- Une passanteEsprit éclairé
J'avais lu quelque part que la fatigue psychologique d'une heure de cours tenait au fait qu'un enseignant devait prendre de multiples micro-décisions (faire taire un élève, rappeler à un autre d'écouter, répondre aux questions, choisir la meilleure explication, donc être à la fois sur la surveillance disciplinaire et sur l'exercice d'adaptation intellectuelle).
Tout ceci entraîne une fatigue équivalente à celle d'un pilote de chasse (à opposer à celle d'un pilote de ligne qui met le pilote automatique pendant le vol).
Il y a des termes plus "techniques" pour désigner cela, mais cela m'avait grandement éclairée !
Tout ceci entraîne une fatigue équivalente à celle d'un pilote de chasse (à opposer à celle d'un pilote de ligne qui met le pilote automatique pendant le vol).
Il y a des termes plus "techniques" pour désigner cela, mais cela m'avait grandement éclairée !
- Lisak40Expert spécialisé
Charles-Maurice a écrit:4h de cours et on est vidés et se concentrer sur les copies, avant ou après, c'est dur, je crois que personne ne s'en rend compte. Les responsables de formation en entreprise le disent et ils ne corrigent rien, pourtant les supports leur sont donnés. Nous avons accrédité l'idee que nous adorons notre métier. Ce qui a pu laisser croire que c'était un loisir, pas à rémunérer et non un travail. Quant aux classes pénibles type STMG, une heure de pondération ne serait pas de trop...
Je suis d'accord, mais imaginez ce que cela peut donner en lycée pro, même si les élèves sont moins nombreux. On est en vacances depuis ce matin, et toute la semaine dernière je me suis endormie de fatigue vers 21h30, ce qui ne me ressemble absolument pas... En plus il y a les visites de stages, dans des lieux de plus en plus improbables (car même dans le tertiaire, plus personne ou presque n'en veut en centre-ville) avec des tuteurs qui parfois nous reprochent longuement le niveau et le comportement de nos élèves (compétences inexistantes, attitudes très problématiques). Il y a vraiment des classes où c'est ingérable (cette année 2 sur 9, et même les 2 qui sont ok, il faut gérer les bavardages et le manque total de travail entre autres, juste pas d'insultes / bagarres / insolence et j'en passe...) !
- IannaNiveau 7
Ma collègue de 62 ans me disait qu'elle ne faisait rien le samedi, elle avait besoin de se reposer. Il ne lui restait que le dimanche pour profiter de la vie.
- BaldredSage
Prof est un métier fatigant, comme sans doute bien des métiers, avec cette fatigue propre aux métiers de contact avec "l'usager".
Il y a chez les profs des niveaux plus fatigants que d'autres, les PE et les profs en LP semblent plus exposés, soit par la nature même du travail, soit par l'évolution du métier sur ce qui est une ligne de front où explosent les "projets" institutionnels les plus barrés.
Il y a des lieux d'exercices plus fatigants, les REP et les établissements qui pourraient y prétendre.
Il y a ce que la vie "normale" entraine comme fatigue : transports, budget, famille, maladie, deuils. Un de ces points néanmoins rejoint la fatigue professionnelle : le salaire qui nous déclasse.
L'usure professionnelle frappe certains bien avant 60 ans.
Mais ce fil est supposé parler de la fatigue, disons après 60 ans, dans notre métier. Pour la plupart d'entre nous nous l'exercerons sans déambulateur ou prothèses de hanche, la caricature est assez déplacée parce que nous serons un certain nombre à devoir composer avec une maladie chronique, invalidante ou brutale.
Parlons de ce qui sera notre lot, la fatigue, et disons le mot la vieillesse au travail, sans autre adaptations que celles que j'ai pu organiser moi-même, sans proposition de l'institution.
Je retiendrai en premier une baisse de vigilance : je suis récemment devenu un prof inquiet. Pour la première fois, j'ai oublié la pochette de médicament d'un élève en sortie. Il en a eu besoin, il avait également oublié sa ventoline. Heureusement un autre élève en avait. J'avais tout préparé comme toujours, mais ce matin là, j'ai été distrait par une autre obligation, et j'ai oublié. Suis-je encore capable d'assurer la sécurité de mes élèves ?
