Assassinat de notre collègue Samuel Paty

nono a écrit:

Elyas a écrit:

Isis39 a écrit:Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.

Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.

Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).

Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.

Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.

Entièrement d'accord avec tous vos propos.
J'ai une classe difficile sur ce créneau demain et les gloussements voire fous rires vont fuser...

Voilà.  On est coincés entre le marteau et l'enclume. Encore une fois on sert de garde-fou. Ne pas rendre hommage à nos collègues serait incompréhensible mais le faire face à des élèves qui sont indifférents ou pour certains en rient, c'est inimaginable. Moi aussi je ne vais pas être tranquille avec la classe que j'aurai demain sur ce créneau horaire. J'aurais apprécié un discours prononcé par le CdE devant tout l'établissement, qui rende l'instant solennel, officiel et collectif. Encore une fois, malgré tout le bla-bla entendu depuis des années, on revient à la solitude du professeur, ça me dépasse.
En plus quand je pense que l'on nous demande ( je parle pour moi) de  procéder de cette façon dans un lycée où  nous les profs avons vu pendant des semaines nos sacs et pour certains leurs poches, contrôlés et fouillés à l'entrée par des élèves au cas où par hasard nous ne serions pas de dangereux terroristes ( parenthèse : c'est fini depuis 2 semaines suite à une AG et un entretien avec le CdE  mais quand même), tout ça me semble relever davantage d'une mascarade hypocrite que d'une vraie prise de conscience.

zigmag17 a écrit:

nono a écrit:

Elyas a écrit:

Isis39 a écrit:Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.

Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.

Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).

Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.

Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.

Entièrement d'accord avec tous vos propos.
J'ai une classe difficile sur ce créneau demain et les gloussements voire fous rires vont fuser...

Voilà.  On est coincés entre le marteau et l'enclume. Encore une fois on sert de garde-fou. Ne pas rendre hommage à nos collègues serait incompréhensible mais le faire face à des élèves qui sont indifférents ou pour certains en rient, c'est inimaginable. Moi aussi je ne vais pas être tranquille avec la classe que j'aurai demain sur ce créneau horaire. J'aurais apprécié un discours prononcé par le CdE devant tout l'établissement, qui rende l'instant solennel, officiel et collectif. Encore une fois, malgré tout le bla-bla entendu depuis des années, on revient à la solitude du professeur, ça me dépasse.
En plus quand je pense que l'on nous demande ( je parlepour moi) de  procéder de cette façon dans un lycée où  nous les profs avons vu pendabt des semaines nos sacs et pour certains leurs poches, contrôlés et fouillés à l'entrée par des élèves au cas où par hasard nous ne serions pas de dangereux terroristes ( parenthèse : c'est fini depuis 2 semaines suite à une AG et un entretien avec le CdE  mais quand même), tout ça me semble relever davantage d'une mascarade hypocrite que d'une vraie prise de conscience.

C'est juste illégal.

Isis39 a écrit:

zigmag17 a écrit:

nono a écrit:

Elyas a écrit:

Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.

Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).

Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.

Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.

Entièrement d'accord avec tous vos propos.
J'ai une classe difficile sur ce créneau demain et les gloussements voire fous rires vont fuser...

Voilà.  On est coincés entre le marteau et l'enclume. Encore une fois on sert de garde-fou. Ne pas rendre hommage à nos collègues serait incompréhensible mais le faire face à des élèves qui sont indifférents ou pour certains en rient, c'est inimaginable. Moi aussi je ne vais pas être tranquille avec la classe que j'aurai demain sur ce créneau horaire. J'aurais apprécié un discours prononcé par le CdE devant tout l'établissement, qui rende l'instant solennel, officiel et collectif. Encore une fois, malgré tout le bla-bla entendu depuis des années, on revient à la solitude du professeur, ça me dépasse.
En plus quand je pense que l'on nous demande ( je parlepour moi) de  procéder de cette façon dans un lycée où  nous les profs avons vu pendabt des semaines nos sacs et pour certains leurs poches, contrôlés et fouillés à l'entrée par des élèves au cas où par hasard nous ne serions pas de dangereux terroristes ( parenthèse : c'est fini depuis 2 semaines suite à une AG et un entretien avec le CdE  mais quand même), tout ça me semble relever davantage d'une mascarade hypocrite que d'une vraie prise de conscience.

C'est juste illégal.

Exactement. Mais c'était validé et même exigé par la direction, j'ai le mail qui nous enjoint à " accepter de nous faire contrôler à l'entrée ".

On a reçu les infos tard hier soir...
Ce sera chacun dans sa salle, quelques minutes avant la fin d'un cours, donc avec des élèves pressés de filer en récré. J'ai un petit groupe de 6e, plutôt gentils, ça devrait aller, mais nous avons des classes de 4e et de 3e très difficiles cette année (bagarres, harcèlement, bousculades organisées, provocations multiples envers les adultes), je trouve irresponsable de laisser les enseignants seuls face à eux. On avait réussi la dernière fois à convaincre nos chefs de transformer ça en un hommage collectif dans la cour (bien sûr, c'est plus lourd à organiser, et là, ils sont en première ligne). Je suppose qu'on va en reparler demain matin en salle des profs: mais nous prévenir au dernier moment, bien sûr, permet d'entraver notre réaction et nos contre-propositions

Et il se passait quoi si tu disais non ?

