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Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Dim 20 Oct - 19:53
Il se trouve que j'ai échangé avec Audrey Fouillard, avant et après, ne vous inquiétez pas le traumatisme il est bien là, elle a déployé toute son énergie à essayer de convaincre que la situation était en train de s'emballer et que Samuel Paty était en danger, en vain, parce que la police n'a pas réagi à la mesure des alertes. Les seules enquêtes qui ont été publiées sont celles internes à l'EN, chacun y va de sa théorie et son interprétation, mais qu'on garde bien à l'esprit que côté police, il n'y a rien, parce qu'il y a un énorme embarras.

Alors continuez à l'accuser de ci et de ça, continuez à lui peindre une cible dans le dos, mais sachez bien que ça ne ramènera personne à la vie, ça ne dédouanera pas la police de son inconséquence, et ça ne fera pas de vous de meilleures personnes.
Elyas
Elyas
Esprit sacré

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Elyas Dim 20 Oct - 20:02
Ganbatte a écrit:Il se trouve que j'ai échangé avec Audrey Fouillard, avant et après, ne vous inquiétez pas le traumatisme il est bien là, elle a déployé toute son énergie à essayer de convaincre que la situation était en train de s'emballer et que Samuel Paty était en danger, en vain, parce que la police n'a pas réagi à la mesure des alertes. Les seules enquêtes qui ont été publiées sont celles internes à l'EN, chacun y va de sa théorie et son interprétation, mais qu'on garde bien à l'esprit que côté police, il n'y a rien, parce qu'il y a un énorme embarras.

Alors continuez à l'accuser de ci et de ça, continuez à lui peindre une cible dans le dos, mais sachez bien que ça ne ramènera personne à la vie, ça ne dédouanera pas la police de son inconséquence, et ça ne fera pas de vous de meilleures personnes.

La Principale a fait beaucoup de choses quand elle a vu que tout s'emballait. Elle a même été jusqu'au domicile de Samuel un jour où elle n'arrivait pas à l'avoir au téléphone. Quand la situation est devenue grave, elle a géré comme elle a pu.

Les rapports de l'EN la dédouane et en disent beaucoup de bien.
Jenny
Jenny
Médiateur

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Jenny Dim 20 Oct - 20:03
Merci Elyas pour ces éléments.
J’imagine en effet que le traumatisme est réel. pale
Ganbatte
Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Dim 20 Oct - 20:18
Elyas a écrit:
Ganbatte a écrit:Il se trouve que j'ai échangé avec Audrey Fouillard, avant et après, ne vous inquiétez pas le traumatisme il est bien là, elle a déployé toute son énergie à essayer de convaincre que la situation était en train de s'emballer et que Samuel Paty était en danger, en vain, parce que la police n'a pas réagi à la mesure des alertes. Les seules enquêtes qui ont été publiées sont celles internes à l'EN, chacun y va de sa théorie et son interprétation, mais qu'on garde bien à l'esprit que côté police, il n'y a rien, parce qu'il y a un énorme embarras.

Alors continuez à l'accuser de ci et de ça, continuez à lui peindre une cible dans le dos, mais sachez bien que ça ne ramènera personne à la vie, ça ne dédouanera pas la police de son inconséquence, et ça ne fera pas de vous de meilleures personnes.

La Principale a fait beaucoup de choses quand elle a vu que tout s'emballait. Elle a même été jusqu'au domicile de Samuel un jour où elle n'arrivait pas à l'avoir au téléphone. Quand la situation est devenue grave, elle a géré comme elle a pu.

Les rapports de l'EN la dédouane et en disent beaucoup de bien.

C'est pour ces raisons que je trouve particulièrement consternant (euphémisme) le soupçon persistant (euphémisme encore), sur "tiens elle a eu un chouette poste, c'est tout de même un petit peu étrange", ou bien "ah mais elle avait fait un signalement laïcité, quelque part ça en fait une coupable ou au moins une complice" (signalement normal au moment où elle l'a fait). Je ne sais pas à quel point c'est une recherche à tous prix de coupables parce qu'il faut bien en vouloir à quelqu'un qu'on peut identifier, un tropisme anti hiérarchie qui a forcément quelque chose à se reprocher, ou bien la persistance d'une croyance erronée malgré tous les éléments lus et relus depuis quatre ans, mais dans tous les cas c'est inapproprié, pour ne pas dire moche.
henriette
henriette
Médiateur

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par henriette Dim 20 Oct - 20:26
Il me semble tout de même que ce n'est pas la position partagée par la majorité des intervenants sur ce fil - heureusement d'ailleurs !

_________________
"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
Ganbatte
Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Dim 20 Oct - 20:26
henriette a écrit:Il me semble tout de même que ce n'est pas la position partagée par la majorité des intervenants sur ce fil - heureusement d'ailleurs !

C'est vrai. Je n'aurais pas dû feuilleter twitter en parallèle...
Marcelle Duchamp
Marcelle Duchamp
Expert spécialisé

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Marcelle Duchamp Dim 20 Oct - 20:55
Désolée Ganbatte, c’est moi qui ai posé la question la 1ere.
Honnêtement il y a un fil Twitter assez immonde sur sa nomination au lycée français de Pekin mais la 1ere pensée que j’ai eue, c’est que partir au bout du monde, c’était pas anodin et que ça devait permettre de se “reconstruire”. Elle est le 1er rouage d’un système qui s’est emballé et elle a du faire ce qu’elle a pu. On est tous ébranlés par cet assassinat et on cherchera toujours le coupable alors qu’en réalité, les coupables sont nombreux. Qui aurait pu imaginer qu’un drame aussi impensable aurait pu survenir un jour?
J’espère que le procès permettra d’avoir des réponses mais c’est l’institution qu’il faut juger dans son intégralité et non pas juste cette dame qui est juste la 1ere marche de cet escalier administratif.
Désolée si mon post initial t’a blessée.

