- julilibulleNiveau 10
arte a écrit:Obtiendra-t-elle un jour le poste d'enseignante-chercheuse dont elle rêve ? Au terme d'un parcours universitaire exigeant, les espoirs et les doutes d'une jeune doctorante sur son avenir professionnel. L'état des lieux alarmant d'un système à bout de souffle.
Après sept ans et demi de recherches, Clémence s'apprête à mettre un point final à sa thèse en histoire de l'art et archéologie, à l'université Rennes 2. La jeune doctorante est par ailleurs chargée de cours au sein du département dirigé par Baptiste et Colin, tous deux maîtres de conférences. Versés avec des mois de retard, les maigres émoluments que la trentenaire perçoit de la fac l'obligent à jongler en parallèle avec de petits boulots pour s'en sortir financièrement. Depuis un an, elle intervient comme agent d'accueil dans un musée de sa ville. Un poste, également précaire, pour lequel elle s'est mis "une pression de malade" lorsqu'elle a réussi à décrocher un entretien. De leurs côtés, Baptiste et Colin, en fin de mandat, réunissent leurs collègues afin d'élire celui ou celle qui, à la prochaine rentrée, leur succédera à la tête du département. Mais les responsabilités administratives et la surcharge de travail inhérente au poste ne soulèvent pas le moindre enthousiasme autour d'eux.
Paupérisation
Alors que le nombre d'étudiants dans le supérieur a explosé ces dix dernières années, les facultés publiques françaises sont rongées par le manque de personnel et de moyens. Sous-dotées, elles emploient de plus en plus de jeunes chercheurs, comme Clémence, pour continuer à assurer leurs missions d'enseignement. Rétribués à un tarif horaire inférieur au salaire minimum, ces derniers sont ainsi plus de 100 000 à assurer plus du quart des heures de cours dispensées à l'université. Au travers de l'expérience de la jeune thésarde, passionnée par sa discipline autant que par l'enseignement, mais aussi des témoignages de Colin, Baptiste et d'autres collègues et amis, se dessine un état des lieux alarmant du monde universitaire, en proie à tous les doutes tandis qu'il est rattrapé, comme tant d'autres services publics, par la paupérisation.
https://www.arte.tv/fr/videos/108561-000-A/profs-de-fac-la-vocation-a-l-epreuve/
- julilibulleNiveau 10
J'ai commencé à le regarder tranquillement, c'est intéressant (mais un peu déprimant ... ).
- IridianeFidèle du forum
Je l’ai regardé aussi, je l’ai trouvé intéressant même si un peu trop centré (de façon sans doute inévitable) sur les personnes présentées. Pour la thésarde Clémence, par exemple, on sent que le documentaire s’évertue à présenter une jeune femme à la fois tenace, certes, mais aussi assez fragile et manquant de confiance en elle. Une personne qui n’y connaît rien pourrait en déduire que ses difficultés sont en partie dues à ce manque d’assurance, alors qu’en fait toutes les personnes dans sa situation (dans laquelle je me trouvais il y a encore deux mois avant mon recrutement) sont confrontées à cela. C’est le système, le problème, pas les gens. Je trouve que, même si le doc le dit quand même, ça n’est pas assez mis en avant.
- TailleventFidèle du forum
@Iridiane
Je suis largement d'accord avec ce que tu dis. C'est un documentaire sans commentaire, il a les défauts de ses qualités : on peut vraiment se connecter à une situation en particulier mais on manque passablement d'éléments de contexte (malgré quelques touches apportées par des moments de discussion plus "syndicales".
Je suis largement d'accord avec ce que tu dis. C'est un documentaire sans commentaire, il a les défauts de ses qualités : on peut vraiment se connecter à une situation en particulier mais on manque passablement d'éléments de contexte (malgré quelques touches apportées par des moments de discussion plus "syndicales".
- SolovieïNiveau 10
@Iridiane
Tout à fait d'accord. Cette mise en scène et ce portrait dans le documentaire sont assez typiques du journalisme. C'est aussi une école de la narration, beaucoup sont formés comme ça : il faut raconter quelque chose, construire un récit et des personnages, même (et surtout) dans un documentaire. C'est pour cela qu'une alternative est apparue dans les années 80-90 : le reportage neutre, sans commentaire ni mise en scène, plutôt basé sur une expérience valant pour elle-même (lui-même inspiré du gonzo américain).