Journée chargée, Conseils, réunions, en rentrant chez moi en voiture, j'ai eu une micro absence, accident, sans gravité heureusement, mais c'est le premier de ma vie. Suis-je encore capable d'assurer 60km par jour ?
Il y a chez les profs des niveaux plus fatigants que d'autres, les PE et les profs en LP semblent plus exposés, soit par la nature même du travail, soit par l'évolution du métier sur ce qui est une ligne de front où explosent les "projets" institutionnels les plus barrés.
Il y a des lieux d'exercices plus fatigants, les REP et les établissements qui pourraient y prétendre.
Il y a ce que la vie "normale" entraine comme fatigue : transports, budget, famille, maladie, deuils. Un de ces points néanmoins rejoint la fatigue professionnelle : le salaire qui nous déclasse.
L'usure professionnelle frappe certains bien avant 60 ans.
Mais ce fil est supposé parler de la fatigue, disons après 60 ans, dans notre métier. Pour la plupart d'entre nous nous l'exercerons sans déambulateur ou prothèses de hanche, la caricature est assez déplacée parce que nous serons un certain nombre à devoir composer avec une maladie chronique, invalidante ou brutale.
Parlons de ce qui sera notre lot, la fatigue, et disons le mot la vieillesse au travail, sans autre adaptations que celles que j'ai pu organiser moi-même, sans proposition de l'institution.
Je retiendrai en premier une baisse de vigilance : je suis récemment devenu un prof inquiet. Pour la première fois, j'ai oublié la pochette de médicament d'un élève en sortie. Il en a eu besoin, il avait également oublié sa ventoline. Heureusement un autre élève en avait. J'avais tout préparé comme toujours, mais ce matin là, j'ai été distrait par une autre obligation, et j'ai oublié. Suis-je encore capable d'assurer la sécurité de mes élèves ?
Journée chargée, Conseils, réunions, en rentrant chez moi en voiture, j'ai eu une micro absence, accident, sans gravité heureusement, mais c'est le premier de ma vie. Suis-je encore capable d'assurer 60km par jour ?
- lene75Prophète
Balred, ton message me fait sourire. Suis-je déjà vieille ? Les soucis que tu pointes sont mon quotidien depuis que j'ai 30 ans, alors que je suis naturellement quelqu'un de très consciencieux et que c'étaient des choses qui ne m’arrivaient jamais avant : trous de mémoire, oublis, baisse de vigilance, etc. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux plus être PP : je n'arrive plus à gérer la charge mentale et à ne pas oublier des trucs importants.
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux. Peut-être est-ce un avant-goût de la fatigue liée à l'âge. En tout cas notre travail pompe clairement beaucoup de ressources, et dès que quelque chose s'y ajoute dans notre vie privée, que ce soit l'âge ou des éléments externes, ça devient difficilement gérable. C'est peut-être le sens du sacerdoce : il faudrait n'avoir que ça dans sa vie pour tenir.
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux. Peut-être est-ce un avant-goût de la fatigue liée à l'âge. En tout cas notre travail pompe clairement beaucoup de ressources, et dès que quelque chose s'y ajoute dans notre vie privée, que ce soit l'âge ou des éléments externes, ça devient difficilement gérable. C'est peut-être le sens du sacerdoce : il faudrait n'avoir que ça dans sa vie pour tenir.
- BaldredSage
Ta jeunesse est sans doute éternelle, mais moi je vais avoir 62 ans et au boulot pour encore un moment.lene75 a écrit:Balred, ton message me fait sourire. Suis-je déjà vieille ? Les soucis que tu pointes sont mon quotidien depuis que j'ai 30 ans : trous de mémoire, oublis, baisse de vigilance, etc. Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert, je n'en sais rien, enfin si je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait. Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux.
C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de distinguer dans mon message la fatigue "habituelle" des différents âges de la vie, de celle plus particulière, si elle existe, de l'après soixantaine, mais à y bien réfléchir, il est possible que je sois né fatigué.