_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots! Very Happy
roxanne
roxanne
Oracle

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par roxanne Hier à 2:18
zigmag17 a écrit:
epekeina.tes.ousias a écrit:Et ce n'est pas seulement que tous ces gens ont cru l'élève — c'est qu'ils n'ont pas vérifié et sont restés aveugles à la réalité de la menace. Dans cette émission, sa sœur le répète : il n'aurait pas dû mourir.

Oui ça c'est incroyable.  Comment personne n'a-t-il eu l'idée de vérifier ??? Au moindre incident la première chose qui est faite est de prendre la liste d'appel. C'est effarant.

Edit: d'autant plus que c'est bien redit dans le reportage: à un moment donné, il est peut-être tard mais ce n'est pas trop tard pour recadrer l'élève et son entourage, Samuel Paty précise à la CdE que l'élève était absente à son cours. A partir de là normalement ça devrait donner: vérification, confirmation, convocation de l'élève, convocation des parents, appel au calme et stop.
( Au lieu de: on convoque le référent laïcité pour recadrer Samuel Paty et lui demander de s'excuser).
Quelle honte.
Et elle reçoit le fameux père et l"imam" qui n'en n'est pas vraiment un d'ailleurs. Elle est où la laïcité, là?
Ajonc35
Ajonc35
Sage

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ajonc35 Hier à 6:26
Verdurette a écrit:
Zigmag a écrit:Pour moi cet engrenage infernal tient au départ à ce que l'on connaît au quotidien : la parole de l'élève vaut celle du professeur, voire lui est supérieure.  L'élève le dit? Il a raison.

+ 1
Le fait que les élèves et leurs familles aient non seulement voix au chapitre mais que cette voix soit, depuis quelques décennies, prépondérante, est une des explications de l'effondrement de l'école.
Bien d'accord avec toi. " une des ". Cela jette le discrédit sur l'enseignant. La parole de l'enfant, de l'adolescent,  est devenue LA PAROLE.
Ganbatte
Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Hier à 6:37
Marcelle Duchamp a écrit:Désolée Ganbatte, c’est moi qui ai posé la question la 1ere.
Honnêtement il y a un fil Twitter assez immonde sur sa nomination au lycée français de Pekin mais la 1ere pensée que j’ai eue, c’est que partir au bout du monde, c’était pas anodin et que ça devait permettre de se “reconstruire”. Elle est le 1er rouage d’un système qui s’est emballé et elle a du faire ce qu’elle a pu. On est tous ébranlés par cet assassinat et on cherchera toujours le coupable alors qu’en réalité, les coupables sont nombreux. Qui aurait pu imaginer qu’un drame aussi impensable aurait pu survenir un jour?
J’espère que le procès permettra d’avoir des réponses mais c’est l’institution qu’il faut juger dans son intégralité et non pas juste cette dame qui est juste la 1ere marche de cet escalier administratif.
Désolée si mon post initial t’a blessée.

Merci !
Je ne suis pas blessé à proprement parler, surtout irrité de voir une collègue qui sert de punching-ball rétrospectif (parce que oui, c'est très facile de dire après coup ce qu'il aurait fallu faire, en ayant connaissance de l'enchaînement) alors que c'est elle qui a tenu la ligne la plus cohérente et la plus appropriée.

roxanne a écrit:
zigmag17 a écrit:
epekeina.tes.ousias a écrit:Et ce n'est pas seulement que tous ces gens ont cru l'élève — c'est qu'ils n'ont pas vérifié et sont restés aveugles à la réalité de la menace. Dans cette émission, sa sœur le répète : il n'aurait pas dû mourir.

Oui ça c'est incroyable.  Comment personne n'a-t-il eu l'idée de vérifier ??? Au moindre incident la première chose qui est faite est de prendre la liste d'appel. C'est effarant.

Edit: d'autant plus que c'est bien redit dans le reportage: à un moment donné, il est peut-être tard mais ce n'est pas trop tard pour recadrer l'élève et son entourage, Samuel Paty précise à la CdE que l'élève était absente à son cours. A partir de là normalement ça devrait donner: vérification, confirmation, convocation de l'élève, convocation des parents, appel au calme et stop.
( Au lieu de: on convoque le référent laïcité pour recadrer Samuel Paty et lui demander de s'excuser).
Quelle honte.
Et elle reçoit le fameux père et l"imam" qui n'en n'est pas vraiment un d'ailleurs. Elle est où la laïcité, là?

Voilà, encore une fois c'est très facile de dire après coup qu'il aurait fallu ne pas le recevoir (si tant est que ça ait précipité les événements, ce qui ne me saute pas aux yeux). Une famille a le droit de se faire accompagner par qui elle veut, elle ne l'annonce pas toujours à l'avance, et c'est justement en vertu du principe de laïcité qu'on ne peut pas dire a priori "ah non, je ne reçois pas les barbus."
Alors on peut toujours proclamer tranquillement dans son fauteuil "voyant le traquenard, elle n'avait qu'à interrompre l'entretien", mais qui se serait dit sur le moment "oh oui, ça va sûrement bien calmer la situation et détendre tout le monde" ?
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par zigmag17 Hier à 6:50
Ganbatte a écrit:
Marcelle Duchamp a écrit:Désolée Ganbatte, c’est moi qui ai posé la question la 1ere.
Honnêtement il y a un fil Twitter assez immonde sur sa nomination au lycée français de Pekin mais la 1ere pensée que j’ai eue, c’est que partir au bout du monde, c’était pas anodin et que ça devait permettre de se “reconstruire”. Elle est le 1er rouage d’un système qui s’est emballé et elle a du faire ce qu’elle a pu. On est tous ébranlés par cet assassinat et on cherchera toujours le coupable alors qu’en réalité, les coupables sont nombreux. Qui aurait pu imaginer qu’un drame aussi impensable aurait pu survenir un jour?
J’espère que le procès permettra d’avoir des réponses mais c’est l’institution qu’il faut juger dans son intégralité et non pas juste cette dame qui est juste la 1ere marche de cet escalier administratif.
Désolée si mon post initial t’a blessée.