D'accord également sur le fait que c'est le "système" qui broie les personnes et les personnalités. J'ai connu plusieurs doctorants, initialement forts de caractère, durs à la tâche, optimistes et débrouillards. Ils ont fini lessivés.
J'ai des amis qui approchent des 40 ans et qui sont encore dans cette situation précaire : ils comptent les sous, vivent comme des étudiants, sont soumis à des calendriers chargés (articles, TD, copies, conférences,...), ils font des cheveux blancs depuis déjà longtemps, tout cela commence à les marquer physiquement et mentalement.
Je suis très heureux d'avoir refusé, au terme de mon Master, le contrat doctoral que mon directeur me proposait. Le milieu de la recherche française ne m'attirait pas du tout et le fonctionnement interne des UFR me déplaisait. Finalement, j'ai réalisé mon doctorat plus tard, en parallèle de l'enseignement et dans un autre pays, ce fut une expérience positive.
Désormais, j'enseigne à l'université (à l'étranger) en complément de mon poste en détachement, et cela quand je veux et comme je veux (sous réserve de trouver une université qui accepte mon dossier, évidemment) même si bien entendu il ne s'agit que de vacations. J'ai travaillé à l'université dans 3 pays différents (+ un DOM français), je me sens riche de ces expériences, j'ai rencontré des gens formidables et j'ai consolidé mon CV.
Cette configuration "à la carte" convient parfaitement à mes principes et mon mode de vie.
Je ne peux que conseiller aux chercheurs de passer un concours public pour assurer leurs arrières et améliorer un peu leurs conditions matérielles.
Tout à fait d'accord. Cette mise en scène et ce portrait dans le documentaire sont assez typiques du journalisme. C'est aussi une école de la narration, beaucoup sont formés comme ça : il faut raconter quelque chose, construire un récit et des personnages, même (et surtout) dans un documentaire. C'est pour cela qu'une alternative est apparue dans les années 80-90 : le reportage neutre, sans commentaire ni mise en scène, plutôt basé sur une expérience valant pour elle-même (lui-même inspiré du gonzo américain).
D'accord également sur le fait que c'est le "système" qui broie les personnes et les personnalités. J'ai connu plusieurs doctorants, initialement forts de caractère, durs à la tâche, optimistes et débrouillards. Ils ont fini lessivés.
J'ai des amis qui approchent des 40 ans et qui sont encore dans cette situation précaire : ils comptent les sous, vivent comme des étudiants, sont soumis à des calendriers chargés (articles, TD, copies, conférences,...), ils font des cheveux blancs depuis déjà longtemps, tout cela commence à les marquer physiquement et mentalement.
Je suis très heureux d'avoir refusé, au terme de mon Master, le contrat doctoral que mon directeur me proposait. Le milieu de la recherche française ne m'attirait pas du tout et le fonctionnement interne des UFR me déplaisait. Finalement, j'ai réalisé mon doctorat plus tard, en parallèle de l'enseignement et dans un autre pays, ce fut une expérience positive.
Désormais, j'enseigne à l'université (à l'étranger) en complément de mon poste en détachement, et cela quand je veux et comme je veux (sous réserve de trouver une université qui accepte mon dossier, évidemment) même si bien entendu il ne s'agit que de vacations. J'ai travaillé à l'université dans 3 pays différents (+ un DOM français), je me sens riche de ces expériences, j'ai rencontré des gens formidables et j'ai consolidé mon CV.
Cette configuration "à la carte" convient parfaitement à mes principes et mon mode de vie.
Je ne peux que conseiller aux chercheurs de passer un concours public pour assurer leurs arrières et améliorer un peu leurs conditions matérielles.
- ben2510Expert spécialisé
Il manque combien de postes de MC en France ?
50000, à la louche ?
50000, à la louche ?
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On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres : mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison. Henri Poincaré La notion d'équation différentielle est le pivot de la conception scientifique du monde. Vladimir Arnold
- Marie LaetitiaBon génie
Je n'ai même pas le courage de regarder ce documentaire. C'est dire...
- Spoiler:
- Si on m'avait dit que je finirais par (essayer de) me reconvertir pour arrêter "d'attendre" un poste...
