- epekeina.tes.ousiasModérateur
Je viens de dire “bof”.
À la réflexion, je me dis même que ce n'est pas le moment. Je ne me vois pas bavarder sur la laïcité face à un mort. Le recueillement, c'est se souvenir que c'est horrible et que rien ne le justifie. Le reste…
À la réflexion, je me dis même que ce n'est pas le moment. Je ne me vois pas bavarder sur la laïcité face à un mort. Le recueillement, c'est se souvenir que c'est horrible et que rien ne le justifie. Le reste…
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Si je parle de questions possibles sur la laïcité, c'est parce que c'est la notion que développe plus particulièrement le texte de Robert Badinter que nous devrons lire lundi matin dans mon établissement.
- Vieux_MongolFidèle du forum
Je n'ai jamais eu l'impression de "bavarder sur la laïcité" quand j'ai préparé la minute de silence avec mes élèves.
- JennyMédiateur
epekeina.tes.ousias a écrit:Je viens de dire “bof”.
À la réflexion, je me dis même que ce n'est pas le moment. Je ne me vois pas bavarder sur la laïcité face à un mort. Le recueillement, c'est se souvenir que c'est horrible et que rien ne le justifie. Le reste…
Et je parle de nos collègues assassinés.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
C'est son discours de 2020 ?
Pour ma part, je ne vois pas quoi y ajouter — ni d'ailleurs ce qu'il pourrait y avoir comme question. La liberté, l'égalité — et la fraternité : on ne s'entr'égorge pas pour des histoires d'opinions ou de croyances. Les tueries n'ont ni raison ni justification, elles relèvent de la barbarie.
Pour ma part, je ne vois pas quoi y ajouter — ni d'ailleurs ce qu'il pourrait y avoir comme question. La liberté, l'égalité — et la fraternité : on ne s'entr'égorge pas pour des histoires d'opinions ou de croyances. Les tueries n'ont ni raison ni justification, elles relèvent de la barbarie.
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Si tu vales valeo.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Vieux_Mongol a écrit:Je n'ai jamais eu l'impression de "bavarder sur la laïcité" quand j'ai préparé la minute de silence avec mes élèves.
Mais je n'ai pas dit cela. J'ai que je ne me voyais pas, pas à ce moment-là…
Le reste du temps tant qu'on veut, je fais des dizaines d'heures de cours là-dessus, j'écris là-dessus. Mais pas dans cette circonstance. Ça m'est strictement impossible.
C'est quelque chose comme : chez moi, l'assassinat et la violence me coupent la raison et le discours.
Jenny a écrit:Et je parle de nos collègues assassinés.
Oui, tu as raison : c'est la seule chose dont on peut parler.
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Si tu vales valeo.
- Vieux_MongolFidèle du forum
epekeina.tes.ousias a écrit:Vieux_Mongol a écrit:Je n'ai jamais eu l'impression de "bavarder sur la laïcité" quand j'ai préparé la minute de silence avec mes élèves.
Mais je n'ai pas dit cela. J'ai que je ne me voyais pas, pas à ce moment-là…
Le reste du temps tant qu'on veut, je fais des dizaines d'heures de cours là-dessus, j'écris là-dessus. Mais pas dans cette circonstance. Ça m'est strictement impossible.
C'est quelque chose comme : chez moi, l'assassinat et la violence me coupent la raison et le discours.
Peut-être qu'en histoire, on est plus blindé à force d'enseigner certaines des plus belles saloperies commises par l'espèce humaine. Ceci dit ce n'est pas facile et je me demande si avec l'âge et la répétition je ne me fatigue pas un peu.
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
epekeina.tes.ousias a écrit:C'est son discours de 2020 ?
Pour ma part, je ne vois pas quoi y ajouter — ni d'ailleurs ce qu'il pourrait y avoir comme question. La liberté, l'égalité — et la fraternité : on ne s'entr'égorge pas pour des histoires d'opinions ou de croyances. Les tueries n'ont ni raison ni justification, elles relèvent de la barbarie.
Oui, une version très légèrement adaptée pour y inclure l'hommage à Dominique Bernard. Je ne vois pas non plus quoi ajouter à ce texte. Je redoute plutôt que les élèves m'interrogent sur les faits, sur les crimes eux-mêmes, sur les motivations des auteurs. Non par malveillance, mais par désir de savoir précisément ce qui s'est passé. Et là, je ne me sens pas capable de répondre.