Merci !
Je ne suis pas blessé à proprement parler, surtout irrité de voir une collègue qui sert de punching-ball rétrospectif (parce que oui, c'est très facile de dire après coup ce qu'il aurait fallu faire, en ayant connaissance de l'enchaînement) alors que c'est elle qui a tenu la ligne la plus cohérente et la plus appropriée.

roxanne a écrit:
zigmag17 a écrit:
epekeina.tes.ousias a écrit:Et ce n'est pas seulement que tous ces gens ont cru l'élève — c'est qu'ils n'ont pas vérifié et sont restés aveugles à la réalité de la menace. Dans cette émission, sa sœur le répète : il n'aurait pas dû mourir.

Oui ça c'est incroyable.  Comment personne n'a-t-il eu l'idée de vérifier ??? Au moindre incident la première chose qui est faite est de prendre la liste d'appel. C'est effarant.

Edit: d'autant plus que c'est bien redit dans le reportage: à un moment donné, il est peut-être tard mais ce n'est pas trop tard pour recadrer l'élève et son entourage, Samuel Paty précise à la CdE que l'élève était absente à son cours. A partir de là normalement ça devrait donner: vérification, confirmation, convocation de l'élève, convocation des parents, appel au calme et stop.
( Au lieu de: on convoque le référent laïcité pour recadrer Samuel Paty et lui demander de s'excuser).
Quelle honte.
Et elle reçoit le fameux père et l"imam" qui n'en n'est pas vraiment un d'ailleurs. Elle est où la laïcité, là?

Voilà, encore une fois c'est très facile de dire après coup qu'il aurait fallu ne pas le recevoir (si tant est que ça ait précipité les événements, ce qui ne me saute pas aux yeux). Une famille a le droit de se faire accompagner par qui elle veut, elle ne l'annonce pas toujours à l'avance, et c'est justement en vertu du principe de laïcité qu'on ne peut pas dire a priori "ah non, je ne reçois pas les barbus."
Alors on peut toujours proclamer tranquillement dans son fauteuil "voyant le traquenard, elle n'avait qu'à interrompre l'entretien", mais qui se serait dit sur le moment "oh oui, ça va sûrement bien calmer la situation et détendre tout le monde" ?

Si un parent d'élève catholique ( ce que tu n'as pas à savoir soit dit en passant) se présentait accompagné d'un prêtre en soutane dans ton établissement pour un entretien visant le comportement de l'élève, tu ne te demanderais pas s'il y a un petit souci? Si, il y a un petit souci.
Marcelle Duchamp
Marcelle Duchamp
Expert spécialisé

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Marcelle Duchamp Hier à 6:58
Mais dites moi si je me trompe, j’ai vu les reportages citées l’année dernière, il ne s’est pas présenté comme un ami de la famille non et pas en tant qu’imam?

_________________
Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots! Very Happy
Elyas
Elyas
Esprit sacré

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Elyas Hier à 6:58
Ganbatte, l'EN peut produire des rapports internes mais elle ne peut échapper au soupçon de "laver" un de ses membres (surtout membre de la hiérarchie) comme cela arrive dans toutes les autres administrations de l'Etat (on en a bien parlé pour la police par exemple).

Il y a trois questions sur les gestes professionnels de la Principale de Conflans qui interrogent sur ce qui se passe dans l'EN et qui montre que cela aurait été une autre personne qu'elle, le problème aurait sans doute été le même (de tous les Principaux que je connais, soit une centaine, je n'en connais que 2 qui n'auraient pas agi ainsi selon ce que je vois de leurs gestes professionnels) :
1- Pourquoi avoir tout de suite fait la fiche d'alerte en mettant l'enseignant comme auteur de l'atteinte à la laïcité ? Est-ce une habitude de toujours aller dans le sens des familles et d'abandonner les professeurs quitte à ce que si le justice montre l'inverse, bah, on réintégrera le professeur sans rien dire ? J'ai trop d'exemples pour ne pas croire que ce n'est pas devenu une doxa interne aux cadres hiérarchiques de l'EN.
2- Pourquoi avoir reçu le père et le supposé imam et pas avoir appelé la police quand ceux-ci ont commencé à devenir véhément avec l'agent d'accueil ? Là aussi, une habitude de céder pour éviter le conflit et la médiatisation ? Recevoir une personne qui se présente comme imam, c'est assez particulier tout de même. Aucun texte réglementaire n'oblige à recevoir une famille avec un religieux.
3- Pourquoi ne pas avoir donné à Samuel ses journées et lui dire d'aller chez quelqu'un quelques jours sans retenue sur son traitement ? Pour éviter les absences ? C'est ce dernier point que, personnellement, je ne comprends pas. Le Rectorat aurait pu le lui reprocher, sans doute. C'est la peur du jugement du Rectorat qui l'en aurait empêché ou juste elle n'y a pas pensé ce qui montre que protéger les personnels quitte à les payer sans venir en cours pour les protéger est un immense impensé.

Pour moi, ce sont trois questions fondamentales où, au-delà de la personne de la Principale qui n'est que l'instrument de l'institution qui a agi comme l'institution le demande (les rapports internes le disent), il y a une vraie interrogation sur ce qu'est devenue la pensée de l'institution sur les familles, les professeurs et les élèves. Sans réponse à ces questions, on continuera à avoir des problèmes.

