qui, certes n'est pas la norme, mais qui est loin d'être l'exception non plus.
C'est d'autant plus drôle (sans ironie) de lire ça que je n'ai pas des conditions d'enseignements privilégiées : 400 élèves, deux bahuts au fonctionnement très différents, des classes bondées -39 élèves dans certaines Terminales- avec 3h supplémentaires. Le tout en m'ayant plus ou moins imposé la fonction de PP et professeur référent.
- IridianeFidèle du forum
Non mais après si tu es content comme ça c’est super, mais les difficultés que tu énonces (et avec lesquelles tu composes apparemment) beaucoup de gens n’en ont pas conscience. Et puis tout peut basculer d’une année sur l’autre, juste avec un changement de proviseur, d’endroit etc. Ou même en vieillissant. Moi par exemple, en début de carrière, j’étais jeune et enthousiaste et je pense que j’aurais tenu le même discours que toi : j’adore mon boulot et tout se passe bien (ok tu n’as pas dit ça mais moi j’étais dans ce mood) alors même que j’étais sur deux bahuts, à une heure trente de chez moi, deux lycées ZEP, sur 5 jours, avec une des deux proviseurs très très nulle. Eh bien si j’étais encore en poste dans le secondaire et que cette même situation se reproduisait maintenant que j’ai dix ans de plus, je ne tiendrais pas deux semaines. Mais ça encore beaucoup de gens n’en ont pas conscience, parce que même pour des gens qui ne dénigrent pas la profession ou ne se font pas d’illusions, beaucoup associent le métier de prof à « donner du sens » et à une forme de stabilité, donc il faut le dire et le redire : c’est la loterie totale, comme dans le privé en fait, il y a autant de différence entre deux situations de profs qu’entre deux employés dans deux entreprises différentes. Au reste, tu dis que ta situation est répandue mais tu es agrégé + (si je ne me trompe pas) dans l’académie de Paris donc en fait… si, ta situation est de fait assez peu répandue.
- JennyMédiateur
Quelle est la différence d’être affecté à Paris ?
- IridianeFidèle du forum
Ça limite la distance de déplacement par rapport à quelqu’un qui va être affecté au fin fond de Créteil ou Versailles ou pire, à l’autre bout de son académie de province. Et il y a une offre de transports en commun, ce qui est loin d’être le cas partout. Donc c’est une situation un peu particulière - d’autant que paris est très peu accessible dans certaines disciplines.
- JennyMédiateur
Certes, mais un TZR peut avoir une heure de trajet entre ses deux établissements et pas d’heure de décharge.
Et beaucoup de collègues de l’académie viennent de banlieue. Effectivement on peut s’y passer de permis, mais il y a des difficultés aussi, en particulier il n’est pas rare d’y attendre 15 ans un poste fixe dans certaines disciplines. Les horaires peuvent y être étendus aussi. Je ne suis pas sûre que finir à 19 ou 20h enchante tout le monde.
Bref, ça serait bien de ne pas considérer que les collègues qui aiment leur profession n’ont pas forcément des conditions de travail plus faciles que les autres.
Et beaucoup de collègues de l’académie viennent de banlieue. Effectivement on peut s’y passer de permis, mais il y a des difficultés aussi, en particulier il n’est pas rare d’y attendre 15 ans un poste fixe dans certaines disciplines. Les horaires peuvent y être étendus aussi. Je ne suis pas sûre que finir à 19 ou 20h enchante tout le monde.
Bref, ça serait bien de ne pas considérer que les collègues qui aiment leur profession n’ont pas forcément des conditions de travail plus faciles que les autres.