J'ai honte de dire cela, mais j'ai une telle appréhension de ce moment que je crains terriblement d'oublier l'hommage une fois dans ma classe avec les élèves à l'heure qui a été décidée. C'est absurde, et ce serait difficilement pardonnable, mais je sais que c'est le genre de bévue dont je suis capable.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
La philo s'occupe des folies humaines (à défaut de posséder la sagesse, autant éviter son contraire) : cela arme également.
Mais je ne suis pas du tout sûr que dans ce genre de commémoration il faille donner dans le discours. Il y a 10 ou 15 ans, je l'aurais probablement cru, peut-être même dit. Mais je pense que j'avais tort (ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que j'ai raison).
Mais dis leur ça, justement : que ce que tu sais c'est que l'un a été assassiné en sortant de son collège, l'autre à l'entrée de son lycée, qu'ils étaient des maris, qu'ils avaient des parents, des enfants, un fils pour l'un, trois filles pour l'autre, qu'ils n'avaient rien fait et qu'ils ont été assassinés. Dis leur même que le reste, tu n'as pas envie de le savoir ce jour-là.
On a tous honte, je crois, d'une manière ou d'une autre. Des assassinats de ce genre, c'est une telle catastrophe qu'on a forcément honte que cela puisse arriver (et oui, je sais, il y a ceux qui repoussent la honte et même la transforme en fierté et en joie : ce sont des assassins, même s'ils n'ont pas encore eu l'occasion de tuer quelqu'un). Et c'est pourquoi on donne dans la culpabilité, pour cela et parce qu'on n'a pas du tout envie d'y penser et d'y repenser.
Alors peut-être, noter dans ta prép de dire aux élèves que tout le monde doit penser à l'heure ? Même s'il est certain que cela n'arrivera pas.
Mais je ne suis pas du tout sûr que dans ce genre de commémoration il faille donner dans le discours. Il y a 10 ou 15 ans, je l'aurais probablement cru, peut-être même dit. Mais je pense que j'avais tort (ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que j'ai raison).
Aperçu par hasard a écrit:Oui, une version très légèrement adaptée pour y inclure l'hommage à Dominique Bernard. Je ne vois pas non plus quoi ajouter à ce texte. Je crains plutôt que les élèves m'interrogent sur les les faits, sur les crimes eux-mêmes, sur les motivations des auteurs. Non par malveillance, mais par désir de savoir précisément ce qui s'est passé. Et là, je ne me sens pas capable de répondre.
Mais dis leur ça, justement : que ce que tu sais c'est que l'un a été assassiné en sortant de son collège, l'autre à l'entrée de son lycée, qu'ils étaient des maris, qu'ils avaient des parents, des enfants, un fils pour l'un, trois filles pour l'autre, qu'ils n'avaient rien fait et qu'ils ont été assassinés. Dis leur même que le reste, tu n'as pas envie de le savoir ce jour-là.
J'ai honte de dire cela, mais j'ai une telle appréhension de ce moment que je crains terriblement d'oublier l'hommage une fois dans ma classe avec les élèves à l'heure qui a été décidée. C'est absurde, et ce serait difficilement pardonnable, mais je sais que c'est le genre de bévue dont je suis capable.
On a tous honte, je crois, d'une manière ou d'une autre. Des assassinats de ce genre, c'est une telle catastrophe qu'on a forcément honte que cela puisse arriver (et oui, je sais, il y a ceux qui repoussent la honte et même la transforme en fierté et en joie : ce sont des assassins, même s'ils n'ont pas encore eu l'occasion de tuer quelqu'un). Et c'est pourquoi on donne dans la culpabilité, pour cela et parce qu'on n'a pas du tout envie d'y penser et d'y repenser.
Alors peut-être, noter dans ta prép de dire aux élèves que tout le monde doit penser à l'heure ? Même s'il est certain que cela n'arrivera pas.
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- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
epekeina.tes.ousias a écrit:La philo s'occupe des folies humaines (à défaut de posséder la sagesse, autant éviter son contraire) : cela arme également.