Il y a bien une quatrième question que j'ai mais relève-t-elle de l'institutionnel ou du personnel, je ne sais pas. Pourquoi n'a-t-elle pas recadré les deux enseignants auteurs des mails qui enfonçaient Samuel Paty ? Là, je ne comprends pas. Ils ont ensuite été protégés (plus que Samuel ne le fut) et l'un a obtenu la mutation dont il rêvait depuis des lustres alors que ceux qui ont soutenu Samuel ont été ravagés par la décision (le nombre de collègues qui ont démissionné ou qui n'ont pas su revenir enseigner est important) et des promesses faites pour soutenir les collègues n'ont pas été respectées par l'administration (qui dira que les gens ont mal compris, certes, mais c'est une excuse a posteriori facile pour faire croire qu'on a mal compris les promesses faites sur l'urgence du moment pour calmer les gens). C'est cette dichotomie immense où ceux qui font mal sont protégés et ceux qui font bien sont baladés et maltraités.


Dernière édition par Elyas le Lun 21 Oct - 7:14, édité 2 fois
lene75
lene75
Prophète

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par lene75 Hier à 6:59
olive27400 a écrit:Je pense que certains se méprennent sur ce qu'est faits établissement. Cette application permet de remonter les faits à la hiérarchie. Il n'établit pas une vérité mais un problème. C'est un moyen d'avoir ensuite une réponse des autorités. Les items à remplir sont peut-être à revoir.

C'est à la fois intéressant et inquiétant ce que tu dis. Tu veux dire que l'application "faits établissement" est conçue de telle manière que pour signaler qu'un professeur est en danger, il n'y a pas d'autre moyen que de dire que c'est lui le problème ? Il n'existe pas de case dans laquelle il aurait été possible d'indiquer que Samuel Paty était victime et non auteur des faits pour alerter la hiérarchie sur ce qui était en train de se passer ?

Si c'est le cas, c'est effrayant, et ça va bien dans le sens de ce que certains ont relevé : une institution dans laquelle, depuis les actes les plus insignifiants du quotidien d'une classe jusqu'à des choses aussi graves, le professeur est présumé fautif jusqu'à preuve du contraire. Et ça, ça n'a pas changé depuis Samuel Paty, qui aurait dû être un électrochoc pour nos cadres quant à ce dysfonctionnement de l'institution. Avant, ce mode de fonctionnement ne mettait que notre autorité en danger. Maintenant on sait que c'est notre vie qu'il met en danger, et pourtant ça continue et rien n'est fait pour remettre à plat ce système.

Édit : Elyas exprime les choses mieux que moi.


Dernière édition par lene75 le Lun 21 Oct - 7:07, édité 1 fois
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par zigmag17 Hier à 7:05
D'accord à 1000% avec les deux derniers messages.
Ganbatte
Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Hier à 7:15
@zigmag17
Si une famille se fait accompagner par un prêtre en soutane, au nom de quoi je peux lui dire non ? Je ne peux m'appuyer sur rien.
Et quand bien même : est-ce qu'on imagine sérieusement que ç'aurait été une chose à faire, dans un contexte de tension croissante, et une bonne façon de désamorcer ?

Elyas a écrit:Ganbatte, l'EN peut produire des rapports internes mais elle ne peut échapper au soupçon de "laver" un de ses membres (surtout membre de la hiérarchie) comme cela arrive dans toutes les autres administrations de l'Etat (on en a bien parlé pour la police par exemple).

Il y a trois questions sur les gestes professionnels de la Principale de Conflans qui interroge sur ce qui se passe dans l'EN et qui montre que cela aurait été une autre personne qu'elle, le problème aurait sans doute été le même (de tous les Principaux que je connais, soit une centaine, je n'en connais que 2 qui n'aurait pas agi ainsi selon ce que je vois de leurs gestes professionnels) :
1- Pourquoi avoir tout de suite fait la fiche d'alerte en mettant l'enseignant comme auteur de l'atteinte à la laïcité ? Est-ce une habitude de toujours aller dans le sens des familles et d'abandonner les professeurs quitte à ce que si le justice montre l'inverse, bah, on réintégrera le professeur sans rien dire ? J'ai trop d'exemples pour ne pas croire que ce n'est pas devenu une doxa interne aux cadres hiérarchiques de l'EN.
2- Pourquoi avoir reçu le père et le supposé imam et pas avoir appelé la police quand ceux-ci ont commencé à devenir véhément avec l'agent d'accueil ? Là aussi, une habitude de céder pour éviter le conflit et la médiatisation ? Recevoir une personne qui se présente comme imam, c'est assez particulier tout de même. Aucun texte réglementaire n'oblige à recevoir une famille avec un religieux.
Edit : à la réflexion, si elle ne les avait pas reçus, l'issue aurait très certainement été la même. La différence, c'est qu'on l'accuserait d'avoir été lâche.
3- Pourquoi ne pas avoir donné à Samuel ses journées et lui dire d'aller chez quelqu'un quelques jours sans retenue sur son traitement ? Pour éviter les absences ? C'est ce dernier point que, personnellement, je ne comprends pas. Le Rectorat aurait pu le lui reprocher, sans doute. C'est la peur du jugement du Rectorat qui l'en aurait empêché ou juste elle n'y a pas pensé ce qui montre que protéger les personnels quitte à les payer sans venir en cours pour les protéger est un immense impensé.

Pour moi, ce sont trois questions fondamentales où, au-delà de la personne de la Principale qui n'est que l'instrument de l'institution qui a agi comme l'institution le demande (les rapports internes le disent), il y a une vraie interrogation sur ce qu'est devenue la pensée de l'institution sur les familles, les professeurs et les élèves. Sans réponse à ces questions, on continuera à avoir des problèmes.