- LefterisEsprit sacré
Ben oui, évidemment. Il se trouve que j'étais fonctionnaire à Paris, donc les 1000 points automatiques plus les points d'ancienneté (correspondant à l'échelon de reclassement) ont permis de rendre la chose possible et même confortable au début, puisque vu le nombre d'établissements scolaires, j'ai pu être juste à côté de chez moi, le second poste le plus proche si mes souvenirs sont bons. Ce qui va dans le sens de ce que je dis, comme d'autres, c'est qu'il faut dans la balance des contreparties extrinsèques au métier lui-même. On descend en catégorie B, on lâche sur le niveau de vie, d'accord, mais il faut au moins des compensations : proximité, temps libre, liberté pédagogique, une certaine indépendance, contact avec sa matière. Or c'est bien tout ce qui disparaît, et rapidement, sous les coups de boutoir d'une idéologie managériale de plus en plus hostile à ces aspects du métier.Iridiane a écrit:Ça limite la distance de déplacement par rapport à quelqu’un qui va être affecté au fin fond de Créteil ou Versailles ou pire, à l’autre bout de son académie de province. Et il y a une offre de transports en commun, ce qui est loin d’être le cas partout. Donc c’est une situation un peu particulière - d’autant que paris est très peu accessible dans certaines disciplines.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- IridianeFidèle du forum
Jenny mon propos n’est pas de dire que c’est facile à Paris (et d’ailleurs tes propos vont plutôt dans le sens général de celui du fil, à savoir les mauvaises conditions générales du métier). Mais le fait est que c’est toujours moins compliqué de se retrouver sur deux bahuts à chaque bout de paris qu’à 100 bornes en voiture. Ou à une heure trente de RER / train de banlieue avec trois changements. C’est d’ailleurs pour ça que Paris est souvent beaucoup plus chère en points que d’autres académies, notamment Créteil et Versailles. Et de fait tu pointes toi même cette difficulté à y accéder, donc il y a de fortes chances que qqun qui arrive dans le métier n’y accède pas, ou pas avant longtemps, donc je ne suis pas sure que cette situation soit représentative du métier d’enseignant. Alors vous allez me dire : mais aucune situation n’est représentative. Certes, mais étant donné le sujet du post, je pense qu’il est bon de ne laisser aucune difficulté de côté car les gens ont plus tendance à voir les avantages que les inconvénients du métier.
- JennyMédiateur
Je n’ai pas spécialement pointé la difficulté à y accéder, les barres ont globalement bien baissé, le problème est surtout d’y avoir un poste fixe. (J’y suis rentrée en tant que T3, je ne suis pas un cas isolé). Se faire 3 ou 4h de transports journaliers, c’est possible.
Ce qui me gêne, c’est de discréditer les propos de certains enseignants sous prétexte que ce n’est pas représentatif et ce n’est pas si rare sur le forum à propos de l’académie qui n’est pas la seule chère en points. Par ailleurs, je n’ai pas remarqué qu’un des enseignants de l’académie ait évoqué des choses spécifiques à Paris.
Ce qui me gêne, c’est de discréditer les propos de certains enseignants sous prétexte que ce n’est pas représentatif et ce n’est pas si rare sur le forum à propos de l’académie qui n’est pas la seule chère en points. Par ailleurs, je n’ai pas remarqué qu’un des enseignants de l’académie ait évoqué des choses spécifiques à Paris.
- IridianeFidèle du forum
Mais précisément ce que je dis c’est qu’aucune situation n’est représentative, et je ne vois pas en quoi, ce faisant, je discrédite qui que ce soit. D’ailleurs je ne vois pas comment je pourrais discréditer les propos de quelqu’un qui dit « voici ma situation », alors que je ne le connais pas, ça n’a aucun sens. Et « pas représentatif », à moins de vraiment avoir envie de chercher la petite bête, ça n’est pas une insulte
C’est juste qu’il semble utile de rappeler à la personne qui poste et qui demande des avis sur une reconversion que l’EN c’est la loterie, et c’est dans ce sens que vont tous mes messages. En l’occurrence je parlais de paris parce que je répondais à Fabrice et que je pointais sa situation d’agrégé dans l’académie de paris mais on pourrait en dire autant d’autres académies et d’autres situations. Mon propos ne porte pas sur paris en tant que tel ni même sur la situation de Fabrice dont je suis ravie qu’elle lui convienne. Et je n’ai pas du tout envie d’entrer dans une polémique sur « bouh machine elle a dit du mal des gens de l’académie de Paris », non ça n’est pas mon propos du tout et ça n’a pas d’intérêt.