- dandelionVénérable
Pour ceux d’entre nous qui ont eu des soucis de santé et ont dû composer avec, et en gardent parfois des séquelles (il y a tout de même beaucoup de gens qui ont eu un cancer par exemple), je pense que l’angoisse de ne plus pouvoir faire face après soixante ans, et même avant, est très réelle. L’institution pourrait mettre en place des adaptations (avoir sa propre classe notamment ou au moins ne pas changer de classe à chaque heure) mais comme le métier est perçu comme non fatigant, je doute que cela soit fait.
Lors d’un remplacement à l’étranger j’avais fait remarquer que la collègue que je remplaçais était plus âgée et qu’il faudrait peut-être songer à modifier son attribution de salle afin qu’elle n’ait pas à descendre deux étages, traverser tout l’établissement puis remonter deux étages durant les cinq minutes de pause (je n’y arrivais jamais à temps). Je ne sais si on y avait donné suite mais on m’avait en tout cas écoutée.
Je me suis fait souvent la réflexion que les enseignants français ont l’air tout le temps épuisés, alors que ce n’est pas forcément le cas ailleurs, ou dans d’autres professions. Les journées sont particulièrement longues en France il faut dire. Les enfants aussi sont davantage fatigués.
Lors d’un remplacement à l’étranger j’avais fait remarquer que la collègue que je remplaçais était plus âgée et qu’il faudrait peut-être songer à modifier son attribution de salle afin qu’elle n’ait pas à descendre deux étages, traverser tout l’établissement puis remonter deux étages durant les cinq minutes de pause (je n’y arrivais jamais à temps). Je ne sais si on y avait donné suite mais on m’avait en tout cas écoutée.
Je me suis fait souvent la réflexion que les enseignants français ont l’air tout le temps épuisés, alors que ce n’est pas forcément le cas ailleurs, ou dans d’autres professions. Les journées sont particulièrement longues en France il faut dire. Les enfants aussi sont davantage fatigués.
- mathmaxExpert spécialisé
lene75 a écrit:Balred, ton message me fait sourire. Suis-je déjà vieille ? Les soucis que tu pointes sont mon quotidien depuis que j'ai 30 ans, alors que je suis naturellement quelqu'un de très consciencieux et que c'étaient des choses qui ne m’arrivaient jamais avant : trous de mémoire, oublis, baisse de vigilance, etc. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux plus être PP : je n'arrive plus à gérer la charge mentale et à ne pas oublier des trucs importants.
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux. Peut-être est-ce un avant-goût de la fatigue liée à l'âge. En tout cas notre travail pompe clairement beaucoup de ressources, et dès que quelque chose s'y ajoute dans notre vie privée, que ce soit l'âge ou des éléments externes, ça devient difficilement gérable. C'est peut-être le sens du sacerdoce : il faudrait n'avoir que ça dans sa vie pour tenir.
Ça m’est arrivé aussi, vers 45 ans, seule avec deux enfants et travaillant à temps plein. Si ça peut te rassurer 15 ans après, les enfants tirés d’affaire, je suis plutôt moins fatiguée !
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« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
Albert Einstein
- lene75Prophète
Moi j'essaie de parler de la fatigue directement liée à notre métier : si cette fatigue était normale, on la retrouverait dans toutes les professions, et dans toutes les disciplines au sein de notre profession. Si elle touche plus certaines que d'autres (dans le cas cité), c'est s'il y a vraisemblablement quelque chose lié au boulot qui l'explique... et qu'on risque donc de retrouver ce phénomène décuplé avec l'âge. La perte de mémoire et de vigilance n'est pas complètement anormale après 60 ans, on la retrouvera dans toutes les professions, avec les risques que ça fait courir, elle l'est beaucoup plus à 30 ou 40 ans. Il y a donc, dans la nôtre, un risque de cumul des deux facteurs après 60 ans. Idem de manière générale pour la fatigue : si 1h de cours est déjà éreintante quand on est jeune et en bonne santé, elle le sera d'autant plus après 60 ans avec l'âge et une santé qui risque d'être chancelante.
Édit : je répondais à balered.
Édit : je répondais à balered.