Clecle78 a écrit:Et il se passait quoi si tu disais non ?

Je t'envoie un mp clecle si tu veux des précisions

J'ai aussi une classe difficile, mais gentille sur ce créneau. Ils m'ont demandé - innocemment - pourquoi on ferait une minute de silence. Je leur ai dit que si eux avaient oublié ces faits (ils étaient en primaire quand M. Paty a été assassiné) ou n'y pensaient pas souvent, pour nous, professeurs, c'était un traumatisme brûlant. Je leur ai parlé des familles des deux victimes, d'eux aussi. Et je leur ai dit de se rappeler lundi que pour les adultes face à eux, c'était un moment de recueillement douloureux.
Appel à l'empathie. C'est aussi important, je pense, de les décentrer d'eux-mêmes. Et je suis d'accord avec Isis : cette commémoration, elle est plutôt pour les adultes que pour les élèves.

Tu confirmes Elyas qu'aucun représentant de l'EN ne vient à l'hommage annuel pour Samuel Paty ? Mais c'est juste impensable !

Thalie a écrit:Tu confirmes Elyas qu'aucun représentant de l'EN ne vient à l'hommage annuel pour Samuel Paty ? Mais c'est juste impensable !

Je te dirai mercredi soir (ou jeudi matin). Mais je n'en ai jamais vu. Attention, cependant ! On parle de la commémoration organisée par la Ville le mercredi 16 octobre. On verra sans doute le Maire, le Député et la Sénatrice et quelques conseillers municipaux et départementaux. En revanche, depuis plusieurs années, aucun membre de l'EN n'est venu. Ils viennent, cependant, demain au collège pour la minute de silence mais pas à la commémoration civile de mercredi. A moins que cela ait changé.

Vittoria a écrit:Pour @Aperçu par hasard : lors de l'hommage à Samuel Paty après son assassinat, c'était il me semble au retour des vacances scolaires (?), je n'ai pu réprimer mon émotion (et à vrai dire j'en avais ras-le-bol de devoir le faire, comme si on ne pouvait pas nous aussi être touchés). Larmes aux yeux et voix plus que chevrotante. Cela a frappé et touché les élèves (nous étions en classe, moi seule avec eux). Cela étant, il est vrai que j'avais dans cette classe seulement deux vrais profils qui auraient pu poser problème. Comme l'ont dit d'autres cependant plus haut, parfois le masque du "prof blindé" peut tomber aussi, ça me paraît assez sain.

Je comprends l'idée mais je ne partage pas du tout cette position. Quand j'enseigne, je fais un métier - rien de plus, dirais-je, même si c'est un métier dont j'estime fort la valeur - et dans le cadre de ce métier, je ne crois pas être tenu de me mettre en position de vulnérabilité en livrant quelque chose de l'ordre d'un ressenti intime. Pour moi ça n'a rien à faire là et ça ne regarde pas les élèves. Pardon pour le caractère extrêmement trivial de la comparaison (mais juste là je n'en trouve pas d'autre), mais je le vis un peu comme si on me demandait une fois dans l'année de me mettre en sous-vêtement devant une classe en me disant: ça ne peut pas faire de mal, comme ça ils verront bien que tu n'as pas un corps d'athlète. Dans quelle autre profession impose-t-on quelque chose comme cela? Et je dis ça alors que je sais que mon groupe ne posera aucun problème. Pour ceux qui auront devant eux des classes difficiles avec des réactions problématiques dont on leur demandera ensuite de rendre compte, ce sera évidemment pire.

Je suis d'accord avec @zigmag17:

zigmag17 a écrit:Voilà.  On est coincés entre le marteau et l'enclume. Encore une fois on sert de garde-fou. Ne pas rendre hommage à nos collègues serait incompréhensible mais le faire face à des élèves qui sont indifférents ou pour certains en rient, c'est inimaginable.

C'est vrai qu'à la fin il y a une sorte de paradoxe là-derrière: des enseignants ont été assassinés dans l'exercice de leur métier, et à qui demande-t-on de prendre en charge l'hommage, de se mettre ainsi en position de vulnérabilité et éventuellement en difficulté face à des élèves? Aux enseignants. Cela ne devrait pas se passer ainsi.

Stered a écrit:J'ai aussi une classe difficile, mais gentille sur ce créneau. Ils m'ont demandé - innocemment - pourquoi on ferait une minute de silence. Je leur ai dit que si eux avaient oublié ces faits (ils étaient en primaire quand M. Paty a été assassiné) ou n'y pensaient pas souvent, pour nous, professeurs, c'était un traumatisme brûlant. Je leur ai parlé des familles des deux victimes, d'eux aussi. Et je leur ai dit de se rappeler lundi que pour les adultes face à eux, c'était un moment de recueillement douloureux.
Appel à l'empathie. C'est aussi important, je pense, de les décentrer d'eux-mêmes. Et je suis d'accord avec Isis : cette commémoration, elle est plutôt pour les adultes que pour les élèves.