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- IridianeFidèle du forum
ben2510 a écrit:Il manque combien de postes de MC en France ?
50000, à la louche ?
Aucune idée mais c’est une info que j’ai déjà croisée (et oubliée) donc qui doit être trouvable. En tout cas, il en manque énormément, la majorité des cours de licence étant assurée par des PRAG / contractuels / vacataires… et ça ne va pas en s’arrangeant, avec un accès à l’université toujours plus massif pour les étudiants et un recrutement de MCF qui stagne voire poursuit sa diminution…
- ErgoDevin
En 2020, c'était 5 000 pour retrouver le taux d'encadrement de 2012 et 10 000 pour retrouver le taux d'encadrement d'il y a 20 ans.
https://academia.hypotheses.org/25596
https://academia.hypotheses.org/25596
_________________
"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
"The gull was your ordinary gull." -- Wittgenstein's Mistress
« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- IridianeFidèle du forum
Ah voilà, merci Ergo, j'avais vu ça sur le "thread" twitter que reproduit cette page Academia en effet...
- TailleventFidèle du forum
Petit aparté :
Il y a quand même un propos qui m'a frappé dans le reportage (aux alentours de 8min15) : le codirecteur du département déclare qu'il est "avant tout chercheur", pour ensuite expliquer que son temps de travail est partagé entre enseignement et recherche à 50 % pour chaque partie.
Je ne juge absolument pas mais c'est une manière de présenter les choses que je relève. J'avais participé (comme étudiant) à une commission d'engagement d'un professeur dans mon pays. Les candidats français avaient souvent ce discours, avec parfois des propos assez maladroits sur la partie d'enseignement du poste qu'ils convoitaient. Ça passait moyennement face à une commission d'étudiants, qui avaient leur mot à dire dans le choix du candidat. (Ce à quoi les candidats ayant fait toute leur carrière en France paraissaient très peu préparés.) En comparaison, les candidats "locaux" étaient beaucoup plus positifs sur cet aspect du métier (honnêtement ou par calcul, je n'oserai pas trancher) et réussissaient en conséquence beaucoup mieux à placer leur dossier.
Comme je le dis, il n'y a aucun jugement de ma part mais en tant qu'enseignant, c'est frappant.
Fin de l'aparté.
Il y a quand même un propos qui m'a frappé dans le reportage (aux alentours de 8min15) : le codirecteur du département déclare qu'il est "avant tout chercheur", pour ensuite expliquer que son temps de travail est partagé entre enseignement et recherche à 50 % pour chaque partie.
Je ne juge absolument pas mais c'est une manière de présenter les choses que je relève. J'avais participé (comme étudiant) à une commission d'engagement d'un professeur dans mon pays. Les candidats français avaient souvent ce discours, avec parfois des propos assez maladroits sur la partie d'enseignement du poste qu'ils convoitaient. Ça passait moyennement face à une commission d'étudiants, qui avaient leur mot à dire dans le choix du candidat. (Ce à quoi les candidats ayant fait toute leur carrière en France paraissaient très peu préparés.) En comparaison, les candidats "locaux" étaient beaucoup plus positifs sur cet aspect du métier (honnêtement ou par calcul, je n'oserai pas trancher) et réussissaient en conséquence beaucoup mieux à placer leur dossier.
Comme je le dis, il n'y a aucun jugement de ma part mais en tant qu'enseignant, c'est frappant.
Fin de l'aparté.
- maikreeeesseGrand sage
Ce qui est certain c'est qu'en sciences, il st difficile de concilier les 2. La plupart des chercheurs que je connais aimeraient abandonner la partie enseignement s'ils le pouvaient. Sinon ils convoitent les postes de professeurs "purs" afin de peser dans les universités et sur les formations, mais la partie recherche est alors délaissée. Il est difficile de rester dans les meilleurs internationalement si une grande partie de ses heures est consacrée à l'enseignement.
- e-WandererGrand sage
Le pire, c'est l'inflation des tâches administratives, et aussi la quasi-absence de congés recherche récurrents (en France, on peut espérer 2 ou 3 CRCT d'un semestre sur l'ensemble d'une carrière, alors que dans beaucoup de pays comparables, c'est un semestre tous les 4-5 ans. C'est un atout considérable pour booster les travaux de recherche).