- dandelionVénérable
J’ai repris les cours en présentiel, pourtant dans le supérieur et dans des conditions plutôt bonnes, et ma première réflexion a été: « j’avais oublié à quel point c’était crevant ». Il faut dire que j’entends de plus en plus d’enseignants parler de se mettre à temps partiel pour tenir le coup physiquement. Est-ce parce que les postes partagés et les temps de transport ont augmenté? Est-ce lié au manque d’attention des élèves et étudiants qui oblige à une surveillance constante (cela a changé depuis que j’ai commencé dans le métier, même en lycée technique c’était moins fatigant que maintenant dans le supérieur, les élèves étaient plus capables de concentration je trouve).
- mamieprofExpert spécialisé
Moi je ne suis pas née fatiguée mais cette année avec des semaines très déséquilibrées et 2 heures sup imposées je ressens pour la première fois une grosse fatigue le jeudi matin comme jamais alors que je finis la semaine vendredi après-midi. 62 ans à l'automne. Ayant étudié longtemps je dois bosser jusqu'à 65 66 ans pour une retraite "convenable" Je vais lever le pied en termes de copies /correction car avec 4 secondes 1spe de première et une en terminale, des classes à 35/36, je crève sous les copies...
- BalthazaardVénérable
lene75 a écrit:
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Tu n'as pas tout vu...en revenant d'un journée de m..dont l'EN a le secret 8h-18h...je me suis ENDORMI à un feu rouge...les klaxons m'ont réveillé!
- mamieprofExpert spécialisé
Non ???
- FlofHabitué du forum
Je suis presque rassurée de vous lire quand je me souviens de l'absence que j'ai eu en décembre au volant. En plein dans les conseils de classe, j'en avais deux tous les soir, dont le mien le vendredi pour bien terminer la semaine. Et sur mes 5 petits minutes de route pour rentrer, l'espèce d'un instant, impossible de me souvenir où est la pédale de frein "droite ? milieu ? droite ? milieu ?" C'est le réflexe qui a pris le dessus, mais j'ai eu peur. Et je n'ai pas 40 ans, ni des classes difficiles.lene75 a écrit:Balred, ton message me fait sourire. Suis-je déjà vieille ? Les soucis que tu pointes sont mon quotidien depuis que j'ai 30 ans, alors que je suis naturellement quelqu'un de très consciencieux et que c'étaient des choses qui ne m’arrivaient jamais avant : trous de mémoire, oublis, baisse de vigilance, etc. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux plus être PP : je n'arrive plus à gérer la charge mentale et à ne pas oublier des trucs importants.
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux. Peut-être est-ce un avant-goût de la fatigue liée à l'âge. En tout cas notre travail pompe clairement beaucoup de ressources, et dès que quelque chose s'y ajoute dans notre vie privée, que ce soit l'âge ou des éléments externes, ça devient difficilement gérable. C'est peut-être le sens du sacerdoce : il faudrait n'avoir que ça dans sa vie pour tenir.
- JennyMédiateur
Finalement, rentrer en transports, ce n'est pas si mal. Au pire, on monte dans le mauvais RER ou on oublie de descendre au bon arrêt.
- BalthazaardVénérable
Flof a écrit:Je suis presque rassurée de vous lire quand je me souviens de l'absence que j'ai eu en décembre au volant. En plein dans les conseils de classe, j'en avais deux tous les soir, dont le mien le vendredi pour bien terminer la semaine. Et sur mes 5 petits minutes de route pour rentrer, l'espèce d'un instant, impossible de me souvenir où est la pédale de frein "droite ? milieu ? droite ? milieu ?" C'est le réflexe qui a pris le dessus, mais j'ai eu peur. Et je n'ai pas 40 ans, ni des classes difficiles.lene75 a écrit:Balred, ton message me fait sourire. Suis-je déjà vieille ? Les soucis que tu pointes sont mon quotidien depuis que j'ai 30 ans, alors que je suis naturellement quelqu'un de très consciencieux et que c'étaient des choses qui ne m’arrivaient jamais avant : trous de mémoire, oublis, baisse de vigilance, etc. C'est une des raisons pour lesquelles je ne veux plus être PP : je n'arrive plus à gérer la charge mentale et à ne pas oublier des trucs importants.