Il y a bien une quatrième question que j'ai mais relève-t-elle de l'institutionnel ou du personnel, je ne sais pas. Pourquoi n'a-t-elle pas recadré les deux enseignants auteurs des mails qui enfonçaient Samuel Paty ? Là, je ne comprends pas. Ils ont ensuite été protégés (plus que Samuel ne le fut) et l'un a obtenu la mutation dont il rêvait depuis des lustres alors que ceux qui ont soutenu Samuel ont été ravagés par la décision (le nombre de collègues qui ont démissionné ou qui n'ont pas su revenir enseigner est important) et des promesses faites pour soutenir les collègues n'ont pas été respectées par l'administration (qui dira que les gens ont mal compris, certes, mais c'est une excuse a posteriori facile pour faire croire qu'on a mal compris les promesses faites sur l'urgence du moment pour calmer les gens). C'est cette dichotomie immense où ceux qui font mal sont protégés et ceux qui font bien sont baladés et maltraités.

Alors sur ton point par point :
1. Un "fait établissement", c'est pour signaler un problème, et on remplit la fiche comme on peut. Certains se sont émus de voir "un groupe d'élèves" indiqué comme "victimes", oui ben on clique où c'est possible de le faire.
Il ne faut pas tomber dans le piège selon lequel "il y a eu un mort, donc il fallait tout savoir et tout deviner à l'avance" : sur le moment, avant que ça ne dérape complètement, il était légitime de s'interroger sur un cours dont des élèves sortent en se disant offensés, et de se faire assister par un extérieur spécialiste sur la laïcité. Je suppose que, lorsqu'elle a demandé de l'aide, on lui a dit "remplissez un fait établissement pour enclencher," c'est typique, ça prend cinq minutes, et ainsi ça peut avancer.

2. J'ai déjà répondu, mais je répète, sérieusement, tu aurais fait quoi ? Tu te serais vraiment dit "une famille de zinzins est en train de s'énerver sur un enseignant, ça pue la radicalisation à vingt mètres, donc je vais les congédier et les laisser s'exciter entre eux, plutôt que de les recevoir comme ils ont le droit de le demander, et essayer de désamorcer" ? Perso, je pense que j'aurais fait comme elle, ne serait-ce que pour essayer de rétablir un peu de calme.
Edit : en y repensant, je me dis surtout que si elle avait refusé de les recevoir, l'issue aurait été très certainement la même, à la différence près qu'on l'aurait accusée de faire preuve de lâcheté.

3. Je ne sais pas. Au moment où ç'aurait été la bonne chose à faire, qui avait la clairvoyance nécessaire pour prendre cette décision (tout à fait hétérodoxe soit dit en passant) ? Quand la police ne fait rien, alors qu'elle est censée être spécialiste, qui serait une principale pour affirmer "non quoi qu'en disent les experts, je pense qu'il est danger de mort, et qu'il sera en sécurité s'il reste enfermé chez lui" ?

@lene75
En fait il n'y a pas d'application pour dire qu'un professeur est en danger. Tout doit passer par "fait établissement", c'est la porte d'entrée systématique. Quand elle a été remplie, il ne l'était pas.

Conclusion personnelle : je ne suis pas connu pour mon humilité, et je n'ai pas de scrupule à désapprouver un collègue, mais sur toute cette affaire j'affirme que je n'aurais pas fait mieux qu'Audrey, et je ne connais personne qui aurait eu plus de clairvoyance. Tout jugement qui consiste à dire aujourd'hui qu'il était évident qu'elle devait faire ci, et ne pas faire ça, se base sur la connaissance rétrospective des faits, ce qui est très aisé. Par ailleurs, même avec cette connaissance, je ne suis pas certain que la situation aurait pu être désamorcée : le tueur avait pour projet de tuer, c'est tombé sur Samuel Paty, ç'aurait pu tomber sur un autre.


Dernière édition par Ganbatte le Lun 21 Oct - 7:24, édité 1 fois
dandelion
dandelion
Vénérable

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par dandelion Hier à 7:24
Les choses ont changé depuis l’assassinat de Samuel Paty, les pouvoirs publics réagissent plus rapidement et les condamnations sont sévères : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/reseaux-sociaux-des-profs-sous-surveillance-4862491
@Elyas Est-ce qu’un principal a vraiment le pouvoir de faire ce que tu dis? Si la police et la DGSI avaient signalé au rectorat qu’il fallait déplacer Samuel Paty, est-ce qu’ils ne l’auraient pas fait?
Si j’avais un problème, que j’appelais la police et qu’ils ne me disaient pas de prendre des mesures immédiates, est-ce que je ne me fierais pas à leur jugement plutôt qu’aux rumeurs sur ce qui se passe dans les mosquées, que je prendrais forcément avec un recul certain compte-tenu des préjugés racistes existant dans notre pays?
A la loge de mon établissement, il y a régulièrement des gens qui s’énervent, et les personnels essaient de temporiser pour pouvoir sortir du conflit et construire quelque chose, c’est quand même la base du métier, non?
Je trouve dommage qu’on retombe toujours sur une polarisation qui ne profite à personne. Les CDE sont des rouages dans une grosse machine, pris entre le marteau et l’enclume, et tellement sous l’eau la plupart du temps que je doute qu’ils puissent prendre beaucoup de recul ou se documenter sur l’évolution des rumeurs dans leur quartier. Sans compter qu’ils sont censés ‘obéir’ et choisis selon ce critère, ce qui complique encore les choses. Comme Ganbatte, dans cette histoire, je trouve difficile de se dire qu’on aurait mieux fait que cette CDE compte-tenu du déroulé des faits et de la ‘nouveauté’ de cet assassinat (après, c’est facile de prévoir).
Isis39
Isis39
Enchanteur