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- DesolationRowEmpereur
Le problème, de mon point de vue, n’est pas l’enseignement (je regretterais beaucoup de ne plus enseigner, et la plupart des enseignants-chercheurs que je connais ne considèrent pas l’enseignement comme un obstacle), mais l’administration, qui prend un temps fou pour un intérêt généralement à peu près nul.
Je ne sais pas quel pourcentage de mon temps va à la recherche, et quel autre à l’enseignement ; ça dépend des années (quand il y a un auteur d’agrégation ou un cours de thème ça explose, quand c’est de la licence ça va plus vite), mais jamais l’enseignement ne m’a empêché de faire de la recherche. Je me méfie hautement des collègues qui se plaignent des charges de cours et ne rêvent que de faire que de la recherche - ce sont rarement les meilleurs
Je ne sais pas quel pourcentage de mon temps va à la recherche, et quel autre à l’enseignement ; ça dépend des années (quand il y a un auteur d’agrégation ou un cours de thème ça explose, quand c’est de la licence ça va plus vite), mais jamais l’enseignement ne m’a empêché de faire de la recherche. Je me méfie hautement des collègues qui se plaignent des charges de cours et ne rêvent que de faire que de la recherche - ce sont rarement les meilleurs
- ErgoDevin
Sur un service normal, ce n'est effectivement pas l'enseignement qui empêche de faire de la recherche, même si je veux bien croire que mes collègues qui font double-service pour des raisons qui leur appartiennent penseraient sûrement autrement.
Cette année (et les années précédentes mais c'est faussé puisque j'avais un statut sans recherche), voilà ce qui m'a empêchée de faire de la recherche:
-- les tableaux excel débiles avec justificatifs à la moindre demande de modification de modalités de contrôles (étant entendu que c'est mon cours, je sais comment je veux l'évaluer n'est apparemment pas une justification) et les trouze mille allers-retours avec la scolarité, le conseil d'UFR, le groupe de travail CFVU, la CFVU parce que certains n'ont pas bien compris ce que recoupait "Écrit 100% 4h" et ils voudraient bien être sûrs que c'est vraiment ça qu'on veut faire, parce que c'est pas clair (je caricature à peine);
-- les auto-évaluations HCERES et leur pendant, les tableaux de changements d'offre de formation qui reviennent très vite (et dans mon cas, des cadrages qui empêchent de reprendre exactement l'identique),
-- les "argumentaires" à faire à la moindre demande (remplacement de collègue partant à la retraite, remplacement de collègue partant en mutation, supports d'ATER... étant entendu que vouloir que les étudiants aient cours n'est apparemment pas un argument, il faut un "projet" et une "stratégie" et le remplacement d'un poste vacant n'est pas automatique) et les trouze mille allers-retours avec les services compétents qui nous expliquent qu'on abuse un peu, qu'on n'a qu'à recruter des contractuels et des vacataires, et notre argumentaire ne va pas, faudrait en refaire,
-- les demandes de financement, les retours des demandes de financement, le bilan de ce qu'on a fait avec les financements,
-- les dossiers de demande de réorientation des L1 en cours de semestre 1 et aussi en fin de semestre 1, et puis un peu en début de semestre 2 et pouf, on est déjà en février,
-- les contrats pédagogiques des L1 (de l'année césure à l'année en deux ans pour raisons médicales, engagements, travail, divers), demandes de régimes spéciaux, et les rendez-vous qui vont avec,
-- les dossiers CAMPUS France qui tombent au mieux tous les quinze jours entre janvier et mars, sinon toutes les semaines, et les dossiers d'étudiants étrangers hors CAMPUS France,
-- suivis directement par les dossiers Parcoursup (filière non sélective, mais il faut ouvrir tous les dossiers qui n'entrent pas dans les cases pour leur attribuer une note),
-- les dossiers d'étudiants qui veulent partir en ERASMUS, assistanat, stages plus ou moins longs (depuis quelques années, j'en ai systématiquement en L1),
-- (les mails)
-- (les trucs imprévus mais pour lesquels il faut écrire un argumentaire avec une "stratégie") (on aime bien, les "stratégies" chez moi, je n'ai toujours pas compris leur but ni à quoi elles ressemblent, mais sans ça, on n'obtient rien de rien, alors qu'avec on n'obtient juste rien et des fois pas grand chose).