C’est juste qu’il semble utile de rappeler à la personne qui poste et qui demande des avis sur une reconversion que l’EN c’est la loterie, et c’est dans ce sens que vont tous mes messages. En l’occurrence je parlais de paris parce que je répondais à Fabrice et que je pointais sa situation d’agrégé dans l’académie de paris mais on pourrait en dire autant d’autres académies et d’autres situations. Mon propos ne porte pas sur paris en tant que tel ni même sur la situation de Fabrice dont je suis ravie qu’elle lui convienne. Et je n’ai pas du tout envie d’entrer dans une polémique sur « bouh machine elle a dit du mal des gens de l’académie de Paris », non ça n’est pas mon propos du tout et ça n’a pas d’intérêt.
- lene75Prophète
Jenny a écrit:C’est très juste, je trouve. Le fait de travailler à la maison est souvent assimilé à beaucoup de temps libre pour l’entourage (et pas que pour le conjoint). Ça ajoute de la charge mentale aussi.
À une époque, j'ai dû faire rédiger des certificats à ma secrétaire de direction indiquant que mes heures de travail ne se réduisaient pas à mon edt, qu'on me demandait de fournir, pour bénéficier des mêmes droits que des salariés à temps complet. Ce n'est pas un cas isolé, d'abord parce que ça ne m'est pas arrivé qu'une seule fois, et ensuite parce que je revois encore la colère d'une collègue à qui on avait refusé une place en crèche au prétexte qu'elles étaient prioritairement attribuées aux familles dont les deux parents travaillaient à temps complet. Son conjoint travaillait à temps complet et elle était certifiée à temps complet avec 2h sup...
Dans le cadre familial c'est compliqué aussi. Quand il y a des impératifs, c'est inévitablement celui qui est "libre" qui s'y colle, et qui se débrouille pour faire son travail à un autre moment. Ce n'est pas qu'une question de conjoint qui, lui, a de "vrais" impératifs. Mes parents, par exemple, refusent de s'occuper de mes enfants quand je ne "travaille pas". S’ils doivent les garder, ils me les ramènent ou exigent que je vienne les chercher dès que je rentre à la maison. Ils prennent en revanche mes neveux une semaine à chaque vacances scolaires parce que mon frère et ma BS "travaillent, eux". Ma mère était pourtant prof et se plaignait qu'on ne prenait pas son travail en compte. Il faut croire que les gens ont la mémoire courte. Quant à mes BP qui habitent plus loin, s'ils doivent rester à la maison, ils ne respectent pas du tout mon besoin de travailler à la maison, même quand ils me voient en train de travailler : au pire ils me sollicitent comme si de rien n'était, au "mieux" ils commentent ce que je suis en train de faire en disant que ça ne doit pas être facile de tout concilier et en me faisant la conversion tout du long. Si je leur explique que je dois me concentrer, ils se taisent 2 minutes et ça recommence. En fait pour les gens, un prof, enfin surtout UNE prof, je crois, c'est une femme au foyer qui a un hobby pour s'occuper quand les enfants sont à l'école. Je me souviens aussi d'une remarque à l'hôpital : j'étais en train de préparer des cours alors que ma fille était hospitalisée, dans des conditions assez difficiles. Et là un médecin me voit et me dit : "Ah, vous êtes prof. C'est votre première année ?" - "Euh, non..." - "Ah bon ? Et vous préparez encore des cours ? Bravo ! C'est rare !" - "..."
Je tiens à dire que l'EN elle-même considère que notre travail se réduit au face à face avec les élèves. Il n'y a qu'à écouter les discours ministériels et toutes les réformes de ces derniers temps, la dernière en date étant la formation hors temps de cours. Par ailleurs on ne bénéficie jamais de temps de préparation quand on revient de congé maladie, de congé maternité ou de congé pour garde ou soin à enfant. On est supposé être opérationnel pour faire cours la minute qui suit la fin de l'arrêt, ce qui oblige de facto à consacrer la fin des arrêts à travailler, ce qui est en principe illégal.