L'appel à l'empathie ne fonctionne pas sur tous, c'est comme la bienveillance, la confiance, tous ces vocables dont on aimerait qu'ils correspondent à une réalité mais qui bizarrement quand ils existent réellement n'ont pas besoin d'être nommés.
Je ne compte pas vraiment sur l'empathie des élèves que j'aurai demain sur le créneau où aura lieu la minute de silence. Je me trompe peut-être cela dit.
Mais j'ai été échaudée au moment des attentats de 2015, et être en classe dans ces moments-là pour supporter des oeillades goguenardes voire pour juguler des propos inadmissibles (et en 2015 j'avais reçu en plein visage des mots de haine, pourtant je connaissais les élèves depuis trois ans et j'avais l'impression d'avoir construit une relation de respect et de confiance avec eux), tout ça pour servir de lanceur d'alerte ( nous sommes invités à donner les noms des élèves qui auraient un comportement douteux), je n'en ai pas envie. Franchement je crois que je ne vais pas aimer cette minute de recueillement demain, pas comme ça, pas avec des élèves qui par ailleurs peuvent déjà se montrer problématiques.

zigmag17 a écrit:

Sophie38 a écrit:Idem chez nous et le lendemain à la même heure exercice intrusion/attentat !!!!

Ca c'est juste insupportable.

Presque pareil, demain 9h00, minute de silence et environ 2h30 après, exercice intrusion/attentat. Je ne comprends même pas comment on peut "planifier" cela ainsi.

TrucOuBidule a écrit:

zigmag17 a écrit:

Sophie38 a écrit:Idem chez nous et le lendemain à la même heure exercice intrusion/attentat !!!!

Ca c'est juste insupportable.

Presque pareil, demain 9h00, minute de silence et environ 2h30 après, exercice intrusion/attentat. Je ne comprends même pas comment on peut "planifier" cela ainsi.

Coordination des dates hallucinante

Dans notre établissement le chef assume. Discours (il en avait fait un très bon l'année dernière) et il ne laisse aucun enseignant seul face à cette responsabilité qui peut causer des soucis pour certains et selon les contextes.

On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Aucun message reçu! Aucune consigne pour l'instant. Tout va bien.

Isis39 a écrit:On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Nous on l'a eu la semaine dernière. LP.

Isis39 a écrit:On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Les établissements avaient des exercices à mettre en œuvre d'ici au vacances. Un peu d'anticipation aurait permis de ne pas faire cette alerte ce jour ou en cette période.

Jacq a écrit:

Isis39 a écrit:On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Les établissements avaient  des exercices à mettre en œuvre d'ici au vacances. Un peu d'anticipation aurait permis de ne pas faire cette alerte ce jour ou en cette période.

Pas le choix ici. C'est académique. On connait le jour mais pas encore l'heure.

Isis39 a écrit:

Jacq a écrit:

Isis39 a écrit:On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Les établissements avaient  des exercices à mettre en œuvre d'ici au vacances. Un peu d'anticipation aurait permis de ne pas faire cette alerte ce jour ou en cette période.

Pas le choix ici. C'est académique. On connait le jour mais pas encore l'heure.

Alors l'intelligence de l'exercice remonte à l'académie.

Oui chaque année on nous demande de faire les PPMS attentat intrusion précisément à cette période. L'année dernière dans mon académie on avait expliqué que c'était inenvisageable avec l'assassinat de Dominique Bernard, les exercices avaient été reportés, mais visiblement au rectorat personne ne prend "note pour l'année prochaine"...

zigmag17 a écrit:

Isis39 a écrit:On a aussi l'exercice PPMS cette semaine. C'est visiblement national.

Nous on l'a eu la semaine dernière. LP.

Idem.
La consigne c’est « avant les vacances d’automne ».

Dans mes deux établissements, le PPMS aurait dû se dérouler demain, lundi 14 donc. Finalement, les deux collèges ont réporté à la rentrée.

Le témoignage de Mickaëlle Paty, à l’instant dans 7 à 8, force le respect.
Elle évoque la solitude dans laquelle on nous laisse encore, dans l’organisation de l’hommage.

madu a écrit:Le témoignage de Mickaëlle Paty, à l’instant dans 7 à 8, force le respect.
Elle évoque la solitude dans laquelle on nous laisse encore, dans l’organisation de l’hommage.

Je viens de la regarder. Son intervention au Sénat l'année dernière je crois avait été remarquable aussi. Elle parle sans langue de bois et en dépit de cet assassinat atroce et de ce qu'elle-même porte de douleur, je la trouve juste et apaisante. Je lirai certainement son livre. Elle a bien pointé le silence officiel qui l'amène aujourd'hui à porter plainte contre l'Etat. Tout ceci est d'une violence inouïe.

Plutôt qu'une minute de silence ''artificielle'' et hypocrite, c'est du bruit qu'il faudrait faire. Et quand on nous laisse seuls avec nos classes, on peut aussi ne pas la faire.

Je n'ai pas prévu de la faire (sauf si les élèves m'en parlent d'eux même)