Ça, ça m'empêche de faire de la recherche comme je le voudrais parce que ça morcelle le temps, alors que l'enseignement, c'est régulier et globalement prévisible et planifiable.
Cette année (et les années précédentes mais c'est faussé puisque j'avais un statut sans recherche), voilà ce qui m'a empêchée de faire de la recherche:
-- les tableaux excel débiles avec justificatifs à la moindre demande de modification de modalités de contrôles (étant entendu que c'est mon cours, je sais comment je veux l'évaluer n'est apparemment pas une justification) et les trouze mille allers-retours avec la scolarité, le conseil d'UFR, le groupe de travail CFVU, la CFVU parce que certains n'ont pas bien compris ce que recoupait "Écrit 100% 4h" et ils voudraient bien être sûrs que c'est vraiment ça qu'on veut faire, parce que c'est pas clair (je caricature à peine);
-- les auto-évaluations HCERES et leur pendant, les tableaux de changements d'offre de formation qui reviennent très vite (et dans mon cas, des cadrages qui empêchent de reprendre exactement l'identique),
-- les "argumentaires" à faire à la moindre demande (remplacement de collègue partant à la retraite, remplacement de collègue partant en mutation, supports d'ATER... étant entendu que vouloir que les étudiants aient cours n'est apparemment pas un argument, il faut un "projet" et une "stratégie" et le remplacement d'un poste vacant n'est pas automatique) et les trouze mille allers-retours avec les services compétents qui nous expliquent qu'on abuse un peu, qu'on n'a qu'à recruter des contractuels et des vacataires, et notre argumentaire ne va pas, faudrait en refaire,
-- les demandes de financement, les retours des demandes de financement, le bilan de ce qu'on a fait avec les financements,
-- les dossiers de demande de réorientation des L1 en cours de semestre 1 et aussi en fin de semestre 1, et puis un peu en début de semestre 2 et pouf, on est déjà en février,
-- les contrats pédagogiques des L1 (de l'année césure à l'année en deux ans pour raisons médicales, engagements, travail, divers), demandes de régimes spéciaux, et les rendez-vous qui vont avec,
-- les dossiers CAMPUS France qui tombent au mieux tous les quinze jours entre janvier et mars, sinon toutes les semaines, et les dossiers d'étudiants étrangers hors CAMPUS France,
-- suivis directement par les dossiers Parcoursup (filière non sélective, mais il faut ouvrir tous les dossiers qui n'entrent pas dans les cases pour leur attribuer une note),
-- les dossiers d'étudiants qui veulent partir en ERASMUS, assistanat, stages plus ou moins longs (depuis quelques années, j'en ai systématiquement en L1),
-- (les mails)
-- (les trucs imprévus mais pour lesquels il faut écrire un argumentaire avec une "stratégie") (on aime bien, les "stratégies" chez moi, je n'ai toujours pas compris leur but ni à quoi elles ressemblent, mais sans ça, on n'obtient rien de rien, alors qu'avec on n'obtient juste rien et des fois pas grand chose).
Ça, ça m'empêche de faire de la recherche comme je le voudrais parce que ça morcelle le temps, alors que l'enseignement, c'est régulier et globalement prévisible et planifiable.
- Spoiler:
- J'ai vu passer pas mal de dossiers en conseil académique restreint cette année: quand il y a un dossier fort solide en recherche, c'est que le service d'enseignement est normal et en général qu'il n'y a pas de responsabilités administratives, de responsabilités de recherche et peu de suivis de mémoires d'étudiants. Quand il y a responsabilités administratives diverses (recherche, direction des études, EDT, département, masters, voire composante), étonnamment, le dossier recherche est quasi-vide. Mais pour que les premiers dossiers existent, il faut que les seconds existent aussi. Je serais d'avis qu'on dise tous qu'on revient à nos 192heTD de cours et à la recherche, et que l'université se débrouille pour le reste mais il semblerait qu'il n'y ait pas vraiment de mouvement de fond vers ça.
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« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- DesolationRowEmpereur
Oui voilà, nous sommes d'accord
Tu as raison de souligner que bien des collègues ont des services très, très, très lourds - et ça, ça change évidemment la donne.