Pour préciser un peu les choses. C'est un "compromis" qui me convenait à peu près quand ma charge de travail au boulot était moins lourde (avec pourtant plus d'heures, mais moins de classes), et surtout pluw intéressante (le ratio travail utile / bullshit s'est inversé), et surtout que j'aimais mon travail. J'ai vraiment beaucoup aimé mon métier jusqu'à il y a 3-4 ans, je dirais. Avec des conditions de travail que tout le monde n'a pas : agrégée à temps partiel, bon edt, établissement pas trop loin de chez moi, conjoint ayant un salaire un peu supérieur au mien, ce qui nous permet de vivre correctement en RP (avec mon seul salaire ce serait impossible). Sauf que sans bouger de mon établissement (pas faute d'essayer mais c'est devenu impossible), mon métier a complètement changé. On est passé à du travail à la chaîne avec des élèves que je ne connais pas parce que je ne vois la plupart d'entre eux qu'une fois par semaine, contre 10h par semaine pour mes TL avant ! Qui de toute façon n'en ont strictement rien à faire pour bon nombre d'entre eux et qui sont là en consommateurs de notes pour Parcoursup qu'on a fait d'eux, qui posent des problèmes de discipline comme je n'en avais jamais rencontré avant sans que rien ne soit fait pour que ça change, un changement de "management" (en fait avant il n'y en avait pas : on était libre) très néfaste, la réforme du lycée qui transforme le lycée en distributeur de boissons et les attaques quotidiennes dans les médias, notamment de la part de nos ministres. Bref, mon métier a perdu simultanément à peu près tout son sens et en même temps les quelques avantages qu'il y avait en termes de confort.
- LefterisEsprit sacré
Tu as raison sur toute la ligne, sauf le bémol que je souligne et remplace par"[b] l'EN surtout/b]". Cette conception vient d'en haut, passe par l'encadrement, et irrigue toute la pensée populaire, si l'on peut toutefois utiliser ce terme. Là, il y a un vrai ruissellement. Les "petites phrases" sont chargées d'un tel implicite que ça s'impose durablement dans les esprits, sur le "soutien" dans l'établissement, les formations sur temps libre, les vacances... Je me souviens comme si c'était hier de "l'affaire des 35 heures dans l'établissement", j'étais enseignant tout frais reconverti et je me suis fâché, définitivement, avec une connaissance , militant obtu du parti en question, qui disait qu'il fallait le faire vite, que ce que prétendaient les enseignants sur le travail extérieur était exagéré voire faux. Le président juste après disait qu'il faudrait expliquer "gentiment" aux enseignants que "18 heures, c'st pas grand chose..."Simultanément, j'allais à des sur convocations, rectorat, inspection, IUFM, et un élément de langage revenait souvent : "vous n'exercez pas une profession libérale" "vous avez une hiérarchie". Si souvent et dans des contextes si divers que j'ai supputé qu'il y avait une parole supérieure, une critique, et que quelque chose se préparait contre les enseignants. Déjà à l'IUFM on voyait des "encadrants" divers , les yeux brillants, affirmer trépignant visiblement d'impatience qu'un jour on serait tout le temps dans l'établissement, qu'on se concerterait mieux, qu'on aiderait les nenfants... Ce quelque chose est arrivé assez vite avec le management brutal préconisé par Châtel (entretien annuel, prise d'échelon non automatique et sur décision du CDE chef d'entreprise, critères de présence et d'implication extra-pro... ) , chassé par la porte par Peillon et rentré par le soupirail sous une forme édulcorée dans un premier temps, puis de plus en plus durement par la suite. Je ne refais pas l'historique récent.lene75 a écrit:
Je tiens à dire que l'EN elle-même considère que notre travail se réduit au face à face avec les élèves. Il n'y a qu'à écouter les discours ministériels et toutes les réformes de ces derniers temps, la dernière en date étant la formation hors temps de cours. Par ailleurs on ne bénéficie jamais de temps de préparation quand on revient de congé maladie, de congé maternité ou de congé pour garde ou soin à enfant. On est supposé être opérationnel pour faire cours la minute qui suit la fin de l'arrêt, ce qui oblige de facto à consacrer la fin des arrêts à travailler, ce qui est en principe illégal.