Il m'est arrivé de démarrer au feu rouge en me rendant dans mon établissement après m'être bien arrêtée et avoir déjà pas mal attendu. Pourquoi ai-je subitement eu l'hallucination de voir passer le feu au vert ? je n'en sais rien, enfin si, je sais que c'est le résultat de la fatigue, mais c'est une sensation vraiment effrayante, l'impression d'être lâché par son cerveau. Heureusement un concert de klaxons de ceux qui étaient derrière moi m'a empêchée d'avancer suffisamment dans le carrefour pour percuter le flot de véhicules qui s'y déversait.
Je suis loin d'être la seule parmi mes collègues autour de la quarantaine à subir ces désagréments quotidiens, plusieurs ont déjà eu des accidents liés à la fatigue, heureusement sans gravité. Mais il est vrai que toutes celles qui sont dans cet état de fatigue sont des mères de famille qui cumulent le boulot (et pour tout dire ce sont essentiellement les collègues de Lettres, qui croulent sous le travail), avec la gestion du quotidien familial et arrivent le matin avec des valises sous les yeux. Peut-être est-ce un avant-goût de la fatigue liée à l'âge. En tout cas notre travail pompe clairement beaucoup de ressources, et dès que quelque chose s'y ajoute dans notre vie privée, que ce soit l'âge ou des éléments externes, ça devient difficilement gérable. C'est peut-être le sens du sacerdoce : il faudrait n'avoir que ça dans sa vie pour tenir.
Je me demande si à force d'être bombardés d'infos en tout genre, sites internet institutionnels, mots de passe, échéances réglementaires diverses (pas seulement dans l'EN), nous ne finissons pas par saturer nos capacités et rendre ces choses inévitables quel que soit notre âge.
- mimiNiveau 9
Bah...
La clé de tout cela résiderait en élèves normaux , pas sauvageons et CPA, évidemment.
J'ai dit plus haut que ,frisant les 62 ans, je vais très bien ( comme mes autres vieux collègues)et suis à peine un peu plus fatiguée qu à 50.
Mais je suis à 80%,
mais j'ai des élèves faciles.
Si l'institution faisait en sorte que nous ne domptions pas des mômes insupportables à longueur de cours et si elle rétablissait des aménagements pour les séniors, lesquels s'arrêtaient joyeusement à 60 ans, à une époque, on n 'en serait sans doute pas là.
La clé de tout cela résiderait en élèves normaux , pas sauvageons et CPA, évidemment.
J'ai dit plus haut que ,frisant les 62 ans, je vais très bien ( comme mes autres vieux collègues)et suis à peine un peu plus fatiguée qu à 50.
Mais je suis à 80%,
mais j'ai des élèves faciles.
Si l'institution faisait en sorte que nous ne domptions pas des mômes insupportables à longueur de cours et si elle rétablissait des aménagements pour les séniors, lesquels s'arrêtaient joyeusement à 60 ans, à une époque, on n 'en serait sans doute pas là.
- trompettemarineMonarque
M'arrêter sur le bord de la route ou à une aire parce que je m'endormais après une journée de travail (3 heures aller retour pendant 18 ans), je l'ai déjà fait.
Et je n'avais pas encore 50 ans...
Je ne suis pas encore malade, mais comme je vis en troglodyte pour travailler, j'ai mal au dos (beaucoup moins maintenant depuis que je ne change plus de classe et que j'ai pu muter plus près de chez moi ), j'ai mal aussi aux bras : je ne projette quasiment plus rien (c'est peu utile dans ma discipline) et j'écris tout au tableau pour éviter que ce soit n'importe quoi dans les cahiers. J'ai de l'hyperacousie par moments.
Je ne m'assieds jamais en cours.
Je souffre de rhumatismes, mais cela n'est pas imputable au travail.
Les.moments dépressifs à cause du boulot et la dose quotidienne d'anxiolythiques et de somnifères depuis un CDE malveillant, n'en parlons même pas.
Le niveau de stress augmente dès décembre avec la dgh ce qui n'était pas le cas lorsque j'étais plus jeune.
J'achète mes propres stylos blancs car l'odeur de ceux que l'on nous fournit me fait immédiatement mal à la tête en plus de l'urticaire.
Je fais les photocopies sur l'imprimante personnelle car l'idée même d'attendre de faire des photocopies de mauvaise qualité sur une une.photocopieuse régulièrement en panne ne m'est plus supportable.