Tu as raison de souligner que bien des collègues ont des services très, très, très lourds - et ça, ça change évidemment la donne.
- ErgoDevin
Et ça, ça a un intérêt général, contrairement à bien des tâches administratives, comme tu le soulignais.
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"You went to a long-dead octopus for advice, and you're going to blame *me* for your problems?" -- Once Upon a Time
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« Cède, cède, cède, je le veux ! » écrivait Ronin, le samouraï. (Si vous cherchez un stulo-plyme, de l'encre, récap de juillet 2024)
- maikreeeesseGrand sage
Cela dépend des disciples ...et de la pression internationale. Mais ta remarque va bien fait rire mes amis chercheurs, uniquements chercheurs (on ne compte pas l'hdr ou l'encadrement de thèse comme de l'enseignement) et donc médiocres.DesolationRow a écrit:Le problème, de mon point de vue, n’est pas l’enseignement (je regretterais beaucoup de ne plus enseigner, et la plupart des enseignants-chercheurs que je connais ne considèrent pas l’enseignement comme un obstacle), mais l’administration, qui prend un temps fou pour un intérêt généralement à peu près nul.
Je ne sais pas quel pourcentage de mon temps va à la recherche, et quel autre à l’enseignement ; ça dépend des années (quand il y a un auteur d’agrégation ou un cours de thème ça explose, quand c’est de la licence ça va plus vite), mais jamais l’enseignement ne m’a empêché de faire de la recherche. Je me méfie hautement des collègues qui se plaignent des charges de cours et ne rêvent que de faire que de la recherche - ce sont rarement les meilleurs
- RuthvenGuide spirituel
Ergo, dans ta liste, tu as oublié les CSIT qui viennent pourrir le mois de juin ... Quant aux contrats pédagogiques, on doit aussi les faire remplir (et double cliquer sur les dossiers) pour les étudiant·e·s qui n'ont aucune demande spécifique. Ces micro-tâches répétitives sont chronophages (et sans intérêt).
J'ai l'impression qu'il y a toujours des procédures numériques nouvelles qui apparaissent pour se substituer à ce qui se règlerait avec les étudiant·e·s par du simple bon sens, une discussion en fin de cours ou un rendez-vous.
J'ai l'impression qu'il y a toujours des procédures numériques nouvelles qui apparaissent pour se substituer à ce qui se règlerait avec les étudiant·e·s par du simple bon sens, une discussion en fin de cours ou un rendez-vous.
- IridianeFidèle du forum
maikreeeesse a écrit:Cela dépend des disciples ...et de la pression internationale. Mais ta remarque va bien fait rire mes amis chercheurs, uniquements chercheurs (on ne compte pas l'hdr ou l'encadrement de thèse comme de l'enseignement) et donc médiocres.DesolationRow a écrit:Le problème, de mon point de vue, n’est pas l’enseignement (je regretterais beaucoup de ne plus enseigner, et la plupart des enseignants-chercheurs que je connais ne considèrent pas l’enseignement comme un obstacle), mais l’administration, qui prend un temps fou pour un intérêt généralement à peu près nul.
Je ne sais pas quel pourcentage de mon temps va à la recherche, et quel autre à l’enseignement ; ça dépend des années (quand il y a un auteur d’agrégation ou un cours de thème ça explose, quand c’est de la licence ça va plus vite), mais jamais l’enseignement ne m’a empêché de faire de la recherche. Je me méfie hautement des collègues qui se plaignent des charges de cours et ne rêvent que de faire que de la recherche - ce sont rarement les meilleurs
Un chercheur et un enseignant chercheur, ça n’est pas la même chose. En France, il existe des postes d’enseignants-chercheurs - à l’université notamment - et des postes de chercheurs - au CNRS par exemple. Les chercheurs, par définition, font de la recherche, alors que les enseignants-chercheurs font les deux. Un enseignant chercheur qui ne fait que son boulot de chercheur ou que son boulot d’enseignant (ou qui fait mal l’un des deux, ou que ça emmerde de faire l’un des deux), je ne sais pas si on peut dire qu’il est « médiocre » mais une chose est sure: il ne fait pas son travail ou le fait mal. Qu’une partie de son travail l’ennuie, ça le regarde, mais il a été recruté pour ça, donc c’est son problème. Un enseignant-chercheur à l’université qui ne veut pas enseigner n’avait qu’à passer un autre concours…
Quant au reste, je suis bien d’accord avec les interventions des personnes concernées sur le fil : le vrai problème, ce qui empêche de faire correctement le boulot de chercheur ET d’enseignant, ce sont toutes les tâches administratives et les absurdités bureaucratiques…
- DesolationRowEmpereur
maikreeeesse a écrit:Cela dépend des disciples ...et de la pression internationale. Mais ta remarque va bien fait rire mes amis chercheurs, uniquements chercheurs (on ne compte pas l'hdr ou l'encadrement de thèse comme de l'enseignement) et donc médiocres.DesolationRow a écrit:Le problème, de mon point de vue, n’est pas l’enseignement (je regretterais beaucoup de ne plus enseigner, et la plupart des enseignants-chercheurs que je connais ne considèrent pas l’enseignement comme un obstacle), mais l’administration, qui prend un temps fou pour un intérêt généralement à peu près nul.