Derrière ces attaques, la volonté d'économiser sur 850 000 fonctionnaires qui coûtent un pognon de dingue, en passant par un "changement de paradigme", expression dont "ils" se gargarisent. Ce changement, il passe avant tout par une autre vision du métier de professeur, que la population gobe et que les enseignants eux-mêmes sont priés d'intégrer. Un métier de service à la personne, "comme la caissière au service du client", selon la sortie d'un président FCPE et dont tout le monde a sans doute le souvenir ému. Et ce métier de service à la personne ne peut être qu'un métier de technicien-prestataire, comme tu le décris. Il exclut totalement ce que nous pensons ("pensions") du métier, à savoir qu'il faut baigner dans les lectures, s'inspirer, créer, et non être dans un flux tendu de copies, réunions, entretiens, contestations s'ajoutant bien entendu à des préoccupations quotidiennes pesantes, matérielles, de confort dans le travail souvent (postes partagés plus fréquents par exemple). Les virages successifs du Capes, avec les réformes de 2013 et la dernière d'il y a deux ou trois ans, ainsi que ce qui vient de se produire pour le jury de philo , le dénigrement permanent du "disciplinaire" , archaïque et pas pas professionnalisant, tout va dans ce sens : avoir des employés à la botte tant de l'administration que du client- roi, dociles, fournissant à la tâche ce qu'on leur demande à l'instant T.
Derrière tout ça, l'idée digne de l'OCDE et des officines de même mouvance, que 80 % de la population n'a pas besoin d'un enseignement de qualité, qu'il faut de l'éducatif , et de la formation connectée aux besoins du marché. Stratégie de Lisbonne, quand tu nous tiens... Là-dedans, Platon, Montaigne, Kant et autres phraseurs dépassés par Chat GPT, tu vois ce qu'on en pense en haut lieu.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- valleExpert spécialisé
Comme je le dis souvent, j'aimerais bien être à 35h (ou 40h + RTT) en établissement ou en télétravail. Mais ça n'arrivera pas, comme le passage au droit privé, parce que le système s'écroulerait.
- SolovieïNiveau 10
Sinon, avez-vous remarqué que l'initiateur de ce fil n'est pas revenu depuis la page 1 (et pas non plus revenu sur le forum depuis) ?
- PrezboGrand Maître
valle a écrit:Comme je le dis souvent, j'aimerais bien être à 35h (ou 40h + RTT) en établissement ou en télétravail. Mais ça n'arrivera pas, comme le passage au droit privé, parce que le système s'écroulerait.
C'est bien pour cela que responsables politiques et rectoraux relancent régulièrement le serpent de mer des 35h en établissement, surtout pas pour le mettre en application et assumer les conséquences, mais pour faire avaler l'idée que les profs peuvent bien avoir quelques astreintes, rester pour effectuer des remplacements courts ou se former en dehors des jours de classe.
- Panta RheiExpert
Solovieï a écrit:Sinon, avez-vous remarqué que l'initiateur de ce fil n'est pas revenu depuis la page 1 (et pas non plus revenu sur le forum depuis) ?
C’est malheureusement très souvent le cas… Le forum est intimidant, ou bien c’est intentionnel.
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- Signature:
- 'Don't you find yourself getting bored?' she asked of her sister. 'Don't you find, that things fail to materialise? NOTHING MATERIALISES! Everything withers in the bud.'
'What withers in the bud?' asked Ursula.
'Oh, everything—oneself—things in general.'First Page of Women in Love, D. H. Lawrence
- DanskaProphète
Panta Rhei a écrit:Solovieï a écrit:Sinon, avez-vous remarqué que l'initiateur de ce fil n'est pas revenu depuis la page 1 (et pas non plus revenu sur le forum depuis) ?
C’est malheureusement très souvent le cas… Le forum est intimidant, ou bien c’est intentionnel.
Bof, ça arrive sur tous les forums et quels que soient les sujets, des demandeurs qui posent une question et ne reviennent jamais commenter/expliquer /remercier pour les réponses. C'est exaspérant, mais c'est malheureusement classique.