N'ayant plus la force de travailler le soir, je me lève au pire à 3h30 ou 4 heures, au mieux à 5 heures du matin pour travailler. Je me repose le samedi, mais pas le dimanche. C'était encore pire quand j'étais au lycée.
J'ai arrêté toute sortie scolaire.
Rien de comparable avec les métiers physiques, certes. Mais je serai dans quel état à 64 ans ?
Quant à mes capacités intellectuelles, j'ai l'impression de ne.plus être à la hauteur. Je ne creuse plus mes sujets et lis de moins en moins de monographies. J'ai honte quand je vois que je ne me sens plus capable de participer à certains fils disciplinaires du forum.
Mon mari, professeur de maths, n'a pas le même rapport que moi au travail. Il corrige souvent mais plus vite. C'est sur lui que repose la vie de la maison.
Et j'ai peur irrationnellement de n'être plus là à 64 ans.
Tout est complexe : l'hygiène de vie, le rapport au travail, mais il est certain que les réformes qui créent une instabilité permanente, le poids de la hiérarchie (bienveillante ou malveillante selon les années), la fatigue qui s'accumule, etc.
Comment exercer son métier après 60 ans ?
Un simple médecin du travail me suffirait pour ne pas me sentir abandonnée.
Le travail peut nous aliéner et nous continuerons à payer cette aliénation à la retraite.
Et je n'avais pas encore 50 ans...
Je ne suis pas encore malade, mais comme je vis en troglodyte pour travailler, j'ai mal au dos (beaucoup moins maintenant depuis que je ne change plus de classe et que j'ai pu muter plus près de chez moi ), j'ai mal aussi aux bras : je ne projette quasiment plus rien (c'est peu utile dans ma discipline) et j'écris tout au tableau pour éviter que ce soit n'importe quoi dans les cahiers. J'ai de l'hyperacousie par moments.
Je ne m'assieds jamais en cours.
Je souffre de rhumatismes, mais cela n'est pas imputable au travail.
Les.moments dépressifs à cause du boulot et la dose quotidienne d'anxiolythiques et de somnifères depuis un CDE malveillant, n'en parlons même pas.
Le niveau de stress augmente dès décembre avec la dgh ce qui n'était pas le cas lorsque j'étais plus jeune.
J'achète mes propres stylos blancs car l'odeur de ceux que l'on nous fournit me fait immédiatement mal à la tête en plus de l'urticaire.
Je fais les photocopies sur l'imprimante personnelle car l'idée même d'attendre de faire des photocopies de mauvaise qualité sur une une.photocopieuse régulièrement en panne ne m'est plus supportable.
N'ayant plus la force de travailler le soir, je me lève au pire à 3h30 ou 4 heures, au mieux à 5 heures du matin pour travailler. Je me repose le samedi, mais pas le dimanche. C'était encore pire quand j'étais au lycée.
J'ai arrêté toute sortie scolaire.
Rien de comparable avec les métiers physiques, certes. Mais je serai dans quel état à 64 ans ?
Quant à mes capacités intellectuelles, j'ai l'impression de ne.plus être à la hauteur. Je ne creuse plus mes sujets et lis de moins en moins de monographies. J'ai honte quand je vois que je ne me sens plus capable de participer à certains fils disciplinaires du forum.
Mon mari, professeur de maths, n'a pas le même rapport que moi au travail. Il corrige souvent mais plus vite. C'est sur lui que repose la vie de la maison.
Et j'ai peur irrationnellement de n'être plus là à 64 ans.
Tout est complexe : l'hygiène de vie, le rapport au travail, mais il est certain que les réformes qui créent une instabilité permanente, le poids de la hiérarchie (bienveillante ou malveillante selon les années), la fatigue qui s'accumule, etc.
Comment exercer son métier après 60 ans ?
Un simple médecin du travail me suffirait pour ne pas me sentir abandonnée.
Le travail peut nous aliéner et nous continuerons à payer cette aliénation à la retraite.
- IannaNiveau 7
Trompette marine : ce que tu écris est grave "je ne suis pas encore malade". Prends soin de toi.