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Isis39 Hier à 7:25
Donc quand un chef remplit un fait établissement le professeur se retrouve auteur ? Cela en dit long sur l'institution. Merci pour tes précisions Ganbatte.
Et effectivement, il était compliqué d'imaginer les proportions que cela allait prendre.
LadyOlenna
LadyOlenna
Modérateur

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par LadyOlenna Hier à 7:30
Isis39 a écrit:Donc quand un chef remplit un fait établissement le professeur se retrouve auteur ? Cela en dit long sur l'institution. Merci pour tes précisions Ganbatte.
Et effectivement, il était compliqué d'imaginer les proportions que cela allait prendre.
En fait il faut nécessairement saisir un "auteur" et une "victime", c'est formulé comme ça et on est obligé de remplir ces deux items. Ce qui fige la situation, qui ne rentre pas toujours dans ce cadre (par exemple l'autre jour j'ai voulu signaler qu'un élève était rentré avec un couteau, aucun élève ne l'a vu mais j'ai quand même dû saisir des "victimes". C'est absurde.)
lene75
lene75
Prophète

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par lene75 Hier à 7:35
Ganbatte a écrit:

Alors sur ton point par point :
1. Un "fait établissement", c'est pour signaler un problème, et on remplit la fiche comme on peut. Certains se sont émus de voir "un groupe d'élèves" indiqué comme "victimes", oui ben on clique où c'est possible de le faire.
Il ne faut pas tomber dans le piège selon lequel "il y a eu un mort, donc il fallait tout savoir et tout deviner à l'avance" : sur le moment, avant que ça ne dérape complètement, il était légitime de s'interroger sur un cours dont des élèves sortent en se disant offensés, et de se faire assister par un extérieur spécialiste sur la laïcité. Je suppose que, lorsqu'elle a demandé de l'aide, on lui a dit "remplissez un fait établissement pour enclencher," c'est typique, ça prend cinq minutes, et ainsi ça peut avancer.


Elyas a donc bien raison. C'est structurel.

C'est un choix que de supposer que quand des gamins se sentent offensés, il y a plus de chances pour qu'ils aient raison et le prof tort que l'inverse. Même quand, comme c'était le cas ici, il s'agit d'un prof expérimenté qui n'a jamais rien eu à se reprocher. Je sais que tu vas me répondre que ce n'est pas ce que tu dis, mais si, sinon tu prendrais les choses dans le sens inverse, en t’interrogeant d'abord sur l'attitude des élèves et ensuite, dans un 2e temps sur le cours s'il y a lieu, pas l'inverse. C'est comme quand un prof est insulté. Se demander d'abord ce qu'il a bien pu faire pour provoquer ça plutôt que de commencer par se dire que c'est l'élève qui est en tort, c'est un choix. Et c'est un choix qui n'est pas neutre.

Si mon enfant me dit que son père ceci ou cela, ce que font couramment tous les enfants pour jouer papa contre maman, ma première réaction est de me dire que son père n'a rien à se reprocher et que c'est l'enfant qui raconte n'importe quoi. Ce n'est que dans un 2e temps, si ma 1re hypothèse, la plus probable, n'est pas vérifiée, que je me demanderai si ce n'est pas le père qui a un problème. Je ne me le demanderai pas en première intention. Ne serait-ce que parce que si je laisse percevoir à l'enfant qu'un soupçon peut peser sur son père, qu'il soit lavé ensuite ou pas reste anecdotique pour l'enfant : la brèche est ouverte et s'il n'avait pas tort cette fois-ci, il n'en reste pas moins qu'on a retenu que le plus probable reste qu'il soit en tort.

L'EN fonctionne dans l'autre sens, et ça veut dire beaucoup sur la défiance par défaut envers les profs. Ça veut dire exactement qu'on considère que le plus probable est que le prof soit coupable, et que si cette fois-ci il ne l'est pas, il aurait tout aussi bien pu l'être. Bien que blanchi pour cette fois-ci, il a bien été désavoué, et donc fragilisé aux yeux de tous.


Dernière édition par lene75 le Lun 21 Oct - 7:38, édité 1 fois
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par zigmag17 Hier à 7:37
Il me semble que quelqu'un qui demande à accompagner un parent d'élève à un entretien en tenue religieuse dans un établissement scolaire se présente déjà comme un directeur de conscience et c'est très gênant parce que cette immixion du religieux dans la sphère laïque n'a pas lieu d'être. C'est déjà à mon avis un bon indice quant à la pression exercée à la fois sur le parent d'élève et sur le personnel du collège. C'est la même chose pour l'"offense". Des élèves sont "offensés"? Peut-être mais cela ne devrait pas être dans un établissement scolaire. Le savoir peut heurter et on est là pour expliquer, pas pour céder aux pudeurs de tel ou tel sinon on n'a qu'à supprimer directement l'étude des textes, des œuvres d'art etc ( d'ailleurs on y vient et c'est dramatique).
Enfin s'il s'agit de recevoir de telles personnes pour ne pas attiser la rancœur ou la colère, force est de constater que c'est raté.
Mickaelle Paty en substance explique qu'avec des extrémistes la raison n'a pas de prise. Je lui laisserai ce dernier mot.
Parce que pardon mais dans le cas de cet "imam" , même si l'on ne pouvait sans doute pas prévoir une issue aussi dramatique, il était possible de voir qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un légitime à entrer dans un établissement scolaire dans ce cas précis, et qu'il ne se tiendrait pas du côté de l'apaisement.
Honchamp
Honchamp
Doyen

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Honchamp Hier à 7:39
Certains chefs, quand ils sentent une situation délicate, ou pour avoir un témoin, évitent de recevoir seuls les parents.
La principale n'a donc pas demandé à son adjoint ou à un CPE d'être avec elle ?