Mais je ne suis pas du tout sûr que dans ce genre de commémoration il faille donner dans le discours. Il y a 10 ou 15 ans, je l'aurais probablement cru, peut-être même dit. Mais je pense que j'avais tort (ce qui ne veut d'ailleurs pas dire que j'ai raison).Aperçu par hasard a écrit:Oui, une version très légèrement adaptée pour y inclure l'hommage à Dominique Bernard. Je ne vois pas non plus quoi ajouter à ce texte. Je crains plutôt que les élèves m'interrogent sur les les faits, sur les crimes eux-mêmes, sur les motivations des auteurs. Non par malveillance, mais par désir de savoir précisément ce qui s'est passé. Et là, je ne me sens pas capable de répondre.
Mais dis leur ça, justement : que ce que tu sais c'est que l'un a été assassiné en sortant de son collège, l'autre à l'entrée de son lycée, qu'ils étaient des maris, qu'ils avaient des parents, des enfants, un fils pour l'un, trois filles pour l'autre, qu'ils n'avaient rien fait et qu'ils ont été assassinés. Dis leur même que le reste, tu n'as pas envie de le savoir ce jour-là.
J'ai honte de dire cela, mais j'ai une telle appréhension de ce moment que je crains terriblement d'oublier l'hommage une fois dans ma classe avec les élèves à l'heure qui a été décidée. C'est absurde, et ce serait difficilement pardonnable, mais je sais que c'est le genre de bévue dont je suis capable.
On a tous honte, je crois, d'une manière ou d'une autre. Des assassinats de ce genre, c'est une telle catastrophe qu'on a forcément honte que cela puisse arriver (et oui, je sais, il y a ceux qui repoussent la honte et même la transforme en fierté et en joie : ce sont des assassins, même s'ils n'ont pas encore eu l'occasion de tuer quelqu'un). Et c'est pourquoi on donne dans la culpabilité, pour cela et parce qu'on n'a pas du tout envie d'y penser et d'y repenser.
Alors peut-être, noter dans ta prép de dire aux élèves que tout le monde doit penser à l'heure ? Même s'il est certain que cela n'arrivera pas.
Oui, c'est bête mais j'ai mis 50 rappels sur mon téléphone, que je ne suis pourtant pas censé regarder une fois en cours (et je n'ai habituellement pas de préparation écrite (déroulement du cours sur papier) à proprement parler. J'ai le déroulement complet dans ma tête et tous les éléments du cours (docs, images) sur ma clef ou imprimés... enfin bref, ce n'est pas le fil pour expliquer mes méthodes).
En tout cas, oui, je ne vois pas grand chose d'autre que je puisse dire que ce que tu dis là.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Comme j'ai l'esprit de l'escalier, les choses me viennent après coup. Après tout : écris-le sur le tableau dans ta salle — en grand. Tout le monde le verra, et toi aussi. Le problème vient aussi de ceci qu'on ne veut pas que les élèves ou les étudiants nous voient troublés. On peut très bien être troublé par ces assassinats (à mon avis, on ne peut que l'être) — sans l'être par les élèves ou les étudiants. Alors autant faire les choses explicitement.
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- HermionyGuide spirituel
Rien reçu de la direction dans mon collège...
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"Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exerce si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les animaux. Il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés".
Marguerite Yourcenar
« La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute pureté et en toute liberté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. » «Le véritable test moral de l’humanité, ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. » Kundera, L’Insoutenable Légèreté de l’être
- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
epekeina.tes.ousias a écrit:Comme j'ai l'esprit de l'escalier, les choses me viennent après coup. Après tout : écris-le sur le tableau dans ta salle — en grand. Tout le monde le verra, et toi aussi. Le problème vient aussi de ceci qu'on ne veut pas que les élèves ou les étudiants nous voient troublés. On peut très bien être troublé par ces assassinats (à mon avis, on ne peut que l'être) — sans l'être par les élèves ou les étudiants. Alors autant faire les choses explicitement.