Je ne sais pas quel pourcentage de mon temps va à la recherche, et quel autre à l’enseignement ; ça dépend des années (quand il y a un auteur d’agrégation ou un cours de thème ça explose, quand c’est de la licence ça va plus vite), mais jamais l’enseignement ne m’a empêché de faire de la recherche. Je me méfie hautement des collègues qui se plaignent des charges de cours et ne rêvent que de faire que de la recherche - ce sont rarement les meilleurs
Je n'étais pas agressif, à vrai dire chacun fait bien ce qu'il veut.
Mais un enseignant-chercheur qui ne fait que de la recherche ne fait pas bien son métier, c'est tout. J'ai des copains au CNRS, dont un que je considère comme un immense savant : il fait de la recherche uniquement, c'est admirable et c'est son job (mais lui-même est de plus en plus mangé par l'administratif). Mais un MCF qui ne rêve que de faire de la recherche, s'est trompé de travail. Et ce que je voulais dire, c'est que je connais bien des enseignants-chercheurs qui font fort honnêtement leur travail d'enseignant, et sont considérés comme des pointures dans leur domaine, invités "à l'international" comme on dit aujourd'hui - y compris chez les scientifiques, d'ailleurs. De fait, mes collègues (et moi-même) se plaignent généralement de l'inflation des tâches administratives débiles, jamais de devoir faire cours à des licences. Et je me méfierais comme de la peste de collègues qui se jugeraient au-dessus de l'enseignement parce que la recherche exige tout leur temps - mais là encore, je parle de ce que je vois chez les littéraires.
Edit : dans mon propre cas : j'ai réussi à rédiger mon HDR et à faire mon petit bonhomme de chemin sans jamais négliger mes devoirs d'enseignant (et je n'ai, à vrai dire, aucune envie de demander une décharge d'enseignement). En revanche, j'ai la chance d'être dans une UFR de grande taille, ce qui permet que les tâches administratives soient relativement bien réparties et ne me mangent pas tout mon temps - le plus chronophage c'est ce que je fais à côté, la direction d'une revue scientifique, mais rien ne m'y oblige statutairement.
- DesolationRowEmpereur
Et en fait, puisqu'on me parle pas aimablement (mais ça ne me dérange pas du tout ), je peux dire le fond de ma pensée : si c'est 192 HETD qui t'empêchent de faire de la recherche de manière convenable, et d'être connu et invité internationalement, eh ben faut faire un autre métier.
- IridianeFidèle du forum
DesolationRow a écrit:Et en fait, puisqu'on me parle pas aimablement (mais ça ne me dérange pas du tout ), je peux dire le fond de ma pensée : si c'est 192 HETD qui t'empêchent de faire de la recherche de manière convenable, et d'être connu et invité internationalement, eh ben faut faire un autre métier.
Tout à fait d’accord, et j’ajouterais : surtout en sciences où il n’y a pas de programme d’agrégation qui change tous les ans par exemple… un MCF en physique avec qui j’ai récemment discuté et qui ne connaissait rien (et pour cause) aux disciplines littéraires / SHS a totalement halluciné en apprenant que les chargés de cours d’agreg se tapaient un programme à préparer chaque année, alors qu’eux, il le disait sans complexe aucun, ils préparaient leur cours une bonne fois pour toutes (ce qui ne veut pas dire qu’ils ne le retravaillaient pas évidemment mais enfin la base était prête). En lettres, quand tu es chargé du programme d’agreg tous les ans, soit tu rognes sur la recherche en effet, soit tu passes un sale été… néanmoins ça fait partie du boulot!