- valleExpert spécialisé
En effet, et c'est pour ça qu'il faudrait répondre "oui, SVP, et vite !" à chaque fois.Prezbo a écrit:valle a écrit:Comme je le dis souvent, j'aimerais bien être à 35h (ou 40h + RTT) en établissement ou en télétravail. Mais ça n'arrivera pas, comme le passage au droit privé, parce que le système s'écroulerait.
C'est bien pour cela que responsables politiques et rectoraux relancent régulièrement le serpent de mer des 35h en établissement, surtout pas pour le mettre en application et assumer les conséquences, mais pour faire avaler l'idée que les profs peuvent bien avoir quelques astreintes, rester pour effectuer des remplacements courts ou se former en dehors des jours de classe.
- SisypheHabitué du forum
Lene75 a écrit:Par ailleurs on ne bénéficie jamais de temps de préparation quand on revient de congé maladie, de congé maternité ou de congé pour garde ou soin à enfant. On est supposé être opérationnel pour faire cours la minute qui suit la fin de l'arrêt, ce qui oblige de facto à consacrer la fin des arrêts à travailler, ce qui est en principe illégal.
C'est juste. Et cela devrait faire partie des revendications de notre profession. Quand je suis revenue de congé maternité pour mon 1er, c'était la rentrée des vacances de février. Ma remplaçante m'avait laissé les copies du bac blanc (passé mi-janvier) à corriger me disant que je pouvais les corriger durant mes vacances et j'avais protesté (sans succès) en disant que ce n'était pas des vacances mais un congé maternité. Pour autant, je n'avais pas réalisé avant de te lire que les préparations de cours aussi auraient dû pouvoir attendre mon retour.
- ElaïnaDevin
Sisyphe a écrit:Lene75 a écrit:Par ailleurs on ne bénéficie jamais de temps de préparation quand on revient de congé maladie, de congé maternité ou de congé pour garde ou soin à enfant. On est supposé être opérationnel pour faire cours la minute qui suit la fin de l'arrêt, ce qui oblige de facto à consacrer la fin des arrêts à travailler, ce qui est en principe illégal.
C'est juste. Et cela devrait faire partie des revendications de notre profession. Quand je suis revenue de congé maternité pour mon 1er, c'était la rentrée des vacances de février. Ma remplaçante m'avait laissé les copies du bac blanc (passé mi-janvier) à corriger me disant que je pouvais les corriger durant mes vacances et j'avais protesté (sans succès) en disant que ce n'était pas des vacances mais un congé maternité. Pour autant, je n'avais pas réalisé avant de te lire que les préparations de cours aussi auraient dû pouvoir attendre mon retour.
HEIN ????? ne me dis pas que tu les as corrigées, si ?
Personnellement je n'y aurais pas touché.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- piescoModérateur
Il y a des baffes qui se perdent.
Moui c'est le titre de ce fil qui me heurte : depuis quand devenir enseignant est devenu une obligation ?
Moui c'est le titre de ce fil qui me heurte : depuis quand devenir enseignant est devenu une obligation ?
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Nos han quitado tanto, nos quitaron el miedo.
https://www.youtube.com/watch?v=oeU7rb-dBow&t=277s
- lene75Prophète
Les trois fois on m'a demandé de travailler à distance pendant mon congé maternité (pour envoyer des cours aux élèves pour finir l'année, ou conseiller mon remplaçant jugé incompétent (!) ou je ne sais plus quoi encore). Je n'ai jamais donné suite. En revanche préparer les cours pour le retour, pas le choix, et finir de corriger les copies quand arrêtée avant la date prévue ou remplir les dossiers, je l'ai fait, j'ai eu tort sûrement. Trop de conscience professionnelle.
J'ai aussi eu le droit aux appels pendant des arrêts maladie pour me demander de faire ce qu'on appellerait aujourd'hui du distanciel parce que les parents râlaient que je ne sois pas remplacée. Comme si c'était à moi de gérer mon remplacement.
J'ai aussi eu le droit aux appels pendant des arrêts maladie pour me demander de faire ce qu'on appellerait aujourd'hui du distanciel parce que les parents râlaient que je ne sois pas remplacée. Comme si c'était à moi de gérer mon remplacement.
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