Enfin oui, il faut que je trouve une solution de ce genre. Mais c'est un fait que si les affects font partie du jeu éducatif, je ne suis à l'aise - comme beaucoup je suppose - que quand ils sont sous contrôle, comme un outil dont on peut se servir. Lorsque ce n'est plus le cas, je crois que je ne fais plus vraiment mon métier. Je suis dans un autre registre, pour ainsi dire, que je ne maîtrise pas. Et aussi, j'aurais toujours l'impression de faire quelque chose de terriblement déplacé si je m'appuyais sur un drame récent pour développer un propos éducatif, fût-ce avec l'idée louable de "redonner du sens". Je me souviens qu'immédiatement après les attentats de Charlie Hebdo, des collègues d'arts appliqués de mon établissement avaient réalisé des séances pour expliquer le dessin de presse. C'est peut-être le genre de choses qu'un enseignant doit pouvoir faire pour ne pas laisser les élèves sans clef de lecture, mais pour ma part j'en aurais été absolument incapable.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Je comprends tout à fait ton point de vue. J'ajoute qu'on n'est pas tous toujours capables de continuer à enseigner dans toutes les circonstances. Et que ce n'est peut-être pas un mal, d'ailleurs. On fait ce qu'on peut et c'est déjà beaucoup.
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Si tu vales valeo.
- JennyMédiateur
Je trouve que c’est bien d’avoir un temps de recueillement sans forcément faire une activité, apporter beaucoup de contenu ce jour là. L’avoir en tête, se dire qu’on fera quelque chose à un autre moment de l’année, c’est très bien.
Quand je dis « donner du sens », c’est m’assurer que pour eux, cette minute de silence ait une signification : pourquoi on la fait ? pourquoi ces deux attentats ont marqué l’école ? Et surtout qui étaient nos collègues ? Parce que ce jour là, je n’ai pas envie de parler des auteurs… J'avais dit aussi quelque chose sur les blessés et sur les agents l’an dernier aussi…
Et avec l’expérience, je me dis que ce n’est pas grave du tout s’ils me voient émue ou même très émue. C’était le cas l’an dernier, ils m’ont demandé pourquoi ça me touchait, on a discuté… et ce n’était pas grave d’avoir eu la voix qui avait un peu déraillé à un moment.
Quand je dis « donner du sens », c’est m’assurer que pour eux, cette minute de silence ait une signification : pourquoi on la fait ? pourquoi ces deux attentats ont marqué l’école ? Et surtout qui étaient nos collègues ? Parce que ce jour là, je n’ai pas envie de parler des auteurs… J'avais dit aussi quelque chose sur les blessés et sur les agents l’an dernier aussi…
Et avec l’expérience, je me dis que ce n’est pas grave du tout s’ils me voient émue ou même très émue. C’était le cas l’an dernier, ils m’ont demandé pourquoi ça me touchait, on a discuté… et ce n’était pas grave d’avoir eu la voix qui avait un peu déraillé à un moment.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Oui, tu as mille fois raison de ne pas nommer les assassins, et seulement les victimes.
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- Aperçu par hasardNeoprof expérimenté
Jenny a écrit:Je trouve que c’est bien d’avoir un temps de recueillement sans forcément faire une activité, apporter beaucoup de contenu ce jour là. L’avoir en tête, se dire qu’on fera quelque chose à un autre moment de l’année, c’est très bien.
Quand je dis « donner du sens », c’est m’assurer que pour eux, cette minute de silence ait une signification : pourquoi on la fait ? pourquoi ces deux attentats ont marqué l’école ? Et surtout qui étaient nos collègues ? Parce que ce jour là, je n’ai pas envie de parler des auteurs… J'avais dit aussi quelque chose sur les blessés et sur les agents l’an dernier aussi…
Et avec l’expérience, je me dis que ce n’est pas grave du tout s’ils me voient émue ou même très émue. C’était le cas l’an dernier, ils m’ont demandé pourquoi ça me touchait, on a discuté… et ce n’était pas grave d’avoir eu la voix qui avait un peu déraillé à un moment.
Je comprends. je ne faisais pas allusion à ton message pour "donner du sens". Et quoi qu'il en soit je ne prétends pas que mon ressenti et mes réticences ou défaillances doivent nécessairement être partagés par autrui.
Ce n'est pas grave s'ils nous voient émus de cette manière. Mais ça me gène beaucoup, et ce n'est pas le genre de chose que je me sens naturellement prêt à livrer dans l'exercice de mon métier. Bon, j'arrête là. J'ai déjà trop parlé de moi par ici.