Cette histoire de fiche à remplir mal conçue, est-ce que cela a changé ?
Elyas
Elyas
Esprit sacré

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Elyas Hier à 7:40
Ganbatte a écrit:

Alors sur ton point par point :
1. Un "fait établissement", c'est pour signaler un problème, et on remplit la fiche comme on peut. Certains se sont émus de voir "un groupe d'élèves" indiqué comme "victimes", oui ben on clique où c'est possible de le faire.
Il ne faut pas tomber dans le piège selon lequel "il y a eu un mort, donc il fallait tout savoir et tout deviner à l'avance" : sur le moment, avant que ça ne dérape complètement, il était légitime de s'interroger sur un cours dont des élèves sortent en se disant offensés, et de se faire assister par un extérieur spécialiste sur la laïcité. Je suppose que, lorsqu'elle a demandé de l'aide, on lui a dit "remplissez un fait établissement pour enclencher," c'est typique, ça prend cinq minutes, et ainsi ça peut avancer.

2. J'ai déjà répondu, mais je répète, sérieusement, tu aurais fait quoi ? Tu te serais vraiment dit "une famille de zinzins est en train de s'énerver sur un enseignant, ça pue la radicalisation à vingt mètres, donc je vais les congédier et les laisser s'exciter entre eux, plutôt que de les recevoir comme ils ont le droit de le demander, et essayer de désamorcer" ? Perso, je pense que j'aurais fait comme elle, ne serait-ce que pour essayer de rétablir un peu de calme.

3. Je ne sais pas. Au moment où ç'aurait été la bonne chose à faire, qui avait la clairvoyance nécessaire pour prendre cette décision (tout à fait hétérodoxe soit dit en passant) ? Quand la police ne fait rien, alors qu'elle est censée être spécialiste, qui serait une principale pour affirmer "non quoi qu'en disent les experts, je pense qu'il est danger de mort, et qu'il sera en sécurité s'il reste enfermé chez lui" ?

@lene75
En fait il n'y a pas d'application pour dire qu'un professeur est en danger. Tout doit passer par "fait établissement", c'est la porte d'entrée systématique. Quand elle a été remplie, il ne l'était pas.

Conclusion personnelle : je ne suis pas connu pour mon humilité, et je n'ai pas de scrupule à désapprouver un collègue, mais sur toute cette affaire j'affirme que je n'aurais pas fait mieux qu'Audrey, et je ne connais personne qui aurait eu plus de clairvoyance. Tout jugement qui consiste à dire aujourd'hui qu'il était évident qu'elle devait faire ci, et ne pas faire ça, se base sur la connaissance rétrospective des faits, ce qui est très aisé. Par ailleurs, même avec cette connaissance, je ne suis pas certain que la situation aurait pu être désamorcée : le tueur avait pour projet de tuer, c'est tombé sur Samuel Paty, ç'aurait pu tomber sur un autre.

Pour ta conclusion personnelle, c'est ce que j'exprimais quand je disais que le problème, c'est la façon de former et de fonctionner pour les cadres supérieurs de l'EN (IA-IPR, IEN et perdir). Quand j'ai écrit que je ne connais que 2 perdirs sur une centaine que je fréquente qui n'auraient pas agi ainsi, c'est ce que je signifiais. Vous n'êtes pas sélectionnés et formés pour agir/penser autrement.

Pour le point 1, le problème est que le logiciel a été fait par des humains qui ont eu un cahier des charges dans lequel le professeur n'est jamais considéré comme une victime mais seule la possibilité qu'il soit l'auteur du problème existe. Le fait de jongler avec le logiciel n'empêche pas qu'il y a là une doctrine problématique sur la vision qu'a la hiérarchie sur les enseignants.

Le point 2, je comprends. La pression est compliquée.

Le point 3 est sans doute ce qui est le point fondamental entre nous.

@Dandelion : Oui, un principal peut faire cela, même si comme le dit Ganbatte, c'est hétérodoxe. Un Principal qui voit un collègue qui va mal peut lui donner sa journée, un Principal qui a un collègue qui a un problème de fuite d'eau à la maison peut lui donner sa journée... avec rattrapage des cours ou non, avec retenue sur traitement ou non. C'est "hétérodoxe" mais des tas de perdirs le font par humanité. Samuel aurait peu se voir signifier de rester à la maison par sécurité. Aurait-il accepté ? C'est un autre débat.
Ganbatte
Ganbatte
Habitué du forum

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par Ganbatte Hier à 7:40
lene75 a écrit:
Ganbatte a écrit:

Alors sur ton point par point :
1. Un "fait établissement", c'est pour signaler un problème, et on remplit la fiche comme on peut. Certains se sont émus de voir "un groupe d'élèves" indiqué comme "victimes", oui ben on clique où c'est possible de le faire.
Il ne faut pas tomber dans le piège selon lequel "il y a eu un mort, donc il fallait tout savoir et tout deviner à l'avance" : sur le moment, avant que ça ne dérape complètement, il était légitime de s'interroger sur un cours dont des élèves sortent en se disant offensés, et de se faire assister par un extérieur spécialiste sur la laïcité. Je suppose que, lorsqu'elle a demandé de l'aide, on lui a dit "remplissez un fait établissement pour enclencher," c'est typique, ça prend cinq minutes, et ainsi ça peut avancer.


Elyas a donc bien raison. C'est structurel.

C'est un choix que de supposer que quand des gamins se sentent offensés, il y a plus de chances pour qu'ils aient raison et le prof tort que l'inverse. Même quand, comme c'était le cas ici, il s'agit d'un prof expérimenté qui n'a jamais rien eu à se reprocher. Je sais que tu vas me répondre que ce n'est pas ce que tu dis, mais si, sinon tu prendrais les choses dans le sens inverse, en t’interrogeant d'abord sur l'attitude des élèves et ensuite, dans un 2e temps sur le cours s'il y a lieu, pas l'inverse. C'est comme quand un prof est insulté. Se demander d'abord ce qu'il a bien pu faire pour provoquer ça plutôt que de commencer par se dire que c'est l'élève qui est en tort, c'est un choix. Et c'est un choix qui n'est pas neutre.