- TailleventFidèle du forum
maikreeeesse a écrit:Ce qui est certain c'est qu'en sciences, il st difficile de concilier les 2. La plupart des chercheurs que je connais aimeraient abandonner la partie enseignement s'ils le pouvaient. Sinon ils convoitent les postes de professeurs "purs" afin de peser dans les universités et sur les formations, mais la partie recherche est alors délaissée. Il est difficile de rester dans les meilleurs internationalement si une grande partie de ses heures est consacrée à l'enseignement.
C'est évidemment un point très important.e-Wanderer a écrit:Le pire, c'est l'inflation des tâches administratives, et aussi la quasi-absence de congés recherche récurrents (en France, on peut espérer 2 ou 3 CRCT d'un semestre sur l'ensemble d'une carrière, alors que dans beaucoup de pays comparables, c'est un semestre tous les 4-5 ans. C'est un atout considérable pour booster les travaux de recherche).
Néanmoins, ce que je mentionnais était d'une autre nature : un chef d'unité qui se décrit comme "d'abord chercheur" alors que son poste est à 50% de l'enseignement ou un candidat à un poste comprenant une charge d'enseignement qui, devant des étudiants lui demandant ce qu'il pense de cette partie de son poste (parce qu'il ne l'a pas évoquée dans la discussion alors que franchement la recherche intéresse moins bien des étudiants que la qualité de l'enseignement qu'il vont recevoir), répond "il faut bien faire avec" !
Comme d'autres l'ont dit ici, la recherche est quelque chose de très noble mais si c'est la seule chose qui intéresse, il faudrait éviter de postuler pour une charge d'enseignant (même si je sais bien que parfois c'est tout ce qui existe ou est proposé). J'ai eu le bonheur d'avoir des professeurs qui étaient passés par l'enseignement secondaire, qui savaient enseigner (également parce qu'ils y avaient été formés) et qui adoraient ça. Quand j'ai vu arriver certains profils ou que j'en observe dans les médias, l'ancien étudiant en moi s'attriste quelque peu (mais j'ai aussi beaucoup de compassion pour les exploités du système universitaire).
- ErgoDevin
Les statuts ont beau être les mêmes, ils recouvrent beaucoup de disparités tant en enseignement qu'en conditions de recherche (financements, règles de publication des articles, en individuel, à plusieurs, selon les revues etc.).
Et même dans mon département, d'ailleurs, selon les sites et les effectifs (70 étudiants environ en licence sur un site, 350 sur l'autre, les sessions d'examens ne se ressemblent pas ), selon la répartition des heures licences/masters etc.
@Ruthven: oui aussi ! J'y ai échappé cette année. Je suppose que ça va venir assez vite.
Et en IUT, il y a aussi par ex la gestion des absences.
Ce type de documentaires, comme pour la plupart des témoignages, est intéressant s'il sort à un moment de l'individualisation du parcours et de l'exemple pour creuser tous ces aspects-là de l'évolution du statut effectif des enseignants-chercheurs, puisque si je comprends bien, il traite bien des EC, pas des chercheurs.
(Je suis en train de regarder pour me faire une idée.)
Et même dans mon département, d'ailleurs, selon les sites et les effectifs (70 étudiants environ en licence sur un site, 350 sur l'autre, les sessions d'examens ne se ressemblent pas ), selon la répartition des heures licences/masters etc.
@Ruthven: oui aussi ! J'y ai échappé cette année. Je suppose que ça va venir assez vite.
Et en IUT, il y a aussi par ex la gestion des absences.
Ce type de documentaires, comme pour la plupart des témoignages, est intéressant s'il sort à un moment de l'individualisation du parcours et de l'exemple pour creuser tous ces aspects-là de l'évolution du statut effectif des enseignants-chercheurs, puisque si je comprends bien, il traite bien des EC, pas des chercheurs.
(Je suis en train de regarder pour me faire une idée.)
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