- A TuinVénérable
Ceci un objet politique.epekeina.tes.ousias a écrit:La laïcité… Je n'ai rien contre, mais bof…
Dans ce cas bien précis, et s'il fallait vraiment faire une phrase : rien ne vaut la mort d'un homme (mais seulement pour les élèves qui n'auraient pas déjà compris).
C'est approprié de présenter les personnes qu'étaient ces deux professeurs, rappeler qu'ils avaient une vie et des familles, qu'ils étaient comme tout le monde et comme chacun mais uniques et irremplaçables.
- Isis39Enchanteur
Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.
- ElyasEsprit sacré
Isis39 a écrit:Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.
Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.
Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).
Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.
Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.
- Isis39Enchanteur
Oui Elyas, c'est important pour nous. Mais quel intérêt de l'imposer chaque année aux élèves ? A part pour les politiques de se dire qu'ils font quelque chose. Qui ne coûte rien.
- nonoHabitué du forum
Entièrement d'accord avec tous vos propos.Elyas a écrit:Isis39 a écrit:Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.
Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.
Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).
Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.
Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.
J'ai une classe difficile sur ce créneau demain et les gloussements voire fous rires vont fuser...
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Prof en LP
- TontondubledNiveau 6
mafalda16 a écrit:Que veux-tu dire ?
Le témoignage de la soeur de Samuel Paty est terriblement poignant, pour ne pas dire affreux...
Que dire après avoir entendu ses paroles ?
Voilà pourquoi je disais que ce témoignage se passait de tout commentaire.
- VittoriaNiveau 2
Je finis par me poser la même question que @Isis39, et partage ton point de vue ici @Elyas.Isis39 a écrit:Oui Elyas, c'est important pour nous. Mais quel intérêt de l'imposer chaque année aux élèves ? A part pour les politiques de se dire qu'ils font quelque chose. Qui ne coûte rien.
Le travail de réflexion avec les élèves, on le fait toute l'année en réalité, c'est ça qui a du sens et quelque petite efficacité.
Pour @Aperçu par hasard : lors de l'hommage à Samuel Paty après son assassinat, c'était il me semble au retour des vacances scolaires (?), je n'ai pu réprimer mon émotion (et à vrai dire j'en avais ras-le-bol de devoir le faire, comme si on ne pouvait pas nous aussi être touchés). Larmes aux yeux et voix plus que chevrotante. Cela a frappé et touché les élèves (nous étions en classe, moi seule avec eux). Cela étant, il est vrai que j'avais dans cette classe seulement deux vrais profils qui auraient pu poser problème. Comme l'ont dit d'autres cependant plus haut, parfois le masque du "prof blindé" peut tomber aussi, ça me paraît assez sain.
- LesyeuxdelsaNiveau 1
Bonjour à toutes et à tous,
Je suis jeune enseignante néotit cette année en collège. L'an passé, la minute de silence pour notre collègue Dominique Bernard s'était déroulée dans la cour de notre établissement, et j'avais trouvé que ce choix était très pertinent : cela nous permettait d'être ensemble, unis. Cette année, le chef d'établissement a décidé que chaque enseignant la mènerait dans sa salle, avec sa classe, sur la première heure du matin. J'ai prévu un temps d'échange et de questions avant cette minute de silence, ainsi qu'un court extrait de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs.
Cependant, cette classe de troisième est un peu difficile... Même après leur avoir réexpliqué le but de cet hommage, la symbolique d'une minute de silence, je crains des réactions plus que douteuses pendant celle-ci (ricanements, commentaires) ce qui ne manquerait pas de me mettre vraiment en colère. J'imagine cependant que ce n'est pas un cas rare, et que cela arrive malheureusement souvent. Je préfère donc anticiper : comment réagissez-vous dans ces cas-là ? Est-ce utile de les prévenir en amont qu'ils seront punis s'ils sont irrespectueux (je ne doute pas que mon chef d'établissement soit très ferme à ce sujet). J'imagine qu'un rapport d'incident circonstancié sera de mise, et que la punition ne devra pas venir de moi, mais d'au-dessus.
Merci d'avance pour vos réponses, ce moment de recueillement est important et j'espère pouvoir le mener à bien.