Si mon enfant me dit que son père ceci ou cela, ce que font couramment tous les enfants pour jouer papa contre maman, ma première réaction est de me dire que son père n'a rien à se reprocher et que c'est l'enfant qui raconte n'importe quoi. Ce n'est que dans un 2e temps, si ma 1re hypothèse, la plus probable, n'est pas vérifiée, que je me demanderai si ce n'est pas le père qui a un problème. Je ne me le demanderai pas en première intention. Ne serait-ce que parce que si je laisse percevoir à l'enfant qu'un soupçon peut peser sur son père, qu'il soit lavé ensuite ou pas reste anecdotique pour l'enfant : la brèche est ouverte et s'il n'avait pas tort cette fois-ci, il n'en reste pas moins qu'on a retenu que le plus probable reste qu'il soit en tort.

L'EN fonctionne dans l'autre sens, et ça veut dire beaucoup sur la défiance par défaut envers les profs. Ça veut dire exactement qu'on considère que le plus probable est que le prof soit coupable, et que si cette fois-ci il ne l'est pas, il aurait tout aussi bien pu l'être.

Non seulement ce n'est pas ce que j'ai dit, donc tu détournes sciemment mon propos, mais tu récupères la situation même, pour faire des parallèles avec des considérations générales ou des problèmes tout à fait différents, me semble douteux sinon sordide.
Néanmoins merci, tu illustres bien ma conviction selon laquelle, sur cette affaire, il y a énormément de commentaires qui l'instrumentalisent pour exprimer des colères, des rancunes, des opinions politiques, sans lien avec la situation précise.
zigmag17
zigmag17
Guide spirituel

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par zigmag17 Hier à 7:42
Ganbatte a écrit:
lene75 a écrit:
Ganbatte a écrit:

Alors sur ton point par point :
1. Un "fait établissement", c'est pour signaler un problème, et on remplit la fiche comme on peut. Certains se sont émus de voir "un groupe d'élèves" indiqué comme "victimes", oui ben on clique où c'est possible de le faire.
Il ne faut pas tomber dans le piège selon lequel "il y a eu un mort, donc il fallait tout savoir et tout deviner à l'avance" : sur le moment, avant que ça ne dérape complètement, il était légitime de s'interroger sur un cours dont des élèves sortent en se disant offensés, et de se faire assister par un extérieur spécialiste sur la laïcité. Je suppose que, lorsqu'elle a demandé de l'aide, on lui a dit "remplissez un fait établissement pour enclencher," c'est typique, ça prend cinq minutes, et ainsi ça peut avancer.


Elyas a donc bien raison. C'est structurel.

C'est un choix que de supposer que quand des gamins se sentent offensés, il y a plus de chances pour qu'ils aient raison et le prof tort que l'inverse. Même quand, comme c'était le cas ici, il s'agit d'un prof expérimenté qui n'a jamais rien eu à se reprocher. Je sais que tu vas me répondre que ce n'est pas ce que tu dis, mais si, sinon tu prendrais les choses dans le sens inverse, en t’interrogeant d'abord sur l'attitude des élèves et ensuite, dans un 2e temps sur le cours s'il y a lieu, pas l'inverse. C'est comme quand un prof est insulté. Se demander d'abord ce qu'il a bien pu faire pour provoquer ça plutôt que de commencer par se dire que c'est l'élève qui est en tort, c'est un choix. Et c'est un choix qui n'est pas neutre.

Si mon enfant me dit que son père ceci ou cela, ce que font couramment tous les enfants pour jouer papa contre maman, ma première réaction est de me dire que son père n'a rien à se reprocher et que c'est l'enfant qui raconte n'importe quoi. Ce n'est que dans un 2e temps, si ma 1re hypothèse, la plus probable, n'est pas vérifiée, que je me demanderai si ce n'est pas le père qui a un problème. Je ne me le demanderai pas en première intention. Ne serait-ce que parce que si je laisse percevoir à l'enfant qu'un soupçon peut peser sur son père, qu'il soit lavé ensuite ou pas reste anecdotique pour l'enfant : la brèche est ouverte et s'il n'avait pas tort cette fois-ci, il n'en reste pas moins qu'on a retenu que le plus probable reste qu'il soit en tort.

L'EN fonctionne dans l'autre sens, et ça veut dire beaucoup sur la défiance par défaut envers les profs. Ça veut dire exactement qu'on considère que le plus probable est que le prof soit coupable, et que si cette fois-ci il ne l'est pas, il aurait tout aussi bien pu l'être.

Non seulement ce n'est pas ce que j'ai dit, donc tu détournes sciemment mon propos, mais tu récupères la situation même, pour faire des parallèles avec des considérations générales ou des problèmes tout à fait différents, me semble douteux sinon sordide.
Néanmoins merci, tu illustres bien ma conviction selon laquelle, sur cette affaire, il y a énormément de commentaires qui l'instrumentalisent pour exprimer des colères, des rancunes, des opinions politiques, sans lien avec la situation précise.

Je suis d'accord avec Lene dont les propos sont tout sauf sordides.

Edit : Il était légitime de s'interroger sur un cours dont les élèves sortent en se disant offensés "? Vraiment??


Dernière édition par zigmag17 le Lun 21 Oct - 7:44, édité 1 fois
DesolationRow
DesolationRow
Empereur

Assassinat de notre collègue Samuel Paty - Page 23 Empty Re: Assassinat de notre collègue Samuel Paty

par DesolationRow Hier à 7:42
Je trouve, sur cette question, Elyas très clair et très juste.
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