- mathmaxExpert spécialisé
Vous finissez par me faire douter : je pourrais partir dans quelques mois et comme je le disais au-dessus je suis plutôt moins fatiguée que lorsque j’avais 15 ans de moins et mes enfants aussi, donc je pensais prolonger de 2 ans, histoire de minimiser le risque d’être à la charge de mes enfants si je devais devenir dépendante plus tard. Et si c’était les 2 ans de trop ? Si je me privais de mes dernières bonnes années ? Je trouve ces interrogations flippantes.
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« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
Albert Einstein
- BaldredSage
mathmax a écrit:Vous finissez par me faire douter : je pourrais partir dans quelques mois et comme je le disais au-dessus je suis plutôt moins fatiguée que lorsque j’avais 15 ans de moins et mes enfants aussi, donc je pensais prolonger de 2 ans, histoire de minimiser le risque d’être à la charge de mes enfants si je devais devenir dépendante plus tard. Et si c’était les 2 ans de trop ? Si je me privais de mes dernières bonnes années ? Je trouve ces interrogations flippantes.
Elles le sont, et c'est bien toute la question. J'ai été et je suis un prof heureux, mais je m'inquiète de ce que seraient les années de trop. Je n'aime pas être inquiet.
- CasparProphète
mathmax a écrit:Vous finissez par me faire douter : je pourrais partir dans quelques mois et comme je le disais au-dessus je suis plutôt moins fatiguée que lorsque j’avais 15 ans de moins et mes enfants aussi, donc je pensais prolonger de 2 ans, histoire de minimiser le risque d’être à la charge de mes enfants si je devais devenir dépendante plus tard. Et si c’était les 2 ans de trop ? Si je me privais de mes dernières bonnes années ? Je trouve ces interrogations flippantes.
Une de mes collègues et amie est partie à la retraite parce qu'elle avait peur de faire "l'année de trop" alors qu'elle était encore en forme, pour partir sur une note positive et sans regrets. (C'était encore 60 ans à l'époque)
- mathmaxExpert spécialisé
Mais moi j’ai peur aussi de manquer et d’être une charge financière pour mes enfants.
_________________
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Albert Einstein
- Clecle78Bon génie
Ma mère étant décédée a 64 ans d'un cancer, probablement génétique, je pars avant de faire l'année de trop. Mon poste est tangeant, je n'en peux plus de faire de la retape pour le latin et à présent hlp. Chaque année c'est l'enfer de la dhg et du trmd (cette année je me suis retrouvée en sous service à la rentrée) et une fin d'année affreuse où je suis sur les rotules, épuisée nerveusement. Je vais bien sûr faire de la promo mais enfin je vais pouvoir retrouver une certaine sérénité, j'espère en tout cas. Je sais que j'ai la chance de partir plus tôt mais j'ai commencé à travailler à 20 ans, élevé mes trois enfants en travaillant à plein temps, passé l'agrégation sans avoir bénéficié d'un congé formation, et tout ça se paie aujourd'hui. J'ai connu beaucoup de collègues en CPA et cela devrait être la norme pour tous ceux qui le désirent.
- mamieprofExpert spécialisé
Si je pars à 62 ans (et 3 mois ! ) j'aurais une retraite très faible car très grosse décote. Mais je me dis que si ma mère n'avait pas pu partir en préretraite à 55 et profiter pleinement de son temps libre et de ses petits enfants en étant encore en très très grande forme, elle aurait quitté son travail directement pour la tombe car elle est décédée à 60 ans et 40 jours d'une maladie soudaine et incurable... J'aimerais pas etre un poids financier pour mes enfants et j'espère vivre quelques années en retraite en bonne forme mais rien n'est garanti. Mes tantines ( maman était leur petite soeur) ayant vaincu un ou deux cancers du sein sont parties en vivant toujours chez elles après 85 ans et étaient en assez bonne forme.
- mathmaxExpert spécialisé
Oui, l’histoire familiale pèse beaucoup, tout le monde semble vivre vieux dans ma famille mais ce n’est pas non plus une assurance. L’idéal serait de souscrire une assurance dépendance fiable, je ne sais pas si ça existe.
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« Les machines un jour pourront résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d'entre elles ne pourra en poser un ! »
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