Bon dimanche à toutes et à tous
Je suis jeune enseignante néotit cette année en collège. L'an passé, la minute de silence pour notre collègue Dominique Bernard s'était déroulée dans la cour de notre établissement, et j'avais trouvé que ce choix était très pertinent : cela nous permettait d'être ensemble, unis. Cette année, le chef d'établissement a décidé que chaque enseignant la mènerait dans sa salle, avec sa classe, sur la première heure du matin. J'ai prévu un temps d'échange et de questions avant cette minute de silence, ainsi qu'un court extrait de la lettre de Jean Jaurès aux instituteurs.
Cependant, cette classe de troisième est un peu difficile... Même après leur avoir réexpliqué le but de cet hommage, la symbolique d'une minute de silence, je crains des réactions plus que douteuses pendant celle-ci (ricanements, commentaires) ce qui ne manquerait pas de me mettre vraiment en colère. J'imagine cependant que ce n'est pas un cas rare, et que cela arrive malheureusement souvent. Je préfère donc anticiper : comment réagissez-vous dans ces cas-là ? Est-ce utile de les prévenir en amont qu'ils seront punis s'ils sont irrespectueux (je ne doute pas que mon chef d'établissement soit très ferme à ce sujet). J'imagine qu'un rapport d'incident circonstancié sera de mise, et que la punition ne devra pas venir de moi, mais d'au-dessus.
Merci d'avance pour vos réponses, ce moment de recueillement est important et j'espère pouvoir le mener à bien.
Bon dimanche à toutes et à tous
- zigmag17Guide spirituel
nono a écrit:Entièrement d'accord avec tous vos propos.Elyas a écrit:Isis39 a écrit:Je me pose la question de conserver cette minute de silence avec les élèves.
Ne serait-il pas mieux de conserver ce moment de recueillement pour les adultes ?
C'est un vrai questionnement.
Je rebondis sur ton propos. Quel est le sens politique de cette minute de silence ? A chaque assassinat de professeur, on l'ajoutera à la minute de silence annuelle sans rien changer à la sécurité et au respect des enseignants. Cette minute de silence donne l'impression qu'on fait quelque chose mais c'est juste du vent dans les faits.
Je m'interroge aussi parce que ça signe surtout la défaite du politique qui cache son inertie avec la minute de silence obligatoire avec les élèves (implicite : la minute de silence va leur apprendre à respecter les professeurs ) qui est assortie d'une autre mission : repérer les élèves problématiques qui feront un outrage durant cette minute de silence (on a plus de texte sur les problèmes qui pourraient arriver que sur la minute elle-même dans les documents officiels).
Nos collègues ont été assassinés et on a la version du numéro vert pour résoudre le problème avec la minute de silence.
Après, la minute de silence entre nous est importante. Mercredi, à Conflans, il y aura une cérémonie (où il n'y a aucun représentant de l'EN depuis 3 ans) à 18h30. J'y serai et je sais que de nombreuses personnes aussi.
J'ai une classe difficile sur ce créneau demain et les gloussements voire fous rires vont fuser...
Voilà. On est coincés entre le marteau et l'enclume. Encore une fois on sert de garde-fou. Ne pas rendre hommage à nos collègues serait incompréhensible mais le faire face à des élèves qui sont indifférents ou pour certains en rient, c'est inimaginable. Moi aussi je ne vais pas être tranquille avec la classe que j'aurai demain sur ce créneau horaire. J'aurais apprécié un discours prononcé par le CdE devant tout l'établissement, qui rende l'instant solennel, officiel et collectif. Encore une fois, malgré tout le bla-bla entendu depuis des années, on revient à la solitude du professeur, ça me dépasse.
En plus quand je pense que l'on nous demande ( je parle pour moi) de procéder de cette façon dans un lycée où nous les profs avons vu pendant des semaines nos sacs et pour certains leurs poches, contrôlés et fouillés à l'entrée par des élèves au cas où par hasard nous ne serions pas de dangereux terroristes ( parenthèse : c'est fini depuis 2 semaines suite à une AG et un entretien avec le CdE mais quand même), tout ça me semble relever davantage d'une mascarade hypocrite que d'une vraie prise de conscience.
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